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Revue générale de chimie
pure & appliquée
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HARVARD COLLEGE LIBRARY
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BOUGHT FROM THE INCOME OF THE FUND
BEQUEATHED BY
PETER PAUL FRANCIS DEGRAND
(1787-1855)
OF BOSTON
FOR FRENCH WORKS AND PERIODICALS ON THE EXACT SCHINCES
AND ON CHEMISTRY, ASTRONOMY AND OTHER SCIENCES
APFLIKI» TO THE ARTS AND TO NAVIGATION
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Googk
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REVUE GÉNÉRALE
DE
CHIMIE
PURE ET APPLIQUÉE
NEUVIEME ANNEE
TOME DIXIEME
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S^''1380 TOO
LAVAL. — IMPRIMERIE L. BARNÉOUD ET C^«.
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REVUE GENERALE
DE
CHIMIE
PURE ET APPLIQUÉE
FONDEE PAR
Charles FRIEDEL et George F. JAUBERT
MEMBRE DE l'iNSTITUT DOCTEUR ES SCIENCES
PROFESSEUR DE CHIMIE ORGANIQUE A LA SORBONNE ANCIEN PRÉPARATEUR A l'ÉCOLE POLYTECHNIQUE
Directeur :
George F. JAUBERT
DOCTEUR ES SCIENCES
ANCIEN PRÉPARATEUR DE CHIMIE A l'ÉCOLE POLYTECHNIQUE
TOME DIXIEME
JANVIER-DÉCEMBRE 1907
PARIS
Bureaux de la J^evue :
i55, Boulevard Malesherbes
1907
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La théorie du Grillage oxydant
de la Pyrite de fer et de la Blende
ET
Les nouveaux fours mécaniques de grillage
Par m. p. TRUCHOT
Chef de Laboratoire à la Société Française des Pyrites de Huelva
Théorie du grillage oxydant de la pyrite de fer.
Dans la pyrite de fer FeS^, le fer peut jouer le rôle d'un élément tétratomique et
peut s'écrire ainsi :
S = Fe = S
ce qui permettrait d'expliquer l'hexavalence d'un atome double de fer, comme dans
le perchlorure Fe^CI^, les deux atomes de fer se soudant en échangeant une atomi-
cité pour donner le groupement hexatomique (Fe'V — p^iv^vi.
Cependant cette hypothèse, en ce qui concerne la pyrite FeS^, n'est pas abso-
lument parfaite, car la formule de la pyrite pourrait s'écrire :
Fe< I
Les deux atomes de soufre échangeant une atomicité et le fer restant ainsi
bivalent.
Donc, dans l'un ou l'autre cas, la molécule FeS^ est symétrique et il n'y a
aucune raison pour que l'hypothèse, que certains ont émise, de la formation du pro-
tosulfure de fer FeS durant le grillage soit vraie ; les deux atomes de soufre se trou-
vant exactement dans les mêmes conditions de mobilité par rapport à l'atome de
fer.
Quelques chimistes métallurgistes ont en effet émis l'hypothèse suivante sur
la première phase du grillage de la pyrite FeS^.
Celle-ci posséderait un atome de soufre plus fortement Hé à l'atome de fer que
le second atome de soufre. Comme nous l'avons dit plus haut, la structure hypo-
thétique de la molécule de pyrite ne permet pas de croire à cela.
La molécule FeS^, à une température de 320° à 330° C. se décomposerait en
libérant un atome de soufre qui s'oxyderait en élevant la température vers 500** C.
A ce moment, tout le système se trouvant dans un équilibre imparfait, les atomes
de fer et de soufre seraient complètement oxydés et la molécule FeS, ou bien ne
serait jamais formée, ce que nous croyons vrai, ou serait tellement instable qu'on
pourrait la considérer comme n'ayant jamais existé.
Cette théorie présente de nombreux jX)ints faibles :
I** Elle est contraire à la structure moléculaire admise pour la pyrite FeS^.
2^ Dans des conditions très variables de grillage il n'a jamais été constaté la
présence de FeS. Cependant, Scheurer-Kestner et Rosenstiehl, dans le cas de
fusion partielle avec agglomération des fragments de pyrite admettent, pour
expliquer ce phénomène, la formation du protosulfure FeS.
Les réactions qui se passent pendant le grillage, en ce qui concerne ce premier
point, seraient donc :
lo FeS2 + 02 = FeS + SO2
2» FeS + 30 = FeO + SO2
3° 2FeO + O = Fe203
REVUE GÉNéRALB DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE. — 1" LIVRAISON. — JANVIER 1907. i
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2 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
La première réaction serait difficile à établir, la molécule FeS étant très ins-
table dans ces conditions. La présence de FeO dans les premières phases du gril-
lage se constate facilement par la présence de quantités assez notables de sulfate
de fer, qui se serait formé par Taction de. Tacide sulfurique formé catalytique-
ment par SO^ sur Fe^O^ et attaque du protoxyde de fer déjà existant.
En effet :
2SO2 + 02 = 2SO3 par catalyse
et 2 FeO + 2SO3 = 2FeS04
ce sulfate ferrreux se décomposant ensuite partiellement suivant l'équation, vers
530^ C.
2FeS04 = S()2 + S03 + Fe203
Production d'oxyde magnétique Fe^O* . — Dans certaines conditions de
marche, insuffisance d'air particulièrement et avec certains fours, il peut y avoir
production d'oxyde magnétique.
Nous citerons parmi ces fours, le four mécanique rotatif Bruckner, dans lequel
le minerai, se trouvant sous une forte épaisseur, donne lieu à une assez grande pro-
duction d'oxyde magnétique, fait qui peut être assez nuisible dans certains cas
(chloruration des minerais grillés d'argent).
Non seulement la présence de l'oxyde magnétique indique une insuffisance
d'air, d'où un grillage plus lent, mais souvent les particules de pyrite peuvent être
recouvertes d'une mince couche résistante d'oxyde magnétique, qui les protège
contre toute oxydation ultérieure.
La réaction peut être représentée ainsi :
FeS2 + 10 Fe203 + 02 = yFe^O^ + 2SO2
Elle montre, d'une façon parfaite, combien doit être surveillée la quantité d'air
introduite dans le four et nécessaire à une parfaite oxydation. Cette quantité d'air
doit satisfaire à la réaction suivante, qui représente le phénomène d'oxydation
totale de la pyrite :
4FeS2 + 11O2 = 2Fe203 + 8SO2
Ces diverses réactions peuvent représenter les diverses phases du grillage de la
pyrite pure FeS2 ; mais le cas se présentant ordinairement est celui du grillage
d'une pyrite contenant diverses substances étrangères, utiles ou nuisibles.
Sous quelle forme se présentent ces substances et quelles sont-elles ?
Nous rencontrons ordinairement, comme éléments minéralogiques, mélangés
en plus ou moins grande proportion à la pyrite de fer FeS2, les divers sulfures de
cuivre (chalcopyrite, chalcosine, etc.), la blende, la galène, la panabase, de la bary-
tine, du gypse, des substances quartzeuses, etc. Afin d'élucider ce que, durant le
processus du grillage, deviendront ces divers éléments, nous allons décrire quelques
expériences que nous avons faites sur des résidus de pyrite, ayant subi 6, 12, 18,
24 et 30 heures de grillage. Ces résidus tenaient 1,40 % de cuivre et 0,704 % de
zinc.
On admet que les températures d'oxydation du soufre des divers minerais sul-
furés sont approximativement les suivantes :
r La pyrite de fer, FeS2 440*» à 450^ C.
2*^ La pyrite magnétique, Fe2S^
La chalcopyrite, CuS.FeS'
La chalcosine, CuS
et autres sulfures cuivreux.
La galène, PbwS 525*» à 535** C.
3" La blende, ZnS 750° à 760^ C.
4** Les speiss de nickel et cobalt, Soo'' à 850** C.
I** Afin de déterminer les quantités de sulfate de fer, de cuivre et de zinc, for-
mées durant les diverses phases du grillage, on a fait un dosage de ces divers élé-
ments, sur cinq prises d'essai, traitées à l'eau bouillante durant 10 minutes.
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p. TRUCHOT.— GRILLAGE DE LA PYRITE DE FER ET DE LA BLENDE 3
2** Cinq autres prises d'essai ont été traitées à Tébullition pendant
lo minutes, par de Tacide chlorhydrique à 50 %, afin de déterminer la somme sul-
fate + oxyde.
3** Cinq autres prises d'essai ont été enfin attaquées par de Teau régale, afin
d'y déterminer la totalité des éléments, cuivre et zinc s'y trouvant sous les trois
formes (sulfate + oxyde + sulfure).
Par différence entre le i*' et le 2* dosage, on a les oxydes et, par différence
entre le 3* dosage et la somme des deux premiers, nous avons les sulfures.
Le tableau suivant représente les chiffres obtenus dans ces diverses expé-
riences.
Soluble
Soluble
Soluble
[ No I, 6 heures de grillage.
\ » 2, 12 » »
< » 3, 18 » »
H«0
HCl
Eau régale
1.0108
»
»
0.4816
»
»
Fer
0.0994
»
»
1 » 4, 24 » y> '
0.10O4
»
M
V » 5, 3o » »
0.2184
7t
M
/ No I, 6 heures de grillage.
0.020
0.004
1.366
\ » 2, 12 » »
0.044
0.002
1.344
Cuivre
< » 3, 18 » »
0.260
0.060
1.070
/ » 4, 24 » »
0.668
0.474
0.248
[ » 5, 3o » »
I 086
0.292
0.022
/ No I, 6 heures de grillage.
0.064
0.088
0.552
1 » 2, 12 » »
0.122
O.16D
0.448
Zinc
^ » 3, 18 » »
0.092
446
i » 4, 24 » »
0.140
0.124
440
455
Sulfures
( » 5, 3o )» »
220
o.o3q
Oxydes
Sulfates
^ Ces divers chiffres approximatifs nous montrent :
I** En ce qui concerne le sulfate de fer, que celui-ci domine dans les premières
heures du grillage pour diminuer et augmenter ensuite un peu en fin de grillage,
par suite, croyons-nous, d'une quantité plus grande, dans les gaz, d'anhydride
sulfurique se formant sur la pyrite déjà complètement grillée (catalyse). Le sulfate
de fer se formant à plus basse température se décompose presque complètement dans
les dernières phases du grillage, contrairement au sulfate de cuivre.
2** En ce qui concerne le sulfate de cuivre, il n'existe pour ainsi dire pas dans
les douze premières heures du grillage et ne se forme abondamment que vers les six
dernières heures, l'anhydride sulfurique jouant le même rôle. La température finale
du grillage doit donc être, en ce qui concerne le décuivrage des résidus, suffisante
pour décomposer le sulfate de fer, mais insuffisante pour détruire le sulfate de
cuivre formé par le grillage.
Les oxydes de cuivre croissent légèrement vers la 24* et la 30' heure, par suite
de la décomposition d'un peu de sulfate de cuivre :
CuSO^ = CuO + S03
Une partie de cet oxyde de cuivre est retransformé cependant, dans la dernière
période, en sulfate de cuivre soluble. Le rendement en sulfate de cuivre soluble
étant de 77,57 %, avec 20,86 % sous forme d'oxyde de cuivre, 1,57 % reste insoluble
sous forme de sulfure non attaqué.
Contrairement, comme il est naturel au sulfate de cuivre, les sulfures de cuivre
primitifs diminuent de plus en plus, et il ne reste plus, à la 30* heure de grillage,
que 1,57 % de cuivre sous forme de sulfure.
3® En ce qui concerne le sulfate de zinc, nous voyons que sa proportion croît
régulièrement du commencement à la fin de l'expérience, tout en n'atteignant, au
maximum, que 31,25 % de la quantité contenue.
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4 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
L'oxyde de zinc provenant, soit de la décomposition du sulfate, soit de l'oxy-
dation du sulfure, va en croissant jusqu'à la i8' heure, pour diminuer ensuite : .a
somme du sulfate et de l'oxyde étant à peu près constante pendant toute la durée du
grillage et atteignant en moyenne 33,80 % du zinc.
Ce fait n'a rien d'étonnant, la blende exigeant une température sensiblement
supérieure à celle de la pyrite de fer, pour son grillage.
Au commencement du grillage, au rouge sombre, elle donne ZnO + ZnSO*.
Donc, la blende, dans ces conditions de grillage, nous donnera du sulfate de
zinc, de l'oxyde de zinc et de la blende non grillée à cause de la température trop
peu élevée.
Le soufre inexpugnable, au grillage, est constitué par le soufre combiné au
plomb, à la baryte, à la chaux, à la magnésie et aux alcalis, sous forme de sul-
fates.
En effet, aux températures maxima atteintes dans le grillage de la blende, tous
les autres sulfates sont décomposables.
Galène. — La galène PbS se transforme en oxyde de plomb et en sulfate de
plomb.
Ce dernier peut être décomposé partiellement par les éléments quartzeux, avec
formation de silicate de plomb et d'anhydride sulfurique.
PbSO^ + Si02'= PbSi03 + S03
Arsenic et antimoine. — L'arsenic et l'antimoine, qui se rencontrent parfois
dans ces minerais sulfurés, sous forme de sulfures (fahlerz, panabase, etc.), pendant
le grillage, s'oxydent pour donner de l'acide arsénieux et de l'acide antimo-
nieux, lesquels se transforment partiellement en acide arsénique et antimonique.
Il peut aussi rester de petites quantités d'arséniures et d'antimoniures non
décomposés.
Quartz et substances siliceuses. — Le quartz et les autres éléments siliceux
restent en partie inaltérés, mais peuvent aussi contribuer à la décomposition d'une
partie des sulfates, avec dégagement de SO^ et formation d'un silicate
PbSO* + Si02 = PbSi03 + S03
Sulfate de baryte et de chaux. — Les sulfates de baryte et de chaux restent
presque complètement inaltérés.
Carbonate de chaux et de baryte. — Les carbonates de chaux et de baryte,
lorsqu'ils sont présents dans les pyrites, sont complètement transformés en sul-
fate de chaux.
Humidité. — L'humidité contenue dans certaines pyrites peut favoriser la
formation d'acide sulfurique.
Contrôle de la vitesse du grillage. — Afin de se rendre compte de la rapidité
du grillage des diverses pyrites, des prises d'échantillon sont soigneusement préle-
vées aux différentes phases de la calcination. D'une façon générale, il est toujours
bon, à chaque prélèvement, d'estimer la température à l'aide d'un pyromètre. Le
pyromètre Le Chatelier, ou le pyromètre Féry, sont à conseiller pour cet usage.
On peut aussi utiliser les montres fusibles Seger.
La rapidité des réactions chimiques, qui ont lieu dans un fluide homogène,
a été ainsi définie par Ostwald :
« Si nous considérons la transformation d'un seul élément dans un fluide
homogène, il est manifeste que la rapidité de transformation ne peut pas rester cons-
tante, mais doit diminuer graduellement et, si nous supposons qu'un dixième de
l'élément présent soit transformé dans l'unité de temps, nous pourrons dresser un
tableau semblable au suivant :
Temps Quantité d'élément Quantité d'élément
présent transformé
à I i.ooo o.ioo
1 à 2 0.900 0.090
2 à 3 0.810 0.081
3 à 4 0.729 0.073
4 à 5 0.656 0.066
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p. TRUCHOT. — GRILLAGE DE LA PYRITE DE FER ET DE LA BLENDE 5
Dans le cas qui nous occupe, celui du grillage des pyrites, il est très difficile
de fixer ce coefficient de rapidité d'oxydation, à cause des variations inhérentes
à la marche des fours et aux variations de composition des pyrites. Cependant le
tableau que nous donnons, lequel représente des essais de grillage faits sur plu-
sieurs espèces différentes de pyrite, donne une idée de la rapidité de désuif uration
de ces pyrites, dans les mêmes conditions de température, de genre de four adopté
pour le grillage, etc.
Ce tableau nous donne les quantités de soufre total restant dans le produit du
grillage après 6, 12, 18, 24 et 30 heures de calcination.
6 heures de
grillage
25.60
12
18
»
»
Tel
24
»
»
3.60
3o
»
))
1.25
No I
No 2
26.52.
19.27
10.25
6.07
I 90
No 3
18.53
14.17
10.80
7.65
5.65
No 4
28.34
20.26
10.37
4.42
3.45
Si nous calculons la quantité % de soufre transformée en acide sulfureux
entre chaque période nous trouvons :
0/0
0/0
0/0
0/0
6 heures de grillage
12 » »
18 » »
24 » »
3o )» »
33.03
40. 5 1
58.48
65.28
46.81
tîfo
23.53 ^
23.78
20.17
26.14
28.52
48.82
57.38
21.95
Le grillage ayant pour but d'éliminer, sous forme d'acide sulfureux, le soufre
des minerais, il faut procéder à cette opération de façon :
I** Dans le cas de l'utilisation de SO^ pour la fabrication de l'acide sulfu-
rique, à obtenir une désulfuration aussi parfaite que possible.
2® Dans le cas du décuivrage des résidus obtenus dans cette première opé-
ration, à obtenir une désulfuration laissant suffisamment de soufre dans ces rési-
dus, sous forme de sulfates et de sulfures, pour que le cuivre y soit facile à extraire
par un lessivage sulfurique ou par une chloruration ultérieure. L'acide sulfurique des
sulfates p)ermettant, pendant le grillage chlorurant, de libérer suffisamment de
chlore pour attaquer tout le cuivre et le transformer en bichlorure soluble.
3** Dans le cas de fonte réductrice au four à réverbère ou au ivater-jacket,
à laisser suffisamment de soufre dans 'e produit grillé pour scorifier le moins pos-
sible de cuivre et cependant obtenir une matte à aussi forte teneur en ruivre que
possible. Dans ce cas, il vaut mieux griller trop que trop peu, car il est toujours
possible, par addition de minerai cru, de remonter la teneur en soufre du lit de
fusion.
Donc cette opération du grillage doit être suffisamment surveillée pour per-
mettre de répondre à une bonne désulfuration et à l'utilisation ultérieure des pro-
duits grillés.
Diverses circon.stances influent sur le grillage des sulfures métalliques, la
proportion de soufre présent, par exemple, entrant en première ligne.
Les pyrites de fer, plus ou moins cuivreuses, brûlent ainsi facilement jusqu'à
I et 2 % de soufre, tandis que d'autres minerais, comme la blende, sont plus diffi-
ciles à griller et commencent déjà à s'éteindre lorsque la proportion de soufre est
descendue à 5 et 8 %, de façon qu'il est alors absolument nécessiiire d'augmen-
ter la chaleur indisf)ensable à l'oxydation.
On facilite le grillage en diminuant les pertes de chaleur par rayonnement, en
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6 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
employant dans les fours d'oxydation de la blende, des enveloppes en substances
calorifuges.
Nous donnerons, à cet égard, les chiffres obtenus par MM. Hatton et Beard,
avec divers matériaux employés dans la construction des fours, mesurés sur les
diverses substances pulvérisées et tamisées au tamis de loo mailles par cm^, à une
température n'excédant pas loo** C.
Epaisseur Coefficient de
en cm. conduction calorifique
Sable blanc 0.360 0.00060
Carborundum fin 0.363 0.00050
Carborundum grossier 0.358 0.00051
Quartz calciné 0.362 0.00039
Brique réf ractaire 0.363 0.00028
Chaux 0.363 0.00029
Magnésie grecque calcinée . . . 0.365 0.00045
Magnésie-pure calcinée 0.356 0.00047
Briques de magnésie 0.360 0.00050
Kieselguhr 0.366 0.00013
M. J. BiED a aussi déterminé quelques chiffres intéressants concernant les
pertes de chaleur par rayonnement des massifs des fours.
Les chiffres sont donnés en grandes calories (kilog.-degré) par heure et par
m^ de surface de radiation.
Difler. de température Pertes
intér. et extér. en calories
14 cent, de briques d'alumine 500 1.600
et 5 cm. de magnésite 700 2.506
Même épaisseur -h 20 cm. de scories et
3 cm. de ciment 700 526
5 cm. de kieselguhr peu tassé 650 1.800
20 cm. de briques d'alumine 700 2.570
Même que ci-dessus + 20 cm. de scories. . 700 900
(à suivre).
Relation des visites d'usines'
faites par les Etudiants en chimie
de la Faculté des sciences de Montpellier
Par E. BAUD
Docteur es sciences, Chargé d*un Cours complémentaire de Chimie apphquée
à la Faculté des Sciences de Montpellier
Les Etudiants ont visité en 1906 les principales usines de Montpellier,
Frontignan, Berre et Marseille.
I. L'enseignement de la Chimie placé sous la direction de M. le Professeur de Forcrand. Cor-
respondant de l'Institut, comprend des cours et travaux pratiques de chimie générale, de chimie
physique et de chimie appliquée. L'Enseignement de la Chimie appliquée est complété par des
visites d'usines.
Les Etudiants pourvus des trois certificats d'Etudes supérieures de Chimie, et qui sont déjà
à même de rendre des services à l'industrie chimique, peuvent encore se perfectionner en faisant
des recherches personnelles en vue d'obtenir le diplôme de Docteur es sciences de l'Université
de Montpellier, ou celui d'ingénieur-chimiste.
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E. BAUD. ~ RELATION DES VISITES D'USINES 7
Fabrique de bougies Faulquier Cadet et C**, a Montpellier.
Cette usine, qui fut fondée en 1785, occupe une étendue considérable.
Elle reçoit principalement comme matières premières :
I** des suifs de bœuf de la Plata. Ces suifs expédiés dans des tonneaux sont
amenés de Cette à l'usine par le canal. Ils ont déjà subi sur les lieux d'origine une
première fusion et peuvent être envoyés directement à la saponification.
Pour les extraire des tonneaux on les fond au moyen d'un jet de vapeur.
2^ des suifs bruts de bœuf et de mouton ou suifs en branches provenant des
abattoirs de la région. Ces suifs doivent être purifiés. Ils sont introduits dans des
cuves en bois pouvant contenir 4.000 kgs de matières et fondus par introduction
de vapeur au moyen d'un tuyau de plomb perforé.
Le suif fondu est additionné d'acide sulfurique, destiné à détruire les mem-
branes et les débris de chair.
On emploie, pour 3.000 kgs de suif, 120 kgs d'acide à 58** B., que l'on
dilue à 16** B., par addition d'eau.
Il y a dans ce traitement 8 à 10 % de déchets. Le suif ainsi purifié est décanté
et dirigé dans un grand bac de dépôt, où il se mélange au suif de la Plata.
De là, le mélange est envoyé par un monte-jus aux appareils de saponifica-
tion.
Saponification. — Le procédé employé est celui de la sajX)nification calcaire
sous pression. L'usine possède trois autoclaves en cuivre, cylindriques, dont deux
horizontaux et l'autre sphérique (système Droux).
Chaque autoclave reçoit, par des tuyaux pénétrant par la partie supérieure,
le suif fondu et le lait de chaux.
Un serpentin perforé amène la vapeur fournie par une chaudière à foyer inté-
rieur permettant d'élever la pression à 8 atm. (172°). On introduit dans chaque
appareil 3.Q00 kgs de suif et 90 kgs de chaux délayée à l'état de lait dans i.ooo kgs
d'eau.
La pression est maintenue à 8 atm. pendant 10 heures. Un agitateur de
forme hélicoïdale brasse continuellement la masse.
La saponification terminée, on laisse tomber la pression à 5 atm., on ouvre
un robinet placé à la partie iniférieure et tout le contenu de l'autoclave se trouve
refoulé dans un bac de repos.
Le mélange d'acides gras et de savon calcaire plus léger se sépare des eaux
glycérineuses.
Celles-ci, qui ont une densité de 5** B. , sont soutirées et envoyées dans
un autre atelier où elles seront concentrées à 25** B.
Le mélange de savon calcaire et d'acides gras est alors envoyé, par différence
de niveaux, dans de grandes cuves en bois, doublées de plomb, qui contiennent
déjà de l'acide sulfurique à lô*' B. en quantité calculée pour décomposer le savon
calcaire.
Les acides gras mis en liberté sont traités une deuxième fois par de l'acide
sulfurique à 16** B. de façon à enlever les dernières traces de chaux, puis par de
l'eau chaude, pour enlever l'excès d'acide sulfurique. Le dépôt de sulfate de cal-
cium provenant de la décomposition du savon calcaire est également lavé à l'eau
bouillante pour lui enlever les acides gras et la glycérine qu'il retient toujours en
f)etite quantité. Pour éviter ce lavage et la dilution des eaux glycérineuses qui en
résulte, l'usine Faulquier a commencé cette année à faire la saponification avec de
la magnésie. Cette base agit à dose plus faible que la chaux, ce qui compense la
différence des prix d'achat, et elle a l'avantage de donner du sulfate de magné-
sium soluble au lieu de sulfate de calcium.
Moulage et pressage. — Les acides gras» à l'état liquide, obtenus comme il
vient d'être dit, sont conduits par des tuyaux dans l'atelier de moulage.
Il s'agit de séparer l'acide stéarique de l'acide oléique, ce qui se réalise par
les trois opérations suivantes :
i** moulage ;
2** pressage à froid ;
3* pressage à chaud.
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8 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
Les moules sont en fer-blanc étamé. Ils ont la forme de cuvettes photogra-
phiques. Ils ont 5 cm. de hauteur et 50 cm. et 30 cm. pour les autres dimensions.
Ils sont disposés sur des châssis, en une série de colonnes verticales, au
nombre total de 7.000.
Dans chaque colonne, les moules sont disposés en chicane de sorte que, lors-
qu'un moule est plein, le liquide déborde, par une bavette d'écoulement, dans le
moule inférieur et ainsi de suite.
La main d'oeuvre se trouve ainsi très réduite et un seul ouvrier peut assurer
le remplissage de 7.000 mouleaux par jour.
La solidification demande 20 heures environ.
La température la plus convenable f>our obtenir une bonne cristallisation est
celle de 20**.
Les pains, ainsi obtenus, pèsent 7 kgs et renferment 50 % d'acide oléique.
Ils sont enveloppés de solides étoffes de laine appelées malfil et soumis à
l'action de la presse hydraulique verticale.
Les pains sont empilés au nombre de 175 par presse, répartis par couches
horizontales de trois, séparées les unes Jes autres par des plaques de tôle destinées
à rendre la pression plus uniforme. Chaque presse, commandée par une pompe,
permet d'exercer une pression totale de 175.000 à 200.000 kgs. L'opération dure
de 3 à 5 h.. On l'arrête dès que l'acide liquide cesse de couler. Les pains ont alors
une épaisseur de 2 cm. 5 et ne retiennent que 10 % d'acide oléique.
Pour terminer, on les soumet au pressage à chaud, au moyen d'une presse
hydraulique horizontale.
Les pains, enveloppés dans des tissus de crins ou éireindelles, sont placés
entre deux plaques de fonte creuses, dans lesquelles circule de la vapeur.
Après cette opération, l'acide stéarique n'est pas encore parfaitement blanc
dans toute la masse ; les bords, qui ont été moins pressés , sont jaunes. Des
ouvriers enlèvent ces parties qui seront refondues et serviront à la fabrication de
bougies de qualité inférieure.
Les pains, ainsi ébarbés, sont souvent colorés à la surface par de l'oxyde de
fer provenant des appareils ; ils contiennent aussi des traces de savon calcaire
ayant échappé à l'action de l'acide sulfurique.
On leur fait subir une dernière purification.
On les fond dans des cuves chauffées à la vapeur avec de l'acide sulfurique
étendu à 3** B., puis on les lave à l'eau jusqu'à cessation de la réaction acide.
L'acide stéarique, qui est d'écanté, est alors très blanc et propre à la fabri-
cation des bougies ; il est transporté dans des cuves roulantes, en cuivre, à l'atelier
de moulage des bougies. Pour éviter un trop grand retrait et pour avoir une
cristallisation confuse et, par conséquent, des bougies bien lisses, on laisse refroi-
dir l'acide dans les cuves portatives jusqu'à commencement de cristallisation ,
puis on agite la masse jusqu'à ce qu'elle soit laiteuse ; on la puise avec des seaux
à bec effilé et on la coule dans les moules.
Un courant d'air chaud circule autour de ceux-ci pour éviter un refroidisse-
ment trop brusque.
Le moulage terminé, les bougies sont disposées sur un chariot jx>rtant un
certain nombre de cases, ce qui permet de les compter, et on les transporte à
l'air où elles achèvent de se blanchir.
Le ix>lissage, le rognage et le timbrage se font sur une même machine, après
quoi les ouvrières procèdent à l'empaquetage.
L'usine produit 4.000 kgs de bougies par jour et par machine à mouler.
La fabrication donne, comme sous-produits, de la glycérine et de l'acide
oléique.
La glycérine est concentrée à l'air libre, par chauffage à la vapeur, jusqu'à
28^ B.
Elle est expédiée, en fûts en fer de 4 à 500 kgs, aux dynamiteries.
L'acide oléique, qui s'écoule des presses à chaud, abandonne, par le refroidis-
sement, un peu d'acide stéarique que l'on enlève de temps en temps, et qui rentre
dans la fabrication.
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E. BAUD. — RELATION DES VISITES D'USINES 9
L'acide oléique est traité par une lessive de soude et de la résine et donne un
savon que Ton expédie principalement en Afrique.
L'usine fabrique, en outre, des cierges en cire d'abeilles, des chandelles et
du suif pour tonnelier.
La force motrice est fournie par un moteur de 30 chevaux. 20 chevaux sont
employés par les presses hydrauliques et 10 par les machines à mouler, rogner et
timbrer.
Fabrique de Crème de tartre de MM. Serre et Maurin
Rue Joseph-Vidal, Montpellier.
Les matières premières : tartres, lies , cristaux d'alambic, cristaux de
marc, etc., doivent être conservées à l'état sec pour éviter les fermentations qui
détruiraient une partie de l'acide tartrique. Si elles sont humides, on les sèche par
exposition à l'air, sous un hangar.
Les matières mises en œuvre sont broyées dans un moulin. Elles sont mélan-
gées en proportions telles, que la richesse moyenne soit de 45 % de bitartrate de
potassium.
La fabrication repose essentiellement sur la grande différence de solubilité de
^a crème de tartre dans l'eau, à chaud et à froid. La dissolution des tartres pulvé-
risés a lieu dans de grandes cuves en cuivre de 80 hectol., fixées dans un mas-
sif en maçonnerie et chauffées par un foyer.
On utilise pour faire cette dissolution les eaux - mères d'une opéation précé-
dente.
On ajoute du sulfate de potassium et de l'acide» sulfurique en proportions
équimoléculaires, de façon à transformer le tartrate de calcium (qui existe toujours,
en quantité plus ou moins grande, dans les matières premières) en bitartrate de*
potassium et sulfate de calcium.
On fait bouillir, puis on envoie le liquide, dans de grands bacs en bois, dou-
blés de cuivre, de 40 à 50 hectol., où se fait la cristallisation. Celle-ci dure 3 à
4 jours.
On fait alors écouler l'eau-mère, par une rigole, dans un réservoir, en atten-
dant qu'elle soit utilisée à la dissolution d'une nouvelle charge.
La cuve vidée, on détache les cristaux qui sont fortement colorés. On les broie,
avec un peu d'eau, et on les charge dans un laveur, composé d'une vis d'Archi-
mède, en cuivre, tournant dans une auge inclinée.
Les cristaux, qui sont encore rouges, sont redissous dans une grande cuve en
cuivre, semblable à la première. On y ajoute du noir animal, lavé à l'acide chlor-
hydrique, et du kaolin. On laisse reposer puis on envoie le liquide clair dans des
bacs en bois, doublés de cuivre, où se fait la cristallisation.
On obtient ainsi de la crème de tartre blanche, que l'on essore à la turbine.
On la réduit en poudre fine, par passage dans un moulin suivi d'un blutoir,
et on l'expédie en sacs ou en tonneaux.
L'usine en fabrique 450.000 kgs par an.
La majeure partie est exportée en Australie et en Angleterre, pour la boulan-
gerie et la pâtisserie.
Produits secondaires. — On obtient comme produits secondaires , des tour-
teaux de lie, du tartrate de calcium et du phosphate de calcium précipité. Lors de
la dissolution des tartres bruts, les matières insolubles (matières colorantes,
matières pectiques, levures, sulfate de calcium, tartrate de calcium, ayant
échappé à l'action de l'acide sulfurique, etc.) restent au fond de la chaudière et
constituent les boues. Il s'en dépose encore au fond des bacs de première cristalli-
sation.
Ces boues sont lavées à l'eau bouillante, égouttées sur des toiles filtrantes. La
solution de crème de tartre qui s'écoule rentre dans la fabrication . Quant au
résidu insoluble, il est traité pour en extraire le tartrate de calcium qu'il contient.
Il est introduit dans une chaudière chauffée par barbotage de vapeur et munie
d'un agitateur mécanique, puis additionné d'eau et d'acide chlorhydrique, pour
Rcv. gén. Ch., 1907. I.
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10 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
dissoudre le tartrate de calcium. Le liquide trouble est envoyé au filtre-presse. La
liqueur filtrée qui contient de Tacide tartrique, du chlorure de calcium et de Tacide
chlorhydrique, est neutralisée par du calcaire pulvérisé et le tartrate de calcium se
précipite.
Ce tartrate, qui contient 65 à 80 % de sel anhydre, est vendu aux fabriques
d'acide tartrique. La matière insoluble, restée dans le filtre presse, constitue les
tourteaux de lie. Cette matière, qui renferme 4 à 5 % d'azote, est vendue comme
engrais.
Le phosphate de calcium précipité provient du lavage du noir animal par
l'acide chlorhydrique et précipitation de la solution acide par le carbonate de cal-
cium.
Compagnie Bordelaise des Produits chimiques
Raffinerie de Soufre de Frontignan
L'usine reçoit, de Sicile, les soufres bruts des qualités dites 3* belle et 3' cou-
rante.
Ces produits, obtenus par le procédé des calcaroni, renferment des matières
bitumineuses et terreuses dont le raffinage a pour but de les débarrasser.
Le soufre brut est d'abord concassé, entre des cylindres cannelés, puis il est
transporté par une chaîne à godets et une vis d'Archimède, dans une chaudière
ouverte, chauffée par la chaleur perdue des fours.
Une chaudière alimente 3 cornues et la distribution du soufre fondu est réglée
au moyen de 3 vannes.
Au-dessous de la chaudière se trouve le four contenant les cornues.
Ce four est à chauffage direct et brûle des menus de coke. Pour activer le tirage,
on injecte, à travers le charbon, de la vapeur d'eau, au moyen d'une grille perforée,
en terre réfractaire (grille Guldin).
L'usine possède 4 fours. Chaque four peut distiller 6 tonnes de soufre par
24 h., et brûle i.ioo kgs de coke.
Les cornues sont en fonte, de 4 cm. d'épaisseur. Leur forme rappelle celle def
cornues à gaz, mais elles sont plus aplaties. Elles ont 3 m. de longueur, o m. 9 de
largeur et o m. 30 de hauteur.
A chaque four est adossé une chambre de condensation dans laquelle débou-
chent les cornues par l'intermédiaire d'une allonge en fonte.
Pour que le soufre se condense à l'état de fleur, il faut que le volume de la
chambre soit très grand par rapport à celui des cornues.
L'usine possède quatre chambres de 2.000 me, dont trois en maçonnerie et
une en plomb. Chaque chambre est munie d'une soupape à la partie supérieure,
pour permettre le dégagement de l'excès de gaz.
La température ne doit pas dépasser m**, car le soufre se condenserait à l'état
liquide. C'est pourquoi le travail doit être arrêté tous les 6 à 8 jours. On aère la
chambre et 24 h. après, les ouvriers y pénètrent pour enlever le soufre.
La fleur la plus fine est celle qui se dépose le plus loin du four.
Sur les parois voisines du four, le soufre fond et donne le candi.
Il se forme également, dans le voisinage des cornues, une autre variété de
soufre, en grains plus gros que ceux de la fleur, et qu'on appelle le grésil.
Les causes de la formation du grésil sont mal connues. Il est probable,
cependant, que la vapeur de soufre, au sortir des cornues, monte d'abord, et se
condense en donnant la fleur de soufre, puis qu'une partie de celle-ci, en retom-
bant, rencontre, à hauteur des cornues, des vapeurs chaudes qui produisent une
agglomération des particules et donnent naissance au grésil.
Le principal emploi du soufre réside dans le traitement des maladies de la
vigne, et pour cet usage, il a une valeur d'autant plus grande qu'il est en parti-
cules plus fines.
100 kgs de soufre brut donnent 70 kgs de fleur et 22 kgs de candi et de grésil.
Le sublimé, recueilli dans les chambres, est monté par une chaîne à godets et
déversé sur un système de tamis coniques, à secousses. La fleur passe à travers et
tombe dans des sacs, tandis que le grésil reste sur le taqjiis.
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E. BAUD. — RELATION DES VISITES D'USINES ii
La production annuelle est de 50.000 balles de 100 kgs.
Le candi fondu est coulé, dans des moules, en canon.
Les moules sont en zinc. On les mouille préalablement pour faciliter le démou-
lage.
La force nécessaire pour actionner les norias, les concasseurs, les tamis, etc.,
est produite par un moteur de 30 chevaux.
Une pompe à eau, mue par ce moteur et un système de tuyaux, permettent,
en cas d'inflammation des poussières de soufre, de noyer rapidement le foyer de
l'incendie.
Le résidu, qui reste dans la cornue après la distillation du soufre, et qui ren-
ferme encore un i>eu de ce corps, est utilisé à la fabrication de l'acide sulfurique,
dans l'Usine de la O* Bordelaise, à Cette.
Compagnie industrielle des Pétroles
Usine de Frontignan
Cette usine, d'installation toute récente, fonctionne depuis un an seulement.
Elle reçoit principalement du pétrole brut américain et du distillât roumain,
c'est-à-dire du pétrole brut, privé des essences par une première distillation.
Ces matières premières, apportées à Cette, par les navires pétroliers, sont
entreposées dans deux grands réservoirs, puis transportées par des chalands-
citernes, par le canal, jusqu'à l'usine même.
Des pompes puisent le pétrole dans ces chalands et le déversent dans des
réservoirs qui constituent des entrepôts de douane.
C'est dans ces réservoirs que le pétrole est pris par des pompes, au fur et à
mesure des besoins, et envoyé dans les chaudières.
La distillation a d'abord lieu dans des chaudières cylindriques, horizontales
ou stills, en tôle d'acier rivée, de 300 hectol., chauffées par un foyer.
I-^es essences passent d'abord, puis les huiles lampantes. Les huiles lourdes,
qui restent dans l'appareil, sont transvasées dans d'autres chaudières, appelées
black-pots.
Les gaz non-condensés sont reçus dans un gazomètre et, de là, envoyés dans
les foyers des chaudières.
Les vapeurs se condensent dans un réfrigérant, surmonté d'un déflegmateur,
qui produit un fractionnement grossier. Ce déflegmateur est un cylindre qui porte
en haut un tuyau pour le dégagement des produits légers (petit jet) et, en bas, un
tuyau pour les produits lourds qui sont, en général, plus abondants (gros jet).
Ces deux tuyaux se prolongent par des serpentins entourés d'eau froide.
Derrière le massif en maçonnerie, qui contient les chaudières, se trouve la
chambre de distillation où arrivent tous les liquides condensés, des chaudières de
la batterie.
A chaque chaudière correspondent deux tuyaux d'écoulement (gros jet et petit
jet). Chaque tuyau communique avec une petite boîte, munie d'une glace ou lan-
terne, qui permet d'observer la couleur et la température. Un robinet sert pour pré-
lever des échantillons et prendre la densité.
La distribution des liquides, suivant leur nature, aux divers bacs de dépôt, se
fait d'une façon simple et ingénieuse, qui supprime toute manœuvre de robinets.
Au sortir de la lanterne, le liquide s'écoule par un tube télescopique arti-
culé, dont on dirige, à volonté, l'extrémité dans tel ou tel compartiment d'une
caisse; chaque compartiment correspond à un réservoir.
Les essences sont rectifiées dans une chaudière chauffée à la vapeur.
Le pétrole distillé, essence ou huile lampante, est envoyé dans les épurateurs.
h^épuration chimique consiste en des traitements à l'acide sulfurique, puis à la
soude, suivis chacun de lavages à l'eau. L'agitation se fait au moyen de l'air com-
primé.
h^épurateur, ou batteuse, est en tôle doublée de plomb. Pour sécher le pétrole,
on le filtre sur une cuche de sel de i m. d'épaisseur.
L'acide sulfurique, chargé de goudrons provenant de l'épuration, est traité
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12 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
par de Teau, dans des bacs munis de cloisons en chicane. Les goudrons surna-
gent et sont décantés. On les brûle par pulvérisation dans les foyers.
Les huiles lourdes, ou mazout, ne peuvent être distillées dans les chaudières
en tôle qui seraient promptement détériorées. On les envoie dans des chaudières
en fonte, de 7 cm. d'épaisseur à la partie inférieure . On obtient une nouvelle
quantité d'huile lampante, des huiles de graissage et du coke.
Le coke de pétrole peut servir aux mêmes usages que le charbon des cornues.
L'usine possède un générateur à bouilleurs, de 200 m^ de surface de chauffe,
et une chaudière tubulaire démontable Niclausse.
Une petite dynamo produit le courant nécessaire à l'éclairage de l'usine .
L'usine fabrique, notamment, la motricine, qui est une essence homogène,
bouillant entre sy et 36**, et la radio Z^'ine, pétrole de luxe, composé de 25 % d'huile '
lampante roumaine et 75 % d'huile lampante américaine (produits de cœur).
Compagnie des Salins du Midi
7, Boulevard Victor-Hugo, Montpellier.
Salins de Berre
L'eau de l'^étang de Berre, qui a une densité de 2''. 5 B., est amenée par un
canal et élevée par une roue à tympan, dans les partènements extérieurs où elle
abandonne du carbonate de chaux, du sesquioxyde de fer et se concentre jus-
qu'à 12®. Elle passe ensuite dans les partènements intérieurs où elle abandonne du
sulfate de calcium et se concentre de 12° à 17**.
Enfin, elle atteint dans les avant-pièces, la /densité de 25** B., qui correspond
à la saturation en chlorure de sodium. On dit alors que les eaux sont en sel.
Les eaux ont une coloration rose rappelant celle des solutions de sels de man-
ganèse. Cette coloration est due à des infusoires (Monas Dunalii) et les sauniers se
basaient, autrefois, sur cette coloration pour apprécier le degté de concentration
des eaux.
Les eaux en sel passent ensuite sur les tables salantes ou cristallisoirs, bas-
sins de 20 à 25 cm. de profondeur, où le sel se dépose.
A la fin de l'été, on fait écouler les eaux-mères, on enlève le sel, que l'on
réunit en tas ou camelles, que l'on recouvre de tuiles. Là, il s'égoutte en attendant
d'être livré à la consommation ou à l'industrie. Le sel le plus sec est broyé entre des
cylindres de cuivre ou de porcelaine et vendu comme sel fin.
Les salins de Berre, qui ont une superficie de 300 hectares, produisent, en
moyenne, 25.000 tonnes de sel par an. Ce n'est là qu'une faible partie de la produc-
tion de la C** des Salins du Midi, qui possède la plupart des salins des côtes fran-
çaises de la Méditerranée.
BiLLAULT, Chenal, Douilhet et C*
Usine pour le traitement des eaux-mères, à Berre (Bouches-du-Rhône).
Cette usine, qui appartient à la C des Salins du Midi, vient d'être louée par
la maison Billault, Chenal, Douilhet et C*.
Elle traite les eaux-mères fournies par les Salins de Berre et obtient du sul-
fate de sodium, du sulfate de magnésium, du chlorure de potassium impur (engrais
de mer), du chlorure de magnésium, de l'hydrocarbonate de magnésium, de la
magnésie légère, de la magnésie lourde et du brome.
Les eaux-mères, que l'on évacue des tables salantes, lors du levage du sel, ont
une densité de 28** B.
Elles sont envoyées à l'usine où on les concentre encore sur table, à 30**-35° B.
Elles abandonnent du sel mixte, mélange de sulfate de magnésium et de chlorure
de sodium.
Sulfate de sodium. ~ Ce sel mixte peut servir à faire du sulfate de s<xlium.
Pour cela, on le redissout dans de l'eau de mer, de façon à faire une solution h
30° B., que l'on envoie de nouveau sur table.
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L
E. BAUD. — RELATION DES VISITES D^USINES i3
Pendant les nuits froides de l'hiver, il se produit une double décomposition
entre le sulfate de magnésium et le chlorure de sodium, et il se dépose du sulfate
de sodium à lo H^O. Tous les matins, on enlève le sel déposé pendant la nuit,
car, durant le jour, la réaction inverse se produirait.
Actuellement, on n'a pas intérêt, au point de vue commercial, à faire du sul-
fate de sodium, ce sel étant produit à bas prix par le procédé Hargreaves.
Sulfate de magnésium. — Les eaux à 35°, qui ont fourni le sel mixte, sont
conservées pendant l'hiver dans de grands réservoirs en ciment de 2.000 m^, où
elles abandonnent encore du sulfate de magnésium.
Engrais potassique. — Au printemps, les eaux sont envoyées sur tables où
elles se concentrent, à 40'' B. et déposent un mélange de carnalite, de kaïnite et de
chlorure de sodium,- à 14 % de KCI, qui est vendu aux agriculteurs sous le nom
d'engrais de mer.
Brome. — Enfin, les eaux résiduaires sont traitées, pour l'extraction du brome
qu'elles contiennent, à la dose de 7 kgs par mètre cube.
Elles sont introduites dans des récipients, en lave de Volvic, puis additionnées
d'acide sulfurique et de bioxyde de manganèse.
Le brome se condense dans un serpentin en grès et se rassemble dans des fla-
cons en verre, à deux tubulures, à la suite desquels se trouve une colonne en grès,
remplie de tournure de fer humide, qui arrête les dernières vapeurs de brome, en
donnant du bromure de fer, qui servira à préparer du bromure de potassium.
Après l'extraction du brome, les eaux sont concentrées dans des chaudières et
laissent déposer du chlorure de magnésium.
Raffinage du sulfate de magnésium. — Le sulfate de magnésium brut, obtenu
précédemment, contient du chlorure de sodium. On le redissout, dans de grandes
chaudières hémicylindriques chauffées à la vapeur, et on fait cristalliser. Le chlo-
rure de sodium, n'étant guère plus soluble à chaud qu'à froid, reste dans les eaux-
mères, tandis que le sulfate de magnésium cristallise.
L'usine de Berre produit, annuellement, 200 tonnes de sulfate de magnésium
raffiné.
Carbonate de magnésium et magnésie. — Les eaux-mères froides, du raffi-
nage précédent, sont traitées par le carbonate de sodium en solution bouillante.
Il se précipite du carbonate de magnésium lourd qu'on lave deux ou trois fois.
En faisant bouillir ce carbonate avec de l'eau, il perd de l'anhydride carbo-
nique et se transforme en hydrocarbonate léger.
La bouillie blanche, ainsi obtenue, est égouttée sur toile, puis la pâte est
façonnée en pains, que l'on dessèche à l'air, puis à l'étuve, et qu'on blanchit
ensuite par exposition à l'air.
L'hydrocarbonate léger, calciné dans un four, donne la magnésie légère et le
carbonate lourd donne la magnésie lourde.
vSoCIÉTÉ MARSEILLAISE DE SULFURE DE CARBONE
Aux Chartreux (Marseille)
L'usine, dirigée par M. G. Deiss, fabrique du sulfure de carbone, de l'acide
sulfurique et de l'huile. Le procédé employé pour la fabrication du sulfure de
carbone est celui de MM. Deiss et Lombard, qui permet d'utiliser, pour la fabrica-
tion de l'acide sulfurique, l'hydrogène sulfuré qui se produit toujours en même
temps que le sulfure de carbone, dans l'action des vapeurs de soufre sur le charbon
incandescent.
Les cornues sont en terre réfractaire, vernissée intérieurement. Elles sont à
section elliptique (70 cm. 4- 50 cm.).
L^ne grille, en terre réfractaire, placée à 20 cm. du fond, supporte le charbon.
Le soufre est introduit par un tube qui s'arrête juste au-dessous de la grille. Les
vapeurs de soufre, formées dans l'espace inférieur, s'élèvent à travers la couche de
charbon.
Les cornues sont disposées verticalement, au nombre de 4, dans un four.
L'usine possède 27 fours.
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14 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Le couvercle de chaque cornue porte trois ouvertures. L'une sert au charge-
ment du charbon, la deuxième au chargement du soufre et la troisième au dégage-
ment des gaz et des vapeurs. Le soufre, qui est de la qualité 3* belle, est concassé
et introduit dans chaque cornue par un distributeur spécial, par quantités de
800 gr. toutes les 5 minutes. Le charbon employé est du charbon de hêtre, qui est
très dense. On le chauffe, par la chaleur perdue des fours, avant de le charger dans
les cornues.
Ce chargement se fait toutes les 6 heures, par 20 kgs.
Les appareils de condensation se composent de deux caisses en tôle, plongées
dans l'eau.
La première, qui est la plus petite, est vide.
Elle a pour but de retenir la plus grande partie du soufre non combiné.
La deuxième porte des plaques de tôle disposées en chicane.
On produit 150 kgs de sulfure de carbone par jour et par cornue.
Les gaz non condensables, constitués par de l'hydrogène sulfuré et un peu
d'oxyde de carbone et d'anhydride carbonique, sont aspirés par une pompe et,
après avoir traversé une couche d'huile qui retient le sulfure de carbone qu'ils
peuvent encore contenir, ils sont brûlés dans des fours en vue de la fabrication de
l'acide sulfurique.
Le sulfure de carbone, recueilli dans les appareils de condensation, a une cou-
leur brune et contient 8 à 10 % de soufre dissous."
On le rectifie dans une chaudière à double fond chauffée à la vapeur, pouvant
recevoir 4.000 à 4.500 kgs de sulfure. Cette distillation dure 6 heures. Lors-
qu'elle est terminée, on envoie, dans le double fond, de la vapeur d'eau surchauf-
fée pour fondre le soufre, résidu de la distillation, et l'évacuer.
Le sulfure de carbone est toujours conservé sous l'eau. Il est expédié dans des
fûts en tôle rivée, sous une couche d'eau.
L'emploi du sulfure de carbone et des sulfocarbonates a beaucoup diminué
depuis la disparition du phylloxéra.
L'usine produit 2.000.000 de kgs de sulfure par an et pourrait en produire trois
fois plus.
Un partie de la production est utilisée, dans l'usine même, pour Vextraction
de Vhuile des tourteaux des graines oléagineuses (arachides, sésames, olives).
Ces tourteaux, broyés entre deux cylindres, sont entassés dans une grande cuve
cylindrique pouvant contenir 25.000 kgs.
Le sufure de carbone qui, d'une façon continue, est envoyé par la base, tra-
verse lentement la masse, en dissolvant la matière grasse. La solution sulfocarbo-
nique de graisse étant plus légère s'écoule par la partie supérieure, dans une
chaudière.
Pour opérer l'épuisement complet qui dure 24 h., il faut 4 kgs de sulfure pour
I kg. de tourteau.
A la fin, on fait écouler le sulfure qui remplit l'appareil, puis on chasse le
dissolvant qui imprègne le tourteau en envoyant, dans le cylindre, un jet de vapeur.
La solution sulfocarbonîque est distillée et le même dissolvant sert au traite-
ment d'une nouvelle quantité de tourteau.
Il suffit de compenser les pertes, qui sont seulement de i %, du poids du tour-
teau.
L'huile ainsi extraite est vendue aux savonneries.
Les grignons d'olives, qui n'ont pas de valeur alimentaire pour les animaux,
se prêtent très bien à ce traitement et restituent jusqu'à 15 et 20 % d'huile. Le
résidu est emplové comme combustible.
Quand les tourteaux épuisés renferment de l'azote, comme c'est le cas pour
ceux de sésame, on les vend comme engrais, mais ils ne peuvent plus servir à la
nourriture des animaux.
Acide sulfurique, — L'hvdrogène sulfuré est brûlé dans les fours. Mais la quan-
tité d'anhydride sulfureux ainsi produite n'étant pas suffisante pour alimenter les
chambres, on y ajoute du soufre.
On obtient ainsi de l'acide sulfurique au soufre, exempt d'arsenic.
On le concentre de 52 à 60** dans des bacs en plomb, chauffés par la chaleur
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E. BAUD. — RELATION DES VISITES D'USINES i5
I>erdue du four où se fait la concentration de 60** à 66**. Cette concentration a lieu
dans 36 capsules de porcelaine, de 5 litres, disposées en 2 cascades parallèles.
L'usine produit 4.000 kgs d'acide, à66'* par jour.
Huilerie. — Depuis 3 ans, une huilerie se trouve annexée à l'usine. Elle
fabrique principalement de l'huile d'arachides. Les arachides décortiquées, prove-
nant de l'Afrique occidentale, sont d'abord broyées entre des cylindres, puis
pressées à froid à la presse hydraulique. On répartit 4 à 5 kgs de farine dans des
scourtins, tissus très résistants, de chanvre, aloès et crin. Une presse reçoit 40 scour-
tins séparés par des plaques de tôle. La pression est de 200 kgs à 300 kgs par cm^.
Les tourteaux provenant de cette première pression sont broyés par des meules
verticales en granit, puis chauffés à 55^ dans des étuves à vapeur et enfin pressés
de nouveau. Les huiles sont ensuite envoyées dans des filtres-presses. La filtration
se fait à travers des toiles en chanvre et un tissu de laine.
Les huiles obtenues par pression à froid sont seules comestibles.
Les huiles provenant de la deuxième pression sont des huiles industrielles, uti-
lisées principalement par les savonneries.
L'usine traite 30.000 kgs de graines par jour.
La force motrice nécessaire pour toute l'installation est fournie par un moteur
PiGUET, de Lyon, de 200 chevaux.
Brasserie de la Méditerrannée (Marseille).
Procédés E. Vclten.
Le malt en grain est d'abord écrasé entre des cylindres, puis on procède au
brassage par décoction.
Dans une cuve-matière en cuivre, munie d'un agitateur mécanique et d'un faux
fond en cuivre percé de petites fentes, on délaie le malt moulu dans de l'eau, puis
on ajoute de l'eau chaude pour porter la température du mélange à 35**. On pré-
lève alors une partie (1/3) de la trempe que l'on verse dans une chaudière en cuivre
chauffée à la vapeur où on la porte doucement à 75**, température au-dessus de
laquelle la diastase est détruite, puis enfin à l'ébullition.
On ramène le liquide dans la cuve-matière, ce qui porte la température du
mélange à 50**.
On répète cette opération une seconde fois.
Après I heure à 2 heures de repos, on fait écouler le moût clair à travers le fond
perforé de la cuve et on l'envoie dans les chaudières pour la cuisson. Le résidu qui
reste sur le fond de la cuve ou drèche est lavé à l'eau et utilisé à l'alimentation des
animaux.
Le moût, additionné de houblon, est soumis à la cuisson qui a pour but de le
concentrer, de le stériliser, de le clarifier par la coagulation des matières albumi-
noïdes du malt, et enfin de dissoudre les principes du houblon.
Après la cuisson le moût est refroidi et aéré dans le réfrigèrent Velten,
C'est un réservoir en cuivre de 100 hectolitres muni d'un couvercle à ferme-
ture hydraulique et d'un faux fond filtrant.
A l'intérieur, de la glycérine à — 10**, circulant dans un serpentin, refroidit le
moût à 4- 10** environ.
En même temps, on envoie de l'air qui a été stérilisé par passage sur du
coton imprégné de formol et dans un tuyau chauffé par un bec Bunsen. Cet air
arrive dans la cuve par un tuyau f)erforé et produit à la fois l'aération nécessaire à
la vie de la levure et un brassage.
Le moût est alors envoyé dans des caves dont la température est maintenue à
— 2* ou — 3** par circulation de glycérine refroidie dans un appareil à anhydride
sulfureux.
Le moût est additionné de levure (300 gr. par hectolitre) et abandonné à la
fermentation (fermentation basse) pendant 15 jours.
On met ensuite la bière en foudre où la fermentation secondaire dure encore
deux mois.
La bière en bouteilles est pasteurisée. On porte les bouteilles pleines dans une
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i6 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
longue cuve qu'on leur fait parcourir lentement et où elles sont portées progressi-
vement à 70**. Quant aux fûts, ils sont goudronnés intérieurement avant le remplis-
sage.
Les différentes parties de l'usine sont maintenues dans un grand état de pro-
preté pour éviter la formation de foyers d'infection et, par suite, les altérations et
les maladies de la bière.
L'eau qui sert au lavage des appareils ainsi que des bouteilles et des fûts est
préalablement stérilisée à l'ozone. L'ozoniseur employé est celui de Marmier et
Abraham. L'effluve est produite par un courant de 15.000 volts fourni par un
transformateur.
L'air ozonisé est envoyé dans un cylindre où il rencontre une pluie d'eau.
Laboratoire. — Le laboratoire a pour principal rôle de faire la sélection et la
culture des levures.
Raffineries de la Méditerranée
P. Massot et fils. Marseille.
Cet important établissement fabrique le sucre raffiné en pains et en tablettes
ainsi qu'une petite quantité de sucre aggloméré.
Les matières premières sont les sucres bruts indigènes de betterave de i*',
2® et 3* jet, et les sucres de canne des colonies, provenant principalement de la Réu-
nion et de la Guadeloupe.
Ces différents sucres sont associés en proportions convenables pour que ie
mélange possède une richesse saccharine constante et une légère alcalinité, les
sucres de canne étant généralement acides et les sucres de betterave alcalins. On
ajoute même, si c'est nécessaire, de la chaux.
Les sucres sont donc introduits dans de grands bacs et dissous dans de l'eau
chauffée à 60**, par barbotage de vapeur, de façon à obtenir un sirop à 30** -32* B.
On utilise, pour cette dissolution, les eaux sucrées provenant du lavage des
sacs, des farines, etc. On ajoute au sirop du sang et du noir animal en poudre, puis
on l'envoie dans une autre chaudière où il est porté à l'ébullition.
Le sang est coagulé et forme une écume qui entraîne le noir et les matières en
suspension. On sépare le sirop clair par décantation et on l'envoie dans un filtre
(( Danek », composé de sacs en toile maintenus ouverts par une tôle ondulée et fil-
trant du dehors en dedans.
Les sirops qui ont une densité de 34 à 35** B., à la tempéraure de 90**, sont
plus ou moins colorés, suivant leur provenance.
Les moins colorés serviront aux clairçages.
Les autres, qui sont très limpides, mais encore colorés, passent dans les filtres à
gros noir.
Ce sont de longs cylindres verticaux de i m. de diamètre et 10 m. de hauteur.
Le noir en grain repose sur un fond composé, à partir du bas, d'une toile métal-
lique, d'une toile filtrante, d'un feutre et enfin d'une deuxième toile filtrante.
Ces filtres contiennent 7.000 kgs de noir et peuvent recevoir 7.000 kgs de sirop.
Le même liquide circule dans deux filtres, soit en tout à travers une épaisseur de
20 m. de noir.
Le noir agit non seulement comme décolorant, mais il absorbe aussi les
matières organiques et les sels minéraux qui empêchent la cristallisation du sucre.
Le sirop, qui contient alors 30 % d'eau, est concentré dans une chaudière a
cuire dans le vide jusqu'à ce qu'il ne contienne plus que 10 % d'eau.
La concentration se fait à 85^-86**, sous une pression de 22 cm.
La cuite terminée, on fait tomber la masse dans un grand bac peu profond,
muni d'un agitateur mécanique qui a pour but de la rendre homogène.
C'est là que la masse cuite est prise pour le remplissage des formes.
Ces formes, en tôle galvanisée, sont enduites intérieurement , de temps en
temps, d'un vernis composé de kaolin et de silicate de soude.
L'orifice placé à la pointe est fermé au moyen d'un clou.
Les moules sont placés sur des charriots mobiles sur rails. On les amène sous
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E. BAUD. — RELATION DES VISITES D^USINES 17
un bac rempli de masse cuite et dont le fond est muni d'ouvertures correspondant
à une rangée de moules. Un ouvrier, en manœuvrant un levier, déplace Tobtura-
teur qui fermait ces ouvertures et toute la rangée de formes se remplit.
Peu après, il se forme à la surface du pain une croûte cristalline. Un ouvrier
la brise avec un couteau en bois et agite la masse encore pâteuse pour la rendre
homogène. C'est Vestrinqtuige ou mouvage.
Les formes sont ensuite abandonnées pendant 8 à 10 heures dans Templi, vaste
bâtiment dont la température est maintenue constamment à 30** -35^. On enlève
ensuite les clous, et les formes sont transportées par des monte-charges aux gre-
niers. Là, elles sont placées sur les lits-de-pains, tables percées de trous, sur les-
quelles les pains s'égouttent. La mélasse ou sirop vert qui s'écoule se rassemble
au-dessous, sur une table inclinée en forme de gouttière.
Il y a 50 lits de 600 à 700 pains' par étage et 7 étages de greniers.
Le pain, qui est souvent d'une couleur brune, surtout vers la pointe, est claircé
avec des sirops de plus en plus purs. Ce qui s'écoule constitue le sirop d*égout.
Quand celui-ci sort blanc, on porte les formes sur les sucettes. Ce sont des
caisses plates, en fonte, mobiles sur rails, et dont la face supérieure porte des cavi-
tés munies de rondelles de caoutchouc destinées à recevoir les pointes des formes.
Ces caisses communiquent avec une pompe à air qui abaisse la pression à
30 cm. de mercure. La clairce qui imprègne, le sucre se trouve ainsi aspirée. Les
pains sont ensuite retirés des formes et on procède au plamotage, c'est-à-dire
qu'au moyen d'un petit rabot rotatif, mû électriquement, on racle la base de
chaque pain pour l'égaliser. Enfin, pour terminer, on les porte dans une étuve
à 5o^
Les sirops verts et égouts provenant des clairçages sont concentrés dans des
chaudière à cuire et la masse cuite essorée à la turbine. On obtient ainsi des
sucres colorés : vergeoises, bâtardes ou cassonades.
Les pains obtenus comme il vient d'être dit sont sciés et débités en petites
tablettes. Mais, par suite de leur forme, ils donnent lieu à un déchet, les morceaux
fournis par le pourtour ne pouvant être parallélipipédiques.
L'emploi de moules rectangulaires ne présente pas cet inconvénient.
La masse cuite, obtenue comme d'ordinaire, est coulée dans ces moules dispo-
sés dans une sorte de tambour annulaire.
Chaque moule, qui a 20 cm. d'épaisseur et pour hauteur celle de la turbine,
est divisée en compartiments de 25 mm. d'épaisseur par des tôles verticales mobiles.
Enfin, les parois intérieures et extérieures des moules sont formées par deux
cylindres concentriques en tôle, démontables, formant manchon. Chaque tambour
reçoit 8 moules comprenant chacun 16 plaquettes. Au bout de 24 h., lorsque le
sirop s'est solidifié dans les moules, on retire au moyen d'une grue le tambour
intérieur de son manchon. Les côtés latéraux des î>laques de sucre se trouvent
libres.
On transporte l'ensemble des moules dans l'intérieur d'une turbine spéciale
(turbine Adam) dans laquelle les plaques se trouvent disposées radialement. Ces
turbines sont commandées électriquement par la partie inférieure.
Le châssis supportant les plaques ayant été assujetti solidement, on met en
marche la turbine pendant 20 minutes.
Sous l'action de la force centrifuge la mélasse s'écoule latéralement.
On introduit ensuite la clairce suivant l'axe de la turbine. Le clairçage est ter-
miné en I heure. Les plaquettes sont ensuite retirées de leur châssis, séchées à
l'étuve et sciées. Ce procédé est incomparablement plus pratique et plus rapide que
l'ancien.
La production totale annuelle de l'usine est de 55.000 tonnes de raffiné.
Il y a 8 chaudières tubulaires de Naeyer, de 250 chevaux chacune, 2 machines
de 120 à 150 chevaux et une machine verticale Weyher et Richemond, de 120 che-
vaux ; une dynamo à 6 pôles, type THURY,qui fournit un courant continu de 1 10 volts,
pour l'éclairage; un générateur triphasé, qui actionne un moteur pour pompe à
eau et enfin une machine vStaffer de Diklos, de Marseille, de 80 chevaux, qui
actionne une pompe à air.
Nous avons encore visité Vusine à gaz de Montpellier, ainsi que l'importante
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i8 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
usine de la Société des Produits, chimiques de Marseille, VEstaque, la savonnerie
Arnavon et la manufacture de caoutchouc de Pontoux et O^ ; ces trois dernières
usines ont déjà été décrites dans cette Revue*.
Nous avons donc visité, tant dans la région de Montpellier que dans celle de
Marseille, 13 usines. Nous avons reçu partout Taccueil le plus aimable et nous en
remercions vivement MM. les Directeurs et Ingénieurs.
LES ESSENCES DE GENEVRIERS*
Par J. RODIÉ
Chimiste de la maison Lautier fils, à Grasse.
V. — Huile de cade.
L*huile de cade, comme l'indique son nom, n*est pas un produit de tout point
comparable à ceux que nous avons étudiés jusqu'ici. On l'obtient en chauffant à feu
nu et sans eau les branches du cade. Tandis que nous avions affaire à des essences
préparées par distillation à la vapeur d'eau, par conséquent à des liquides enlevés
à la plante mécaniquement, ici nous allons parler du résultat d'une combustion in-
complète de la matière première, ce qui est en somme une distillation avec pyro-
génation. Aussi l'huile de cade contient-elle des acides, des résines, des phénols
et des corps terpéniques.
C'est un liquide noir très foncé, plus ou moins épais, d'odeur empyreumatique
désagréable, rappelant le goudron. Sa densité varie entre o.gSo et 1.030. La solubi-
lité est tantôt complète tantôt incomplète dans l'alcco^dans l'éther de pétrole, l'acide
acétique et toujours parfaite dans l'huile d'olive et la térébenthine.
Sauf Cathelineau et Hausser, dont l'étude assez complète sera relatée plus bas,
l'huile de cade n'a été étudiée que partiellement et à des points de vue différents.
Adam a publié sur ce sujet des recherches plus pharmaceutiques que chimiques,
dont le principal but était de donner des renseignements à ses collègues pour le con-
trôle de la pureté de l'huile. Il a comparé ses résultats avec ceux obtenus avant lui
par WiTOLi) de Schutz.
L'analyse a été faite par fractionnements de 25 en 25 degrés à la pression nor-
male, et Adam fait à ce sujet une fort intéressante remarque sur l'oxvdabilité des
goudrons contenus dans l'huile : « En effet, dit-il, la somme des poids des diffé-
rentes fractions a toujours dépassé, malgré les pertes inévitables, le poids de la
matière mise en œuvre. » Les phénols et les acides de chaque fraction étaient
ensuite séparés comme d'habitude au carbonate de soude et à la soude. Il passait
à la distillation de 7 à 12 % avant 250°, de 10 à 33 % entre 250** et 275**, de 10 à 37 %
entre 275** et 300° ; résidu 20 à 60 %. La conclusion d'AoAM est qu'il n'y a pas de
critérium de pureté pour l'huile de cade, et l'on s'explique facilement cette manière
de voir au simple examen des chiffres cités.
Wallach {A., 2j8, 82) montra que l'huile de cade est une des plus im-
portantes sources de cadinène, et donna au nouveau sesquiterpène un nom rappe-
lant son origine. Il extrayait ce corps de la fraction 260 à 280** en passant par le
chlorhydrate.
Cathelineau et Hai'sser, dans une série de notes parues au Bulletin de la Société
chimique, ont approfondi la question, séparé et étudié les constituants les plus
intéressants. Devant la difficulté d'entraîner l'huile à la vapeur d'eau pour la frac-
1. Tassilly. Voyage d'étude des élèves do l'Ecole municipale de Physique et de Chimie
industrielles de Paris. Revue de Chimie pure et appliquée, 12 nov. iqo5.
2, Pour la première partie de cet article, voyez/?. G. C, 1906, 9, 444.
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J. RODIE. — LES ESSENCES DE GENEVRIERS 19
tionner, ils opèrent une séparation en agitant Thuile avec de la soude à 5 %, obte-
nant ainsi les produits solubles et les insolubles. Ces deux groupes sont alors traités
par diverses méthodes résumées dans le tableau suivant. Les chiffres se rappor-
tent à 400 ce.
a. Extraction par Téther de pétrole 9 ce.
b. Extraction par l'alcool amylique 36
c. Neutralisation par SO*H* et entraînement à la vapeur d'eau . . 6
. d. Dépôt d'une résine de cette eau distillée 19
Premier / ^^ Neutralisation de l'eau distillée à la soude, évaporation, mise en
groupe ^ liberté des acides par HCl, nouvelle évaporation et extraction
des acides à l'alcool 3
f . Décantation d'une huile soluble non entraînée à la vapeur d'eau 4
77 ce.
ILa partie insoluble dans la soude et séparée de celle-ci par l'éther de pétrole
donne à la distillation fractionnée
de ioo*à 245" 3 ce.
w^..^..v* (jg 245* à 260* •. . . iio
groupe j de 265* à 280» 140
Résidu 60
313 ce.
Etude du groupe L — Dans ce groupe, Cathelineau et Hausser négligent les
fractions (c) et (f) à cause de leur insuffis ince. La fraction (a) est reconnue identique
avec les corps du. groupe IL La fraction (e) est composée en majorité d'acide acé-
tique. Seules les fractions (b) et (d) méritent d'être étudiées plus à fond. Pour cela,
les 36 ce. extraits à l'alcool amylique s<:)nt divisés en produits solubles dans l'eau et
insolubles. La partie insoluble est une substance résineuse, sèche, fondant dans l'eau
chaude, soluble dans les solvants organiques, réduisant le nitrate d'argent. Elle est
précipitée par l'acétate neutre de plomb et dédoublée par fusion avec de la potasse
en résine, résorcine et pyrogallol en petite quantité. La partie soluble dans l'eau
renferme les combinaisons sodiques de corps organiques qu'on peut précipiter par
les acides forts. Ce précipité, plus lourd que l'eau, distillé au vide donne une liqueur
phénolique qui bout à la pression normale entre 215° et 250"* et possède l'odeur de la
créosote. Il est donc permis de conclure que cette fraction est constituée par des
éthers phénoliques de corps résineux dédoublables par la chaleur.
La fraction (d) est une résine cassante, pulvérisable, séparable en deux parties
par l'éther. Pour cela, on la dissout dans la soude à 2 % et on ajoute de l'éther ; puis
on neutralise graduellement avec de l'acide chlorhydrique en dépassant le point neu-
tre. Il se forme une solution éthérée de la résine et des grumeaux. La solution conte-
nait 8 ce. d'un produit qui n'a pas été étudié. L'insoluble est une espèce définie, cris-
tallisée. L'analyse organique, après purification par transformation en sel de baryum,
a donné une formule qui correspond à C^-H^U^^ ou un multiple. Ce corps existe en
flocons si on le précipite des solutions alcalines, et se coagule comme les albuminoï-
des, si l'on ajoute de l'acide chlorhydrique à ses solutions aqueuses. Il s'additionne
mécaniquement l'éther, qu'il retient avec énergie, et fait entendre une série de crépi-
tements lorsqu'on cherche à l'en débarrasser en le chauffant sous l'eau. On l'obtient
alors seulement cristallisé.
Etude du groupe II. — Le second groupe ne se prêtant pas plus que le premier
à la distillation fractionnée, à cause des décompositions qui se produisent, les au-
teurs, abandonnant ce procédé, le soumettent à un entraînement à la vapeur d'eau,
simple d'abord, en présence de soude ensuite. Ils obtiennent ainsi des essences
bouillant de 245° à 285**. La soude saponifie une partie de l'essence pendant cet en-
traînement, ce qui indique donc que l'huile renferme, en dehors des éthers phénoli-
ques déjà mentionnés, d'autres qui sont formés avec les corps bouillant de 245'' à
285**. Si l'on ajoute la soude dès le début de l'i^ntraînement, l'opération se termine
beaucoup plus rapidement. Cette fraction de l'huile de cade varie beaucoup entre les
divers produits — du simple au double - et semble caractéristique de Içl valeur
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20 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
de Tessence. C'est de cette partie que les auteurs ont cherché à obtenir le plus de
cadinène possible, sans la fractionner de nouveau, pour éviter les décompositions.
Pour extraire le sesquiterpène, ils mélangent la fraction avec 3 volumes d'alcool
à 90** et font passer un courant d'acide chlorhydrique gazeux en refroidissant.
A mesure que le gaz passe, les essences se dissolvent dans le liquide, et après repos
il se précipite du chlorhydrate de cadinène cristallisé impur. On le purifie par une
nouvelle cristallisation dans l'alcool absolu. Comme dans cette opération, on est loin
d'avoir obtenu un rendement total, on débarrasse les huiles résiduelles des composés
chlorés par un courant de gaz ammoniac sec à haute température. Puis on rectifie
le produit : la fraction 268'*-275** est soumise à un nouveau traitement par HCl
gazeux. De cette manière, les auteurs obtiennent 80 grammes de chlorhydrate de
cadinène avec i litre d'huile d'excellente qualité. Ce procédé est, de leur avis, le
meilleur pour évaluer l'essence en question, quoiqu'il soit loin d'être dosimétrique.
Les autres produits, accompagnant le cadinène, forment la majeure partie de
cette fraction : ce seraient des carbures voisins.
Comme on le voit par cette étude, l'huile de cade est un produit trop complexe
pour qu'on arrive à une connaissance parfaite de tous ses éléments, aussi se prête-
t-il facilement aux falsifications, parmi lesquelles il faut citer en première ligne
les goudrons et les résines. Etudiant des huiles de provenance du Var et du Gard,
distillées de septembre à mai et laissées en repos plusieurs semaines, C. Pépin {Journ.
Pharm. et Chtm., [6], 24, 49) a trouvé une réaction pour distinguer l'adultération
par la résine. On agite i ce. de l'huile avec 15 ce. d'éther de pétrole, on filtre, on
ajoute 10 ce. d'une solution d'acétate de Cu à 5 %, on laisse reposer et on mêle
enfin avec le double d'éther éthylique. Avec l'huile pure, il y a une coloration jaune
clair : si elle est adultérée de résine, le mélange se colore fortement en vert. La réac-
tion est sensible pour 10 % de résine.
VI. — Emplois. Conclusion.
Les essences de genévrier ont toutes joui d'une grande réputation thérapeuti-
que, et de nos jours, s'il est vrai qu'on leur préfère des remèdes d'un dosage plus
exact, elles sont encore utilisées dans l'art vétérinaire. Deux servent comme emmé-
nagogues, ce sont la sabine et le genévrier de Phénicie. Leur action est analogue,
quoique moins accentuée pour le second. On admet que l'excitation produite sur
l'utérus est due au sabinol, aussi comprend-on que la valeur des essences repose
sur leur teneur en cet élément. Ingéré par les malades, il se retrouve dans les urines
sous forme d'acide glucuronique, terme fréquent de la désagrégation de l'édifice
moléculaire par l'organisme. L'huile de cade a été préconisée et employée avec suc-
cès contre les maladies de la peau et en particulier du cuir chevelu. Enfin le genévrier
commun est parfois donné comme sudorifique et antirhumatismal. Mais l'emploi le
plus considérable de l'essence de baies de genièvre est assurément la fabrication des
nombreuses boissons dont elle est la base dans les pays anglo-saxons.
Au point de vue chimique, on remarque que tous les genévriers, sauf l'huile de
cade qui s'en éloigne, ont une constitution à peu près semblable. Comme dans les
conifères, dont ils sont très voisins, les terpènes dominent, et tous contiennent du
cadinène. Malgré ces ressemblances apparentes, ils ont pourtant chacun des éléments
originaux, corps qui contribuent à former leur arôme et qui font ressortir, chez des
individus aussi rapprochés, l'infinie complexité à laquelle semble se plaire la nature.
Grasse, octobre 1906.
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SUR UN NOUVEL UREOMETRE
Par m. Raoul NEVKU
Appareil. — L'uréomètre se compose d'une petite cloche D graduée en ce.
plongeant dans une éprouvette à pied C, la cloche est reliée par un tube de caout-
chouc au petit flacon à réaction A, de forme spéciale, portant un appendice B,
qui permet d'introduire séparément Turine et le réactif et d'en opérer ensuite
le mélange en vase clos.
L'avantage de cet uréomètre sur ceux déjà connus consiste surtout dans la
forme du flacon à réaction dont le volume, peu encombrant, permet de le plon-
ger pendant l'opération dans un vase contenant de l'eau à la même température
que celle de l'éprouvette, afin d'avoir une température uniforme dans tout l'appa-
reil.
Réactif. — Comme la plupart des uréomètres, celui que nous présentons est
basé sur l'action des hypobromites alcalins en dissolution, lesquels décomposent
l'urée en azote et anhydride carbonique :
Co(AzH2)2 + 3BrONa = 3NaBr + 2H20 + CO2 + 2Az
On emploiera donc, pour doser l'urée dans l'urine, une solution alcaline
récente d'hypobromite de sodium, contenant un excès de soude destiné à absorber
le gaz carboniquç produit dans la réaction et on recueillera le volume d'azote
dégagé, d'après lequel on déduira le poids d'urée contenu dans le volume d'urine
employée.
Solution d'hypobromite. — 60 ce. de
lessive caustique de soude, 140 ce. d'eau
distillée, 7 ce. de brome.
Opération. — On remplit d'eau
l'éprouvette et la cloche, de façon que les
niveaux soient sur un même plan et qu'ils
affleurent le zéro de la cloche.
On verse à l'aide de la pipette dans
l'appendice B du flacon à réaction 2 ce.
d'urine, puis, dans la partie A, un excès
d'hypobromite de sodium (10 ce. envi-
ron).
On bouche le flacon et on le relie à
la cloche à l'aide du tube de caoutchouc.
On incline alors le flacon à réaction
de manière à faire passer lentement l'urine
de B en A, il se produit une effervescence
et l'azote qui se dégage se rend dans la cloche et y abaisse le niveau de l'eau.
On agite le flacon pour être sûr que la réaction est terminée. Quand le déga-
gement de gaz a cessé, le liquide doit, pour que le dosage soit exact, conserver la
teinte jaune due à un excès de réactif.
En soulevant alors la cloche jusqu'à ce que le niveau de l'eau soit le même
dans l'éprouvette et dans la cloche, on lit sur la graduation, le volume de gaz qui,
ramené par les corrections ordinaires à la température de 15* et à la pression de
o m. 760, sera représenté par un certain volume V.
Comme i ce. d'azote à IS"* et 760 mm. correspond à 2 mg. 562 d'urée, on en con-
clura que le poids d'urée contenu dans 2 ce. d'urine est :
V X 2 mg. 562
et dans i litre la quantité d'urée sera (V x 2 mg. 562) x 500.
Nous donnons ci-contre une table évitant tout calcul. Pour en faire usage
on lit sur la première colonne le volume en ce. constaté à la lecture de la cloche
de l'uréomètre ; puis on suit horizontalement jusqu'au point de rencontre de la
colonne indiquant la température à laquelle on a opéré. Le chiffre de ce point de
rencontre indique le poids d'urée en grammes par litre d'urine, étant donné qu'on a
utilisé 2 ce. d'urine.
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REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Exemple : Si le volume lu sur la cloche de Turéomètre est de 12 ce. 5 et la
température 20 degrés, le poids d*urée par litre d'urine sera de 15 gr. 76.
Volume
lu sur
TEMPÉRATURE
rUréo-
mètre
e.e.
IQO
i5«
200
250
I
Ï.30
1,28
1,26
1.24
i»5
1.95
1,92
1,89
1,86
2
2,60
2,56
2,52
2,48
2»5
3.25
3.20
3.16
3.10
3
3»90
3.84
3.78
3.72
3.5
4.55
4.48
4.41
4.34
4
5.20
5.12
5.04
4.96
4.5
5.85
5.76
5.67
5.58
5
6,50
6,40
6,30
6,20
5.5
7.15
7.04
6,93
6,82
6
7,80
7.68
7.56
7.44
6,5 *
8,45
8,32
8,19
8,06
7
9,10
8.96
8,82
8,68
7.5
9.75
9,60
9.45
9.30
8
10,40
10,24
10,08
9.92
8,5
ïi»o5
xo,88
10,71
10,54
9
11,71
11.53
11.35
11,17
9.5
12,36
12,17
11,98
11.79
10
13.01
12,81
12,61
12,41
10.5
13.66
13.45
13.24
13.03
II
14.30
14.09
13.87
13.65
11.5
14.95
14.73
14.50
14.27
12
15,60
Ï5.37
15.13
14.89
12.5
16,26
16,01
15.76
15.51
13
16,91
16,65
16,39
16,13
13.5
17.56
17.29
17,02
16,75
14
18,21
17.93
17.65
17.37
14.5
18,86
18,57
18,28
17.99
15
19.51
19.21
18,91
18,61
15.5
20,16
19,85
19.54
19.23
Volume
-'
lu sur
TEMPÉRATURE
rUréo-
mètre
e.e.
100
15^
200
250
16 '
20,81
20,49
20,17
19.85
16.5
21,46
21,13
20,80
20.47
17
22,11
21.77
21,43
21,09
17.5
22,76
22,41
22,06
21,71
18
23.41
23.05
22,69
22,33
18,5
24,06
23.69
23.32
22,95
19
24.72
24.34
23.96
23.58
19.5
25.37
24.98
24.59
24,20
20
26,02
25.62
25.22
24,82
20,5
26,67
26,26
25.85
25.44
21
27.32
26,90
26,48
26,06
21.5
27.97
27.54
27,11
26,68
22
28,62
28,18
27.74
27.30
22,5
29,27
28,82
28,37
27,92
23
29,92
29.46
29,00
28,54
23.5
30.57
30,10
29.63
29,16
24
31.22
30.74
30,26
29.78
24.5
^1.87
31.38
30,89
30.40
25
32,52
32,02
31,52
31.02
25.5
33.17
32,66
32,15
31,64
26
33.82
33.30
32.78
32,26
26.5
34.47
33.94
33.41
32.88
27
35.12
34.58
34.04
33,50
27.5
35.77
35.22
34.67
34.12
28
36,42
35.86
35.30
34.74
28,5
37.07
36.50
35.93
35.36
29
37.73
37.15
36,57
35.99
29.5
38.38
37.79
37.20
36,61
30
39.03
38.43
37.83
37.23
30,5
39.68
39.07
38,46
37.85
BIBLIOGRAPHIE
Die neuere Entwiokeiung der Kristailo-
graphie, par le D"" Baumhauer, profes-
seur à l'université de Fribourg. Un vol.
in-8° de 184 p. avec iiô fig. Prix :
4 marks. Brunswick, lib. Friedrich
' VIEWEG & Sohn.
Ce petit volume s'adresse spéciale-
ment à ceux qui, n'ayant à s'occuper de
cristallographie qu'incidemment, comme
les chimistes et les physiciens, ne se dé-
sintéressent pas néanmoins des progrès
de cette partie de la science. L'auteur a
dû, naturellement, pour faire rentrer son
volume dans le cadre et l'étendue de la
collection a die Wissenschaft », faire un
tri dans les nombreux documents amas-
sés dans ces dernières années.
Le premier chapitre définit le cristal,
en tenant compte de la nouvelle concep-
tion des cristaux liquides. Puis viennent
les diverses classes de cristaux et des
considérations sur la pseudosymétrie, le
mode de détermination des rapports de
symétrie des cristaux, les macles, les
faces dominantes et la chimie cristallo-
graphie. L'auteur, dans cette dernière,
insiste particulièrement sur les relations
entre la composition chimique et la forme
cristalline.
D^ A. G.
Chemie der organischen Farbetoffe, par
le Xy R. NiETZKI, professeur à l'Uni-
versité de Bâle. Un vol. in-8° de 362 p.
Prix, relié : 8 marks. Berlin, lib. SpRIN-
GER (1906).
La première édition parut en 1888 ;
c'est la cinquième que nous annonçons
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BIBLIOGRAPHIE
23
aujourd'hui. L'auteur a conservé dans
cette dernière édition la forme générale
de l'ouvrage, mais il l'a revue et complé-
tée.
L'introduction nous apprend quelles
sont les causes de la production de la
couleur, l'influence des groupes chromo-
phores, des chromogènes et des auxo-
chromes, puis comment on doit sérier
chimiquement les diverses matières colo-
rantes. L'auteur décrit d'abord les corps
nitrés, puis les azocolorants, les hydra-
zones, les pyrazolones et les formazyles,
auxquels font suite les azométhines et
les colorants du stilbène. Le groupe
important des colorants quinoniques
vient ensuite avec la dioxynaphtoqui-
none, les dérivés de l'anthraqumone et
les quinones oximes. Un chapitre tout
entier et fort détaillé a été consacré aux
colorants du diphényl et du triphénylmé-
thane, auquel fait suite un autre chapitre
tout aussi important : les colorants qui-
none-;imidés (indamines, indophénols,
thiazime et thiazones, oxazimes et oxa-
zones, composés aziniques, quinoxaline,
flavinduline et fluorindine). Le noir d'ani-
line, sa formation et ses propriétés, sa
composition, font l'objet d'une étude spé-
ciale. A la suite de ces colorants impor-
tants nous trouvons les colorants de la
quinoléine et de l'acridine, puis les colo-
rants au soufre. Les oxycétones, xan-
thone, flavones, çoumarine et indone for-
ment le dernier chapitre oui est consacré
à l'indigo. Dans un complément, l'auteur
dit quelques mots de l'orseille et du tour-
nesol, de la canarine et de la murexide.
D^ A. G.
Jahrbuoh der Chemie, par Richard Me-
YER. Un vol. in-8*» de 592 p. Prix :
14 marks. Brunswick, lib. ViEWEG &
Sohn.
La quatorzième année de ce recueil
est parue ; elle enregistre les progrès les
plus importants réalisés tant dans le do-
maine ae la chimie pure que dans celui
de la chimie appliquée, dans le courant
de l'année 1904. Les différentes matiè-
res sont groupées en XVII rubriques :
chimie physigue, chimie minérale, chimie
organique, chimie physiologique, chimie
pharmaceutique, chimie alimentaire, chi-
mie agricole, /métallurgie, explosifs et
combustibles, grande industrie chimique,
technologie des hydrates de carbone,
fermentations, corps gras, matières co-
lorantes, textiles et photographie. Cha-
cune est traitée par un spécialiste. Le
« Tahrbuch der Chemie » a subi des mo-
difications dans sa rédaction ; ainsi, par
suite de la inort de Guido BoOLAENDER, la
chimie physique a été confiée au profes-
seur A. CŒHN, de Gœttingue, de même
toute la partie relative aux matières co-
lorantes a été traitée par le professeur
Friedlaender. La quatorzième année sera
consultée avec autant de fruit que celles
qui l'ont précédée.
D' A. G.
Die eieoktroiytisohe Chioratindustrie, par
John B. C. Kershaw. Traduction alle-
mande du D' Max HUTH, chimiste de
l'A. G. Siemens & Halske, de Berlin.
Un vol. in-8** de 124 p. avec 39 fig. et
j pi. Prix : 6 marks. Halle a. S. lib.
Wilhelm Knapp.
Il est peu d'industries sur lesquelles
on ait autant fait le secret que la fabrica-
tion électrolytique du chlorate de po-
tasse. Cette publication qui forme le to-
me XIX de la collection aes « Monogra-
phien fiir angewandte Elektrochemie »,
intéressera cFautant plus nos lecteurs
que, jusqu'ici, on n'a presque rien fait
connaître dans la presse scientifique qui
ait trait à cette mtéressante question.
L'auteur, après avoir jeté un coup d'oeil
général sur l'histoire du procédé et avoir
passé en revue les différents procédés
et expériences se rattachant à la produc-
tion des chlorates par voie électrochimi-
que, décrit ensuite les procédés indus-
triels suivis pour la préparation du chlo-
rate et nous donne un aperçu des fabri-
ques qui s'en occupent. On trouvera dans
cet ouvrage la description des procédés
de Watt, de Gall et Montlaur (usines
de Villers-Saint-Sépulcre, de Vallorbe de
Saint-Michel), de GiBBS ^usines de Bùc-
kingham, de Niagara Falis), de Carlson
(usines de Mansboe et d'Alby), de Blu-
MENBERG (usine de Niagara Falls), de
Lederlin et CORBIN (usines de Chedde),
de HURTER et l'United Alcali C^ (usine de
Bay-City), de Kellner, de SPILKER et
LCFWE et de la Société pour l'industrie
chimique de Turgi. Faisant suite à cette
description viennent les procédés suivis
pour laire cristalliser le chlorate et les
données économiques relatives aux prix
de revient, consommation et emplois.
L'électrolyse permet également de pré-
parer des sels analogues : chlorate de
soude, perchlorates, bromates et iodates ;
aussi, 1 auteur a-t-il consacré quelques
pages à ces produits. Un chapitre traite
de l'analyse aes eaux-mères et des sous-
produits. Une annexe renfermant la no-
menclature des brevets et la description
des principaux d'entre eux, relatifs à la
préparation électrolytique du chlorate de
potasse, termine ce petit volume.
D^ A. G.
Moteurs électriques à courants oontinu
et alternatif! théorie et construction ;
Henry M. HOBART, B. Se. M. I. E. E.
Mem. A. I. E. E., traduit de l'anglais
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24
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
par F. ACHARD, ingénieur à la Société
alsacienne de constructions mécani-
ques. I vol. gr. in-8** de 450 paees,
avec 526 fig. et 2 planches. Broché :
25 fr. ; cartonné : 2^ fr. Lib. H. Du-
NOD'et E. PiNAT, Paris (1906).
L'étude des moteurs électriques a fait
déjà l'objet de nombreux ouvrages. Mais
la plupart nécessitent une apphcation de
connaissances mathématiques élevées.
L'ouvrage de M. HOBART, au contraire, a
été conçu dans un esprit essentiellement
pratique, l'auteur s'erforçant de mettre
en relief les questions les plus importan-
tes en les présentant sous une forme qui
permet de renoncer presque entièrement
à l'emploi des formules algébriques. La
question de la commutation dans les mo-
teurs à courant continu est, entre au-
tres, traitée par une méthode très sim-
ple, et la déduction, faite sur un exemple
numérique de la théorie du moteur asyn-
chrone triphasé, est également à signa-
ler.
L'absence de formules est d'ailleurs
compensée par une riche série d'exem-
ples numériques où les calculs entiers de
moteurs de différentes provenances sont
développés dans tous leurs détails. C'est
là le guide le plus sûr qu'un calculateur
novice puisse rencontrer, tandis que le
praticien trouve un vif intérêt à comparer
ces exemples avec le fruit de sa propre
expérience.
Au moment de la publication de l'édi-
tion anglaise, certames questions n'a-
vaient pas toute l'importance qu'elles ont
acquise depuis, et, pour cette raison,
n'avaient pas été traitées. Tel est le cas
pour l'usage des pôles de commutation
dans les machines à courant continu, et
pour le développement du moteur mono-
phasé à collecteur. Ces lacunes ont été
comblées dans l'édition française, qui
contient un chapitre sur chacune de ces
questions.
Entre temps, l'auteur avait entrepris
une série de recherches relatives à la pré-
détermination du prix de revient des mo-
teurs ; une place leur a été également ré-
servée dans l'édition française.
En résumé, le présent ouvrage s'adres-
se aussi bien aux praticiens oui y trouve-
ront d'utiles indications, qu'a l'étudiant,
qui, grâce à la clarté des méthodes d'ex-
position, pourra se faire une idée plus
complète des phénomènes qu'il étudie, et
profiter alors plus efficacement des le-
çons de la théorie. — X.
Précis d'éleotrioité, Paul Niewenglow-
SKI, Ingénieur au Corps des Mines,
grand in-8^ (25x16) de 11-200 pa-
Propriélaire-Oérant : George F. JAUBERT.
LAVAL. — IMPRIMERIE L. BARNÊOUD ET C^*
ges, avec 64 fignures ; 6 fr. Lib. Gau-
THIER-VlLLARS, Paris (1907).
Ce précis est en quelque sorte un traité
général d'Electricité, destiné à mettre le
lecteur rapidement au courant des phé-
nomènes fondamentaux, des théories les
Elus connues et des découvertes récentes,
'auteur a pu donner à sa rédaction des
dimensions restreintes en réduisant cha-
que théorie à ce qu'elle a d'essentiel, et
en supprimant des détails qui font par-
fois perdre de vue l'enchaînement des
idées.
L'Ouvrage est divisé en deux Parties.
La première partie fait connaître, indé-
pendamment de toute hypothèse, les lois
principales et les expériences qui servent
à les établir ; la seconde montre les con-
séquences qu'on peut en déduire par le
calcul. L'auteur a insisté sur les métho-
des de mesure, l'homogénéité des for-
mules et les différents syslèmes d'unités,
si utiles à bien connaître dans les appli-
cations pratiques ; il a résumé en quel-
ques pages la plupart des questions dont
on s'est occupé particulièrement dans ces
dernières années, comme les tubes de
Crookes, les rayons X, les courants al-
ternatifs, l'améhoration des lignes télé-
phoniques, la décharge oscillante des
condensateurs, les courants de Tesla, la
théorie de MAXWELL, la théorie électro-
magnétique de la lumière, les ondulations
hertziennes, la télégraphie sans fil et la
théorie des électrons.
S'il y a, dan§ la seconde partie,
quelques calculs indipensables pour
traiter les questinos avec la rigueur
qu'elles comportent, la première par-
tie est d'une lecture facile. Cet ou-
vrage peut donc servir soit à l'industriel
ou à l'ingénieur qui veut préciser ses no-
tions théoriques, soit à l'élève qui a
besoin d'apprendre les éléments ; en un
mot, à toute personne désireuse de suivre
les progrès d'une science toujours si
rapidement renouvelée. — X.
Le ohampignon des maisons, D' G. H.
NIEWENGLOWSKI, une brochure avec
figures, o fr. 50. Lib. H. DesforgES,
Paris (1906).
Dans cette brochure, l'auteur décrit les
véritables désastres causés dans nombre
de constructions par le « Merulius lacr>'-
mans », ce véritable champignon des
maisons, qui, dans certaines conditions
s'attaque aux solives, aux parquets et à
toutes les boiseries. L'auteur indique,
d'après les travaux de M. Beauverie, les
propriétés de ce parasite et décrit en dé-
tail les précautions à prendre pour pré-
server les immeubles de ses dégâts. — X.
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LA
CELEBRATION INTERNATIONALE
du Jubilé de l'industrie des matières colorantes
du goudron de houille
Le cinquantième anniver-
saire de la découverte de la
première matière colorante re-
tirée du goudron de houille
par Sir W. H. Perkin, a été
fêté les jeudi 26 et vendredi
27 juillet 1906.
Le jeudi matin, une nom-
breuse et brillante assemblée,
composée de dames et de per-
sonnalités étrangères, se réu-
nissait dans Tamphithéâtre de
l'Institution Royale, à Lon-
dres, sous la présidence du
professeur R. Meldola, F.
R. S. Citons, parmi les per-
sonnes présentes : Lord Kel-
vin, M. GuvoT, M. et Mme
Destrée, le prof, et Mme
Kraemer, le prof, et Mme
Lepsius, le prof. Moehlau,
le prof. G. ScHULTZ, le D' et
Mme F. Raschig, le prof.
Etard, le D' H., Mme et Mlle
Caro, le prof, et Mme
Friedlaender, le prof. P.
VAN Romburgh, le prof. A.
Bernthsen, le prof. Emil
Fischer, le prof. C. Lieber-
MANN, le D' C. A. VON Mar-
Tius, le prof. C. Duisberg, le
prof. Delbruck, le D^ A.
SCHMIDT, le D' M. LiEBERT,
M. R. Bablich, m. E. Ull-
RicH, le prof. A. Haller,
le EK F. Klingem.\nn, le D'
R. A. DE RiDDER, le D' w. Kalle, le prof, et Mme H. Erdmann, le prof.
H. RuPE, le D' Ehrhardt, le prof. Orxdorff, le C A. Weiskopf, le D'' L. Bae-
keland, le D' NiEME, le D' A. Clemm, Sir. W. Armstrong, Sir W. Ramsay, Sir
H. RoscoE, Sir R. Pullar, M. R. J. Friswell, M. J. Spiller, le D'^ E. Divers
et le D' P. Frankland.
Lecture est donnée des lettres de regret adressées par les savants dont les noms
suivent: le prof. Ad. von Baever, le D' H. Bœttinger, le prof. Beilsteix, le prof.
Bruhl, le prof. Noelting, le prof. Lunge, le prof. Fraxchimont, le prof. A. Gau-
tier, M. Ch. Lauth, le prof. O. N. Witt, le prof. W. Spring, le prof. A. F. Hol-
LEMAN, le EK Weinberg, le D' Euler, le prof. Van der Waals, M. Ch. Moureu,
M. Th. Tyrer, M. Rivals, M. R. C. Woodcock, le prof. E. Paterno, le prof.
Wallacel
BBVtJB oAiréltALB PB CHIMIE PURE BT APPLIQUÉE. — 3' LIVRAISON. — JANVIER 1907.
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26 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Puis viennent des télégrammes de félicitation : du D' H. Boettinger, des Far-
benfabriken d'Elberfeld ; du prof. Beckmann, président de la Société chimique de
Leipzig ; du prof. Paterno, président de la .Société chimique de Rome ; du prof.
Th. Curtius, au nom de l'Université d'Heidelberg; du prof. Beilstein, de Saint-
Pétersbourg; du prof. Jœrgensen, au nom de la Société chimique de Copenhague;
du prof. Nasini, au nom de l'Université de Padoue ; du prof. Koerner, au nom de
la Société chimique de Milan; du prof. O. N. Witt, de Berlin et du prof. Lunge,
de Zurich.
A l'ouverture de la séance, le Président rappelle que l'objet de la réunion est
connu de tous les assistants venus du monde entier pour offrir leurs félicitations
au créateur- de la grande industrie du goudron -de houille, Sir William Perkin,
auquel il est donné d'assister au couronnement de ses travaux, le jour de leur cin-
quantième anniversaire, recevant les félicitations et les vœux de toute l'assistance
pour la continuation de sa brillante carrière.
Le Président rappelle en outre la haute distinction qui vient d'être accordée à
Sir William Perkin par Sa Majesté le roi d'Angleterre.
Le lieu de la réunion a été judicieusement choisi, car c'est dans ce bâtiment que
Michel Faraday découvrit le benzène en 1825. Un échantillon datant de cette pre-
mière période est placé sur la table. Le benzène est actuellement l'une des principa-
les matières premières de la grande industrie des matières colorantes du goudron de
houille. La brillante assemblée de visiteurs étrangers qui sont présents témoigne de
l'importance de cet anniversaire. Le mouvement qui a pris naissance au printemps
à la suite d'une réunion tenue à Mansion House a eu en vue trois objets déterminés :
la présentation à Sir W. Perkin d'un portrait à l'huile de sa personne exécuté par
un artiste éminent, qu'il conservera pendant sa vie et qui deviendra propriété natio-
nale à sa mort ; l'exécution d'un buste en marbre de Sir W. Perkin qui sera placé
dans les salles de la Société chimique de Londres ; enfin la création d'un Fonds de
recherches Perkin pour l'avancement des recherches chimiques, lequel sera admi-
nistré par la Société chimique de Londres.
Ces trois projets ont été menés à bonne fin. Le prof. Meldola découvre le por-
trait, qui représente Sir W. H. Perkin debout à côté d'une table sur laquelle on
aperçoit quelques appareils chimiques et tenant dans sa main un morceau de soie
teinte en mauvéïne. M. Meldola exprime le vœu que de nombreuses années s'écou-
lent encore avant que cette peinture ne devienne la propriété de la nation. Il se tourne
ensuite vers le buste, placé à côté du portrait, et qui est d'une très grande ressem-
blance. Quant au fonds de recherches, le Comité ne peut donner de renseignements
définitifs à ce sujet, car toutes les souscriptions de l'étranger n'ont pas encore été
versées. Plus de 50.000 francs ont été souscrits en Angleterre.
Le prof. Emil Fischer, de Berlin, retrace ensuite en termes élogieux la carrière
de Sir W. H. Perkin et lui offre, au nom de la Société chimique allemande, la Mé-
daille Hofmann comme témoignage de la haute estime des chimistes allemands. Sir
W. H. Perkin, en exprimant ses remerciements, rappelle la part prise par Hofmann
dans la fondation de la Société chimique allemande. Tandis qu'il séjournait en
Angleterre, il avait été en rapports étroits avec la Société chimique de Londres, et
bientôt après son retour en Allemagne, il travaillait à la création d'une association
analogue. Son premier volume de procès-verbaux ne comptait que 288 pages, mais
il renfermait des travaux de grande valeur, de Graebe et Liebermann sur la synthèse
de l'alizarine et le premier mémoire de Baeyer sur la réduction de l'indigo bleu.
Sir W. H. Perkin devint membre de cette Société et en a toujours été fier. Il appré-
cie tout particulièrement la médaille qui lui a été décernée parce qu'elle porte le nom
d'HoFMANN et lui rappelle le grand homme dont il s'est inspiré et dont l'enthousiasme
autant que l'énergie ont stimulé sa jeune ambition. Ce n'est d'ailleurs pas la pre-
mière fois que les chimistes allemands lui ont témoigné leur sympathie: il possède
le grade de docteur en philosophie honoraire de Wurzbourg, et récemment le même
titre lui a été conféré par l'Université d'Heidelberg à l'occasion du jubilé, actuel. Sir
W. H. Perkin demande au prof. Fischer de transmettre ses remerciements les plus
cordiaux à ses collègues.
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JUBILE DE L^INDUSTRIE DES MATIERES COLORANTES ' 27
M. le prof. A. Haller présente ensuite à Sir William Perkin la Médaille Lavoi-
sier et une adresse de la Société chimique de Paris. Il ne revient pas sur le sujet traité
par le prof . Fischer dans son aperçu de la carrière de Sir Perkin, et ne peut qu'ap-
prouver tout ce qui a été dit par ce distingué savant. Puis il lit l'adresse, qui
exprime erï termes laudatifs l'admiration des chimistes français pour la grande
œuvre accomplie par le héros de la cérémonie. Sir W. H. Perkin est reconnaissant
de voir son nom associé à celui de Lavoisier, grâce auquel de si grands progrès
ont été réalisés en chimie. Il rappelle que les teinturiers français ont été des pre-
miers à. adopter la mauvéïne et à l'appliquer à la teinture des textiles. De France
aussi est venue la première marque de reconnaissance offerte à Sir William Per-
kin, pour ses services rendus à la science: en 1859, ^^ois ans seulement après la
découverte de la mauvéïne, une médaille d'argent et plus tard une médaille d'or
furent offertes au célèbre inventeur qui se souvient aujourd'hui encore de cet
encouragement. Il rappelle aussi la façon généreuse dont il a été traité par les
industriels français qui ont exploité ses procédés.
Le EK Léo Baekeland, en présentant une adresse de la part des chimistes amé-
ricains, signale qu'un Comité a été formé dans le but de fonder une Bibliothèque
Perkin en commémoration de ce jubilé.
Une adresse de félicitations, signée par les chimistes scientifiques et techni-
que§ d'Autriche, est présentée par le D' Paul Friedlaender, et une analogue de
Hollande par le prof. P. van Romburgh.
Le prof. Hans RupE est chargé d'une adresse par les chimistes suisses. L'in-
dustrie chimique florissante de la Suisse doit son existence aux découvertes qu'on
est en train de célébrer. Dans cette contrée, la fabrication des couleurs du goudron
de houille a rapidement pris racine et a acquis une grande importance. Sir W.-
H. Perkin exprime son intérêt et ses remerciements.
Le prof. Carl Duisberg annonce qu'il est venu avec son collègue, le prof.
Max Delbruck, pour exprimer, au nom de l'Union des Chimistes allemands,
la reconaissance que les ouvriers de la grande industrie chimique allemande
éprouvent pour l'homme qui a fondé leur industrie. M. Duisberg a apporté un
exemplaire d'une conférence du prof. Ad. von Baeyer, sur les matières colorantes
de l'aniline pour l'offrir à Sir W. H. Perkin; il y est dit que la connaissance des
propriétés basiques de l'atome de carbone est semblable à un flambeau éclairant
la voie de ceux qui veulent explorer la structure interne de la molécule et que
l'homme qui alluma ce flambeau est Sir W. H. Perkin. En la personne de
leurs deux représentants, les 3.500 membres de l'Union des Chimistes allemands
présents en pensée, acclament le nom de Perkin comme celui de leur bienfaiteur.
Le prof. A. Haller offre une médaille et une adresse de la Société industrielle
de Mulhouse, et Sir W. H. Perkin rappelle la distinction qui lui a déjà été con-
férée par le même corps.
Le D' H. Caro, parlant au nom de la Société allemande des fabricants de
produits chimiques, dit que des milliers de personnes sont engagées en Allema-
gne dans la préparation des produits dérivés du goudron de houille et que toutes
connaissent et honorent le nom de Perkin. Le génie anglais, pratique et inven-
tif, a créé une nouvelle ère de progrès scientifique et industriel. Il ne peut mieux
exprimer la grandeur de la découverte que l'on commémore aujourd'hui qu'en
employant les propres mots de Sir W. H. Perkin : <( La première couleur d'ani-
line a été véritablement une pionnière. » Sir W. H. Perkin exprime le plaisir
qu'il éprouve en se retrouvant avec le D' Caro, car personne ne connaît mieux
que lui l'histoire des débuts de cette industrie.
Une adresse de la Société chimique de Munich est présentée par le
D*" G. Kraemer et le D' G. Schultz; ce dernier est aussi chargé de remettre à
Sir W. H. Perkin le diplôme de Docteur honoraire en Science technique que lui
confère l'Ecole Technique supérieure de Munich.
Lord Kelvin remet à Sir W. H. Perkin une adresse de la Société Royale
de Londres, louant à la fois ses premiers et ses plus récents travaux et rappelant
que d'autres membres de sa famille sont bien connus du milieu scientifique.
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28 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Sir W. H. Perkin, en remerciant, rappelle qu'il fait partie de la Société Royale
depuis Vàge de 28 ans et qu'elle lui a déjà décerné une de ses médailles.
Le prof. Meldola, en apportant l'adresse de Société chimique de Londres,
rappelle les longs rapports de Sir W. H. Perkin avec cette Société. Il est l'un
de ses membres les plus anciens; il en fut le secrétaire de 1869 à 1883 et le pré-
sident de 1883 à 1885. A côté de ces grands services, il a fourni plusieurs mémoi-
res importants aux Proceedings. Il est impossible de surfaire l'importance de la
découverte dont on célèbre le jubilé; l'évidence de sa valeur est écrasante. Non
seulement les couleurs du goudron de houille, mais une longue série de produits
synthétiques ont surgi de cette découverte. Tous honorent Sir W. H. Perkin
pour sa rectitude, son courage, son esprit entreprenant et son dévouement aux
recherches. Ce doit être pour lui une source de satisfaction de savoir que sa
dernière œuvre est estimée presque autant que sa première. Les chimistes scien-
tifiques anglais ont contracté envers lui une lourde obligation pour l'honneur
qu'il a fait retomber sur leur corporation tout entière. Sir W. H. Perkin répond
que son association avec la Société a toujours été une source de plaisir pour lui.
Le projet de placer son buste dans les salles de la Société est un honneur qui le
touche profondément. Il est remarquable de voir combien l'utilité de la Société a
augmenté et combien aussi le nombre de ses membres s'est accru, jusqu'à attein-
dre actuellement 2.700.
Le D' E. Divers, ancien président de la Société de l'Industrie chimique, en
l'absence du D' E. Carey, président actuel, présente une adresse de ce corps savant.
Il est d'autant plus heureux de le faire que lui et Sir W.' H. Perkin ont fréquenté
ensemble, dans leur jeune âge, l'Ecole de la Cité de Londres, à l'époque où
M. Thomas Hall était professeur. M. Hall, qui était lui-même un élève d'HoFMANN,
suivit aussi le cours de ce grand pédagogue. Depuis lors, les deux jeunes gens
ne se rencontrèrent que de longues années plus tard ; mais ce souvenir d'antan
a une grande importance pour l'orateur à l'heure actuelle. Sir W. H. Perkin
remercie son ancien condisciple et ami de son adresse autant que de son charmant
souvenir.
Une adresse de l'Institut de Chimie est présentée par le prof. P. Frankland,
et une autre, en termes très éloquents, par Sir Thomas Wardle au nom de la
Société des teinturiers et coloristes. D'autres adresses ont été également envoyées
par l'Université de Leeds et par l'Institut des ingénieurs gaziers.
Le prof. A. Bernthsen, dana une courte improvisation, rappelle que beau-
coup des préparations courantes de l'industrie chimique sont dues au travail patient
et difficile accompli par Sir W. H. Perkin, le type idéal de l'homme de science
pratique. Le D' C. Liebermann parle en termes analogues.
Sir W. H. Perkin s'avance alors yur l'estrade et est l'objet d'une ovation
enthousiaste. Il rappelle que, jeune étudiant, il y a 54 ans, il a suivi quelques-
unes des conférences de Faraday dans cette même Institution, le samedi après-midi.
Encouragé par son maître, M. T. Hall, auquel il doit tant, il avait sollicité de
Faraday une carte d'entrée, qu'il reçut. Quatre années plus tard, il donnait lui-
même à cet endroit une conférence sur les couleurs d'aniline nouvellement décou-
vertes, mais il ne pensait pas alors qu'il assisterait un jour à une aussi brillante
réunion donnée en son honneur. Sa part dans ce qui a été réalisé est, en effet,
bien faible. Un grand nombre de chimistes se sont mis à l'œuvre depuis, et les
résultats obtenus ont été considérables. Au commencement de l'année, il ignorait
que ce jubilé dût avoir lieu, mais il l'apprécie et peut-être plus encore son carac-
tère international. Il rappelle avec émotion le soutien qu'il a trouvé en son père
et son frère aujourd'hui disparus, et sans lesquels il n'aurait jamais été capable
d'entreprendre une fabrication industrielle. Il constate avec joie que cette indus-
trie procure maintenant un emploi à beaucoup de travailleurs et dans de si favo-
rables conditions, car, le but de toute œuvre doit être d'en faire bénéficier l'huma-
nité.
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JUBILÉ DE L'INDUSTRIE DES MATIÈRES COLORANTES
29
LE DINER
Un dîner de cérértionie a été offert à Sir W. H. Perkin dans les salons de
l'Hôtel Métropole, à Londres, le jeudi soir, 26 juillet. Le prof. R. Meldola (prési-
dent de la Société chimique de Londres) présidait; il avait à ses côtés l'hôte de la
soirée et le Prince W. zu Stolberg-Wernigerode (représentant l'Ambassade
allemande), puis Lord Alverstone (ministre de la Justice), M. R. B. Haldane
(secrétaire d'état à la Guerre), le Comte de Halsbury, F. R. S., le prof.
H. E. Armstrong, F. R. S., le D' L. Baekeland (délégué américain), M. Justice
BucKLEY, le prof. A. Bernthsen, Sir W. Broadbent, le prof. A. H. Church,
F. R. S., le D' H. Caro, Sir J. Dewar, le prof. C. Duisberg, le prof. Em. Fis-
cher (président de la Société chimique allemande), le prof. P. Friedlaender, le
prof. P. F. Frankland (président de l'Institut de Chimie), le prof. A. G. Green, le
prof. A. Haller (membre de l'Institut de France), Lord Kelvin, Sir N. Lockyer,
F. R. S., M. S. G. LuTWYCHE (Maître de la Compagnie des tanneurs), le prof.
J . Larmor (secrétaire de la Société Royale de Londres), Lord Justice Fletcher,
MouLTON, le prof. R. Moehlau, le prof. W. Odling, F. R. S., Sir R. Pullar,
Sir W. Ramsay, Sir H. E. Roscoe, le prof. P. van Romburgh (délégué hollan-
dais). Lord Rayleigh (président de la Société Royale de Londres), Sir A. Ruc-
ker (principal de l'Université de Londres), le prof. H. Rupe (délégué suisse),
M. A. G. Salamon (vice-président de la Société anglaise de l'Industrie chimique),
le prof. W. A. Tilden et Sir T. Wardle (président de la Société des teinturiers
et coloristes).
Plus d'une centaine d'autres savants anglais et étrangers assistaient, en
outre, au dîner.
Des télégrammes d'excuse et de félicitations, lus par le Président et
Sir W. Ramsay, avaient été envoyés par : Lord Avebury, M. Whitelaw Reid,
M. A. J. Balfour, le Duc de Northumberland, M. Cambon, le Comte Metter-
NiCH, Sir Lauder Brunton, M. O. Wallach, les Sociétés chimiques de Milan,
Rome et Turin, le comité Perkin américain (signé Chandler et Schweitzer), le
prof. Knoevenagel, l'Union des chimistes autrichiens de Vienne.
Après le toast au Roi, porté par le Président, Lord Halsbury propose ta santé
des « chefs des nations étrangères ». La science de la Chimie appartient au
monde entier, et les différents p>euples et leurs conducteurs commencent à trouver
qu'il est préférable de s'occuper de ses propres affaires que de considérer celles
des autres. En étudiant les secrets de la Nature, ils donnent des résultats dont
le monde entier bénéficie. L'orateur est heureux de parler au nom des chercheurs
silencieux dont le travail a changé la face de la Nature. ^3
M. R. B. Haldane se lève pour proposer la santé de « l'hôte de la soirée «. ïl J
rappelle la correspondance entre Renan et Strauss pendant la guerre de 1870 et \,;
remarque que la science est plus large que la nationalité. Tous les assistants^ se . - ^,
sont réunis comme cosmopolites et comme frères dans la science. L'assemblée n est >»
ni anglaise, ni allemande, ni française, ni américaine; tous sont unis dans un
même sentiment poup honorer un homme. Tous sont fiers des grands hommes
des autres nations dont l'œuvre a rendu service au monde entier, f^'orateur a
quelquefois pensé que les visiteurs qui viennent de contrées où l'organisatio^^
scientifique est beaucoup plus développée et où les Gouvernements attachent P^^^^"^
coup plus d'intérêt aux affaires scientifiques et commerciales, doivent ^^^^^^èes
frappa de la façon différente dont ces matières sont considérées -- ou t\ ^^^^g^\.
— en Angleterre. Cependant, nous faisons ce qui est nécessaire, maïs ^^^^^o\q^^^
sons à notre manière : nous pouvons piétiner, mais nous a'v^si^Ç^^^V-^^oeupV^*
nous piétinions. Ce que nous achevons est dû au génie pratique de ^^ ^^ ^ratvàe
Nous sommes rassemblés pour rendre honneur à Sir W. H. Perkiî^ de ^^^\ssatvce
œuvre qu'il a accomplie pour l'humanité comme pionnier dans ^^.^?^ /S.^^^ cottv-
des secrets des hydrocarbures et des produits du goudron^ de ^^utU^^^^^^eVa ^^
raencement de ses travaux, il fut associé à cet homme brillant ^^^^^^rti s^t-aW.-^
prof. HoFMAîW. Peut-être, si le Prince Consort avait vécu, HoFM
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3o REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
resté en Angleterre, le centre de l'industrie n'aurait pas traversé la Mer du Nord
et les millions de bénéfices gagnés par lui auraient-ils été pour nous. Quoi qu'il
en soit, c'est un fait que le cerveau qui conçut et le talent qui donna naissance à
la nouvelle industrie appartenaient à un Anglais, l'homîne qui est notre hôte
honoré ce soir. Les Anglais n'avaient alors peut-être pas le génie de l'organisa-
tion ; ils détestaient les idées abstraites et ils décourageaient plutôt qu'ils n'aidaient
les inventeurs. Maintenant ils encouragent le dévelopi>ement de l'individualité, et
l'individualité arrive toujours à se frayer son chemin jusqu'au premier rang. On
en trouve assez de preuves parmi les hommes que je vois autour de moi. Et quand
l'individualité et l'esprit pratique se rencontrent, ils sont honorés et respectés,
comme c'est le cas pour Sir W. H. Perkin. Quand nous voyons le grand déve-
loppement de cette industrie en Allemagne et ailleurs, nous pouvons nous sentir
fiers qu'elle ait été créée par un Anglais. Nous sommes dans une assemblée non
de clans, mais de nations, que réunit un lien commun de science, comme autrefois
les étudiants étaient reliés par la langue latine, et nous sommes unis, non par un
sentiment insulaire de possession, mais pour rendre témoignage aux services de
quelqu'un qui a rendu plus riche par sa présence le monde dans lequel il a tou-
jours vécu et travaillé.
Sir W. H. Perkin remercie chaleureusement M. Haldane. Le développe-
ment de l'industrie des couleurs artificielles a été très différent de celui des indus-
tries plus anciennes. Celles-ci se sont développées lentement et les méthodes ont été
perfectionnées pendant des générations; mais celle-là fut entièrement nouvelle et
dût être édifiée depuis le commencement. Elle a été le résultat de la recherche et
de l'étude, le fruit de l'union de la science et de l'industrie. L'orateur se rappelle
le temps où la science et l'industrie étaient regardées comme des choses à part et
où l'on estimait contraire à la dignité d'un chimiste de devenir un fabricant. Il a
toujours désiré continuer ses travaux de recherche et il est reconnaissant d'avoir eu
la possibilité de le faire. A une certaine époque, on a avancé qu'il avait eu tort
en distrayant l'attention de la Chimie pure pour la reporter sur la Chimie appliquée.
Mais bientôt on est revenu à une notion plus juste. La Chimie industrielle s'est
montrée très profitable à la recherche, et la recherche a conduit à maintes décou-
vertes et améliorations pratiques. Il existe actuellement, suivant la liste préparée
par le prof. Schultz, environ 700 couleurs d'aniline, de toutes les nuances et
teintes imaginables. Elles sont préparées à très bon marché et à l'état très pur.
L'orateur retrace l'histoire de la synthèse de l'alizarine et de l'indigo et du rem-
placement des produits naturels par les produits artificiels. Il fait ressortir l'impor-
tance des travaux de recherche, qui, poursuivis avec persévérance, provoquent
l'avancement des branches les plus élevées de nos connaissances. Il a plaidé cette
cause avec persistance pendant toute sa carrière; il espère n'avoir jamais offensé
personne, mais il ne peut regretter d'avoir appuyé sur son importance. Il est heu-
reux qu'on soit à la veille d'établir un fonds de recherche en relation avec la Société
chimique de Londres, et fier qu'il soit associé à son nom; on ne pourra rien faire
de mieux pour sa mémoire.
Sir Henry Roscoe propose le toast aux visiteurs. Ils sont venus de loin et de
près, et les chimistes anglais remercient chaleureusement lewrs collègues étrangers
de s'être joints à eux pour cette commémoration. Il allie à son toast les noms
d'EMiL Fischer, de Berlin, d'ALBiN Haller, de Paris, et de Lord Alverstone.
M. Emil Fischer, parlant en allemand, exprime sa joie de se trouver en
pareille réunion. Tous sont unis par un sentiment de solidarité que les frontières
politiques ne peuvent affecter, car elles ne concernent que la domination de la
pensée de l'homme sur la matière. Aussi nous avons bien fait de nous ménager
l'occasion de nous rencontrer pour cet heureux événement. Les opérations de la
science ne tendent pas toujours à assurer l'unité, surtout lorsqu'elles ont pour
but la production des puissants explosifs, ou quand elles essaient de subdiviser
l'atome ou d'extraire des gaz de l'air. A ces recherches sont attachés les noms
de Sir W. RamsAy, Sir W. Crookes et Sir J. Dewar. Mais la science fait l'unité
quand elle conduit à des découvertes qui seront au service du monde tout entier,
et c'est à une découverte de ce genre qu'ont abouti les travaux de la famille
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JUBILÉ DE L'INDUSTRIE DES MATIERES COLORANTES 3i
Perkin. L'orateur espère que les sentiments d'amitié et d'harmonie engendrés
par ce jubilé dureront longtemps; il est heureux qu'une pareille opportunité se
soit présentée. Il remercie vivement, en son nom et au nom de ses collègues, pour
la cordiale hospitalité que l'Angleterre leur a offerte.
M. A. Haller, parlant en français, dit que les assistants ont été invités, sans
tenir compte des nationalités, à exprimer leur vénération pour le savant qui a
fondé une branche de recherche et de travail pratique si fructueuse et à le féliciter
de sa carrière si pleine de succès. Il rappelle les Français et Allemands illustres
qui ont secondé le développement de cette industrie sur le continent ; Sir W. H.
Perkin est leur doyen et ils ne peuvent l'honorer trop d'avoir augmenté le bien-
être de l'humanité. Il a été fidèle au travail de recherche et sa découverte du mauve
n'a pas été seulement la mise au jour d'une nouvelle matière colorante, mais le
fondement des grandes industries synthétiques. Il espère que Sir W. H. Perkin
vivra longtemps encore pour illuminer par son exemple et ses travaux les voies
de la science et de l'industrie.
Lord Alverstone parle des rapports de son père avec les commencements de
l'industrie des colorants du goudron de houille. Les honneurs sont venus tardi-
vement à Sir W. H. Perkin, mais non trop tard. En ce qui concerne l'état de la
science en Grande-Bretagne, les méthodes sont peut-être plus appropriées au carac-
tère national. Dans un sens, l'Etat aide les inventeurs, et cela au moyen de la
loi sur les brevets. Nous reconnaissons la propriété d'un inventeur sur son inven-
tion et nous n'avons pas de jalousie scientifique. Nous sommes heureux d'attribuer
aux étrangers le crédit de l'œuvre magnifique qu'ils ont accomplie. L'orateur ter-
mine en appréciant la faveur qui lui a été accordée d'être invité à ce jubilé.
Le prof. Meldola, en proposant un toast à l'industrie du goudron de houille,
dit qu'il n'a pas le temps de rendre pleine justice à l'importance du sujet. En
réalité, il n'est guère nécessaire de boire à la santé de l'industrie, car elle apparaît
comme extrêmement bien portante dans toutes ses branches. Il' y a cependant
quelques pointç que l'orateur doit considérer, car il existe à leur sujet certains
malentendus qu'il espère faire disparaître. L'un d'eux, qui s'est produit à l'origine
de l'industrie, est la prévention contre les couleurs d'aniline. Elles ont été regar-
dées comme trop voyantes, impropres et fugitives, et le mot d' « aniline » était
employé comme terme de reproche. On en est bien revenu depuis lors, et aujourd'hui
presque tous nos vêtements doivent leurs couleurs à l'aniline autrefois dédaignée.
Sans elle, nous n'aurions qu'un monde misérablement incolore. L'importance
pour la Chimie de la découverte de l'aniline ne peut pas être surestimée, car elle
a mis à la disposition des chimistes des quantités considérables de matières qui
étaient autrefois rares ou impossibles à obtenir. Une autre remarque, c'est que,
sans entrer dans la question controversée des causes, le centre de l'industrie s'est
déplacé pour se transporter en Allemagne. Quels que soient les regrets que les
Anglais puissent en éprouver, ils doivent reconnaître que l'industrie allemande
commande l'admiration du monde civilisé tout entier, et ils doivent féliciter de
leurs succès ceux qui furent les grands inspirateurs des chimistes industriels alle-
mands. Nous ne pouvons dire que nous avons été dépouillés de notre industrie,
car il n'y a pas de larcin dans une concurrence franche. D'ailleurs, l'industrie
n'a pas rétrogradé en Grande-Bretagne. On travaille dans les îles plus de gou-
dron de houille qu'on ne l'a jamais fait auparavant. Mais, tandis que nous avons
progressé lentement, les Allemands ont avancé par sauts et par bonds, de sorte que
leur production a dépassé la nôtre. La France, également, a été distancée d'une
façon analogue. L'orateur divise son toast en trois sections. D'abord, l'industrie
du goudron de houille comme source de produits chimiques ; il y rattache le nom
du D' C. DuiSBERG. Ensuite, l'application des matières colorantes, qui dépend dans
une grande mesure de l'habileté chimique; Sir Robert Pullar, qui fut le pre-
mier à essayer les couleurs de Sir W. Perkin, et à l'encourager à continuer dans
cette voie, est le représentant de cette grande branche tinctoriale. Enfin, il y a
l'emploi biologique des produits du goudron de houille, et il demande à
Sir W. Broadbent de traiter ce sujet. Comme conclusion, le prof. Meldola fait
remarquer à son auditoire que l'industrie tinctoriale doit beaucoup aux découvertes
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32 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
allemandes et que plusieurs brevets allemands caducs sont, aujourd'hui employés
avec profit en Angleterre. Les progrès de l'Allemagne n'ont pas été funestes aux
industries anglaises, mais les ont, au contraire, développées.
M. C. DuïSBERG, parlant en allemand, dit qu'en voyant ce matin, à l'Ins-
titution Royale, un flacon renfermant une portion du premier échantillon de
benzène qui ait été préparé, il le regarda avec des sentiments de vénération. Car,
de ce petit commencement est sorti l'ensemble de la grande industrie du goudron
de houille dans ses diverses branches : matières colorantes, médicinales, photo-
graphiques et autres. Cette industrie est née en Angleterre et a émigré en Alle^
magne. Si nous en demandons la raison* on nous répondra que c'est un mystère.
Mais une plante croît suivant la nature favorable du sol où on la dépose, et une
grairie du petit arbre planté et maintenant florissant en Angleterre a pris racine
en Allemagne. Quelles sont ces conditions plus favorables ? L'orateur considère
que la principale cause de ce succès réside dans le caractère du peuple allemand,
dans ses dispositions pour les recherches scientifiques et dans sa grande i>ersévé-
rance à poursuivre une recherche pendant plusieurs années, même sans résultats
pratiques. Il existe actuellement en Angleterre tant de grandes industries, textiles,
métallurgiques, etc., et le pays tient une place si élevée dans les affaires du monde,
qu'elle ne doit pas envier aux Allemands leurs succès dans cette branche spéciale,
étant donné les avantages qu'elle en retire. Tous ces avantages n'auraient d'ail-
leurs jamais été connus sans la découverte du mauve, aussi ils honorent son inven-
teur. L'orateur et tous les Allemands présents s'unissent pour offrir un gage de
paix et d'amitié aux members de l'industrie chimique anglaise, auxquels ils
souhaitent succès et prospérité.
Sir Robert Pullar, comme teinturier pratique, ayant 60 ans d'expérience,
rend témoignage à la merveilleuse différence qui existe entre les anciennes
méthodes de teinture et les nouvelles. Il donne quelques réminiscences intéres-
santes des premiers jours de l'application des couleurs du goudron de houille.
Les résultats en ce qui concerne l'industrie tinctoriale sont surprenants, mais
dans d'autres voies ils ne le sont pas moins. Toute la question des sous-produits
s'est élevée, et actuellement chaque fabricant essaie de tirer profit de ses déchets
au lieu de les jeter. Les progrès énormes qui ont été accomplis confirment la
parole de Faraday : « Sans l'expérience, je ne suis rien. Cherchez toujours, car qui
sait ce qui est possible ? » Presque tous sont redevables à l'Allemagne, et il
semble que pour les colorants on doive attendre beaucoup de cette nation, pen-
dant longtemps encore.
Sir W. Broadbent parle des médicaments importants actuellement dérivés du
goudron de houille et de la valeur de l'étude chimique en rapport avec l'action
physiologique et les opérations vitales, qui sont toutes, en dernier ressort, des
opérations chimiques.
Le 27 juillet, une garden-party, sur l'invitation de Sir William et de
Mme Perkin, se tenait dans leur propriété, « The Chestnuts », à Sudbury. Un
grand nombre d'invités visitèrent, au commencement de l'après-midi, les Usines de
couleurs d'aniline de Greenford Green, où la mauvéïne fut fabriquée pour la pre-
mière fois en 1857. Le Jubilé se termina le vendredi soir par une soirée à la Halle
aux Cuirs.
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REVUE ANNUELLE DE PHARMACIE
Par le D' Ad. GILLOT
Licencié es sciences.
I^ MÉDICAMENTS INORGANIQUES.
L'étude des corps radioactifs continue à préoccuper les savants qui se sont
spécialisés dans ces recherches, tant au point de vue chimique qu'au point de vue
thérapeutique.
Néanmoins il subsiste encore bien des points douteux et obscurs, aussi bien
au sujet de l'identité et de rindividualiîé de ces corps qu'au sujet de leurs pro-
priétés radioactives et médicales et de leurs produits de décomposition.
Ainsi, M. Hahn avait isolé dans la thorianite de petites quantités d'une subs-
tance radioactive qu'il avait appelée radiothorium et qu'il avait supposée un pro-
duit de décomposition du thorium. Pour éclaircir cette question, MM« Dadourian,
B. BoLTwooD, H. N. Me Coy et W. H. Ross {Am. /. of science, [4], 21, 427, 415
et 433) ont cherché les relations existant entre l'activité des minéraux et des com-
posés de Thorium et leur teneur en Thorium. De l'étude de la thorianite, de la
thorite, de la monazite et de différentes combinaisons de Thorium, il résulte que
l'activité est la même pour les minéraux et inférieure de moitié pour les composés
obtenus par traitement spécial de ces minéraux, ce qui s'explique facilement si on
suppose que dans les minérau'x le Thorium se trouve en équilibre radioactif avec
le Radiothorium et que, dans la préparation des sels de Thorium, une partie du
Radiothorium a été éliminée. De son côté, Mme Curie (C. r., I/1.2, 273) a trouvé
que la diminution de l'activité du Polonium est de moitié après 140 j. et répond à
la formule I = loe-»^ dont elle a déterminé la constante a = 0,00495, qui est
caractéristique du Polonium. La valeur de cette constante serait une preuve cer-
taine que le corps étudié par M. Marckwald, sous le nom de Radiotellure, est iden-
tique au Polonium, dont la dénomination doit être maintenue en raison de son
antériorité sur le Radiotellure.
En collaboration avec M. A. Laborde, Mme Curie (C. r., 142, 1462) a étudié
la radioactivité des eaux de nombreuses sources minérales françaises et étrangères.
Dans le même ordre de recherches, M. F. Dienert (C. r., 142^ 883) a mesuré
la radioactivité des sources qui alimentent Paris en eau potable et il a trouvé que
ces sources sont plus ou moins actives et que la Dhuis est la plus radioactive.
Un autre moyen de mesurer cette radioactivité des sources minérales, est le
procédé indirect par lequel on évalue la quantité de gaz rares renfermée dans
l'atmosphère de ces sources et dans l'eau des sources elles-mêmes.
C'est ainsi que M. Ch. Moureu (/. Pharm. Chim., [6], 24, 337) recherche les
gaz rares dans l'eau des sources thermales et en obtient la détermination globale
au moyen d'un appareil spécial. Il conclut à la présence de l'argon et de l'hélium
dans un grand nombre de sources françaises et étrangères (C. r., 142, 1155). En
collaboration avec M. Biquard (C r., r^j, 180), il a pu mettre en évidence le néon
dans quelques-unes de ces sources. De même aussi M, P. Ewers {Phys. Z., 7,
224) a rencontré l'argon et l'hélium dans les gaz des sources chaudes de Gastein.
Ces constatations sont importantes, parce qu'elles sont en relation étroite avec la
radioactivité de ces eaux.
Dans le même ordre d'idées, nous signalerons les travaux de M. A. Gautier
(C. r., 1/1.2, 1465 et 143, 7) relatifs à la genèse des eaux thermales sulfureuses. Par
l'action de la vapeur d'eau sur les sulfures au rouge et l'action de l'hydrogène
sulfuré sur les oxydes, il explique la production des métaux à l'état natif et des
eaux sulfureuses, et par le dégagement de vapeur des roches granitiques à haute
température, il rend compte de la plupart des phénomènes volcaniques.
MM, GuNTZ et H. Basset jun., (B/., jj, 404) ont pu préparer facilement
l'argon en traitant l'azote retiré de Taîr atmosphérique et desséché complètement
Rev. géo. Ch , 1907. a.
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34 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
par -le calcium, à la température de i.ooo**, dans un tube de fer. L'azote est absorbé
en totalité au bout de 2-3 h. et il reste de Targon pur que Ton recueille.
M. P. Lebeau (C. t., /905, /-//, 1018) a préparé au moyen d'un dispositif spé-
cial du fluorure de brome (BrF^), par combinaison directe des deux éléments vers o*
et en a étudié les propriétés; il a, en outre, montré qu'en présence de l'eau le
fluor oxyde le chlore et le transforme en acide hypochloreux (C. r., 14J, 425).
M. P. Grelot (/. Pharm. Chim.^ [6J, 24, 154) a trouvé qu'en présence de
solutions de saccharose, de glucose, de lactose et de gomme arabique, Viode au
bout d'un certain temps est passé à l'état dissimulé, c.-à-d. n'est plus décelable par
son réactif ordinaire, l'empois d'amidon ; il se serait formé une combinaison peu
stable où l'iode est facilement déplacé par CO^.
Pour préparer rapidement des solutions d'acide iodhydrique, M. F. BoDRorx
(C. r., 142, 279) opère de la façon suivante. On prend un certain poids d'iode que
l'on divise en deux parties égales. La !'• partie, traitée en présence de l'eau par le
bioxyde de Ba, est transformée en BaP. La 2** partie d'I ayant été dissoute dans le
liquide obtenu, on fait passer dans celui-ci un courant de SO^ jusqu'à décolora-
tion. Il se forme de l'acide iodhydrique et du sulfate de Ba facile à éliminer.
Pour préparer l'iodure de phosphore (PI^) M. H. W. Doughtv (Am. Soc,
içoj, 2'^, 1444) chauffe à feu nu, dans un flacon, un mélange de 50 gr. d'I et 4 gr.
de P rouge, jusqu'à ce que le tout soit complètement fondu et, après avoir laissé
refroidir à 60** environ, il ajoute par petits fragments 2 gr. 50 de P jaune, et la
masse se solidifie à la fin de la réaction.
M. Ed. Deschiens {Th. Pharm. (Paris), 1906) a étudié les produits d'oxyda-
tion lente du Phosphore à l'air humide, dont le principal est l'acide hypophospho-
rique, et un certain nombre d'hypophosphates nouveaux.
MM. A. Stock et W. Siekert (B., iço^, j8, 3837) ont montré qu'il existe
trois sortes d^ Antimoine, l'antimoine noir, l'antimoine jaune et l'antimoine gris. Le
I*' s'obtient soit par refroidissement rapide des vapeurs de Sb ordinaire, au moyen
d'un appareil spécial, soit par oxydation de l'hydrogène antimonié avec l'Oxygène
à — 40**, ou enfin en chauffant le Sb jaune au-dessus de — 90* ; la variété jaune
se prépare en petite quantité, en faisant passer un courant d'Oxygène faiblement
ozonisé sur SbFP liquide à — 90** : c'est la forme la plus instable. L'antimoine
explosif de Cohen est identique avec l'antimoine* noir des auteurs.
M, A. Atterberg (Z. anorg. Ch., 367) a préparé les mono di- et pentaborates
alcalins.
M. OuvRARD (C. T., iço^, 141, I022) a obtenu le bromoborate de calcium en fon-
dant, à l'abri de l'air et de la vapeur d'eau, un mélange d'anhydride borique et de
bromure de Ca desséché et en reprenant par l'eau froide on obtient le sel cristallisé;
il a obtenu (C. r., 142, 281) d'une manière analogue les chloroborates de baryum
et de strontium.
Nous n'oublierons pas de mentionner les nombreuses applications médicales
du perborate de sodium, qui, comme succédané de l'eau oxygénée, de l'acide bori-
que et du borax, doit être mis en bonne place dans l'arsenal thérapeutique en
raison des nombreux services qu'il peut rendre en chirurgie générale, en médecine et
dans la chirurgie dentaire, la dermatologie et l'hygiène domestique. Nous cite-
rons à ce sujet la thèse de médecine de Ch. G. Rénon (Paris, 1906) et l'observa-
tion du ET GiLLOT (jR. G. C, 9, 341) relative au traitement du Pityriasis versi-
color. par le perborate.
M. G. F. Jaubert (C. r., 142, 788) a réalisé la fabrication industrielle de
l'hydrure de calcium en deux phases: i** fabrication du Ca métallique par Télec-
troiyse du CaCP fondu; 2** fabrication de l'hydrure en chauffant le Ca métallique
dans des cornues à haute température dans un courant de H gazeux. Ce composé
peut fournir 1.143 litres d'H par kg. et est destiné à rendre de grands services
en aéronautique.
Pour préparer le strontium, MM. Guntz et Rœderer (C. r., 142, 400) ont
recours à l'hydrure de Sr exempt de Hg, obtenu par l'action de l'hydrogène à
refus sur l'amalgame de Sr, Dans le vide à Hg vers i.ooo** ce composé se dis-
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D^ GILLOT.— REVUE ANNUELLE DE PHARMACIE 35
socie, et Ton peut condenser facilement dans un tube en acier refroidi, la vaF>eur
du Strontium.
M. V. KoMAR (Ch. Ztg., jo, 15) a remarqué qu'en faisant évaporer une
solution de sulfate ferrique, il s'est formé un ppté blanc de formule FeH(SO*)^,
4H2O, qui, à 90-100% se décompose en Fe203,H20 et H^SO*, propriété {Ibid.,
30, 31) qui a été utilisée pour séparer le fer du zinc dont le sulfate ne se décom-
pose que vers 700*.
M. G. SiBONi (Bol. Chim. Farm., 45, 5) a préparé par double décomposition
les phosphates mono-, bi- et triferrique et aussi les sels doubles solubles obtenus en
faisant agir le citrate de fer sur les phosphates alcalins.
D'après M. W. Duncan (Pharm. /., igo$ [4] . 2/, 861) l'incompatibilité du
perchlorure de jer avec les substances oxydables est supprimée par l'addition de
certains sels organiques alcalins, en particulier par le citrate de potassium. En
effet, en ajoutant à une solution de perchlorure de fer une solution de citrate de
K et de l'iodure de K, il en résulte un liquide jaune vert ne renfermant pas d'îode
libre et pouvant se conserver quelques mois. Ce liquide donne à peine la réaction
du fer avec le ferrocyanure de K, ce qui indique qu'il se serait formé un composé
complexe de fer et de KCl.
Pour obtenir les peroxydes de zinc et de magnésium (D. R. P., i'^i.j'^2), on
traite les oxydes de ces métaux par l'eau oxygénée et on laisse en contact 2 j. en
ayant soin de réfrigérer. MM. L. Vanino et F. Hartl (/. pr.. N. F. 74, 142) ont
indiqué une méthode générale de préparation des sels de bismuth consistant à trai-
ter des quantités équimoléculaires de nitrate de Bi en solution mannitique par la
solution du sel alcalin qu'on veut obtenir. C'est ainsi qu'ont été préparés le sali-
cylate, le camphorate, le citrate, le borate, etc. En outre (Arch. Pharm>., 24^, 216),
ils ont étudié quelques sels doubles nouveaux organiques obtenus avec le chlorure
de Bi et quelques bases organiques, telles que la méthylamine, la rhennatine, la
quinophénine, la pipérazine. D'autres sels doubles inorganiques ont été préparés
par MM. J. Alov et P. Frébault (B/., [3], jj, 396). Ce sont des combinaisons de
chlorure et de bromure de Bi avec les chlorures et les bromures alcalins, en fixant
directement par voie sèche, les vapeurs des halogénures de Bi sur les halogénures
alcalins et les composés complexes d'acide bismuthique.
D'une manière générale, pour obtenir les métaux à Vétat colloïdal, d'après
Stedberg (B., /905, jS, 3616) le métal est suspendu sous forme de feuille dans un
liquide avec Fe et Al comme électrodes et une différence de potentiel de 110 v. Le
métal est pulvérisé sous l'action des étincelles. C'est ainsi qu'on prépare l'étain,
l'or, l'argent et le plomb à l'état colloïdal.
De même que pour le mercure et l'argent, MM. C. Paal et W. Lenze (B., 59,
^545-1 550) obtiennent le cuivre en solution colloïdale par précipitation d'une solu-
tion d'un sel de Cu avec une solution de protalbînate ou de lysalbinate alcalin.
Le lysalbinate de Cu est soluble dans une lessive de KOH ou NaOH en un liquide
bleu violet colloïdal. En ajoutant à cette solution colloïdale des acides dilués, il
se précipite Toxyhydrosol de Cu, qui se redissout dans un excès d'alcali.
Depuis longtemps on a constaté l'incompatibilité du calomel et du chlorure
de sodium, mais sans parler toutefois de l'infkience des concentrations des solu-
tions du NaCl. C'est pourquoi MM. R. Vive et Th. Budde (Pharm. Ztg., iço^,
So, 432) voulant combler cette lacune, ont trouvé que des solutions de NaCl de 1/2 à
I gr. % n'ont aucune action sur le calomel, même en présence des matières organi-
ques, tandis que la décomposition, c.-à-d. la transformation en sublimé, croît
avec la température et la concentration des solutions.
M. A. DuBoiN (C. r. iço^, 141, 1015 et 7906, 142, 338, 395, 887) en opérant
à chaud une dissolution saturée d'iodure de mercure et d'iodure de lithium, a
obtenu par refroidissement des cristaux d'iodomercurate de Li. Par le même pro-
cédé, il a pu produire les composés analogues de Na, Ba, Ca, Mg et Mn.
D'après M. K. Holdermann (Arcn. Pharm., igo^, 24^^, 600), il n'existerait
qu'un oxvcyanure de Hg, dont la formule est : HgÔ.Hg(CAz)2. La meilleure
manière de le préparer consiste à chauffer au b.-m. un mélange intime de quantités
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36 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
calculées de cyanure (13,5) et d'oxyde jaune, fraîchement précipité (11,5) et à faire
bouillir ensuite le mélange avec de l'eau.
Pour obtenir le ferrocyanure double de Hg et de K, M. G. Fernekes {Am.
Soc, 28, 87), mélange des solutions de ferrocyanure de K et de bichlorure de Hg,
ce qui donne un précipité jaunâtre qui, à la longue, vire au bleu.
M. F. Weigand (Z. angew. Ch., ly, 139) en traitant par Tacide acétique bouil-
lant les composés complexes d'or et de bases alcali no-terreuses formés par précipi-
tation des solutions de chlorure d'or avec les oxydes de Ba, Sr, Ca et Mg, obtint
des acétates doubles d'or et de chacune de ces bases. Ces sels constituent des pro-
duits nouveaux et plus maniables que le chlorure et le bromure d'or et susceptibles
d'être employés en thérai>eutique.
2** Médicaments organiques.
MM. N. ScHOORL et L. M. Van den Berg (Phartn. WeekbU, 45, 2) ont étu-
dié l'action de l'air et de la lumière sur le bromoforme, le chloroforme et Viodo-
forme, La lumière seule n'agit pas sur le chloroforme, mais décompose les deux
autres.
M. A. Trillat (C r., 142, 454) signale dans les caramels la présence d^ aldé-
hyde formique à l'état gazeux et à l'état polymérisé. La quantité croît avec la tem-
pérature de caramélisation; elle atteint 2,2 % à 180-200**.
MM. Sevewetz et Bardin (B/., jçoj, [3], jj, 1312) en faisant agir sur de
Véthanol à g^ % une solution de sulfite de sodium à 15 %, avec réfrigération, ont
obtenu comme produit principal de la réaction, l'aldéhyde crotonique, avec un ren-
dement de 15 %.
M. E. Lavraud (BL, [3], jj, 223) a préparé un certain nombre de cétones valé-
rianiques en appliquant la réaction de Friedel-Crafts aux chlorures de n-valéryle
et à quelques carbures benzéniques; parmi ces cétones nous citerons les n-valé-
rylanisol et n-valérylphénétol.
Une méthode nouvelle de préparation des cétones, consistant à diriger des
vapeurs, d'un acide monocarbonique sur du carbure de calcium chauffé a été indi-
quée par M. H. Haehn {Arch. Pharm., 244, 234).
M. E. Jungfleisch et M. Godchot (C t., 142, 515 et 637) ont préparé
l'acide lactique -1, et le dilactide de cet acide et en ont étudié les propriétés.
Pour préparer des acides gras monoiodés, le procédé indiqué par le Br. j62.
j/Of consiste à traiter les acides gras supérieurs non saturés par une solution con-
centrée d'acide iodhydrique dans l'acide acétique glacial, en ayant soin d'agiter et
de chauffer à 50-70**. On traite ensuite l'acide iodé par la potasse à n/50 jusqu'à
dissqlution complète et on précipite par un chlorure alcali no-terreux pour avoir le
sel correspondant. C'est ainsi qu'a été préparée la saiodine ou monoiodobéhénate de
calcium qui renferme 26 % d'Iode.
M. J. BouGAULT (C. r., T42, 585) a préparé un tartrate d* antimoine pur de for-
mule C^H^SbO* différent de ceux connus jusqu'ici, en employant comme dissol-
vant l'acétone au lieu de l'alcool.
/Les composés organiques de Varsenic continuent à être l'objet de nombreuses
recherches. M. V. Auger (C r., 142, \i$\) indique des méthodes nouvelles de
pi*éparation de dérivés, tels que l'iodure, le chlorure et l'oxyde de méthylarsine en
partant de l'acide méthylarsinîque.
De son cbié, M. H. Hibbert (Z?.. jç, 160) prépare les arsînes et phosphines
trialkvlées en faisant réagir les trichlorures d'As et de P sur les composés aliftyl-
magnésiens en solution éthérée.
M. A. Annont (Bol. Chim. Farm., tç(\^, 485) obtient le cacodylate de Ba en
triturant parties égales d*hvdrate de Ba et d'acide cacodylique et en ajoutant de
l'eau de baryte jusqu'à faible alcalinité à la phénolphtaléïne, et en évaporant
dans le vide.
Une série d^éthers pyrophosphoriques ont été préparés par M. J. Cavalier
(C. r., 142, 885) en faisant agir le pyrophosphate tétraargentîque sur un iodure
alcoolique.
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D^ GILLOT.— REVUE ANNUELLE DE PHARMACIE 3;
M. A. RosENHEiM et W. VoGELSANG (Z. anoTg. Ch., 48, 205) obtinrent le
tartrate de Bismuth en traitant le nitrotartrate de Bi par une solution chaude
d'acide tartrique. Le tartrate double de K et de Bi a été obtenu en traitant le tar-
trate par 6 molécules de potasse.
LJne série de bensènesulfonates ont été préparés par M. A. Vial (BL, [3], 75,
159) soit par saturation de Tacide, soit par double décomposition du sel de Ba
avec le sulfate correspondant.
Nous n'oublierons pas de citer une étude très intéressante de MM. A. Han-
TZSCH et S. M. AuLD (B., jç, 1105) sur les anhydrides mercurinitrophénoliques
et en particulier de l'anhydride met'turipicrique. Ces composés se préparent
en chauffant les nitrophénols avec l'oxyde jaune de Hg ou avec l'acétate de Hg.
En faisant bouillir un mélange obtenu en ajoutant peu à peu à une solution
d'acide picrîque chauffée à 80**, de l'oxyde jaune de Hg récemment précipité, il
se forme d'abord du picrate mercurique qui se transforme en anhj^dride mercu-
rîpicrique. La transformation est quantitative au bout de quelques jours, mais il
est plus commode de ne faire bouillir que quelques h. et de séparer ensuite les deux
sels par refroidissement. L'anhydride moins soluble que le picrate mercurique cris-
tallise le premier. Le Hg, dans ce composé, y est dissimulé à ses réactifs ordi-
naires.
Pour obtenir du phénate d'aluminium, M. A. N. CooK (Am. Soc, 28, 608)
chauffe du phénol dans un appareil muni d'un réfrigérant à reflux et ajoute
graduellement de l'Ai en ruban.
MM. R. B. Earle et H. L. Jackson (Am, Soc, 28, 104) préparent l'anfe^dn^t^
salicylique en traitant par la pyridine à — lo"* le chlorure de salicyle, ou mieux
les chlorures des acides dichloro- ou dibromosalicvliques dissous dans le chloro-
forme ou l'acétone. La saponification avec KOH donne naissance à un produit
considéré comme l'heptasalicyde.
D'après . (D.R.P. 168.408) on obtient le disalicylate de Na, par double
décomposition d'un sel de Bi, du nitrate par exemple, avec le salicylate de Na.
Il se produit un mélange de disalicylate et d'acide salicylique qu'on élimine par
extraction à froid au moyen des dissolvants indifférents.
h^éther menthylsalicylique se forme (d'après Pharm. Ztg., 323) en chauffant
au b. d'huile à 140-220**, un mélange de menthol et d'acide salicylique et en fai-
sant passer un courant de gaz inerte (H ou CO^) pour entraîner l'eau quf se
forme, et on sépare ensuite par distillation fractionnée. M. Parrain (BL, [3], jj,
1098) a retiré des huiles lourdes de créosote de bois, un phénol nouveau, homo-
logue de l'éthvlgaïacol, le propylgaîacol i'3'4»
M. Oliviéro (J. Pharm. Chim-, (6]) montre que les enzymes sécrétés par le
Pénicillium glaucum et VAspergillus niger réduisent rapidement Vacide cinna-^
mique en cinnamènes. D'après M. H. S. Wellcome (Engl. Pat., iço6, 7121^) on
prépare Vacide cinnamylsalicylique en chauffant le chlorure de cînnamyle et l'acide
salicylique en quantités équimoléculaires à 100* pendant 3 h. Des éthers méthyl-,
éthyl- de cet acide se forment de la même manière.
Par condensation de l'aldéhyde cinnamîque avec le suceinate de Na en présence
de l'anhydride acétique, M. J. Bougault (C. t., 142, 1539) a obtenu Vacide cin-
naményH>araconique.
M. P. Echtermeyer (Arch. Pharm., 244, 37) étudie les sels et les différents
dérivés de Vacide quinique.
Dans le groupe de Vanthracène, nous signalerons les travaux de M. Godchot
(C. T., 141, 1028, T42, 1202) qui a préparé et étudié quelques dérivés de l'octohy-
drure d'anthracène, parmi lesquels l'hexahydroanthrone-oxime et Toctohydroan-
thramine. II a obtenu le perhvdrure de ce carbure par hydrogénation de l'octo-
hydrure, soit au moyen du phosphore et de l'acide îodhydrique, soit par la
rnéthode de Sabatier et Senderexs. T1 a préparé en outre le tétrahydrure d'anthra-
cène et l'octohvdroanthranol.
Les essences naturelles et synthétiques continuent à être l'objet de nombreuses
recherches, tant industrielles que médicales.
M. L. Brunel (C. r., /905, 141, 1245) a obtenu les carvacromenthol-a et p, en
hydrogénant le carvacrol vers 160** avec le nickel comme catalyte.
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38 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
MM. T. Baker et H. G. Smith {Pharm. /., 1905, [4], 21, 356) ont étudié la
richesse en produits essentiels, de quelques variétés d'Eucalyptus d'Australie.
M. H. Carette (/. Pharm. Chtm., [6], 24, 58) montre que Vessence de rue de
Ruta bracteosa diffère de celle des R. graveolens et R, montana^ en ce que la pre-
mière est composée en majeure partie par la méthylheptylcétone tandis que les
autres renferment 90 % de méthylnonylcétone et très peu de méthylheptylcétone.
M. J. C. Umney et C. T. Bennett' (Pfearm. /., 1905, [4], 21, 827) ont montré
qu'une huile de cade vendue dans le midi de la France comme l'huile de cade vraie,
n'était que de l'huile de Juniperus Phœnicœa. Cette falsification apparente pro-
venait de la confusion des feuilles de Juniperus oxycedrus avec celles du /. Phœ-
nicœa qui sont très semblables.
Sur la même question, nous signalerons les importantes recherches de
M. C. PÉPIN (/. Pharm. Chim., [6], 24, 49 et 248) qui a montré que toutes les
huiles de cade des droguistes sont dc-ri huiles falsifiées généralement avec des
goudrons de pins. Pour découvrir cette falsification, il traite l'extrait à l'éther
de pétrole par une solution d'acétate neutre de Cu à 5 %. Après agitation et
filtration, la couche éthérée additionnée d'éther ordinaire est vert intense quand
l'huile de cade a été falsifiée avec 10 % de goudron de pin, tandis qu'elle est légè-
rement brun-jaunâtre, si on a affaire à de l'huile de cade authentique. Il étudie en
outre les diverses propriétés et les réactions de l'huile de cade vraie qui renferme
normalement du furfurol, de la pyrocatéchine et doit donner la réaction caracté-
ristique avec l'acétate de cuivre.
En ce qui concerne les pUmtes médicinales, la recherche des principes actifs
a suscité de nombreux travaux. C'est ainsi qu'une série de communications ont
été publiées sur la présence de Vacide cyanhydrique à l'état de glucoside, la pha-
séolunatine, dans certaines variétés de haricots appartenant à l'espèce phaseolus
lunatus (haricots de Java, de Birmanie, de Madagascar) et employés à l'alimen-
tation du bétail, et même à falsifier les haricots destinés à l'homme. Une des
plus importantes publications est due à M. Guignard (BL Se. j^hamiacolo^.,
jj, 129, 193, 337, 401) où on trouvera une bibliographie complète de cette question
et les recherches personnelles de l'auteur. Les quantités d'acide cyanhydrique
trouvées dans les différents lots de haricots examinés varient de 0,10 ^ o gr. 004 %.
Un moyen pratique pour reconnaître le principe toxique consiste dans l'emploi
d'un papier réactif picrosodé (acide picrique et carbonate de Na) qui donne avec
CAzH une coloration rouge intense.
De son côté, M. Kohn-Abrest {C. r., 1^2, 586) signalait dans une autre Légu-
mineuse alimentaire, les pois de Java, la présence du glucoside cyanogénétique,
dans des proportions de 0,163 — 0,052 gr. %.
Un autre glucoside cyanhvdrique, la prulaurasine, a été découverte par
M. H. HÉRissEY (C. r. Soc. biolog., 61, 399) dans les rameaux et les feuilles du
Catoneaster microphylla.
Dans le même ordre de recherches, signalons l'important travail de
M. J. ViNTiLESCO (Thèse pharm. (Paris), 1906) sur les glucosides des lilas, des
troènes et des jasmins, dont il a pu isoler deux erlucosides nouveaux : la syrin-
gine et la jasmiflorine. Cependant auparavant, MM. Schlagdenhauffen et Reeb
(Union pharm., 49) avaient rencontré dans le Jasminum fruticans, un glucoside
nouveau qu'ils appelèrent Jasminine qui pourrait fort bien être un des glucosides
rencontrés dans cette plante par l'auteur précédent.
Citons encore les travaux intéressants de M. Em. Daujon (C. r. Soc. biolog.,
61, 405) qui a isolé du Viburnum Tinus un glucoside caractérisé par la présence
de l'acide valérianique dans ses produits de dédoublement, et ceux de M. O. Re-
meaud (C. r. Soc. biolog.), qui a recherché le saccharose et les glucosides dans
quelques plantes de la famille des Renonculacées.
M. Fandre (Thèse pharm. (Nancy), 1906) a analysé les différentes parties
du Lînaria vulgaris et y a rencontré des sucres déjà connus et a repris l'étude de
Tacide linarique qui, par oxvdation, donne un comoosé nouveau, la linorodine.
Pour terminer ce chapitre des glucosides, nous signalerons les travaux de
M. J. Brandl (Arch. exper, Patholog., 5^, 245) qui étudie l'extraction de la
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D^ GILLOT.— REVUE ANNUELLE DE PHARMACIE 3g
saj>otoxine des graines de VAgrostemjui Githago et ses propriétés pharmacodyna-
miques.
D'après M. H. Weiss {Arch. Pharm., 244, 221), Técorce et les graines de
VAegiceras majus renferment de la saponine, les racines en renferment de
0,94-1 %.
D'autre part M. G. Barger {Soc, 8ç, 12 10) a isolé de la saponaire officinale
un glucoside nouveau, la saponarine.
Dans la manne, M. G. Tanret {BL, jj, 816) a isolé un sucre, le mélézitose,
dédoublable en glucose et en turanose, sucre nouveau isomère du sucre de canne
et qui se dédouble en glucose et lévulose.
MM. E. VoNGERiCHTEN et Fr. Muller (B., jç, 235) ont retiré des feuilles et de
la tige de persil, outre Tapiine, glucoside de la graine, un autre glucoside qui est
réther méthylique de Voxyapiine, décomposable en apiose, qui par oxydation
donne l'acide oxyméthylvinique.
MM, Fr. Power et Fr. Tutin {Am. Soc, 1Ç05, 27, 1461) ont extrait de la
plante verte de VAethusa cynapium un carbure C^^H^^^ le pentatriacontane, un
alcool isomère de la phytostérine, de la mannite, et un alcaloïde qui est vraisem-
blablement de la coniine.
D'après M. G. Buhrer {Schweis. Wochenschrifi, 44, 343) on stérilise facile-
ment la gomme arabique en la chauffanti/2 h. à 100**. On peut la stériliser
aussi à l'état de mucilage, mais alors elle devient opalescente et moins vis-
queuse et a l'avantage de se laisser filtrer.
Parmi les alcaloïdes nouveaux et intéressants, nous avons le plaisir de citer
Vhordénine, extraite par M. Léger (C. r., 142, 108) des germes de Torge, dits
touraillons. Sa formule est C^^Hi^AzO et fond à 117°, 8 (corr.). D'après M. Camus
(C. T., 142, iio) le sulfate de cette base est peu toxique. Cet auteur a étudié tout
au long les propriétés pharmacodynauiiques de cet alcaloïde dans les Arch.
intern. de Pharmacodynamie {16, 43).
MM. B. F. Howard et F. Perry (/. Soc Chem. Ind., iço^, 24, 1281) ont
préparé au moyen du nitrate de la cinchonamine extraite du Remijia Pardeiana,
le sels halogènes, les sulfates et les salicylates de cette base.
MM. W. R. DuNSTAN et A. E. Andrews (Proc 1905, 21, 233) ont isolé de
i'Aconitrum chasmantum, un alcalide nouveau, Vindaconiiine et de VA spicv^
tum, la hikhaconitine» Une longue étude sur Vaconitine et ses dérivés a été publiée
par M. H. Schulze (Arch. Pharm., 244, 136, 165). Des produits de décomposi-
tion de l'aconitine par la chaleur à 160-170** en tube scellé, il a pu isoler une base
nouvelle, Vaconiine.
M. L. Santi (Bol. chim. farm., 45, 557) obtient un nouveau sel de quinine
en mélangeant des solutions éthérées des poids moléculaires de quinine et d'aspi-
rine.
Un corps nouveau cristallisé, la clavine, a été trouvé par M. C. Wahlen {Arch.
exper. Patholog., ^^^ ^30 dans l'ergot de seigle.
M. C. Tanret (y. Pharm. Chim., [6], 24, 397) a modifié la formule qu'il avait
attribuée à Vergotinine : C^sH^^Az^O^.
Un composé analogue à l'ergotinine, la tuberculinine, a été extrait par
M. G. Baudran (C. r., IJ4, 305) des bacilles tuberculeux et est destiné à pouer
un certain rôle dans le traitement de la tuberculose.
M. A. AsTRi^c {BL, J5, i6g) a préparé le benzoate et le salicylate de pipérasine,
par union directe de cette base avec les acides correspondants en solution alcooli-
que.
Pour transformer Véphédrinc en pseudo-éphédrine, M. E. Schmidt {Arch.
Pharm., 244, 239) chauffe au b.-m. pendant 12 h. le chlorhydrate de cet alca-
loïde avec 10 fois son poids de HCl à 25 %. Cette pseudo-base serait identique
avec la base naturelle.
M. P. Lemaire {Rép. de Pharm., [3], /S, 385, 433) étudie les propriétés phy-
sico-chimiques de Valypine et de la noiucaïne.
D'après D. R. P. 1*^1. 1*^4, l'acide guanyldiéthylbarbiturique s'obtient en
traitant les éthers diéthylmaloniques et la guanylurée par les alcoolates alcalins.
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40 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIErpURE ET APPLIQUÉE
On obtient également (Br., J60.864) la dialkylmalonylphénétidine en faisant
agir le chlorure de l'acide dialkylmalonique sur la phénétidine en solution benzt>
nique.
Deux nouvelles méthodes de synthèses des pyrazolones ont été trouvées par
MM. MouREU et J. Lazennec (C. t., 142, 1534) soit en faisant réagir l'H sur les
amides acétyléniques, soit en faisant agir les hydrazines sur les éthers acryliques-^-
oxyalcoylés.
M. SoLLE {Union pharm., 4) a obtenu plusieurs produits d'addition iodés de
pyramidon en faisant agir sur une solution alcoolique bouillante de pyramidon, une
solution alcoolique d'iode, ou d'iode et d'acide iodhydrique.
MM. Vaudin, Donard et H. Labbé(B/. gén. therapeut., i^i, 22) obtiennent un
dérivé iodé de la maîsine, albuminoïde de la farine de maïs, en chauffant à l'éb.
une solution de maîsine dans l'alcool amylique avec une dissolution d'iode ajoutée
par petites portions. Ce composé désigné sous le nom d'iodo-maïsine, renferme
44 % d'iode et est un heureux succédané des iodures alcalins.
D'après M. H. Serger (Pharm. Z., 5/, 372), la teneur en fer des 'épinards
varie suivant les saisons et avec les terrains de culture. La teneur moyenne de la
plante verte est de 0,02 gr. % et de 0,24 % de la plante sèche.
M. Brissemoret {BL, J5, 316) a préparé la salicylcaféine en refroidissant
brusquement une dissolution dans l'eau bouillante 10 gr. 50 de caféine et 7 gr.
d'acide salicylique. Le sel en dissolution additionné de la quantité théorique
d'alcali, donne un salicylate double soluble, non décomposable par l'eau. Il a pré-
paré aussi les combinaisons analogues des acides gallique et protocatéchique.
D'après M. P. Waentig {Apoth. Z., 368) une tasse de café provenant de l'infu-
sion de 15 gr. de café brûlé dans 300 gr. d'eau bouillante, renfermerait de 0,06-
0,10 gr. de caféine, suivant le mode de préparation.
M. E. ScHMiDT (Apoth. Z., 213) a préparé un certain nombre de dérivés de
la théophylline en faisant agir l'iodure alcoolique sur la théophylline argentique.
Ces composés jouissent de propriétés diurétiques.
Pour obtenir le formiate double de théobromine et de sodium, on dissout
(D. R. P., i'/2.çj2) la théobromine dans la soude, et on précipite par l'alcool la
théobromine sodée; celle-ci dissoute dans l'eau est additionnée d'une solution con-
centrée de formiate de sodium et on évapore le mélange à siccité.
M. E. DuMESNiL (/. Pharm. Ckim., [6], 2j, 326) prépare la théobromine lithique
(théobromose) en ajoutant un excès de théobromine pure à une solution de lithine
caustique, et en filtrant et en évaporant d'abord sur l'acide sulfurique et ensuite
dans le vide à iio**. C'est un produit de substitution d'un atome de Li à un H
de la base : C^H^O^Li; il est cristallise et soluble dans la moitié de son poids
d'eau.
Le procédé de préparation d'un salicylate double de théobromine et de baryum
consiste à dissoudre 9 parties de théobromine dans 25 parties d'eau additionnées de
2 parties de NaOH ; on y ajoute une solution de 8 parties de salicylate de Na et
enfin une solution de 10,7 parties de salicylate de Ba cristallisé, on filtre et on
évapore dans le vide (Br. jôo.ço/f).
M. W. F. Boos (Arcît. exper. Patholog., ^^, 16) prépare Vacide myconucléini-
que, en chauffant la levure triturée avec du chlorure de Cu, au b.-m., 2 à 3 h.
après addition de beaucoup d'eau chaude, on filtre à chaud et on lave avec de l'eau
chaude renfermant du chlorure de Cu. Le résidu est traité par l'acétate de K pour
dissoudre l'acide nucléinique. Cette solution faiblement acidulée avec l'acide acétique
est traitée par la solution cuivrîque jusqu'à trouble persistant et on filtre. Le fil-
trat est précipité complètement avec un peu de la solution de chlorure de Cu. Le
précipité lavé est ensuite séché dans le vide et peut être considéré comme du
nucléinate de Cu exempt de Cl.
MM. BiONDi et E. Muller (Physiolog. Ch., 47, 499) préparent par synthèse les
glycocholates et les taurocholates en traitant l'acide cholalique par l'hydrate d'hy-
drazine et ensuite en transformant l'hydrazide ainsi obtenu en cholalazide par l'action
de l'acide nitreux. Cet acide en solution alcaline avec le glycocolle ou la taurine
donne respectivement un glycocholate ou un taurocholate alcalin.
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D^ GILLOT.— REVUE ANNUELLE DE PHARMACIE 41
On prépare (D. R. P., l'^i.^S^) des cholates mercureux ou mercuriques par
double décomposition des cholates alcalins avec les acétates mercureux ou mer-
curiques. Le cholate mercureux est insoluble dans Teau tandis que le cholate mer-
curique s'y dissout facilement à la faveur des chlorures de K ou de Na, et peut
servir aux injections hypodermiques.
Un procédé pour préparer (Br., 364^896) un produit lécithiné ou de la lécù
thine libre, consiste à traiter les embryons de blé débarrassés de l'humidité et de
leur huile, par l'alcool éthylique ou méthylique. On chasse ensuite l'alcool de
l'extrait par évaporation dans le vide, et on traite de nouveau par l'alcool éthylique
à 60-80"* et on précipite la lécithiné par les moyens ordinaires.
MM. WiNTERSTEiN et HiESTAND (Physiolog. Ch.y 47, 407) montrent que les soi-
disant lécithines extraites des céréales, ne sont pas des lécithines vraies, mais
bien des composés complexes de lécithines et d'hydrates de carbone qu'il vaudrait
mieux appeler phosphatides. A mesure qu'on approfondit l'étude des lécithines du
règne animal, on s'aperçoit que ces composés n'ont pas la même individualité chi-
mique. C'est ainsi que M. W. Koch (Physiolog. Ch., 47, 327) a trouvé que la
lécithiné du lait est un mélange de lécithiné vraie et de céphalinCy dont la teneur
varie de 0,045 à 0,081 %.
D'après M. Cousin (/. Pharm. Chim,, [6], 24, loi) i kg. de cervelle de
bœuf renferme 50 gr. ou 5 % de céphaline et les acides gras qui entrent dans
sa composition appartiennent à la série linoléïque et à la série stéarique.
3** MÉDICAMENTS NOUVEAUX
Parmi les médicaments nouveaux appartenant à la classe des antiseptiques,
nous citerons : le phényforme, produit de condensation du phénol et du formaldé-
hyde; V orthosuif aminebenzoate de sodium, C®H*.(C0).S02.Az.Na + H^O ;
Valmotéine, CH^O^ : {C^m^^O^^ : CH2, produit de condensation du formaldé-
hyde, employé comme antiseptique intestinal; Vestoral ou éther borique du men-
thol ; le sophol ou formonucléinate d'argent ; la lysargine ou argent colloïdal ;
Vomorol, combinaison d'argent et d'albumine où l'argent est à l'état dissimulé.
En dermatologie, nous signalerons : le pittylène, produit de condensation de
l'aldéhyde formique et du goudron de bois, en présence de HCl comme condensa-
teur; le mergal ou cholate de mercure (C2*H390^)2Hg, insoluble dans l'eau; le
blénalf éther carbonique de santatol (C^^H^^OyCO. Comme succédanés des îodures
nous mentionnerons le néosiode ou iodocatéchine, (C^^Hi*0®.3H20)^I ; la saïodine
ou monoiodobéhénate de calcium; Viodofan, produit de condensation de la résor-
cine, du formaldéhyde et de l'iode C«H3L(OH)2.HCOH + H^O.
Comme diurétiques nouveaux nous citerons : la borovertine ou triborate
d'hexaméthylènetétramine ; le formurol ou citrate double de sodium et d'hexamé-
thylènetétramine, C®H^O^Na.(CH2)®Az*, composés qui agissent également comme
antiseptiques des voies urinaires.
Nombreux sont les succédanés du salicvlate de soude, et les spécifiques antîné-
vralgiques. Ce sont : Vaspirophène, combinaison de l'aspirine avec l'amînoacéto-
paraphénétidine ; le citrocolle, citrate neutre d'aminophénacétine (C^H^.OC^H^.
AzU.CO.CU^AzU^y.C^H^O'; la vésipyrine ou acétvlsalol CH3CO.OC«H*.CO
OC^H^ ; le protosal, produit de condensation de l'acide glycérosalicylique et du
formaldéhvde ; la benzosaline, ou éther méthylique de l'acide benzoylsalîcylîque,
OCH3.CO.C«H^O.COC«H5.
L'flctdol ou chlorhydrate de bétaïne est employé comme succédané de l'acide
chlorhydrique dans les gastropathies hypoacides.
Comme reconstituants, nous mentionnerons la quininephytine, ou anhvdrooxy-
méthylènediphosphate de quinine; la neurémine, combinaison de lécithiné et
d'hématine, obtenue en mélangeant une solution éthérée de lécithiné avec une solu-
tion alcoolique de smilacine et d'hématine ; la théphorine ou formiate double de
théobromîne et de sodium.
Comme hypnotiques ont été signalés: la broméïne ou bromhvdrate de cadéine;
la dipropylacéto-p'phénétidine (C3H7)2CHCO.AzH^C6H*.OC2H«, et le proponol,
(C3H7)2 : C : (COAzH)2 : CO, ou acide dipropylbarbiturîque.
(A suivre.)
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NOUVELLES RECHERCHES PHOTOGRAPHIQUES
Par mm. Auguste et Louis LUMIÈRE
Fabricants de plaques et papiers photographiques
ET A. SEYEWETZ "
Sous-directeur de l'Ecole de chimie industrielle de Lyon.
I* SUR l'emploi comme révélateurs des combinaisons des bases DÉVELOPPATRICES
AVEC l'acide sulfureux.
Les révélateurs basiques employés jusqu'ici en photographie sont utilisés le plus
souvent à l'état de sels (chlorhydrate ou sulfate) et plus rarement à l'état de base
comme le paramidophénol.
L'emploi des bases présente pourtant sur celui des sels l'avantage d'éviter la for-
mation des chlorures ou sulfates alcalins lors de l'addition d'un alcali pour constituer
le bain révélateur. Les chlorures ou sulfates qui se trouvent ainsi dans la solution
en notable quantité, diminuent beaucoup l'énergie révélatrice.
Si les substances révélatrices sont employées si rarement à l'état de bases, c'est
par suite de leur trop facile altérabilité à l'air.
Nous avons cherché à éviter cet inconvénient en essayant de former des combi-
naisons stables de ces bases avec l'acide sulfureux.
Cet acide se combine à l'alcali contenu dans le bain révélateur pour former du
sulfite de soude qui entre, comme on le sait, dans la préparation de tout développateur.
Nous avons pu obtenir des combinaisons avec l'acide sulfureux et les bases
révélatrices suivantes : paramidophénol, paraphénylènediamine, méthylparamidophénol.
Nous avons pu préparer ces composés soit par l'action de l'acide sulfureux
gazeux sur les bases libres en suspension dans l'eau chaude (80®), soit en faisant cris-
talliser par refroidissement les solutions chaudes de ces bases dans le bisulfite de
soude liquide commercial à 40 %.
Dans certains cas, pour le méthylparamidophénol, par exemple, on peut préparer
la combinaison en chauffant vers 80® un sel de méthylparamidophénol (sulfate) avec
une solution de sulfite de soude anhydre additionnée d'environ 1/4 de son volume de
bisulfite de soude.
Les principales propriétés de ces combinaisons sont les suivantes :
COMBINAISON D'ACIDE SULFUREUX ET DE PARAMIDOPHENOL. —Cristaux
blancs ayant une faible odeur d'acide sulfureux ne brunissant pas à l'air à la longue
comme le paramidophénol. Très peu solubles dans l'eau froide (solubilité 0,5 % à
15®), plus solubles à chaud. Ces cristaux se dissolvent facilement dans une solution
chaude d'acide sulfureux et se déposent par refroidissement de la solution en petites
paillettes blanches fondant à 184*» (point de fusion du paramidophénol) avec abondant
dégagement d'acide sulfureux.
Le dosage de l'acide sulfureux (à l'état d'acide sulfurique) dans cette substance
(après oxydation par l'eau de brome), nous a donné les résultats suivants :
yOH )«
SO*H' % Trouvé =. 8 Calculé pour C«H*< SO'H' = 24
\NH' )
Il ne s'agit donc pas d'un sulfite de paramidophénol, mais sans doute d'un com-
posé d'addition qui correspond sensiblement à la formule :
/OH )
io(C«H*< H-SO'H«
\nH' )
COMBINAISON DE METHYLPARAMIDOPHENOL ET D'ACIDE SULFUREUX. —
Le méthylparamidophénol (dont le sulfate est connu sous le nom de métol) fixe plus
facilement l'acide sulfureux que le paramidophénol.
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A. ET L. LUMIERE. ^ RECHERCHES PHOTOGRAPHIQUES 43
Le composé obtenu est stable et ne présente pas l'odeur d'acide suif ureux comme
celui que Ton prépare avec le paramidophénol- De plus il est assez soluble dans l'eau
froide (3-5 % à i5«) ce qui permet de l'utiliser directement comme révélateur en pré-
sence de sulfite de soude sans être obligé de le dissoudre dans un alcali.
Il se présente sous forme de petits cristaux blancs inaltérables à l'air, fondant à
la même température que le méthylparamidophénolsoità87"en donnant un abondant
dégagement d'acide sulfureux.
On peut le recristalliser facilement dans une solution saturée d'acide sulfureux
additionnée du 1/3 environ de son volume d'une solution saturée de sulfite de soude.
Le dosage de l'acide sulfureux à l'état d'acide sulfurique nous a donné les résul-
tats suivants :
/OH )«
SO*H« % Trouvé = 12,98 Calculé pour SO»H« (C-H*< ^ 29,87
\nH (CH' i
On n'a donc pas affaire à un sulfite, mais sans doute comme avec le paramido-
phénol, à un produit d'addition qui correspondrait approximativement à la formule :
OH
6 (C«H*<^ } + SO»H«
\nH(CH»)1
Pour étudier la stabilité à l'air de ce corps nous y avons dosé l'acide sulfureux à
divers intervalles de temps en le conservant dans un flacon à moitié plein et bouché
sommairement.
Voici le résultat de ces dosages :
SO*H*% Teneur initiale 12,98
Après 2 jours 12,6
Après- 5' jÔtir^ ' 12,5
Après 1 mois J 11,5
Après 3 mois 11,5
Ces résultats prouvent que ce composé est relativement stable et que pratique-
ment il peut être utilisé sans précautions spéciales.
COMBINAISON DE PARAPHENYLENE ET D'ACIDE SULFUREUX. — Nous
avons obtenu également avec la paraphénylène dîamine et l'acide sulfureux un com-
posé en petits cristaux blancs ayant une faible odeur d'acide sulfureux, très solubles
dans l'eau froide (19,5 % à 15") stables à l'air et fondant à 137* (la paraphénylène
diamine fond à 147") en dégageant une grande quantité de gaz sulfureux.
Le dosage de l'acide sulfureux dans ce composé nous a donné les résultats sui-
vants :
/NH*
SO*H«% Trouvé = 9,28 Calculé pourOH*< (SO»H*) = 49,5
\nh*
Cette teneur en acide sulfureux correspond à un composé d'addition ayant la
formule suivante :
NH*
-|-SO'H«
NH«1
PROPRIETES REVELATRICES. — Les composés que nous venons de décrire
ont des propriétés révélatrices comparables à celles des bases libres d'où ils déri-
vent. La solubilité dans l'eau du composé obtenu avec le méthylparamidophénol
permet de constituer avec cette substance des révélateurs, après simple addition de
sulfite de soude.
En résumé, le paramidophénol, le méthylparamidophénol, et la paraphénylène
diamine peuvent donner des composés d'addition avec l'acide sulfureux.
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44 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Ces composés qui se comportent au développement comme les bases dont ils
dérivent sont suffisamment stables pratiquement pour qu'on puisse les conserver
facilement sans altération notable à Tétat solide, ce qui n'avait pu être réalisé jusqu'ici
pour les bases *.
2" SUR LA LIMITE d'eMPLOI DES BAINS DE FIXAGE.
i** Cas des plaques au gélatino^bromure d'argent.
Lorsqu'on fixe successivement dans une même solution d'hyposulfite de soude,
une série de plaques au gélatino-bromure d'argent, il arrive un moment où, avant
l'épuisement complet de l'action dissolvante du bain de fixage il y a intérêt'à rejeter la
solution parce que les plaques fixées dans ces conditions peuvent présenter par la
suite, lorsqu'elles ont été imparfaitement lavées, des altérations et notamment une
coloration brune.
La question se pose alors de connaître dans quelles limites il convient d'utiliser
les bains de fixage pour se mettre à l'abri de ces altérations.
Gaedicke a cherché dans une intéressante étude* à élucider cette question, mais en
partant de ce principe qu'il paraît y avoir identité entre la coloration des clichés mal
lavés fixés dans un bain partiellement épuisé, et le brunissement que l'on obtient très
rapidement en exposant à l'air et à la lumière des papiers imprégnés d'une solution
d'hyposulfite de soude additionnée d'une proportion suffisante de nitrate d'argent.
En déterminant expérimentalement la quantité minimum de nitrate d'argent qu'il
fallait ajouter à une solution donnée d'hyposulfite pour commencer à obtenir le jau-
nissement et en rapportant ces résultats au bromure d'argent Gaedicke en déduisait la
limite d'emploi des bains de fixage.
Etant donné que l'on a admis jusqu'ici que les mêmes sels doubles prennent nais-
sance lorsqu'on fait réagir l'hyposulfite de soude soit sur le nitrate d'argent, soit sur le
bromure, l'assimilation faite par Gaedicke semblait être rationnelle, mais ces principes
servant de base à l'expérimentation n'étant pas appuyés sur des faits précis, nous nous
sommes attachés à leur vérification.
Pour ces motifs, nous avons repris les expériences de Gaedicke en substituant
le bromure d'argent au nitrate, c'est-à-dire en opérant dans les conditions identiques à
celles de la pratique, puis nous avons en outre étudié l'influence de la concentration
du bain de fixage ainsi que celle des divers réactifs que l'on ajoute habituellement à ce
bain, tels que le bisulfite de soude et l'alun.
Dans tous nos essais nous avons ajouté à un même volume de solution d'hypo-
sulfite des poids croissants de bromure d'argent, bien lavé, pur et préparé dans l'obs-
curité.
Une première série d'essais effectués avec des solutions d'hyposulfite de soude
dont le titre a varié de 5 à 45 % nous a permis de déterminer l'influence de la con-
centration des solutions d'hyposulfite de soude sur la limite de l'emploi de ces solu-
tions.
Dans une deuxième série d'expériences nous avons ajouté à la solution normale
d'hyposulfite (15 %) Tes proportions usitées de bisulfite de soude et d'alun de chrome
et nous avons recherché si ces additions exercent une action sur le phénomène qui
nous occupe.
Pour chaque essai on prélevait une goutte de solution qui était étendue sur une
bande de papier à filtrer puis exposée à la lumière et à l'air humide.
On a déterminé dans chaque cas le poids maximum de bromure d'argent que Ton
peut dissoudre dans chaque solution d'hyposulfite sans que le brunissement se pro-
duise.
Les résultats des essais sont consignés dans les tableaux suivants :
I. L'emploi de ces substances en photographie a été breveté.
%• Eder Jahrbuch der Photographie lS)6, 4.
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A. ET L. LUMIERE.- RECHERCHES PHOTOGRAPHIQUES
a) Influence de la concentration de la solution d'hypotuifite de soude
Tableau no i
Titre de la so-
Poids de bro-
Poids maximum
Rapport entre
Poids de bro-
Rapport entre
lution d'hy-
mure pouvant
de bromure
le poids maxi-
mure d'arç^ent
calculé néces-
le poids maxi-
posulfîte.
être dissous
d'argent pou-
mum de bro-
mum de bro-
dans 100 ce.
vant être dis-
mure d'argent
saire pour
mure d'argent
de solution
sous dans 100 ce.
dissous ne don-
former la com-
ne donnant pas
de solution sans
nant pas lieu au
binaison
de jaunissement
jaunissement
jaunissement
S^O^Na» +
et le poids qui
ultérieur du
et le poids qui
S«03Ag«
correspond au
'
cliché.
correspond à la
saturation.
sel S20«Ag«Na»
5 o/o
2gr.
I gr- 25
62 0/0
3gr. 8
330/0
15 0/0
6gr. 3
3gr.8
60 0/0
iigr. 4
330/0
45 0/0
2ogr.5
5gr-
24 0/0
34 gr. 2
15 0/0
b) Influence du bisulfite de soude avec ou sans alun de chrome
Tableau n© 2
Titre et compo-
Poids de bro-
Poids de bro-
Rapport entre !e
Poids de bro-
Rapport entre
sition de la
mure d'argent
mure d'argent
poids maximum
mure d'argent
le poids maxi-
solution de
pouvant être
pouvant être
du bromu:e
calculé néces-
mum de bro-
fixage.
dissous dans
dissous dans
d'argent ne don-
saire pour for-
mure d'argent
100 ce. de
100 ce. de solu-
nant pas lieu au
mer la combi-
ne donnant pas
solution
tion sans jau-
jaunissement et
naison :
de jaunissement
nissement ulté-
le poids qui cor-
SîO'Na» +
et le poids qui
rieur du cliché
respond à la
saturation.
S«0»Ag«
correspond au
sel S«0«AgaNa«
15 0/0
6.3
3.8
6oo'o
11.4
33 0/0
hyposulfîte -\-
15 0/0 de bisul-
6,1
1.65
27 0/0
11,4
14,5
fite de soude
liquide.
Hyposulfite à
15 0/0 -j- 1,5 o'o
de bisulhte
5.9
2,2
380/0
11.4
200/0
liquide -^- 0,5 0/0
d'alun de
chrome.
Ces résultats comparés à ceux qu'a obtenus Gaedicke montrent que Ton peut
additionner une solution d'hyposulfite de soude d'un poids de bromure d'argent nota-
blement plus grand que celui qu'il a déterminé dans le cas du nitrate d'argent.
Gaedicke a trouvé, en effet, que pour éviter tout jaunissement ultérieur une solution
renfermant environ 15 % d'hyposulfite de soude ne peut être additionnée de plus du
dixième du poids total du nitrate d'argent qu'on peut y ajouter sans obtenir de pré-
cipité.
D'après le tableau n* i on voit que pour une solution d'hyposulfite de soude à
'5 % on peut ajouter environ 60 % du poids du bromure d'argent qui correspond à
la saturation.
On voit en outre que, toutes conditions égales d'ailleurs, les solutions diluées
permettent de mieux utiliser l'hyposulfite et que pour une même concentration les
sçlutions d'hyposulfite de soude acidifiées par le bisulfite de soude ne peuvent pas
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46 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
être épuisées d'une façon aussi complète que ces mêmes solutions non additionnées de
bisulfite.
La proportion d'hyposulfite de soude pouvant être utilisée s'abaisse, dans ce cas,
de 60 à 27 %, mais elle se relève à 38 %, par addition d'alun de chrome.
Si l'on calcule d'après ces résultats le nombre de plaques 9X12 qu'il est pos-
sible de fixer (sans avoir à craindre de brunissement ultérieur) avec un litre de solu-
tion d'hypôsulfite de soude à 15 % additionné ou non de bisulfite de soude et d'alun
de chrome, on trouve les résultats suivants, en admettant qu'un cliché 9x12 aban-
donne au fixage environ o gr. 3 de bromure d'argent :
Pour I litre d'hypôsulfite de soude à 15 % : environ 100 plaques 9 x 12
)) » » » » à 1 5 %
+ 1,5% de bisulfite soude liquide : environ 50 » »
Pour I litre d'hypôsulfite de soude à 15 %
+ i>5 % de bisulfite soude liquide
+ o»5 % ^^^^ de chrome : environ 75 » »
En comparant, les poids de bromure d'argent nécessaires pour saturer les solutions
d'hypôsulfite de soude à ceux qui correspondent aux formules des sels doubles qu'on
suppose se former dans le fixage * on trouve que les premières quantités sont nota-
blement inférieures aux deuxièmes.
Ainsi 100 ce. d'hypôsulfite de sodium 15 % (soit 15 gr. de sel cristallisé) dissol-
vent 6 gr. 3 de bromure d'argent. Cette dissolution saturée étant faite en présence
d'un excès de sel d'argent, on devrait former les sels S*0»Ag*Na*. Or, ce sel exige
théoriquement 1 1 gr. 4 de bromure d'argent pour 15 gr. d'hypôsulfite de soude, soit
presque le double de la quantité correspondant à la saturation. Cette saturation a lieu
du reste, sans formation du précipité blanc insoluble dans l'eau, facilement décomjK)-
sable en sulfure d'argent qui caractérise le sel S*0*Ag*Na* précipité que l'on obtient
en ajoutant du nitrate d'argent dans l'hyposulfite de sodium.
Les poids relatifs de bromure d'argent et d'hypôsulfite de sodium dans les solu-
tions saturées de bromure d'argent, ne correspondent à aucune des formules indiquées
pour les corps qui ont été jusqu'ici signalés comme prenant naissance dans cette dis-
solution.
Les réactions qui se produisent dans le fixage des plaques au bromure d'argent ne
paraissent donc pas se passer comme on l'indique généralement.
Nous nous proposons d'élucider cette question dans une prochaine étude.
CONCLUSIONS D'ORDRE PRATIQUE
Pour éviter le jaunissement ultérieur des phototypes sur plaques au gélatino-bro-
mure, il convient :
I* De ne pas fixer plus de 100 plaques 9x12 dans i litre de solution d'hypô-
sulfite de soude à 1 5 % .
2* De ne pas fixer plus de 50 plaques dans un litre de bain fixateur renfermant
15 % d'hypôsulfite de soude et 1,5 % de bisulfite de soude.
3* De ne pas fixer plus de 75 plaques dans un bain de fixage renfermant 15 %
d'hypôsulfite de soude, 1,5 % de bisulfite de soude et 0,5 % d'alun de chrome.
4« On peut reconnaître pratiquement le moment ou le bain fixateur peut être
rejeté en étendant une goutte de ce bain sur du papier et examinant si la tache brunit
quand on l'expose p>endant quelque temps à l'air humide et à la lumière.
I. On admet que les trois composés suivants peuvent se former dans le fixage des plaques au
bromure lorsqu'on emploie des quantités de plus en plus faibles d'hypôsulfite par rapport au sel d'ar-
gent.
10. — Hyposulfite double de sodium et d'argent (S*0')*Ag'Na* avec 3 molécules d'hypôsulfite
de sodium pour 2 molécules de bromure d'argent.
20. — Hyposulfite double de sodium et d'argent (S'05)*Ag*Na* avec 3 molécules d'hypôsulfite
de sodium pour 2 molécules de bromure d'argent.
30. — Hyposulfite d'argent S*0'Ag2 avec une petite quantité d'hypôsulfite pour un excès de sel
d'argent. Le premier sel est blanc, insoluble dans l'eau, soluble dans l'hyposulfite de sodium. Le
deuxième sel est blanc insoluble dans l'eau et dans l'hyposulfite. Il se décompose peu à peu à la lu-
mière en donnant du sulfure d'argent. Enfin le troisième sel se décompose aussitôt formé en donnant
du sulfure d'argent.
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BIBLIOGRAPHIE
Notes pour un laboratoire de métallur-
gie, par Henry M. HOWE, professeur
de métallurgie à l'université Colum-
bia à New-York. Un vol. in-8** de i6o p.
avec fig. Paris et Liège, lib. Ch. BÉ-
RANGER.
L'ouvrage que nous signalons à nos
lecteurs est une traduction de l'original
écrit en langue anglaise, faite avec Tau-
torisation de l'auteur, par M. de DORLO-
DOT, Ingénieur des mines. Les notes
pour un laboratoire de métallurgie sont
données sous la forme d'un simple manuel
où sont décrites les principales manipu-
lations que l'auteur fait exécuter à ses
élèves au laboratoire. C'est une série d'o-
pérations de métallurgie théorique dont
le but est d'enseigner les principes ser-
vant de base aux procédés divers de^ la
métallurgie. L'auteur offre ainsi à l'élève
une méthode analytique lui permettant
d'arriver à la connaissance de ces prin-
cipes. Les exercices ayant pour but de
familiariser l'élève avec le maniement des
appareils de précision servant à la pvro-
métrie, à la calorimétrie et à la métal-
lographie ont une importance que l'on ne
saurait méconnaître. Le laboratoire de
métallurgie n'est plus un luxe, c'est une
nécessite et il contribue de plus à déve-
lopper une certaine habileté manuelle in-
dispensable au futur ingénieur. L^autcur
n'a décrit que des expériences qu'il avait
fait exécuter et dont la plupart sont ai-
sées à conduire à bonne rin. Voici en
résumé les groupes d'essais que l'auteur
préconise : ryrométrie ; Traitement ther-
mique des métaux et minerais ; Points de
fusion des silicates ; Propriétés des ma-
tériaux réfractaires ; Etude thermique du
fer et du maneanèse ; Microstructure ;
Examen des métaux divers.
L'ouvrage est fort original et mé-
rite d'être recommandé tant par sa va-
riété que par l'intérêt des documents et
des idées qui sont exposés.
ly A. G.
ReoherohM sur le temps que la préolpl-
tatlon met à apparaître dans les solu-
tions d'hyposulfitOi par Gaston Gail-
lard. Un vol. in-S"* de 80 p. avec 20
fig. Paris, lib. GaUTHIER-ViLLARS.
Ce volume est l'exposé d'une série de
recherches entreprises par l'auteur. On
remarque tout d abord que la précipita-
tion demande un temps variable pour se
produire. Ce temps se trouve montrer
des rapports avec certaines caractéristi-
ques des corps et concorder avec certains
faits déjà observés. La température a
une action prépondérante. Cette tempéra-
ture n'est pourtant qu'un facteur princi-
pal car le phénomène dépend aussi de
fensemble des propriétés des corps mis
en présence.
EK A. G.
Uber die Oxydation des Stiokstoffes in
der Hoohspannungsfiamme, par le D'
Johannes BRODE, Privatdozent de chi-
mie physique et d' électrochimie à la
Technische Hochschule de Karlsruhe.
Un vol. in-8** de 64 p. avec 19 fig.
Prix : 2 marks, 50. Halle a. S. Librai-
rie Wilhelm Knapp.
A une époque comme la nôtre où là
consommation du salpêtre est énorme,
tant dans l'industrie que dans l'agricul-
ture, on doit réfléchir à ce que les gise-
ments, quelque puissants qu'ils soient
auront une tin et que, par conséquent,
tout procédé permettant d'assurer, par
un autre mode que la. voie naturelle, no-
tre consommation en nitrates, présente
un intérêt des plus légitimes. L'oxydation
de l'azote à haute température vient ap-
porter un appoint considérable à la solu-
tion de la question et c'est l'étude de
cette oxydation dans l'arc à haute ten-
sion que l'auteur vient nous exposer.
Dans ce petit volume il envisage succes-
sivement la théorie de l'oxydation de
l'azote, les publications faites à ce sujet,
les recherches effectuées à hautes ten-
sions et l'importance du procédé au point
de vue de 1 agriculture.
Ce sont surtout les tentatives faites
pour réaliser cette oxydation qui sont le
plus développées. L'auteur passe en re-
vue : la manière d'obtenir une flamme
convenable, la température nécessaire, le
rendement et la consommation, etc.
C'est une étude théorique et bien faite
du procédé.
EK A. G.
Exerolœs d'analyse ohlmlque quantitati-
ve appliquée à l'industrie, par Georges
De VOLDERE, Ingénieur industriel, r^é-
titeur des cours de chimie industrielle
et de chimie analytique à l'Ecole spé-
ciale du Génie civil de Gand. Un vol. de
267 p. avec 24 fig. Prix : 5 francs. Lib.
Van Goethem, Gand (1906).
L'auteur s'adresse à des élèves qui pos«
sèdent des connaissances suffisantes sur
l'analyse qualitative et quantitative ; de
ce chef, il supprime en général la des-
cription des appareils, mais rappelle tou-
tefois certaines réactions et propriétés
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48
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
chimiques principales afin que le jeune
chimiste fasse un travail raisonné et non
mécanique. Il décrit d'une façon détail-
lée les différents exercices classiques et
les applique à des substances qui pré-
sentent une utilité pratique dans Tart de
l'ingénieur. En général, pour chaque ana-
lyse, l'auteur donne deux ou trois mé-
thodes différentes : par pesée, par volu-
métrie, par gazométrie,^ de façon que
rélève puisse faire lui-même le contrôle
de son travail. L'auteur insiste sur les
analyses concernant les alliages, les :ul-
nerais de fer, le ciment, la houille, l'eau,
le carbone dans les fers, fontes et aciers,
les gaz... Il décrit également les analyses
des produits utilisés dans des industries
particulières ; tels sont : les chlorures
décolorants, le soufre dans les pyrites,
l'alumine dans la bauxite, l'azote nitri-
que et organique, etc., etc.
Quoique ce livre s'adresse spéciale-
ment aux élèves-ingénieurs de l'Ecole spé-
ciale de Gand, il peut servir de guide aux
élèves des écoles où l'on poursuit le même
but, et notamment pour ceux des Ecoles
industrielles et des Arts et Métiers.
Cet intéressant ouvrage rendra un réel
service à l'enseignement de la chimie ap-
pliquée.
J. D.
La librairie Gauthier-Villars (55, quai
des Grands-Augustins) vient ie publier,
comme chaque année, l'Annuaire du Bu-
reau des Longitudes, pour 1907. — Ce
petit volume compact contient, comme
toujours, une foule de renseignements
Indispensables à l'ingénieur et à l'homme
de Science. Cette année, nous signa-
lons tout spécialement les Notices de
M. A. Bouquet de la Grye : « Diamètre
de Vénus », et de M. H. Deslandres :
t Histoire des idées et des recherches sur
le Soleil. Révélation récente de l'atmos-
phère entière de l'astre ». In-i6 de près
de 900 pages avec figures : i fr. 50 (fran-
co, I fr. 85).
ANALYSE DES URINES considérée
comme un des éléments de diagnostic,
par le D' Ern. GÉRARD, professeur à la
Faculté de Médecine et de Pharmacie
de Lille. Deuxième édition revue et
augmentée. Un vol. in-S"* avec 41 fig.
et une planche en couleurs, 8 fr. Lib.
ViGOT Frères, Paris (1907).
Le titre de cet ouvrage t Traité des
urines », et son sous-titre, t l'Analyse
des urines considérée comme un des élé-
ments de diagnostic », indiquent suffi-
Propriétaire-Gérant : Georye F. JAUBERT.
LAVAL. -> IMPRIMfcRIE L. BAHKBOUD ET c'*
samment l'esprit dans lequel il a été
conçu.
L auteur a voulu faire une oeuvre pra-
tique réf)ondant à un réel besoin, en pu-
bliant un livre d'urologie indispensable
à la fois aux médecins et aux pharma-
ciens.
Il a tenu à présenter, sous une forme
simple et concise la technique analytique
des urines et il s'est attaché à montrer
l'importance de l'examen urologique com-
me moyen d'investigation clinique pour
l'établissement d'un diagnostic.
En s'apphquant à montrer les relations
qui existent entre les états morbides et
les variations de composition des urines,
l'auteur a rendu facile pour les méde-
cins l'interprétation des résultats de l'a-
nalyse.
Les pharmaciens, de leur côté, auront
l'avantage d'y trouver les méthodes d'a-
nalyse les plus récentes et ils y puiseront
les notions indispensables pour éclairer
le médecin sur la caractéristique clini-
?[ue des urines examinées. — M. le Pro-
esseur GÉRARD a eu le soin, en effet, de
réserver une partie de son traité à l'uro-
logie clinique des diverses maladies où il
fait ressortir les anomalies de composi-
tion des urines dans chaque affection
considérée.
Le succès obtenu par la première édi-
tion, nous indique combien cet ouvrage
a été apprécié et que le but cherché a
été atteint. Aussi dans cette seconde
édition, refondue et augmentée des der-
nières acquisitions de la science, de nom-
breux chapitres ont été ajoutés, tels que
la « Cryoscopie urinaire », la « Bacté-
riologie urinaire », 1' « Examen des fonc-
tions rénales par les éliminations provo-
quées », etc.
De nombreux procédés analytiques et
plus pratiques ont été décrits pour faci-
liter la tâche de l'analyste.
La partie « Urologie clinique » a été
considérablement augmentée, permet-
tant aux médecins et aux pharmaciens,
de retrouver la caractéristique clinique
des urines des diverses maladies. Les
nombreux documents que contient cette
« seconde édition » rendent encore plus
simple l'interprétation des résultats de
l'analyse.
Ainsi modifié et augmenté, nous som-
mes persuadés que cet ouvrage est ap-
pelé a rendre les plus grands services, et
qu'il trouvera auprès du public médical,
le même accueil que l'édition précédente.
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LES RESINES SYNTHETIQUES
Par L. GROGNOT
Inçénieur-Chimiste.
Les résines sont des corps amorphes, friables, colorés en jaune ou en brun, trans-
lucides, à cassure brillante, possédant peu ou pas d'odeur et de saveur. Elles sont fusi-
bles, combustibles, non volatiles, insolubles dans Teau, solubles dans Talcool, Téther,
les essences volatiles, les huiles et ne conduisent pas Télectricité. Certaines résines,
copal, succin, sont fort peu solubles dans les dissolvants.
Industriellement, les résines sont des corps aptes à faire des vernis.
La plupart des résines naturelles sont des acides faibles ou des anhydrides d'aci-
des. La manière dont se comporte un grand nombre de résines avec la potasse en
fusion est caractéristique (pour i partie de résine, 3 parties de potasse caustique);
elles fournissent alors en général, à côté d'acides gras, de l'acide protocatéchique,
de l'acide paraoxybenzoïque, de la phloroglucine et de la résorcine.
Les différentes manières dont les résines à vernir se comportent avec les dissol-
vants, ont été décrites par le EK Sacc (Annales de Chimie et de Physique, 4* série,
t. XVI, page 421). Voir aussi, l'agenda du chimiste, qui donne un bon tableau de
solubilité dans les divers dissolvants.
Beaucoup de résines naturelles sont des mélanges de plusieurs principes qu'on
I>eut séparer par l'emploi successif des divers dissolvants, alcool, éther, benzine, chlo-
roforme, essence de térébenthine.
Le prix assez élevé des résines naturelles, telles que gomme laque, copal, succin,
a permis d'en entreprendre la synthèse avec avantage. On obtient des corps nouveaux
pouvant parfaitement servir de substituts dans la plupart des applications. Ainsi la
gomme laque, qui vaut 5 fr. à 6 fr. le kilog. peut être remplacée par un produit
synthétique valant moins de 2 fr. le kilog. L'auteur a pu obtenir un corps résineux
ayant absolument les mêmes propriétés que les meilleures gommes laque.
Passons en revue les divers procédés anciens, puis nouveaux pour l'obtention
des résines synthétiques.
RÉSINES FORMÉES PAR LES ALDÉHYDES SEULS.
Résines de MM. Hlasiwets, L. Barih et Grabowski. — Résine de benjoin arti-
ficielle. Lorsqu'on ajoute de l'acide phosphorique anhydre à de l'essence d'amandes
amères en quantité suffisante pour former une masse sirupeuse et qu 'on a soin d'évi-
ter toute élévation de température, elle &e colore en jaune brun et durcit à la tempé-
rature ordinaire au bout de quelques jours. On lave avec de l'eau chaude ; on chasse
l'excès d'essence au bain-marie et on obtient une résine molle à chaud, cassante à
froid, sans odeur et ayant l'aspect de la colophane ; on la purifie en dissolvant dans l'al-
cool et précipitant par l'eau chargée d'acide chlorhydrique. Cette résine a exactement
la même composition que la résine a du benjoin ; elle est soluble en partie seulement
dans l'éther. Sa dissolution alcoolique n'est pas précipitée par la dissolution alcooli-
que d'acétate de plomb. Elle fourit à la distillation sèche une huile empyreumati-
que épaisse et beaucoup d'acide benzoïque et laisse un résidu charbonneux. Fondue
avec 4 parties d'hydrate de potasse, elle se décompose en acide benzoïque et paraoxy-
benzoïque.
Résine eugénique. — On ajoute, en prenant les précautions décrites plus haut,
de l'acide phosphorique à de l'acide eugénique jusqu'à ce qu'il prenne l'aspect de la
térébenthine ; la masse rougeâtre, exposée pendant quelques heures à une tempéra-
ture de 50* à 80**, devient d'un rouge foncé et très dure.
On lave à l'eau chaude; on dissout dans l'alcool et on précipite par l'eau acidu-
lée. La résine eugénique est sans odeur, a l'aspect de la colophane, une saveur à la
fois aromatique et amère. Sa dissolution alcoolique présente le dichroïsme, avec les
couleurs bleue et violette.
Lorsque dans la préparation de la résine, on emploie un excès d'acide phospho-
REYXJE GilfiBALB DE CniMIE PUHE ET APPLIQUEE. — S* LIVRAISON. — FEVRIER I9O7. 3
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5o REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
rîque, il se forme une combinaison renfermant de l'acide phosphorique, au moyen de
laquelle on parvient à extraire la résine par un traitement convenable.
La composition de la résine est une moyenne entre celle de Tacide eugénique
C10I112O2 et un corps dont la formule serait C^oHi^O^.
La résine soumise à la distillation sèche fournit une huile qui a l'odeur de la
créosote et qui colore en vert les sels de 1er ; une portion de résine se charbonne. Avec
Tacide azotique, il se produit presque uniquement de Tacide oxalique ; avec la potasse,
de Tacide protocatéchique principalement et un peu d'acide acétique.
Quelques autres essences traitées par l'acide phosphorique se comportent diffé-
remment.
L'essence de cassia est vivement attaquée et ne fournit qu'une matière de nature
humique. Avec V essence de rue, il se forme une résine d'un brun foncé qui fond
imparfaitement avec la potasse, et qui ne donne que des traces d'une substance cris-
talline, présentant une coloration violette avec les sels de fer.
Les essences d'Angélique et de Cumin agissent d'une manière analogue.
Le Gdiacol fournit une huile qui paraît renfermer de l'acide phosphorique et
donne lorsqu'on la fond avec la potasse de l'acide protocatéchique en abondance.
Le stéaropiène de Vessence d'anis C^^H^^O, traité par l'acide iodique et l'iode
avec addition de j>otasse, se transforme à une douce chaleur en une résine brune dont
la composition diffère peu du stéaroptène, si ce n'est qu'elle renferme un j>eu plus
d'oxygène. Cette résine fondue avec la potasse, ne fournit que peu d'une matière crîs^
talline qui semble être de l'acide anisique. {Annalen der Chemie und Pharmacie,
t. CXXXIX, page 83. Nouv. ser. t. LXIII juillet 1866).
Résines de Barih. — Les recherches de l'auteur ont porté sur les essences de
térébenthine, de lavande et de genièvre. Ces essences furent traitées par de la potasse
alcoolique et le liquide jaune foncé résultant fût évaporé au bain-marie, le résidu
traité par l'acide sulfurique étendu et épuisé par l'éther. L'éther ayant été distillé, il
resta une masse résineuse. Après 3 ou 4 heures d'action de la potasse, 10 à 15 %
environ de l'essence se trouvèrent transformés en une résine dure, cassante, ressem-
blant à la colophane. Le camphre donne également une résine et celle-ci se trouve
toujours en petite quantité dans la préparation de l'acide camphorique d'après la
méthode de M. Berthelot. Cette résine est jaune d'or, tout à fait inodore après avoir
été chauffée vers 100** ; elle reste longtemps poisseuse. La résine de Térébenthine et
de Lavande renferme C^^H^^O^ ; celle de camphre C^oH^^O^. La résine de térében-
thine est difficilement attaquée par la potasse et n'est que lentement oxydée. Les
produits d'oxydation sont les acides gras inférieurs et des composés analogues à
l'acide camphorésinique. {Bull. Soc. Chimique i*^ Semestre 1868, page 70).
Les tanins ont des rapports avec les résines, car les produits de dédoublement
qu'ils fournissent sont souvent résineux. Chez certains composés, la résine peut rem-
placer la glycose des glycosides ; ainsi la colchicine, principe actif du colchique d'au-
tomne se dédouble facilement sous certaines influences en résine et colchicéine, sans
donner de glycose.
Les résines produites par les essences, ainsi que nous l'avons vu, sont crées par
des moyens analogues à ceux que la nature nous donne. Mais l'action des aldéhydes
sur eux-mêmes ou sur les phénols, nous ouvre de nouveaux horizons.
Résine d'Aldéhyde de Wurtz. — L'aldéhyde CH^— CHO traité par l'acide
chlorhydrique forme un composé de passage.
/OH
CH3-CH<
\ci
qui réagit sur une molécule d'aldéhyde pour fournir l'aldol avec régénération de
l'acide chlorhydrique, qui peut être regardé comme le corps jouant le rôle de cataly-
sant:
/OH
CH3~ CH< + CH3— CHO = HCl + CH3-CH(OH)-CH2— CHO (aldol)
\ci
deux molécules se sont soudées l'une à l'autre pour former l'aldol, à la fois aldéhyde
et alcool.
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L, GROGNOT.— LES RESINES SYNTHETIQUES 5i
Dans la distillation de cet aldol, il se sépare des résines produites par condensa-
tion de deux molécules d'aldol, ou de plusieurs molécules. Ces résines sont blondes ou
brunes, suivant l'action de la chaleur. Une température de 60** suffit pour modifier
certains échantillons d'aldol : il devient insoluble et quelquefois durcit par le refroidis-
sement comme du verre ^. — Ces expériences sur l'aldol de WuRTZ présentent un cer-
tain intérêt, car nous savons aujourd'hui produire économiquement l'aldéhyde et les
aldéhydes en général par des méthodes avantageuses.
Ainsi, d'après Dony-Hénault on peut, par électrolyse de l'alcool, transformer
quantitativement ce dernier en aldéhyde :
CH3.CH2.0H + O = CH3CHO + H20
Le potentiel anodique par rapport à l'hydrogène variait dans les différentes
électrolyses de 0,7 à 0,9. Avec une anode fraîchement platinée, on a constaté 0,37.
L'acide éthylsulfurique ne se produit qu'à une tension plus élevée de l'anode,
{Mois scientifique, 1900, n** 2, page 254). D'après Sabatier, {Rev. Gén. Chimie^
24 décembre 1905) les vapeurs des alcools primaires arrivant en contact du cuivre,
vers la température de 300**, y sont nettement scindées en aldéhydes et hydrogène,
qui sort de l'appareil. De même les alcools secondaires sont dédoublés en hydrogène
et acétones. C est une méthode très avantageuse. Les aldéhydes propylique, isobuty-
lique, isoamylique, sont ainsi obtenues pures avec facilité {Rev. Gén, Chim., 24 dé-
cembre 1905). Enfin, MM. Jonas, Desmonts, Dusbosc et Deglatigny viennent tout
dernièrement de breveter le mode suivant. Us produisent l'aldéhyde, en suivant les
indications de Kutscheroff {Dict. de Wurtz, 2* suppl., acétylène, page 86). L'acéty-
lène se combine facilement avec les sels mercuriques en solution aqueuse, en for-
mant des produits Waftcs, insolubles dans le dissolvant. Ces combinaisons se décom-
posent à la température ordinaire, mais beaucoup plus rapidement à chaud en
donnant naissance à l'aldéhyde éthylique et en régénérant le sel mercurique ; de sorte
qu'une quantité très faible de ce sel pourrait hydrater des quantités indéfinies d'acé-
tylène.
L'acide sulfurique étendu (0=1,32) transforme à froid l'aldol en un corps
blanc, amorphe, insoluble dans l'eau, dont on peut, quoique difficilement, isoler deux
composés distincts, fusibles l'un vers 70**, l'autre à 80**. (Lobry de Bruyn).
Résines formées par les aldéhydes et phénols.
D'après les travaux de M. Baeyer et ses élèves, i moléc. d'aldéhyde agissant
sur 2 mol. de phénol en présence d'acide chlorhydrique ou sulfurique, donne nais-
sance à un corps dont la composition correspond à i mol. d'aldéhyde unie à 2 moléc.
de phénol, avec élimination de i mol. d'eau, tel que;
.C«H*.OH
CLP— CH<;
\C6H4.0H.
L'o-naphtol se combine avec l'aldéhyde benzoique pour former un benzylîdène
dî-ounaphtol, corps blanc, pulvérulent:
/Ci0H6.OH(a)
C«H5-CH<
^CioHô.OH(a).
Les aldéhydes aromatiques agissent aussi sur les phénols polyatomiques, en
présence de l'acide chlorhydrique ou de l'acide sulfurique ; par exemple, l'aldéhyde
benzoique forme avec la résorcine une benzylidène résorcine C-^H^^^O*, résine in-
colore, insoluble dans l'eau, facilement solubîe dans l'alcool, l'éther, la benzine fusi-
ble à 330"* en se décomposant. (Michael, Am. Journ. 5, 340 et Dict. de Wurtz,
2* suppl. Aldéhydes 161 )•
Résines de Kleeherg. -^L^ aldéhyde méthylique agit sur le phénol, la résorcine,
le pyrogallol en présence de l'acide chlorhydrique concentré, en donnant des produits
I. Conférences faites à la Société chimique, 13 décembre 1883, P^r A. Wurtz.
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52 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
insolubles dans les alcalis, dont la purification n'a pas été possible. L'acide gallique
fournit un meilleur résultat. A 20 gr. de cet acide dissous dans l'eau chaude on ajoute
40 ce. de formol du commerce, puis de l'acide chlorhydrique, jusqu'à production
d'un trouble. Par refroidissement, il se dépose une résine brune et un composé amor-
phe, incolore, très peu soluble dans l'eau et alcool. C'est un acide C^^H^^qio,
2(C7H«05) + 2CH20 = 2H20 + CI6H12010.
Il donne avec la phénylhydrazine un sel cristallisé.
Ci6Hi20io.2C6H«.Az2H3 ;
d'où l'acide amorphe est reprécipité par HCl ; il devient cristallisé par une ébuUition
prolongée avec l'alcool.
L'ébullition de la solution ammoniacale de l'acide en précipite le sel cristallisé
rougeâtre C^m^^O^^. AzH^. (Bull. Soc. Chim. 5 avril 1892, page 305).
Cette action indiquée par Kleeberg est le point de départ des nouvelles résines
obtenues actuellement. Trillat indique que la condensation de l'aldéhyde formique et
des phénols en présence d'agents de condensation très violents (acide sulfurique con-
centré, etc.), donne en général des produits amorphes, résineux, qui sont insolubles
dans tous les réactifs et dont quelques-uns ont l'apparence de la cellulose.
Non seulement les phénols réagissent avec l'aldéhyde formique, mais aussi cer-
tains hydrocarbures. L'action du formol à 40 % sur le benzène a été mise en lumière
par M. Nastukof. Si à un mélange de i vol. de formol avec 2 vol. d'acide sulfurique
concentré, on ajoute 2 vol. de benzène, on obtient un corps amorphe jaune clair ce
phényl-formol.
Genvresse a obtenu des produits d'addition en combinant molécule à molécule,
l'aldéhyde formique avec le caryophylène, le clovène et le cadinène (Rev. Gén. Chim.
22 janvier 1905, page 28).
Gomme laque artificielle Blumer. — Il emploie un oxyacide organique, tel par
ex. : l'acide tartrique, comme agent de condensation, à l'état de solution saturée de for-
mol, puis il élève la température du mélange réagissant obtenu avec le phénol ou l'a-
naphtol,. jusqu'au point d'ébuUition. Il se forme alors des produits résineux solides,
analogues à la laque.
Ex. I. — On charge une chaudière double, spacieuse, à revêtement de plomb,
de 155 kg. acide tartrique du commerce, et de 150 kg. formol à 40 %. On chauffe
doucement et l'acide se dissout complètement; puis, on ajoute 195 kg. de phénol à
100% et on continue un chauffage modéré, jusqu'à ce que la réaction commence;
réaction qui pendant dix minutes environ, maintient tout le contenu de la chaudière
en vive ébullition. La réaction terminée,la résine surnage sous forme de masse hui-
leuse ; on l'enlève alors et on la verse dans l'eau chaude où elle est purifiée par cuisson,
(après addition d'un peu d'ammoniaque), du phénol et formol qui y adhèrent en petite
quantité.
Versée dans l'eau froide, elle se fige immédiatement et se solidifie en lames blan-
ches analogues à la laque naturelle.
Ex. II. — Avec l'a-naphol, on emploie 155 kg. d'acide tartrique dans 150 kg.
d'une solution de formaldéhyde et on ajoute 290 kg. de a-naphtol. La réaction est
très violente et il se forme à la surface une résine rouge qui durcit rapidement. On
traite comme ci-dessus, mais cette résine ne se fond pas sous l'eau.
On a ainsi la combinaison de 3 mol. phénol à 3 mol. formol avec séparation de
5 mol. d'eau et de formule:
C21H20O4
De même pour d'autres acides organiques ; mais il faut les employer en grande
quantité, autrement ils donnent naissance aux produits huileux connus, non suscepti-
bles d'application industrielle. On obtient avec Tes acides inorganiques, les mêmes pro-
duits de condensation ; il faut pour cela affaiblir la réaction. On mélange l'acide étendu
avec le phénol, on chauffe, on ajoute le formol en petite quantité, puis la réaction se
produisant, on ajoute le formol par petites portions de manière que la masse reste tou-
jours en ébullition. (Rev. des Prod. Chimiques, 15 mars 1904).
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L. GROGNOT. — LES RÉSINES SYNTHÉTIQUES 53
Résine transparente de De Laire. Br. 361539, 8 juin 1905, publié le 31 juillet
1906.
Lorsqu'on soumet à l'action de la chaleur le produit brut de la condensation des
phénols avec le formol, l'aldéhyde et autres, il s'élimine une certaine quantité d'eau
et il se forme des produits résineux, capables de remplacer le succin, copal, gomme
laque, leurs propriétés étant analogues aux produits naturels.
Il faut quelques précautions. Cette condensation peut être faite en suivant les
méthodes connues (Berichte deutsche Chem. GeselL, 19, 3004; ^5» 3477; ^Tj 241 i),
en employant soit les agents acides, soit les agents alcalins.
On a trouvé qu'on peut même l'effectuer en combinant directement l'aldéhyde et
le phénol, par chauffage en autoclave.
On peut employer simplement comme agent de condensation, l'acide chlorhydri-
que, que l'on fait agir, soit gazeux, soit liquide. Le produit de la réaction est alors
lavé à l'eau, jusqu'à ce qu'on ait éliminé les substances n'ayant pas réagi : on peut
alors utiliser directement ces résines pour la condensation par la chaleur, sans avoir
besoin de séparer les alcools-phénols formés et autres corps qui prennent naissance
avec eux pendant cette réaction.
Ces premiers produits de condensation directement utilisables sont généralement
amorphes, demi-durs et de consistance cireuse : on applique à cette masse amorphe
des méthodes de dissolution appropriées car on constate qu'elle contient des indivi-
dus chimiques cristallins, parmi lesquels, l 'alcool-phénol semble être prépondérant.
Quand les réactions ont bien marché, la masse obtenue ne doit pas contenir de
corps de polymérisation, ou du moins en contient peu.
Pour effectuer la résinification du produit ainsi obtenu et bien lavé, il suffit de le
chauffer à l'air libre, comme il va être expliqué, à des températures supérieures à loo*.
La durée du chauffage de la masse préalablement fondue varie suivant la tempéra-
ture ; par ex. : 1/2 heure, vers 150** et seulement une dizaine de minutes vers 200*. Dès
le commencement du chauffage, il se produit une coloration marquée, puis on observe
une élimination de vapeurs d'eau, jusqu'à ce qu'enfin la masse opaque et assez fluide
au début devienne visqueuse et transparente. Par refroidissement, on obtient un bloc
brillant et transparent présentant l'aspect du succin, mais dont les propriétés physi-
ques, couleur, dureté, solubilité, fusion, etc., varient suivant la nature, la pureté et
les proportions de matières employées et aussi, suivant la façon dont cette première
condensation aurait été conduite.
Ex. I. — On agite pendant quelque temps, 5 à 10 parties environ de formol à 40 %,
10 parties de phénol industriel distillé blanc et environ 10 parties d'acide chlorhydri-
que à 15 % de HCl réel.
Après avoir enlevé par lavage l'acide chlorhydrique et le phénol en excès, on
obtient une masse plastique, que l'on chauffe à l'air libre ou en présence d'un gaz
inerte, jusqu'à aspect de résine de pin fondue et qu'une prise d'essai ne se trouble
plus par refroidissement et se solidifie rapidement.
En général, cela est obtenu après 1/2 heure de chauffage, jusqu'à 140*. Cepen-
dant, on peut aussi chauffer jusqu'à 200**, sans inconvénient; seulement le produit
obtenu â une coloration légèrement brune.
Après refroidissement, la masse se prend en une résine dure dont la coloration
varie du jaune au brun brillant, reSvSemblant au succin, transparente comme du verre
et soluble dans l'alcool éthylique et méthylique, ainsi que dans les alcalis caustiques.
Ex. II. — 300 parties de crésol brut sont dissoutes dans 20.000 parties d'une
solution de potasse caustique à 10 %, puis on y ajoute 300 parties d'aldéhvde formîque
commercial. Quand l'odeur du formol est à peu près disparue, on acidulé jusqu'à
réaction légèrement acide; il se forme un précipité qu'on lave à l'eau. Le produit
brut ainsi obtenu est introduit dans un appareil de distillation dans lequel on fait le
vide, en chauffant progressivement la masse jusqu'à une température voisine du
point d'ébullition ; on maintient le chauffasse aussi longtemps qu'il y a élimination
d'eau. On obtient alors par refroidissement, une masse dure, transparente, soluble
dans l'alcool éthylique et alcalis caustiques.
Dans le i*' exemple, on peut aussi employer le vide ou une pression plus forte que
la pression atmosphérique.
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54 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
Nous ajouterons à ces actions du formol, celles résultant de sa réaction en pré-
sence de chaux ou de baryte, sur la phénacétylaldéhyde, la diphényllactone, etc.,
donnant lieu uniquement à des produits résineux. (Rev. Gén. Chimie, 20 septembre
1903» page 348).
L'acide nitreux réagissant sur le furfurol donne des produits résineux également.
.AzH2
Enfin, la Guanidine A'zH = C <f que Ton obtient facilement dans Toxy-
\AzH^
dation de la gélatine par le permanganate de chaux ou de baryte, est énergiquement
attaquée en solution aqueuse concentrée, par l'aldéhyde ordinaire, dont une partie se
trouve polymérisée. On obtient une masse résineuse {Mois scientifique, 25 juillet
1903» page 647).
Bien des réactions chimiques donnent lieu à des formations de résines, qui la
plupart du temps, n'ont pas été étudiées au point de vue de l'application industrielle. Il
y a cependant un grand intérêt à généraliser l'emploi des résines synthétiques,
comme substitut de certaines résines naturelles.
La théorie du Grillage oxydant
de la Pyrite de fer et de la Blende'
ET
Les nouveaux fours mécaniques de grillage
Par m. p. TRUCHOT
Chef de Laboratoire à la Société Française des Pyrites de Huelva
LES FOURS MECANIQUES
Description. — Pratique du Grillage
Les fours mécaniques pour le grillage des minerais sulfurés sont à l'ordre du
jour. D'un excellent article paru sur le four Kauffmann, dans le journal
« l'Engrais », nous citons le début qui, en quelques phrases nettes et précises
définit absolument la question :
« L'emploi du four mécanique pour le grillage des pyrites a fait de tels pro-
(< grès qu'il n'est pas téméraire de prévoir qu'il remplacera avant peu le four
« Malétra et autres à travail manuel.
(( Introduit en France depuis quelques années, l'adoption du four mécanique
« fut lente, alors qu'aux Etats-Unis et en Allemagne, il devint rapidement d'un
({ usage presque général ; cela tient surtout à ce que, dans les autres pays, on
« passa outre aux imperfections du début pour ne considérer que l'avantage de la
« suppression presque complète d'un main-d'œuvre nombreuse et toute spéciale.
« Depuis, de notables jperfectionnements ont été apportés aux fours méca-
« niques et les usines françaises, sous l'impression des charges et des respohsabi-
« lîtés que leur crée et leur créeront les lois ouvrières déjà en vigueur ou en
(( préparation, sont amenées maintenant à envisager l'emploi des ces fours comme
u iine obligation qui s'imposera à elles à brève échéance. »
En effet, depuis un certain nombre d'années, plusieurs tentatives ont été faites
pour remplacer les fours de grillage de minerai menu, servis à la main, par dés
fours spéciaux, munis d'organes mécaniques, permettant, par une alimentation
I. Pour la première partie de cet article, voyez R. G. C, 1907, 10, i.
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p. TRUCHOT. - GRILLAGE DE LA PYRITE DE FER ET DE LA BLENDE 55
régulière de pyrite ou de blende, de supprimer complètement le râblage manuel,
tel qu'il se pratique dans les fours à menu, type Malétra, Eichorn, etc., et d'obtenir
cependant une désulfuration aussi parfaite.
La rareté et la cherté de la main d'œuvre aux Etats-Unis avaient fait chercher
depuis longtemps une solution à ce problème, particulièrement dans la métallurgie
du cuivre et du zinc où la désulfuration se faisait jusqu'alors par une chauffe
oxydante au four à réverbère.
Les premiers fours mécaniques furent créés spécialement pour le grillage plus
ou moins complet des minerais pyriteux, destinés à un traitement métallurgique
ultérieur.
Dans ces fours, que nous ne décrirons que succintement, l'acide sulfureux
était, en général, perdu et complètement inutilisé.
Furent ainsi créés :
En 1895 le four Brown (Fig. i, 2, 3), qui n'est qu'un four à réverbère rectan-
gulaire ou en forme de fer à cheval, comme celui construit pour la « Edgar Zinc C* »,
et à Collinsville (Illinois), pour la « Collinsville Zinc C*" »•
cs^ajESB
A>A-J^J.;/M--J.-l'ÂK'A-m
OJ LO QJ
Stctton
Fig. I. — Four Brown (coupe).
— "M^ — "^^ — "M^ — "^^
Le four Brown ordinaire, rectangulaire, est (Fig. i) constitué par un four à
réverbère portant, de chaque grand côté de la sole, une murette. Entre cette
murette et les côtés du four proprement dits, sont fixés deux rails sur lesquels
roulent deux petits chariots portant un bras horizontal, perpendiculaire au grand
axe du four, et muni de plaques métalliques ayant la forme de socs de petites char-
rues.
Ces lames métalliques brassent le minerai étendu sur la sole du four.
Les deux chariots sont mus dans la direction du foyer à l'aide de deux chaînes
sans fin, tournant sur deux couples de roues dentées, placées extérieurement, à chaque
extrémité du four.
Les chariots râbleurs, après avoir parcouru leur trajet à l'intérieur du four, en
brassant le minerai, remontent extérieurement et reviennent, sur deux rails sem-
blables, à l'entrée du four.
Deux plaques de fer mobiles, placées à chaque extrémité, empêchent les entrées
d'air froid tout en permettant aux chariots de pénétrer facilement dans le four.
Le nombre des foyers varie suivant la longueur du four et le type de minerai.
Ordinairement il y en a un groupe de deux, opposés face à face. Lorsque les opé-
rations ultérieures, nécessitent un refroidissement rapide du minerai (comme pour la
chloruration), le sommet du four est converti en un plancher de refroidissement.
Le four de Brown peut aussi être construit de forme ovale ou en fer à cheval,
comme à la « Edgar Zinc C** ». Les chariots râbleurs sont alors mis en mouvement
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56
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
par un câble métallique sans fin, circulant dans un conduit intérieur sur des galets
placés en nombre suffisant.
La largeur de ces fours est de 3 mètres pour les rectangulaires et 2 m. 40 pK>ur
les circulaires ; leur longueur, pour les rectangulaires, varie entre 18 et 36 mètres,
et le diamètre extérieur des circulaires peut être de 15 mètres.
La surface exigée pour le grillage :
I** des minerais silicieux d*une teneur 0.5 à 3.5 % S est de i m^ 20 à i m^ 40;
2"* des mattes contenant 18 à 20 % S est de 4 m^ 20 lorsque leur teneur doit
être abaissée à 4 % de S ;
3** des minerais sulfurés grillés pour la fusion est de 3 m^ 16;
4^ des concentrés de sulfures de fer pour le grillage de 35 à 45 % de Sa
0.50 est de 5 m2 10 à 5 m^ 57.
Fig. 2. — Four Brown (élévation).
Fig. 3. — Four Brown (plan).
Vint peu après le four Kopp, dont la licence fut achetée par la « Lanyon
Zinc et C** ».
Les métallurgistes furent d'abord contraints d'utiliser d'autres fours, en parti-
culier les fours Pearce, Wethey, Zellwger, Davis et Coppeau, parmi lesquels les
trois derniers sont encore utilisés.
Les procès soulevés, aux Etats-LTnis, par les propriétaires du brevet Brown
contre ceux du brevet Kopp, entravèrent pendant un certain temps les recherches
sur ces types de foiirs. Fut alors appliqué, concurremment avec le four
Brown, le four de Briickner. Ce four consiste en un cylindre horizontal en tôle de
fer, garni de briques réfractaires intérieurement et tournant, sur des galets, autour
de son axe, entre un foyer et un conduit de fumées. Le foyer peut être mobile.
Ce four peut contenir plusieurs tonnes de minerai. Le temps de grillage varie,
suivant la nature du minerai, entre 4 et 24 heures.
Four White-Howell (Fig. 4). — Consiste en un long cylindre télescopique en
tôle de fer, fait de plusieurs sections afin de faciliter son transport. Il est légère-
ment incliné sur son axe et tourne sur des galets entre un foyer fixe et le carneau
des gaz.
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p. TRUCHOT. — GRILLAGE DE LA PYRITE DE FER ET DE LA BLENDE 5?
La partie du four, proche du foyer, a un diamètre extérieur plus grand que
l'autre extrémité, mais elle est garnie intérieurement de briques réfractaires de façon
que son diamètre intérieur soit le même que celui de la partie étroite, laquelle est
nue.
^ièi£iii;^ii^êL^
Fig. 4. — Four White Howell.
Des briques faisant saillie et disposées en spirales dans la portion proche du
foyer favorisent l'oxydation en faisant s'élever et retomber le minerai pendant la
rotation.
Dans l'autre partie du four, des chicanes en tôle jouent le même rôle.
Le four est alimenté à la partie supérieure par du minerai pulvérisé, amené
par une vis d'Archimède.
Ce four est assez employé pour la chloruration des minerais d'argent destinés
à l'amalgamation ou à l'épuisement à l'hyposulfite de soude.
Fours mécaniques circulaires. — La majeure partie des fours précédents
avaient pour but principal, en diminuant la teneur en soufre des minerais, de faci-
liter, par cette oxydation, leur traitement métallurgique ultérieur. L'acide sulfureux
produit pendant le grillage était totalement perdu.
Vinrent alors les fours mécaniques circulaires proprement dits, lesquels per-
mirent, tout en supprimant une grande partie de la main-d'œuvre, d'obtenir un
grillage raisonné, des gaz d'une composition constante (avantages sur le four Malé-
tra) et d'utiliser, par suite, l'acide sulfureux produit pour la fabrication de l'acide
sulfurique.
Tous ces fours mécaniques (Mac Dougall, Klepetko, O'Brîen, Herreshoff,
Mayer, Kauffmann) se composent en principe :
1** D'une cuve cylindrique en tôle, doublée de briques réfractaires (parfois
d'une enveloppe calorifuge), et munie d'une série de plaques circulaires en terre
réfractaire, composant les cinq ou six étages du four.
2** D'un arbre central creux, ordinairement, à circulation d'air ou d'eau (Kle-
petko), et portant à chaque étage deux râbloirs pleins ou creux, en fonte, munis
de palettes destinées à remuer la pyrite ou la blende.
3"* D'un système automatique d'alimentation en minerai pour les divers fours
(transporteur, vis d'Archimède, etc.) disposés en batterie.
4** D'un système d'entraînement automatique des résidus grillés.
Ces divers organes ont subi d'assez nombreuses modifications pratiques dans
les fours actuellement connus, les plus intéressantes étant celles du four Kauff-
mann.
Ces fours ont de nombreux avantages :
1** Suppression d'une grande partie de la main-d'œuvre, deux ouvriers pou-
vant diriger 8 fours d'une capacité quo:idienne minimum de 24 à 28 tonnes.
2** Grande régularité de marche et de grillage; la teneur en soufre ne dépen-
dant plus exclusivement des soins apportés par l'ouvrier à son travail.
3** Suppression des entrées d'air irrégulières dues aux râblages intermittents
sur chaque dalle du four Malétra.
4** Suppression complète, pour cercains types de fours (Kauffmann), des pous-
sières et obtention d'un acide, dans les chambres, absolument pur et limpide.
5** Possibilité de griller les poussi»'^res les plus fines grâce à certaines modifi-
cations permettant d'arrêter ces poussières.
6* Inutilité et suppression des tentatives, faites jusqu'ici, d'agglomérer les
Aev. gén, Gh., 1907. 3.
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REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
poussières de pyrite à l'aide de diverses substances (chaux, sulfate ferrique, etc.).
7** Pour certains minerais difficiles à griller, diminution considérable de la
quantité de combustible nécessaire au grillage.
Ainsi, à Butte et à Salt-Lake-City (Etats-Unis), on grille actuellement sans
charbon, dans des fours mécaniques cylindriques, du minerai qui, avec une même
teneur en soufre, dans un foyer isolé, avec un four à flamme, servi à la main ou
mécaniquement, exigeait 15 à 20 % de charbon du poids du minerai.
Ces fours permettent de griller les pyrites de fer et les pyrites cuivreuses,
sans consommation de combustible, comme dans les fours Maletra, sauf celui
nécessaire à la mise en route.
Pour le grillage de la pyrite magnétique ou de la blende, il est nécessaire d'uti-
liser ces fours modifiés et munis d'un système de chauffage quelconque, avec car-
neaux de chauffe intercalés entre les soles. De même, pour ces derniers minerais, il
faut une pulvérisation suffisante pour obtenir un bon grillage. La dimension des
morceaux ne doit pas dépasser i mm. à i mm. 5 de côté.
Fig. 5. — Four Mac Dougall.
Fout Mac Dougall (Fig. 5 et 6). — Les frères Mac Dougall, de Liverpool,
furent les premiers qui créèrent le type de four dont nous venons de donner les
principes.
Des expériences heureuses, concernant le grillage de la pyrite, de la pyrite
magnétique et de la chalcopyrite, mirent ce four en faveur. Malgré cela, le four
Mac Dougall, premier modèle, fut abandonné à cause de la fonte qui s'altérait très
rapidement à la haute température à laquelle elle était portée. L'arbre central était
plein, ainsi que les râbloirs. De nombreuses modifications de ce four naquirent
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p. TRUCHOT. — GRILLAGE DE LA PYRITE DE FER ET DE LA BLENDE 59
alors, entre autres le Wright-Mac Dougall, le four O'Brien, le four Klepetko, le
four Herreshoff, le four Kauffmann, etc.
Ce four est des plus usités aux Etats-Unis, tant pour le grillage métallurgique
des minerais de cuivre (Anaconda Copper C^) que pour celui de la blende ou des
minerais similaires.
Il est formé d'une cuve cylindrique en tôle, doublée de briques réfractaîres.
La figure 5 représente 4 fours semblables accolés dans le but de diminuer les
pertes de chaleur par rayonnement dans le grillage de la pyrrhotite. Cette installa-
tion fut faite à Sault-Sainte-Marie (Canada). Il y a cinq soles de grillage superpo-
sées, les r% 4® et 5* étant munies de carneaux de chauffage. Le four était chauffé
par du gaz à Teau qui, rentrant dans le four par F, arrivait au-dessous du foyer
inférieur et s'enflammait au contact de la paroi chaude E. Les gaz de la combustion
passaient circulairement dans le foyer, allaient ensuite par D dans le carneau de
la 4* sole, de là passaient au-dessous de 'a i" sole et s'échappaient ensuite.
Grâce à des cloisons transversales les gaz chauds sont forcés de circuler régu-
lièrement dans tous les carneaux.
L'air nécessaire à la combustion entre par G. L'air nécessaire au grillage est
introduit par O.
La tôle de fer constituant le four a 6 millimètres d'épaisseur.
Le dispositif de brassage du minerai est formé par un axe central portant des
bras pouvant être changés.
L'installation de Sault-Sainte-Marie comprend un bloc de 4 fours, pouvant
griller 36,3 tonnes de pyrite magnétique par 24 heures.
Les anciens fours Mac Dougall n'avaient que i m. 83 de diamètre, ceux de Her-
reshoff ont 2 m. 85 et ceux de Klepetko 4 m. 37.
Les fours en service à Sault-Sainte-Marie ont 3 m. 25 de hauteur, 3 m. 05 de
diamètre.
Fig. 6. — Four Wrig-ht Mac Dougall.
Fig. 7. — Four Herreshoff.
Four Wright Mac Dougall. — La modification du four Mac Dougall, faite
par M. Wright (F'ig. 6), comporte un refroidissement par Teau, comme dans le
four Klepetko.
Four Herreshoff (Fig. 7). — Le four Herreshoff , qui, comme nous l'avons dit,
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REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
est une modification du four Mac Dougall primitif, est formé, comme celui-ci,
d*une cuve cylindrique en tôle, doublée de briques réfractaires et ayant un arbre
central muni d'un certain nombre de bras horizontaux disposés à angle droit avec
cet axe.
Sur chaque sole de grillage, lesquelles sont au nombre de 5, sont disposés
2 bras creux, en fonte, dans le prolongement l'un de l'autre, et portant des dents incli-
nées de telle façon que sur la sole de grillage supérieure le minerai est entraîné du
centre vers la périphérie, d'où il tombe sur la 2' sole.
Les dents des râbloirs rectangulaires de cette dernière sole sont disposées en
sens inverse, de manière que le minerai, arrivant par la périphérie, soit entraîné
vers le centre, où il tombe par une ouverture anhulaire, ménagée autour de l'arbre,
sur la sole immédiatement inférieure et ainsi de suite.
La surface des ouvertures de passage périphériques et centrales est suffisante
pour permettre aussi aux gaz du grillage de se dégager facilement.
L'arbre central, qui sert d'axe de rotation, a un diamètre de o m. 35. Il est
creux, de façon que l'air puisse le traverser. Le tirage est facilité par une cheminée
placée au-dessus.
Fig. 8. — Four Klepetko.
Fig. 9. — Four O'Brien.
Dans ce four, comme nous le verrons plus loin, le système d'attache des bras è
Taxe rotatif est très défectueux et constitue un des points faibles de ce système.
Chaque bras pèse environ 50 kgs. Il en est fait une assez forte consommation.
Le minerai sulfuré, comme dans toutes ces installations, est amené automati-
quement.
Four Klepetko (Fig. 8). — Le four Klepetko a un volume beaucoup plus
grand que les précédents.
A Butte (Montana), le four Klepetko, primitivement exécuté, avait 8 soles de
grillage. L'axe central était refroidi par l'air et supportait 8 bras massifs venus de
fonte. Les râbloirs devenaient tellement chauds qu'ils se déformaient. Le refroidis-
sement par l'air étant insuffisant, on a installé actuellement le refroidissement
par l'eau. On emploie 90 à 100 litres par minute pour avoir, à la sortie, de l'eau
à 80*» C.
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p. TRUCHOT. — GRILLAGE DE LA PYRITE DE FER ET DE LA BLENDE 61
Le four Klepetko actuel a 6 soles de 4 m. 35 de diamètre et 2 râbloirs à chaque
sole, chaque bras faisant 60 tours par heure.
Les palettes des râbloirs de l'étage supérieur durent 25 à 30 jours; celles de la
6* sole 6 à 8 mois. Les gaz s'échappent du four à la température de 315** C. Pour
une batterie de 6 à 8 fours il faut 3 ouvriers et un surveillant pour 3 batteries
(Butte). A Sait Lake Cy, on emploie pour une batterie de 8 fours, 2 hommes et 2 ai-
des. Le grillage se fait sans charbon. Ces fours produisent de 6 à 8 % de poussière.
Four O'Brien (Fig. 9 et 10). — Ce four, dérivé comme les autres du four
Mac Dougall primitif, présente aussi, comme la plupart d'entre eux, deux types
particuliers : l'un destiné au grillage de la pyrite, de la chalcopyrite et des mine-
rais semblables; l'autre comportant des soles de grillage et des carneaux de
chauffage alternés, pour le grillage de la pyrite magnétique, de la blende et autres
minerais sulfurés plus réfractaires.
Fig. 10. — Four O'Brien
Il est composé, semblablement aux autres fours, d'un cylindre en tôle, dou-
blé de briques réfractaires et muni d'un axe central, portant des bras refroidis par
un courant d'air.
Les bras sont maintenus par une clavette, le changement en pleine marche en
est donc assez difficile.
Les dents de ces râbloirs font progresser le minerai sur les différentes soles,
comme ordinairement, de la périphérie au centre et vice-versa.
Chaque sole de grillage a deux portes situées vis-à-vis l'une de l'autre.
Une échelle formée de tuyaux en fer et supportée par l'enveloppe extérieure
du four permet le refroidissement par l'eau si on le désire. Elle passe près de
chaque série de portes.
L'autre type de four est muni de chambres de chauffe circulaires, destinées A
fournir la chaleur étrangère nécessaire au grillage des minerais réfractaires (blende,
pyrrhotite, etc.).
Il y a un carneau de chauffe sous chacune des trois soles inférieures de grillage.
Entre les briques réfractaires et la îôle de fer extérieure, il y a un garnissage
en substances non conductrices, composé d'environ 30 millimètres d'épaisseur
d'un mélange d'amiante et de magnésie comprimé (85 % de magnésie). Cet isolant
équivaut à une épaisseur de brique de 230 millimètres.
Four Kauffmann (Fig. 11). — Ce four, qui a été fort bien étudié par son
auteur, se compose comme ses congénères d'une cuve en tôle de fer doublée de
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REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
briques, et de 5 soles de grillage en terre réfractaire. Il a 3 m. de diamètre el
3 m. 50 de hauteur.
Le minerai sulfuré pulvérisé est introduit par une trémie de chargement, soit
au moyen d'une vis distributrice, soit au moyen d'une tige possédant un mouve-
ment de va-et-vient obtenu par un excentrique.
Le minerai arrive d'une façon continue et réglable sur la sole supérieure (N* ;)
du four, sur laquelle les deux bras du râbloir, portant des dents inclinées, yenues
de fonte, l'entraînent vers la périphérie d'où il tombe sur la sole de grillage sui-
vante.
F.g. I.
Trénne, d?
charge mehi
^^
Fig. II. — Four Kauffmann.
Sur cette sole, le minerai, grâce aux dents des râbloirs disposées en sens
inverse des précédentes, suit une marche contraire et tombe au centre, dans un
espace annulaire régnant autour de l'arbre de rotation.
Un des progrès marquants réalisé dans ce four est le mode d'attache des
râbloirs avec l'axe central. Ce dispositif est beaucoup plus avantageux et beaucoup
plus pratique que celui adopté dans tous les fours Mac Dougall, Herreshoff, etc.
Dans ce dernier, par exemple, le râbloir repose uniquement sur l'arête a de
l'arbre creux et s'emboîte, grâce à un petit rebord h, dans l'encoche correspondante
(Fig. 12).
Au point de vue du refroidissement des bras cette disposition est évidemment
défectueuse car le contact se réduit à deux points. De plus, le bras travaillant sur-
tout sur ces deux points s'use plus facilement et devient par suite plus fragile,
contrairement au dispositif Kauffmann, où le bras est pris complètement dans
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p. TRUCHOT. — GRILLAGE DE LA PYRITE DE FER ET DE LA BLENDE 63
toute la section de l'arbre, et est maintenu par deux petites encoches (Fig. 13) qui lui
assurent une stabilité parfaite et un refroidissement régulier par suite du contact
intime existant entre les deux parois.
La résistance de la fonte est ainsi considérablement augmentée.
Ce mode d'attache permet un remplacement facile et rapide de ces râbloirs. Un
simple mouvement latéral, suffisant à les dégager des deux encoches, sans que cette
manœuvre amène un refroidissement préjudiciable du four ou de la batterie de
fours et le serrage du bras dans son logement étant déterminé par la rotation,
même de Varhre. Comme nous l'avons dit, le minerai suit une marche alterna-
tivement inverse, du centre à la périphérie. et de la périphérie au centre, pour sortir
enfin de la sole inférieure par un couloir incliné, muni d'un clapet automatique em-
pêchant les rentrées d'air.
Li u u u u u un
Fig. 12 et 13. — Râbloirs et leur mode d'attache.
L'axe central ainsi que les râbloirs sont creux et, contrairement au four Her-
reshoff, l'air, au lieu d'être aspiré par un tirage naturel, y est refoulé au moyen
d'un ventilateur dans la proportion désirée et nécessaire pour refroidir suffisam-
ment l'arbre et les râbloirs et prolonger ainsi d'une manière efficace leur durée,
en empêchant leur sulfuration.
L'air nécessaire au grillage entre sur la sole inférieure par quatre ouvertures
disposées à la surface du four et munies de soupapes réglables. Il se meut en sens
inverse de la marche du minerai, de la périphérie au centre, et sort à une tempéra-
ture moyenne de 250** C.
Un dispositif spécial d'écrans en amiante, placés au-dessus des carneaux péri-
phériques et centraux, permet de supprimer l'entraînement de la plus grande par-
tie des poussières, quoique l'ensemble des fours soit en communication permanente
avec un système quelconque de chambres à poussière.
Par l'emploi de ces fours Kauffmann et de leurs divers dispositifs d'ensemble,
en brûlant 3.000 à 3.500 kgs par four et par 24 heures, on peut obtenir de l'acide sulfu-
rique absolument incolore et limpide, avec une désulfuration aussi parfaite qu'avec les
fours Malétra, (i à 1,5 % de soufre dans les résidus pour des pyrites ne contenant
que peu de soufre inexpugnable).
Le système d'alimentation du minerai pulvérisé (dont les dimensions sont de
5 mm. pour la pyrite de fer ou la pyrite cuivreuse) est variable. Tantôt à l'aide
d'une vis distributrice (Fig. 14), tantôt, pour les minerais un peu plus durs (en
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^4
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
grains de 8 mm.)i à l'aide d'une trémie dont l'ouverture est alternativement
ouverte et fermée par une glissière mue au moyen d'un piston (Fig. 15). Le mou-
vement du piston est obtenu à l'aide l'une manivelle invariable dans son mouve-
Fîg". 14 et 15. — Mécanisme d'alimentation des fours.
ment, la course du piston pouvant être réglée à volonté au moyen d'un appareil
multiplicateur,
La commande du mouvement se fait par la partie supérieure de l'arbre central
Fig. 16. — Installation de grillage de la Erzrostgesellschaft de Cologne.
au moyen d'un engrenage actionné par une vis hélicoïdale, renfermée dans une
boîte en fonte, remplie d'huile, et située au-dessus du four.
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p. TRUCHÔT.— GRILLAGE DE LA PYRITE DE FER ET DE LA BLENDE 65
La force nécessaire minima est de 0,5 H. P. par four.
Deux ouvriers peuvent facilement «surveiller une batterie de 8 à 10 fours.
Chacun de ces fours peut former une batterie de 6, 8, 10 fours, dont les con-
duites de gaz sulfureux se rendent dans un grand carneau général collecteur des
gaz, lui-même en relation avec les chambres à poussière.
Cet arrangement en série de plusieurs fours mécaniques est très pratique.
La surveillance en est très facile en ce qui concerne Talimentation en minerai
et l'expulsion des résidus; pour cela, un homme suffit pour le travail de 10 heures.
La figure 16 représente la disposition excellente qu'a adoptée la « Erzrost-
Gesellschaft », de Cologne, dans le groupement industriel des fours Kauffmann.
La capacité moyenne de ces fours a l'avantage de permettre l'emploi
d'organes mécaniques de moyennes dimensions, plus faciles à manier, moins coû-
teux et comportant moins de sujets de rupture ou d'accident.
De plus l'installation d'un groupe de 6, 8 ou 10 unités donne une plus grande
souplesse de travail que l'emploi de 3 ou 4 unités de capacité supérieure, moins ma-
niables et plus délicates à arrêter, surtout en ce qui touche la marche des chambres de
plomb.
Fig. 17. — Four Meyer.
Four Meyer (Fig. 17). — Le dispositif de cet inventeur consiste à supprimer les
batteries de fours accolés, en groupant les fours en une seule rangée, unis comme
des éléments distincts par des fermetures métalliques qui compensent les dilata-
tions.
Ce système de fermeture est télescopique ; il est utilisé également pour le rac-
cordement des carneaux de circulation des gaz chauds.
Les fours de grillage i (Fig. 17) sont chauffés par un seul foyer, en général
suffisant pour la batterie.
Chaque four séparé est entouré d'\in ouvrage en maçonnerie (3), garni d'une
enveloppe métallique et contient plusieurs soles de grillage (5) étagées les unes au-
dessous des autres. Sous les deux soles inférieures se trouvent deux carneaux d'3
chauffe (4 et 8) qui sont réunis l'un à l'autre, à la fin d'une rangée, par un canal (4).
Un axe central et des râbloirs creux agitent le minerai sur les soles.
Le produit à griller est introduit par les trémies (12), il circule de sole en sole
par les ouvertures (9 et 17) et est expulsé par les sorties (20). Les foyers sont en bas
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66 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
de la partie antérieure des fours (ii-ii). Les gaz de la combustion arrivent dans
les carneaux circulaires (4) lesquels sont réunis par des conduits (13) formés de
parties télescopiques (15-15), scellés à l'intérieur par un produit réfractaire.
Les carneaux (8) sont réunis de même façon.
Les gaz de la combustion s'échappent en (25). Pour le chauffage préalable de
l'air on dispose sur le côté de chaque sole des conduits (21) par où l'air est aspiré,
puis refoulé chaud dans les soles inférieures par les ouvertures (22).
La circulation du minerai dans ces fours est absolument semblable à celle des
fours précédents.
Ce dispositif nous paraît plus compliqué que les autres sans pour cela don-
ner d'avantages marqués en ce qui concerne la marche et l'isolement de chacun de
ces fours.
REVUE ANNUELLE DE PHARMACIE'
Par le D' Ad. GILLOT
Licencié es sciences.
4** Recherches analytiques et toxicologiques.
Le procédé de MM. W. E. Mathewson et J. W. Calvin (i4ni., j6, 113) pour
doser Veau oxygénée, est basé sur la propriété que possède ce corps de se com-
biner avec les composés solubles de Ti pour donner un composé coloré en
jaune foncé. A cet effet, on fait dissoudre 2 gr. de sulfate de ferroammonîum
et on ajoute une solution concentrée de sulfate d'ammonium, un peu d'acide
phosphorique et 5 ce. d'une solution titanique (solution de sulfate de Ti et de
K) comme indicateur. On ajoute ensuite l'eau oxygénée fortement diluée jusqu'à
coloration jaune persistante.
Pour déceler Vozone, MM. Fr. Fischer et H. Marx (B., jq, 2555) se servent
d'un papier imprégné d'une solution de tétraméthyldi-p-diaminodiphénylméthane.
Ce papier réactif devient violet sous l'influence de l'ozone, tandis qu'il prend une
coloration jaune paille avec un composé oxygéné de l'azote et se colore en brun
sale avec un mélange des deux corps précédents. Cet essai doit être fait avec du
papier humide, car les réactions sont différentes avec le papier desséché.
M. A. Desmoulière (/. Pharm. Chim.f [6], 24, 294) signale certaines causes
d'erreur dans le dosage des soufres urinaîres.
D'après M. K. Kuptsche ( }K., 121) la détermination de Vacide sulfureux
dans les vins, consiste à oxyder SO^ au moyen du brome et à doser ensuite
l'acide sulfurique formé. De la différence de la quantité totale de l'acide sulfurique
avant et après l'oxydation, on déduit la quantité de l'acide sulfureux.
Pour doser de petites quantités d'acide sulfurique^ M. G. Bruhns (Fr., 4^,
573), traite le liquide par le chromate de baryum mis en suspension et on ajoute
un peu d'acide chlorhydrique concentré. Au bout d'une 1/2 h. et après agitation,
le liquide coloré en jaune par le chromate dissous est rendu alcalin et filtré. On
ajoute au filtrat de l'iodure de K et de l'HCl et on titre avec le thiosulfate en
présence de l'empois d'amidon. Le nombre de centimètres cubes employé, multi-
plié par 1,78 donne la valeur en mgr. de H^SO^.
La méthode de M. Kempf (B., 7S, 3963) pour doser l'oxygène actif dans les
persulfates, consiste à décomposer l'acide oxalique par le peroxyde d'argent
Ag202 qui se forme quand on mélange des solutions de persulfates et de nitrate
d'Ag entr'elles. Pour cela, on ajoute a une quantité déterminée de persulfate
une solution au i/io d'acide oxalique en excès et de l'acide sulfurique renfer-
mant un peu de Ag^SO* dissous, et après un court chauffage, on titre l'excès
d'acide oxalique par le permanganate.
I. Pour la première partie de cet article, voyez R. G. C 1907, 10, 33.
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Dr GILLOT. — REVUE ANNUELLE DE PHARMACIE 67
Pour déterminer quantitativement Vacide nitrique et les nitrites, MM. J. Mei-
SENHEiMER et Fr. Heim (B., igo^, j8, 3834), mesurent le volunie de bioxyde d'Az
dégagé dans la réaction : HAzO^ + HI = AzO + I + H^Ô. A cet effet, on
emploie un ballon fermé par un bouchon muni d'un entonnoir à robinet, d'un
tube abducteur pour faire passer dans l'appareil un courant de CO^ privé d'air
et d'un tube abducteur qui conduit le gaz dégagé dans un eudiomètre rempli de
lessive de soude. On verse par l'entonnoir de l'iodure de K et de l'HCl, on
chauffe d'abord modérément et à la fin de la réaction on chauffe à l'éb. jusqu'à ce
que le dégagement soit terminé. Pour l'acide nitrique la réaction devient : HAzO"^
+ 3FeC12 + 3HCI = AzO + 3FeCP + 2H20 et l'opération a lieu comme la
précédente.
L^ne autre méthode de dosage des nitrites et des nitrates est celle de
M. BuscH (jB., jç, 1401), qui oxyde les nitrites en nitrates en les chauffant à 70**, avec
l'eau oxygénée, et précipite ensuite l'acide nitrique formé par une solution d'acé-
tate de nitron. Pour évaluer l'acide nitreux en présence de l'acide nitrique, il
dose d'abord l'acide nitreux au moyen du permanganate dans une moitié du
liquide et dans l'autre moitié, après transformation de l'acide nitreux en acide
nitrique par H^O^, on détermine la quantité totale de nitrate par précipitation
avec l'acétate de nitron et par différence on obtient la quantité correspondante de
nitrate.
M. Buisson (/. Fharm. Chim., [6], 24, 289) montre que le procédé de dosage
de l'ammoniaque dans les eaux au moyen du réactif de Nessler est inexact,
parce que l'ammoniaque n'est pas précipitée en totalité et qu'enfin la méthode
colorimétrique ne vaut pas mieux pour la même raison.
M. G. F. Jaubert (C. r., 190^, i^i, 1233) a établi par ses expériences que
l'acétylène réagit énergiquement sur l'acide iodique anhydre et le réduit quantita-
tivement suivant l'équation : I^O^ + C2H2 =12 + 2CO2 4- H20 et il fait remar-
quer avec raison qu'on pourrait être induit en erreur sur la présence de Voxyde
de carbone, dans une atmosphère où l'on aurait fait la recherche de ce gaz
toxique par le procédé Albert-Lévy et Pécoul. Ces derniers, de leur côté (C. r.,
142, 162) ont confirmé les résultas précédents.
D'autre part, MM. A. Gautier et Clausmann (C. r., 142, 485) montrent que
dans un mélange d'azote, ou d'air et d'oxyde de carbone, ou bien d'azote, de gaz
combustibles divers et de CO, on ne peut retrouver la totalité de ce dernier, soit
par explosion en présence d'oxygène, soit par lavage au chlorure cuivreux, mais
qu'il faut alors doser le CO résiduel en le faisant passer à travers un tube à
anhydride iodique chauffé à 70**, ce qui permet une oxydation complète.
Pour mettre en évidence la présence du borax, M. C. Reichard {Pharm.
Ztg., 298) indique une réaction caractéristique qui consiste à humecter un mé-
lange intime de borax et d'a-nitroso-^-naphtol pulvérisés; il se forme, à froid
et immédiatement, une coloration verte intense très stable. Il est vrai que la même
réaction a lieu aussi avec les carbonates et bicarbonates de Na, mais dans des
conditions de temps, de température et de stabilité différentes.
Contrairement aux affirmations de M. A. Gautier, qui emploie le Cuivre
pour activer le dégagement d'hydrogène dans l'appareil de Marsh, MM. Zoltan
et Vancossv (BL, [3], 55, 24) trouvent que le platine produit un dégagement
plus énergique.
M. C. Strzyzowski (Pharm. Post,, jç, 677) indique un procédé simple pour
rechercher Varsenic dans les aliments et dans les liquides pathologiques. Il con-
siste d'abord à détruire la matière organique en chauffant au rouge blanc dans un
creuset de Pt un mélange de i gr. de MgO et 10 ce. du liquide ou 5-10 gr.
des matières à examiner après dessiccation préalable et addition de i ce. d'acide
azotique. On poursuit l'incinération jusqu'à ce que la masse soit complètement
blanche. Ensuite on traite le résidu par l'acide sulfurique et on l'introduit dans
l'appareil de Marsh en avant soin d'ajouter un ce. d'une solution de chlorure
de Pt à I %, d'après l'indication des auteurs précédents.
Des trois procédés indiqués par MM. Ch. E. Clsfari et L. R. A. Suppan
{Pharm. R., iço^, 2j, 334), le 2* est, d'après les auteurs, le plus commode à exé-
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68 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
cuter, pour le dosage de Vanhydride arsénieux. On dissout à chaud l'anhydride
dans une lessive de soude; la solution refroidie est neutralisée avec l'acide sulfu-
rique, on ajoute un excès d'une solution saturée de bicarbonate de soude et on
titre avec l'iode.
Pour déterminer quantitativement Vacide arsénique, M. L. Rosenthaler
(Fr., 45, 596) traite la solution arsenicale par l'iodure de potassium et l'acide
chlorhydrique à 25 % et titre ensuite avec le thiosulfate.
D'après M. Mouneyrat (C t., 142, 1049), si, à une solution très étendue à
I pour 800.000, d'un sel de fer minéral au maximum ou au minimum, on ajoute
un excès d'ammoniaque, et qu'on fasse passer pendant 10-12 min. un courant de
H^S, il se développe une belle coloration verte due à du fer à l'état colloïdal. La
réaction est encore plus sensible, si on ajoute une petite quantité d'albumine;
elle permet de déceler i/i. 000.000 de fer.
Pour doser le fer métallique dans le fer réduit, M. A. Christensen {Fr.,
1905, 44, 535) traite l'échantillon à essayer par le perchlorure de fer à 10 %.
Après un repos de 12 h. et de fréquentes agitations, on acidifie avec l'acide sulfu-
rique à 10 % et on titre par le permanganate
Un autre procédé de M. F. Barmwater (Fr., 1905, 44, 511) consiste à mesu-
rer dans un appareil spécial le volume d'hydrogène mis en liberté dans l'action
de l'acide sulfurique sur le fer réduit.
Pour caractériser le nickeU M. L. Tschugaeff (J5., 1905, jS, 2520), traite la
solution alcalinisée d'un sel de Ni à l'ébullition par l'o-diméthylglyoxime qui donne
un précipité rouge écarlate.
Pour doser le cuivre dans l'eau, M. B. Phelps (Am. Soc, 28, 368), évapore
une quantité déterminée d'eau, dont il sépare le Cu électrolytiquement ; il dissout
ensuite le dépôt anodique dans l'acide sulfurique dilué et après neutralisation, il
détermine, à l'aide du colorimètre, le Cu à l'état de CuS, comparativement avec
des tubes étalons contenant une quantité déterminée de sulfure de cuivre. On peut
ainsi évaluer jusqu'à i/io de mgr.
D'après M. O. Mayer (Pharm. Ztg., 299), pour doser le plomb on précipite
ce dernier à l'état de chromate jaune de Pb avec une solution renfermant
7 gr. 117 de bichromate de K pur fondu par litre d'eau; on ajoute un excès du
réactif et on détermine cet excès par voie iodométrique avec une solution renfer-
mant 36 gr. 006 de thiosulfate en présence de l'empois d'amidon, i ce. de la solu-
tion de thiosulfite correspond à 10 ce. de la solution de bichromate.
Pour rechercher Varient colloïdal dans les tissus et les liquides de l'organisme,
MM. Gompel et V. Henri (C. t., Soc. biolog., 6t, 388) placent une petite quantité de
la matière à essayer desséchée à iio® et broyée sur le charbon inférieur d'un arc et
font ensuite éclater l'arc pendant 3-4 sec, et au moyen du spectrographe, ils obtien-
nent un cliché du spectre ultra-violet de l'arc, dans lequel on retrouve les raies
caractéristiques de l'argent. »
M. A. Seidell (Am. Soc, 28, 73) opère le dosage de l'iodure de mercure dans
les savons médicinaux de la façon suivante : Une prise d'essai du savon est
chauffée dans un vase d'ERLENMEVER avec de l'alcool à q5 % et 3-5 ce. de HCl
conc. ; on ajoute ensuite peu à peu de petites quantités d'eau et on agite jusqu'à
dissolution complète. On précipite le mercure par un courant de H^S et on filtre
dans un creuset de GoocH, en employant une faible aspiration pour éviter le pas-
sage du précipité à travers le filtre. On lave le précipité plusieurs fois à l'alcool,
et la quantité pesée de He^S multipliée par 1,955 donne la quantité de Hg de la
prise d'essai. Le filtrat et les eaux de lavage sont réduits à la moitié du volume
primitif; l'alcool évaporé est remplacé par de l'eau et on filtre pour éliminer les
corps gras. La liqueur additionnée de chloroforme et de quelques gouttes d'acide
nitreux est agitée et l'iode mis en liberté est dissous par agfitation avec du chloro-
forme, dans lequel on titre l'iode au moyen du thiosulfate.
Pour éviter les causes d'erreur dans la destruction des matières organiques,
M. Mouneyrat (C. r., 142, 1572) n'emploie que des réactifs tout à fait purs. Il
dessèche, dans une capsule de Pt à l'étuve à 120-130*, les tissus finement divi-
sés et y ajoute la i/io partie de leur poids d'acide sulfurique purifié par dîstil-
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Dr GILLOT.— REVUE ANNUELLE DE PHARMACIE 69
lation fractionnée. La masse est lessivée à Teau distillée, et le résidu noir non
dissous est de nouveau traité par H^SO^ ; on lessive de nouveau et le charbon
résiduel chauffé au rouge est brûlé avec de TO pur provenant d*une bombe. Le
contenu de la capsule dissous dans HCl purifié est ajouté aux lixiviations anté-
rieures et le liquide ainsi obtenu est employé aux recherches analytiques.
D'après M. Voisenet (Bl., 55, 748) le procédé de recherche de l'a/coo/ m^^fey-
lique dans l'alcool éthylique consiste à traiter par le bichromate de K et l'acide
sulfurique pour oxyder les alcools et à distiller le mélange. On recherche alors
dans la 2* partie du distillât l'aldéhyde formique par le procédé colorimétrique en
traitant par une solution d'albumine et l'acide chlorhydrique décinormal nitreux
qui donne avec le formaldéhyde une coloration violette plus ou moins intense.
Pour caractériser la présence du formaldéhyde dans le lait, M. Agrée (/. bio-
log. Ch., 2, 145), traite une partie de lait dilué de son volume d'eau, par 4 par-
ties d'acide sulfurique concentré renfermant une petite quantité d'un sel de fer;
si le lait a été formolé, il prend une coloration violette.
D'après M. T. E. Wallis (Pharm. /., [4], 22, 162) pour doser le chloral, on
le décompose par la soude à l'ébuUition, on neutralise exactement avec H^SO* et
l'on titre le chlorure de Na avec la solution décinormale de nitrate d'Ag en pré-
sence du chromate de K, comme indicateur.
La propriété que possède V acétone de donner du bromoforme a permis à
M. S. J. M. AuLD (/. Soc. Ch. Ind., 25, 100) de doser ce corps. On hydrolyse le
bromoforme avec une solution alcoolique de potasse et on détermine le bromure de
K ainsi formé par la solution N/io de nitrate d'Ag comme dans le cas précé-
dent.
Pour déterminer de petites quantités d'acétone dans les urines, M. Bluth
(D. Med. Wochenschr., 1906, n** 4) emploie la méthode colorimétrique dans
laquelle, l'acétone traitée par le nitroprussiate de Na, la soude et l'acide acétique,
donne une coloration rouge qui vire au jaune, d'autant plus tardivement que
l'urine contient plus d'acétone. Pour exécuter cette réaction, on procède à la
défécation de l'urine, successivement avec le chlorure de Zn et l'acétate de Pb
et le filtrat alcalinisé avec NaOH, est traité avec une solution de nitroprussiate de
Na et on compte les secondes à partir de ce moment. Le liquide se colore immé-
diatement en rouge; cependant la couleur passe peu à peu à l'orangé, au jaune
vert et au jaune serin. Au moment où la coloration atteint le jaune vert, on lit le
temps écoulé sur le chronomètre et on a le chiffre brut correspondant à l'action
retardatrice simultanée de la créatinine restante et de l'acétone. Pour avoir le
nombre correspondant à celle-ci, on retranche 20 sec. du chiffre brut, et i centigr.
par litre correspond à un retard de i sec. dans le passage du rouge au jaune vert.
Comme réactif des acides des graisses^ M. Gr. Jacobson (C. r. Soc. biolog.,
60, 24) emploie la fuchsine phéniquée de Ziehl (4 à 5 gouttes dans un tube à
essai rempli d'eau phéniquée). Les acides libres gras sont colorés en rouge
intense par ce réactif tandis que les graisses neutres ne se colorent pas.
Uacide pyruvique, d'après M. E. P. Alvarez (G., iço^, J5, [2], 435) donne
avec la solution sulfurique de l'a-naphtol à chaud une coloration orangée et avec
le ^naphtol une coloration bleue, ce qui permet de distinguer ces deux phénols.
Pour vérifier si la glycérine est neutre, M. O. Schmatolla {Pharm. Ztg., 51,
363) procède à l'essai suivant : 5 gouttes de glycérine mélangées avec 5 ce. d'eau
et environ 5 gouttes de phénolphtaléine, sont additionnées d'une goutte d'eau de
chaux. Cette addition doit provoquer une coloration rouge nette stable pendant
quelques minutes si la glycérine est neutre et pure.
Pour la détermination quantitative de la glycérine dans les extraits fluides,
M. E. Weiss (Z. Apotheker-Ver., 279) soumet l'extrait dilué à la défécation à
l'acétate de Pb et le filtrat est traité par une solution d'iodure double de K et de
Bi pour éliminer les alcaloïdes. On chasse ensuite Pb par un courant de FPS,
on concentre par évaporation et le liquide qui en provient est placé dans un appa-
reil de Zeisel pour le dosage du méthoxyle, et on traite par l'acide iodhydrique.
L'iode et l'iodure de propyle qui se dégagent passent dans une solution d'arsé-
niate de Na qui arrête l'iode; l'iodure de propyle est ensuite reçu dans une solu-
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70 REVUE GÉNÉRALE DE- CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
tion de nitrate d'Ag où il se décompose en donnant de Tiodure d'argent que l'on
pèse.
La différenciation de V acide bensoïque obtenu avec le benjoin pajr sublima-
tion d'avec l'acide synthétique provenant du chlorure de benzyle, consiste» d'après
MM. CoRMiMBOEUF et L. Grosman (A. ch. anal., //, 243) à dissoudre à cfc^ud
quelques grammes du produit dans l'eau additionnée de carbonate de soude.
L'acide benzoïque du benjoin dégage une odeur aromatique très agréable (sim
generis), tandis que l'acide de synthèse dégage, dans les mêmes conditions, une
odeur piquante toute différente qui rappelle le persil. Un autre procédé consista
à mettre en évidence le chlore dont est souillé le produit synthétique. Pour cela,
5 gr. d'acide mélangé avec 5 gr. de Na^CO^ pur et sec exempt de chlorures sont
chauffés dans un creuset de Pt jusqu'à combustion complète de la matière orga-
nique; on reprend, après refroidissement, par l'eau distillée chaude, et le filtrat
acidulé avec l'acide nitrique, est traité par le nitrate d'Ag qui donne une réaction
insignifiante avec l'acide du benjoin et une réaction caractéristique et très visible
de AgCl avec l'acide synthétique.
Sachant qu'en faisant agir une solution picriquée sur une solution d'îodure
et d'iodate de K, de l'I est mis en liberté, M. E. Feder (Z. Untersuch. Nah-
rungs-u. G.'MitteL, 12, 216) détermine cet iode par les procédés ordinaires, ce
qui constitue un mode de dosage de Vacide picrique. Un ce. de solution décinor-
male d'hyposulfite correspond à 22 mmgr. 9 d'acide picrique.
Pour déceler la résorcine, M. A. Carobbio {Bol. Chim. Farm., 365) traite la
matière à essayer par une solution saturée de chlorure de Zn en liqueur ammo-
niacale, ce qui donne une coloration bleu foncé; quand il n'y a que des traces
de ce produit, on emploie le procédé de contact par liquides superposés pour
former un anneau. ,
fîn traitant les polyphénols par le bioxyde de Na, et en ajoutant de l'alcool
absolu et ensuite de l'eau froide, on obtient, d'après M. E. P. Alvarez (G.,
190^, j^, [I], 432) des colorations caractéristiques pour les différents phénols.
Pour doser le tanin dans les vins, M. L. Kramszkv {Fr., 190^, 44, 756)
emploie une solution ammoniacale de sulfate de Zn qui précipite complètement
le tanin, et les résultats ainsi obtenus concordent avec ceux que fournit la mé-
thode Neubauer-Lœwenthal, qui donne des chiffres un peu plus élevés, corres-
pondants au tanin et à la matière colorante, tandis que la méthode précédente
ne les précipite pas.
Un autre procédé de dosage du tanin est indiqué par M. Boudet {BL, jj,
760) qui fait réagir pendant 2 h. sur la solution de tanin des quantités mesu-
rées du réactif iodique (Iode, 4 gr., iodure de K, 8 gr. et eau, i.ooo gr.) et dose
l'excès par l'hyposulfite.
M. A. Labat {BL pharm. (Bordeaux), 133), pour doser la pyridine, met
10 ce. du liquide à essayer dans un vase à précipité; il ajoute ensuite goutte à
goutte, de l'eau bromée à N/20 exactement titrée, jusqu'à apparition d'un trouble
jaunâtre persistant au moins 10 sec. On calcule en appliquant l'équation :
iîf = 10 N/36 — 0,50.
Comme réaction d'identité de Vantipyrine, M. Fr. Sperling (Z. Apoth.-Ver.,
51), traite une solution d'antipyrine par l'acide azotique concentré et après for-
mation d'une coloration verte, on ajoute avec précaution une couche de H^SO*
concentré; il se produit alors à la surface de séparation un anneau de coloration
rouge cerise caractéristique, qui n'a pas lieu avec le pyramidon. Ce dernier donne
avec ces réactifs une coloration jaune vineux. Les dérivés de l'antipyrine, comme
la salipyrine, la migrainine, fournissent la même réaction que l'antipyrine.
M. GÉRARD (/. Pharm. Chim., [6], 2j, 476) indique une réaction qui permet
de distinguer la théobromine de la caféine. Elle consiste à ajouter à une solution
alcaline de théobromine de l'ammoniaque et du nitrate d'Ag. ; le liquide se prend
en masse gélatineuse et transparente, ce qui ne se produit pas avec la caféïne.
Pour caractériser la picrotoxine, M. C. Reichard {Ch. Ztg., 109) indique,
comme réactif de choix, le vanadate de soude. En mélangeant celui-ci avec la
picrotoxine et en ajoutant une goutte d'eau, la masse se colore sur les bords faible-
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BIBLIOGRAPHIE 71
ment en jaune; en ajoutant une goutte d'acide sulfurique au résidu desséché, il
se forme une coloration jaune cuir qui, après quelques min. passe au brun, puis
au vert sombre.
M. J. Vamvakas {A. ch. anal. y 11, 161), indique un procédé pour reclier-
cher la saponine dans les boissons mousseuses. On fait bouillir les liquides à
essayer et après refroidissement on les additionne de quelques gouttes du réactif de
Nessler et il se produit un précipité d'autant plus abondant que le liquide est
plus riche en saponine ou extrait de saponaire. Ce précipité présente une couleur
qui varie du jaune vif au jaune orangé et qui, au bout de quelques h., passe du
vert-gris sale au gris de plomb.
M. Dw JONESCU (jB. Pharm. Gesell., 130) montre que Tiodure double de K et
de Bi précipite la presque totalité des alcaloïdes (95 %) et peut servir soit à leur
extraction, soit à leur dosage au moyen de dissolvants appropriés.
En mélangeant de l'acide borique avec un alcaloïde du groupe narcotine,
narcéine, papavérine et en chauffant après avoir humecté le mélange, on obtient
une coloration jaune, tandis que le groupe morphine, codéine, thébaïne, donnent
une coloration verte • dans les mêmes conditions. Cette réaction a permis à
M. C. Reichard {Pharm. Zig,, 817) de différencier ces deux groupes d'alcaloï-
des de V opium.
Cet auteur a, en outre, indiqué une réaction caractéristique de la morphine
{Pharm. Centralhalle, 247). Elle consiste à traiter cet alcaloïde ou son chlorhy-
drate par quelques gouttes de formol sur une soucoupe de porcelaine et à chauffer
légèrement jusqu'à siccité; ensuite, après addition d'une goutte d'une solution de
chlorure de Sn, on chauffe lentement jusqu'à dessiccation et ensuite plus fort; il
se développe une coloration violette intense très stable.
Une réaction analogue a été signalée par C. Mai et C. Rath {Arch. Pharm.,
2^, 300), et a été employée pour la recherche quantitative de la morphine. On
évapore le liquide à essayer et on traite le résidu par le réactif de Marquis (mé-
lange de 2 gouttes de formol à 40 % et 33 ce. de H^SO*) et il se produit une
coloration violette foncée. On n'a plus qu'à placer le liquide dans des tubes à
essais pour comparer avec la coloration de tubes-étalons. La sensibilité de ce pro-
cédé permet de déceler jusqu'à. 0,00003 mgr. de cet alcaloïde.
Mentionnons encore une autre réaction qui a permis à MM. L. Georges et
Gascard (/. Pharm. Chim., [6], 2j, 523) des déterminations quantitatives de la
morphine. On traite le liquide suspect neutre ou légèrement acide avec une solu-
tion d'acide iodique à 5 % et il se forme une coloration jaune ou jaune rougeâtre;
si on ajoute une solution ammoniacale à 10 % en léger excès, la teinte change et
devient d'un jaune brun plus ou moins intense, suivant la teneur en alcaloïde. En
examinant ces colorations au colorimètre de Duboscq, il serait facile, d'après une
échelle de teintes, d'évaluer des quantités de morphine variant de 1/500 à 1/5000
dans le i*"" cas, et au-dessous de 1/2500 dans le 2* cas. ComprLs entre ces limites,
les résultats seraient rigoureusement exacts.
{A suivre.)
BIBLIOGRAPHIE
Les Ions et les Médioations ioniques, par portée, depuis quelques mois, sur la thé-
Stéphane Leduc, professeur à l'Ecole rapeutique ionique et nombreux sont les
de médecine de Nantes, i brochure médecins qui désirent se documenter sur
grand in-8** de 40 pages, de Y « Œu- cette question. La monographie qui vient
vre Médico-Chirurgical ». i fr. 25. de paraître, sous le titre : « Les Ions
Lib. Masson et C**, Paris (1907). et les médications ioniques », comblera
L'attention du monde médical s*est les désirs des praticiens avides de se te-
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72
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
nir au courant de cette branche nouvelle
de l'art de guérir. Le professeur LEDUC,
dont les travaux sur les cellules artifi-
cielles ont fait tant de bruit ces temps
derniers dans le monde savant, y expose
avec sa clarté habituelle, ce qu'on doit
entendre par ions, par dissociation élec-
trolytique, et quelles applications prati-
ques le thérapeute peut tirer de ces
notions si importantes en physiologie cel-
lulaire. — Le docteur LEDUC étudie d'a-
bord la pression osmotique, phénomène
essentiel des processus vitaux, passe en-
suite à la description des ions, de l'élec-
trolyse des tissus vivants et s'arrête lon-
guement aux médications électrolytiques,
chapitre dont l'importance pratique est
de premier ordre. Dans une dernière par-
tie, l'auteur expose le traitement elec-
trolytique des affections cérébrales et
de la neurasthénie, méthode à laquelle
paraît destiné le plus bel avenir.
Devant les ions s'ouvre aujourd'hui
l'immense territoire de la chimie et de
la biologie ; leur étude s'impose à tous
les esprits désireux de ne pas toujours
dormir sur le mol oreiller des connais-
sances anciennes et des enseignements
classiques ; 1' a Œuvre médico-chirurgi-
cal », toujours à l'affût des nouvelles
découvertes médicales, ne pouvait mieux
faire que de consacrer une de ses mono-
graphies à un travail d'une si grande im-
portance scientifique et pratique. — X.
Die Elektrolyse gesohmoizener Saize ;
par Richard LORENZ, professeur d'élec-
trochimie et de chimie physique au
Polytechnikum fédéral de Zurich. 2
vol. in-8® carré de 208 et 250 p. avec
68 fig. Prix : 8 marks chaque. Halle
a. S., lib. Wilhelm Knapp.
Cette monographie qui tait partie de
la collection : a Monographien ùoer ange-
wandte Elektrochemie » envisage la
question de l'électrolyse des sels fondus
au point de vue de la préparation qua-
litative des éléments ; c'est le sujet du
premier volume. L'auteur examine suc-
cessivement les différents composés qui
peuvent se prêter à l'électrolyse pour
l'obtention des métaux et des métalloï-
des. Il commence par les métaux alca-
lins, puis passe aux métaux alcalinoter-
reux et terreux, et termine par les
métaux du groupe du zinc, du cuivre,
les métaux tétravalents, la famille de
l'antimoine, le groupe du fer et les mé-
taux nobles. Un chapitre spécial envisage
les composés du bore, du silicium, du
carbone et de l'azote et du phosphore.
Dans la seconde partie, l'auteur con-
Propriétaire-Gérani : George F. JAUBERT.
LAVAL. — IlfPRIMBRIB L. BARNÉOUD BT C'«.
sidère la question au point de vue de
l'électrochimie systématique. Les gran-
des découvertes des dernières années
ont porté surtout sur les solutions aqueu-
ses alors que les phénomènes concer-
nant l'électrochimie des sels fondus ont
été laissés dans l'oubli. Ceci peut tenir
aux difficultés expérimentales inhérentes
à ce genre de recherches et aux complica-
tions que viennent entraver les essais
tentés dans ce sens. Partant de la loi
Faraday, l'auteur définit les équivalents
électrochimiques, fait la critique des ex-
périences de Faraday et expose les ré-
sultats obtenus par des expérimentateurs
tels que BUNSEN, BORCHERS, etc., puis
compare les phénomènes accompagnant
l'électrolyse des sels fondus avec ceux
que l'on observe dans l'électrolyse des
solutions aqueuses. Il examine ensuite la
forme à donner aux appareils. Une série
de chapitres passent en revue les phéno-
mènes ayant trait à la cathode, la for-
mation des nuages métalliques accom-
pagnant la fusion d'un métal en présence
d'un de ses sels, la coloration des flux
par les métaux dissous, la formation de
l'image latente photographique et la co-
loration des sels par Tes rayons cathodi-
ques, la confirmation de la loi de FARA-
DAY dans l'électrolyse des sels fondus,
l'électrolyse des mélanges.
La deuxième partie de ce volume
traite de la migration des ions et enfin
une étude de Ta conductibilité termine
l'ouvrage.
On peut résumer ce volume en disant
3ue l'idée dominante de l'auteur a été
e résoudre l'importante question de sa-
voir si la loi de FARADAY était applica-
ble aux sels fondus et quelles dérogations
elle pouvait subir. L'auteur était particu-
lièrement bien placé pour écrire un trai-
té de ce genre car ses travaux, aussi
bien que ceux de ses collaborateurs, ont
trait à des questions de cet ordre.
D' A. G.
Ricerce ed Experienze istituite nei poderi
sperlmentali nei iaboratorio dl ohiml-
oa agraria e nell'osservatorlo meteoro-
lOgiOOf sous la direction de N. Passe-
RINI. Un vol. in-8** de 410 p. Florence,
lib. G. Ramella.
Ce volume qui forme un fascicule du
« Bollettino dell' Istituto agrario di
Scandicci » comprend une série de tra-
vaux dûs pour la plupart au professeur
Passer INI et consacres à des questions
agricoles, météorologiques et géologi-
ques.
D' A. G.
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EMILE DUCLAUX
Par Daniel HALÉVY
C'est une vie antique et droite — disons mieux : une race antique et droite. 11 ne
serait point juste, il serait à peine possible de parler d'Emile Duclaux sans dire la
lignée dont il sort, qu'il achève et glorifie. Les Duclaux sont d'Aurillac, en Auver-
gne, braves gens estimés dans leur ville. « Bon comme un Duclaux », disaient les
voisins. Ils s'occupent de négoce, de culture, pratiquent la médecine. Vers la fin
du dix-huitième siècle, l'un d*eux, qui a l'âme brave et singulière, s'éprend des
idées nouvelles: il donne à ses deux fils les noms inusités de Chêne et de Fougère.
La Révolution éclate : les Duclaux sont pour la nation contre les nobles. Les jeunes
gens vont aux armées ; ils sont doués pour la guerre et deviennent officiers.
Le père d'Emile Duclaux naît en 1798, trop tard pour le temps des exploits. Il
essaye en Espagne une entreprise commerciale, mais ses goûts sont ailleurs. Il
voyage, risque sa liberté dans des insurrections, des complots. Il aimerait une vie de
course et d'aventures, s'il n'éprouvait le besoin des montagnes natales. Il revient
au pays. Une femme lui plaît: il l'épouse, achète une charge d'huissier, et voilà
notre don Quichotte errant serré dans une vie étroite. Il a quarante ans quand naît
son premier fils; il discerne très vite la valeur de l'enfant, et concentre sur lui tous
ses rêves. Il l'élève à l'ancienne manière, qui est terrible; il interdit les jeux pour
allonger les heures d'étude; il restreint le temps du sommeil. Il néglige, éloigne ses
autres enfants; il ne s'intéresse qu'au travail d'Emile. Mais cet homme n'est pas un
pédant asservi aux livres : il raconte à son fils les épreuves d'Espagne ; il lui enseigne
l'histoire de la Révolution et des grandes guerres. Il veut en faire un polytechnicien,
un officier dans les armes savantes.
A seize ans, Duclaux égale en savoir les maîtres d'Aurillac ; il faut qu'il termine
à Paris ses études. Le père consent au si crif ice immense. Il décide, ordonne le
départ; maïs il ne supporte pas la rudesse du coup. Frappé d'apoplexie, il dépérit
pendant deux années. Il vit assez pour apprendre le double succès d'Emile, reçu
premier aux deux grandes écoles, Polytechnique et Normale. Puis il s'éteint, sans
avoir dit adieu à son enfant.
Emile Duclaux choisit l'Ecole normale: Pasteur y professait alors. C'était le
premier temps de ses découvertes et de ses polémiques. 11 ne disait pas ses dernières
pensées: c'était un chercheur mystique, un inventeur d'idées avare de paroles. Mais
les jeunes normaliens, ses élèves, entrevoyaient ses buts : la besogne quotidienne,
sèchement indiquée, les attirait comme l'étape sur une route immense. Duclaux, qui
avait l'instinct du dévouement, mit sa vaste intelligence au service de ce maître et le
seconda durant toute sa vie.
Le travail est beau dans ce laboratoire où un homme à l'esprit aigu veut capter,
et capte en effet, une des sources profondes du monde animé. Pasteur et ses élèves
ne perdent pas de vue les fins humaines de la science. Comment le pourraient-ils ? Ils
travaillent sur la vie, et la vie les réclame. De toutes parts, on les appelle. Voici les
vignerons français, dont la richesse est diminuée par les altérations du vin : Pasteur
et ses élèves vont s'établir en pays vignoble, installent un laboratoire dans une salle
d'auberge. Point de gaz, raconte Duclaux : on chauffe les cornues avec des charbons
dont on active le feu à coups d'éventail. Point d'eau: (c C'était nous, écrit-il, qui
allions, comme Rébecca, la chercher à la fontaine publique, ou, comme Nausicaa,
laver nos ustensiles à la rivière... » Ces hommes cherchent, et bientôt ils trouvent:
ils savent guérir les maladies du vin. Autre campagne: une maladie des vers à soie
ruine les éleveurs de la vallée du Rhône. En 1867, Pasteur est appelé. Il fait signe à
Duclaux, alors professeur à Clermont-Ferrand, et va s'établir avec lui dans la région
menacée. Duclaux n'était jamais si heureux que dirigé, surveillé par son maître,
i.La Vie d'Emile Duclaux, par Mme Emile Duclaux (Mary Robinson).(Ce livre n*est pas dans
le commerce ; extrait du journal Le Temps.)
BEVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE. — 4* LIVRAISON^ — FEVRIER I9O7. 4
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74 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
dans la paix amicale d'un laboratoire. Il raconte ses souvenirs en une page toute
empreinte d'un beau sentiment monastique :
« Des ombrages, de Teau, une orangerie qui faisait un admirable laboratoire, des
magnaneries pour les expériences pratiques, des mûriers dans la propriété, une maison
d'habitation vaste, propre et commode, où on faisait ménage en commun : tout cela a
bien contribué au succès des études, à l'entrain et à la bonne santé des travailleurs
et de leur chef. Je ne crois pas qu'il y ait jamais eu, réunie autour d'un chef, une
communauté plus unie et plus laborieuse. Nous n'étions pas, cela va sans dire, la
pensée qui imaginait, car M. Pasteur était encore, à cette époque, un travailleur
secret, gardant pour lui ses idées et ses projets. Mais on les devinait, ou l'on croyait
les deviner, et cela suffisait pour donner du piquant et de l'intérêt aux milliers d'ob-
servations microscopiques qui nous prenaient nos journées. Et les expériences 1 Et
la surveillance des éducations d'essai 1 Et les préoccupations au sujet de l'interven-
tion constante des souris, qui préféraient les vers à soie aux plus succulents appâts I
Et la cueillette fiévreuse du mûrier, quand la pluie était menaçante. Tout le monde
s'y mettait: Mme Pasteur, ses enfants, les préparateurs, les magnanarelles, tout le
monde, même le revêche jardinier, qui n'avait pas tardé à être avec nous contre lui-
même, et à travailler aussi pour son pays.».
Enfin, les savants trouvent la cause du mal et son remède : ils partent, laissant
une industrie sauvée. Au printemps de 187 1, Pasteur quitte Paris, chassé par la
Commune. Il va rejoindre à Clermont-Ferrand « son cher Duclaux », et s'installe
dans sa maison même. Les vers à soie ont leur petite chambre, et les deux hommes
reprennent leur vie laborieuse. Dès lors, ils ont commencé l'étude des fermentations
pathologiques, où le maître, guidé par son instinct génial, ira de victoire en victoire.
«
Les idées, les travaux ne composent pas toute la vie d'un homme. Duclaux avait
choisi, dès l'Ecole normale, celle qui devait être sa femme: une fille du physicien
Briot. En 1872, il se marie. Ne citons pas, mentionnons à peine les pages émou-
vantes où Mme Duclaux raconte le court bonheur de celui dont elle écrit la vie. Elle
la raconte à ceux qui le connurent, ou crurent le connaître, non pas à tous : il est juste
que le silence entoure les joies et les souffrances que cette âme un peu rude n'aimait
pas à montrer. Et pourtant, il faut dire que Duclaux les a ressenties. Il ne travaillerait
pas avec cette passion, s'il n'avait un cœur si ardent. Le savoir abstrait vaut-il qu'on
se dévoue ? Sans doute, puisqu'il a des amants. Mais Duclaux était d'une autre
sorte. Fils d'une race active, il connaissait les hommes et travaillait pour eux. N'in-
sistons pas sur ces émotions profondes: elles sont à l'origine de tout labeur humain
et veulent être secrètes.
Ne disons que les dates: en 1880, il perd sa femme, enlevée par l'infection puer-
pérale, au lendemain de ses couches; dix mois ensuite il perd l'enfant, et reste seul,
frappé par cette mort que la science nouvelle combat, la mort injuste des êtres jeunes.
Il occupe sa vie dévastée. Il poursuit son travail avec une ardeur presque vindicative.
Trop longtemps, les hommes ont supporté leurs maux en adressant au ciel des sup-
plications et prières trop vaines: « La science, elle aussi, est une prière, écrit
Duclaux, mais active et impersonnelle. » En 1882, il publie son premier livre, F^r-
ments et maladies, qu'il dédie à la mémoire de sa femme. C'est le premier exjxxsé
général de la doctrine pastorienne. L'ouvrage fait impression, le public s'intéresse,
mais les médecins, que Duclaux veut atteindre et convertir, résistent. Il s'irrite con-
tre ces praticiens qui sacrifient des vies à la paresse d'apprendre. Il remanie son
œuvre, et trois années après, donne sur le même sujet un livre de polémique plus
âpre.
« Je rédige en ce moment, écrit-il, un précis en douze chants, de microbiologie
avec ses applications à la médecine et à l'hygiène... Je voudrais faire du tout une
balle, parce qu'il n'y a que les balles à faire des trous... Quand je lis une de ces dis-
cussions byzantines de l'Académie de médecine, je me demande toujours si les ora-
teurs ne veulent pas apprendre ou s'ils ne peuvent pas comprendre. Je m'atta-
che à faire assez clair pour les plus bornés, assez court pour les plus occupés. Nous
verrons bien s'ils veulent lire. »
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D. HALÉVY. - EMILE DUCLAUX .75
* *
Chaque été, Duclaux allait se reposer quelques semaines dans ses montagnes*
Il les aimait d'un amour paysan, fort comme un besoin vital, et, toujours labo-
rieux, il établissait une station laitière dans sa maison du Fau, et il analysait les fer-
mentations du fromage et du lait. Ses travaux ont modifié une grande industrie ;
ils ont enrichi le Cantal — et ceci, plus que cela peut-être, satisfit Tâme auvergnate
de Duclaux. Il s'employait aussi à propager les découvertes de Pasteur : il enseignait
aux paysans à vacciner leur bétail contre la maladie du charbon. La terre française
lui doit un autre service: par son conseil, les sables qui entourent Aigues-Mortes
ont été convertis en un vignoble immense. Quel utile labeur f Nos écrits, nos con-
versations, nos pensées mêmes, sont encombrés par la dispute des ouvriers manuels
et des capitalistes qui prétendent avoir droit aux richesses parce qu'ils les ont créées.
Mais les savants, qui s'oublient eux-mêmes, on les oublie. Eux, pourtant, eux seuls, .
sans qu'une idée de lucre ou de puissance les effleure, ont créé la richesse du monde
moderne. — Quand Duclaux, au sortir de l'Ecole normale, choisit de rester près de
Pasteur, on lui offrit (logé, nourri.) 47 fr. 50 par mois : les gages d'un mauvais
domestique.
L'originalité d'Einile Duclaux ne nous est pas encore très nettement apparue-
Il est le lieutenant de Pasteur, un bon serviteur de la science plutôt qu'un homme
marqué de vraie grandeur. Il a choisi de travailler au service d'un inventeur génial :
il est naturel qu'il reste un peu dans l'ombre, et longtemps effacé. Mais de cette
ombre il va sortir.
En 1886, la France offre à Pasteur son institut. Le maître était alors brisé par
les attaques qui depuis vingt ans le frappaient. (( Hélas ! disait-il, j'ai la poignante
mélancolie d'y entrer comme un homme vaincu du temps ! » Et le vieillard paralysé
contemplait avec des yeux pleins de larmes ces laboratoires où ses doigts raidis ne
s'emploieraient jamais, ce peuple de jeunes travailleurs qui, devant lui, sans lui, con-
tinuaient son œuvre.
Il fallut trouver un nouveau chef. Duclaux fut désigné par un consentement
unanime. Il connaissait la microbiologie d'une manière intime, et comme person-
nelle. Il avait vécu les trente années de sa rapide genèse. Point de recherche qu'il
n'eût suivie, entreprise ou conçue ; son vaste esprit retenait tous les faits, imaginait
les liens cachés, les lois secrètes: il était l'intendant nécessaire de ce monde nou-
veau. Et surtout il possédait cette qualité essentielle d'un chef d'études, et qui man-
quait à Pasteur : il aimait le travail des autres, les humbles tâtonnements de ses
élèves aussi profondément que les intuitions rapides de son maître. Duclaux avait
l'apparence d'un montagnard très rude: ce n'était qu'apparence. Son visage maigre
et terreux, haché de rides énergiques, intimidait d'abord les jeunes gens. Son ma-
gnifique regard, d'un bleu sombre et changeant, où passaient toutes les nuances de
la bonté, semblait attendre et favoriser leurs aveux. Sa parole était charmante, brus-
que et pittoresque, relevée d'un léger accent languedocien ; une flamme méridionale
animait sa voix et couvait dans le fond de son âme.
Duclaux, dans son cabinet directorial, fut un maître. Il avait toujours eu en lui-
même le désir et l'instinct, autour de lui l'exemple de la cordialité et de l'harmonie.
L'étroit cabinet, provincial où il étudiait aux côtés de son père; l'Ecole normale;
le laboratoire de Pasteur; la savante famille du physicien Briot — tels avaient été
les entours de sa vie. Toujours le travail et la communauté: il n'avait pas d'autres
souvenirs, pas d'autres impressions. La mort avait détruit son bonheur intime:
l'institut Pasteur lui fut un refuge, et presque un nouveau foyer. Il y retrouva beau-
coup d'amis, Chamberland, Nocard; il y connut, et très vite affectionna un savant
homme plein de fougue et d'idées, venu d'Odessa pour travailler en France, le doc-
teur Metchnikoff; enfin, il eut la joie de collaborer avec le jeune docteur Roux,
dont il avait dirigé les premiers essais, en 1872, à Clermont-Ferrand.
« Duclaux ne le louait jamais et prenait quelque malin plaisir à l'éprouver, écrit
Mme Duclaux. La première tâche qu'il lui donne était d'analyser une pincée d'un
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^6 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
sel: « Qu'est-ce, mon ami ? » Et Texpérience faite, le jeune homme répond:
« Monsieur, je pense que c'est du sulfate de cuivre. — Ah 1 vous le pensez, vrai-
ment ? Eh bien, il faut recommencer. » Au bout de quelques heures, l'élève
revient : « Monsieur, je crois que c'est du sulfate de cuivre. — Recommencez, mon
ami ! » Mais la troisième fois, le voilà, dont les yeux pétillent d'indignation. .Et la
voix un peu vibrante, notre jeune homme affirme : « Monsieur, c'est du sulfate de
cuivre ! — En effet, mon ami, répond Duclaux. Mais voyez-vous, en chimie, il ne
faut ni croire ni penser, il faut savoir. » Emile Roux ne devait pas oublier cette
première leçon. »
Duclaux fonda les Annales de l'institut Pasteur, où les jeunes savants publiè-
rent leurs travaux: sa bourse fit les premiers frais. Il organisa, dans l'institut même,
une table d'hôte primitive et gaie, le Microbe d'Or : son traitement y passa. Les dons
affluaient entre ses mains. D'Europe, d'Amérique, les élèves s'empressaient.
Bientôt, non content de l'œuvre accomplie, Duclaux rêva « d'un second institut,
dressé en face de l'autre », écrit Mme Duclaux, « où l'on ferait de la brasserie
expérimentale pour venir en aide aux industries agricoles ; où l'on étudierait en même
temps les fermentations malsaines du corps humain dans un hôpital ouvert aux
maladies contagieuses: « Une chose énorme, et même difforme... », disait-il en
souriant. »
L'instinct public a vite deviné la singulière grandeur de cet établissement qui
n'a pas de modèle dans l'histoire. C'est une école, c'est un atelier; c'est surtout
une vaste coopérative de travail. Aujourd'hui, le maître et l'élève qui l'ont fondée
sont morts. Nous connaissons leurs vies et notre esprit discerne la double em-
preinte qu'ils ont laissée. La science qu'on étudie à l'institut Pasteur, c'est la science
de Pasteur; mais l'esprit de la maison, c'est l'esprit de Duclaux.
La vie de ce chimiste est tout inclinée vers l'action: elle s'achève dans l'action.
En 1898, Emile Duclaux fut un « dreyfusard » notable. Il s'improvisa journaliste,
orateur : cela est d'hier, on le sait. Il renonça délibérément au travail de laboratoire.
« J'ai essayé de mener de front la vie d'affaires et la vie de recherches, écrit-il à celle
qui allait bientôt être sa femme. Etant condamné à la première, il faut que je renonce
à la seconde. Alors je me suis dit: Puisqu'il faut vivre à l'extérieur, vivons-y aussi
fortement que possible ! » Il ne s'agissait pas ici de politique. Duclaux méprisait de
très haut les divers partis. Il resta ce qu'il avait constamment été, un professeur,
mais devint un professeur populaire. A l'Ecole des hautes études sociales, à l'Insti-
tut de psychologie, dans tous les faubourgs de Paris, il enseignait la discipline de la
pensée, la méthode et la doctrine de Pasteur, — car il servait toujours sa science
bien-aimée. Il continuait auprès des foules la propagande qu'il avait jadis commen-
cée auprès des lettrés et des médecins.
La biologie travaille pour les hommes, mais elle a besoin que les hommes la com-
prennent et l'aident. Pour eux, sans eux, elle ne peut rien. Elle les fournit de mé-
thodes et d'outils : si les ouvriers manquent, son œuvre est vaine. Les conférences
sur l'hygiène sociale, que Duclaux publie en 1902, forment un livre très beau,
dont l'intérêt excède infiniment les promesses du titre. Duclaux parle au nom des
pastoriens : (c Voici quels ont été nos travaux, dit-il ; contre la fièvre typhoïde, la
variole, la tuberculose, voici les mesures que nous proposons. Nous les proposons :
nous ne pouvons rien de plus. C'est de votre vie intime qu'il s'agit. Les commis-
sions d'hygiène, les règlements administratifs, l'autorité des préfets et des maires ne
réussiront pas contre votre inertie : comprenez, agissez... Si vous êtes incapables d'ac-
tion, notre aide est nulle... »
Hélas 1 l'humanité est une lourde masse, qui use les plus vaillants. Duclaux
fut épuisé par cette propagande. Il prodiguait ses forces avec une générosité inouïe.
En 1902, il accepta une tâche nouvelle: il présida l'Institut de psychologie, fondé
pour l'étude des sciences psychiques. Duclaux aimait ces recherches. Il voulait tenir
libres tous les domaines de l'esprit, toutes les espérances du cœur. Il était, comme
Pasteur, un spîritualîste.
Un soir, dans la s^^lle chaude et malsaine d'un comité, Duclaux fut frappé par
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E. METCHNIKOFF. — QUELQUES REMARQUES SUR LE LAIT AIGRI 77
Tapoplexie. Il eut quelques mois de survie, reprit ses études chimiques, étudia en
Auvergne l'hydrographie souterraine: il avait grand souci de la mauvaise eau que
boivent les paysans du Cantal, dans un pays riche en belles sources, et voulait
leur donner des indications très simples contre cette négligence qui les décime. « Le
soir du 2 mai, écrit la compagne de ses derniers jours, comme Duclaux lisait son
journal au coin du feu, vers neuf heures, il poussa tout à coup un long soupir. Il
était devenu mortellement pâle. Je sonnai vivement en appelant au secours. Mais
Emile soupirait si doucement, si bas, et déjà de si loin : <( Pas pour moi 1 » Ce furent
ses dernières paroles. Et ceux qui veulent voir, dans les derniers mots d'un homme,
le résumé de toute sa vie, peuvent trouver là, je pense, l'expression d'une âme qui ne
voulait en effet jamais rien pour elle-même, qui savait agir avec d'autres et souffrir
toute seule — l'âme la plus modeste, la plus désintéressée, et une des plus justes de
ce temps. )>
Quelques remarques sur le Lait aigri
Par le Professeur Eue METCHNIKOFF
L'homme vient au monde avec des intestins remplis de matières, mais ne conte-
nant pas encore de microbes. Ceux-ci cependant ne tardent pas à apparaître, profitant
de ce que le méconium, ce contenu intestinal des nouveaux-nés, composé de bile et d'é-
léments de la muqueuse intestinale desquamée, est pour eux un excellent milieu de
culture. Dès les premières heures après la naissance, les microbes pénètrent dans les
intestins avec de l'air et aussi par l'ouverture de l'anus. Dans la première journée,
avant que l'enfant ait pris une nourriture quelconque, on trouve dans le méconium
une flore variée, composée de plusieurs espèces de microbes. Sous l'influence du
lait de femme, cette flore se réduit de beaucoup et se présente composée en majelire
partie par un microbe particulier, découvert par M. Tissier et baptisé du nom de
hacillus bifidus.
La nourriture influe donc sur les microbes intestinaux. Chez l'enfant nourri
avec du lait de vache, elle est beaucoup plus riche en espèces que chez l'enfant
nourri au sein. Plus tard aussi la flore varie avec la nourriture, ainsi qu'il a été cons-
taté par MM. Macfadyen, Nencki et Mme Sieber chez une femme à fistule intes-
tinale.
Cette dépendance des microbes intestinaux par rapport à la nourriture permet
de tenter des mesures pour modifier notre flore et pour remplacer les microbes nuisi-
bles par des microbes utiles. Malheureusement, nos connaissances actuelles de la
flore intestinale sont encore très imparfaites, à cause de l'impossibilité de trouver
des milieux artificiels pour leur culture. Cette circonstance rend la tâche plus dif-
ficile, mais n'empêche pas de chercher la solution rationnelle du problème.
L'homme, même à l'état sauvage, prépare sa nourriture avant de la consom-
mer. 11 soumet à l'action du feu beaucoup de ses aliments, ce qui diminue notable-
ment leur teneur en microbes. C'est surtout avec les aliments crus que ceux-ci
pénètrent dans le tube digestif, de sorte que, pour diminuer l'abondance de la flore
intestinale, il est utile de ne mangfer que des aliments cuits et de ne boire que des
boissons préalablement bouillies. Dans ces conditions, on ne détruit pas tous les
microbes de nos aliments, car certains d'entre eux résistent à la température de
cent degrés, mais on en tue toujours la grande majorité.
On a quelquefois émis l'opinion que les aliments cuits ou complètement stérili-
sés (c'est-à-dire soumis à 120-140 degrés) sont nuisibles à l'organisme et que beau-
coup d'entre eux sont dans cet état mal digérés. En se plaçant à ce point de vue, on a
fait campagne contre l'alimentation des nourrissons avec du lait stérilisé ou
même simplement bouilli. Bien que dans certains cas le lait stérilisé soit mal
supporté par l'organisme des enfants, il ne peut pas être mis en doute que le lait
bouilli et la nourriture cuite sont en général bien supportés. Dans ce sens plaide
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78 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
l'exemple d'enfants nombreux élevés avec du lait de vache soigneusement bouilli
et celui des voyageurs dans les régions glaciales. Je tiens de M. Charcot ce fait,
que, lors de son voyage dans les régions antarctiques, lui et ses compagnons ne
se nourrissaient qu'avec des aliments stérilisés sous forme de conserves, ou bien
avec de la nourriture cuite, telle que viande de phoques et de pingouins. N'ayant ni
légumes, ni fruits crus, ils n'ont mangé, comme crudités, qu'un peu de fromage.
Eh bien, dans ces conditions d'alimentation, tout le personnel de l'expédition s*est
très bien porté et surtout il ne s'est produit aucune maladie du tube digestif, et cela
dans l'espace de seize mois.
Il va de soi que l'abstention d'aliments crus qui réduit dans une forte propor-
tion l'arrivée de nouveaux microbes, n'amène guère la disparition de la flore intesti-
nale préexistante. Il est donc nécessaire de compter avec elle et de parer au mal
qu'elle est capable de produire, en affaiblissant nos organes et nos éléments nobles.
Puisque dans cette flore ce sont surtout les microbes qui provoquent la putréfaction
du contenu intestinal et ses fermentations nuisibles, parmi lesquelles la fermentation
butyrique occupe une place prépondérante, c'est contre ces altérations des substances
organiques qu'il faut diriger la lutte.
Bien avant que la science des microbes fût créée, l'humanité a dû déjà se préoc-
cuper des moyens d'empêcher la putréfaction. Les aliments, surtout lorsqu'ils se
trouvent dans un endroit chaud et dans une atmosphère humide, ne tardent pas à
pourrir et partant à devenir mauvais au goût et nuisibles à la santé. Qui ne connaît
des exemples d'empoisonnement avec de la viande ou avec d'autres aliments putré-
fiés ? L'explorateur dans l'Afrique Centrale, Foa ^ raconte le fait suivant. Affa-
més pendant le voyage, lui et ses hommes tombèrent sur un éléphant en pleine
putréfaction. Les nègres se précipitèrent pour entamer la charogne, mais Foa les
en dissuada, leur expliquant que de manger de la chair dans cet état équivalait à un
empoisonnement. Tous n'écoutèrent pas ce conseil, et trois nègres ayant coupé des
morceaux de l'éléphant, les avalèrent sans prendre le temps de les cuire complète-
ment. Aussi tous les trois moururent peu de jours après, avec le cou et la gorge
enflés, avec la langue presque paralysée et le ventre ballonné.
* Dans un autre cas, c'est le saucisson préparé avec de la viande de cheval dété-
riorée qui a occasionné à Rohrsdorf (en Prusse) une épidémie en 1885 ^* Environ
quarante personnes tombèrent malades après avoir mangé de ce saucisson qui, au
dire des témoins, avait une couleur verdâtre, sentait mauvais et était d'aspect nau-
séabond. Une personne mourut à la suite de ce repas, tandis que les autres se tirèrent
d'affaire avec des symptômes cholérif ormes.
Il est vrai que tout aliment pourri ne produit pas le même effet. Ainsi,
MM. TissiER et Martelly ^, après avoir consommé de la viande entièrement
pourrie, n'en ont éprouvé aucun trouble gastrique.
Les expériences sur des animaux, nourris avec de la viande putréfiée, ont aussi
donné des résultats variés. Tandis que les uns la consommaient sans aucun effet
nuisible, d'autres étaient pris de vomissements et manifestaient une telle répu-
gnance qu'il a été impossible de continuer l'expérience.
Non seulement la viande et les autres produits animaux, mais aussi les végé-
taux subissent la putréfaction et des fermentations anormales (fermentation butyri-
que), qui rendent leur consommation dangereuse. On a vu beaucoup d'accidents
chez l'homme à la suite des conserves avariées. Les végétaux, conservés dans des
silos pour l'alimentation du bétail, se détériorent quelquefois. « Si, par exemple,
quelques jours pluvieux succèdent à des journées ensoleillées et surprennent le
fourrage à demi ressuvé, ou entièrement ressuvé, on n'obtient alors qu'un ensilage
détestable, à odeur butyrique, nauséabond, dont les animaux ne veulent même pas ».
Quelquefois le fourrage en silo noircit et prend une odeur particulière. « Les ani-
maux ne l'acceptent qu'à défaut d'autres aliments; leurs déjections deviennent abso-
lument noires ef, sous l'influence de cette alimentation prolongée, ils dépérissent
d'une manière très sensible » *.
1. Du Cap au lac Nyassa, Paris, 1897, P- 291-294.
2. Gaffky et Paak, dans Arbeiten d. k, Gesundheitsamtes, vol. VI, li'go.
3. Annales de r Institut Pasteur j 1903
4. CoRMouLS-HouLès, Vingt-sept années d'agriculture pratique, Paris, 1899, p. 57-58.
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E. METCHNIKOFF. — QUELQUES REMARQUES SUR LE LAIT AIGRI 79
Dans la recherche des moyens pour conserver les produits animaux et végétaux
et les empêcher d'entrer en putréfaction, l'esprit populaire a reconnu depuis long-
temps l'utilité des acides. C'est avec du vinaigre que l'on <( marine » les viandes de
toutes sortes, des poissons et des végétaux. Grâce à son acide acétique, œuvre de
microbes particuliers, le vinaigre préserve ces produits contre la putréfaction. Lors-
que les matières à conserver peuvent elles-mêmes donner des acides, il est inutile de
leur ajouter de l'acide tout préparé. Comme les acides se produisent aux dépens des
sucres, les aliments qui contiennent ces substances devienent facilement acides, ce
qui les préserve contre la putréfaction. Voici pourquoi des produits animaux, tels
que le lait, ou des végétaux riches en sucre s'acidifient spontanément et deviennent
capables de se conserver. Le lait aigrit et se transforme en toutes sortes de fromages
qui se conservent plus ou moins longtemps. Beaucoup de végétaux subissent aussi
une transformation acide et peuvent être conservés sans difficulté. C'est ainsi que
les choux deviennent « choucroute », les betteraves et les concombres se transfor-
ment en betteraves et concombres acides. Dans plusieurs pays, comme par exemple
en Russie, la consommation des végétaux ayant subi une transformation acide a
acquis une très grande importance pour l'alimentation du peuple. A défaut de fruits
et de légumes frais pendant la longue saison froide, on consomme des quantités
de concombres, de pastèques, de pommes et d'autres fruits, soumis à une fermenta-
tion acide, pendant laquelle c'est l'acide lactique qui constitue le principal produit.
En été, c'est le lait qui s'acidifie facilement et qui donne plusieurs produits, riches
en acide lactique. Comme boisson, c'est le « kwass » qui joue le principal rôle.
Préparé surtout avec du pain noir, il subit, à côté de la fermentation alcoolique, une
fermentation acide, dans laquelle c'est encore l'acide lactique qui prédomine.
Le pain de seigle, qui constitue la principale nourriture populaire, est également
un produit des fermentations, parmi lesquelles la fermentation lactique occupe une
place importante. Mais non seulement le pain de seigle, mais le pain en général
subit une fermentation dans laquelle une partie de sucre est transformée en acide
lactique.
Le lait aigri, grâce à son acide lactique, est capable même d'empêcher la putré-
faction des viandes. Ainsi, dans certains pays, conserve-t-on la viande dans le
petit lait acide, car ce mode de conservation préserve de toute putréfaction.
La fermentation lactique joue également un rôle important dans la préparation
de la nourriture des bestiaux. C'est elle surtout qui empêche la putréfaction des végé-
taux ensilés et qui partant sert à leur conservation.
Cette même fermentation est généralement employée dans la distillerie afin
de prévenir les fermentations nuisibles des moûts servant à la fabrication de
l'alcool.
Ce bref aperçu suffit déjà pour indiquer l'immense importance de la fermen-
tation lactique, comme moyen d'empêcher les putréfactions et la fermentation buty-
rique ; toutes deux nuisibles à la conservation des produits organiques et capables
de provoquer des troubles dans l'organisme.
Puisque la fermentation lactique est un si excellent moyen pour empêcher les
putréfactions en général, pourquoi n'entraverait-elle pas aussi la putréffirtion dans
le tube digestif ?
On a remarqué depuis longtemps que la putréfaction et la fermentation butyri-
que sont empêchées grâce à la présence des sucres. Si la viande conservée sans
précautions ne tarde pas à pourrir, tandis que le lait, placé exactement dans les
mêmes conditions, ne pourrit pas mais devient aigre, cela tient à ce que la viande
est pauvre en sucre, tandis que le lait en est richement doté. Seulement, lorsqu'on
a voulu expliquer ce fait fondamental par des raisons scientifiques, on s'est d'abord
heurté à des difficultés. Il a été bien établi que le sucre lui-même n'est guère capa-
ble d'empêcher la putréfaction... Aussi le lait, riche en sucre de lait ou lactose, peut
bien, dans des conditions particulières, entrer en putréfaction. Le sucre préserve les
matières organiques de la pourriture, g^râce à la fermentation lactique qu'il subit
si facilement. Cette fermentation est l'œuvre de microbes, dévoilés pour la pre-
mière fois par Pasteur, il v aura bientôt cinquante ans. Et c'est précisément cette
grande découverte qui a établi le rôle des microbes dans les fermentations et qui a
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8o REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
créé la microbiologie, cette science si riche en données théoriques et en applications
pratiques.
Nous n'avons pas besoin de nous arrêter ici sur cette thèse que l'action anti-
putride de la fermentation lactique est basée sur la production par les microbes de
l'acide lactique, car elle a été suffisamment développée dans le dixième chapitre
des « Études sur la Nature Humaine ». Il suffit de neutraliser l'acide pour que
les matières organiques, malgré la présence de microbes lactiques, entrent aussitôt
en putréfaction. Ce qui nous intéresse surtout, c'est la question de savoir si la fer-
mentation lactique est réellement capable d'entraver les putréfactions intestinales.
Dans ce but il a été exécuté plusieurs expériences, dont quelques-unes méritent
d'être envisagées de plus près. Le D*" Herter ^ à New-York introduisait à une
série de chiens des quantités de différents microbes qu'il injectait directement dans
l'intestin grêle. Pour juger de leur rôle sur la putréfaction intestinale, il recherchait
les éthers sulfo-conjugués dans leur urine, persuadé que ces substances sont les meil-
leurs indicateurs des putréfactions. Eh bien, tandis que des masses de colibacilles et
de bacilles Proteus ne faisaient qu'augmenter la pourriture dans l'intestin, l'intro-
duction de grandes quantités de bacilles lactiques diminuait très notablement
cette putréfaction. Chez des chiens traités avec ces derniers microbes, Herter cons-
tatait dans l'urine une diminution marquée de l'indican et des éthers sulfo-conjugués
en général.
Encore plus intéressante est l'expérience à laquelle s'est soumis M. le D' Michel
CoHENDY pendant une j)ériode de six mois. D'abord a été établie, par les soins de
M. Tendron, la quantité des éthers sulfo-conjugués de l'urine excrétée pendant plu-
sieurs jours lorsque M. Cohendy ne suivait aucun régime et prenait une nourriture
mélangée, composée de légumes, de fécules et de viande. Lorsque, quelque temps
après, il se soumit au régime principalement carné, les éthers sulfo-conjugués ne tar-
dèrent pas à augmenter très notablement, ce qui est conforme à la notion courante,
d'après laquelle la viande ingérée augmente les putréfactions intestinales. Pendant
une nouvelle période de plusieurs semaines, M. Cohendy a supprimé la viande et
a introduit dans son régime un litre par jour de lait aigri par un bacille reconnu
comme le meilleur producteur d'acide lactique. L'effet sur les putréfactions intesti-
nales ne s'est pas fait attendre et la quantité des éthers sulfo-conjugués est tombée
à un taux minime. L'examen des matières fécales a démontré la présence constante
des mêmes bacilles lactiques, dont l'influence s'est fait sentir encore longtemps
après la cessation du lait caillé. Malgré une nourriture des plus variées, la quantité
des éthers sulfo-conjugués s'est maintenue à un degré très bas et n'a commencé à
augmenter que plusieurs mois plus tard.
A côté de ces expériences avec des microbes lactiques, il y a lieu de rappeler
une grande quantité d'autres faits établis au sujet de l'acide lactique ingéré en subs-
tance. Il en résulte — nous n'avons qu'à citer les travaux de Grundzach 2, Schmitz 3,
Singer * — que cet acide diminue les putréfactions intestinales, ainsi que la quantité
des éthers sulfo-conjugués dans l'urine. Ce fait explique l'effet favorable de l'ad-
ministration de l'acide lactique dans beaucoup de maladies intestinales, telles que la
diarrhée infantile, l'entérite tuberculeuse et même le choléra asiatique. C'est à M. le
Professeur Hayem que la thérapeutique, est surtout redevable de l'emploi courant
de ce médicament. Il joue un rôle non seulement dans le traitement des maladies
des organes digestifs (dyspepsie, entérites, colites), mais est préconisé aussi dans
celui du diabète, sans parler de l'emploi local contre les ulcérations tuberculeuses
du larynx et autres. Les doses que l'on donne intérieurement vont jusqu'à douze
grammes par jour, ce qui prouve que l'acide lactique est bien supporté par l'orga-
nisme. Il y est facilement brûlé ou bien il passe dans l'urine. Ainsi, chez une
femme diabétique, qui avait absorbé 80 grammes d'acide lactique dans l'espace de
quatre jours, Nencki et Sieber ^ n'en ont pu retrouver aucune trace dans l'urine.
Par contre, dans l'urine d'un autre malade, atteint de diabète, qui prenait plus de
1. British Médical Journal, 1897, 25 décembre, p. 1848.
2. Zeitschrift fur klinische Medi^in., 1893, P- 7"-
3. Zeitschrtft fur physiologische Chemie. 1894, vol. XIX, p. 401.
4. Therapeutische Monatshefte, 1901, p. 441.
5. Journal fur praktiscHe Chemie, 1882, vol. XXVI, p. 43.
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E. METCHNIKOFF. — QUELQUES REMARQUES SUR LE LAIT AIGRI 81
4 grammes d'acide lactique par jour, Stadelmann ^ a retrouvé une quantité assez
notable de cet acide.
Les faits que je viens de résumer, indiquent que, dans la lutte contre les putré-
factions intestinales, il est plus utile, au lieu d'administrer l'acide lactique en subs-
tance qui est brûlé ou excrété par les reins, d'introduire dans l'organisme les bacté-
ries lactiques vivantes. Celles-ci continuent à vivre dans les intestins, au milieu
d'autres microbes,et deviennent un élément cultivé de la flore intestinale.Trouvant des
matières sucrées pour leur entretien, elles produisent de l'acide lactique qui se
répand dans le contenu intestinal, et empêchent sa putréfaction ainsi que les mau-
vaises fermentations.
Avec les aliments variés soumis à la fermentation lactique et consommés à
l'état cru (tels que lait aigri, képhir, choucroute, concombre salé, etc.), les hommes,
depuis des temps immémoriaux, introduisaient dans leur tube digestif des quantités
énormes de microbes lactiques. De cette façon, et tout à fait inconsciemment, ils
remédiaient à l'effet nuisible de la putréfaction intestinale. Dans la Bible il est plu-
sieurs fois question du lait aigri. Lorsque Abraham vit trois hommes s'approcher,
il les invita chez lui et leur offrit u du lait aigri et du lait doux, ainsi qu'un veau
qu'on avait apprêté » (Genèse XVIII, 8). Dans son cinquième livre. Moïse énumère
les aliments que Jahve a accordés à son peuple : « Il lui a fait manger le lait aigri des
vaches et le lait des chèvres avec la graisse des agneaux et des moutons, des animaux
de Bascan et des boucs avec de la graisse des rognons » ^•..
En Egypte on mange depuis la plus haute antiquité une sorte de lait aigri,
préparé avec du lait de buffle, de vache ou de chèvre, et connu sous le nom de
<i Leben raib ». Un aliment de même nature, la <( Yahourth », est très répandu parmi
les populations de la péninsule balkanique. En Algérie les indigènes fabriquent
aussi une sorte de Leben qui se distingue cependant de celui de l'Egypte.
En Russie le lait aigri est consommé en grande quantité et sous deux formes.
D'abord c'est le <( prostokwacha » ou lait cru spontanément coagulé et aigri, et
ensuite le <( varénetz » ou lait bouHli et ensemencé avec un levain.
Dans l'Afrique Méridionale divers peuples noirs se servent de lait aigri comme
aliment principal. Chez les Mpéséni a le lait caillé, presque solidifié, est la nour-
riture nationale ». « La viande au contraire n'est mangée par eux que dans les gran-
des circonstances » *. Les Asséoués (une peuplade du plateau Nyassa-Tanganyka),
de même que les Zoulous et les Ouankondés, ne consomment le lait qu'à l'état de
fromage frais en y mélangeant du sel et du piment *.
Je tiens de M. le D' Lima à Mossamédès (Afrique occidentale) le fait que les
indigènes de beaucoup de régions du sud de l'Angola se nourrissent presque exclusi-
vement de lait. Ils emploient la crème pour se frotter la peau, dans l'intention de la
rendre plus souple, tandis que le lait devenu aigre et coagulé leur sert comme nour-
riture.
Le même fait a été observé par M. Nogueira, il y a environ cinquante ans, lors
de ses voyages dans la province d'Angola.
Selon les pays, le lait caillé présente certaines modifications qui proviennent de
la flore microbienne des diverses régions, de même que les fromages sont différents
dans les différents pays. La grande majorité, sinon la totalité des laits aigris que
l'on obtient par des procédés naturels, contiennent en outre des microbes lactiques,
des levures capables de produire de l'alcool. C'est surtout le képhir et le koumiss,
c'est-à-dire le lait de vache ou de jument fermenté qui accuse une notable fermenta-
tion alcoolique. Le koumiss est une boisson populaire très répandue parmi les Kir-
ghises, Tartars et Kalmouks, peuples nomades de la Russie orientale et de l'Asie
qui font un grand élevage de chevaux. Le képhir est au contraire la boisson natio-
nale des montagnards du Caucase, Ossétines, et autres.
On pensait que le képhir agit uniquement comme un aliment qui se digère
plus facilement que le lait, car la fermentation qu'il subit amène la dissolution d'une
1. Archiv fur experimentelle Pathologie, 1883, vol. XVII, p. 442. .
2. Deutéronome, XXXII, 14.
3. FoA, La traversée de l'Afrique, p. 75.
4. Ibiâ,, p. m.
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83 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
partie de la caséine. Avec du képhir on boirait donc d\i lait à moitié digéré. Cette
opinion ne peut plus être soutenue. M. Hayem pense que l'action favorable du képhir
est due à sa teneur en acide lactique qui peut remplacer Tacide de l'estomac et
exercer en même temps une certaine action antimicrobienne. Ce dernier fait ne f)eut
être contesté et résulte, entre autres, des expériences de M. Rovighi, dont nous
avons parlé dans les « Etudes sur la Nature Humaine » et d'après lesquelles le képhir
fait diminuer la quantité des éthers sulfo-conjugués dans l'urine. Si le képhir em-
pêche les putréfactions intestinales, cela tient certainement aux microbes lactiques
qu'il renferme en abondance.
Le képhir, si utile dans certains cas, ne saurait être recommandé comme un
aliment à employer régulièrement pendant très longtemps, comme cela est nécessaire
lorsqu'on veut combattre l'effet chronique de la putréfaction intestinale. Le képhir
est le résultat des fermentations lactiques et alcooliques superposées. Il contient
jusqu'à un pour cent d'alcool, dont l'absorption journalière pendant de longues
années n'est guère désirable. Les levures qui le produisent sont capables de s'accli-
mater dans le tube digestif de l'homme et d'y exercer une action favorisante sur des
microbes infectieux, tels que le bacille de la fièvre typhoïde et le vibrion du choléra
asiatique.
Un autre inconvénient du képhir consiste dans la variabilité trop grande de
sa flore, dont l'action est loin d'être suffisamment connue. Aussi on n'a réussi que
d'une façon très imparfaite à produire du képhir avec des cultures pures de micro-
bes, ce qui serait une condition très importante pour un usage prolongé de cette bois-
son. En préparant le képhir avec la « graine », on risque d'introduire des microbes
nuisibles qui peuvent amener des fermentations anormales. Aussi M. Hayem défena-
t-il le képhir aux personnes chez lesquelles les aliments séjournent trop longtemps
dans l'estomac. « Retenu dans cet organe, le képhir continue à fermenter et s'y
développe, ainsi que dans tout le contenu stomacal, des fermentations accessoires,
butyriques, acétiques, qui ne tardent pas à aggraver les troubles digestifs » (1. c.
p. 6ig).
Puisque c'est la fermentation lactique et non la fermentation alcoolique qui rend
le képhir si utile, il est tout naturel de le remplacer par le lait aigri, dans lequel
l'alcool n'existe qu'en faibles traces et même où il est complètement absent.
Le fait que tant de populations font du lait aigri un usa^e habituel et l'emploient
comme aliment essentiel, est garant de son utilité. M. Nogueira nous écrit qu'il
a été étonné après une longue période d'absence, de revoir les indigènes du district
de Mossamédès très bien conservés sans présenter de signes de sénilité. M. le
D' Lima de son côté nous affirme que parmi les indigènes de la région du Sud de
r Angola <( on trouve beaucoup d'individus d'une extraordinaire longévité. » Quoi-
que très maigres et secs, ces vieillards sont très actifs et capables de faire de longs
voyages.
Un étudiant bulgare à Genève, M. Grigoroff, a été étonné de rencontrer
un grand nombre de centenaires dans une région de la Bulgarie, où le lait aigri
— yahourth — constitue l'aliment essentiel. Parmi les centenaires, recueillis dans
le mémoire de M. Chemin, plusieurs faisaient du laitage leur principal nourriture.
Ainsi une demoiselle Marie Priou, dans la Haute-Garonne, morte en 1838, à l'âge
de 158 ans, ayant conservé toutes ses facultés, n'a vécu, pendant les dix dernières
années que de fromage et de lait de chèvre » (1. c, p. 109). Un laboureur de Verdun,
Ambroise Jantet. mort à ni ans, en 1751 « ne mangeait que du pain d'orge sans
levain et ne buvait que de l'eau ou du petit lait » (p. 133). Une femme, Nicole Marc,
morte âgée de 1 10 ans, au château de Colemberg (Pas-de-Calais), bossue et estro-
piée, (( ne vivait que de pain et de laitage. » Ce n'est que vers la fin de sa vie, « que
l'on était parvenu, à force de sollicitations, à lui faire prendre un peu de vin » (Che-
min, p. 139).
Nous devons à l'obligeance de M. Simine, ingénieur au Caucase, la commu-
nication suivante, tirée du journal Tiflissky Listok, 8 octobre 1904. Dans le village
Sba, du district de Gori, habite une vieille femme Ossétîne Thense abalva, dont
l'âge est évalué à environ 180 ans. Cette femme est encore assez valide et est capa-
ble de s'occuper du ménage et de coudre. Quoique courbée, elle marche d'un pas
assez assuré. Thense n'a jamais fait usage de boissons alcooliques; elle se lève
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E. METCHNIKOFF. - QUELQUES REMARQUES SUR LE LAIT AIGRI 83
de bonne heure et sa principale nourriture consiste en pain d'orge et en bas beurre
retiré après le barratage de la crème. Or, le bas beurre est un liquide très riche en
microbes lactiques.
Une américaine, Madame Jenny Read, m'écrit que son père (c un vieillard de
84 ans, doit sa santé au lait caillé qu'il prend depuis 40 ans ».
Le lait caillé et les autres procluits de laitage, dont il s'agit dans les faits rap-
portés, sont dus au travail des microbes lactiques qui donne de l'acide lactique
au dépens du sucre de lait. Puisque tant de variétés de laits aigris consommés sur
une si vaste échelle, ont largement fait leur preuve, on pourrait croire que n'im-
porte laquelle pourrait servir pour une consommation régulière dans le but d'em-
pêcher les putréfactions intestinales.
Au point de vue du goût, c'est pour nous le lait aigri, préparé avec du lait cru,
qui est de beaucoup le meilleur. Seulement, lorsqu'il s'agit d'un aliment que l'on
doit consommer pendant un temps très long, c'est encore le point de vue d'hygiène
qui doit dominer. Or, il n'est pas douteux que la « prostokwacha » russe, ainsi que
n'importe quel autre Jait cru aigri, doivent être absolument rejetés. Le lait cru ren-
ferme toute une flore de microbes, parmi lesquels se rencontrent quelquefois des
microbes nuisibles. Le bacille de la tuberculose bovine n'y est pas très rare. D'autres
microbes, capables de provoquer des troubles de la santé, peuvent s'y trouver aussi.
D'après les recherches de Heim ^, les vibrions du choléra asiatique, ajoutés à du lait
cru, s'y conservent même lorsque le lait est devenu tout à fait aigre. Dans les
mêmes conditions, les bacilles de la fièvre typhoïde se sont conserva vivants jus-
qu'à 35 jours. Ce n'est qu'après 48 jours de séjour dans le lait complètement aigri
que ces bacilles ont trouvé la mort.
Comme le lait cru contient presque toujours des traces de matières fécales de va-
che, il arrive quelquefois que des microbes nuisibles s'y introduisent et y restent vi-
vants malgré la coagulation acide du lait. Les microbes lactiques empêchent bien léi
pullulation de ces microbes, ainsi que des microbes de la putréfaction, mais ils sont
incapables de les détruire. D'un autre côté le lait cru contient souvent des champi-
gnons (levures, torulas, oïdium) qui peuvent favoriser le développement des micro-
bes nuisibles, tels que le vibrion cholérique et le bacille de la fièvre typhoïde.
La consommation prolongée du lait aigri cru augmente donc le risque d'intro-
duction dans l'organisme de ces microbes si dangereux. Cette éventualité oblige à
recourir aux laits aigris préparés avec du lait préalablement chauffé. On pourrait
croire que dans ce but le meilleur moyen serait de stériliser le lait, afin de détruire
tous les microbes qu'il contient. Seulement, comme pour cela il faut le chauffer à
iio ou 120 degrés, le mauvais goût qu'il acquiert le rend impropre à la consom-
mation. D'un autre côté la pasteurisation du lait au-dessus de 60 degrés est insuffi-
sante pour le débarrasser sûrement des bacilles tuberculeux et des spores de bacilles
butyriques. Il faut donc choisir le terme moyen et se contenter de faire bouillir le
lait pendant quelques minutes. Dans ces conditions tous les bacilles tuberculeux,
ainsi que les spores de certains bacilles butyriques ^ sont sûrement tués et il ne reste
plus que quelques spores butyriques et les spores du bacillus subtilis qui ne peuvent
être détruits qu'à des températures plus élevées.
Comme plusieurs variétés de laits aigris, telles que le <( varénetz », le yahourth,
le leben, etc., sont préparés avec du lait bouilli, on pourrait supposer que ces laits
remplissent facilement les conditions nécessaires pour une alimentation prolongée.
Un examen plus approfondi de la question nous prouve cependant le contraire.
I^ lait bouilli, pour subir une bonne fermentation lactique, doit être ensemencé
avec du ferment préparé d'avance. Il ne s'agit pas ici, comme on le pense quelque-
fois, de la présure, mais bien de ferments organisés, c'est-à-dire de microbes. En
effet, dans la préparation de ces laits aigris il entre un levain, désigné entre autres
appellations sous le nom de a Maya », levain qui, outre les microbes lactiques, en
contient plusieurs autres. Ainsi, d'après MM. Rist et Khoury ^ le leben d'Egypte
renferme une flore composée de cinq espèces, parmi lesquelles trois bactéries et deux
1. Arbeiten a, d, k. Gesundheitsamte^ 1889, Vol. V, pp. 297-304.
2. P. ex. le bacille butyrique mobile, d'après Grasberger et ScHATTENFRoii,/lrc7nV/wr Ify'giene,
1902, vol. XLII, p. 246.
3. Annales de l'Institut Pasteur i 1902, p. 65.
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84 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
levures. Les premières produisent de Tacide lactique, tandis que les secondes donnent
de l'alcool. Quoique le leben ait une consistance assez solide, tandis que le képhir est
une boisson, l'analogie entre les deux est grande. Dans les deux cas il s'agit de fer-
mentations lactique et alcoolique superposées. Les remarques que nous avons faites
au sujet du képhir s'appliquent donc aussi au leben d'Egypte.
Par l'intermédiaire de M. le Professeur Massol, à Genève, nous avons pu
nous procurer un échantillon de yahourth bulgare, dont la flore a été étudiée par son
élève, M. Grigoroff. Dans notre laboratoire ce lait aigri a fait l'objet de recherches
de M. le D' M ICHELSOHN. Les deux observateurs y ont trouvé plusieurs microbes,
bactéries lactiques et levures. En général la flore du yahourth est analogue à celle
du leben, sans que toutes deux soient identiques sous tous les rapports. Dans un
levain du yahourth que nous avons trouvé dans le commerce à Paris, nous avons
également rencontré plusieurs microbes et, entre autres, une torula rose, pareille û
celle qui favorise si bien la fièvre typhoïde et le choléra dans les expériences sur
les petits lapins.
Somme toute, les laits aigris, préparés avec du lait bouilli, ont tous cet inconvé-
nient qu'ils sont produits avec des levains qui, en dehors des microbes lactiques
utiles, contiennent d'autres microbes, indifférents ou même nuisibles. Voici pour-
quoi il a fallu modifier la technique de la préparation du lait aigri et, au lieu d'y
introduire toute une flore microbienne, se contenter d'y ensemencer des cultures
pures de microbes lactiques.
Comme un des bacilles, isolé du yahourth d'origine bulgare, s'est montré,
d'après les recherches du regretté Heupel, très apte à produire une très forte fermen-
tation lactique, il a été tout naturel d'essayer de préparer avec ses cultures pures
du lait aigri. Il a été facile de constater que ce bacille (que l'on désigne quelquefois
sous le nom de bacille bulgare) ^ qui est de beaucoup le meilleur producteur d'acide
lactique, fait coaguler en peu d'heures le lait bouilli et fournit un lait aigri sans con-
cours d'aucun autre microbe. Mais, comme ce bacille attaque en même temps les
graisses, il communique au lait un désagréable goût de suif qui le rend impropre à
la consommation. Pour remédier à cet inconvénient, il a fallu associer au bacille
bulgare un autre microbe lactique, choisi parmi ceux qui sont inoffensifs pour
l'homme et même pour les i>etits animaux de laboratoire, les plus sensibles aux
divers microbes. On est donc arrivé à préparer du lait aigri exclusivement à l'aide
de bactéries lactiques, à l'exclusion de ferments alcooliques et de n'importe quel
autre microbe.
Comme, pour un usage prolongé, la consommation de trop de matières grasses
n'est point désirable, il faut préparer le lait aigri avec du lait écrémé. Après avoir
été bouilli et refroidi, ce lait est ensemencé avec des cultures pures de microbes lac-
tiques, en quantité suffisante pour empêcher la germination des spores contenues
dans le lait et qui n'ont pas été détruites par l'ébullition. Selon la température, la
fermentation dure un nombre d'heures plus ou moins grand et aboutit à la prépara-
tion d'un lait caillé aigri, agréable au goût et capable d'entraver les putréfactions
intestinales. Ce lait, consommé à la ration de 500 à 700 centimètres cubes par jour,
régularise la fonction intestinale et exerce une action favorable sur la sécrétion des
reins 2. Aussi peut-on le recommander dans beaucoup de troubles du tube digestif
et de l'appareil urinaire et dans plusieurs maladies de la peau.
Le bacille bulgare, contenu dans les vahourths, ainsi que dans le lait aigri, pré-
paré avec des cultures pures de microbes lactiques, est capable de vivre à des tempé-
ratures élevées et s'installe dans les intestins de l'homme pour former un des éléments
de la flore intestinale, ainsi qu'il a été démontré par M. le D' Michel Cohendy.
Le lait aigri, préparé d'après les règles que nous venons d'exposer, a été ana-
lysé par M. FouARD, préparateur à l'Institut Pasteur. A une période où ce lait est
prêt pour être consommé, M. Fouard v a trouvé environ 10 grammes d'acide lac-
tique par litre. En plus, une assez notable quantité (environ 38 %) de caséine a été
1. Il ne faut pas croire que ce bacille ne se trouve que dans du laît bulgare. Le môme microbe a
été isolé du Leben d'Eg-ypte et se rencontre dans tous les yahourths.
2. On peut prendre le laît aîgrî à n'importe quel moment de la journée, en dehors ou pendant les
repas.
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A.JOUVE. - DOSAGES DU SILICIUM ET LES SILICIURES 83
solubilisée par la fermentation, ce qui montre que dans ce lait aigri les matières albu-
minoïdes ne sont pas moins préparées pour la digestion que dans le képhir. Le
phosphate de chaux qui constitue la majeure partie des substances minérales du
lait, a été solubilisé pendant la fermentation dans la proportion de 68 %. Toutes ces
données ne font que confirmer les bonnes qualités du lait aigri, préparé avec des
cultures pures de bactéries lactiques.
Les personnes qui, pour une raison quelconque, ne supportent pas le lait, peu-
vent prendre des bacilles bulgares en culture pure. Seulement, comme ces micro-
bes ont besoin de sucre pour produire de l'acide lactique, il faut, en les absorbant,
consommer quelques aliments sucrés (confiture, bonbons, betterave, etc.)
Les microbes lactiques sont capables de donner de Tacide lactique non seule-
ment au dépens du sucre de lait, mais aussi avec d'autres sucres. Pour ce qui con-
cerne le bacille bulgare, il a été établi par M. Remy que le sucre de canne ou de
betterave (saccharose) lui convient très bien pour la production d'acide lactique.
Le lecteur peu renseigné sur ces matières sera peut-être étonné que l'on préco-
nise l'absorption d'une grande quantité de microbes, tellement est courante l'opinion
que tous les microbes sont malfaisants. Elle est cependant tout à fait erronée : il y
a bien des microbes utiles et les bactéries lactiques occupent dans leur rang une
place d'honneur. Du reste, on essaye même de remédier à certaines maladies par
l'administration des cultures bactériennes. C'est ainsi que M. Brudzinsky ^ a em-
ployé contre certaines affections intestinales des nourrissons des cultures de micro-
bes lactiques, et M. le D' Tissier ^ en use largement dans le traitement des maladies
du tube digestif des enfants et des adultes.
En ce qui concerne le problème que nous poursuivons dans cette étude la prati-
que consisterait donc soit dans la consommation du lait aigri, préparé avec une asso-
ciation de bactéries lactiques, soit dans l'ingestion de cultures pures du bacille bul-
gare, en même temps que d'une certaine quantité de sucre de lait ou de saccharose.
Depuis environ sept ans nous avons introduit dans notre régime le lait aigri que
nous préparions d'abord avec du lait bouilli, ensemencé avec un levain lactique.
Depuis, nous avons modifié le mode de préparation et finalement nous nous sommes
arrêtés à la méthode de cultures pures que nous venons d'exposer. Nous sommes
contents du résultat obtenu et nous pensons qu'une expérience aussi longfue suffit
pour justifier notre opinion. Plusieurs de nos amis, dont quelques-uns souffrent de
troubles intestinaux ou rénaux, ont suivi notre exemple et nous ont manifesté leur
satisfaction. Nous pensons donc que, dans la lutte contre les putréfactions intestina-
les, les bactéries lactiques peuvent rendre un service indéniable. Mais il est bien
entendu que nous ne proclamons nullement ces microbes comme un remède capable
d'amener une grande longévité, comme le remède contre la vieillesse. Ce n'est que
dans un avenir plus ou moins long que l'on pourra se faire une opinion sur cette
question.
Dosages du silicium dans les ferrosiliciums
et les siliciures métalliques.
Par Ad. JOUVE
Iriji^énieur
Ancien préparateur de Chimie à l'Ecole Polytechnique.
Dans une étude sur les ferrosiliciums que nous avons publiée dans la R. G. C.
(T. V, n** 13, 29 juin 1902) nous signalions déjà l'insuffisance de Tévaporation pro-
longée au B. M. pour insolubiliser la silice (loc, cit. y p. 248). Nous indiquions la
1. Jahrbuchfûr Kinderheilkunde, N. F. 12 Ergaemjfungsheft, 1900.
2. Annales de l'Institut Pasteur, 1905, p. 295.
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86 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
nécessité de porter la masse à 125-130* au moins, pour éviter des erreurs attei-
gnant jusqu'à 1,5 et 2 % de silice.
La récente publication de M. Emile Jaboulay, chef de Laboratoire de la Société
anonyme électrométallurgique d'Ugine, vient confirmer ces résultats que nous avions
énoncés en 1902.
L'emploi du creuset de platine n'est pas toujours très pratique en raison de la
grande altérabilité de ce métal, par exemple dans le cas de chauffage au gaz acéty-
lène, qui toujours riche en composés sulfurés et phosphores vient altérer rapidiie-
ment le dit creuset.
L'emploi du carbonate de soude nous a paru présenter certains inconvénients
résultant de son peu de fusibilité.
Nous employons comme matériel le creuset de nickel pur ou mieux un creuset
de ferronickel à 10 % de fer {R. G. C. juin 1902), ce qui permet d'avoir économi-
quement plusieurs creusets en usage et d'employer des creusets un peu vastes pour
éviter les projections qui ont toujours lieu, même avec le carbonate de soude sec.
Au lieu et place du carbonate de soude, nous préférons employer la soude ou
la potasse plus fusible et qui attaque plus facilement les ferrosiliciums et les sili-
ciures, même à basse teneur en silicium.
Nous allons décrire la méthode que nous employons dans nos laboratoires pour
les essais commerciaux que nous sommes appelés fréquemment à effectuer, ainsi
que pour contrôler nos résultats de fabrication d'alliages siliciés aux usines de Ville-
longue (Hautes-Pyrénées). C'est cette même méthode qui est employée dans les-
dites usines pour suivre la fabrication. C'est également cette méthode qui a été
appliquée aux usines de Saint-Béron (Savoie) pour une fabrication analogue.
Nous pulvérisons au mortier d'Abich l'échantillon moyen jusqu'à ce qu'il
passe intégralement au tamis n* 200. Nous pesons de cet alliage pulvérisé 0,200 à
0,500 suivant la richesse en silicium, très exactement.
D'autre part, on fait fondre dans le creuset de nickel 15 grammes de soude ou
j>otasse caustique additionnée de 2 grammes d'azotate de potasse pur. On j>orte au
rouge sombre jusqu'à ce que toute l'eau soit chassée et que le nitrate de potasse
commence à se décomposer.
On laisse refroidir sans laisser prendre en masse et on projette par petites frac-
tions la pesée de l'alliage. Quand la teneur en silicium est très élevée, nous mélan-
geons préalablement tout le métal pesé avec deux ou trois fois son poids d'azotate
de potasse fondu et pulvérisé.
On chauffe ensuite le creuset couvert avec précaution au début, puis plus for-
tement jusqu'au rouge sombre et en agitant jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'efferves-
cence que celle produite par la décomposition du nitrate de potasse. On maintient
cette température quelques minutes pour plus de sûreté et on laisse refroidir.
On détache la masse du creuset comme d'habitude en reprenant par l'eau bouil-
lante, puis on ajoute peu à peu de l'acide azotique quadrihydraté pur jusqu'à satu-
ration et un léger excès. On évapore au B. M. jusqu'à commencement de pellicule
que l'on redissout par une goutte d'eau. A ce moment-là on ajoute au résidu son
volume d'acide azotique quadrihydraté et on évapore au B. M. à nouveau.
Quand l'évaporation devient difficile, on la termine au bain de sable sans aller
jusqu'à sec et au contraire en maintenant AzO^H en présence par des additions suc-
cessives, si nécessaire. Il est indispensable que pendant l'évaporation au bain de
sable, l'acide entre en ébullition et pour éviter les pertes par projections on couvre
la capsule de porcelaine avec un entonnoir renversé.
De cette façon, la silice est formée et séchée en présence d'acide azotique
bouillant, car elle a été portée à une température voisine de 130*.
On reprend par l'eau en ajoutant un peu de HCl, destiné à aider la redissolution
de quelques azotates de fer qui ont pu s'insolubiliser temporairement dans l'a-
cide azotique chaud et concentré.
On filtre, lave, sèche, calcine et pèse le résidu.
Avec cette méthode, nous évitons deux filtrations, deux évaporations, et nous
n'avons qu'une évaporation et une filtratîon, soit moitié chance d'erreur seulement.
La silice est parfaitement insolubilisée, le seul inconvénient qu'elle présente est
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BIBLIOGRAPHIE
87
d'être gélatineuse, par suite le lavage complet en est délicat et minutieux. Elle est
parfaitement blanche après calcination et les résultats obtenus sont extrêmement
exacts.
Laboratoire d'analyses et de recherches. Ad. Jouve et C*.
BIBLIOGRAPHIE
HygiènOi par M. le D' Weill-Mantou.
Un volume in - 8 jésus, broché.
3 fr. 50. Lib. Armand COLIN, Paris,
1906.
Ce livre s'inspire des idées qui prési-
dent à la refonte actuelle des program-
mes scolaires. L'hygiène y revêt un as-
pect nouveau ; les notions d'anatomie' et
de physiologie, qui figurent déjà dans
les ouvrages de sciences naturelles, n'y
apparaissent plus qu'incidemment, dans
la mesure où elles àont nécessaires à
l'intelliçence du texte, alors qu'au con-
traire Tes incursions dans le domaine
pathologique s'y sont multipliées et éten-
dues. Un enseignement de l'hygiène
s'adressant au public n'a en effet sa rai-
son d'être que s'il a une portée immé-
diate et pratique, que s'il sert de prolo-
gue à l'organisation de la défense col-
lective contre les maladies évitables.
Telle est l'idée maîtresse qui a guidé
l'auteur dans les développements donnés
à son sujet.
Un premier chapitre est consacré à
l'histoire générale des microbes, qui
domine aujourd'hui toute l'hygiène ^ et
donne la clé des problèmes que soulève
la prophylaxie des maladies infectieu-
ses, de la tuberculose en particulier. —
L'auteur passe ensuite successivement
en revue 1 hygiène de la resjpiration avec
les dangers de l'air confine que crée le
logement insalubre, — Fétude de la lu-
mière et les lois de l'éclairage, — celle
des boissons et des aliments aves les
règles qui les rendent salubres, — puis
l'hygiène de la personne et l'hygiène de
la maison ; — enfin, comme épilogue,
application des principes généraux est
faite à l'hygiène scolaire.
Ce livre s adresse à toutes les person-
nes qui désirent se mettre au courant
des tendances actuelles de l'hygiène.
- X.
Cours Municipal d'Eleotrlolté, par L.
BARBILLIONf professeur de physique
industrielle à la Faculté des Sciences,
directeur de l'Institut Electrotechni-
que de l'Université de Grenoble. Lib.
E. Bernard, Paris (1907).
L'enseignement de 1 Electricité indus-
trielle à l'Ur^iversité de Grenoble, a re-
vêtu dès l'origine un caractère spécial
de simplicité et d'utilitarisme immédiat,
qui lui a attiré la sympathie du monde
forme mathématique simple, ne faisant
industriel ; le public y a trouvé sous une
appel au calcul que dans le cas de réelle
nécessité, les éléments d'information
technique et les principes fondamentaux
d'une science dont les applications sont
aujourd'hui innombrables, mais dont les
méthodes d expo.sition ne sont pas tou-
jours, loin de là, à la portée de tous.
Le « Cours municipal d'Electricité »
de l'Université de Grenoble, le premier
en France de ce genre, puisque créé il
y a plus de treize ans, par M. JANET,
actuellement professeur à l'Université de
Paris, continué par M. PlONCHON, profes-
seur à l'Université de Dijon et par
M. Barbillion, aujourd'hui directeur de
l'Institut électrotechnique de Grenoble,
a eu l'heur de rencontrer la faveur d'un
public toujours nombreux et sympathi-
que, en dehors même des élèves de l'Ins-
titut auxquels il était plus spécialement
destiné. Chaque année, les leçons des
divers professeurs qui se sont succédé à
la chaire d'Electricité industrielle de
l'Université de Grenoble ont été suivies
par une clientèle de praticiens, ingé-
nieurs, officiers, etc., qui venaient leur
demander justement ces connaissances
pratiques, en général si difficiles à ren-
contrer, comme nous le signalions tout
à l'heure, sous une forme accessible à
des auditeurs possédant une instruction
mathématique moyenne.
C'est le Cours professé en 1904-1905
par M. le professeur BARBILLION et con-
sacré à « La production et l'utilisation
industrielle des courants continus », que
nous présentons aujourd'hui au lecteur.
Une première édition autographiée de
ces leçons, tirées à plusieurs centaines
d'exemplaires, a été épuisée presqu'à
son apparition.
Un tel succès, à cette époque de plé-
thore et de surproduction de la littéra-
ture technique, peut être fait pour sur-
prendre. Il s'explique aisément. L'Insti-
tut électrotechnique de Grenoble occupe
aujourd'hui dans l'enseignement indus-
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88
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
triel une place prépondérante. La pré-
paration qu'il assure à ses élèves-ingé-
nieurs électriciens est hautement appré-
ciée en France et à l'Etranger, qui, de
plus en plus, lui confie la formation dé-
finitive, spécialisatrice dans la carrière
électrique, d'ingénieurs-mécaniciens sor-
tis de ses écoles.
Nous ne doutons pas aue les Cours
d'électricité industrielle de l'Université de
Grenoble, ne rencontrent auprès de no-
tre clientèle la même faveur aue nos
précédentes publications. C'est donc en
toute confiance et persuadés qu'il lui ren-
dra les plus grands services, que nous
lui offrons cet intéressant ouvrage, éta-
bli sous la forme même des leçons ori-
ginales qui ont obtenu le plus juste et
Te plus mérité succès.
E. Bernard.
PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITIO.V
QUI VIENT DE PAR.UTRE :
Ces leçons résument une partie de
l'enseignement électrotechnique donné à
notre Institut dans les cours que nous y
avons professés en 1903-1904. et 1904-
1905 (courants continus). Le domaine de
l'électricité industrielle est aujourd'hui si
vaste que le lecteur ne sera certainement
pas surpris de ne trouver, dans cet ou-
vrage, qu'une partie de ce qu'un ingé-
nieur électricien doit savoir.
Etudier d'une manière approfondie,
dans tous leurs détails, les multiples ap-
plications de l'électricité industrielle,
constituerait une œuvre hors de propor-
tion avec les limites de ce traité. A l'Ins-
titut électrotechnique comme dans les
écoles analogues, des cours et conféren-
ces consacres aux applications électro-
mécaniques, électrochimiques existent,
qui donnent aux élèves-ingénieurs toutes
les notions pratiques nécessaires à
l'exercice de leur profession. Ce que nous
avons voulu constituer en ces quelques
leçons, c'est un résumé des principes fon-
damentaux de la technique électrique,
une sorte de corps de doctrines, rassem-
blant sous forme de cadres, les idées
générales dont la compréhension parfaite
et la possibilité permanente d'utilisation
f)euvent seules rendre possibles pour
'ingénieur la réalisation aun projet, ou
même, but plus modeste, l'interprétation
d'un essai de machines.
Nous n'ignorons pas au'étant donnée
l'actuelle richesse de la littérature élec-
trotechnique, le présent ouvrage, sur
bien des points, ne pourrait être consi-
déré comme original. Il n'est, du reste,
que la reproduction intégrale de nos
leçons dans la forme même de la pre-
mière édition (1904-1905) aujourd'hui
épuisée. Tel quel, nous pensons cepen-
dant qu'il pourra rendre aux futurs pra-
ticiens quelques services.
Barbillion.
Cours de mécanique, par A. Bazard,
professeur de mécanique à l'Ecole
d'Arts et Métiers de Clunv, ancien pro-
fesseur des Ecoles de Châlons et d'An-
gers. Lib. E. Bernard, Paris (1906).
Ce Cours de mécanique correspond au
programme des Ecoles d'Arts et Mé-
tiers ; aussi la plus large place a-t-elle
été faite à la partie pratique. Un pre-
mier volume de théorie permet d'aborder
rapidement la mécanique appliquée, qui
fait l'objet de trois autres volumes.
Il existe de nombreux traités de mé-
canique : les uns sont trop théoriques et
trop élevés pour des débutants ; dans les
autres on a exclu toute théorie, pour ne
conserver que la partie technologique,
jointe à une agglomération de formules
plus ou moins empiriques. Ici, au con-
traire, après avoir étaoli les principales
formules, on les a fait suivre immédiate-
ment d'applications numériques destinées
à en faciliter l'emploi. Ces exercices sont
indispensables pour éviter les erreurs qui
se produisent trop souvent, lorsqu'il
s'agit de remplacer, dans une formule,
des lettres par les valeurs correspondan-
tes. De nombreux problèmes à résoudre,
suivis de l'indication des résultats, per-
mettront au lecteur de se familiariser
avec ces applications, le choix des uni-
tés, etc.
D'autre part, on remarquera que, si
les grands travaux d'art ont fait l'objet
de nombreux ouvrages, on ne trouve que
peu d'exemples de constructions simples.
C'est pourquoi presque tous les exerci-
ces proposés ont été choisis parmi les ob-
jets usuels, que tout le monde connaît
et a sous la main, et pour lesquels les
vérifications sont faciles : organes de
bicyclette, clef de serrure, échelle, etc.
On comprendra sans peine qu'un ou-
vrage de cette nature s'en tienne aux
généralités ; néanmoins, il contient un
grand nombre de renseignements, que
les élèves seront heureux de retrouver
après leur sortie de l'Ecole lorsqu'ils
seront dans l'industrie.
Enfin cet ouvrage est rendu accessible
à tous par l'adjonction d'une note sur les
sommations placées à la fin du premier
volume. — X.
Propriétaire-Gérant : George F. JAUBERT.
LAVAL. — IlfPBIMBRIB L. BARNÉOUD ET CK
/
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HENRI MOISSAN'
Par m. Armand GAUTIER,
Membre de l'Institut
La mort prématurée de H. Moissan est une perte immense pour la France et
pour le monde scientifique. Il fut Tun des puissants ouvriers de cette chimie
moderne dont les progrès ont tant contribué, depuis un peu plus d'un siècle, à
augmenter la richesse publique et le bien-être général. Le sort implacable nous Ten-
lève en pleine force de production à l'âge de 54 ans ! C'est un grand malheur.
En 1876, alors que Moissan, élève de FrémV et de DehéraiM, au laboratoire
du Muséum d'histoire naturelle, venait à peine de publier son premier travail sur la
respiration des feuilles à l'obscurité, le grand chimiste J.-B. Dumas disait, à la
mort du bien regretté Ch. Sainte-Claire Deville: (( Notre pays tient largement
sa place en chimie organique, il néglige trop la chimie des corps inorganiques.
Souhaitons que bientôt se réveille, dans la génération qui nous suit, un jeune
I. En reproduisant la notice n<5crologique, consacrée par M. Armand (jautier à M. Henri Mois-
san, dans le dernier numéro de La Nature, nous ne saurions mieux exprimer à nos lecteurs les sen-
timents de profond reg-ret que nous inspire la mort prématurée de ce Maître, qui fut dès le début un
des fidèles amis de la Revue Générale de Chimie, à laquelle il portait le plus vif intérêt.
N. D. L. D.
RITUB GSNKRALE DE CHIMIB PURE ET APPLIQUÉE. — 5* LIVRAISON. — MARS I9O7.
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90 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
savant qui, reprenant la chimie minérale, sache la féconder et la rajeunir ». Ce
vœu de j.-B. Dumas ne semblait pas alors près de se réaliser. Les progrès de la chi-
mie organique étouffaient partout, mais surtout en France et en Allemagne, ceux de
cette chimie, alors démodée, qui nous a fourni les métaux, Tacide sulfurique, la
soude, le verre, le chlore, Tiode, le sel marin, les phosphates, le nitre et la plupart
des engrais artificiels dont ne peut plus se passer notre agriculture. On délaissait la
chimie minérale parce que paraissaient épuisés les riches filons d'où étaient sor-
ties tant d'utiles découvertes.
Les recherches de Henri Moissan ont démontré Terreur d'un tel jugement;
il a fait renaîtie un mouvement de curiosité autour des grands problèmes de la chi-
mie minérale; il en a démontré l'indéfinie fécondité. Il a fait voir ce que peut tirer
de l'étucle des corps, bruts l'ingéniosité d'un esprit perspicace, habile, aidé des
méthodes exactes, et poursuivant ses audacieuses conceptions grâce à ce puissant
outil, l'énergie électrique, que, jusqu'à lui, on n'avait pas su bien utiliser dans nas
laboratoires.
Sa première grande découverte fut l'isolement du fluor. On connaissait les
fluorures ou fluates depuis Scheele; quelques chimistes avant Moissan avaient
même entrevu le fluor, mais aucun avant lui n'avait su le séparer nettement de sa
combinaison, encore moins manier ce corps extraordinaire qui détruit à peu près
tout ce qu'il touche. Le 20 juin 1888 Moissan annonçait à l'Académie des sciences,
après de nombreuses tentatives infructueuses, qu'en soumettant à l'électrolyse à —
50"* l'acide fluorhydrique rendu conducteur par du fluorure de potassium, il avait
obtenu à l'électrode positive un gaz odorant, enflammant directement le silicium,
le bore, le soufre, le charbon, Tiode lui-même, attaquant tous les métaux, jouis-
sant à un degré éminent de toutes les propriétés du chlore et du brome dans la
famille desquels le génie de J.-B. Dumas l'avait provisoirement rangé depuis long-
temps ^.
Le fluor est le corps électro-négatif par excellence: il déplace l'oxygène de ses
combinaisons les plus stables, de l'eau par exemple, dont il le dégage à l'état
d'ozone. Il attaque tous les sels métalliques. On peut désormais entrevoir le jour
où l'industrie, le produisant à bon compte, permettra d'utiliser cet outil chimique
le plus énergique de tous.
Je ne parlerai pas ici des multiples découvertes qui se rattachent à celle du
fluor et qui l'ont préparée ou suivie dans le laboratoire de Moissan: fluorure de
phosphore qu'il espérait transformer par oxydation au rouge en acide phosphorique
et fluor libre; oxyfluorure de phosphore; fluorures et oxyfluorures de soufre;
fluorures d'arsenic, de brome, d'iode, de carbone; éthers fluorhydriques.... C'est
accessoirement, qu'entre ses mains la chimie minérale s'est enrichie de tous ces
nouveaux corps.
L'énergie électrique, qui venait de lui fournir le fluor, allait être bientôt appli-
quée par Moissan à l'obtention des hautes températures, jusque-là inabordables,
ou du moins pratiquement inutilisées.
En décembre 1892, il construisait à l'École normale ce four électrique dont il
allait tirer un si grand parti. C'est un simple bloc de chaux ou de calcaire, creusé
en son centre d'une cavité pouvant servir de creuset et recouvert d'une plaque de
même substance. Dans cette cavité pénètrent deux forts électrodes en charbon,entre
l'extrémité desquels on fait éclater l'étincelle électrique. Avec une machine de 8 che-
vaux donnant 100 ampères avec 45 volts, on atteint facilement la température de
2.500° ; avec 45 ampères et 70 volts on arrive à 3.000°. Les plus hautes tempéra-
tures maniées jusque-là par les chimistes étaient obtenues au moyen du chalumeau
oxyhydrique et ne dépassaient pas 1 .900° . C'est grâce à la combustion du gaz par
l'oxygène que H. Sainte-Claire DEViLLEet Debray fondirent aux Arts et Métiers
les 500 kg. de platine iridié qui servirent à fabriquer les mètres internationaux.
Dans le four définitif de Moissan on atteint rapidement 3.500°. A cette haute tem-
pérature non seulement le platine et la silice fondent rapidement, mais la plupart
des sels et même des oxydes se dissocient. Le carbone lui-même et la silice se vola-
I. La première expérience qui a permis à Moissan d'isoler le fluor çst du 26 juin 1886.
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A. GAUTIER. — HENRI MOISSAN 91
tilisent. C'est grâce à son four que Moissan put préparer les métaux et les métal-
loïdes les plus réfractaires obtenus la plupart, avant lui, à Tétat de fontes carburées,
azotées, siliciées, et toujours en faible quantité. De 1894 à 1895, il prépare à Tétat
pur en proportions relativement grandes, et à l'état cristallisé: le bore, l'uranium,
le manganèse, le chrome, le tungstène, le vanadium, le titane, le molybdène. Les
alliages de tous ces corps avec le fer et d'autres métaux sont à cette heure à l'étude ;
plusieurs ont déjà donné des résultats industriels avantageux.
C'est en maniant ces hautes températures dans ces fours en chaux recevant le
plus souvent un creuset de graphite et traversé par des électrodes de charbon que
Moissan observa, incidemment, la formation du carbure de calcium. Il ne -tarda
pas à reconnaître que ce produit traité par l'eau dégage abondamment de l'acéty-
lène. Obtenu d'abord par un heureux hasard, étudié ensuite de plus près, ce pré-
cieux carbure fut bientôt oréparé en grand. L'industrie de la production de
l'acétylène est née de cette découverte.
Moissan fit connaître un grand nombre d'autres carbures analogues au car-
bure de calcium, la plupart à peine entrevus jusque-là: carbures de manganèse,
de vanadium, rhodium, iridium, lanthane, cérium, lithium, sodium, chrome, tungs-
tène, tantale, molybdène, etc. ; toutes ces recherches se suivirent à courte échéance
de 1894 à 1904, s'intercalant entre ses autres travaux.
La volatilisation du charbon dans l'arc électrique qu'il maniait tous les jours
fut sans doute l'origine des réflexions de Moissan sur la genèse du diamant. On
sait que Newton soupçonna que cette substance est combustible, et que Lavoisier
démontra définitivement, en 1772, qu'elle est uniquement formée de charbon cris-
tallisé. Comment forcer le charbon amorphe de bois ou de sucre à prendre la struc-
ture cristalline ? Évidemment en en rendant mobiles les dernières particules ou
molécules, c'est-à-dire en les volatilisant grâce à une température extrême, tout en
empêchant qu'elles s'échappent à l'état de gaz, car on sait qu'à ces hautes tempé-
ratures, la vapeur de carbone cristallise non à l'état de diamant, mais de graphite.
Moissan songea donc à volatiliser le charbon, mais en vase clos. Ce problème
paraissait insoluble, car tous les vases fondent aux températures d'ébullition du
charbon. Il le résolut cependant. Il remarqua que, quand la fonte de fer se solidi-
fie, elle augmente de volume. Si donc on liquéfie la fonte, ou carbure de fer,
dans un creuset de charbon chauffé au four électrique à 3.500**, de façon à faire
dissoudre à cette fonte le maximum de vapeur de charbon, et qu'à ce moment on
plonge tout à coup le creuset rouge éblouissant et son contenu métallique dans de
l'eau glacée ou du plomb fondu, une croûte de fonte solidifiée se formera rapide-
ment à la surface, emprisonnant le métal intérieur encore liquide dans la profon-
deur. En se refroidissant ensuite le métal fondu emprisonné se dilatera, mais
maintenu par l'enveloppe métallique déjà solidifiée à l'extérieur, sa dilatation fera
naître dans l'intérieur de ce bloc une pression énorme. Ainsi comprimée, la vapeur
de charbon sera dans les conditions voulues pour que l'excès se sépare de la masse
de carbure sous forme cristalline. Après refroidissement, il suffira de reprendre par
les acides forts la masse métallique tout entière pour retrouver comme résidu inat-
taqué le charbon cristallisé à l'état de diamants microscopiques.
Après les avoir ingénieusement séparés des siliciures, carbures, azotures de fer
qui les accompagnent, Moissan obtint de petits cristaux cubiques ou octaédriques,
noirs ou transparents, de densité égale à 3,5, rayant le rubis et brûlant au rouge
dans l'oxygène en donnant le poids voulu d'acide carbonique. Il annonçait à
l'Académie des sciences sa découverte de la production artificielle du diamant,
dans la séance de" 6 février 1893.
Ainsi fut résolu, du moins au laboratoire, grâce à cette très ingénieuse mé-
thode, le problème de la reproduction artificielle du diamant, découverte qui rendit
aussitôt populaire le nom de Moissan. Un jour viendra peut-être où l'application
du principe, dont il a démontré l'exactitude, permettra de créer sinon des diamants
purs de grosseur pratique, au moins le carbonado qu'il a obtenu aussi, et dont
l'extrême dureté permettra de garnir nos instruments de sonde ou de polissage de
cette manière inaltérable à l'usure qui lui a fait donner ce nom d'àSàjjiaç ou indom-
ptable.
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^2 REVUE GÉI5IÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
En même temps, et comme corollaire de ces recherches, Moissan étudiait les
azotures, siliciures, borures qui se forment, ainsi que les diverses variétés de car-
bones et de graphites et leur manière de se comporter vis-à-vis des réactifs.
De 1899 à 1904, MoissAN entreprit Tétude des azotures, amidures, siliciures
des divers métaux. Il fit aussi connaître les caractères d'un grand nombre de com-
binaisons jusque-là entrevues à peine et classa les carbures métalliques qu'il
avait systématiquement produits. Les uns, comme le carbure de calcium ou de
lithium, donnent de l'acétylène au contact de l'eau froide; d'autres, tels que ceux
d'aluminium, dégagent avec l'eau du gaz méthane pur, et répondent à une
formlile telle que Al^C^; d'autres donnent un mélange de méthane et d'acétylène,
tels que ceux du groupe de la cérite; d'autres du méthane et de l'hydrogène; d'au-
tres enfin, tels que les carbures de molybd'ène CMo^, de tungstène CTu^ ou de
chrome, ne décomposent pas l'eau à froid. Moissan fonda, sur la décomposition
de ces divers carbures préexistants dans le noyau central du globe, et se décompo-
sant avec forte émission de chaleur au contact de la vapeur d'eau, une théorie
de la formation des i>étroles naturels. Il pense que les phénomènes volcaniques
peuvent être en partie appliqués par la violente décomposition de ces carbures grâce
à l'eau qu'ils rencontrent sous la couche terrestre.
L'étude d'une classe de combinaisons jusque-là délaissée, celle des hydrures,
conduisit Moissan à nous faire connaître les hydrures de calcium, rubidium,
caesium, ainsi que des hydrures de silicium nouveaux. La plus curieuse propriété
des hydrures alcalins est de se transformer en formiates sous l'influence de l'acide
carbonique et de décomposer le cyanogène en donnant un cyanure métallique et
de l'acide cyanhydrique. Cette étude amena bientôt Moissan à l'examen des mé-
taux-ammoniums qu'il étudiait depuis deux ou trois ans.
Dans ces derniers temps, il tenta et parvint à distiller, grâce aux températures
élevées de son four électrique, les éléments les plus réf ractaires : le cuivre et ses
alliages, Tétain, l'osmium, le ruthénium, le chrome, le manganèse, le molybdène,
le tungstène, l'uranium, le platine, le titane lui-même. Son dernier mémoire (C R.
Acad. des Sciences, 19 mars 1906, t. XLII, p. 673), consacré à la distillation du
titane, le plus réfractaire de tous ces corps, arrive à cette conclusion bien imprévue
que toutes les substances terrestres étant volatil isables à 3.500** dans le four élec-
trique, la température du soleil, composé de ces mêmes matériaux, ne saurait à sa
surface être beaucoup plus chaude en vertu de la loi des chaleurs latentes de volatili-
sation: mais il pensait qu'en raison de l'ascension des vapeurs surchauffées venues
des profondeurs de l'astre, la température de sa surface peut varier entre les limites
de 6.500" et 3.500".
La vie de Moissan a été bien remplie. Au cours de ses 33 ans de laboratoire
je compte plus de 200 mémoires ou notes importantes publiés par lui et je me
garderais de prétendre, dans cette courte notice, avoir résumé tous ses travaux. Je
néglige ses belles recherches sur les états isomériques des oxydes de chrome, de
fer, de nickel, sur les amalgames qui lui permirent d'obtenir à basse température
des métaux à l'état pur ou allotropique, ses recherches sur les gaz des fumero-
les, etc. C'est cette magnifique œuvre scientifique tout entière que. l'Académie de
Stockolm a voulu récompenser, en 1906, en lui attribuant le prix Nobel qu'il rece-
vait quelques semaines avant sa mort. Il emporte dans la tombe bien des espéran-
ces, bien des idées et des projets de travail ; mais il laisse une jeune école qui con-
tinuera son œuvre. Parmi ses collaborateurs ou ses élèves, qu'il me soit permis
de citer Dehérain, son premier maître; Dewar, avec qui il parvint à liquéfier
le fluor ; Étard, son ami de la première heure ; Lebeau, son disciple et son aide
dévoué dans les pénibles travaux du four électrique; MouRCU, Charpy, Smiles,
Dilthey, O'Farrelley, Williams, Martinsen, Stock, Kroustnetzof, Hoff-
mann, etc., venus d'Angleterre, d'Allemagne, d'Amérique, pour étudier chez lui le
maniement des hautes températures. Puissent-ils conserver et propager les idées
et les méthodes de leur savant collaborateur et maître.
Pour moi, en déplorant la perte du grand chimiste qui vient de disparaître, je
regrette aussi un confrère et un ami, toujours égal, aimable, généreux, bienveil-
lant, modéré. S'il n'est plus, son œuvre reste, et puisse se réaliser à nouveau le
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M. GUÉDRAS. — RECHERCHES SUR LA CHIMIE DES VERNIS 93
vœu de J.-B. Dumas de voir bientôt surgir un digne continuateur de ses belles
recherches.
Recherches sur la chimie des Vernis
PAR Marcel GUEDRAS
Ingénieur-Chimiste
I*» De l'emploi de l'huile de bois (wOOD-OIL) dans L'I^a)USTRIE DES VERNIS.
Jusqu'à ces temps derniers, l'industrie des vernis s'est tenue éloignée des
publications périodiques qui permettent au technicien de se tenir au courant des
recherches effectuées dans les laboratoires industrels. Sauf quelques travaux de
grande valeur comme ceux de Viollette et de Schutzenberger puis dans ces der-
niers temps ceux de M. Coffignier rien n'est pour ainsi dire connu des progrès de
cette industrie.
M. Léon GuiLLET était aussi de cet avis lors de la publication dans le Génie
civil de son travail intitulé: « Les industries chimiques à l'exposition de 1900 et leurs
progrès depuis l'exposition de 1889 ». Dans son article sur les vernis (Génie civil,
21 décembre 1901) nous lisons:
(( Aucun progrès très sensible n'a été fait dans l'industrie des couleurs et des ver-
te nis, dans ces dernières années; seuls, des tours de main, des recettes spéciales
« à chaque maison et impossibles à connaître ont pu être créés sans avoir sur cette
« industrie des influences très nettes. »
Le champ d'étude est vaste, dans cette industrie, née d'hier, si je puis m 'expri-
mer ainsi et j'ai étudié ei> détail les matières premières qu'on y emploie.
Je laisserai de côté les questions connues, et les différents travaux que je vais
avoir l'honneur de publier dans cette revue auront pour but l'étude des matières
premières, utilisées dans cette industrie et sur lesquelles les données scientifiques
sont trop vagues; en particulier j'étudierai la question relative à la solubilité des
gommes. Dans le présent travail je vais exposer quelques critiques sur le wood-
oil dont on a vanté les propriétés siccatives et dont on voulait et veut encore faire
un succédané de l'huile de lin. Remplacer^ l'huile de lin, produit excessivement
siccatif, n'est pas chose facile et ceux qui ont proposé le wood-oil, sous le nom d'huile
simili-lin et qui n'est autre chose que de l'huile de bois extraite de l'arbre Fung,
(Drianda cordata Vernicia) et parfaitement rectifiée, n'avaient certainement pas
compté avec sa composition chimique.
Une huile n'est siccative qu'à la condition que le chiffre d'absorption d'iode
(indice d'iode) soit élevé; ce chiffre est en rapport avec le nombre de valences libres
que l'on rencontre dans les acides gras non saturés.
On sait que, dans les huiles, on rencontre des acides gras saturés, c'est-à-dire,
combinés à la glycérine; ces acides sont du type C^H^^O^ auquel correspond
l'acide stéarique C^^H^ôO^ et des acides non saturés du type CH^^-^qs comme
l'acide oléique Ci^H^^O^ et enfin les deux types suivants:' G» H2»-402.C"H2»-«.
Si nous nous reportons aux travaux de Mulder, sur l'huile de lin, considérée par
ce savant comme un glycéride dans lequel il a constaté la présence des acides sui-
vants :
acide laurique : Gï2H2402.
acide myristique : G^^H^^O^.
acide palmitique : G^^H^O^.
et un acide liquide non saturé qu'il appela acide linoléique et auquel il donna la
formule: G^^H^^O^. Si nous quittons Mulder pour passer au travaux de MM.
Hasura et Bauer qui eux ont dirigé leurs recherches sur les acides gras non saturés
de l'huile de lin et au moyen du brome en ont fixé la composition, ils ont obtenu
deux types d'acides :
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94 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Tacide linoléique: CisH^^O».
l'acide linolénîque: Ci^H^^Qî.
Le premier fixe quatre molécules d'iode et le second six.
Comme conclusion de ce qui précède, il est facile d'admettre, avec M. Coffi-
GNiER ^, qu'une huile composée de:
acide oléique 5
acide linoléique 15
acide linolénique 80
acides à valences non satisfaites soit très apte à absorber l'oxygène de l'air puisqu'il
y a là 80 % d'acide à six valences non satisfaites.
Le chiffre d'iode de Thuile de lin est le plus élevé et il varie entre 170 et 175,
les huiles de Californie ont même donné 180.
J'ai déterminé l'indice d'iode d'un certain nombre d'huiles similiJin et je n'ai
jamais obtenu un chiffre supérieur à 69,57.
J'ai saponifié du wood-oil et après en avoir séparé les acides gras par H^SO*
j'ai trouvé pour ces derniers des chiffres oscillant entre 67,57 ^^ 69. Ces chiffres
comparés à ceux cités ci-dessus pour l'huile de lin sont significatifs.
Le chiffre de Kœttstorfer est pour l'huile de lin, en moyenne de 189 à 195;
j'ai trouvé comme moyenne de mes essais sur l'huile simili-lin: 40,3. Comme indice
brome-soude (Essai Halphen):
Lin : variable de 20 à 8 suivant la provenance.
Simili-lin: 4,36.
En soumettant le wood-oil à l'action de la chaleur on constate qu'à 210" il devient
brun, entre en ébullition à 225 puis le thermomètre monte à 280 pour passer rapide-
ment à 310. A 320" la masse devient épaisse puis par suite de la pyrogénation devient
charbonneuse. •
Mes recherches ont alors porté sur Taction des siccati/s ordinaires sur le wood-
oil.
Au point de vue économique il est intéressant de comparer le prix de l'huile de
lin qui est de 79 fr. et celui du wood-oil de 65 fr.,on comprend alors pourquoi l'on
chercha à tirer le parti le plus utile de cette huile.
J'ai chauffé de l'huile simili-lin avec du borate de manganèse, dans les propor-
tions et conditions suivantes:
Huile 100 grammes
Borate 2 m
Température 160 à 190"
Durée du chauffage 15 minutes
Couleur de l'huile: brune;
après refroidissement j'ai étendu le vernis en couche mince sur une plaque de verre
et pour obtenir la dessiccation de la pellicule j'ai dû attendre: 28 heures.
La deuxième expérience a été faîte avec du résinate de manganèse:
Huile 100 grammes
Résinate 2 »
Température 150"
Durée du chauffage 15 minutes
Couleur de l'huile: noir.
Durée de dessiccation de la pellicule : 20 heures.
La troisième expérience a été faite avec de la litharge.
Huile 100 grammes
Litharge 2 »
Température 220*
Durée du chauffage 2 heures
Couleur de l'huile: noir
Durée de la dessiccation de la pellicule: 30 heures.
I. Ch. CoFFiCNiER. Manuel du fabricant de vernis.
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M. GUÉDRAS. — RECHERCHES SUR LA CHIMIE DES VERNIS 9?
Enfin j*ai traité une certaine quantité de wood-oil avec de l'acide linoléique
et la durée de dessiccation de la pellicule a été de: 25 heures.
Je pourrais déjà tirer une conclusion sur la siccativité de cette huile et dire qu'elle
ne peut servir qu'à couper des huiles de lin trop fortes mais je me réserve de revenir
sur une question, c'est celle relative à l'action des résinâtes et en étudiant ces inté-
ressants produits je m'étendrai plus longuement sur leur action sur le wood-oil. Reste
à examiner la solubilité des gommes dans l'huile simili-lin. Cette question a été mise
à l'ordre du jour par un brevet pris il y a quelque temps ^.
Les auteurs du brevet indiquent qu'on peut avec l'huile de bois obtenir des ver-
nis très épais maïs que cette méthode offre l'inconvénient que l'huile dès qu'elle
atteint une certaine température se transforme en une substance gommeuse, se soli-
difie et devient insoluble dans les dissolvants des résines et des graisses; j'ai indi-
qué ci-dessus ce qui se passe en chauffant le wood-oil et il est inutile de revenir à
nouveau sur cette question.
Les auteurs du brevet précité, tout en cherchant à utiliser l'huile de bois,
avaient certainement un autre objectif c'est celui d'éviter la pyrogénation des gommes
pour les rendre solubles. A cet effet ils préconisent de chauffer les gommes pulvérisées
avec les acides gras du wood-oil jusqu'à 250**.
J'ai préparé ces acides gras anhydres du wood-oil et mes expériences ont porté
sur du copal de Madagascar gomme très dure et sur du Rauri, gomme qui fond
facilement.
En ce qui concerne la gomme Madagascar je n'ai rien obtenu à cette tempéra-
ture. Le Rauri lui, a fondu, et après l'avoir maintenu 10 minutes à 250* puis laissé
refroidir à 170 j'ai essayé de traiter directement par l'essence, sans adjonction d'huile
de lin. La gomme a été immédiatement précipitée de sa solution.
En répétant l'expérience puis en ajoutant de l'huile de lin après fusion de la
gomme j'ai obtenu un vernis convenable.
A mon avis la quantité d'acides gras employée pendant la fusion vient empêcher
la dépolvmérisation du copal en retenant les acides libres de ce dernier ; il est possi-
ble et même certain que je ne me suis pas trouvé placé dans les conditions d'expé-
riences des auteurs du brevet, lequel ne fait pas mention du processus suivi. Mais il
est incontestable qu'en fondant une gomme avec de l'huile et voulant la rendre soluble
dans l'essence il faut employer une quantité d'huile beaucoup plus grande, pour la
raison donnée ci-dessus qu'en fondant la gomme puis ajoutant l'huile.
Dans son intéressant travail sur l'industrie chimique en Allemagne M. Trillat
dit, d'après la Chambre de Commerce de Bonn que ce produit est indispensable pour
la fabrication de la laque.
En terminant j'ajouterai que cette huile qui peut être utile aux fabricants de
laque ne doit pas, pour l'instant, être considérée comme une des matières premiè-
res de l'industrie des vernis gras.
2* Contribution a l'étude des siccatifs.
Les siccatifs sont des corps qui ajoutés à l'huile de lin en accélèrent la dessicca-
tion. Ces corps sont très nombreux mais dans cette étude nous nous occujjerons
exclusivement des résinâtes et linoléates. Avant de passer à l'examen de ces compo-
sés il est indispensable d'examiner les propriétés chimiques de l'huile de lin.
Dans un précédent travail sur le wood-oil j'ai déjà donné certains détails sur
les propriétés siccatives de l'huile de lin, aujourd'hui je m'étendrai plus longuement
sur ce sujet.
Il a été démontré, par Mulder, que l'huile de lin est le glycéride de l'acide gras
appelé acide linoléique. Si je prends la formule de l'acide linoléique: C^^H^^O.OH
j'arrive à conclure que ce glycéride a pour formule : (C^®H3iO)3v
C3H«/
en saponifiant ce glycéride, on obtient :
I. Brevet français no 3o8686 MM. Hecht-Poulenc.
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96 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
I** de la glycérine;
2** un sel de Tacide linoléique.
Exposé à Tair Tacide linoléique absorbe 2 % de son poids d'oxygène; étendu
en couche mince sur une plaque de verre, il donne un vernis qui reste visqueux.
Les sels de Tacide linoléique sont difficiles à obtenir purs, ils se décomposent en
donnant des sels acides. Petero a démontré que l'acide linoléique se rattache à Ta-
cide stéarique C^^H^^O.OH. dans lequel il se transforme par hydrogénation, par
exemple par l'action du phosphore et de l'acide iodhydrique.
Le professeur Hartley ^ indique, par l'exposé des formules ci-dessous, le rap*
port qui existe entre l'acide stéarique et les acides linolique, linoléique et linoléni-
que.
C18.H35.0.0H C18.H32.0.0H Ç18.H30.O.OH Cis.H^i.O.OH -
ac. stéarique ac. linolique ac. linolénique ac. linoléique
De l'examen de ces formules, il est permis de considérer l'acide linoléique
comme un composé à parties égales d'acides linolique et linolénique.
En résumé l'huile de lin renferme les substances suivantes:
I** Trilinoléine ou glycéride de l'acide linoléique (C^^H^^O)^^
yoK
2"* De l'eau;
3** Mucilage de la composition n(C®H^0O5);
4** Une huile essentielle, qui existe en très petite quantité et n'est pas connue;
5** Un mélange de matières colorantes: (chlorophylle bleue, chlorophylle jaune
et crythrophylle).
De ces différentes substances, une seule est utilisée, c'est la trilinoléine.
En nous reportant à mon travail sur le wood-oil, nous voyons que l'huile de lin
est excessivement siccative grâce à sa composition chimique, c'est-à-dire, aux acides
à valences non satisfaites, qu'elle renferme et qui sont très aptes à absorber l'oxygène
de l'air; comme l'acide linolique et l'acide linolénique,
CH3.(CH2)i3.CH :C :C :CH.COOH (acide linolénique).
CH3.(CH2)i3.CH:C:CH.COOH (acide linolique)
Si on examine les travaux de Cloez ^ on voit que l'oxydation de l'huile de lin
a pour résultat la destruction totale de la glycérine, formation d'acide carbonique,
d'acides formique et acétique et d'une petite quantité d'acroléine. Si on chauffe
l'huile sans y ajouter de siccatif, on constatera la décomposition du glycéride, for-
mation d'acroléine et mise en liberté d'acide linoléique. C'est la mise en liberté de
cet acide qui vient augmenter la siccativité de l'huile de lin, cet acide absorbera
l'oxygène de l'air, fournira une substance dure et élastique, appelée linoxyne.
Pour obtenir une huile siccative il importait d'obtenir la mise en liberté de cet
acide et l'industrie y parvenait grâce à la cuisson.
Certains composés métalliques viennent eux aussi augmenter le pouvoir siccatif
de l'huile de lin ; les principaux sont : le plomb métallique, à condition d'opérer avec
du métal excessivement divisé; sous l'influence d'une température élevée le plomb
entre en dissolution, détruit la glycérine et forme du linoléate de plomb, ainsi que
l'indique la formule suivante:
CH20C18H310 l CH2
I \ Il /OC18H310
CH20C18H310 +3Pb + = 2j CH + sPbC + H^O
I ) I ^OCi**H3iO
CH20C18H310 I CHO
Remplaçons le plomb métallique par de la litharge nous obtenons du linoléate
de plomb, de l'acide linoléique et de l'acroléine:
I. Hartley. Journal ofthe society of ArtSy Februarv 1893.
I. Comptes-Rendus, Vol. 61.
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M. GUÉDRAS. — RECHERCHES SUR LA CHIMIE DES VERNIS 97
CH20C18H310 ( CH2
I l II /OC18H310
I l CH20C18H310 + PbO = W CH + Pbc: + Ci8H3iO(OH)
il il \0Ci8H3i0
CH20C18H310 ( CHO
Dans les deux cas Tacroléine provient de la décomposition de la glycérine
par suite de la température élevée à laquelle on est forcé d'opérer.
Barrus et Jean recommandent le borate de manganèse qui effectivement s'est
créé une large place parmi les siccatifs. Le borate est peu soluble dans l'huile de
lin, la partie dissoute donne du linoléate de manganèse avec mise en liberté d'acide
borique.
Toute une classe de composés organo-métalliques peut remplir auprès des
huiles, le rôle de siccatifs tout en diminuant le temps de la cuisson et en donnant
un produit très soigné ; il s'agît des résinâtes et des linoléafes.
Les résinâtes ont été peu étudiés, sauf en Allemagne par H. Amses et Weger,
ce dernier n'a pas toujours été d'accord avec Amses, sur certains points touchant
les questions analytiques.
Techniquement parlant, les résinâtes sont des composés d'acide abiétique et
d'acide sylvique avec un radical métallique.
L'acide abiétique entre pour la plus grande part dans la composition de la
colophane, il a pour formule: C^^H^^O^, c'est un acide monobasique d'où la for-
mule des principaux résinâtes :
C19H2702\ Cl^H2702\ Cl»H2702s^
C19H2702
>Pb - >Mn. >Zn.
/ C1»H2702X C1^H2702/
La colophane employée à la préparation des résinâtes est, ainsi qu'on le sait,
constituée par de l'acide abiétique, de l'acide satidique et de l'acide pinique. La
formule a souvent été contestée.
Ure, dans les Annales de Chimie et de physique (1823) lui attribue la formule
suivante C^^U^O^. Thomsen dans le Journal de Schweigger (t. XXIII) Ci^^H^^O^,
Gay-Lussac et Thénard {Recherches physico-chimiques, 1810) C^®H"0*.
J'ai adopté, comme les techniciens allemands qui ont étudié les résinâtes la for-
mule Ci»H2802.
L'acide abiétique entre pour 80 % dans la composition de la colophane;
d'après Maly C^^H^aO*.
L'acide sylvique et l'acide pimarique représentent 20 % dans la composition de
la colophane.
L'acide sylvique répond d'après Bischoff et Hartvogel à la constitution sui-
vante :
COOH CH3
I I
G G
/ \ / V
HC GH— HC GH
Il 11= G20H30O2.
H2G GH~HG GH2
\ / \ /
GH GH
I I
L'acide pimarique à pour formule:
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98 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
I
G C
/ \ / \
HO.C C C.OH
Il î» Il ■
C2H5.C ce = C20H30O2.
\ / \ /\
c HC CH.CH3
I I I
H2C3H7.HC CH2
\/
H2
Le résinate de plomb renfermera donc:
24,96 % Pb, 72,87 % C, 8,60 % H, 10,70 % O ce qui correspond à
77,1 % d'abiétate de Pb. 22,9 % Sylvopinate de Pb.
Le résinate de plomb se présente sous forme d'une poudre blanche aux reflets
jaunâtres, il est soluble dans le chloroforme et la benzine, soluble en partie dans
l'essence de térébenthine. L'huile de lin chaude le dissout entièrement.
L'indice d'acide du résinate de plomb est en moyenne de: 35. On sait que l'in-
dice d'acide ne donne qu'un renseignement très aléatoire sur les résinâtes, ces der-
niers étant décomposés par les alcalis. L'indice de saponification (chiffre de
Kœttstorfer) est lui aussi sujet à caution par suite de la décomposition en présence
de la potasse caustique à l'ébullition ainsi que l'indique la formule suivante :
PbC^*H«205 -I- 2KOH = K2C**H«205 -I- Pb(OH)2
Le meilleur mode de contrôle est le dosage du métal ; Amses dans le Zeitschrift
fiir angewandte Chemie 1896 ^ recommande de calciner le résinate et de peser
l'oxyde. Je ne partage pas l'avis de ce technicien car tout en surveillant la calcination
il arrive qu'une partie de l'oxyde est réduit à l'état métallique par l'action du charbon
provenant de la matière organique.
Dans toutes mes analyses de résinâtes je calcine puis reprends l'oxyde par
AzO^K et dose le plomb par les méthodes connues.
Le résinate de plomb est peu employé dans la fabrication des huiles cuites et
des vernis, on lui préfère de beaucoup les composés de manganèse. Les siccatifs à
base de plomb ont le désavantage de noircir avec les f)eintures à base de zinc (blanc
de zinc, lîthopone).
Le résinate de manganèse a pour formule :
C19H2702V
C19H2702
^Mn.
80 parties d'acide abiétique donnent 88,68 d'abiétate de manganèse et 20 parties
d'acide sylvique donnent 21,75 de sylvatede manganèse, ce qui fait par rapport à la
colophane :
19,7 de sylvopimarate de manganèse.
80,3 d'abiétate de manganèse.
Le résinate de manganèse renferme :
Mn
C
H
7,74 %
72,87 %
8,60 %
10,78 %
Il se présente sous forme d'une poudre,, couleur chair, d'une densité très faible.
I. Traduction dans le Moniteur Scientifique,' Avril 1897
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M. GUÉDRAS. - RECHERCHES SUR LA CHIMIE DES VERNIS 99
Il est soluble dans le chloroforme et Thuile de lin chaude, l'essence de térébenthine
en dissout jusqu'à 40 %.
Merck ^ s'exprime ainsi au sujet de l'emploi des résinâtes dans la fabrication des
vernis :
Pour préparer un vernis qui sèche facilement on procède de la façon suivante :
On fait chauffer à 120** 100 kilos d'huile de lin et on y ajoute par petites quan-
tités, à courts intervalles et en agitant continuellement 2 kilogrammes de résinate
pulvérisé; on maintient le mélange à cette température jusqu'à ce que la solution
soit complète.
Effectivement au contact de la chaleur le résinate entre de suite en dissolution
et l'huile ainsi cuite est peu colorée.
J'ai procédé ainsi et fait varier.la quantité de résinate et ai obtenu les résultats
suivants :
Huile de lin
Résinate de Mn
Température
Siccativité
100 gr.
2 gr.
120**
10 heures
100 gr.
5 gr.
130**
8 heures
100 gr.
10 gr.
l6o«
6 heures
La durée de siccativité a été examinée en étendant en couches minces le vernis
sur des plaques de verre. J'ai aussi examiné l'indice d'iode de ces huiles cuites.
Huile de lin crue: 158.
Huile avec 2 gr: 379.
Huile avec 5 gr: 511.
Huile avec 10 gr: 511.
Le résinate employé à ces essais était de fabrication française, son indice d'a-
cide était de: 117, et le chiffre de Koettstorfer : 184; il avait un pourcentage en
manganèse de: 7.5 %.
Traité par l'essence de térébenthine, (40 gr. de résinate et 60 gr. d'essence), il
est très soluble au bain-marie en donne ainsi un siccatif liquide très apprécié.
Il existe encore un résinate qui lui ne possède pas de propriétés siccatives mais
additionné au résinate de manganèse il donne d'excellents vernis, c'est le résinate
de zinc. Il vient durcir la pellicule de vernis et lui donne ainsi beaucoup de solidité.
En résumé je dirai que les résinâtes servent principalement à la fabrication des
huiles cuites; pour l'obtention des vernis gras on a recours au linoléate soit de plomb
ou principalement à celui de manganèse.
L'emploi des linoléates comme siccatifs s'explique facilement ; nous avons vu
au début de ce travail que l'huile de lin doit ses propriétés siccatives à sa ren^^ur en
acide linoléique, acides à valences non satisfaites et qui absorbe facilement l'oxy-
gène de l'air en donnant une pellicule d'un corps appelé linoxyne.
L'acide linoléique correspond à la formule suivante:
CH3.(CH2)i3.CH : G : C : CH.COOH
Augmenter le pouvoir d'absorption de l'acide en oxygène et la formation de lino-
xyne ne pouvait s'obtenir qu'en ajoutant à l'huile de l'acide linoléique. Cet acide ne
pouvant, industriellement, être obtenu à un bas prix c'est à ses sels que l'on doit
s'adresser. On obtient le linoléate de Pb ou de Mn par double décomposition entre
un sel de ces métaux et une dissolution de linoléate de soude. Je ne puis m'étendre
plus longuement sur la fabrication de ces intéressants composés, ce qui sortirait
du cadre de cette Revue.
Le linoléate de manganèse se présente sous la forme d'une masse d*un brun
foncé qui doit se dissoudre aussi complètement que possible dans le chloroforme
et l'huile de lin chaude. Il s'oxyde facilement à la surface; la couche de linoxyne
est insoluble dans les solvants indiqués ci-dessus.
On prépare des vernis en mélangeant à l'huile de lin chauffée à 150* i % de -
linoléate de manganèse. Si l'on veut obtenir un siccatif à l'huile de lin on fera une
dissolution de 15 à 20 % de linoléate. Les vernis ainsi obtenus sèchent très bien et
2. Merck. Annales 1899, page 74.
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100 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
on active leur sîccativîté, dans les appartements en plaçant au milieu de la pièce
fraîchement peinte, un récipient contenant de l'eau dans laquelle on place un peu
d'Oxylithe, l'oxygène dégagé vient se fixer sur l'acide linoléique et amène une
siccatiyîté rapide.
* L'industrie des résinâtes et linoléates semble jusqu'à ce jour confinée en Alle-
magne, en France une ou deux usines seulement fabriquent ces intéressants pro-
duits appelés certainement à prendre de plus en plus de développement dans l'in-
dustrie des vernis et à la fabrication des siccatifs liquides.
REVUE ANNUELLE DE PHARMACIE'
Par le D' Ad. GILLOT
Licencié es sciences.
Nous allons exposer une série de réactions colorées que M. C. Reichard a
exécutées avec quelques alcaloïdes. Il indique (Pharm. Centralhalle, 623) comme
réaction d'identité de la thébaîne l'action de H^SO* sur un mélange de cette base
avec du nitrate mercureux, qui donne une coloration brun-noir foncé, et comme
réaction différentielle entre la thébaîne et la codéine, l'action de l'acide sulfurique
sur mélange de chacun de ces alcaloïdes avec la diphénylamine. Avec la codéine,
il ne se produit pas de coloration, tandis qu'avec la thébaîne le mélange devient
rouge foncé et les bords présentent une coloration jaune verdâtre intense. A l'air,
la couche rouge diminue tandis que la couche verte augmente; après une h., le
mélange est entièrement vert.
Une autre réaction différentielle entre ces deux alcaloïdes repose sur l'action
de l'acide chlorhydrique. Les cristaux de thébaîne traités par cet acide se colorent
en jaune tandis que ceux de la codéïne ne se colorent pas. (Pharm. Central-
halle, 727).
En ajoutant quelques cristaux de chlorhydrate de cocaïne à une solution de
naphtol-a dans une lessive de KOH à 40 %, il se développe une coloration bleue
qui, avec le temps, devient de plus en plus foncée (Pharm, Ztg., 591).
Une réaction analogue à la précédente est fournie par un mélange intime de
naphtoKa et d^arhutine, additionné de HCl ; il se produit une coloration bleue
magnifique. Cet alcaloïde chauffé avec du chlorure d'étain en solution chlorhydri-
que ou avec du trichlorure de Bi, donne une coloration jaune verdâtre ou jaune
intense (Pharm. Centralhalle, 555).
Avec l'acide azotique concentré, Varbutine et la berbérine, donnent la 1", une
coloration rouge-brun et la 2*, une coloration jaune (Ch. Ztg., 790).
En ajoutant à quelques cristaux de chlorhydrate de berbérine une goutte de
chlorure de Bi, il se produit une coloration jaune, qui devient brun-rougeâtre par
fa chaleur (Pharm. Centralhalle,' 473).
M. E. P. Alvarez (6?., 1905, 55, [2], 429) indique comme réaction de l'aco-
nitine, l'action du Br, en présence de l'acide azotique. Le mélange évaporé à sec
et traité par une solution alcoolique de KOH présente une coloration rouge
foncé qui, avec la solution de sulfate de cuivre, passe au vert.
En traitant la pilocarpine ou ses dissolutions par le chloroforme et l'eau oxy-
génée officinale et en ajoutant un petit cristal de bichromate de K, après agita-
tion, la coloration du mélange, au bout de 5 min., devient brun-noir, tandis que
la couche chloroformique surnageante devient bleu-violet, d'après M. H. Helch
(Pharm. Post, 313).
Pour le dosage des alcaloïdes des quinquinas dans les écorces et dans les pré-
parations pharmaceutiques, le procédé de M. Ph. W. Robertson (Proc, iço^,
I. Pour les premières parties de cet article, voyez R. G, C, 1907, 10, 33 et 66.
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D' GILLOT. — REVUE ANNUELLE DE PHARMACIE loi
242) est basé sur la propriété du sulfocyanate d'ammoniaque de donner des préci-
pités avec les alcaloïdes en général et en particulier avec ceux des quinquinas en
présence d'un sel de Zn ou de Hg. La détermination de la quantité de sulfocya-
nate enlevée par les alcaloïdes à la solution de sulfocyanate permet d'apprécier
rapidement la teneur alcaloïdique d'une préparation officinale.
Un autre procédé de dosage des alcaloïdes dans les écorces, les extraits et
les teintures de quinquinas, indiqué par M. N. Matolcsy {Pharm. PosL, 345)
est basé sur l'emploi de l'alcool amylique comme dissolvant. Après avoir déter-
miné que cet alcool absorbe i % d'eau en présence d'une solution saturée de NaCl,
que lo ce. d'une solution amylalcoolique saturée d'alcaloïdes renferme, d'une part,
2> 78 gr. de quinine, 1,48 gr. de quinidine, 0,13 gr. de cinchonine, 0,80 de
cinchonidine et que lo ce. d'une solution éthérée saturée renferme, d'autre part,
0,21 gr. de quinine, 0,11 gr. de quinidine, 0,004 de cinchonine et 0,03 gr. de
cinchonidine, l'auteur procède de la façon suivante : On fait bouillir 4 gr.
de poudre d'écorce avec 30 ce. d'eau acidulée, on filtre et on lave le résidu avec
de l'eau jusqu'à ce que le filtrat occupe un volume de 50 ce. On alcalinise ensuite
le filtrat avec un lait de chaux, on ajoute 59 ce. 40 d'alcool amylique et 20 gr.
de NaCl et on agite. On prélève avec une pipette 30 ce. de la couche amylal-
coolique qu'on fait évaporer et qu'on pèse. Ce poids représente la teneur totale
en alcaloïdes correspondant à la moitié de la matière d'essai. La dissolution de
ce résidu dans 50 ce. d'eau alcalinisée et additionnée de 20 gr. de NaCl est trai-
tée par 20 ce. d'éth. abs. et après agitation, filtration et dessiccation, on pèse ce
résidu qui représente un mélange de quinine et de quinidine. '
Pour identifier la quinoïdine, M. C. Reichard {Pharm. Ztg., 533) indique la
réaction suivante. On mélange intimement un petit fragment de cette base rési-
neuse, on humecte avec i goutte de lessive de potasse à 40 % et on chauffe en
remuant le mélange. Si, au résidu sec, on ajoute i goutte d'une solution de sul-
focyanate de K conc, il se produit immédiatement une coloration rouge brun»
Pour doser la cantharidine, M. Siegfried {Arch. Pharm., 342), traite la pou-
dre de cantharide avec du chloroforme additionné d'un peu de HCl. Après un
repos de 24 h. et des agitations fréquentes, on filtre et on chasse le chloroforme
par distillation à basse température; on reprend le résidu par l'éther de pétrole
et on jette sur un filtre sans pli taré. Le résidu pesé représente la teneur en can-
tharidine.
M. Stanek {Physiolog. Ch., 47, 83) montre que la choline et la bétaïne sont
précipitées en solution acide, quantitativement par le triiodure de K à l'état de
periodure et peuvent ainsi être isolées d'une série d'autres substances. Pour sépa-
rer ces deux alcaloïdes qui se rencontrent ensemble dans les végétaux, l'auteur
procède de la façon suivante : A 25-40 ce. de la solution du mélange des chlor-
hydrates de ces deux bases, on ajoute 5 % de bicarbonate de K ou de Na et on
précipite avec le triiodure de K ; le periodure de choline est filtré et lavé et l'azote
est déterminé par la méthode de Kjeldahl, d'où l'on déduit la quantité de cho-
line renfermée dans le mélange. Le filtrat est évaporé jusqu'à concentration de
25 ce. et on ajoute ensuite environ 10 % d'acide sulfurique. Le liquide ainôi
obtenu est saturé de NaCl et additionné de triiodure de K tant qu'il se forme un
précipité. Au bout de 3 h. on filtre dans un creuset de GoocH, on lave 5 fois avec
5 ce. d'une solution saturée de NaCl et l'azote est dosé par la méthode de Kjel-
4)AHL.
D'après M. Ad. Jolles (jB., jç, 96), pour la détermination quantitative des
pentoses, on transforme ceux-ci et les substances qui en renferment, par distil-
lation avec HCl, en furfurol. Celui-ci est entraîné par un courant de vapeur d'eau
jusqu'à dégagement complet, ce qui est indiqué par la réaction de Bial. On
prélève une partie aliquote du distillât, on neutralise, et on ajoute une quantité
déterminée de bisulfite de Na avec lequel le furfurol se combine; chaque molé-
cule de furfurol exige une molécule de bisulfite. Au bout de 2 h. on titre l'excès
de bisulfite avec la solution iodée. Une molécule de bisulfite correspond à une
molécule de pentose ou à 2 molécules d'iode.
Une méthode rapide de doser chimiquement le sucre dans les urines consiste,
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iô2 REVUE GÉNÉRALE DE|;CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
d'après M. Pottier (/. méd. Paris. [2], î8, 253) à déféquer l'urine avec le sous-
acétate de plomb, pour éliminer les causes d'erreurs dues à la présence des urates,
phosphates, chlorures, sulfates, albumine, etc. Le filtrat est ensuite traité par une
solution de sulfate ou de carbonate de Na pour précipiter l'excès de plomb. La
liqueur filtrée est ramenée au volume primitif de l'urine employée et l'on y fait
le dosage du sucre avec la liqueur de Fehling comme à l'ordinaire.
M. F. Saint-Laurens {Union pharm., 345) indique un moyen rapide de déter-
miner quantitativement Vacide urique dans l'urine. Celle-ci débarrassée de ses phos-
phates alcalinoterreux par une solution de carbonate de Na est additionnée goutte
à goutte de liqueur de Fehling décolorée exactement par le bisulfite et titrée j>our
réduire o gr. 005 de glucose et de telle sorte que i ce. de cette solution précipite
o gr. 002334 d'acide urique. La fin de la réaction est indiquée, quand, en fai-
sant tomber une goutte de l'urine ainsi traitée sur du carbonate de soude pul-
vérisé humecté avec une solution alcoolique à i % de diphénylcarbazide addi-
tionnée d'un peu de peroxyde de Mg, produit une coloration violette du mélange.
De son côté, M. G. Guérin (/. Pharm. Chim., [6], 2j, 516) après avoir pré-
cipité les phosphates etc. avec du carbonate de Na, traite la liqueur filtrée par
une solution de nitrate d'ammoniaque à raison de 50 gr. pour 100 ce. de solution
et il ajoute de l'ammoniaque. Après 24 h. de repos, on filtre et on met en sus-
pension dans l'eau le précipité d'urate d'ammoniaque; on ajoute ensuite de
l'acide sulfurique à 50 %, on chauffe et on titre avec une solution de permanga-
nate de K à I gr. 50 par litre.
Une variante du procédé précédent est indiquée par M. A. Ronchèse (/.
Pharm. Chim., [6], 25, 339). 100 ce. d'urine sont traités avec une solution aqueuse
renfermant 150 ce. d'ammoniaque et 150 gr. d'AzH^Cl par litre et le tout est
laissé en contact une demi-heure^ Le précipité à^uraie ammoniacal lavé avec la
solution précédente, est mis en suspension dans 300 ce. d'eau et dissous par addi-
tion d'acide acétique dilué. On ajoute 20 ce. d'une solution saturée de bicarbonate
de K et de borax jusqu'à réaction alcaline et on verse avec une burette graduée
une solution décinormale d'iode en présence de l'amidon comme indicateur. Le
nombre de ce. x 0,084 + o gr. 01 = la quantité d'acide urique par litre.
L'albumine ne gêne pas dans cette opération.
M. B. Glassmann (B., jp, 705) a modifié la méthode de Liebig - Pfluger
pour le dosage de Vurée en ce que celle-ci est précipitée avec une quantité déter-
minée de nitrate acide de mercure en excès et dont le titre est connu. On neutra-
lise avec le bicarbonate de soude et dans le filtrat acidulé avec l'acide azotique,
on dose le Hg en excès au moyen du sulfocyanure d'ammonium. Pour le dosage
dans l'urine, on traite par le nitrate de Ba et l'eau de Ba, et ensuite par le nitrate
d'Ag pour éliminer les carbonates, sulfates, phosphates, chlorures, etc., et on
dose l'urée dans le filtrat. Dans le calcul, il faut tenir compte de ce que 13,4 % de
l'Az total proviennent de corps autres que l'urée.
MM. L. Grimbert et E. Dufau (/. Pharm. Chim., [6], 24, 193), dans la
question des albumines urinaires, préconisent un procédé très simple pour distin-
guer Valbumine pathologique de la mucine ou substance mucinoïde qu'on ren-
contre fréquemment dans les urines et qui peut induire en erreur pour le dia-
gnostic. Il consiste à déposer sur une couche de solution sirupeuse d'acide citrique,
à raison de 100 gr. pour 75 ce. d'eau, une petite quantité d'urine. Si, après 2 ou
3 minutes il se forme un disque nébuleux plus ou moins accentué, on en conclut
à la présence de mucine. Cette réaction n'a pas lieu avec l'urine albumineuse
exempte de mucine.
M. F. A. Steensma (Physiolog. Ch., 47, 25) étudie l'action de quelques aldé-
hydes sur Valbumine, Vindol et le scaiol. Une solution d'albumine, additionnée
de HCl à 25 % et d'une quantité suffisante d'une solution alcoolique à 2 % de
p-diméthylaminobenzaldéhyde, se colore en rouge et en bleu foncé après addition
de quelques gouttes d'une solution de nitrate de soude. Cette réaction exécutée
avec l'indol, donne successivement les colorations rouge et rouge sombre. Avec le
scatol, la coloration passe du bleu violet au bleu foncé. En remplaçant le réactif
précédent par une solution alcoolique de vanilline à 5 %, l'albumine donne, dans
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BIBLIOGRAPHIE
io3
les mêmes conditions, successivement les colorations rouge et bleue, Tindol, une
coloration orangée unique, les colorations rouge-violet et bleu-violet. Enfin, en
employant comme réactif une solution alcoolique de p-nitrobenzaldéhyde, Talbu-
mine se colore successivement en vert et en bleu sombre; tandis que le scatol et
rindol ne donnent aucune coloration.
Une réaction analogue a été indiquée par M. A. Krokiewicz {Milnch. Med.
Wochenschr,, 496) pour caractériser les matières colorantes de la bile. On ajoute
à Turine une solution aqueuse d'acide sulfanilique, du nitrite de Na et i à
2 gouttes de HCl, ce qui provoque une coloration rouge-rubis qui passe au vio-
let-améthyste en présence des pigments biliaires.
BIBLIOGRAPHIE
La •écurité du travail dans les établisse-
ments Industriels et oommerolaux.
Louis Grillet, Inspecteur du travail
dans rindustrie. Petit in-8 de 192 pa-
ges. (« Encyclopédie scientifique des
Aide-Mémoire ».} Lib. Gauthier-
VlLLARS, Paris (SM).
Cet aide-mémoire forme le quatrième
et dernier volume de la série consacrée
par Fauteur à Tétudé de la législation du
travail ; il constitue en même temps la
suite naturelle et nécessaire du Volume :
€ L'Hygiène du travail ».
Mais , pour ces deux Volumes ,
M. Grillet n*a pas cru qu'il était suf-
fisant d'indiquer aux ingénieurs, aux
industriels, les prescriptions législatives
et réglementaires visant Thyçiène et la
sécurité du travail ; il a pense qu'il était
en outré indispensable de leur indiquer
les moyens différents de les appliquer.
L'industriel, le commerçant absorbé
par les soins de la direction de son en-
treprise nia, en général, ni le temps
matériel ni les connaissances spéciales
nécessaires pour se livrer à l'étude de ces
3uestions. De plus, habitué à ne consi-
érer que les résultats industriels de son
exploitation, les dangers de diverses
natures qu'elle peut présenter pour son
personnel ne le frappent pas comme ils
Frappent l'hygiéniste, l'inspecteur du
travail qu'une mission spéciale a chargé
du soin de veiller à la sécurité des locau*
de travail et auquel les statistiques
officielles d'accidents fournissent des
matériaux permanents pour déterminer
les dangers respectifs des machines pro-
ductrices et motrices et les procédés de
fabrication employés dans l'industrie.
Le volume « La Sécurité du travail »
contient donc la description des i prin-
cipaux appareils de protection et dispo-
sitifs de sécurité consacrés par l'expé-
rience ou qui ont été suggérés à l'auteur
{)ar le souci de concilier la sécurité et
a santé du travailleur avec les nécessités
industrielles. En les signalant, M. GRIL-
LET a surtout tenu compte de leur effi-
cacité, de leur prix de revient et de la
commodité de leur emploi ; il a, en ou-
tre, voulu donner le moyen à tout indus-
triel de les faire appliquer, sans études
préparatoires, dans ses ateliers.
Après avoir passé en revue tous les
travaux qui sont interdits aux enfants
et aux femmes, l'auteur étudie successi-
vement l'isolement des moteurs, les pas-
sages entre les machines, l'établissement
des escaliers, la protection des puits,
trappes, échafaudages, ponts volants,
l'installation des monte-charges et as-
censeurs, la protection des cylindres et
cônes de friction, des bielles, manivelles,
arbres, poulies, courroies, engrenages,
volants, la protection des scies diverses,
dégauchisseuses, raboteuses, toupies,
etc., des meules-émeri, le maniement des
courroies, la mise en train et l'arrêt des
machines, les dispositifs d'arrêt des mo-
teurs et de débrayage des machines
opératrices, le nettoyage, le graissage et
les réparations, les précautions contre
l'incendie, l'isolement des appareils élec-
triques, etc.
Un grand nombre de figures illustrent
cet intéressant Volume, qui doit entrer
dans la bibliothèque de tous les chefs
d'exploitation du commerce et de l'in-
dustrie gue ne laissent pas indifférents
les soucis de la santé et de la sécurité
de leur personnel. — X.
L'Hygiène du travail dans les Etablisse-
ments industriels et oommerolaux.
Louis Grillet, Inspecteur du travail
dans l'industrie. Membre des Conseils
d'hygriène d'Ille-et- Vilaine et des Côtes-
du-Nord. Petit in-8. (« Encyclopédie
scientifique des Aide-Mémoire 9.) 3 fr.
Lib. GaUTHIER-VilLARS, Paris (SM).
Les deux aide-mémoire précédemment
publiés par M, Louis Grillet, « La Lé-
gislation des accidents du travail 1, « La
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I04
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Réglementation du travail dans les éta-
blissements industriels i, forment un ex-
posé très complet, très judicieux et très
claif , des deux points de la législation du
travail qui intéressent le plus, actuelle-
ment, le monde industriel : d'une part
les responsabilités des accidents dont les
ouvriers sont victimes dans leur travail,
d'autre part les prescriptions législatives
et réglementaires qui régissent le travail,
spécialement en ce qui concerne l'admis*
sion des enfants, l'apprentissage, le tra-
vail de nuit, le repos hebdomadaire, la
durée du travail, les tolérances et déro-
gations dont peuvent bénéficier les in-
dustriels, l'inspection du travail, etc.
En présence de l'accueil très favorable
cju'ils ont reçu du public de l'industrie,
1 auteur a pensé qu'il était nécessaire de
compléter l'analyse méthodique du a Co-
de du travail », et d'étudier les pres-
criptions et les dispositifs d'hygiène et
de sécurité applicables à tous les établis-
sements industriels et commerciaux.
Le présent aide-mémoire traite donc
de r « Hygiène du travail ». Venant
après les excellents ouvrages de Frey-
ciNET, Layet, Proust, Napias et Poin-
CARÉ, il était parfaitement inutile qu'il fût
un traité complet d'hygiène publique et
privée; au contraire, l'auteur a pensé qu'il
répondrait bien mieux aux nécessités
qui ont déterminé sa publication, s'il
était exclusivement un traité théorique
et pratique d'hygiène industrielle ; s'il
indiquait, à la fois, aux ingénieurs, aux
chefs d'entreprise, les prescriptions d'hy-
giène détermmées par les règlements, et
les dispositifs divers permettant de les
appliquer.
Après un aperçu historique sur la lé-
gislation du travail et l'examen des pres-
criptions d'hvgiène visant l'emploi des
femmes et aes enfants, l'auteur arrive
immédiatement à l'étude de l'hygiène gé-
nérale des ateliers qui forme dans l'ou-
vrajge un commentaire très complet de
la loi du II juillet 1903, des neuf pre-
miers articles du décret du 29 novem-
bre 1904, etc.
Dans les deux premiers chapitres,
M. Grillet traite de l'assujettissement
des établissements et de la procédure
appliquée par l'Inspection du travail ;
successivement il passe en revue les cau-
ses de viciation de l'air, la propreté des
locaux de travail, la désinfection, l'éva-
cuation des eaux résiduaires (puits per-
dus, puisards, puits absorbants, éviers,
etc.), les travaux dans les éeouts, etc.,
les cabinets d'aisance (water-doset, fosse
septique), l'aération, le chauffage; l'éva-
xuation des vapeurs et des gaz, des
Propriétaire-Gérant : George F. JAUBERT.
LAVAL. — IMPRIMERIE L. BARNÉOUD ET c'*
buées, des poussières, des fumées et pro-
duits divers, l'installation des filtres à
poussières et séparateurs, la pulvérisa-
tion en vase clos de substances toxiques,
la ventilation des ateliers ; l'humidifi-
cation des salles de filatures, l'hygiène
individuelle des ouvriers.
Enfin, dans un dernier chapitre, il étu-
die les prescriptions spéciales applica-
bles à l'emploi de la céruse, aux
fabriques de vert de Schweinfiirt, à
l'industrie de la poterie d'étain, à la
manipulation du linge sale et au cou-
chage du personnel.
Cet aide-mémoire, illustré par plu-
sieurs clichés d'appareils et d'installa-
tions diverses, constitue le guide né-
cesaire de tout industriel soucieux
d'appliquer dans ses ateUers et sans
dépenses exagérées, les prescriptions
réglementaires d'hygiène indu st r ielle .
— 2\..
Das neue Teohnisoh-Chemisohe institut
der Kœnigiiolien teotinitolieii Hodi-
toliuie zu Beriin, par Otto Witt, pro-
fesseur à la technische Hochschule de
Charlottenbourg et directeur de l'ins-
titut chimique. Un vol. in-8 de 16 p.
avec fig. Prix : 2 marks. Berlin, lib.
Weidmann.
Quand le nouvel institut technique et
chimique de la technische Hoschschule
de Charlottenbourg fut inauguré, son
directeur, le professeur Otto WiTT, après
avoir salué les invités à la fête d'inau-
guration fit une conférence sur les pro-
grès réalisés dans la fabrication des
composés nitreux au moyen de l'air
atmosphérique. La présente brochure
reproduit cette conférence et contient la
description du nouvel institut.
D' A. G.
Pliysiicaiisoli - oliemitolie Betraohtungen
iiber den Verbrennungsprozesa in den
Casmotoreni par M. Walter Nernst.
Un vol. in-8 de 36 p. Prix : i mark.
Berlin, lib. Springer.
L'explosion d'un mélange gazeux est
accompagnée de deux séries de phéno-
mènes. Les uns, du domaine chimique,
ont trait à la combustion elle-même et
aux produits qu'elle engendre ; les autres
se rattachent à ceux que l'on étudie en
physique car ils proviennent d'échauffe-
ment et de refroiaissement. La plaquette
que nous signalons ici est la reproduc-
tion d'une conférence faite par 1 auteur,
à Mâgdeboure, lors de la 46* session
du « Verein oeutscher Ingenieure 1. On
ir trouvera un exposé simple et clair de
a question. D*" A. G.
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LINDUSTRIAUSATION DE L'ANALYSE
Procédés et appareils employés à la Station Agronomique de
TAisne pour le dosage de Tazote et de Tacide phosphorique
dans les engrais*
Par h. Rousset.
Si le néologisme est inélégant, il peut seul rendre, en la résumant, Tidée
qui inspire cette étude, nous voulons dire les transformations que subit l'analyse
chimique dans son passage des laboratoires d'études aux laboratoires industriels
et commerciaux.
Chaque jour l'importance et le nombre de ceuk-ci augmentent. Sans y vouloir
lutter contre l'esprit bien supérieur des recherches de science pure, on y tra-
vaille dans un but différent; on y a beaucoup travaillé et les résultats obtenus
méritent d'être connus. Sans doute, ils le sont, il existe toute une littérature spé-
ciale : périodiques enregistrant les efforts, ouvrages qui les résument. Il ne peut
être question, dans une modeste étude, de vouloir mieux faire, mais seulement
analyser le sens de l'évolution de cette branche de la chimie.
Le chimiste essayeur n'est plus savant, mais industriel, commerçant. Par-
tant, plus de spéculations, d'hypothèses; une simple ingéniosité, des soins valent
mieux et suffisent. Il n'aura plus le même but, savoir ; ce qui guidera ses efforts
sera le résultat économique. Les ressources insuffisantes du laboratoire, l'obliga-
tion d'une tâche fixée à l'avance (fabrication à contrôler, produits à analyser
qu'envoie une clientèle pressée), le souci de ne pas perdre de temps (time is
money) lui feront, sinon négliger toute recherché, du moins la borner au per-
fectionnement du travail quotidien. Il est arrivé à beaucoup faire dans ce sens-là.
IlllfiMiJ?
Fig. I. — Station agronomique de l'Aisne.
Ensemble des appareils pour le dosage de Tazote.
Et comme les meilleurs raisonnements du monde — que je n'ai, d'ailleurs, pas
la prétention de faire — ne valent, surtout pour des chimistes, qu'autant qu'ils
sont appuyés sur des faits et des exemples, j'étudierai ici deux méthodes très usi-
tées dans les laboratoires industriels et commerciaux : le dosage de Az et de
GBlfSRALB DE CHIMIE PDRE BT APPLIQUEE — 6« LIVRAISON. — MaRS I907.
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io6 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
P^O^ dans les engrais. Employés partout à fortes doses, ceux-ci sont l'objet d'une
industrie qui augmente sans cesse et de transactions énormes.
Négligeant la description des anciennes méthodes connues de tous (pour Az
méthode Kjeldahl^, pour P^O^ méthode Joulie 2) , négligeant l'étude des modifi-
cations différentes par tel ou tel laboratoire, je prendrai un seul exemple en
m'attachant à faire ressortir, au travers des détails particuliers, les caractéristi-
ques générales.
J'ai choisi la Station agronomique de l'Aisne; je la connais très bien, y
ayant manipulé quelques années ; c'est l'une des Stations où l'on analyse un
très grand nombre d'engrais, l'Aisne étant un pays de culture intensive et de
gisements phosphatés; enfin c'est, je crois, là que les efforts longs et persévérants
de M. Caillot, le directeur, orientés dans le vrai but, ont eu les meilleurs résul-
tats.
Dosage de l'azote
La vue ci-contre donne l'ensemble des appareils qui servent pour cela et ne
servent que pour cela. C'est déjà une indication, groupés tous à côté les uns des
autres ils épargnent les pas, facilitent la surveillance et les manipulations.
L'engrais est échantillonné dans une salle spéciale, pesé dans une autre salle
et introduit dans des ballons de 150 ce. environ. (La balance est une Curie à
court fléau, lecture optique et amortisseurs, toutes conditions de rapidité.)
Les ballonnets contenant o gr. 5, i gr. ou 2 gr. de la substance, selon sa
richesse présumée en Az, sont apportés par un aide dans la salle d'analyse. Il y
verse le long des parois du col, pour entraîner les particules de matière adhérente
au verre, 20 ce. de SO^H^ concentré et pur, à Taide d'une burette jaugée à rem-
plissage automatique. Une seconde burette permet d'ajouter o gr. 5 environ de
Hg qui facilite la réduction.
On chauffe. L'attaque au bain de sable, préconisé au début, a été reconnue
inutile et peut être remplacée par le brûlant réglé à très petite flamme ; l'ampoule
de verre, préconisée aussi pour éviter les entraînements a été avantageusement
remplacée par un allongement du col des ballon nets-matras, les vapeurs acides
s'y condensent en partie et lavent le dégagement gazeux. C'est toujours la seule
pratique qui a dicté ces simplifications, non des discussions savantes: on a essayé
d'une façon et d'autre les écarts étant inappréciables, on a pris au plus simple.
Les rampes de chauffage sont sensiblement du même modèle que celles de
Adnet (Mod. de l'Institut agronomique); on les voit dans chacune des hottes,
Fig. 2. — Grille en tôle pour attaques.
Modèle de Tlnstitut agronomique.
placées au fond de la photographie entre chaque fenêtre. Le bâti de ces hottes est
en chêne, les panneaux latéraux en céramique, le fond et la porte à coulisse (équi-
1-2. Pour la marche générale suivie, voir Mùntz .Méthodes officielles pour l'analyse des engrais.
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H. ROUSSET. — L'INDUSTRIALISATION DE L'ANALYSE 107
libres par des contre-poids) sont vitrés. Cette disposition très commode assure
réclairage parfait de la hotte; elle a été décrite par Wurtz ^ dans la* relation
d'une visite à l'Université de Bonn.
L'aération produite par une cheminée surmontant chaque hotte — et, au cas
de tirage insuffisant, la fermeture hermétique des portes — préservent parfaite-
ment le laboratoire des vapeurs acides. Il y a ainsi quatre hottes dont chacune
contient une rampe à six brûleurs, soit possibilité d'exécuter simultanément 24 do-
sages.
Grâce à l'emploi de verrerie de Bohême ou de léna, les ballons résistent par-
faitement à la haute température, car on chauffe jusqu'à l'ébullition; là encore
des expériences comparatives ont montré qu'il n'y avait pas à craindre les pertes
signalées au début de l'emploi de la méthode, où l'on recommandait d'éviter
l'ébullition ; l'attaque était ainsi très longue. Pour certains engrais (corne moulue,
par exemple) il faut encore six ou huit heures d'attaque pour arriver, sinon à la
décoloration — précaution encore inutile — du moins à la transparence du
liquide, il devient rougeâtre puis ambré, on s'arrête là.
Après refroidissement, le contenu des ballons est transvasé dans les ballons
plus grand (au premier plan de la photographie, sur la grande table). Certains, ce
qui paraît une simplification, opèrent l'attaque et la distillation dans un même réci-
pient, ballon ou vase de Bohême ^ essayé à la Station, le procédé a paru beaucoup
moins pratique.
Avec les eaux de lavage, le liquide acide arrive environ au tiers du ballon
(de i.ooo à 1.500 ce); on laisse refroidir et, l'inclinant sur le valet, on laisse cou-
ler doucement le long du col 100 ce. d'une solution de soude caustique de densité
i>375 et contenant 10 gr. par litre de Na-S pour précipiter Hg qui pourrait immo-
biliser une partie de Az sous forme de sels de mercureammonium. En opérant
avec précaution, on n'a aucune perte à craindre, la solution alcaline, de densité
très élevée ne se mélangeant pas au liquide acide. On projette une pincée de gre-
naille de Zn dont l'attaque par NaHO donnera un dégagement d'H évitant les
soubresauts. On ferme le ballon, le tube abducteur est plongé dans un vase de
Bohême contenant la liqueur titrée acide. On chauffe.
L'appareil distillatoire usité dans la méthode Kjeldahl fut d'abord le ser-
pentin pet ascendum de Schlœsing, puis le même, mais métallique et plus rus-
tique d'AuBiN, puis un simple tube à ampoule de Wurtz, à double boule, ou
de Delattre^, à tube intérieur. Des expériences comparatives permirent à
M. Caillot de constater que si, en effet, un simple tube coudé amenait des
entraînements de NaHO, toutes ces complications étaient inutiles, une simple am-
poule surmontant un large tube pour le retour facile du liquide condensé, suffi-
sait largement. Les vapeurs s'y détendent, leur courant est brisé, la plus grande
surface de contact avec l'air assure une sorte de lavage par condensation partielle,
on n'a jamais pu constater le moindre entraînement. On reconnut également que
le réfrigérant à courant d'eau était inutile, il suffit d'un tube de petit diamètre et
assez long. Pour moins de fragilité on le réuni au tube à ampoule par un court
joint de caoutchouc.
Après une ébuUition de vingt minutes, suffisant pour l'expulsion de tout
AzH^, on relève les tubes abducteurs à l'aide des supports de bois figurés en
avant de la table, on en lave l'extrémité au jet de pissette. Les vases de Bohême
sont portés sur la fenêtre du milieu pour le titrage.
Cette dernière opération offre encore quelques particularités. On s'y sert de
ces burettes, très commodes, à jaugeage automatique, retour du liquide par
manoeuvre d'un seul robinet (Types de Dupré, Lanquetin, Berlemont.) La
liqueur contient 35 gr. de SO^H^ pur, très longtemps bouilli (liq. azotométrique),
chaque ce. équivaut à une fraction décimale d'Az. La liqueur alcaline (à base
de KHO) lui correspond volume pour volume. Avant distillation, on a versé
20 ce. de liqueur acide dans chaque vase de Bohême ; on y ajoute quelques gouttes
1. Encyclopédie Frémy : Les laboratoires à l'étranger.
2. Report expérimental station USA : (Station de Halle-sur-Saale).
3. Pagnoul. Bulletin de la station agronomique du Pas-de-Calais, 18.
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REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
d'une solution alcoolique de cochenille (indicateur permettant de ne pas s'inquié-
ter de CO^). On ajoute la liqueur alcaline jusqu'à virage au violet naissant — opé-
ration facilitée par le revêtement de la table en carreaux émaillés blancs — . Le
y-c«
Fig. 3. — Appareil distillatoire d'AuBiN.
Fig. 4. — Appareil distillatoire de Gaillot.
nombre de ce. versés retranché des 20 ce. de liqueur acide donne pour une prise
d'essai de i gr. . la teneur pour cent de la matière en Az. Mais une division
inversée de la burette à liqueur alcaline (de 20 à o au lieu de o à 20) supprime la
soustraction, qui se fait d'elle seule. Autre particularité : on a versé, non 20 ce.
de liqueur acide, mais un nombre en variant très peu (20 ce. i, 20 ce. 2) et régl^
à l'avance à chaque fourniture de SO^H^ d'attaque et de NaHO de distillation,
après avoir fait plusieurs opérations à blanc.
Il reste à comparer les résultats obtenus. Chaque opération a été faite en dou-
ble, c'est une précaution que l'on ne saurait trop recommander; dans ces analyses
en séries, on opère si rapidement, sur un tel nombre d'échantillons, qu'il est
inévitable de se tromper quelquefois. Une étiquette mal placée peut avoir de
grandes conséquences. Ainsi on évite toute possibilité d'erreur accidentelle, on
augmente en même temps la précision du dosage. Après titrage on recherche les
résultats trouvés par les deux analyses de même numéro; on compare; presque
toujours il existe une légère différence, i ou 2 dixièmes, on fait la moyenne ou,
s'il y a plus, on recommence. Ainsi tous les résultats donnés le sont avec l'ap-
proximation la plus petite possible, et on peut en être certain. De fait — les échan-
tillons y étant conservés trois mois — on a eu souvent des demandes de ré-ana-
lyses, de contre-expertises. Jamais les résultats nouveaux n'ont différé des anciens
que par des quantités négligeables et dans la limite des erreurs indispensables
d'analyse ou d'analyste.
Cette installation permet avec un personnel de trois employés de faire jusqu'à
36 à 48 dosages d'Az, tous pouvant en outre, pendant les attaques et la distillation
s'occuper d'autres besognes.
Dosage de l'acide phosphorique
La tendance générale, dans la culture de l'Aisne, est d'employer de plus en
plus les engrais phosphatés où P^O^ est immédiatement assimilable, scories
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H. ROUSSET. — L'INDUSTRIALISATION DE L'ANALYSE
109
de déphosphoration et beaucoup plus encore: superphosphates de chaux. Nous ne
nous occuperons que de l'analyse de ces derniers, la méthode suivie pour les
autres ne diffère d'ailleurs qu'au début des essais, et très peu.
P^O^ soluble est dosé — par suite d'une convention admise par le com-
merce — par dissolution dans une solution de citrate d'ammoniaque^ . Il est
nécessaire pour que la dissolution soit complète de broyer très finement la prise
d'essai dans le solvant et de laisser très longtemps en contact. Le broyage se fait
d'ordinaire dans le mortier spécial de Joulie, à forme basse et fond dépoli, se
rapprochant de la molette.
M. Caillot a fait construire un petit appareil très intéressant, original et
n'ayant encore été décrit, que je sache, dans aucun ouvrage. H permet de broyer
très finement le superphosphate, de rincer l'appareil, de faire passer le tout dans
une fiole jaugée; toutes opérations étant mécaniques, rapides et continues.
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Fig. 5. — Station agronomique de TAisne.
Ensemble des appareils pour le dosage du phosphore : agitateur rotatif;
broyeur ; agitateur à secousses.
Fig. 6.
Entonnoir
de
JOUUE
Dans un bloc de bronze dur est creusé un trou conique où peut tourner une
pièce de bronze conique aussi, mais un peu moins et telle qu'elle obture le som-
met des cônes, formant l'ouverture inférieure. La différence des cônes fait que les
deux surfaces de bronze forment un coin très peu prononcé. Pour assurer l'entraî-
nement de la matière à broyer dans ce coin, le cône mobile est taillé, non de
gorges, qui seraient très difficiles à nettoyer, mais de simples plats hélicoïdaux,
qui remplissent mieux et très bien le même office.
Le cône mobile est fixé au bas d'une tige verticale mue en haut par un engre-
nage d'angle et des poulies ; deux leviers latéraux (côté gauche) permettent l'un de
débrayer la courroie, l'autre de soulever le cône qui ouvre alors l'orifice inférieur.
On introduit i gr. du superphosphate à analyser, puis un peu d'eau. On
embraye. Le son, d'abord très sourd, s'adoucit; la matière est broyée; on soulève
le cône, la boue liquide s'écoule dans la fiole jaugée de 100 ce. fixée sous l'appa-
reil. On rince avec une pissette à jet très fin en ouvrant et fermant plusieurs
fois jusqu'à ce que le liquide coule clair; 30 ou 40 ce. suffisent. On débraye. La
main gauche commande les leviers, la droite tient la pissette. A trois, l'un au mor-
tier, l'autre à la balance, et un aide, on peut faire de trente à quarante opéra-
tions à l'heure, encore est-on borné le plus souvent par la vitesse des pesées.
L'aide remplace la fiole de 100 par une vide ; il ajoute 40 ce. de la solution
I. MùNTZ. Lee. cit.
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iio REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
de citrate, jauge à loo à H^O distillée, ferme la fiole de son bouchon rodé et
place dans l'agitateur.
Cet agitateur est du type de Wagner pour l'agitation des scories et permet de
remplacer les douze heures, de contact habituel par 2-4 h. d'agitation ; de plus, on
évite la formation de précipités de citrate de chaux, si longs à redissoudre ; il
comprend, alignés sur l'axe, une série d'anneaux de zinc légèrement coniques pour
le calage instantané du fond des fioles; sur les cadres du pourtour et en face de
chaque anneau une tige coulissant dans une garniture à ressort; d'un côté, elle
est élargie et évidée pour recevoir le bouchon de la fiole; de l'autre, un bouton
molleté en permet la manoeuvre.
Après agitation, on filtre ; des supports spéciaux reçoivent, en haut, une ran-
gée d'entonnoirs, au-dessous les verres, au-dessous encore les fioles. On peut y fil-
trer simultanément une cinquantaine d'échantillons. On prélève à la pipette
25 ce. = o gr. 25 de matière, dans une fiole semblable à la précédente, mais ni
jaugée ni fermée; on ajoute 5 ce. environ de la solution magnésienne^ 10 ce.
d'AzH^. On agite ensuite dans l'agitateur à secousse. On y place les fioles dans
des cylindres de métal fixés sur le disque horizontal, on les cale avec un morceau
de feutre épais. Le disque est relié par une bielle à une poulie verticale mue par
une turbine « Chicago's top » placée sur la canalisation d'eau.Un modèle analogue,
mais moins perfectionné, a été décrit, d'ailleurs, par Maerker 2,
Je ne saurais trop recommander ce petit appareil, il ne nécessite pas d'agi-
tateur en verre, il agite par brusques secousses, c'est-à-dire très efficacement; le
réglage est très facile et se fait par le robinet de la conduite alimentant la turbine.
Après un quart d'heure, la précipitation de MgAzH^PO* est complète et les cris-
taux formés sont sensiblement plus gros, ce qui assure une filtration plus facile.
Les avantages sont connus et ont été préconisés par Bartmann, qui a créé pour cela
un agitateur spécial ^, je croîs celui en usage à la Station agronomique de
l'Aisne infiniment plus pratique.
La nouvelle filtration se fait sur Berzelius suédois et avec les entonnoirs spé-
ciaux de J0ULIE, à longue douille. Ils sont supportés par des anneaux de verre
fixés eux-mêmes à une tringle de bois ; des planchettes supportent les verres rece-
vant le liquide filtré. Un vase de Mariotte, en charge sur le tout — et de la tubu-
lure inférieure duquel partent des tubes de caoutchouc, terminés par des ajutages
de verre et fermés par des pinces de Mohr., — contient l'eau ammoniacale
nécessaire pour le lavage du précipité. On doit enlever toute trace de citrate qui
empêcherait l'emploi de K^FeCy® comme indicateur.
Les lavages terminés on met le filtre dans une capsule de porcelaine, la fiole
contenant encore, adhérents aux parois, des cristaux de MgAzH^PO*, est lavée à
l'eau acidulée par AzO^H, puis rincée. Avec deux agitateurs on déchire le filtre,
le précipité se dissout, on teinte à la cochenille (Malot*) on neutralise à l'eau
ammoniacale, on réacidule très légèrement, on ajoute 5 ce. d'une solution acide de
CH^COONa, qui permettra de maintenir au titrage une acidité acétique malgré
la décomposition de (Az03)U02. — On sait que PO*AzH*(UO)2, est soluble dans
les acides forts.
On chauffe, au début de l'ébullîtion et on ajoute de la liqueur titrée d'urane,
avec une burette anglaise ou de Hughes, en agitant continuellement. La fin de la
précipitation est indiquée par disparition de la teinte rose, la cochenille se préci-
pitant en laque verte; l'excès de liaueur s'apprécie en mêlant une goutte du
liquide à l'une des gouttes de K^FeCv® en solution au dixième, déposées sur une
assiette paraffinée dont la teinte blanche permet l'appréciation facile de la colo-
ration produite. Des essais à blanc ont permis de déterminer cette correction qui
varie suivant intensité de o ce. 2 à o ce. •> de liqueur.
D'autres essais, faits avec une solution type d'un sel pur PO*H(AzH*)^
ont permis de déterminer le titre de la liqueur d'urane; il est tel que chaque ce.
1. MùNTz. Loc. cit.
2. Fxperhnenfal station record : (Station de HalIe-sur-Saale).
3. Grandeau. Traité d'analyse des matières agricoles.
4. Voir Denigès : Chimie analytique^ où la méthode est parfaitement décrite et expliquée.
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H. ROUSSET. - L'INDUSTRIALISATION DE L'ANALYSE m
correspond à o gr. 0025 de P^O^, comme Ton opère sur o gr. 25 de Tengraîs, le
nombre de ce. lus à la burette, moins la correction, donne immédiatement la
teneur % en P^O^. Il est, pour cela, indispensable d'avoir une liqueur d'urane
de titre constant, on y arrive en rejetant l'acétate, de plus en plus abandonné.
(AzO^)^U02 se conserve beaucoup plus longtemps et permet de préparer de
grandes quantités de liquide dont le titre ne varie pas. Encore faut-il pour cela
certaines précautions. On suivra les indications de Grandeau ^, mais en ajou-
tant AzH^ et CH^COOH très dilués par très petites quantités à la fois, et à inter-
valles bien séparés. La liqueur filtrée préparée ainsi est assurée contre tout dépôt
ultérieur. Des vérifications faites à plusieurs reprises, six mois et un an après
préparation, il résulte que le titre est absolument invariable. Pour arriver au titre
exact — et l'importance est grande, puisque c'est ce qui évite tout calcul — on
prépare la liqueur un peu plus concentrée qu'il ne faut, n'ajoutant la quantité
d'eau qu'après titrage, et peu à peu.
Il y aurait beaucoup encore à décrire dans les laboratoires de la Station
agronomique de l'Aisne; je veux m'en tenir à ces deux dosages: c'est ceux que
l'on fait en plus grand nombre et que, par conséquent, on a été amené à plus per-
fectionner dans le sens que je voulais indiquer. Il apparaît que les caractéristiques
en sont:
La Simplicité. — Quoiqu'il n'y paraisse guère peut-être à la description,
forcément surchargée — que de mots il faut pour expliquer l'opération la plus
simple — ces méthodes comportent une suite dé manipulations excessivement
faciles. Pour être acquises quelquefois par des complications d'instruments, elles
n'en sont pas moins très simples et commodes. La disposition du laboratoire a été
étudiée spécialement, longuement, remaniée à plusieurs reprises pour la commo-
dité des opérations qui y sont faites; on peut dire de même des méthodes, des
appareils qui y sont placés à l'endroit qu'il faut, spéciaux à tel usage, s'y prêtant
très bien. Les liqueurs titrées sont établies de telle sorte que, combinées avec les
quantités pesées habituellement, les graduations spéciales de la verrerie, une sim-
ple lecture donne directement le résultat cherché.
La Rapidité. — Cette qualité se lie à là précédente et les considérants qui
précèdent la prouvent aussi. On remarquera encore que toutes les méthodes sont
volumétriques, essentiellement plus rapides que les pondérales. Elles passent, il
est vrai, pour moins précises. Je crois qu'il ne faut pas s'illusionner là, l'exactitude
s'obtient surtout par de l'habileté soigneuse. Et le grand nombre de décimales
que peut facilement fournir la pesée finale n'est très souvent qu'un trompe-l'œil,
les multiples causes d'erreurs: précipités toujours incomplètement lavés, impure^-
tés de -réactifs, entraînements, pertes, dépassent bien souvent plusieurs des der-
nières décimales indiquées.
Exécutées avec une verrerie jaugée rigoureusement exacte, avec des liqueurs
titrées soigneusement faîtes et vérifiées souvent, les analyses volumétriques
valent les autres, elles sont infiniment plus rapides. On s'assure encore cet avan-
tage en ayant — quand on ne peut mieux faire, comme ci-dessus — des tables
qui suppriment tous calculs, c'est-à-dire perte de temps et chance d'erreurs.
Aussi : en faisant toutes analyses par séries de mêmes dosages, la rapidité est
telle que dans certains laboratoires l'on ne fait qu'un seul dosage d'un seul
produit — ce qui permet de faire mieux encore avec un matériel et des méthodes
plus perfectionnés, et de grandes quantités, et de chiffrer facilement le prix de
revient. — Dans des laboratoires d'analvses de betteraves-mères, pour la repro-
duction, on a prélevé l'échantillon, pesé, brové, diffusé, clarifié, jaugé, examiné,
en un tube, au sacchari mètre.... pour: deux centimes et demi 2.
La Perfection. — Est-ce à dire : « On en a pour son arguent ; on ne peut obte-
nir de tels résultats qu'au détriment de la précision ». Souvent, il est vrai. Mais
qu'on y apporte les mêmes soins que dans un laboratoire sérieux, on aura des
résultats aussi parfaits. Discutant, non sur la manière de manipuler, mais sur les
méthodes elles-mêmes, on pourra objecter qu'en pratique on néglige quelquefois
1 . Traité cPanalyxe des matières agricoles.
2. Pellet. Bulletin Assoc. chimistes, sucfdist., 1892.
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112 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE , ET APPLIQUÉE
telles ou telles causes d'erreurs. Et, par exemple, dans les méthodes décrites ici,
il n'est pas tenu compte, au jaugeage de l'insoluble qui reste dans le liquide?
Qu'on se rassure, ce n'est pas une négligence, mais le volume de cet insoluble
est si petit que bien inférieur à l'approximation finale. Tant que les précautions
sont rationnelles et nécessaires on prend grand soin de les conserver et souvent
de les perfectionner encore, mais il convient de laisser les précautions tatillonnes
qui ne sont qu'inutiles.
La précision est plus qu'ailleurs encore indispensable dans les laboratoires
industriels et commerciaux. Telle différence de un dixième pour cent s'y traduit par
des milliers de francs. On y arrive d'autant mieux qu'un grand nombre de spé-
cialistes éminents ont été amenés à étudier de très près les méthodes, et que le
personnel, par cela même qu'il y est spécialisé, est rompu parfaitement à toutes
les difficultés et toutes les délicatesses des anaylses qu'il fait journellement.
La Spécialisation. — Car, on est spécialisé, non seulement dans les usines,
mais dans tous les laboratoires commerciaux ou officiels; ils sont si bien étudiés
pour telle analyse qu'on en pourra faire difficilement d'autres. C'est une consé-
quence inévitable de la perfection. Taine — peut-être trouvera-t-on la citation
enfantine, mais elle est probante; au surplus, il convient de moins négliger les
enseignements d'à-côté, qu'on affecte de le faire dans les périodiques spéciaux, —
Taine 1 disait: le premier homme n'avait qu'un outil, une pierre qui coupait et
sciait mal ; ses fils eurent une pierre qui coupait mieux mais sciait plus mal ; nous
avons une hache qui coupe très bien, mais ne peut plus scier. Pareillement, nous
avons des laboratoires où l'on n'analyse que des sucres, ou des textiles, ou des pa-
piers; les laboratoires municipaux ne s'occupent que de matières alimentaires, encore
quand l'importance le permet, se scindent-ils en plusieurs services où dans l'un
on ne s'occupe que des vins, dans l'autre de tel ou de tel autre produit; les sta-
tions agronomiques ne dosent guère que toujours les mêmes principes fertilisants,
pour les autres besoins de l'agronomie, il est des stations spéciales: d'essais de
graines, de pathologie végétale, de viticulture, de bactériologie... que sais-je.
Certes, les petites stations à tout faire de province, ne peuvent s'essayer à lutter
sur des sujets si divers contre celles-là, d'autant qu'à l'inverse de celles d'outre-
océan, où collaborent: chimiste, zoologiste, entomologiste, géologue... leurs mai-
gres budgets rétribuent insuffisamment et à peine un ou deux agronomes Maître
Jacques.
Les Chimistes. — Ici nous quittons l'étude des procédés employés pour en
étudier une des conséquences. Ce n'est plus de la chimie, encore que la question
y soit liée; elle doit nous intéresser, je crois, en tant que faisant ^^ profession »,
consacrant notre vie, nos études, nos efforts à la chimie, par goût peut-êti^, mais
aussi et surtout dans un but indispensablement intéressé.
Une réflexion s'impose: manipulations simplifiées, rapides, faciles — et tou-
jours pareilles, calculs faits à l'avance... il n'est pas nécessaire d'être chimiste
pour s'acquitter de cette tâche-là. Ce serait un peu ironique d'exiger d'un em-
ployé qui, de janvier à décembre, dosera toujours le même sucre par lecture opti-
que, au toujours même saccharimètre, la connaissance des derniers travaux sur le
rhamnose et î'isordéose! Aussi remplace-t-on de plus en plus l'analyste par des
façons d'employés dont le nom de <( chimiste » masque mal l'ancien garçon de
laboratoire. Et les jeunes diplômés des Instituts les plus réputés s'offrent en
vain, même humblement et sans exigences à toutes sortes de travaux. J'ai sou-
vent entendu déplorer le manque d'esprit de corps qui avait permis que certains
« dressent » ainsi au détriment de leurs jeunes collègues, et même de la corpo-
ration toute entière, ces semblants de chimistes.
Je crois que c'est un mal nécessaire, le vrai chimiste ne peut que gagner à
devenir directeur intelligent d'une sorte d'usine à analvses. Il a là plus et mieux à
faire qu'à manipuler lui-même. Reste le petit ennui du même nom, dont on dési-
gne les chimistes et ceux qui le sont si peu. Si c'est nécessaire, on en créera un
autre, au demeurant, il est vain de s'arrêter à de si petites choses; les intéressés:
I. Origines de la France contemporaine.
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E. TASSILLY. — VOYAGE D'ETUDE iiî
industriels ou commerçants, ont appris, j'imagine, fût-ce à leurs dépens, à ne pas
s'y tromp)er.
Et puis le fait existe définitivement, il s'étend, donc il est rationnel. Plus on
voit les choses, plus il paraît que « le juste )>, « le bon », a le vrai », sont qua-
lités incertaines, discutables et aléatoires ; mais tout ce qui vient et reste malgré la
dure lutte pour le renouvellement incessant, on ne peut nier puisque <( c'est »,
que ce soit en harmonie avec le moment et le milieu rationnel.
Nous ne pouvons agir, ni rien faire à cela; mais tout en sachant bien notre
impuissance, je crois qu'il est indispensable de s'attacher à prévoir la direction des
événements de demain pour savoir, dans une certaine mesure, orienter nos efforts
comme il faut.
VOYAGE D'ETUDE
des élèves de l'École municipale de "Physique et Chimie industrielles
de "Paris
Par E. TASSILLY
Docteur es sciences.
Chargé de conférences de technologie à l'Ecole de Physique et Chimie industrielles de Paris
Le voyage d'étude de l'Ecole municipale de physique et chimie industrielles
de Paris a eu lieu au cours de l'année 1906 dans les régions industrielles suivantes:
le Creusot, Savoie et Dauphiné.
Seize élèves de la 22* promotion y ont pris part sous la direction de M. Haller,
membre de l'Institut, directeur de l'Ecole, assisté de MM. Tassilly et J. Leroide
et accompagné de M. Cœuret, économe-surveillant général.
Ces élèves ont en outre visité à Rouen, trois usines précédemment décrites dans
notre article de 1904.
Ils ont suivant l'usage remis au retour des rapports concernant les usines visitées.
C'est à l'aide de ces documents que nous avons pu rédiger l'article que nous pré-
sentons aux lecteurs de la Revue.
Etablissements Schneider et C**
Le Creusot (Saône-eULoire)
L'usine du Creusot existe depuis fort longtemps; le premier haut fourneau y fut
allumé en 1787. Après une période marquée par le développement de la construction
mécanique (1836-1860) le Creusot en connut une autre caractérisée par le dévelop-
pement des grosses fabrications sidérurgiques. La nouvelle forge fut mise en activité
par parties de 1863 à 1868, les premiers fours Siemens-Martin commencèrent à
fonctionner en 1867 ^t le premier groupe de convertisseurs Ressemer de 6 tonnes
en 1870.
Les procédés de déphosphoration (1879) firent abandonner, par suite de la con-
currence de l'Est, la production des gros rails (1886) pour la fabrication du matériel
de guerre, des grosses pièces de forge et des moulages d'acier, néanmoins le Creu-
sot produit toujours quantité de barres courantes et de tôles.
L'usine dans son état actuel comporte :
i"* Quatre hauts fourneaux alimentés par 155 fours à coke, 4 machines souf-
flantes à vapeur et 2 à gaz et 20 récupérateurs Cowper.
2* Deux convertisseurs basiques de 9 tonnes, coulant l'acier dans une fosse
circulaire desièervie par deux grues hydrauliques de 20 tonnes.
3** Une aciérie Siemens-Martin composée de 3 fours de 35 tonnes, i de 25 tonnes,
Rcv. gén. Ch., 1907. 6.
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114 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
I de i8 tonnes et 2 de 10 tonnes produisant annuellement 80 à 85.000 tonnes d'acier
en lingots, pesant jusqu'à 150 tonnes. Une presse de 10.000 tonnes sert le cas
échéant à comprimer les lingots.
4"* Un atelier de fours à puddler rotatifs, servant à produire des massiaux
pour four Siemens-Martin.
5** Une fonderie d'acier disposant de deux fours Siemens de 10 tonnes et d'un
petit convertisseur.
6* Un atelier de forgeage de grosses pièces, comprenant un marteau pilon
de 100 tonnes, un de 40 tonnes, un de 20 tonnes, quatre presses de 1.200, 2.000,
3.000 et 6.000 tonnes.
7* Un atelier de trempe pour blindages et éléments de canons.
8** Un atelier pouvant produire par an de 12.000 à 15.000 tonnes de bandages
pour chemins de fer.
9** Une grande halle de puddlage et laminage où se trouvent avec les anciens
trains à fer marchand, des trains à tôle et à blindages d'une puissance exception-
nelle.
lo* Des ateliers de construction mécanique dont un nouveau, datant de 1901,
pour la fabrication et le finissage des blindages.
II** Des ateliers de montage pour locomotives, arbres, hélices, machines à
vapeur, matériel de guerre, etc.
12** Des ateliers de construction électrique.
13* Trois stations centrales électriques.
14* Des laboratoires d'essais chimiques et mécaniques.
Parmi les 3 stations centrales électriques, il en est une très importante qui
fournit du courant alternatif simple à 2.000 volts que l'on réduit à 1 10 volts à l'aide
de transformateurs Ganz et qui est utilisé pour alimenter 4.000 lampes à incan-
descence et 400 arcs. On produit également du courant continu à 220 volts pour
l'alimentation de divers moteurs électriques répartis dans les ateliers. L'usine pos-
sède une puissance totale de 22.600 chevaux.
Dans ce qui va suivre, nous nous occuperons plus spécialement de l'élabora-
tion du métal.
I* Production de la fonte. Hauts fourneaux.
Quatre hauts fourneaux de 20 m. de hauteur et d'une capacité de 363 m^, fonc-
tionnent pour produire : i** de la fonte Thomas, riche en phosphore et en manga-
nèse et destinée au Bessemer basique; 2"* de la fonte froide d'affinage ou de fon-
derie, suivant les cas; 3"* des fontes supérieures pour Martin acide ou basique.
Ils consomment des minerais pauvres de Mazenay. des minerais phosphoreux,
des scories de puddlage et de réchauffage, des pyrites grillées agglomérées et des
minerais riches de diverses provenances.
Le coke est produit par 155 fours à coke, dans lesquels le charbon est intro-
duit en un seul bloc obtenu par pilonage.
On emploie des houilles grasses à courte flamme, donnant un coke dur, dense
et ne s'écrasant pas.
Les flammes perdues sont utilisées pour le chauffage des chaudières.
Le chargement des fours ainsi que le pilonage du charbon sont assurés élec-
triquement.
Le coke est emmené par un transporteur continu et déversé dans les bennes
de chargement des hauts fourneaux par un couloir incliné.
Les machines soufflantes à vapeur, au nombre de quatre, sont horizontales,
les cylindres à vapeur sont à distribution par déclic, type Corliss. Les cylindres
à vent sont munis de soupapes légères type Corliss, appliquées sur les fonds. La
vitesse de l'air au passage de ces soupapes ne doit pas dépasser 20 mètres par
seconde. L'air est refoulé dans un collecteur commun et on a adapté sur chaque
machine un double régulateur de vitesse et de pression.
Les machines sont réparties en deux groupes de deux, dont une de réserve.
Chaque machine peut développer une puissance de 300 chevaux à la vitesse indi-
quée, le débit étant de 6 m^ d'air par coup de piston. La tige des pistons des
souffleries, qui est creuse, est refroidie par une circulation d'eau amenée par un
tuyau souple.
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E. TASSILLY. — VOYAGE D'ETUDE u5
Il existe, en outre, 2 machines soufflantes à gaz de haut fourneau de
600 chevaux chacune.
Au niveau du sol, 18 chaudières cylindriques tubulaires utilisent une partie
des gaz des hauts fourneaux à la production de la vapeur.
2** Production de V acier,
a) Affinage au Bessemer.
L'usine possède deux convertisseurs basiques de 9 tonnes.
Le vent est donné par une puissante machine horizontale. Les tuyères en
magnésie sont suffisamment refroidies par le courant d'air et permettent aux
fonds amovibles des convertisseurs de faire 60 coulées, en moyenne, au lieu de
25 à 35 quand les tuyères sont en terre réfractaire.
Une crémaillère commandée par un piston hydraulique et engrenant avec un
pignon calé sur l'un des tourillons permet de manœuvrer l'appareil, l'autre touril-
lon sert à l'introduction du vent, qui est conduit à l'aide d'un tuyau dans la boîte
à vent puis dans les tuyères et enfin dans le métal.
Une poche supportée par un bras horizontal monté lui-même sur la tête d'un
piston hydraulique, distribue l'acier d'une coulée dans des lingotières disposées en
arc de cercle dans une fosse. Deux grues hydrauliques de 20 tonnes servent au
démoulage.
Ces 2 convertisseurs produisent annuellement 70.000 à 75.000 tonnes de lin-
gots.
b) Affinage au Siemens-Martin.
II y a, au Creusot, 7 fours Siemens-Martin produisant annuellement 80.000 à
85.000 tonnes de lingots.
En 1893, un four de 25 tonnes fut installé. Dans la suite on fit construire
3 fours de 35 tonnes auxquels on donna des chambres de récupération de
4.600 m^ par tonne de capacité de laboratoire. La plate-forme de ces fours est à
4 m. au-dessus du sol de l'atelier et les matières y sont amenées par une voie
en pente douce. Le chargement est effectué au moyen d'un appareil en forme de C,
suspendu à un pont roulant électrique. Les fours, mis en service en 1895 et 1896,
font 2 à 3 coulées par 24 heures et consomment moins de 350 kgs de charbon par
tonne de lingots.
On coule toujours en poche, chaque four ayant sa fosse de coulée. Pour les
gros lingots on utilise une fosse spéciale de 37 m. 65 x 12 m. et profonde de
10 m., desservie par un pont roulant de 150 tonnes, ayant 22 m. 50 de portée
et circulant sur des rails à 10 m. au-dessus du sol.
Il y a, en outre, une grue de 120 tonnes.
A Tune des extrémités de la grande fosse on a établi une presse Whitworth,
de 10.000 tonnes, pouvant comprimer des lingots de 6 m. de hauteur et de i m. 520
de diamètre.
Cette installation a fourni, de 1896 à 1900, 392 lingots comprimés, d'un poids
variant de 16 tonnes à 63 tonnes et représentant au total 12.500 tonnes environ.
3** Ateliers de puddlage.
Il y a trois sortes de fours :
I* Fours à main;
2** Fours mécaniques Lemut;
3* Fours rotatifs.
Le four à main comporte 3 parties : i** le réchauffeur de fonte, 2" le four,
3*^ le foyer.
Une opération dure 45 minutes environ ; on met 230 kgs de fonte, on brasse au
crochet et on divise la matière en 4 loupes spongieuses portées successivement au
cinglage.
Pour favoriser le brassage, on ajoute 3 kgs de carbonate de sodium.
Les fours mécaniques Lemut sont identiques au précédent, sauf que le crochet
est mû par un renvoi fort simple que commande un arbre rotatif transverse, situé
au-dessus du four et mû à la vapeur. Ces fours contiennent 550 kgs de fonte, que
Ton divise en 6 loupes, après avoir ajouté 3 kgs de carbonate de sodium par charge.
Les loupes produites par ces deux variétés de fours sont cinglées avec deux pilons
de 2,5 tonnes.
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ii6 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Les fours rotatifs du système Danks-Bouvard, au nombre de trois, sont ali-
mentés en fonte liquide par un four Siemens à réverbère destiné à fondre la fonte.
Une machine de 30 chevaux actionne un ventilateur soufflant le foyer.
Le cinglage des deux loupes de 500 kgs chacune, fournie par chaque charge,
se fait au moyen d'un pilon de 20 tonnes. On obtient ainsi des massiaux envoyés
au four Siemens-Martin. La production en massiaux est de 30 tonnes par four et
par 24 heures.
Laboratoires d'analyses et d'essais.
En dehors des essais simples et immédiats de rupture, effectués dans un
petit atelier voisin du train de laminoirs, on procède à des essais plus précis dans
des laboratoires spéciaux.
Pour les essais de rupture, on emploie divers types de machines: machine
Maillard, machine à levier, machine verticale du type dit PLM, d'une force de
65 tonnes, amplifiant les charges 1.600 fois. j
Dans cette dernière, deux poids curseurs de 3,75 et 37,5 kgs glissent sur le
bras et suffisent pour le calibre des éprouvettes essayées.
Voici quelques résultats relatifs à des éprouvettes d'une longueur utile de
200 mm., essayées devant nous.
i** Un acier ordinaire a donné 45,8 tonnes, soit 36,7 kgs par mm', avec un
allongement relatif de 38,5 %.
2^ Un acier à 6-7 % de manganèse et 12 % de nickel s'est rompu fK)ur
32,6 tonnes, soit 73,3 kgs par mm', avec un allongement relatif de 75 %.
L'allongement correspondant à la partie strictionnée atteignait 87 %.
On procède également à des mesures de fragilité au choc.
En outre, la métallographie microscopique tient une place importante dans
les essais effectués au Creusot.
Le laboratoire comporte une installation de polissage assez complète, des
microscopes photographiques de Le Châtelier, des lanternes à projection, etc. j
Les essais effectués au laboratoire de chimie concernent le dosage des élfmcnts j
suivants : carbone total, carbone graphitique, manganèse, chrome, phosphore, |
soufre, silice, etc.. j
Carbone total. — On traite la fonte finement pulvérisée par une solu- |
sulfochromique, qui dissout les métaux et brûle le carbone ; il se dégage CO', qui '
est recueilli dans de la potasse et évalué par diminution de volume.
Carbone combiné. — On attaque à l'acide nitrique, on filtre pour séparer le
graphite et la liqueur résiduelle présente une coloration qui permet l'estimation
du carbone par comparaison avec une échelle de types.
Graphite. — On attaque la fonte par de l'acide azotique; on dissout la silice !
par KOH, on a comme résidu du graphite qui est pesé sur filtre taré.
Manganèse. — On attaque le métal par HCl, on reprend par AzO^H, puis
on ajoute du métaphosphate de soude et un peu de PbO'. Il y a formation de mé-
taphosphate manganique dosé colorimétriquement par comparaison avec une échelle
de types.
Chrome. — Le métal est attaqué par du bioxyde de sodium. On sépare les sels
de fer des sels de chrome par l'éther, qui dissout seulement les premiers. On dose
le chrome à l'aide d'une solution titrée de sel de Mohr.
Phosphore. — Cet élément est dosé à l'état de phosphomolybdate, pesé sur
filtre taré.
Soufre. — Le soufre contenu dans les pyrites et dans les aciers est dosé de
la façon suivante. On fait passer un courant d'hydrogène et de CO' sur le métal
porté au rouge dans un tube réfractaire. Il se forme de l'hydrogène sulfuré qu'on
fait barboter dans des ampoules contenant de l'azotate d'argent en solution titrée.
Le nombre de boules qui noircissent indique la proportion de soufre contenu dans
la fonte.
Silicium. — On attaque par un mélange d'acides azotique et sulfurique et on
insolubilise la silice par évaporation ; on reprend par l'eau, on filtre et on pèse
la silice après calci nation.
On nous excusera de ne pas entrer dans le détail des opérations que subit le métal
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E.TASSILLY. - VOYAGE D'ÉTUDE Î17
avant d'être livré au commerce sous des formes diverses : tôles, blindages, pièces
de forge, locomotives, matériel de guerre, etc., mais l'importance des ateliers du
Creusot est telle que leur description eut exigé un développement que ne comporte
pas le cadre de cet article.
Tannerie de MM. les petits-fils de F. Bal
à Chambéry (Savoie).
L'usine, située à i km. de Chambéry, au bord de l'Hyères, traite exclusive-
ment les peaux de veau, par le procédé classique de tannage à l'écorce, dans le but
de produire du veau ciré.
En dehors des peaux fraîches, provenant des abattoirs de Chambéry, l'usine
traite des peaux sèches d'importation. Elles arrivent principalement du Tyrol,
d'Allemagne et de Hongrie. Le sel marin est employé pour conserver les peaux
fraîches, la naphtaline pour les peaux sèches.
On emploie exclusivement, pour le tannage, l'écorce de chêne : chêne blanc
du pays, à 7 francs, et chêne vert du midi, à 8 fr. 75, 9 francs les 100 kgs.
L'écorce arrive en fagots ; elle est déchiquetée à l'aide d'un concasseur formé
de deux cylindres cannelés, tournant en sens inverse, puis pulvérisée sous des
meules.
Avant de commencer le traitement des peaux, il est nécessaire de les sou-
mettre à un travail de rivière pour enlever le sang, la bouse, le sel et autres matières
étrangères. La durée de l'opération est prolongée s'il s'agit de peaux sèches.
On procède ensuite au reverdissage, puis à un triage des peaux suivant la cou-
leur des poils.
Après un séjour de 7 à 8 jours dans des pelains calciques d'alcalinité croissante
on pratique, sur chevalet, l'ébourrage avec un couteau rond et l'écharnage avec
un couteau tranchant, on enlève également les oreilles et les émouchets.
La bourre est lavée, essorée ou séchée à l'air, suivant la saison, et expédiée en
Allemagne à des prix variant de 44 à 155 francs les 100 kgs, suivant la couleur, ce
qui explique le classement préalalDle.
Les débris d'écharnage consei-vés dans de la chaux constituent les colles-ma-
tières, qui sont livrées aux fabricants de colles et gélatines à Lyon.
Pour éliminer l'excès de chaux, les peaux sont façonnées, puis soumises dans
un turbulent à un lavage qui dure environ 20 minutes.
Tannage. — La peau en tripes ainsi préparée renferme encore un peu de chaux
qui aurait pour effet, lors du tannage, de produire des cuirs durs et de couleur
rougeâtre. On obtient de bons résultats par immersion des peaux dans des jus
épuisés, riches en acides organiques et faibles en tanin, contenus dans des cuves
munies d'agitateurs. En même temps, la peau se graine, prend couleur et fixe
une petite quantité de tanin.
On fait passer les peaux successivement dans 3 cuves, où elles sont mises en
contact avec des jus de plus en plus concentrés. Le séjour dans chaque cuve dure
15 à 20 jours. Au cours de ce travail les peaux sont à plusieurs reprises levées et
égouttées (mise en retraite).
Il ne reste plus, pour achever le tannage, qu'à effectuer la mise en potée ou
refaisage, dans de grandes cuves en bois, où les peaux sont couchées, chaque lit
étant séparé du voisin par une couche de tan. On ajoute des jus concentrés et on
recouvre le tout d'une couche d'écorces (chapeau). On donne ainsi deux poudres ;
la première demande 2 mois et la seconde 3 mois.
II faut en tout 2 kgs à 2 kgs 5 d'écorces par kg. de peau fraîche.
En sortant des cuves les peaux sont lavées, égouttées, passées en piles à la
presse hydraulique, puis soumises à un traitement mécanique dans un tambour
tournant, muni à l'intérieur de chevilles en bois, ce qui a pour but de déplisser
le cuir.
Corroyage. — On procède au drayage sur chevalet pour donner au cuir
une épaisseur uniforme. Les rognures sont vendues aux fabricants de cuir factice.
Les peaux sont ensuite lavées dans des foulons pendant 15 à 20 minutes.
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ii8 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
La mise au vent est effectuée à l'aide d'une machine dont l'organe principal
est constitué par deux cylindres filetés en hélice. Cette opération a pour effet
d'essorer le cuir et de lui faire perdre son grain.
Le cuir est ensuite nourri avec un mélange de suif, moellon, et huile de foie
de morue.
Le suif est préparé à l'usine même, à partir du suif en branches, et le moel-
lon est une matière grasse extraite des peaux chamoisées et fournie par les cha-
moiseries.
Les cuirs sont suspendus 5 à 6 jours dans une chambre chaude, puis empilés
et laissés en cet état pendant 3 semaines. Au bout dé ce temps on enlève l'excès de
matière grasse avec une étire (dégraissage). Les résidus gras trouvent emploi en
savonnerie.
Le cuir est ensuite blanchi avec un outil tranchant dans une direction déter-
minée (blanchissage), puis dans une direction perpendiculaire à la précédente
(traversage). On traite de même le côté fleur (dégraissage de fleur). La perte dans
ces diverses opérations atteint 6 %. Enfin, à l'aide d'un liège on effectue le grai-
nage, qui a pour effet de faire ressortir le grain du côté fleur.
Par triage on classe les peaux suivant leur poids et leurs dimensions, par
lots de 12 peaux, pesant de 8 à 50 kgs.
Veau ciré. — Le veau ciré exige des façons spéciales, consistant à noircir puis
à glacer le cuir.
Pour cela, à l'aide d'une brosse, on enduit le côté chair d'une pâte formée de
noir de. fumée, de suif et d'huiles de lin et de morue, de siccatif (fiel) et d'essence.
On applique ensuite une première colle formée de suif, d'huile et de déchets
de ganterie gélatinisés, puis on procède au glaçage avec une étire en verre.
Enfin on applique avec une éponge une deuxième colle préparée avec des frag-
ments de peau de chevreau, provenant des ganteries.
L'usine produit environ 200 peaux par jour et il faut tout près d'une année
pour effectuer la transformation d'une peau brute en cuir prêt à livrer.
Manufacture de tanins de M. P. Rey
A la Rochelle (Savoie).
Cette usine traite le bois de châtaignier dans le but d'extraire les principes
astringents qu'il renferme et de les livrer au commerce sous forme d'extrait à 25® B.
Le travail comporte les opérations suivantes : i** déchiquetage du bois;
2** épuisement par l'eau en autoclaves; 3° décoloratioa ; 4** concentration au tripb
effet. Le bois de châtaignier abondant dans la région revient à 20-25 francs la
tonne.
i"* Déchiquelage du bois.
Les bois abattus sont divisés en tronçons de 80 cm. de longueur, à l'aide d'une
scie mécanique. Le déchiquetage est obtenu à l'aide d'une machine jformée de deux
pièces tronconiques tournant autour d'un axe horizontal, et munies de couteaux
suivant les génératrices. Les deux éléments de la raboteuse ainsi constituée sont
reliés par leurs petites bases et le tout est contenu dans une enveloppe métallique
portant la trémie de chargement dont l'axe est contenu dans le plan de symétrie de
l'appareil.
La force motrice est fournie par un moteur à vapeur Westinghouse de 50 HP.
La raboteuse, absorbant 25 à 30 HP et animée d'une très grande vitesse,
permet de diviser très rapidement le bois en menus fragments qu'une chaîne à
godets transporte immédiatement dans des magasins situés au premier étage au-
dessus des diffuseurs.
2** Traitement en autoclaves.
Il y a deux batteries de six autoclaves en cuivre, de forme cylindro-conique,
ayant 2 m. de hauteur et i m. 50 de diamètre et pouvant contenir chacun 2.000 kgs
de bois. Le chargement se fait à l'aide de trémies, au niveau du sol des magasins.
On effectue l'épuisement sous une pression de i kg., une pression supérieure pou-
vant amener l'altération d'une notable quantité de principes astringents.
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E.TASSILLY. — VOYAGE D'ETUDE 119
L'épuisement est méthodique et demande 12 heures pour être complet.
Pour refroidir les jus sortant de la batterie on les dirige dans une canalisa-
tion installée dans le lit de la rivière puis, à Taide d'une pompe, on les remonte dans
des bacs où Ton procède à la décoloration.
3° Décoloration.
Cette opération n'a pas pour but la diminution de teinte de l'extrait,
mais bien l'élimination de principes qui, en demeurant dans l'extrait, auraient
pour effet de donner, lors de son emploi, une coloration trop accentuée au
cuir. ♦
On emploie à cet effet, à l'usine de la Rochette, le procédé Gondolo. II con-
siste à battre les jus avec du sang ; puis à élever la température de façon à pro-
voquer la coagulation du sang qui entraîne les impuretés et, en même temps, ce
qui est regrettable, une petite quantité de tanin.
4** Concentration.
Les jus décolorés sont décantés, après repos dans des cuves en ciment, puis
concentrés dans un triple effet pouvant produire 12.000 kgs d'extrait en 24 heures.
Le vide est produit par une pompe branchée sur le 3* effet. Le jus est concentré
dans la i" caisse à 12**, dans la 2* caisse à 18** et sort de la 3' caisse à 25 ** B.
L'extrait ainsi préparé est mis en fûts et exporté, la clientèle étant surtout étran-
gère.
Force motrice et chauffage.
L'usine ne consomme pas de charbon. Les chaudières du genre Godillot, au
nombre de 4, sont exclusivement alimentées avec le bois épuisé, amené des diffu-
seurs par un ensemble de trappes et de plans inclinés.
La vapeur produite est utilisée pour le chauffage des appareils et le fonction-
nement des moteurs.
Un moteur Westinghouse de 50 chevaux actionne la raboteuse et un moteur
de 25 chevaux est utilisé pour le fonctionnement de deux pompes, dont l'une est
reliée au triple effet et l'autre est employée pour effectuer la circulation des jus.
Statistique.
On obtient 10 tonnes d'extrait par 60 tonnes de bois traité. Le prix de vente
est tombé de 35 francs les 100 kgs (1896) à 23-24 francs les 100 kgs.
L'usine, y compris la scierie qui y est annexée, occupe 60 ouvriers.
Société anonyme des cartonneries de la Rochette (Savoie).
Matières premières.
Les matières employées pour la fabrication du carton sont, avec la
pâte de bois mécanique, une certaine quantité de pâte de bois chimique
importée et des vieux chiffons, des papiers et des journaux provenant en
grande partie de la région de Lyon. Le bois mécanique est préparé à l'usine
avec du sapin, abondant dans le pays, et un peu de bouleau qui a l'avantage de
donner une pâte maigre susceptible de fournir du papier analogue au papier de
chiffons.
Traitement du bois.
Le bois est tout d'abord scié mécaniquement en morceaux de 38 cm. de lon-
gueur et les billes ainsi débitées sont écorcées à l'aide d'une machine constituée
par un plateau circulaire horizontal portant 5 couteaux disposés suivant les rayons
et tournant, à 600 tours par minute, autour d'un axe vertical. Les billes sont appli-
quées au moyen de deux roues dentées, montées sur un arbre tournant lentement
et imprimant au bois un mouvement de rotation. Quand la bille a fait un tour
complet, l'ouvrier agit sur le système compresseur et la bille est projetée automa-
tiquement sous l'influence de la force centrifuge. L'écorçage est terminé à la main,
avec une plane ou une hache. Les déchets (6 à 8 % du poids du bois brut) sont
utilisés pour le chauffage des générateurs de vapeur.
Les morceaux trop volumineux sont sectionnés afin de permettre leur admission
dans les presses défibreuses.
Celles-ci sont constituées par des meules en grès de i m. 50 de diamètre,
tournant avec une vitesse périphérique de 14 mètres par seconde.
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120 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Le bois est maintenu contre la meule à l'aide de 6 presses hydrauliques
actionnées par une chute d*eau de 75 m. On dispose ainsi d'une pression de
7 kgs 5 par cm2 mais on n'utilise que 2 kgs par cm^ sur la surface de frottement.
Par les trémies de chargement on introduit pour chaque presse 4 à 5 billes qui
entrent en contact avec la meule suivant leurs génératrices. Chaque meule défi-
breuse est mue par une turbine hydraulique. L'usine dispose d'une force totale de
900 chevaux. On peut produire 14 kgs de pâte par cheval et par jour. Le défibrage
se fait naturellement en présence d'eau.
L'ouvrier met en marche un nombre de presses en rapport avec la puissance
dont il dispose et qui est variable avec le débit de l'eau.
Comme les meules perdent leur grain assez rapidement, on les remet en état
en appliquant sur la surface usée de la meule mise en mouvement, des molettes en
acier trempé.
Raffinage du bois mécaniqiie.
La pâte provenant des défibreuses est soumise à un premier tamisage dans
des bacs à l'intérieur desquels tourne un cylindre de cuivre perforé. La pâte refu-
sée est envoyée au raffineur, constitué par deux meules superposées et munies de
cannelures, l'une étant fixe et l'autre mobile. La pâte subit ainsi une sorte de cisail-
lement qui la met dans un état de division convenable.
On procède ensuite à un tamisage sur une table à secousses dont les ouver-
tures ont 1,4 mm. La pâte refusée retourne au raffineur tandis que la pâte tamisée,
titrant 8 kgs par mètre cube, va aux épaississeurs, constitués par des cylindres
creux dont la surface longitudinale est en toile métallique et qui plongent dans
des bacs où arrive la pâte étendue. L'eau en excès passe à l'intérieur des cylin-
dres et la pâte épaissie se fixe sur leur surface extérieure d'où on la détache à
l'aide de filets d'eau sous pression.
Les eaux filtrées renferment encore un peu de pâte (pâte folle). Par repos dans
des bassins, suivi de décantation, on en peut retirer o kg. 5 de pâte sèche par
mètre cube.
La pâte ainsi préparée est chargée avec 15 % de sulfate de chaux, dont la moi-
tié environ se trouve éliminée dans les opérations ultérieures. Pour donner du corps
à la pâte, on ajoute une certaine proportion de cellulose d'importation,* préalable-
ment broyée sous des meules, en présence d'eau. Cette cellulose vient surtout de
Norvège, sous forme de cartons percés par la douane.
Les vieux papiers subissent un traitement analogue avant d'entrer en travail.
Quant aux chiffons qui peuvent entrer dans la composition du carton, ils sont,
au préalable, défilés par un appareil spécial qui les hache en morceaux excessive-
ment menus, au moyen d'un cylindre garni de lames.
Le mélange est réalisé dans une pile.
Fabrication du carton.
La pâte, en sortant de la pile, est dirigée dans une cuve de grandes dimen-
sions où elle est maintenue homogène à l'aide d'un agitateur à palettes. Elle titre
alors 25 à 30 kgs au mètre cube. On la déverse sur la table de la machine, en
plus ou moins grande quantité, suivant l'épaisseur que doit avoir le carton.
L'eau est éliminée par simple égouttage, puis par succion à l'aide de pompes
et d'éjecteurs ou siphons.
Le carton encore très humide est pressé par des cylindres entre des feutres
sans fin, enfin séché au moyen de cylindres chauffés à la vapeur. On peut, en
outre, à l'aide d'une presse, coller sur l'une des faces un papier blanc glacé ou
coloré. Une 2* presse permet d'effectuer au besoin la même opération sur l'autre
face.
Le carton est livré au commerce en feuilles ou en bobines. L'usine, qui occupe
120 ouvriers, produit annuellement 3 millions de kgs de carton.
Etablissements Terray et C**.
A Grenoble.
On. traite, dans ces établissements, des peaux de moutons, chèvres et che-
vrettes, en vue d'obtenir des cuirs pour la maroquinerie et la ganterie. Ces peaux,
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E. TASSILLY. — VOYAGE D'ETUDE 121
de provenances diverses, sont triées d'après la qualité de la laine qui est d'ailleurs
en raison inverse de celle de la peau correspondante.
On distingue les variétés suivantes :
Laine noire de Macédoine, grossière.
Laine blanche dé Macédoine, propre à faire des matelas.
Laine de Sardaigne, analogue au poil de chien (la peau donne du bon cuir).
Laine d'Espagne (Salamanque), assez grossière.
Laine grise de France, souple.
Laine d'Espagne, fine.
Laine du Maroc, blanche et grossière.
Laine de Paris, assez fine.
Laine métis de France, la plus fine.
Pour le mouton, la laine représente 10 à 25 % de la valeur totale, tandis que
pour le chevreau elle atteint seulement i %.
La qualité de la laine dépend aussi des méthodes de travail. A Mazamet, où
on pratique l'échauffé, la laine est de qualité supérieure, mais au détriment du cuir.
A Grenoble on cherche à obtenir avant tout du bon cuir, mais, cependant, en
ménageant autant que possible la laine.
Parmi les chevreaux de bonne qualité il faut mentionner les chevreaux épin-
gles de Calcutta, c'est-à-dire séchés en les maintenant étendus sur une planche, ce
qui a pour effet de produire des peaux dont la surface est uniforme et régulière.
Les peaux de Macédoine arrivent retournées comme celles des lapins.
On peut conserver à l'usine un stock considérable de peaux en les additionnant
de sel dénaturé à la naphtaline.
Les peaux, avant d'être travaillées, sont lavées et nettoyées. On donne 10 à
12 heures de boisson en eau courante, puis on procède, dans des bassins, à un
lavage méthodique qui dure 24 heures. Ce traitement est suivi d'un égraminage
effectué à la main, pour détacher les matières étrangères encore adhérentes à la
peau et au poil.
Ces opérations sont communes aux diverses variétés de peaux traitées à l'usine.
Les peaux de moutons et de chèvres, préalablement lavées et nettoyées, sont
enduites du côté chair d'une bouillie de chaux et de sulfure de sodium, à l'aide
d'une sorte de balai souple. Les ouvriers qui manient les peaux ainsi traitées ont
les mains protégées par des gants de caoutchouc.
La chaux provient des environs de Grenoble et le sulfure de sodium est
importé d'Allemagne dans des fûts en métal de 30 kgs. Les peaux sont empilées
chair contre chair ; on les conserve dans cet état pendant un certain temps variable
avec la température, puis on les rince pour enlever la pâte épilatoire.
Les f)eaux subissent ensuite l'action des pelains d'alcalinité croissante conte-
nus dans des cuves en maçonnerie, au nombre de trois, chacune d'elles pouvant
contenir 120 peaux de mouton.
On éteint la chaux à raison de 35 litres d'eau pour 100 kgs de chaux. Les
charges sont respectivement 6, 12 et 18 décalitres. Les peaux séjournent 48 heures
dans chaque cuve et passent de l'une à l'autre directement. Cette manutention doit
être faite avec rapidité pour éviter la carbonatation de la chaux adhérente aux
peaux et l'altération de celles-ci sous l'influence de l'air humide en présence
d'alcalis.
Après 3 charges de peaux, la cuve est épuisée et doit être renouvelée.
Pendant le travail, on évite de renouveler les pelains, la couche superficielle
de carbonate formant isolant et empêchant la diminution de l'alcalinité du bain.
Les peaux, en sortant des pelains, sont lavées puis soumises à l'ébourrage,
effectué à la main, sur chevalet, à l'aide d'un couteau rond. La laine est recueillie
et lavée très soigneusement dans un bassin à l'eau courante, puis séchée et clas-
sée suivant qualité.
Les peaux subissent ensuite Vécornage, qui consiste à enlever les portions
inutiles qui, sous le nom de colles-matières, sont vendues aux fabricants de colle
de Lyon» Les peaux sont encore imprégnées de chaux qui doit être totalement
éliminée avant de procéder au tannage.
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122 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
On effectue pour cela un foulonnage, en présence d'eau, dans des tambours
rotatifs armés intérieurement de chevilles de bois dur.
L'eau sort claire au bout d'une heure de travail.
Après un dernier lavage au foulon on porte les peaux dans un bain à i % d'acide
chlorhydrique, contenu dans une série de coudreuses ou cuves semi-cylindriques
en bois, munies d'un agitateur constitué par un arbre à palettes de bois commandé
par une transmission.
On termine par un lavage à l'eau.
L'écharnage est effectué à la machine et les déchets sont recueillis pour colles-
matières.
Les peaux en tripes sont triées, les plus belles étant réservées pour les nuances
claires. Autrefois on teignait avant de tanner, aujourd'hui on fait l'inverse.
Pour les nuances claires on tanne au sumac et pour les nuances foncées au
chrome. On emploie également l'alun et le gambier.
Tannage au sumac.
On soumet les peaux, au préalable, à l'action d'un confit de son tiède, pré-
paré à raison de 200 gr. de son par peau, et on les maintient une journée dans le
bain de façon à éliminer les dernières traces de chaux et à produire le gonflement
des tissus. L'acide lactique, qui prend naissance par fermentation du son, est
l'agent actif du confit.
Le sumac employé pour le tannage provient généralement de Sicile ; il coûte
20 francs environ les 100 kgs et titre 10 à 15 % en matières astringentes.
Les peaux sont cousues mécaniquement deux par deux, chair contre chair, de
façon à former des sacs que l'on bourre de sumac. On en ferme l'orifice et l'on
immerge dans un bain de sumac pendant un temps variable de 36 à 48 heures.
On complète le tannage par un traitement en bain de sumac, dans les cou-
dreuses, qui dure une journée.
Les peaux sont ensuite lavées, égouttées et mises à sécher dans une étuve tra-
versée par un courant d'air aspiré par des ventilateurs et chauffé par passage sur des
radiateurs à vapeur.
Tannage au chrome.
Les peaux passent successivement dans trois bains de chrome, de concentration
croissante, contenus dans des cuves munies d'agitateurs, et séjournent 24 heures
dans chaque cuve. On termine par un lavage.
Une section pratiquée dans la peau doit présenter une teinte verte uniforme. Ce
procédé a l'avantage d'être économique. Le prix de revient est, en effet, pour une
douzaine de peaux, de o fr. 75, tandis qu'il atteint 8 francs quand on emploie le
sumac.
Corroyage.
Il a surtout fK)ur but de donner de la souplesse au cuir. On effectue pour cela
le palissonnage, à l'aide d'une machine ou à la main, puis le hardage.
Teinture.
On emploie des couleurs naturelles et artificielles et l'on teint à l'auge ou à la
brosse.
Dans le premier cas, les peaux sont trempées plusieurs fois dans des auges où
l'on fait couler la teinture.
On procède parfois à un mordançage préalable.
Pour teindre à la brosse, on étale les peaux sur une table et on les frotte avec
une brosse imprégnée de matière colorante.
Une fois teintes, les peaux sont lavées, sféchées et apprêtées. Pour cela, on
frotte le côté fleur avec un chiffon imbibé d'une mixture à base d'huile de lin, puis
on lustre à la machine et finalement on repasse avec un fer modérément chauffé.
Mégisserie.
On traite des peaux d'agneau et de chevreau pour la ganterie. Chaque peau
peut fournir deux paires de gants. Après nettoyage, les peaux sont enduites, sur
le côté chair, d'une bouillie composée de i p. d'orpin pour 2 à 3 p. de chaux. On
plie chair contre chair et on abandonne en piles pendant un temps variable. Après
lavage or) encuve dans des pelains faibles, au sortir desquels on pratique l'ébour-
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E. TASSILLY. — VOYAGE D'ETUDE i23
rage avec le couteau rond, sur le chevalet, puis Técharnage, ce qui, au total, cor-
respond à une perte de 12 %.
Les peaux sont ensuite maintenues quelques heures dans un bain contenant
des excréments de chien ou des fientes de pigeon en putréfaction, puis immergées
dans un confit de son où elles demeurent trois jours.
Elles sont alors aptes à recevoir rhabillage, qui consiste à foulonner les peaux
dans une nourriture tiède, composée de sel, de jaune d'œuf, de farine, d'alun et
d'eau.
Les peaux absorbent le tiers du poids de la nourriture et le prix relativement
élevé des jaunes d'œufs rend cette façon assez onéreuse.
L'usine consomme annuellement pour 150.000 francs de jaunes d'œufs, prove-
nant principalement de la Syrie et d'Extrême-Orient. Pour éviter leur altération on
emploie du glycéroborate de soudé.
Il faut 9.000 œufs, pesant 750 kgs, pour produire 250 kgs de jaune. Le blanc
est employé pour faire de l'albumine.
Après l'habillage, les peaux sont séchées et soumises au corroyage.
Le palissonnage effectué à la main est suivi du dolage, qui consiste à appuyer
le côté chair sur une meule en bois, recouverte d'émeri très fin et animée d'une
grande vitesse de rotation.
La peau, devenue très souple, est rincée puis mise au vent. Elle est alors prête
à recevoir la teinture.
On commence par mordancer les peaux, du côté fleur pour les gants glacés et
du côté chair pour les gants de Suède.
Après un foulonnage en présence d'eau, au pied ou au turbulent, on étale les
peaux sur une table légèrement courbe, recouverte d'une glace, et l'on applique le
mordant à la brosse en frottant plusieurs fois en long puis en large.
La peau mordancée est mise à sécher sur une corde. La teinture est appliquée
comme le mordant, puis on lave et on sèche. Il ne reste plus qu'à donner un léger
apprêt à l'huile de poisson et à lustrer au fer chaud.
Fabrication des gants.
Pour la fabrication des gants, le point délicat consiste dans la meilleure utili-
sation possible d'une peau, afin d'éviter les pertes. Le découpage se fait au ciseau
ou mécaniquement. Les éléments constitutifs d'un gant sont réunis et envoyés à la
couture. Il y a, dans la ville et aux environs, 25.000 personnes occupées à ce tra-
vail qui se fait à la main ou à la machine.
On place ensuite les boutons qui sont fabriqués à Grenoble, dans une usine
spéciale, occupant 1.200 ouvriers.
Les établissements Terray et O* produisent annuellement 60.000 douzaines de
paires de gants.
Dans une usine voisine des précédentes, les petites peaux sont tannées et
teintes, puis livrées aux fabricants de gants.
Le tannage se faisant suivant les méthodes précédemment décrites, nous nous
bornerons à dire quelques mots de la teinture.
Parmi les couleurs naturelles on utilise surtout le campêche. Les bûches sont
déchiquetées et les copeaux mis en tas" et arrosés avec de l'urine sont abandonnés
quatre jours au contact de l'air de façon à provoquer une oxydation que l'on rend
plus complète en brassant la masse. On procède ensuite à l'épuisement dans des
autoclaves en cuivre de 50 hectolitres, en présence de craie. Le liquide violet foncé
et altérable représente le 1/20* du bois.
On emploie en outre le morin, le cachou, le quercîtron, l'épine vi nette, etc.,
qui sont traités d'une façon analogue, sauf qu'ils ne sont pas soumis à la fer-
mentation préalable. On mordance à l'urine ou aux sels de fer (campêche). La
technique de la teinture a été exposée antérieurement. Pour teindre en rouge on
emploie l'alizarine. On mordance avec du carbonate d'ammoniaque, on teint et on
avive avec de l'acétate de chaux.
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124 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Société des hauts fourneaux et forges d'Allevard (Isère).
L'usine des forges et hauts fourneaux d'Allevard emprunte la puissance au
Bréda, dans ce but on a établi une dérivation sur le torrent au moyen d'un bar-
rage, à la suite duquel on a disposé deux chambres de dépôt à grilles et à vannes
d'admission. Au sortir de ces chambres, l'eau s'engage dans un tunnel puis dans
un tuyau qui la conduit jusqu'à l'usine. La hauteur utile de chute est de 30 m.
et représente une puissance de 500 à i.ooo chevaux, suivant le débit de la saison.
La turbine qui reçoit l'eau et donne la force motrice est constituée par une roue
à aubes à injection partielle, montée sur une sorte de volant de 8 m. de diamètre,
et à moitié engagée dans un protecteur.
Le distributeur est situé à la partie inférieure et envoie l'eau sur une très petite
fraction de la circonférence de la roue; la vitesse, de cette façon, n'est pas très
considérable. La plupart des commandes sont hydrauliques. Le travail est effectué
sans avoir à aucun moment recours à l'emploi de la vapeur.
Minerai.
On traite une sidérose manganésifère provenant des chantiers d'extraction
Sainte-Madeleine et Saint-Henri, situés sur la commune de Saint-Pierre d'Alle-
vard, et reliés à l'usine et à la voie ferrée par un chemin de fer électrique.
Cette sidérose, titrant 34 à 35 % de fer, était autrefois enrichie par calcination
dans un four Hoffmann, de façon à donner un minerai à 45 % de fer. On a renoncé
à ce traitement et le minerai est envoyé directement au haut fourneau.
Le coke métallurgique provient de Saint-Etienne et de la Grand'Combe et la
castine de Culoz. Enfin l'usine consomme, pour les fours à réchauffer, de l'anthra-
cite de la Mure.
Elaboration du métal.
Le haut fourneau à paroi mince (40 cm.) est entouré à la base d'une enveloppe
d'eau, le vent étant donné par 4 tuyères alimentées par une soufflerie hydrauli-
que. Les récupérateurs sont du type Whitwell, les briques étant disposées en
alvéoles de nid d'abeilles, ce qui rend l'entretien facile. Les soupapes de commande
sont à réfrigérant hydraulique.
La charge est effectuée à l'aide d'un wagon mû par un élévateur hydraulique
constitué par deux chariots reliés par un câble sur poulie et roulant en sens inverse
sur un plan incliné ; l'un des chariots porte une cuve que l'on remplira d'eau pour
provoquer sa descente et, en même temps, la montée du 2* chariot portant le wagon
de chargement. Ce haut fourneau produit 21 tonnes de fonte par 24 heures.
Four^ Martin.
L'usine possède deux fours Martin. Le gazogène Siemens, à grille inclinée,
a été remplacé par un gazogène à cuve et à air soufflé dans lequel on brûle des
lignites du Midi et des houilles de Saint-Etienne et du Centre.
Les deux fours Martin alimentent alternativement une seule fosse de coulée,
par l'intermédiaire d'une poche dont l'ouverture est commandée par une que-
nouille.
On charge 9 tonnes de fonte, 3 tonnes de riblons, puis 3 tonnes de minerai,
par portion de i .250 kgs à la fois. Une grue hydraulique est utilisée pour le trans-
port des lingots qui pèsent de 500 à 600 kgs. On fait aussi une quantité de plus
en plus importante d'acier fin au four électrique d'un système particulier à la
société.
Travail du métal. ^
Trois grands laminoirs sont mis directement en mouvement par la turbine;
ils sont utilisés pour la préparation des lamçs de ressorts.
Cinq petits laminoirs fournissent des lames pour d'autres usages.
Le pilon est mû par une batterie de compression Escher Wyss qui a servi
autrefois pour le percement du Saint-Gothard.
Pour forger les petites pièces, on emploie un martinet, appareil constitué par
un levier dont une extrémité porte une massue tandis que l'autre est animée d'un
mouvement de va-et-vient à l'aide d'une roue à cames.
L'usine d'Allevard fabrique principalement des ressorts, des aimants et des
outils (hachettes, mèches octogonales, lames de couteau, etc.).
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BIBLIOGRAPHIE i25
Fabrication des ressorts.
Les barres d'acier forgé sont laminées à l'épaisseur voulue, puis coupées et
percées d'un trou au centre.
Portée au rouge vif, chaque barre est appliquée, par passage entre des rou-
leaux, contre une matrice qui donne la forme convenable.
La pièce obtenue est trempée et peut servir de matrice pour la suivante, qui
est plus petite, et ainsi de suite.
Chaque élément d'un ressort porte un filet en relief sur une face et une rai-
nure sur l'autre face, ce qui permet de les empiler plus aisément et d'éviter les
déplacements lors de l'usage.
La pile étant formée, on en relie les éléments dont le nombre est variable,
par des rivets et on frette le ressort constitué par cet assemblage.
Les ressorts pour voitures de chemins de fer, pesant 275 kgs, sont essayés à
15 tonnes (ils en portent cinq au maximum).
Les forges d'Allevard font tous 1^« ressorts de la C** P.-L.-M. et en four*
nissent également aux autres compagnies.
Société générale et unique des Ciments de la porte de Frangé
A Grenoble (Isère).
A la suite de la découverte du filon de la Porte de France, en 1842, Gre-
noble devint rapidement un centre important de production de ciment naturel.
En 1870, les trois établissements Dumolard et Viallet, Carrière et C*%
DuPUY DE Bordes et C**, exploitant lea^ chantiers du Mont Jalla, des Combes et des
Seyssins, se réunirent sous la raison sociale « Société générale et unique des
ciments de la Porte de France ».
Cette société possède en outre des usines de moindre importance, dispersées
dans la région, et un laboratoire d'essais installé à Grenoble, près du siège social.
Extraction.
La qualité exceptionnelle du filon exploité est la principale cause de la pros-
périté de l'entreprise. En effet, la régularité de la composition attestée par de
nombreuses analyses, la netteté de la séparation qui exclut les matières étrangères
et la facilité de l'abattage sont autant de gages de succès.
Le filon, d'une épaisseur à peu près uniforme de 4 m., est incliné à 15* sur la
verticale et intercalé dans un calcaire de nature très différente.
La pierre à ciment extraite est un calcaire marneux, bleu noir, tendre, rayable
à l'ongle, à cassure conchoïdale, présentant un grain de pierre lithographique et
une odeur bitumineuse.
{A suivre.)
BIBLI OGRA PHIE
Nouveau manuel complet d'Eleotrloltéy Suivant fidèlement le programme de
par Georges PetiTi ingénieur civil, nos Manuels, dont le but est de donner
2 volumes in-i8 ornés de 285 figures surtout des indications pratiques, l'au-
dans le texte. 8 fr. Encyclopédie-Ro- teur a fait de ce nouvel ouvrage un
ret, L. MULO, Paris (1907). recueil destiné aux personnes désirant
Le nouveau Manuel complet d*Electri- faire de la pratique.
cité, que nous présentons, est un ouvra- Frappé des difficultés toujours très
ge que nous avons spécialement édité grandes que les débutants rencontraient
sur ta demande d'un grand nombre de dans l'étude des applications électri-
lecteurs de TEncyclopéaie-Roret, et dont ques, si nombreuses aujourd'hui, l'auteur
nous avons confié la rédaction à M. Geor- ne tarda pas à reconnaître qu'elles pro-
ges Petit, ingénieur civil, qui s'est ac- venaient principalement de ce. que ces
quis une juste réputation dans la vulga- débutants, désireux d'arriver rapidement
nsation des sciences appliquées. à la connaissance des applications ac-
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Î26
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
tuelles, négligeaient trop souvent Tétude
des préliminaires de Télectricité. Voulant
éviter cet écueil à ses lecteurs, M. PETIT
a consacré, dans le t tome premier »,
la « première partie » de son ouvrage
à l'exposition et à l'application des phé-
nomènes de rélectricité statique, de
l'électricité dynamique, du magnétisme,
de l'électromagnétisme et surtout de l'in-
duction . Toute cette partie est donnée
en langage ordinaire ; comme le recon-
naît l'auteur lui-même, les expressions
dont il se sert n'ont rien de scientifique,
mais, prises dans le langage courant,
elles font mieux comprendre aux per-
sonnes non versées dans les sciences
physiques ou mathématiques, l'interpré-
tation que l'on doit donner aux phéno-
mènes de l'électricité, en faisant déjà
prévoir l'utilisation pratique qu'on en peut
retirer.
C'est seulement après s'être muni de
ces premières connaissances indispensa-
bles que l'auteur commence à employer
les termes spéciaux, usités en science
électrique, et à indiquer les unités prin-
cipales tant électriques que magnéti-
ques.
La t seconde partie », traitant du cou-
rant continu et des différents produc-
teurs d'énergie électrique, est encore
examinée surtout au point de vue de la
pratique, mais, pour permettre au lec-
teur de saisir tous les sujets dévelop-
pés et de le mettre à même d'augmenter
son savoir en ayant recours aux ouvra-
ges d'un ordre scientifique plus élevé,
fauteur s'est attaché à ramener chacun
des points étudiés à la mise en pratique
des phénomènes examinés dans la pre-
mière partie de l'ouvrage.
Dans la « troisième » et la t quatriè-
me partie » (« tome second »), qui trai-
tent de la distribution de l'énergie élec-
trique et de son utilisation, nous som-
mes en pleine application et les rensei-
gnements pratiques y abondent.
La « cinquième partie », consacrée aux
piles et accumulateurs, voit reparaître
quelques notions de principes scientifi-
ques, mais rendues suffisamment élé-
mentaires pour être à la portée de tout
le monde. Elles sont d'ailleurs indispen-
sables pour suivre l'application pratique
des piles et des accumulateurs donnée
dans ses détails les plus complets.
La traction électrique, si répandue par-
tout aujourd'hui, fait l'objet spécial de la
« sixième partie », où sont examinés tous
les systèmes de traction électrique usi-
tés.
Avec la « septième partie » vient l'étude
et l'application des courants alternatifs,
étude qui a souvent effrayé maints dé-
butants, mais qui est ici considérable-
ment facilitée en la ramenant logique-
ment à celle du courant continu.
Le transport de l'énergie à grande dis-
tance est une Question trop à l'ordre du
jour pour qu'elle n'ait pas fait l'objet
d'une étude spéciale qui torme la « hui-
tième partie ».
Enfin, la t neuvième partie » est con-
sacrée aux application diverses de l'élec-
tricité, telles que : Télégraphie, Télé-
fraphie sans fils ; Téléphonie ; Chauffage
lectrique ; Electfochimie, etc. Ces dif-
férents sujets, tous assez vastes pour
former plusieurs volumes, sont examinés
dans leurs grands principes, ce qui met
le lecteur à même d'aborder les traités
spéciaux à chacun d'eux ou de suivre les
progrès réalisés tous les jours dans cha-
cune de ces branches importantes de
l'électricité. — (Préface de l'Editeur.)
Allgemelne und physiologisohe Chemie
der Fette, par F. Ulzer et J. Klimont.
Un vol. in-8 de 317 p. avec 9 fig.
Prix : 8 marks. Berlin, lib. Springer
ripoô).
Alors que tous les ouvrages spéciaux
écrits sur les graisses n'ont en vue ou
que la partie analytique ou que la tech-
nologie, les auteurs ont tenu à ne point
séparer ces deux ordres de question et
à réunir en un premier volume les pro-
grès réalisés dans la chimie des corps
gras.
Les auteurs passent d'abord en revue
les corps qui contiennent des corps gras :
cires animales et graisses animales ;
tissus graisseux ; muscles ; os et car-
tilages ; nerfs ; sang : lymphe et chyle ;
peau et sécrétions ; lait ; formation et
localisation de la graisse dans les cellu-
les des tissus, résorption de la graisse ;
consommation de cette graisse et son
importance comme aliment ; synthèse
biochimique des corps gras ; production
et consommation des corps gras dans
les végétaux. Ceci posé, ils entrent direc-
tement dans le domaine chimique et étu-
dient les acides gras : saturés et mono-
basiques, satures et bibasiques, non
saturés et monobasiques, non saturés
du type C»H2»-^C00H, aliphatiques non
saturés des types C°H»"-»COOH, C»H*"-'
COOH et C»H"-^COOH, cycliques non
saturés, les oxy acides satures et non sa-
turés. Après les acides viennent les sels
des acides gras et leur hvdrolyse, l'état
moléculaire des sels d'acicles gras en dis-
solution et la loi de cristallisation des
sels sodiques des acides gras. D'autres
chapitres sont consacrés aux alcools ali-
phatiques et aux alcools de la série ben-
zénique, aux glycérides et aux éléments
des cires. Après cette longue étude des
éléments des corps gras les auteurs exa-
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BIBLIOGRAPHIE
Î2J
minent successivement : les propriétés
et la production des graisses et des cires,
le mécanisme du rancissement des cires
et celui de Thydrolyse des corps gras.
L'ouvrage se termine par des tableaux
donnant les constantes physiques et chi-
miques de quelques espèces de graisses
et de cires.
Ce volume sera complété par un au-
tre ouvrage des mêmes auteurs sur
l'analyse des graisses et cires. Le soin
avec lequel a été rédigé le premier vo-
lume fait bien augurer du second.
D' A. G.
Der Naohweb von Sohriftfœlsohungen,
Blut, Spernuiy imw. unter besonderer
BerQoksIohtIgung der Photographie,
par MM. Dr. M. Dennstedt, directeur
du laboratoire municipal à Hambourg,
et Dr. F. VoiGTL^NDER, assistant au
laboratoire municipal à Hambourg.
Un vol. in-8 de 248 p. avec 97 fig.
Brunswick, lib. ViEWEG & SOHN (1906).
La recherche des falsifications en ma-
tière d'écriture présente un grand inté-
rêt. Les auteurs examinent d*abord si
récriture toute entière est de la même
encre, d*abord en mettant à profit la
photographie ordinaire ou microscopique,
ensuite en examinant comment se com-
porte l'encre vis-à-vis de quelques réac-
tifs. L'écriture au crayon n'est pas
laissée de côté à ce sujet. A cette pre-
mière étude succède un autre examen
pour voir si sur une pièce manuscrite
on n'a pas fait disparaître certains chif-
fres ou lettres pour leur en substituer
d'autres, quels étaient les caractères éli-
minés et comment on peut faire réap-
paraître les caractères supprimés. A la
suite de ces problèmes s'en posent égale-
ment d'autres : a-t-on écrit deux parties
de la pièce suspecte à la même époque
ou bien une partie de l'écriture a-t-elle
été rajoutée plus tard ? de ces deux
écritures quelle est la plus ancienne ?
Y a-t-il des surcharges et des grattages ?
A-t-on employé des encres sympathi-
ques ? etc. Comme on le voit par ce ra-
Side énoncé du contenu des chapitres
y a des documents extrêmement inté-
ressants dans cet ouvrage pour tous
ceux qui peuvent avoir intérêt à s'assu-
rer de falsifications en écriture.
A la suite de cette première partie, la
plus importante du volume, les auteurs
ont écnt deux autres chapitres. Le pre-
mier a trait au sang et aux gouttes de
san^ et aux moyens de les déceler et de
distinguer les différentes espèces de sang.
Le second s'occupe de la recherche du
sp)erme et des taches qui en renferment
principalement au point de vue légal.
Ce livre, un peu spécial, a tous les
droits à être bien accueilli car il est ori-
ginal et bien présenté.
D' A. G.
Le blanchissage et l'apprêt du linge, par
Louis VÉREFEL. Un vol. de 180 p. avec
73 fig. Prix : 3 fr. Paris, Bureaux de
la Revue des matières colorantes
(1906).
Comme tout ce qui est ancien, bien
souvent, le blanchissage et l'apprêt sont
restés soumis à l'empirisme et il est peu
d'ouvrages qui en font un examen logi-
que. Le présent volume offre un vif inté-
rêt par les renseignements qu'il renferme
et 1 examen méthodique quil fait de la
question. On trouvera dans la première
partie des considérations préluninaires
sur la nature des objets à blanchir, la
théorie du blanchissage et une étude des
Eroduits chimiques employés dans le
lanchissage. L'auteur examine ensuite
le blanchissage à deux points de vue :
chez les particuliers et dans l'industrie.
Il traite les diverses opérations que l'on
peut effectuer à la maison ainsi que les
appareils divers d'usage domestique. Le
blanchissage industriel est traité avec
grands détails et vient terminer la pre-
mière partie. La deuxième partie de f ou-
vrage est consacrée aux apprêts.
M. VÉREFEL après avoir montré com-
bien l'on s'est attardé dans les vieilles
méthodes, dans le coulage de la lessive,
expose rationnellement la manière de
faire le blanchissage d'une manière en
rapport avec nos connaissances. Il mon-
tre ce que les procédés actuels peuvent
s'ils sont conduits avec soin. Le repro-
che que l'on fait d'abîmer le linge aux
méthodes modernes ne tient pas à ces
méthodes, mais bien à la manière dont
on les emploie. On trouvera dans ce petit
livre bien des procédés que l'on cherche-
rait vainement ailleurs.
D' A. G.
Uber Heizwertbestimmungen mit beson-
derer BerQoksIohtIgung gasfœrmiger
und flUssIger Brennstoffe, par Theodor
Immenkœtter, ingénieur. Un vol.
in-8 de 96 p. avec 23 fig. Prix :
3 marks. Munich, librairie R. OLDEN-
BOURG.
L'utilisation rationnelle et méthodique
des différents combustibles employés
dans l'industrie n'est seulement possible
que si l'on connaît exactement leur pou-
voir calorifique. Cette détermination du
pouvoir calorifique est donc d'une grande
importance. L'auteur a pensé qu'il serait
intéressant de réunir les diverses mé-
thodes ainsi que les appareils utiHsés
jusqu'à ce jour en un volume où la ques-
tion serait exposée méthodiquement.
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128
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Comme les combustibles gazeux et liqui-
des ont pris une importance toute spé-
ciale Fauteur a insisté spécialement sur
les méthodes qui leur sont applicables.
Dans le premier chapitre on trouvera
décrits les principes des méthodes et les
considérations théoriques qui les ont fait
adopter. Le deuxième chapitre est con-
sacré à la description du calorimètre
pour combustion continue et le qua-
trième à celle de son utilisation pour
rétude des gaz chauds. Le quatrième et
dernier chapitre traite de l'emploi de ce
calorimètre avec les combustibles liqui-
des. Le livre renferme des données d'ex-
périences intéressantes qui viennent com-
pléter heureusement les données de la
théorie.
D'A. G.
Traité de la gravurs sur rouleaux, par
Eugène BerthouD. Un vol. in-8 de
230 p. avec 230 fig. Prix : 15 fr.
Paris, lib. Ch. BÉRANGER (1906).
Les tissus sont imprimés au cylindre.
Le présent ouvrage a pour but de nous
apprendre la technique suivie pour la
gravure de ces rouleaux. Dans l'intro-
duction l'auteur explique le procédé sui-
vi pour l'impression dans ses grandes
lighes, puis décrit les différentes sortes
de cylindres utilisés (cuivre, bronze, cui-
vré galvanoplastique, zinc).
La première partie du livre intitulée :
apprentissage de l'élève graveur a pour
but de faire connaître le matériel utilisé
pour la confection des rouleaux, depuis
les outils du graveur jusqu'aux divers
procédés suivis pour la gravure. La deu-
xième partie traite les diverses sortes de
Eravure (au poinçon, à la molette, etc.).
a troisième partie passe en revue les
procédés divers suivis pour la confection
des rouleaux et la quatrième et dernière
partie décrit les machines et appareils
accessoires auxquels on a recours dans
la fabrication.
L'ouvrage est clair et bien divisé. Il a
été couronné par la Société industrielle
de Mulhouse.
D' A. G.
Manuel pratique d'Eleotrlolté médicale.
— Eleotrologle et instrumentation. —
Rayons X et Courante de haute fré-
quenoe» par G. Geiger, Docteur en
médecine de la Faculté de Paris, i vol.
in-8* broché, illustré de 6y figures.
3 fr. Lib. H. Desforges, Paris (1906).
Après avoir rappelé les notions élé-
mentaires nécessaires à la compréhen-
sion des phénomènes électriques et avoir
consacré une place importante à la
Propriétaire-Gérant : George F. JAUBERT.
LATAL. — IMPRIMERIE L. BARNÉOUD ET c'«.
charjge des accumulateurs, ces transfor-
mateurs d'énergie à action différée, si
utiles dans certains cas, l'auteur passe
en revue l'outillage nécessaire pour les
installations les plus diverses : cautère,
endoscopie, courants continus et sinu-
soïdaux, rayons X, haute fréquence, etc.
On envisage successivement le cas où
le médecin a à sa disposition le courant
d'un circuit d'éclairage alternatif ou con-
tinu, ou si, loin de tout centre et réduit
à ses propres ressources, il doit deman-
der aux piles ou aux groupes électro-
gènes (dynamo et moteur) le courant
électrique dont il a besoin. — X.
Beitrag zur Kenntnis tfer Versandor-
llohkelt der Nederiaendieolion Butter-
konstanten, par le D' E. C. H. A. M.
Bemelmans. Un vol. grand in-8 de
82 p. Prix : 3 fr. 50. Breda, lib.
Van TURNHOUT & C^
Le beurre peut être modifié dans ses
propriétés par altération provenant du
mauvais régime de santé ou de nutrition
des bêtes, par une mauvaise fabrication
ou par des falsifications. La présente
étude a pour but d'indiquer quelles va-
riations dans ses constantes f>eut subir
le beurre dans les Pays-Bas. Elle envi-
sage d'abord l'influence de la lactation,
f)uis celles des conditions extérieures de
a vie et du fourrage. Dans une seconde
partie l'auteur, décnt les expériences qu'il
a exécutées, la manière dont il les a con-
duites et leurs résultats. La comparai-
son et les conclusions des résultats for-
ment la troisième partie. Enfin, dans un
dernier chapitre, l'auteur discute les
fraudes.
Oie Entwioklung der Spektroohemley par
Julius Wilhelm Bruhl. Un vol. petit
m-8 de 40 p. Prix : i mark. Berlin.
Librairie Springer.
Cette plaquette est la reproduction
d'une conférence faite par l'auteur à la
« Royale Institution •. L'auteur cite
d'abord les résultats des recherches de
Newton, Biot et Arago, Dulong,
Gladstone sur la réfraction. Il passe en-
suite à la notion de la réfraction molé-
culaire déduite des recherches de GLADS-
TONE et DaLE, de Landolt et en fait res-
sortir l'importance. L'auteur entre alors
plus au cœur du sujet et cherche à mon-
trer les relations possibles entre la struc-
ture et la réfraction de la molécule or-
ganique. On trouvera dans cette confé-
rence un exposé très intéressant de cette
question, traitée par un savant dont nos
lecteurs connaissent la compétence.
D' A. G.
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MORT DE M. BERTHELOT
ET DE M'^E BERTHELOT
La science française, le monde scientifique tout entier, peut-on dire, viennent de
faire une perte irréparable: M. Marcellin Berthelot est mort subitement dans la
soirée du lundi i8 mars dans des circonstances particulièrement dramatiques.
M°* Berthelot, souffrante assez gravement depuis quelques jours et alitée,
fut emportée vers six heures par une crise soudaine et on vint annoncer la fatale
nouvelle à son mari qui travaillait dans une pièce voisine. L'illustre savant, qu'une
inaltérable affection liait à sa femme, tomba à la renverse. On s'empressa autour de
lui ; tous les soins furent inutiles : il était mort.
L'après-midi même, il avait assisté à la séance de l'Académie des sciences
dont il était secrétaire perpétuel pour les sciences physiques, fidèle jusqu'au bout
REVDB OBKBRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE. — 7« LIVRAISON. — AVRIL I9O7. J
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i3o REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
à son devoir. Il revint ensuite au chevet de sa femme où déjà se trouvaient ses fils.
A ceux-ci, d'ailleurs, il avait dit récemment :
« Si votre mère s'en va, je ne saurai lui survivre ! »
Prédiction réalisée ! L'illustre savant eut une admirable vie; il a trouvé l'admi-
rable mort dont il était digne.
Madame Berthelot
M"** Berthelot, fille de l'industriel constructeur bien connu Bréguet, était
âgée d'environ soixante-douze ans. Depuis plusieurs années déjà, elle souffrait d'une
grave affection cardiaque qui laissait peu d'espoir. A diverses reprises, au cours de
cet automne et de cet hiver, son état avait été des plus alarmants et il y a deux mois
environ sa fin paraissait imminente d'un moment à l'autre.
Ainsi qu'il arrive fréquemment dans ces sortes d'affections, l'état de la malade
s'était amélioré lentement au point de lui permettre ces temps derniers de se lever et
de regarder des fenêtres de son appartement le va-et-vient des passants dans la cour
de l'Institut.
Depuis quelques jours cependant la maladie avait redoublé d'intensité et la dysp-
née s'était de plus en plus accentuée, au point que les médecins et son entourage
concevaient de nouveau les plus grandes craintes.
L'après-midi fut particulièrement pénible, et vers cinq heures, la malade entra
en agonie et rendit le dernier soupir entourée de sa famille.
Comment mourut M. Berthelot
M. Berthelot avait fait vers deux heures une courte apparition dans le bu-
reau des secrétaires perpétuels de l'Académie des sciences. Le personnel de l'Ins-
titut le vit, ainsi qu'à son ordinaire, traverser de son pas menu et pressé la cour et se
rendre dans le bâtiment des séances.
Toutefois il n'assista pas à la séance entière de l'Académie des sciences et se
retira bientôt en disant à quelques collègues que l'état de sa femme l'inquiétait. C'est
M. Darboux qui dépouilla la correspondance à sa place. Nul ne s'étonna de ce dé-
part, car l'état précaire de santé de M"' Berthelot était connu de tous
Le secrétaire perpétuel remonta dans son appartement à l'Institut pour reprendre
sa place au chevet de sa femme, qui s'éteignit doucement.
Lorsque tout fut fini et pendant que Ton procédait à la toilette funéraire, M. Ber-
thelot, profondément affligé, quitta la chambre et alla dans une pièce voisine s'é-
tendre sur le canapé où il avait l'habitude de prendre, dans la journée, quelque
repos. On l'entendait dire en sortant et en portant la main à sa poitrine « Ah! j'ai
là un poids qui m'étouffe !... »
Peu de temps après, on pénétra dans cette pièce pour s'enquérir de lui : il râlait,
étendu sur le canapé, et les soins qu'on lui prodigua furent inutiles. Il succomba
presque aussitôt, à la suite d'un brusque arrêt du cœur causé par l'émotion, et ce fut
en vain que les médecins de M"** Berthelot, rappelés en hâte, le professeur Lan-
NELONGUE et le docteur Broca, tentèrent des révulsifs.
Le grand chimiste était mort et avait suivi à quelques instants près sa cofnpa-
gne dans l'éternité. Les yeux du grand savant, orgueil de notre pays et de notre
siècle, étaient fermés pour toujours
LES OBSEQUES NATIONALES DE M. BERTHELOT
La cérémonie
Les obsèques nationales de M. et M""* Berthelot ont été célébrées au Pan-
théon. Elles ont eu la solennité que le gouvernement voulait, en hommage à l'illustre
savant disparu. La partie extérieure de la cérémonie surtout et le défilé des troupes
ont été parfaitement grandioses.
Au centre du Panthéon, les deux cercueils étaient posés au pied d'une pyramide
majestueuse de velours violet frangé d'or, rehaussé de palmes et de couronnes d'or
en relief. Ils étaient côte à côte et semblaient tout petits au bas de cette haute pyra-
mide, dans cette nef immense. Ils avaient pour seul ornement une draperie de ve-
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MORT DE M. BERTHELOT ET DE M-"- BERTHELOT i5i
lours noir étoile d'argent ; ils étaient tout pareils, mais un ruban rouge — le ruban
de grand-croix de la Légion d'honneur — jetait sa couleur violente sur le cercueil
de M. BERTHELOT.
Tout autour de la haute pyrarnide, des couronnes à profusion, la plupart fort
belles. Huit lampadaires majestueux se dressent aux angles de la pyramide et des
torches vertes jettent des lueurs falotes sur les couronnes et les cercueils.
Des draperies noires décorent la partie haute de l'édifice, et six monumentales
tentures tricolores, au chiffre B, plaquées au mur, achèvent la décoration intérieure.
Quatre gardes municipaux en grande tenue, sabre nu, se tiennent près des cer-
cueils et deux rangées de ces mêmes soldats font la haie le long du chemin central qui
conduit de la façade principale au centre de la nef.
Devant le catafalque (c'est-à-dire au premier rang si l'on regarde le centre du
Panthéon de la porte principale), des fauteuils drapés de noir sont disposés pour les
membres de la famille. Derrière eux, les membres du Parlement. A droite, dans
le bras de la croix, les Académies, le conseil de l'ordre de la Légion d'honneur, le
Conseil d'Etat et les hauts fonctionnaires civils; à gauche, également dans le bras
de la croix, les membres du corps diplomatique, tous en brillant uniforme et les per-
sonnalités du monde militaire. En face (c'est-à-dire dans la partie du Panthéon qui
prolonge, après la nef, la branche principale et forme le sommet de la croix), des
fauteuils en bois doré et en velours rouge sont disposés pour le président de la Ré-
publique, les ministres et les bureaux des deux Chambres.
A dix heures moins lin quart, le Panthéon est complètement rempli. Du dehors
parviennent les accents de la Marseillaise, et le cortège officiel fait son entrée.
M. MoLLARD précède M. Fallières, qu'accompagnent tous les ministres, et le
guide, par l'allée centrale et entre la double rangée des gardes municipaux, jusqu'au
pied du catafalque. M. Fallières s'incline devant les cercueils, revient quelques pas
en arrière pour serrer la main des fils Berthelot, debout à la place réservée aux
membres de la famille et contournant la pyramide, il gagne son fauteuil.
Déjà M. Antonin Dubost et M. Henri Brisson occupent les deux sièges enca-
drant celui du président» Et dès que M. Fallières est à sa place, que les ministres
se sont à leur tour rangés en arrière, la cérémonie commence.
Après la Marseillaise, et la symphonie en ut mineur, M. Briand quitte sa place et
gagne une petite tribune drapée de noir et peu surélevée, à droite du catafalque et
à hauteur des membres de l'Académie.
D'une voix grave et dont chaque accent portait, il lut le beau discours que voici :
DISCOURS DE M. BRIAND
Messieurs,
Le savant illustre, le grand Français que nous pleurons fut un de ces hommes
prodigieux oui honorent tous les oays et tous les temps. Il considérait que nul
citoyen ne doit se désintéresser cles affaires de la cite, et c'est pourquoi sa vie
fut si multiple, pourquoi son activité s exerça dans les directions les plus diverses.
Peut-être aurait-il préféré donner tout son temps à son laboratoire et à ses
études favorites ; mais quand l'intérêt public allait ly chercher, quand il le solli-
citait de mettre sa science au service de la défense nationale, de l'enseignement,
de la politique générale, Marcellin Berthelot simplement faisait son devoir, et
nous avons ainsi à célébrer aujourd'hui tout à la fois le savant, le philosophe,
l'éducateur, le politique et... « l'honnête homme ».
Berthelot avait placé très haut son idéal de savant. Il avait fait de la science
le but le plus élevé, le plus noble que l'on puisse offrir aux hommes, la raison de
leur meilleure activité, et comme la sanctification de la vie. Selon lui, il n'y a pas
seulement une science « positive », exerçant ses investigations dans le monde des
faits matériels ; il y a aussi une science « idéale », qui sans le concours d'une
volonté particulière, extérieure aux phénomènes naturels, éclaire de sa lumière le
monde moral.
Sans doute, il n'est pas possible à notre époque, avec les faibles moyens que
gDSsède la science idéale, de formuler une conception d'ensemble de la nature. Mais
ERTHELOT, comme tout homme qui pense, avait constaté dans l'esprit humain
un besoin impérieux et invincible cle pénétrer le secret des choses, t Heureux,
disait le poète latin, qui peut connaître les causes ! » Marcellin BERTHELOT ne
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î^2 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
considérait pas que ces recherches sur Torigine et sur la fin de la nature et de
Fêtre humam fussent infécondes et vaines, ni qu'il fallût abandonner ce domaine
aux religions et aux métaphysiques. Celles-ci procèdent par affirmations dogma-
tiques. Le savant chimiste procéda, dans cet ordre de recherches, avec la même
rigueur scientifique que lorsqu'il étudiait les faits matériels. Il se servit de ceux
3ui sont actuellement à notre portée pour construire la science idéale, et lorsque
ans sa recherche des fins et des origines de l'individu, de l'humanité et de l'uni-
vers, il cessa de pouvoir s'appuyer sur des faits scientifiquement constatés, alors il
n'alla pas plus loin ; et sans prétendre que la science elle-même n'entrerait
jamais dans ce domaine, il laissa à chacun la liberté au rêve. Son ami RENAN a
du reste donné une formule admirable de l'attitude que voulut garder Berthelot
vis-à-vis du sentiment religieux : t La vraie façon d'adorer Dieu, c'est de connaî-
tre et d'aimer ce qui est. •
Je viens de citer RENAN. On y est amené naturellement quand on parle de
Berthelot. Tous les deux resteront unis aux yeux de la postérité comme ils le
furent dans la vie. Quand les deux jeunes hommes se connurent, c'était aux envi-
rons de 1858, à cette époque d'effervescence généreuse où la France atteignant
par le suffrage universel à la liberté politique, de vastes horizons s'ouvraient
devant les esprits enthousiastes. RENAN et BERTHELOT nous apparaissent comme
les deux prototypes de ces générations ardentes : l'un, esprit religieux qui se
dégage de la domination des dogmes ; l'autre, esprit scientifique, chercheur labo-
rieux, patient, obstiné à la découverte des vérités expérimentales.
De cette amitié illustre, de ce contact continuel de deux grands esprits est
sortie cette doctrine que RENAN a exposée dans son t Avenir de la science • et par
laquelle il prophétisait une humanité « qui s'élancerait d'un immense effort à la
conquête de la vérité. »
Les temps annoncés par RENAN ne sont pas venus. Les savants sont encore
des isolés, et même si nous formions tout un peuple de savants, rares seraient les
Claude BERNARD, les PASTEUR et les BERTHELOT.
Avec Marcellin BERTHELOT la science devient véritablement créatrice. Il est
un initiateur. Mais il aimait à retrouver dans le passé des précurseurs, auxquels
il lui était agréable de se comparer. Les savants qui l'avaient irnmédiatement pré-
cédé lui paraissaient avoir eu de la science des vues partielles, insuffisantes. Pour
Berthelot, le vrai savant n'a pas rempH sa tâche parce qu'il a « inséré sa mo-
deste pierre dans le grand édifice •. Non ; il lui faut aussi avoir une conception
d'ensemble d'après laquelle doivent être réglées toutes ses recherches et ses décou-
vertes. Le savant doit être un généralisateur, non simplement un spécialiste. Pro-
blème difficile ! Tâche gigantesque, susceptible de décourager les plus audacieux,
puisque pour être un savant, selon BERTHELOT, une connaissance encyclopédi-
que des choses et des idées devient alors indispensable !
Les alchimistes du moyen âge avaient connu cette suprême ambition. Leur
audace n'a pas admis de limites. Par la science, ils prétendaient se substituer au
Créateur, organiser la matière, produire la vie. Si, de nos jours, les découvertes
d'un Berthelot avaient été révélées à des masses obscures, encore plongées
dans la superstition et imbues de la croyance au miracle, n'auraient-elles pas vu
en lui un de ces alchimistes prometteurs de merveilles, créateurs de matière et
de vie ? Lui, du moins, qui fut un savant consciencieux, n'attendant le résultat
de ses recherches que de l'expérimentation patiente et méthodique, il a réellement
créé, il a même créé de l'or ; non, comme le prétendaient les alchimistes, en fai-
sant de l'or matériellement avec le concours de la magie, mais — il Ta expliqué
lui-même — « par les transformations de la matière fondées sur la connaissance
des forces mystérieuses ». Par la synthèse chimique, il a « reproduit les corps
naturels et tiré chaque jour du néant des milliers de composés que la nature n'avait
jamais connus ». Par elle, il a prouvé — ce qui avant lui était contesté — que les
lois de la chimie organique et celles de la chimie minérale sont identiques. Il a
écarté définitivement de la science l'hypothèse de la force vitale. Certes, il ne pré-
tendit pas former dans son laboratoire, avec les seuls instruments dont il dis-
posait, une feuille, un fruit, un muscle, un organe ; mais il fabriqua, avec les
quatre éléments de toute matière organique, — carbone, hydrogène, ^ oxygène,
azote, — de nouvelles substances. C'est ainsi que sous l'action de l'arc électrique,
Berthelot réalisa l'acétylène ; puis, par la voie méthodique des synthèses pro-
gressives, tous les carbures d'hydrogène.
En ouvrant ainsi à la science des perspectives nouvelles, en permettant à la
chimie de créer des substances .artificielles, analogues aux substances naturelles.
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MORT DE M. BERTHELOT ET DE M»"* BERTHELOT i33
Berthelot découvrait à Tindustrie un champ illimité et prenait place au premier
rang des bienfaiteurs de Thumanité, parmi ceux qui ont le plus fait pour amélio-
rer et embellir l'existence de leurs semblables.
Le rôle de Tazote, qui donne à la terre végétale une vie perpétuelle, sans
cesse renouvelable, a été défini par lui avec une précision rigoureusement scien-
tifique. Sa perspicacité avait vu grouiller dans le sol les infiniment petits qui per-
mettent à la terre arable d'emprunter à l'atmosphère et de fixer l'azote indispen-
sable à la composition chimique des plantes.
Comme conséquence de ses découvertes en thermochimie, ne lui devons-nous
pas encore la création de la poudre sans fumée ? BERTHELOT pensait que le per-
fectionnement des explosifs est un des principaux agents de la marche de fhu-
manité vers la pacification générale, et qu'au surplus, à tout accroissement des
connaissances correspond une élévation de la moralité générale.
En même temps que la science augmente incessamment, par ses applications
industrielles, le bien-être matériel des individus, elle peut également assurer, en
dehors de tout dogme, leur bien-être moral.
A Tréguier, devant la statue de RENAN, BERTHELOT s'écriait : « Espérons
que l'humanité, affranchie de tout dogmatisme imposé, proclamera désormais com-
me son oeuvre propre la morale du devoir et de la bonté, de la justice et de la soli-
darité, morale de l'avenir désormais séparée de tout symbole et de tout surna-
turel. •
Ce sont ces belles et fortes idées qui ont inspiré BERTHELOT, alors que
comme inspecteur général de l'instruction publique et comme ministre, il eut la
charge délicate de donner une direction aux consciences républicaines. Les ins-
tincts sociaux, les sentiments et les devoirs sont inhérents a la constitution céré-
brale et physiologique de l'homme. La morale est antérieure aux religions ; elle
est en nous, et elle se développe, se clarifie, s'élève dans la société à mesure
que monte le niveau des connaissances humaines. BERTHELOT considérait qu'une
société peut vivre a sans religion officielle, sans appui surnaturel, sans préjugés ;
en un mot, en tirant tous ses principes d'action de la seule autorité de la science
et de la raison ».
Cette théorie sociale était complétée et embellie chez lui pjar le plus large
esprit de tolérance. Pour un homme qui a consacré sa vie à la science, qui attend
tout de la science, — le bonheur de ses semblables et l'avenir de l'humanité, — la
persécution s'acharnant à imposer par la force ce qu'elle se sent impuissante à
prouver ne peut être qu'un objet de réprobation et d'horreur. Aussi, dans une let-
tre adressée au congrès de la libre pensée qui se tint à Rome en 1904, Marcel-
lin Berthelot donnait-il à ses amis ces sages et nobles conseils de tolérance :
• Conservons toujours, leur disait-il, la sérénité bienveillante qui convient à notre
1 amour sincère de la justice et de la vérité. La voix de la science n'est ni une
1 voix de violents, ni une voix de doctrinaires absolus. Quels qu'aient été les cri-
• mes de la théocratie, nous ne saurions méconnaître les bienfaits que la culture
1 chrétienne a répandus autrefois sur le monde. Elle a représenté une phase de la
• civilisation, un stade, aujourd'hui dépassé, au cours de l'évolution progressive
• de l'humanité. Il serait contraire à nos principes d'opprimer à notre tour nos
• anciens oppresseurs, s'ils se bornent à demeurer fidèles à des opinions d'autre-
• fois, sans prétendre les imposer. •
Messieurs,
Appelé par ma fonction au pénible et redoutable honneur de rendre hommage,
au norn du gouvernement, à l'homme de génie dont la science universelle porte
le deuil, j'arrive maintenant à l'instant le plus émouvant, le plus douloureux de
ma tâche. En présence de ces enfants, en qui se prolongent les dons, les quali-
tés et les vertus paternels, je veux rappeler que l'homme privé fut aussi grand
que le savant, le philosophe, l'éducateur et le citoyen. Quelle simplicité charmante
chez cet homme incomparable ! Quel air de douceur et de bonté se dégageait de
toute sa personne ! Quel regard bienveillant ! Quelle conscience droite et pure
dans cette belle vie dont le cours régulier se développa toujours selon les règles
de la plus stricte justice, suivant les indications du sentiment moral le plus épuré !
Le prodigieux penseur qui avait eu l'ambition de concentrer dans son cer-
veau puissant les multiples rayons de la science universelle n'aurait pu être,
sans déroger, un homme ordinaire dans les actes de l'existence journalière. En
réalité, il s'était fait de ses devoirs dans la société et dans la famille une idée
très rigoureuse. T'en appelle à tous ceux qui l'ont connu, à ses familiers et à ses
disciples. Tous ont pu apprécier sa ponctualité dans le labeur professionnel et
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i34 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
l'inaltérable aménité de ses relations amicales. Quels adversaires à bout d'argu-
ments ont pu insinuer c^ue Berthelot avait un coeur sec ? Loin de dessécher les
cœurs, la science y fait fleurir des sentiments d'une délicatesse et d'un charme
infinis. La vie familiale de BERTHELOT, toute sa vie et sa mort même en sont une
preuve éclatante. C'est à son foyer qu'il apparut surtout dans sa perfection
humaine. Pour ses fils, il fut l'ami au grand cœur qui réconforte, qui conseille
et qui guide. Mais comment rappeler ici, devant ces deux cercueils, les joies
tranquilles et pures où deux êtres d'élite, cheminant côte à côte parmi les Ûlu-
sions de la vie, ont retrempé leur énergie et alimenté leur espoir, sans être en-
vahi par une émotion qu'il m'est impossible de maîtriser !....
Mme Berthelot avait toutes les qualités rares qui permettent à une femme
belle, gracieuse, douce, aimable et cultivée d'être associée aux préoccupations,
aux rêves et aux travaux d'un homme de génie. Elle vécut avec BERTHELOT dans
une communauté de sentiments et de pensées qui les groupa en un couple parfait
où n'auraient tressailli qu'un même cœur et brillé qu'un seul esprit. En songeant
au vide immense que va faire dans un foyer le départ de ces deux êtres, j'hésite
à formuler ici, au nom du gouvernement, les condoléances habituelles à l'adresse
de ceux qui, unis aux deux morts par les liens de la famille, profitaient de leur
affection, de leur exemple, de leurs conseils et de la vertu communicative de leur
seule présence. Quels mots pourraient exprimer ce que l'on ressent devant une
telle affliction !...
Vous avez connu les détails pathétiques de cette mort. Elle a été d'une beauté
noble et touchante. La compagne dévouée de sa vie s'en allant, BERTHELOT ne peut
lui survivre et, pour la première fois, sa volonté renonce à commander aux forces
de la nature qui se brisent en lui. Il cotisent à mourir. Au reste, le génial savant
qui avait fait de la vie l'objet de son étude perpétuelle avait toujours envisagé la
mort avec sérénité. Elle n<;xistait guère pour lui, sinon comme un repos étemel.
Permettez-moi, messieurs, de jeter sur la dépouille corporelle de Marcellin
BERTHELOT le voile de gloire qui déjà le transfigure...
Aussitôt, l'orchestre exécute V allegretto de la symphonie en /a, suivi de la Mar-
che héroïque, de Saint-Saens.
L'exécution de ces admirables morceaux termine la première partie de la céré-
monie.
Le DÉFILÉ DES TROUPES
Les gardes républicains qui forment la haie le long du passage central rendent
les honneurs, et les deux cercueils sont portés sous le catafalque monumental qui s'é-
lève sur le péristyle, devant la grande porte du Panthéon.
Les membres de la famille, les amis personnels des défunts quittent ensuite leurs
places et sont conduits par les maîtres de cérémonie sur le péristyle, à la droite du
catafalque. M"" et M""" F.^llières, guidées par un fonctionnaire du protocole, pren-
nent place sous la colonnade. Le cortège officiel se forme ensuite. Précédé des huis-
siers, le président de la République, accompagné des présidents du Sénat et de la
Chambre des députés, suivi des ministres, des membres du corps diplomatique, des
membres des bureaux des deux Chambres, est conduit à la gauche du catafalque.
Les autres invités, sénateurs, députés, juges, membres des grands corps constitués
de l'Etat, se groupent derrière les ministres, sur les côtés du péristyle et sur les de-
grés. Tambours et clairons battent et sonnent aux champs.
Les délégations d'étudiants, avec les drapeaux, sont au-dessous du catafalque,
à la gauche de la statue du Penseur de Rodtx, voilée d'un long crêpe.
île gouverneur militaire de Paris, à la tête de son nombreux état-major, est au
milieu de la place, en face du monument.
11 salue de l'épée le chef de l'Etat, lescercueils,puis il va se placer devant l'Ecole
de droit et ordonne le défilé.
Le spectacle, en ce moment, est empreint de réelle grandeur. Autour du haut ca-
tafalque brillent les flammes des torchères, se pressent les personnages officiels,
les étincelants uniformes des attachés militaires étrangers, des officiers, les robes des
juges; et devant le monument, sur la vaste place pleine de soleil, entre la grille
et la rue Soufflôt, où brillent les cuirasses des cavaliers des escortes et, dont les trot-
toirs sont noirs de foule, les régiments défilent au son des musiques qui jouent le
Chant du départ^ les Girondins et des pas redoublés. Les officiers saluent de l'épée,
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MORT DE M. BERTHELOT ET DE M™- BERTHELOT i33
les drapeaux s'inclinent. Le président de la République, les présidents des Cham-
bres, les ministres, tout le monde est tête nue.
Le défilé ne se termine qu'à midi moins un quart.
Le président de la République va s'incliner devant la famille de Berthelot
et serre la main de ses fils. Les personnages officiels défilent à leur tour devant la fa-
mille.
Le public a été admis à défiler devant les cercueils de M. et de M"* Berthelot
l'après-midi, de deux à cinq heures.
Les cercueils étaient placés sous le catafalque monumental élevé au centre du
monument, sous la coupole.
Le public pénétrait dans le monument par une des portes latérales de la façade
principale et ressortait par l'autre.
A six heures, en présence des seuls membres de la famille, les deux cercueils ont
été descendus dans les caveaux. Ils ont été placés provisoirement dans un caveau de
la partie droite du monument, à la suite de celui où repose Victor Hugo.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Pierre-Eugène-Marcellin Berthelot est né à Paris le 25 octobre 1827, dans une
maison située place de l'Hôtel de Ville au coin de l'ancienne place de Grève et de
la rue du Mouton .11 est donc mort dans sa quatre-vingtième année.
Fils d'un médecin de Neuilly, il fit ses études au Lycée Henri IV, et montra
dès son jeune âge une aptitude remarquable pour les études les plus variées: littérai-
res» scientifiques, historiques et philosophiques. Il obtint à dix-neuf ans le prix d'hon-
neur de philosophie au concours général de 1846, puis se consacra exclusivement à
l'étude des sciences, qu'il poursuivit sans passer par aucune école, en prenant ses
divers grades jusqu'à celui de docteur es sciences qu'il obtint à vingt-sept ans, au
mois d'avril 1854.
Trois ans auparavant, au mois de janvier 185 1, il avait été nommé préparateur
du cours de chimie que professait alors Balard, au Collège de France. Pendant
neuf ans, c'est-à-dire jusqu'au 2 décembre 1859, il exerça ces modestes fonctions de
préparateur, puis passa professeur de Chimie organique à l'Ecole supérieure de
pharmacie sur la simple présentation d'une thèse ayant pour titre: Les sucres analo-
gues au sucre de canne; il avait trente-deux ans à peine. Deux ans plus tard, en
1861, l'Académie des Sciences lui décernait le prix Jecker, pour ses recherches sur
la reproduction des composés organiques par synthèse, et en 1865, le 8 août, il fut
nommé titulaire de la chaire de Chimie organique au Collège de France, fondée à
son intention. En effet, dès 1863, les principaux professeurs de cet établissement et
plusieurs chimistes de l'Académie des Sciences, sur l'initiative bienveillante de
M. Balard qui proposait lui-même de dédoubler sa chaire, avaient demandé au gou-
vernement la création d'une chaire de Chimie organique au Collège de France, afin
de permettre à M. Berthelot d'y développer ses idées. M. Duruy, alors ministre
de l'Instruction publique, accueillit cette demande et, comme nous le disions plus
haut, la chaire fut créée le 8 août 1865, aussitôt que le Parlement en eut voté les
fonds. C'est cette chaire que M. Berthelot occupa sans interruption pendant
quarante-deux ans, et c'est dans son laboratoire du Collège de France qu'il a fait,
et exposé, ses découvertes sur la synthèse organique, puis sur la mécanique chimi-
que, la thermochimie et les matières explosives.
M. Berthelot fut élu membre de l'Académie de médecine, à l'âge de trente-
cinq ans, en 1863, dans la section de physique et de chimie, dont il était hier le doyen,
et le 3 mars 1873, membre de l'Académie des Sciences, dans la section de physique.
En 1889, Pasteir, au bout de 14 mois d'exercice, sentant sa santé chanceler, vint
proposer à M. Berthelot de lui succéder dans sa situation de secrétaire perpétuel
de l'Académie des Sciences, s'engageant à soutenir sa candidature devant l'Acadé-
mie. L'Académie ratifia cette proposition et M. Berthelot fut nommé secrétaire
perpétuel de l'Académie des Sciences, en 1889. Enfin, au mois de mai igoo, il fut
nommé membre de l'Académie française, titulaire du fauteuil de Joseph Bertrand.
M. Berthelot était membre d'un grand nombre d'autres Sociétés savantes;
nous citerons parmi les Sociétés françaises: les Sociétés philomatique (1855), de
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i36 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
biologie (1855), chimique de Paris (1858) dont it fut nommé président d'honneur
en 1900, de physique de Paris, d'agriculture de France (1885), et parmi les Acadé-
mies et Compagnies étrangères : la Société royale de Londres, la Société de physique
de Genève, la Société des naturalistes de Moscou, les Académies de Saint-Péters-
bourg, Stockholm, Dublin, Copenhague, Munich, Turin, Amsterdam, Budapest,
Boston, Philadelphie, Lisbonne, etc., etc. M. BEUTiiELor était membre associé de
l'Académie de Berlin, sans passer par le grade de membre correspondant, puis asso-
cié des Académies de Turin, Rome, etc.
Décoré de la Légion d'honneur à trente-quatre ans, le 13 août 1861, officier le
14 août 1867, commandeur le 11 janvier 187Q, grand-officier le 30 avril 1886,
M. Berthelot fut nommé grand 'croix en 1896.
ŒUVRE SCIENTIFIQUE DE M. BERTHELOT
L'œuvre scientifique de M. Berthelot est immense. Il a exposé ses découvertes
dans des mémoires dont le nombre s'élève à près de mille, publiés sans interruption
depuis 1850 jusqu'à l'heure actuelle, dans les Comptes rendus de l'Académie des
Sciences et dans les Annales de Chimie et de Physique.
Ces travaux peuvent se classer sous cinq titres :
I** Recherches de synthèse chimique.
2" Recherches de mécanique chimique et de thermochimie.
3** Recherches sur la théorie des matières explosives.
4** Recherches de botanique et de physiologie végétale.
5** Recherches touchant à l'histoire des sciences.
I** Recherches de synthèse chimique.
Ainsi que le dit justement M. Bourgoin, dans l'étude que nous rappelons plus
bas, la chimie organique avait suivi une marche essentiellement analytique pendant
la première moitié du xix" siècle. A part de rares exceptions qui ne se rattachent nia
un principe, ni à une méthode générale, comme la synthèse si intéressante de l'urée
faite par Woehler, en 1828, la chimie organique s'efforçait d'isoler les principes
immédiats contenus dans les êtres vivants, et elle les soumettait à une série de décom-
positions et de transformations, destinées à aboutir en définitive aux éléments et aux
composés binaires, tels que l'eau et l'acide carbonique. Voici ce que disait à cet égard
Berzélius, en 1848 : « Dans la nature vivante, les éléments paraissent obéir à des
lois tout autres que dans la nature inorganique. Cette théorie est tellement cachée, que
nous n'avons aucun espoir de la découvrir. » De même Gerhardt écrivait, en 1850,
quatre ans avant le moment où M. Berthelot commençait ses synthèses : « Le
chimiste fait tout l'opposé de la nature vivante; il détruit, opère par analyse ; la force
vitale seule, opère par synthèse: elle reconstruit l'édifice abattu par les forces chimi-
ques. » La formation des composés organiques au sein des êtres vivants, était répu-
tée dépendre (c de l'action mystérieuse de la force vitale, action opposée, en lutte
continuelle avec celles que nous sommes habitués à regarder comme la cause des
phénomènes chimiques ordinaires ». Tel était l'état dans lequel M. Berthelot
trouvait la Science au début de ses recherches. Il l'a complètement bouleversée par ses
découvertes, en réalisant expérimentalement la combinaison des corps élémentaires,
à l'aide seulement des forces physiques, à savoir la chaleur et l'électricité sous ses
diverses formes: arc, effluve, décharges obscures. C'est ainsi qu'en partant de
corps simples, tels que le carbone, l'hydrogène gazeux et l'eau, il a fabriqué de
toutes pièces les carbures d'hydrogène (acétylène) et les alcools (alcool ordinaire, en
1854, dont un échantillon obtenu par synthèse figurait à l'Exposition en 1867). Ce
sont ces corps qui permirent d'obtenir tous les autres.
M. Berthelot a réalisé cette formation par des méthodes générales, applicables
non seulement à la production des composés naturels, mais à celle d'un nombre infini
de composés artificiels, engendrés en vertu des mêmes lois et dont l'existence a dé-
montré toute la fécondité des nouveaux principes.
La plus intéressante, parmi ces synthèses, et celle qui après cinquante ans re-
trouve toute son actualité, est certainement celle de l'acétylène, carbure obtenu par
union directe, — et atome par atome, du carbone et de l'hydrogène dans l'œuf électri-
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MORT DE M. BERTHELOT ET DE M^ BERTHELOT iS;
que, sous Tinfluence de Tare voltaïque. Cette expérience, que I*on exécute aujourd'hui
dans tous les cours de chimie organique, permet d'obtenir de petites quantités d'a-
cétylène au moyen desquelles M. Berthelot a formé ensuite par synthèse, d'une
façon progressive et illimitée: Téthylène, le benzène et les autres carbures d'hydro-
gène, les alcools, les acides organiques et les dérivés de la série organique et urique.
C'est ainsi que l'acétylène par réduction, a donné naissance à l'éthylène, le
gaz oléfiant, qui à son tour, a donné naissance au méthane, l'hydrocarbure saturé
le plus simple, le générateur des alcools et des acides de toute la série grasse.
Par la combinaison réciproque des carbures d'hydrogène, combinaison exécutée
en faisant passer le mélange de leurs vapeurs dans un tube chauffé au rouge som-
bre M. BERTHELOT a passé ensuite de la série grasse à la série aromatique, réali-
sant la synthèse du benzène; puis, par combinaison du benzène avec l'acétylène,
il a obtenu le styrolène, le naphtalène, l'acénaphtène, et enfin l'anthracène et fluo-
rène, corps qu'il a retrouvés sans exception dans le goudron de houille. Ces corps
sont la source des couleurs d'aniline et d'alizarine, de l'indigo, des parfums synthé-
tiques, des antipyrétiques artificiels, de nos révélateurs photographiques actuels, des
édulcorants modernes, tels que la saccharine, etc., etc.
Dans un autre ordre d'idées, l'acétylène donnait à M. Berthelot, par oxyda-
tion, des acides tels que les acides acétique, oxalique, glycolique, etc., tandis que la
combinaison de l'acétylène avec l'azote, sous l'influence de l'effluve, engendrait
l'acide prussique ou cyanhydrique, base de toute la série cyanique et urique.
Une autre synthèse non moins remarquable, elle aussi, est certainement celle
que M. Berthelot publiait en 1858, et qui permet d'obtenir ces mêmes hydrocar-
bures en partant non plus des corps simples, tels que le carbone et l'hydrogène, mais
de leurs oxydes, tels que l'eau et l'acide carbonique. C'est ainsi que l'acide formi-
que peut être obtenu au nujyen de l'oxyde de carbone, tandis que la distillation sèche
des formiates, engendre le méthane et les carbures éthyléniques. Nous remarque-
rons en passant, que l'eau et l'acide carbonique sont dans l'air atmosphérique et que
ce sont précisément les générateurs de matières organiques de nos tissus. Ce fait
saillant prouve une fois de plus le cycle continu de l'évolution de la matière, mis
en lumière pour la première fois par Lavoisier.
Les carbures d'hydrogène une fois constitués, M. Berthelot a montré com-
ment on les transforme en alcool. Nos lecteurs se souviennent encore de l'article pu-
blié ici même ^ par l'illustre chimiste, sur la synthèse de l'alcool éthylique, qu'il réa-
lisa en 1854, ^^ celle de l'alcool méthylique qu'il fit en 1855. Les carbures et les alcools
une fois obtenus, M. Berthelot les combine à l'oxygène, aux éléments de l'eau, à
l'azote, sous forme d'ammoniaque, aux acides minéraux et organiques, et passe de
cette façon à la multitude des dérivés de la chimie organique et cela, ainsi que le fait
remarquer justement M. Bourgoin, par des méthodes dont quelques-unes étaient
déjà connues ; les autres se sont développées depuis, et continuent chaque jour à se
multiplier par les efforts concordants des chimistes du monde entier.
C'est aussi à l'occasion de l'étude de l'action réciproque des corps les uns sur
les autres que M. Berthelot a exécuté de 1856 à 1862 — avec la collaboration de
Pean de Saint-Gilles — ses classiques recherches sur l'affinité et la formation
des éthers. On sait quelle place prépondérante a pris à l'heure actuelle, grâce aux
travaux d'OsTWALD, van't Hoff et Arrhenius, l'étude de la vitesse des réactions et
des lois des équilibres chimiques. Dans cette voie aussi, M. Berthelot a signalé
dès le début, les problèmes fondamentaux et il a été un promoteur, préludant aux
travaux de mécanique chimique, qui sont aujourd'hui à la base de notre science.
Rappelons encore la synthèse des corps gras naturels, exécutée en 1854, c'est-
à-dire la synthèse d'une classe ^entière de composés, qui jouent un rôle essentiel dans
l'organisme des êtres vivants. M. Berthelot a découvert en même temps, la fonc-
tion des alcools polyatomiques : glycérine, mannite, glucose et autres principes su-
crés. La synthèse des corps gras et celle des combinaisons des sucres ont été effec-
tuées par des méthodes directes et alors toutes nouvelles, par le seul contact des
composants et en faisant intervenir le concours du temps. Ces études sont celles
sur les saccharoses ; puis, la constitution des hydrates de carbone fondamentaux des
I. Voyez R. G. C, 1899, 1, 225.
Rer. j^én. Cb., 1907.
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J
i38 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
végétaux, a été rattachée à la théorie des alcools polyatomiques. Ces recherches
que M, Berthelot a exposées devant la Société chimique de Paris, puis qui ont été
réunies plus tard et publiées, sont devenues Tune des bases des belles expériences
de M. Emile Fischer sur la synthèse des sucres. Toute cette théorie fondée en
ï855, et développée dans les années qui ont suivi, a établi entre les divers groupes
de principes organiques, des liens compréhensifs, qui ont réellement constitué les
cadres généraux de la chimie organique, jusque-là disséminée à la façon d'une his-
toire naturelle, dans l'étude de groupes divers, entre lesquels n'existaient aucuns
liens autres que ceux de leur origine commune au sein des êtres organisés.
C'est la découverte de la synthèse des carbures d'hydrogène et des alcools, et
la découverte des alcools polyatomiques qui fondèrent l'unité définitive de la science;
préludant par là aux travaux accumulés des nouvelles générations de chimistes,
qui ont réussi depuis lors à en décupler l'étendue.
2** Recherches de mécanique chimique et de thermochimie.
Le second ordre de recherches de M. Berthelot, celles qui n'ont cessé de l'occu-
per depuis l'année 1865, c'est-à-dire depuis quarante-deux ans, concernent la mécani-
que chimique et la thermochimie.
Comme Berthollet l'avait entrevu déjà, au commencement du xix** siècle, re-
produisant ainsi les idées des physiciens du xvii* et du xviii® siècle et notamment
celles de Macquer, de Laplace et de ses contemporains, tous les phénomènes chimi-
ques se ramènent au fond, aux mouvements et aux actions réciproques des dernières
particules des corps, atomes ou molécules, et aux énergies mises en jeu dans ces ac-
tions. Or, ces énergies trouvent leur mesure dans la chaleur dégagée ou absorbée
au moment des transformations, la chaleur elle-même étant équivalente au travail
mécanique. Vers 1865, on commençait déjà à être bien pénétré de ces vérités, grâce
aux travaux de Joule, Fabre et Silbermann, Clausius, Helmholtz, Mayer,
HiRN, etc., etc., mais c'est à M. Berthelot que devait échoir le mérite de rame-
ner les travaux des forces chimiques, à une même définition et à une même unité,
communes à toutes les forces naturelles: la calorie et le kilogrammètre. De là est
résultée une science nouvelle : la thermochimie, science plus abstraite et plus générale
que la description individuelle des propriétés, autant que la préparation et les trans-
formations des espèces chimiques, car elle se propose de rechercher les causes ori-
ginelles de ces transformations et de découvrir les lois qui les régissent. M. Berthk-
LOT est l'un des fondateurs de cette science, car s'il a trouvé la voie déjà indiquée
par les travaux des savants dont nous rappelions les noms il y a un instant, il l'a élar-
gie d'une façon extraordinaire par le gigantesque et opiniâtre travail de quarante-
deux années de sa vie. M. Berthelot en a renouvelé ou créé les méthodes, il a in-
venté de toutes pièces des appareils que tous nos lecteurs connaissent, tels que des
calorimètres, des thermomètres, des chambres à réaction et enfin la bombe calorimé-
trique. Il a participé aussi à la création d'un matériel d'essais des poudres et salpê-
tres, décrit ici même ^ par son collègue de l'Académie, M. Sarrau, le regretté col-
laborateur de la Revue.
M. Berthelot ramène à trois grands principes fondamentaux les lois générales
de la thermochimie :
I** Le principe des travaux moléculaires, d'après lequel la quantité de chaleur
dégagée dans une réaction quelconque, mesure la somme des travaux physiques et
chimique^ accomplis dans cette réaction : ce principe fournit la mesure des affinités
chimiques.
2** Le principe de l'équivalence calorifique des transformations, réduite à la con-
naissance de l'état initial et de l'état final, d'après lequel la chaleur dégagée dans
une transformation chimique demeure constante, quelles que soient la nature et la
suite des états intermédiaires; par exemple:
C0 + = C+02.
3** Le grand principe du travail maximum, d'après lequel tout changement chi-
mique accompli sans l'intervention d'une énergie étrangère, tend vers la produc-
i. Voyez R. G. C, 1900,2, 11.
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MORT DE M. BERTHELOT ET DE M™* BERTHELOT iSg
tion du corps ou du système de corps qui dégage le plus de chaleur. Néanmoins, ce
principe du travail maximum n'est applicable en toute rigueur, qu'à condition de
rapporter les corps à l'état solide, en éliminant les chaleurs de vaporisation, de
fusion et de dissolution. Dans ces conditions, les différences d'entropie entre le sys-
tème initial et le système final, sont en général très petites et négligeables.
La prévision des phénomènes chimiques, prévision qui tendrait à supprimer
les tâtonnements du travail de laboratoire, se trouve ramenée par ce principe, à la
notion purement physique et mécanique du travail accompli par les actions molé-
culaires. Il suffit donc pour l'appliquer, de connaître la chaleur dégagée par les
transformations et la stabilité propre de chaque composé. Elle est l'origine des Ion-
gués études expérimentales et théoriques, résumées dans les deux volumes de
M. BERTHELOT, intitulés Lois et Données numériques, parus en 1897.
M. Berthelot a démontré ces divers principes, par la discussion expérimentale
des phénomènes généraux de la Chimie, ce qui a exigé de sa part la détermination
de plusieurs milliers de données exactes et l'exécution d'un nombre presque infini
d'expériences, faites sur la combinaison des éléments et sur l'action réciproque des
corps simples ou composés.
Nous citerons parmi les travaux les plus importants du Maître: la détermina-
tion de la chaleur de formation des composés oxygénés, hydrogénés et carbonés de
l'azote, détermination pour laquelle il a dû dépenser toutes les ressources de son
esprit inventif; l'étude générale de la formation des précipités ; celle de la chaleur
de transformation des corps isomères, tant simples comme le soufre, l'ozone, le tel-
lure, que composés, sujet dont l'importance est grande dans notre Science; l'étude
de l'état des sels dans leurs dissolutions et celle du partage des acides et des bases ;
la mesure, souvent très dangereuse, de la chaleur de formation des composés nitri-
ques, comme la nitroglycérine, le coton-poudre, les éthers nitriques, le nitrobenzène,
la nitromannite, l'acide picrique, le nitrate de diazobenzène, le fulminate de mercure,
celle des composés formés par substitution; celle des composés oxygénés du chlore;
les recherches ayant pour objet de rapporter la chaleur de formation des composés
à l'état solide et à l'état gazeux; les fonctions multiples des acides et spécialement
des phosphates ; la chaleur de formation des éthers et des amides ; celle des hydrates
acides et basiques; la définition thermique des acides faibles; l'examen des réactions
endothermiques et exothermiques et l'explication de la formation des composés ex-
plosifs, constitués par absorption de chaleur et renfermant une réserve d'énergie;
l'explication rationnelle par les énergies auxiliaires des phénomènes obscurs que
l'on rapportait autrefois à l'état naissant et aux affinités prédisposantes; enfin, la
mesure de la chaleur de combustion des principaux composés organiques, gazeux,
solides et liquides.
Par l'ensemble de ces travaux, les énergies chimiques sont ramenées aux lois
de la mécanique rationnelle, qui dominent toutes les actions naturelles. La figure
même de la Science chimique et la forme de ses enseignements se trouvent, de ce
chef, totalement transformées.
Ainsi s'est produite une évolution nouvelle, dans laquelle les découvertes et
les idées de M. Berthelot ont joué un rôle capital ; évolution qui tend à faire sortir
la chimie de l'ordre des sciences purement descriptives, pour en ramener les métho-
des et les problèmes à ceux des sciences physiques et rationnelles, en attendant que
tout l'ensemble de nos sciences soit rattaché à l'unité commune et à la loi universelle
des mouvements et des forces naturelles.
3** Recherches relatives a la théorie des matières explosives.
Voici ce que M. Berthelot écrivait, en 1872.
« Quand vint le siège de Paris, dernière étape de nos défaites, on se tourna vers
la vScience, comme on appelle un médecin au chevet d'un malade agonisant.
» Le concours de l'esprit et de la méthode scientifiques eût été sans doute plus
efficace, si on l'eût invoqué depuis de longues années, pour organiser les forces maté-
rielles et morales de la France : nos ennemis l'ont fait,* mais on n'a pas encore su leur
ravir le secret de leur puissance.
» Quoi qu'il en soit, le dévouement des savants auxquels on faisait appel in
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140 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
extremis n'a pas manqué à la patrie. Les nombreux comités institués dans ce péril
suprême, ont donné leur temps, leur santé et leur intelligence sans mesure ni réserve.
S'ils n'ont pas sauvé la patrie d'un désastre, rendu inévitable par la destruction déjà
accomplie de notre organisation militaire, ils ont pourtant imprimé au siège de Paris
quelques-uns des caractères qui le distingueront dans l'histoire.
» On n'avait pas encore vu cette merveille d'une correspondance méthodique,
entretenue par une ville investie, à l'aide des ballons et des pigeons, avec le con-
cours de la photographie microscopique : ce sera la légende de l'avenir, comme ce fut
l'objet de l'étonnement et de la fureur de l'ennemi, attestés par de cruelles et im-
puissantes menaces.
» C'est grâce à la Science que l'un a pu fondre dans Paris ces 400 canons de
campagne d'un nouveau modèle, supérieurs en portée aux canons prussiens et qui,
du haut du plateau d'Avron, tinrent pendant un mois les Allemands en échec sur la
route de Chelles;
» C'est grâce à la Science que la fabrication de la dynamite, presque ignorée en
France, a pu être improvisée sans ressources spéciales et dans des conditîfMts, en
apparence, les plus défavorables ;
» C'est grâce à la Science que la lumière électrique a joué, dans l'éclairage
nocturne des travaux de défense, un rôle inattendu et dont l'emploi méthodique a
rendu toute surprise impossible ;
» C'est grâce à la Science et aux moyens nouveaux enseignés par elle, pour la
défense des brèches, que toute tentative d'assaut fut épargnée à la ville assiégée:
cette tentative eût abouti à quelque grand désastre pour nos adversaires.
ï) Mais il faudrait un volume tout entier pour énumérer les efforts et le dévoue-
ment de tant de savants patriotes.
» Efforts infructueux I l'œuvre de la faim.... Sœvior Armis, accomplit ce que
la force armée n'avait pas osé faire.
» J'ai présidé l'un de ces comités, appelé dans le danger suprême: « Le Comité
scientifique pour la défense de Paris », institué le 2 septembre 1870, près le minis-
tère de l'Instruction publique, par M. Brame, maintenu et encouragé par Jules
Simon, après la proclamation de la République.
» Nous avons fourni, comme les autres, jour par jour et sans nous lasser, notre
contingent de bonne volonté, de labeur et de patriotisme.
» Je pourrais riaconter nos travaux : mais il ne convient guère, après la défaite,
de faire l'histoire détaillée des efforts qui n'ont point abouti.
» Si j'ai cru devoir rappeler ces faits, c'est afin d'expliquer l'origine de recher-
ches qui s'écartent de la direction ordinaire de mes expériences. Adonné, dès mes
débuts dans la vie, au culte de la vérité pure, je ne me suis jamais mêlé à la lutte des
intérêts pratiques qui divisent les hommes; j'ai vécu, dans mon laboratoire, solitaire,
entouré de quelques élèves, mes amis. Mais, pendant la crise suprême traversée par
la France, il n'était permis à personne de demeurer indifférent ; chacun a dû appor-
ter son concours, si humble qu'il pût être. Voilà comment j'ai été arraché à mes étu-
des abstraites et j'ai dû m'occuper de la fabrication des canons, des poudres de
guerre et des matières explosives. J'ai tâché de faire mon devoir sans partager les
haines étroites de quelques-uns contre l'Allemagne, dont je respecte la science, en
maudissant l'ambition impitoyable de ses chefs. ».
Voilà, en quelques nobles paroles, l'origine des travaux de M. Berthelot sur
les matières explosives, et comment il a été amené à formuler une théorie générale
de ces substances, fondée sur la connaissance de leur métamorphose chimique et de
la chaleur de formation des composés qui y concourent, c'est-à-dire entièrement
déduite de la thermochimie.
L'illustre savant a montré que pour définir la force d'une matière explosive,
on doit connaître les données suivantes: d'une part, la nature de la réaction chimi-
que, laquelle détermine la chaleur développfée et le volume des gaz; d'autre part,
la vitesse de la réaction.
La chaleur dégagée se calcule d'après la connaissance des produits de la réac-
tion, soit à pression constante, soit à volume constant ; elle se calcule si la réaction,
bien entendu, n'est accompagnée d'aucun travail mécanique. Sinon, il y a transfor-
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i
MORT DE M. BERTHELOT ET DE M™<^ BERTHELOT 141
mation d*une partie de cette chaleur en travail. Or, c'est précisément cette transfor-
mation que Ton se propose de réaliser dans l'emploi des matières explosives. Le vo-
lume des gaz résulte également de la réaction chimique; il se déduit aisément de l'é-
quation qui exprime cette réaction.
Ayant ainsi défini le volume des gaz, on en conclut la pression qu'ils devaient
exercer à la température développée par l'explosion. Cette pression se mesure par
récrasement de petits cylindres en cuivre ou en plomb, appelés crushers. Les résul-
tats sont rapportés au poids de matière, contenu dans l'unité de volume. Or, l'ex-
périence ayant montré que la pression de l'unité de poids, sous l'unité de volume,
tend vers une valeur constante, c'est ce que M. Berthelot a appelé la pression spé-
cifique qui peut être prise comme une certaine mesure de la force.
Mais, comme nous l'avons dit plus haut, pour définir complètement une ma-
tière explosive, il convient de connaître encore la durée de sa transformation. C'est
à cette étude théorique de la durée des transformations des corps explosifs, que
M. BERTHELOT a consacré de nombreuses expériences et de longs développements.
Il a démontré, en ef fei : i * que la vitesse croît avec la température suivant une loi très
rapide; 2** qu'elle croît aussi avec la condensation de la matière, c'est-à-dire avec la
pression dans les systèmes gazeux; 3** qu'elle est, au contraire, ralentie par la pré-
sence d'un corps inerte, qui abaisse la température en même temps qu'il diminue
la condensation. C'est ainsi qu'on peut modifier à volonté le caractère d'une substance
explosive. Par exemple, la poudre noire fuse au lieu de détoner ; la dynamite, qui
est un mélange de silice et de nitroglycérine, est moins brisante que la nitroglycé-
rine; en outre, le caractère brisant dû à celle-ci décroît rapidement à mesure que
l'on augmente la dose de silice.
C'est ici que M. Berthelot entre dans un ordre d'idées tout nouveau. Jus-
qu'alors, on avait pensé qu'il suffisait d'enflammer une matière explosible d'une
manière quelconque, les effets de l'explosion consécutive ne paraissant pas dépen-
dre du procédé initial de l'inflammation. Mais, M. Berthelot remarqua bientôt
que la nitroglycérine et le coton-poudre manifestaient, à ces égards, une diversité
singulière.
Ainsi, par exemple, suivant le procédé employé pour la mise de feu, la dyna-
mite peut se décomposer tranquillement et sans flamme, ou brûler avec flamme, ou
encore donner lieu à une explosion proprement dite: cette explosion peut être, d'ail-
leurs, tantôt modérée, tantôt accompagnée d'effets brisants. M. Berthelot a montré
comment les théories thermodynamiques et une analyse convenable des phénomènes
du choc, permettent de rendre compte de cette diversité ; la force vive du choc se
transformant en chaleur au point choqué et élevant jusqu'au degré de la décompo-
sition explosive, la température des parties frappées tout d'abord; leur brusque dé-
composition produit un nouveau choc plus violent que le premier, sur les parties voi-
sines, et cette alternative régulière de chocs et de décompositions, transmet la réac-
tion de couche en couche, dans la masse entière, en développant une véritable
onde explosivey laquejle chemine avec une vitesse incomparablement plus grande
que celle d'une simple inflammation.
M. Berthelot a montré par là, toute l'importance des amorces, regardées au-
trefois comme de simples agents de mise de feu. Il a étendu encore et généralisé ces
résultats. En effet, il existe, en chimie, un certain nombre de combinaisons endo-
thermiques, c'est-à-dire susceptibles de dégager de la chaleur par leur décomposi-
tion, tels sont: l'acétylène, le cyanogène, l'hydrogène arsénié, etc. Cependant, ces
gaz ne détonent ni par réchauffement, ni par l'étincelle électrique. M. Berthelot
a démontré que ces mêmes gaz détonent, au contraire, et se résolvent en leurs élé-
ments, cela avec une violence singulière, sous l'influence du choc brusque produit
par l'éclatement du fulminate de mercure.
4** Recherches de botanique et de physiologie végétale.
C'est de 1882, — M. Berthelot avait alors cinquante-cinq ans, — que date
l'époque de ses recherches de physiologie végétale accomplies à Meudon. L'his-
toire de Meudon est très simple: Depuis longtemps déjà M. Berthelot projetait
certaines études concernant la chimie végétale et plus particulièrement, la synthèse
de certains produits végétaux. Il lui était fort difficile d'exécuter ces recherches ait
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142 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Collège de France, dont la cour pavée offrait un champ d'expérience peu propice,
aussi cherchait-il aux environs de Paris un terrain favorable à ses vues. M. Albert
DuMONT, directeur de TEnseigne^ent supérieur, auquel il s'ouvrit de ces difficultés,
lui proposa les terrains dépendant des anciens palais nationaux. On pensa tout d'a-
bord aux jardins et pépinières du palais de Trianon, à Versailles, mais étant donné
le grand éloignement, qui empêchait de concilier et l'enseignement au Collège de
France et l'exécution d'expériences à la station botanique projetée, on s'arrêta au
potager de l'ancien château de Meudon. C'est là que fut définitivement créé et
construit, à côté de l'Observatoire, au milieu de prairies et carrières comblées sur
un espace de 4 hect. 1/2 un laboratoire de chimie végétale, où M. Berthelot a
exécuté, depuis vingt-cinq ans, avec le concours de M. G. André, son prépara-
teur et son élève, les nombreuses découvertes que chacun connaît.
Nous rappellerons l'étude de la formation des principes organiques par les vé-
gétaux, étude considérable qu'il a poursuivie jusqu'à sa mort. Nous signale-
rons encore parmi les découvertes que M. Berthelot a faites dans cet ordre d'idées,
celle de la fixation de l'azote libre sur les végétaux, sous l'influence de l'électricité
à basse tension et celle de la fixation directe de ce même élément par la terre végé-
tale, soiis l'action des microorganismes; ce dernier fait, en particulier, met en
lumière l'une des sources fondamentales de la fertilité indéfinie des sols naturels.
Rappelons encore les recherches sur l'humus et les acides qui en dérivent.
Tous ces travaux, épars dans les Comptes-rendus de V Académie des Sciences et
dans les Annales de Chimie et de Physique, ont été réunis et publiés en 1899, ^^
4 volumes, sous le titre de : Chimie végétale et agricole.
5** Recherches touchant a l'histoire des Sciences.
M. Berthelot a entrepris l'étude de l'histoire de la Chimie, parce qu'elle per-
met de suivre le développement de l'esprit scientifique. En effet, c'est par cette voie
surtout, que la méthode expérimentale a été introduite dans la Science. Quant aux
théories chimiques, elles étaient si profondément cachées, que ce n'est qu'au bo«t de
quinze siècles aeulement, qu'on a commencé à en découvrir les premiers fondements.
Néanmoins, les anciens chimistes, c'est-à-dire les Alchimistes, ont réussi à consti-
tuer peu à peu les données solides de notre Science, à l'aide de longues séries d'expé-
riences systématiquement poursuivies et encouragées, de temps à autre, par le suc-
cès* des applications industrielles dans les arts de l'orfèvrerie, de la teinture, du tra-
vail des métaux, de la peinture, de la construction, et dans ceux de la guerre.
Depuis longtemps, M. Berthelot songeait à approfondir la connaissance
exacte de ces progrès successifs, de ces snéthodes, de ces idées des chimistes, qui cons-
tituaient une véritable philosophie naturaliste, connexe avec la philosophie ration-
nelle et religieuse de leurs contemporains. Il réunissait des notes sur l'histoire de la
chimie, lorsque le voyage qu'il fit en Orient en 1869, à l'occasion de l'inauguration
du canal de Suez, la visite des ruines des villes et des temples de l'ancienne Egypte,
depui» Alexandrie jusqu'à Thèbes et Philœ, l'aspect enfin des débris de cette civi-
lisation qui a duré si longtemps et s'est avancée si loin dans ses industries, repor-
tèrent son esprit vers les connaissances de chimie pratique que celles-ci supposent né-
cessairement.
Comme on le sait, les Alchimistes se réclamaient d'Hermès et faisaient remon-
ter leur science à l'Egypte. Mais comment prouver cette filiation, cette descen-
dance ? Mariette Bev, consulté par M. Berthelot, ne pouvait rien lui appren-
dre; force était donc à ce dernier de recourir aux sources mêmes et de scruter les
papyrus et anciens manuscrits de nos bibliothèques, pour découvrir la clef de
l'énigme.
Il sortirait du cadre de la Revue, de montrer à quel travail gigantesque a dû
s'astreindre M. Berthelot, pour mener à bien l'œuvre commencée. Rappelons
seulement, que dès 1885, dans un volume intitulé Les Origines de V Alchimie, il mon-
trait la transmission des idées scientifiques de l'Orient à l'Occident, ainsi que les
origines mystiques de notre science: sources égyptiennes, chaldéen nés, juives, gnos-
tiques. Depuis, il a publié les témoignages historiques, c'est-à-dire les textes des
manuscrits grecs de la Bibliothèque Nationale, avec la collaboration de M. Eni.
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MORT DE M. BERTHELOT ET DE M"»" BERTHELOT 143
Cu^ Aef^Jt*€^ ^iJutJccV^, /H^iyet'T»*^ ^l'^-^yi^'^*^,
Fig. 2. — Autographe de M. Berthelot, manuscrit de Tune des préfaces de ses ouvrages.
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144 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Ruelle. Ces ouvrages renferment des œuvres, les unes mythiques et pseudony-
mes, les autres historiques, tels que Zosime; il consacra trois volumes aux Alchi-
mistes grecs; il examina enfin l'industrie des métaux et leur teinture, chez les Egyp-
tiens, et pour finir, compara les théories grecques et modernes, de Platon et
d'ARiSTOTE, sur la constitution de la matière. Dans un volume ayant pour titre:
Introduction à Vétude de la Chimie des anciens et du moyen^âge et paru en 1889,
il montra, par l'étude d'un papyrus grec, trouvé dans une momie et conservé à
Leyde, papyrus datant du m* siècle de notre ère, que l'origine des pratiques des
alchimistes, reposait sur des opérations expérimentales réelles et spécialement sur
la fabrication des alliages métalliques destinés à l'orfèvrerie. Il donna, par là, la solu-
tion du problème, jusque-là inintelligible, de la science, véritable et pratique, des
alchimistes. En effet, les recettes contenues dans le papyrus sont des recettes posi-
tives, faciles à comprendre et faciles à exécuter. M. Berthelot reconnut que les re-
cettes des alchimistes grecs, étaient identiques à celles-là. En effet, parmi ces alliages,
ils s'attachent surtout à ceux dont la couleur et les propriétés permettaient de les
confondre avec l'or ou l'argent. Un alliage particulier, désigné par les Egyptiens
sous le nom d'asem et appelé par les Grecs, électron, est le nœud de ces études. Bref,
les premiers alchimistes étaient des bijoutiers en faux et des falsificateurs de mon-
naies; mais ils arrivèrent à croire que ces imitations pouvaient aller jusqu'à la repro-
duction de substances identiques au véritable or et au véritable argent ; seulement,
l'identité ne pouvait être accomplie que par le concours des puissances mystérieuses,
évoquées par des formules magiques. Enfin, dans trois gros volumes in-quarto, pu-
bliés par l'Imprimerie Nationale en 1893, M. Berthelot étudie tout spécialement la
transmission de la Science dans les temps historiques. Il montre que les Arabes n'ont
pas connu les Grecs directement, mais par l' intermédiaires des Syriens qui, les pre-
miers, avaient traduit les philosophes et les savants grecs, dans une langue orientale ;
enfin, il montre comment l'on est passé de ceux-ci à l'alchimie latine.
Poursuivant cette étude jusqu'aux alchimistes du moyen âge, M. Berthelot a
consacré à l'histoire de cette partie des origines de la Science, trois autres volumes.
Il a montré que l'alchimie du moyen âge provenait d'une double science: à côté de
l'alchimie arabe, que tout le monde admettait, M. Berthelot a constaté que la tra-
dition des recettes et des idées des Grecs, s'était continuée en Occident dans les pra-
tiques des orfèvres et des métallurgistes d'une façon ininterrompue depuis la chute
de l'empire romain. Il a retrouvé, en effet, l'exposé de ces pratiques, dans les manus-
crits latins inédits de la Bibliothèque Nationale, — dont il a été amené à publier une
partie inconnue — et dans certains traités de recettes imprimés dans des recueils
archéologiques, que personne n'avait, jusque-là, ni commentés, ni cherché à com-
prendre. Parmi les recettes de ces manuscrits, il en existe un grand nombre qui sont
la traduction textuelle des textes du papyrus de Leyde.
D'autre part, l'alchimie esf revenue en Occident au temps des Croisades, par
une source toute différente, ramenée par les traductions latines de textes hébraïques
et arabes qui n'avaient jamais été publiés. M. Berthelot a repris l'étude de ces tex-
tes, il a découvert, d'abord, que les Arabes n'avaient introduit que très peu d'idées
originales en alchimie ; ils se sont bornés, en cette matière, comme dans la plupart
des autres questions scientifiques, à reproduire les idées des Grecs, qui leur avaient
été transmises par les Syriens, intermédiaires bien connus entre les sciences médicales
et astronomiques des Grecs et celles des Arabes. M. Berthelot a montré qu'il en
était de même pour les doctrines et les pratiques alchimiques. En effet, il a retrouvé
dans les manuscrits du British Muséum et de Cambridge, des traités syriens,
absolument inconnus jusque-là, et qui sont la traduction d'auteurs alchimistes
grecs, perdus pour la plupart, et de Zosime, en particulier. Avec le concours de
M. Raoul DuvAL, il a publié ces textes syriaques accompagnés de traductions et de
commentaires, puis il a attaqué les manuscrits des alchimistes arabes existant à la
Bibliothèque Nationale de Paris et à la Bibliothèque de Leyde ; il les a de même
publiés et traduits avec le concours d'un spécialiste, M. HoÛdas.
Ainsi, la connaissance de cette branche orientale de l'alchimie, est désormais éta-
blie sur des bases solides. Entre autres résultats intéressants, M. Berthelot a cons-
taté que la réputation du Geber alchimique latin, reposait entièrement sur des ouvra-
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MORT DE M. BERTHELOT ET DE M"e BERTHELOT 145
ges apocryphes, composés en Occident vers la fin du xiii* et pendant le commnece-
ment du xiv* siècle et rédigés en langue latine. Le Djaber arabe, désormias bien
connu, n*a rien de commun avec cet apocryphe. Quoi qu'il en soit, cet ensemble
de recherches, renfermé dans trois volumes et reposant sur des matériaux presque
tous inédits, constitue l'histoire des origines de la Chimie sur des bases toutes nou-
velles.
En somme, M. Berthelot a établi d'une façon irréfutaf^le que les connaissan-
ces chimiques au moyen âge ont été propagées par deux voies très différentes : les
doctrines alchimiques proprement dites et les traditions techniques des arts indus-
triels, c'est-à-dire les pratiques du travail des métaux, des couleurs et de la cérami-
que, mises en œuvre par les verriers, les métallurgistes, les potiers, les teinturiers,
les peintres, les joailliers et les orfèvres ; puis encore les médecins, en raison de leurs
études sur la matière médicale et la pharmacie.
LES METHODES DE TRAVAIL DE M. BERTHELOT
M. Berthelot a introduit dans la Science, certaines méthodes de travail qui
lui sont propres, par exemple : les réactions par addition en opposition à celles par
substitution, que suivent la plupart des autres chimistes. Il travaille, en général,
par réaction directe, et opère par simple contact des corps réagissants. Dans cet
ordre d'idées, on peut citer la synthèse des carbures d'hydrogène tels que l'éthy-
lène, et des hydrures, la 3ynthèse des éthers iodhydriques, etc. C'est le même prin-
cipe qui l'a guidé dans sa synthèse des corps gras neutres, par l'union directe des
acides gras avec la glycérine. Comme on le voit, ces réactions ne sont pas fondées
sur la double décomposition qui, en général, est le propre des procédés employés
jusqu'alors en chimie organique. Cette méthode a, en outre, une autre caractéristi-
que: c'est qu'elle conduit à un système de notation par addition et d'équations géné-
ratrices, équivalant aux notations par substitution, mais présentant certains avanta-
ges comme plus conformes à la notion fondamentale de combinaison.
Du reste un des caractères les plus frappants et qui distingue l'œuvre scientifi-
que de M. Berthelot, c'est que ses découvertes ne sont liées à aucun symbolisme
particulier. La chose est d'autant plus digne d'intérêt, que la plupart des chimistes
contemporains attachent une extrême importance aux questions de notation, à la no-
tation atomique en particulier. Pour M. Berthelot, ce qui importe surtout, ce sont
les lois scientifiques, les relations générales et déterminées des phénomènes, lesque-
les sont indépendantes des conventions de langage et conservent dans toute nota-
tion exacte, le même caractère de nécessité.
Les recherches de M. Berthelot sont accomplies pour la plupart par le con-
cours du temps, envisagé comme essentiel, et par la méthode des vases clos. M. Ber-
thelot a été, en effet, dès 1850, le principal promoteur de la méthode des vases clos,
ou tubes de verre scellés à la lampe. Cette méthode est devenue depuis lors d'un
usage universel et indispensable ;jour réaliser des expériences de longue durée, effec-
tuées à température constante et sous la pression considérable nécessaire pour
maintenir à l'état liquide, c'est-à-dire sous une forme invariable, les gaz et autres
corps vaporisables par l'action de la chaleur.
M. Berthelot a créé, en outre, et de toutes pièces, certaines méthodes de tra-
vail : méthodes d'analyse de gaz, méthodes calorimétriques, méthode par l'effluve
électrique, etc. Il a toujours stématîquement appliqué les mesures physiques à l'étude
des phénomènes, c'est ainsi que dans l'examen des réactions, et chaquefois qu'il est
possible, M. Berthelot mesure les volumes gazeux, au lieu d'effectuer les pesées
généralement emplovées. Il revient ainsi à la méthode primitive de Gay-Lussac,
qui simplifie les problèmes en les réduisant à la détermination d'un petit nombre de
corps et en montrant immédiatement, le rapport entre les molécules chimiques, dont
les proportions sont déduites directement par les volumes gazeux, tandis qu'il n'ap-
paraît pas dans les déterminations de poids, si ce n'est par des calculs plus ou moins
compliqués.
Citons encore l'emploi méthodique du calorimètre, dans l'étude de la marche
des réactions, méthode que M. Berthelot appliquait ces jours derniers encore, à
l'étude de la formation et de la décomposition du peroxyde d'argent.
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146 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Lacaractéristiquedes travaux de M. Berthelot est la suivante: Toute question
abordée doit être poussée à fond jusqu'à un résultat positif ou négatif.
Nous avons eu l'occasion de voir les carnets de laboratoire de M. Berthelot ;
on y remarque en marge des signes qui tout d'abord {>araissent bizarres, comme /. 0.,
/. T., /. r. p., /. T. p. +. Voici leur explication : /. o. veut dire : fini, résultat nul ; /. r.,
fini et rédigé;/, r. p., fini, rédigé et publié aux Comptes rendus de V Académie ; /. r.
p. +, fini, rédigé, publié aux Comptes rendus de V Académie et d'une façon plus dé-
taillée aux Anales de Chimie et de Physique.
M. Berthelot menait, en général, plusieurs travaux de front, les suivant ainsi
pendant des mois et des années. Le problème posé,il cherchait à le généraliser de plus
en plus, à accumuler systématiquement des masses d'expériences et de matériaux
suivant un plan coordonné, puis réunissait tous ces travaux épars, de façon à en former
une publication d'ensemble.
Prenons, par exemple, un de ses premiers travaux : la synthèse des corps gras
neutres. Une fois qu'il a constaté la combinaison de la glycérine et des acides gras,
il généralise en attaquant les acides connus les plus importants, puis passe de la gly-
cérine aux alcools congénères, c'est-à-cfire aux sucres comme la mannite, et finit çrn
établissant une théorie générale des alcools polyatomiques.
Il en est de même pour la synthèse de l'acétylène, qu'il généralise bientôt en
obtenant ses polymères par réaction pyrogénée, puis il établit une théorie générale
des actions réciproques directes, entre les carbures d'hydrogène.
On retrouve cette méthode de travail :Dans la réaction hydrogénante de l'iodure
de potassium et des autres métaux, sur l'éthylène et les carbures analogues, réaction
trouvée en 1855, ainsi que des réactions semblables découvertes à la même époque,
au moyen de l'acide iodhydrique et généralisées encore de 1866 à 1869, de manière à
en faire une méthode universelle d'hydrogénation des corps organiques ;
Dans ses recherches commencées en 1876, sur l'action de l'effluve électrique sur
les composés chimiques, puis généraliséesspécialement en ce qui touche à la fixation
de l'azote de l'atmosphère;
Dans ses études sur l'nistoire de la chimie, tout d'abord publiées sous forme
d'articles dans la Revue de M"* Adam et développées, plus tard, sous forme d'ouvrage,
sous le titre de : Les origines de V Alchimie , Ce sont ces travaux qui conduisirent
M. Berthelot à l'étude des manuscrits, réputés, jusqu'alors, inintelligibles et
qu'il a publiés, tels les manuscrits grecs, syriaques, arabes, etc.
Dans ce qui concerne ses recherches relatives à la chaleur animale: Au lieu de
la calculer d'après la combustion du carbone et de l'hydrogène ou d'après l'acide car-
bonique produit, M. Berthelot la calcule rigoureusement par la thermochimie, d'a-
près le passage de l'état initial a l'état final, ce qui l'amène à créer sa bombe calori-
métrique, aujourd'hui universellement employée ;
Dans ses études sur les matières explosives, commencées pendant le siège de
Paris et svstématiquement poursuivies, à la poudrerie de Sevran-Livry, avec le con-
cours de la Commission des substances explosives. Ce sont ces études, qui permirent
d'établir les rapports existant entre la composition chimique d'un explosif et sa force,
d'étudier le mécanisme de la transmission, de découvrir la théorie de l'onde explo-
sive, de développer les études de mécanique chimique, d'établir les propriétés explosi-
ves des composés endothermiques, par rapport aux exothermiques, etc., etc.
Pour ces divers travaux, M. Berthelot a eu des collaborateurs qui, pour la plu-
part étaient ses élèves. Ce sont eux, à l'heure actuelle, qui professent dans les facultés
de la France entière et représentent les deux tiers des professeurs existants. Nous pou-
vons citer à Toulouse, M. Sabatter, correspondant de l'Institut et M. Ch. Fabre; à
Montpellier, M. de Forcrand; à Bordeaux, M. Joannis, depuis à Paris; à Grenoble,
M. Recoura, depuis à Dijon; à Nancy, MM. Guntz et Petit; à Lille, M. Matt-
GNON, depuis à Paris et M. Lemoult, notre collaborateur également. Nous pouvons
citer encore M. Vieille, l'inventeur de la poudre sans fumée ; MM. Varet, Valeur»
Delépine, Rivals, Ogier, g. André, Leroy; puis, à l'étranger, M. Ilosway, mem-
bre de l'Académie des Sciences de Budapest ; M. TscHELTZovv, membre de la
Commission des substances explosives de Russie; MM. Werner, Fogh, etc.
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VOYAGE D'ETUDE
des élèves de VÈcole munieipate de Physique et Chimie industrielles^
de Paris
Par E. TASSILLY
Docteur es sciences.
Chargé de conférences de technologie à l'Ecole de Physique el Chimie industrielles de Paris
L'analyse y indique une proportion constante de 24 % d'argile, ce qui permet
d'obtenir un produit physiquement et chimiquement homogène, avec plus de sécu-
rité que lorsqu'il s'agit des ciments artificiels préparés à l'aide de mélanges.
l-^e filon est exploité sur 545 m. de hauteur ; l'abattage se fait par coups de
mine.
Les chantiers d'extraction sont au nombre de trois :
i* Le chantier du Mont-Jalla, comprenant 18 galeries superposées, de 3 m. 50
de haut sur 3 m. 50 de large, séparées par des plafonds de 3 m. 50 d'épaisseur et
communiquant entre elles par des voies montantes et des puits par lesquels les
pierres sont précipitées jusqu'à une galerie de base.
De là, les pierres sont amenées au niveau de la plate-forme des fours en uti-
lisant une voie ferrée de 800 m., des câbles aériens descendant les wagonnets
310 m. plus bas, un puits de précipitation de 95 m., enfin une voie souterraine
de 400 m. Le chargement des wagonnets est effectué automatiquement par trémies
surélevées.
2** Au chantier des Combes, l'exploitation comprend 23 galeries. Le transport
du minerai est assuré par une voie de 400 m., partant de la galerie de base et
menant à un couloir de glissement de 225 m. et incliné à 45**.
De là, une partie de la pierre est envoyée par wagonnets et câbles ou par
tombereaux, à l'usine des Combes, tandis que le reste est dirigé vers l'usine du
Mont-Jalla, par un couloir incliné et une voie ferrée atteignant le puits de préci-
pitation mentionné plus haut.
3** A Seyssins, il y a 26 galeries. Un plan incliné de 225 m. et une voie souter-
raine de 800 m. amènent le minerai sur la plate-forme des fours. Au total, 67 gale-
ries avec un développement de 140 km.
Préparation du ciment.
La préparation comprend un concassage pour les pierres de dimensions trop
considérables, puis la cuisson, le broyage et le tamisage.
Les fours sont répartis en 3 groupes, situés dans les usines des Combes, du
Mont Jalla et de Seyssins.
Usine des Combes.
Les pierres trop grosses sont broyées à l'aide d'un concasseur formé de deux
cylindres portant des rayures en sens inverse, les unes parallèles, les autres per-
pendiculaires à l'axe.
L'usine comprend 14 fours à cuve ovoïdaux, à grille, ayant 7 à 10 m. de
hauteur, 4 à 6 m. de diamètre au ventre, et offrant une capacité de 45 à 50 m*^.
Ils sont construits en briques réfractaires, protégés par une enveloppe de
briques ordinaires et isolés par une couche de sable du bloc de maçonnerie dans
leciuel les 14 fours sont noyés.
La partie supérieure est fermée par un couvercle que l'on peut manœuvrer
à l'aide d'un levier. A la base, que l'on peut atteindre grâce à une niche disposée
dans la maçonnerie, se trouve la grille disposée pour permettre le défournement.
Le tirage est assuré par des carnaux se réunissant dans une canalisation qui
suit la ligne de plus grande pente de la montagne et se termine par une courte
cheminée.
Ces fours sont à marche continue ; on y charge tous les matins 2.500 kgs de
pierre et 150 kgs d'anthracite. Celle-ci provient de la Mure et revient à 15 francs
la tonne rendue à l'usine. La charge est faite par lits successifs de pierre et de
combustible, jusqu'à i m. 50 du gueulard.
I. Pour la première partie de cet article, voyez R. G. C, 1907, 10, 113.
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148 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
La pierre passe par des températures de plus en plus élevées pour atteindre
1.800'* vers le centre, puis se refroidit progressivement sous rinfluence du tirage
d*air et arrive froide à la base du four au bout de 8 à 12 jours.
Le défournement est généralement effectué Taprès-midi, par les mêmes
ouvriers qui ont fait la charge le matin.
Les produits obtenus sont triés à la main. L*un, de couleur chamois, com-
pact, léger, donne, après mouture, le ciment prompt de la Porte de France ;
l'autre, noirâtre, dense, fissuré, donne, après broyage, le ciment demi-lent, ou,
mélangé avec du grapier, fournit un ciment mixte appelé Portland artificiel.
On obtient 2/3 de prompt pour 1/3 de demi-lent.
Les produits ainsi obtenus sont broyés séparément à l'aide de deux broyeurs
à boulets, construits par la maison Charles Morel, à Domène (Isère).
Ces broyeurs se composent d'un bandage circulaire en acier, à l'intérieur
duquel se meut un axe armé de palettes qui, en tournant à 200-220 tours par
minute, entraîne les boulets et les projette, en vertu de la force centrifuge, contre
les parois du bandage. La matière est introduite par une trémie. De chaque côté
du bandage une grille circulaire laisse passer la matière broyée et rejette sous les
boulets les refus. Par le fait même de la rotation, un appel d'air se produit du
centre vers la périphérie, entraînant la mouture à l'extérieur, sous forme d'une
fumée épaisse.
Chacun de ces broyeurs absorbe une puissance de 25 chevaux et peut débiter
1.200 à 2.000 kgs à l'heure. Ils sont commandés par un moteur triphasé de 50 che-
vaux, recevant l'énergie de l'usine hydroélectrique d'Engins.
Le ciment broyé est envoyé aux tamis ou aux bluteries par des élévateurs à
godets.
Les tamis provenant de la maison Charles Morel sont constitués par 2 cônes
verticaux, en toile métallique, opposés par la base. Ils tournent autour de leur axe
d'un mouvement lent en même temps qu'ils subissent des trépidations, la substance
traverse le premier cône, du dehors en dedans, puis le second, en sens inverse, et
est recueillie dans une chambre conique qui entoure le cône inférieur.
Les refus sont éliminés à la surface du cône supérieur par un jeu de brosses
réglables et à la base du cône inférieur par un tuyau qui traverse le cône enve-
loppe. Les parties refusées sont passées de nouveau.
La poudre est remontée par une vis d'Archimède à l'étage supérieur où elle
subit un emmagasinement de 15 jours à 3 mois avant la mise en sacs, condition
nécessaire, paraît-il, à la bonne qualité du ciment.
On ne broyé, à l'usine des Combes, qu'une partie du ciment fabriqué, le
reste est conduit par tombereaux au moulin de Fontenay, actionné par une force
motrice hydraulique.
A l'époque où ces dispositions ont été prises, le transport de l'énergie élec-
trique n'était pas suffisamment au point pour permettre d'effectuer le broyage sur
place et, depuis, aucune modification dans ce sens n'a été faite.
Usine du Mont Jalla.
Cette usine est située à 300 m. de la précédente. Elle comprend 20 fours ana-
logues aux précédents, mais ayant seulement 10 m. de hauteur ; ils sont tous pla-
cés sur un même alignement et noyés dans un bloc de maçonnerie adossé à la
montagne et dont la partie supérieure ou plate-forme est sillonnée de voies ferrées
desservant les fours. C'est sur cette plate-forme que débouche le tunnel de 400 m.,
amenant les matières premières extraites au mont [alla.
Il y a également un concasseur, mais on y effectue ni broyage ni tamisage.
Les produits cuits et triés sont dirigés dans des wagonnets roulant sur une voie
ferrrée de 7 km., à l'usine de Saint-Robert, où se fait la pulvérisation.
Usine de Seyssins.
Cette usine possède 15 fours. Une partie des produits cuits est broyée à
l'usine, qui dispose d'une chute de 45 m. ayant un débit de 100 litres à la
seconde et actionnant une turbine. On dispose ainsi d'une force hydraulique de
45 chevaux, servant d'appoint à une force de 80 chevaux produite par une
machine à vapeur; au total, 125 chevaux. Le reste est broyé à Saint-Robert.
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E. TASSILLY. — VOYAGE D'ÉTUDE 149
Usine de Sassenage.
Cette usine, située à 6 km. de Grenoble, est affectée à la fabrication de
la chaux hydraulique.
Elle traite le produit de l'exploitation en carrière d'un calcaire voisin dans
des fours à chaux.
Le produit obtenu est éteint, ce qui amène la pulvérisation ; il suffit de tami-
ser pour séparer les parties résistant à l'extinction et désignées sous le nom de
grappiers, qui représentent 10 % du poids de la chaux.
Ces grappiers ayant à peu près la composition des Portland, on songea à les
utiliser après broyage et tamisage.
A Sassenage, on mélange le grappier pulvérisé au broyeur Morel, puis tamisé
avec du ciment demi-lent provenant des autres usines et cela dans les proportions
suivantes :
Ciment demi-lent 60
Grappier de chaux 40
On a ainsi un produit artificiel rappelant les ciments à prise lente.
Les appareils sont actionnés comme pour l'usine de Combes, par un moteur
triphasé de 50 chevaux, recevant l'énergie de l'usine hydroélectrique d'Engins.
Usine de Saint-Robert.
Cette usine, qui est le centre principal du broyage, occupe une surface bâtie
de 8.000 m^, et est reliée par rails aux fours du mont Jalla et à la ligne du P.-L.-M.
Elle possède une chute d'eau de 7 m. 20, donnant une puissance moyenne
de 50 chevaux, utilisée par deux roues hydrauliques et une turbine.
Elle comprend aussi deux machines à vapeur donnant 180 chevaux et elle loue
110 chevaux électriques à la Société grenobloise de force et lumière. Total :
460 chevaux.
Le broyage s'y effectue à l'aide de broyeurs Morel et de meules de i m. 70
de diamètre. On compte que le broyage à la meule est deux fois plus coûteux que
le broyage au broyeur à boulets, mais pour certaines qualités, il est indispensable.
Le tamisage et l'emmagasinage s'effectuent comme à la Porte de France.
Autres usines.
Une partie du broyage est fait à l'usine de Fontenay, grâce à 4 turbines four-
nissant 250 chevaux. Le ciment en grumes est amené par voitures.
L'usine électrique d'Engins, située sur le Furon, près de Sassenage, produit
100 chevaux, envoyés par triphasé à la porte de France et à Sassenage.
Laboratoire d'essais.
Dans ce laboratoire, situé avenue Alsace-Lorraine, à Grenoble, on effectue les
essais propres à vérifier la constance des propriétés des produits obtenus : essais
de densité, de finesse, de prise, de résistance à la traction, essais de durée dans
l'air et dans l'eau.
Résumé.
En résumé, la Société générale et unique des Ciments de la Porte de France
possède dans ses usines 49 fours, représentant une capacité totale de 3.000 m^
et permettant de travailler annuellement, avec 15.000 tonnes d'anthracite,
250.000 tonnes de pierre.
Les appareils de broyage comprennent : 4 concasseurs à cylindres, 20 paires
de meules de i m. 70 de diamètre, 6 broyeurs à boulets de Ch. Morel, i tube
broyeur Davidson. Leur fonctionnement exige une puissance totale de 965 chevaux,
dont 585 hydrauliques et 380 thermiques.
Le tamisage est effectué avec 28 tamis coniques ou bluteries cylindriques.
Pour la manutention on utilise plusieurs chaînes Harrison, de nombreux éléva-
teurs à godets et des vis sans fin.
L'emmagasinage est réalisé dans 56 silos d'une capacité totale dépassant
20.000 m^ et permettant de protéger 30.000 tonnes de ciment.
Les usines sont reliées entre elles par 31 km. de voie ferrrée et 28 km. de
lignes téléphoniques.
La production annuelle atteint 80.000 tonnes de ciment et chaux et la production
totale, depuis l'origine, 2.200.000 tonnes.
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i3o REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Les produits sont livrés en sacs plombés de 50 kgs ou en fûts de divers calibres,
sous les désignations suivantes :
Ciment prompt, à prise rapide (5 à 10 minutes).
Ciment naturel à prise demi-lente (15 à 20 minutes).
Portland artificiel, à prise lente (3 heures).
Portland blanc, spécial pour carreaux, mosaïques, etc..
Des nombreux essais effectués jusqu'à ce jour, on peut tirer cette conclusion,
que les ciments de la Porte de France ont une composition chimique bien régulière,
ne contiennent pas de sable siliceux et peuvent être considérés comme des produits
exempts d'expansifs. Ce sont des qualités qui offrent toute garantie pour le consom-
mateur.
Papeterie de Lancey (Isère).
La papeterie Berges est Tune des plus importantes de France. Elle est située
à Lancey, petite localité desservie par la ligne de chemin de fer de Chambéry à
Grenoble. Elle emprunte la totalité de son énergie à la houille blanche.
L'usine dispose d'une force de 5.000 chevaux, produite par deux chutes d'eau
de 550 m.
Des vannes servant de régulateurs de débit sont établies en divers points du
parcours.
Le débit moyen qui est de i.ooo litres peut atteindre, en été, 2.300 litres.
La pression moyenne est de 40 à 50 kgs.
L'installation électrique comprend : i" deux turbines à régulateur, de 400 HP;
2** deux dynamos Thury, modèle 1898, tournant à 500 tours par minute et don-
nant 250 volts et 130 ampères ; 3° deux alternateurs de 270 HP, dont l'un est uti-
lisé pour la production de l'éclairage de nuit ; 4** deux petites dynamos fournissant
l'éclairage de jour.
Une partie de l'énergie est employée pour le fonctionnement du tramway de
Grenoble à Chapareillan.
Matières premières.
Le bois employé est du sapin de Norwège et surtout du sapin du pays, à fibres
très serrées et contenant peu de nœuds.
Il arrive en billes de i m. de longueur et en grumes.
La consommation annuelle est de 20.000 à 25.000 m^. Des scies circulaires
coupent les billes en deux tronçons de o m. 40 de longueur.
Le bois est ensuite écorcé à l'aide de machines tournant à 350 tours par
minute. Les copeaux, 5 à 6 %, sont brûlés sous les chaudières.
Lse nœuds sont enlevés par des perceuses spéciales.
Si les billes à écorcer sont trop grosses on les fend avant d'exécuter ce travail.
Préparation du bois mécanique.
Il y a dans l'usine deux ateliers, l'un où l'on travaille toute l'année, l'autre
qui est utilisé seulement l'été, pendant les fortes crues, pour préparer un stock de
pâte mis en réserve dans des réservoirs, afin de pourvoir aux besoins de la fabrica-
tion pendant l'hiver, alors que l'énergie hydraulique diminue.
L'atelier où l'on travaille pour la réserve comprend deux défibreurs à meules
de i m. 30 de diamètre et contre lesquels un piston hydraulique pousse le bois.
Ces appareils tournent à 300 tours et absorbent chacun 350 chevaux.
La pâte obtenue est conservée dans deux réservoirs en maçonnerie pour être
employée l'hiver à la fabrication du papier.
Dans l'atelier où l'on travaille toute l'année, il y a six défibreurs identiques
aux précédents. La pâte obtenue est classée par passage sur des tables à secousses
et les parties refusées sont broyées sous des meules, puis renvoyées sur les tables.
La pâte raffinée est pompée et envoyée sur des filtres où s'effectue un second
tamisage. Les petites eaux abandonnent par décantation de la pâte qui rentre en
circulation, tandis que les eaux surnageantes sont utilisées pour le travail dans les
défibreuses.
Dans ces conditions, la perte en fibre~est négligeable.
Fabrication de la cellulose.
Le bois est déchiqueté à l'aide d'une machine à couteaux tournant à 200 tours.
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E. TASSILLY. — VOYAGE D'ETUDE i5i
lin marche forcée, chaque appareil peut traiter 60 m^ par 24 heures, en absorbant
50 chevaux.
Le bois déchiqueté est pris par une chaîne à godets qui le déverse, après pas-
sage sur des tables à secousses, dans des chambres pouvant contenir 40 m^. On
pioche pour remplir les lessiveurs dont les trémies de chargement sont au niveau
du sol.
Pour préparer la lessive de bisulfite de chaux, on brûle dans des fours du
soufre de Sicile. Le gaz sulfureux monte par tirage naturel dans un serpentin de
30 m. où il se refroidit et entre, par la partie inférieure, dans des cuves de 40 m.
de hauteur, remplies de calcaire arrosé par une pluie d'eau. La lessive obtenue
est recueillie dans des cuves en bois de 80 m^, où on la puise pour charger les
lessiveurs.
La lessive obtenue marque 5** B. et contient 40 % de SO^ libre et 20 à 22 % de
SO^ combiné.
Les appareils producteurs de lessive sont au nombre de trois.
Une 4* tour est destinée à absorber l'excès de gaz sulfureux provenant des
appareils à bisulfite.
Les lessiveurs sont, en raélité, des autoclaves dont la paroi est constituée, de
l'extérieur à l'intérieur, par une feuille de tôle, une couche de 2 cm. de ciment, une
couche de briques vitrifiées de 10 cm., une deuxième couche de ciment de 3 cm.,
enfin une nouvelle couche de briques.
Les joints sont refaits tous les mois, c'est-à-dire après 20 cuissons environ.
Il y a trois lessiveurs, l'un de 30 m^ pour 7.600 kgs, le second de 23 m^
pour 5.800 kgs et le troisième de 21 m^ pour 5.200 kgs de pâte.
Le gueulard a 45 cm. et le chargement de 30 m^ dure une heure. On tamponne
alors les ouvertures de chargement et de sortie et l'on procède aux diverses opéra-
tions constituant la cuisson.
1** Etuvage ; on chauffe à no** et on fait le vide.
2** Admission de lessive, 70 m^ pour 30 m^ de bois, ce qui demande 2 h. J.
3^ Mise en pression. On chauffe doucement pour atteindre 130°, sans jamais
dépasser 140*^, ce qui correspond à 3,5-4,5 atmosphères.
Selon les pâtes la durée de cuisson varie de 12 à 24 heures. On ferme alors
l'arrivée de vapeur et on abandonne 6 à 10 heures, suivant la durée de la mise en
pression.
L'acide sulfureux qui se dégage au cours de ces opérations donne une sur-
pression. On le laisse échapper dans une tour de récupération, ce qui demande
3 heures à 3 h. J pendant l'hiver et 6 heures pendant l'été. On fait ensuite écou-
ler le liquide et on procède au lavage.
On fait arriver de l'eau par la partie supérieure de l'appareil, opération qui
demande 2 heures. Quand on a atteint 30"*, on commence la vidange, en laissant
d'abord écouler l'eau, puis en forçant la masse à sortir de l'appareil en injectant,
avec 2 pisseurs, de l'eau à 20 kgs de pression, ce qui exige en tout i à 2 heures.
La masse se rend dans une fosse pouvant contenir 10.000 kgs de matière; on
lave à l'eau, puis on fait passer la pâte dans des danseurs-trieurs, cylindres en toile
métallique- dont les mailles ont unesurface de 2 mm. 1/4, et animés d'une vitesse
de 500 tours à la minute. Les parties refusées retournent au raffineur et la pâte
épurée est apte à subir le blanchiment.
Blanchiment de la pâte.
Dans le traitement au bisulfite, toutes les substances du tissu ligneux autres
que la cellulose ont été solubilisées.
Pour blanchir cette cellulose on emploie une solution d'hypochlorite de soude
préparée au moyen de l'appareil Corbin, par électrolyse d'une solution de chlorure
de sodium à 25 gr. par litre, soit 2*^,3 B. Bien que le même liquide serve indéfini-
ment, la perte en sel est évaluée à 20 kgs pour i .000 kgs de pâte traitée.
L'appareil Corbîn est à électrodes bipolaires, chaque électrode se composant
d'une lame de platine pesant environ 120 gr., sertie dans un cadre en ébonite ou
autre matière analogue.
Chaque appareil exige 13 plaques semblables représentant un capital de 5 à
6.000 francs.
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i52 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Il y a en tout 6 appareils absorbant chacun 120 volts et 150 ampères. Les
cadres portant les électrodes sont assujettis dans une caisse constituant Télectroly-
seur.
Le liquide circule d'une façon continue; il sort d'un récipient, arrive dans
rélectrolyseur, puis passe dans un réfrigérant composé d'une série de tuyaux en
verre immergés dans un bac à circulation d'eau froide. De là, il est dirigé dans une
pile où il se trouve en contact avec la pâte de bois chimique. Les piles ont 2 m.
de diamètre, i m. de hauteur, 5 m. de longueur; elles contiennent 750 kgs de
pâte.
L'écoulement continu est produit à l'aide d'un tambour qui puise le liquide
dans la pile et l'envoie dans un bac à double fond, faisant office de filtre, d'où il
est remonté par une pompe dans le premier réservoir.
Lorsque la pâte est suffisamment blanchie on l'évacué dans un réservoir où elle
s'égoutte. On a ainsi de la cellulose sensiblement pure. Le liquide de blanchiment
contient i gr. 5 de chlore actif par litre.
Il y a 4 piles pouvant blanchir 3.500 kgs de pâte par jour.
Fabrication du papier.
Le mélange des matières destinées à former le papier se fait dans des piles
pouvant fournir chacune les éléments de 500 kgs de papier sec.
En général on emploie 30 à 40 % de cellulose et 30 à 50 % de pâte de bois. On
charge avec 10 à 15 % de kaolin, de talc, etc., puis on ajoute, s'il y a lieu, des
matières colorantes.
Pour le papier à journaux, on met seulement 20 % de cellulose.
La pâte raffinée est dirigée dans des grandes cuves munies d'agitateurs d'où
une roue à godets la verse sur la machine. Suivant l'épaisseur que l'on veut don-
ner au papier, on règle la distribution de la pâte et la vitesse de la machine (30 à
80 m. par minute).
Elle passe successivement sur la table à secousses, puis sur les caisses aspi-
rantes où elle s'égoutte ; la feuille obtenue est pressée à la presse humide, puis
séchée sur des cylindres à vapeur.
Pendant qu'elle est encore humide, la feuille est bordée par des filets d'eau
injectée sous pression.
Le papier est ensuite coupé, mouillé et passé à la calandre.
Il y a six machines à papier.
L'usine, qui occupe 450 ouvriers, produit en moyenne, par mois, i. 000.000 de
kgs de papier, 500.000 kgs de cellulose et 500.000 kgs de pâte de bois mécani-
que.
Cet établissement, dû à l'initiative de M. Berges, constitue un des exemples
les plus intéressants de l'utilisation des forces motrices naturelles.
En terminant il nous reste à exprimer notre reconnaissance à MM. les Indus-
triels qui ont bien voulu nous autoriser à visiter des établissements d'un si grand
intérêt et à remercier MM. les Directeurs, Ingénieurs et Chefs de service pour leur
bienveillant accueil.
BIBLIOGRAPHIE
Les Jardins de la Médecine, par le D' chologie : « L'évolution du féminisme,
F. Helme. Lib. ViGOT Frères, Paris. Essai sur l'Amour, Impressions d'Alle-
(1907). magne », etc. Ailleurs encore, des por-
Conformément à son titre, « Les Jar- traits et des figurines : « Trousseau,
dins de la Médecine », ce livre est un Bretonneau, Potain, Hanoi, Péan, Sap-
recueil d'études qui, toutes, de près ou pey, Girode, Charcot », le fantaisiste
de loin, se rattachent à l'art médical. « U^ Gruby, le D' Hamon, médecin de
Ici, de l'Histoire : « La sinusite maxil- Port-Royal », etc.
laire de Louis XIV, Apothicaires et En résumé, c'est la floraison que l'au-
pharmaciens, les Paysans au Moyen teur a rassemblée de son mieux, afin de
Açe, Diderot médecin, Voyages de Mon- plaire au lecteur. Souhaitons, pour par-
taigne aux Eaux, la Maladie et le tes- 1er comme Montaigne, qu'il reçoive la
tament de Jean-Jacques Rousseau », gerbe de même visage qu'il a reçu cha-
etc. Là, de la sociologie et de la psy- que fleurette séparément. — X,
Propriétaire-Gérant : George F. JAUBERT.
LATAL. — INPIUMBRIE L. BARNÉOUD BT c'"
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LA CHIMIE DES PARFUMS EN 1906
Par m. Paul JEANCARD,
Ingénieur des Arts et Manufactures
et M. Conrad SATIE,
Chef du Laboratoire de Recherches de la maison Jbancard fils et C"
Depuis i903,nous passons ici en revue ^ les principaux travaux publiés sur les par-
fums, en les groupant suivant leur ordre logique: méthodes d'analyse, histoire
chimique des constituants, histoire des essences. Il conviendrait certes d'ajouter deux
autres chapitres : l'un relatif à l'étude des destinées des parfums dans l'organisme,
problème peu étudié mais d'un grand intérêt pour les emplois possibles des matières
premières de parfumerie. L'autre chapitre comprendrait les produits synthétiques et
artificiels ; mais sur ce sujet, ne pouvant révéler certains secrets de fabrication, on
serait obligé de passer sous silence les seules choses vraiment intéressantes.
Nous divisons l'histoire des essences en deux parties. Dans la première, nous
groupons les faits relatifs aux procédés d'extraction et à la formation des essences
dans les végétaux. Dans la deuxième, nous résumons les travaux récents sur la plu-
part des essences. j
I. — MÉTHODES d'analyse.
Le chapitre relatif aux analyses proprement dites est certainement celui de la
chimie des parfums qui reste le plus stationnaire. Les méthodes d'analyse ne pou-
vant être solidement établies que le jour où Ton connaîtra les propriétés d'un très
grand nombre de constituants d'essences. Certes, il y aurait intérêt à pouvoir, sur
peu de substance, opérer avec certitude une séparation des constituants par fonctions
chimiques. Les indices de saponification avant et après acétylation nous permettent
de déterminer la teneur en alcools libres et combinés. Mais les chiffres trouvés ne
répondent pas toujours à la réalité par suite de la présence d'aldéhydes ou d'alcools
tertiaires.
Par des recherches* poursuivies pendant de longs mois, MM. von Soden et Treff
ont pu reconnaître que l'essence de rose contient environ i % d'eugénol. Mais
aucune méthode analytique, au sens propre du mot, ne permettrait d'étudier les
variations de la teneur en phénols dans l'essence de rose.
Actuellement, les méthodes analytiques donnent certes des indications utiles et
indispensables, mais cependant insuffisantes. Leurs données ont souvent besoin d'être
précisées par des opérations assez longues et coûteuses, telles que par exemple des
fractionnements sur au moins une centaine de grammes d'essence.
II. — Etude chimique des constituanfs.
i'* Terpènes et sesquiterpènes.
Pinène. — M. Godlevsky, en abandonnant pendant des temps variables du
bromure de pinène, de l'anhydride acétique et de l'acétate d'argent, a obtenu du
pinol, du sobrérol éthérifié et du carvéol.
CH« CH CH« CH« CH CH«
.-i-c
CH»— C— CH»
I /CH»
CH«-C/
\CO«CH»
CH Br C CHBr CH C CH.C0«CH»
CH» CH»
Carlinène. — M. Semmler a extrait de l'essence de Carlina acaulis un nouveau
I. R.G. C, 1906,9, 117.
BBVITB GBZfBllàLB DE CBIMIB PURE ET APPLIQUEE. — 8* LIVRAISON. ^> AVRIL I9O7.
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i54 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
sesquiterpène C^^H^*, auquel il a donné le nom de carlinène. Ce carbure bout à 140*
s. 20 mm. et a un poids spécifique de 0,8733 à 23**.
2** Alcools.
Nérol. — Le nérol fut découvert en 1901 par MM. Hesse et Zeitschel. Des
doutes furent émis sur l'existence de cet alcool que certains considéraient comme
un mélange de géraniol et de terpinéoL Depuis cette époque, un grand nombre de
travaux ont été publiés au sujet du nérol, et en 1906 M. Zeitschel et MM. H. von
Soden et Treff ont réuni une série de faits qui ne laissent aucun doute sur son indi-
vidualité.
Le nérol constitue un liquide à odeur de roses fraîches, bouillant à I24-I25'
s. 25 mm. C'est un alcool primaire ne se combinant pas au chlorure de calcium, ce
qui le distingue du géraniol.
On peut l'obtenir synthétiquement ou l'extraire de l'essence de petit-grain. La
synthèse s'effectue en chauffant à l'ébullition pendant 8 à 10 heures du linalol avec
son poids d'anhydride acétique. Le traitement par l'anhydride phtalique permet d'iso-
ler les alcools dés terpènes. Deux à trois traitements au chlorure de calcium permet-
tent de séparer le nérol du géraniol. Le rendement en nérol est de 12 % du poids do
linalol mis en œuvre.
L'identité du nérol naturel et du nérol synthétique a été établie par la comparai-
son des constantes des deux produits purifies par l'intermédiaire du phényluré-
thane.
Le nérol et le géraniol sont deux isomères géométriques:
yCH» yCH»
CH»— C— CH«— CH*— CH^CC CH»-C— CH«-CH«— CH=C<:
y \CH« Il \CH«
H.C.CH«OH OH.CH«-C.H
Nérol Géraniol
Par oxydation, le nérol et le géraniol fournissent respectivement le citral b et le
citral a :
yCH» yCH»
CH»-C-CH«-CH*-CH«CC CH»-C-CH«-CH«-CH=C<:
Il yH \CH» H\ Il XCH»
H-C-CC ^C-C-H
Citral b Citral a
Pinocarvéol. — M. O. Wallach a obtenu le pinocarvéol en traitant un
mélange de piny lamine et de nitrite de soude par l'acide acétique. Les chimistes
de la Maison ScHiMMELont isolé des dernières portions de l'essence d^Eucalyptus
globulus un alcool ayant des propriétés identiques à celles du pinocarvéol.
Le pinocarvéol, par oxydation, se transforme en pinocarvone.
Myrténol. — Cet alcool a été extrait des dernières portions de l'essence de
myrte, par MM. von Soden et Treff. Le myrténol C^^H^^O est un liquide épais,
à odeur de myrte, bouillant à 220**. Le myrténol est un alcool primaire.
Gonystylol. — M. Eyken a extrait de l'essence de Gonystylus miquelianus
un alcool sesquiterpénique, le gonystylol, fusible à 82**. Cet alcool se déshydrate
sous l'action de l'acide formique et donne naissance à un sesquiterpène, le gony-
stylène, paraissant contenir deux doubles liaisons.
3** Cétones.
Umbellulone. — En 1894, MM. Power et Lees avaient extrait une cétone de
l'essence de Laurier californien, Umbellularia Californica. Cette cétone, Tumbel-
lulone C^°H^*0, constitue un liquide à odeur de menthe, bouillant à 218* et d'un
poids spécifique de 0,9584.
M. TuTiN a repris l'étude de l'umbellulone et a obtenu par oxydation l'acide
umbellulonique fusible à 102** et l'acide umbellularique. D'après ce savant, la cons-
titution de l'umbellulone serait la suivante :
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p. JEANCARD ET C. SATIE. — LA CHIMIE DES PARFUMS EN 1906 i55
CH« CH CO
I
CH«-CH-CH»
CH ^ C====CH
I
CH»
Menthone. — MM. Harries et Johnson ont pu passer de la A-6-menthone-2 :
/CO~CH\ CH3
CH3-C4 >CH-CH<
^CH-CH2/ \CH3
à ra-phellandrène :
/CH=CH. /CH3
CH3-C4 >ch-ch/
x:h— CH2/ \CH3
On sait que la réduction de rhydro-bromo-carvone fournit la A-6-menthone-2.
Celle-ci, traitée par le perchlorure de phosphore fournit deux dérivés chlorés
CioHi«CP et Ci<>Hi5Cl. Le dérivé dichloré peut être transformé en chlorophel-
landrène :
.CCl = CHv XH3
CH3-C4 )CH-CH<
^CH— CH2/ \CH3
par perte d'une molécule d'acide chlorhydrique au moyen de la quinoléine. Il
suffit de traiter ensuite le chlorophellandrène par le zinc pour le transformer en
phellandrène, caractérisé par son point d'ébullition et son nitrosite.
Muscone. — M. Walbaum a isolé du musc naturel une cétone C^^H^OQ, à
laquelle il a donné le nom de muscone.
4** Phénols et éthers phénoliques.
Il y a déjà plusieurs années que M.Balbiano, en collaboration de MM. Nar-
DACci, ToNAZzi, Paolini, Luzzi, Bernardini, Cicelli, Mammola, Vespignani,
poursuit ses recherches en vue de distinguer les chaînes propényliques des chaî-
nes allyliques. Ces savants viennent de publier toute une série de recherches con-
cernant Teugénol, l'anéthol, le safrol, Tasarone, Tapiol et leurs isomères.
Le réactif employé est une solution aqueuse saturée d'acétate mercurique.
Si la chaîne est propylénique, il y a dépôt de mercure et formation de glycol dans
la chaîne :
R— CH = CH-CH» -> R— CH—CH— CH3
I I
OH OH
Si la chaîne est allylique, on obtient un produit d'addition :
R.C3H5.Hg.C2H302
Dans le cas d'une chaîne propylénique, il peut y avoir perte d'une molécule
d'eau et formation d'un aldéhyde du type R.CH2.CH2.COH. Il suffit pour opé-
rer cette transformation de chauffer les glycols avec un peu de chlorure de zinc.
Ces aldéhydes doivent être différents de ceux obtenus par M. Bougault :
/CH3
R^C^COH
\h
L'anéthol, l'iso-safrol, le méthyl-eugénol, l'iso-apiol ont fourni des glycols.
Leurs isomères, des composés d'addition.
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i56 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
5*» Oxydes.
Oxyde de Carline. — M. Semmler a rencontré comme élément principal de
Tessence de Carlina acaulis, un oxyde C^^H^^O, auquel il a donné le nom
d'oxyde de carline. Ce corps est un liquide inactif sur la lumière polarisée, bouil-
lant à lôy'* s. 20 mm.
L'oxyde de carline serait un phényl-furfurylallène :
CH-CH
Il II
C6H5— CH = C = CH— C CH
\ /
O
Réduit, il se transforme en dérivé tétrahydrogéné C^^H^^O (phényl-3-fur-
f urylpropane) :
CH-CH
Il II
C6H5— CH2—CH2— CH2—C CH
\/
O
que M. Semmler a obtenu synthétiquement par condensation de Tacétophénone
et du furfurol et réduction du produit de condensation.
Comme le font remarquer judicieusement les chimistes de la Maison Schm-
MEL, le furfurol trouvé dans certaines essences pourrait provenir de combinaisons
semblables à celles de Toxyde de carline.
III. — Les ESSENCES.
I** Forination des essences et procédés d'extraction des parfums.
Ainsi que nous l'avons souvent écrit, les problèmes relatifs aux procédés
d'extraction des parfums sont intimement liés à ceux de la formation des huiles
essentielles dans les végétaux. Les procédés d'extraction ne seront réellement
rationnels que le jour où Ton connaîtra exactement sous quelles formes se trou-
vent dans les divers organes de la plante les différents constituants des
huiles essentielles et les rapports de celles-ci avec les principes immédiats des
cellules végétales. Ce que les anciens parfumeurs appelaient le « parfum » d'une
fleur, d'une feuille, d'une graine, ne se présente plus actuellement à nous avec
cette unité. Le développement de nos connaissances scientifiques nous a montré
que le « parfum » est la résultante du mélange d'un nombre plus ou moins grand
de carbures, d'alcools, de cétones, etc. Ces constituants se trouvant dans la plante
soit à l'état libre, soit sous forme de complexes (Glucosides ou autres), il s'ensuit
que pour obtenir le maximum de rendement (en quantité et en qualité) il est indis-
pensable de posséder une connaissance exacte des états des divers constituants dans
la fleur, la feuille, la racine, etc.
La plante se présentant à nous comme un éternel devenir, les quantités et
qualités des essences obtenues aux différents stades de la vie de la plante pour-
ront présenter des différences considérables. L'étude de la formation des consti-
tuants se trouve ainsi subordonnée, dans une certaine mesure, à l'action du
milieu extérieur. Nous diviserons les facteurs extérieurs en deux classes : influen-
ces climatologiques et influences dues au sol et à la culture.
Si nous subissons les premières, il est malaisé d'en faire la nomenclature
complète. Les plantes, avec un petit nombre de matériaux, parviennent à cons-
truire des édifices remarquables par leur complexité, tant interne qu'externe, et
cela grâce à des agents catalytiques remarquables à peine entrevus.
Les difficultés du problème ne doivent pas nous empêcher d'en envisager
certains facteurs. Ainsi, dans les études que nous poursuivons depuis plusieurs
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p. JEANCARD ET C. SATIE. — LA CHIMIE DES PARFUMS EN 1906 iSy
années sur les influences des variations atmosphériques sur la composition de quel-
ques essences, nous sommes arrivés à formuler les deux lois suivantes :
i** Le rendement en néroli varie en raison inverse de Tétat hygrométrique des
cinq premiers mois de Tannée.
2** A un abaissement de la température de la nuit correspond toujours une
diminution de la teneur en alcools ; pour les essences de néroli et de petit-grain,
cette diminution est compensée par une augmentation relative de la teneur des
alcools éthérifiés; cette diminution porte uniquement sur le géraniol pour le
géranium, la formation du citronellol se trouvant plutôt favorisée.
Dans le même ordre d'idées, M. Birckenstock a publié^ des observations
sur l'influence de l'époque de la distillation et de l'hybridation sur la composi-
tion de quelques essences. La rue de France contient surtout de la méthylnonyl-
cétone; celle d'Algérie, de la méthylheptylcétone. Mais la distillation de la rue
d'Algérie, en automne, fournit une essence de mêmes caractères que celle de
France.
Pour le romarin, le pinène gauche serait abondant dans les essences de
printemps, et le pinène droit dans celles d'automne.
M. Birckenstock classe les différentes espèces d'aspic en six groupes cons-
tituant des termes de passage du type aspic vrai de l'Ardèche au type <( lavan-
dîn » le plus rapproché de la lavande. Il existe par suite un passage progressif de
l'aspic à la lavande aussi bien par les caractères extérieurs de la plante que par
les constantes physico-chimiques des essences.
A ce sujet, nous nous permettrons de rappeler les conclusions que nous avions
tirées, en 1904, de la comparaison d'essences de néroli et de petit-grain distillées
en mai-juin et en décembre-janvier :
« De juin à janvier, le poids spécifique, la viscosité et l'indice de saponifi-
cation augmentent; le pouvoir rotatoire devient de plus en plus lévogyre; la solu-
bilité et la teneur en alcools libres diminuent. A cette augmentation de la viscosité
correspond une augmentation de la teneur en paraffines.
« De janvier à juin, les variations se font dans l'ordre inverse ; le poids spéci-
fique, la viscosité et l'indice de saponification diminuent; le pouvoir rotatoire
tend vers o; la solubilité augmente; ainsi que la teneur en alcools libres. Si bien
que de janvier à juin, les constantes de l'essence de petit-grain tendent, toutes
proportions gardées, vers celles du néroli. »
Les travaux de M. Birckenstock ainsi que les nôtres montrent l'importance
de l'époque de la distillation, et par suite les influences climatologiques sur la com-
position des essences et en particulier sur les essences de rue, romarin, aspic,
lavande, néroli, petit-grain, géranium.
La nature du sol et les modes de culture sont également deux facteurs très
importants du milieu extérieur sur la composition des essences. Nous ne possédons
pas encore d'études systématiques sérieuses dans ce sens. Nous noterons des essais
rapportés par M. Zacharewicz au sujet de la lavande.
En employant le mélange suivant :
nitrate de soude 20 kgs
chlorure de potassium 20 kgs
superphosphate de chaux 60 kgs
à raison de 500 kgs à l'hectare, on a obtenu les résultats suivants :
Avec engrais Sans engrais
Plantes à l'hectare 3 «500 kgs 2.000 kgs
Essence à l'hectare 28 kgs 12 kgs
A un autre point de vue, M. Graveraitx a cherché à augmenter la quantité
de fleurs et par suite la quantité d'essence en procédant par croisement. En croi-
sant le rosier de Damas (Rosa damascena employé en Bulgarie pour l'obtention de
l'essence de roses) avec le (( Général Jacqueminot » et fécondant par le rosier
I. Moniteur scientifique du Docteur Quesneville, 1906, page 352.
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i58 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE>URE ET APPLIQUÉE
rugueux {Rosa rugosa, arbuste vigoureux de l'Asie), M. Graveraux a obtenu le
rosier à parfum de THay. Un pied de cette variété produit 800 gr. de fleurs et le
rendement en essence serait supérieur au rendement ordinaire.
On voit par ce résumé succinct que les influences du milieu extérieur sur la
formation des huiles essentielles sont de la plus grande importance, quoique nous
ne fassions guère actuellement que d*en soupçonner les actions multiples.
2* Constantes et composition des essences.
Achillea nobilis. — Le genre Achillée (Achillea L.) de la famille des Com-
posées-Tubuliflores, renferme des herbes vivaces à odeur forte et aromatique.
Elles sont répandues dans les régions froides et tempérées de l'Europe, de l'Asie
et de l'Afrique.
Les différentes espèces de ce genre fournissent des essences diverses : essence
de millefeuille commune, essence d'Iva, etc.
En 1835, Bï'EY avait obtenu, par la distillation à la vapeur d'eau de V Achillea
nobilis, les rendements suivants :
fleurs sèches
0,24 %
herbes sèches
0,26 %
semences
0,19 %
Depuis cette époque, on ne possédait que de rares données sur les caractéris-
tiques de ces essences. M. P. Echtermeyer vient de publier la première partie de
ses travaux concernant l'essence obtenue par distillation de l'herbe florissante.
L'essence d'Achillea nobilis constitue un liquide vert jaunâtre, doué d'une
forte odeur camphrée et d'une saveur très amère. L'essence étudiée avait les cons-
tantes suivantes :
Poids spécifique à 15® 0,9363
Pouvoir rotatoire lévogfyre
Indice de saponification 52
Indice de saponification après acétylation 99
Cette essence qui distille entre 170 et 269 **, à la pression ordinaire ne paraît
contenir ni aldéhydes, ni cétones, ni cinéol. Les constituants caractérisés sont : le
bornéol et les acides formique et acétique. On a constaté la présence d'un corps
à fonction phénolique, à odeur de thym, mais en trop faible quantité pour per-
mettre d'en déterminer la nature.
Backlousia citriodora. — Le Backlousia citriodora F. v. Muller, famille des
Myrtacées-eucalyptus, est un arbre originaire de l'Australie et de l'Archipel
indien. La distillation des feuilles fournit 4 % d'essence.
Voici les analyses publiées sur cette essence
MM. Umney et Bennett Maison Schimmel :
Poids spécifique à 15* 0,8930 à 0,8960 0,8996 |
Pouvoir rotatoire o o |
Aldéhydes (citral) p. % 94 à 95 96,5 à 97 i
Berce. — UHeracleum spondyltum L (appelé vulgairement berce, branc-
ursine, panais de vache, achante d'Allemagne) est une plante herbacée de la famille
des Ombellifères. On le rencontre dans les bois humides. MM. les chimistes de la
Maison Schimmel ont distillé l'ombelle sèche, sans les fruits de VHeracleum
spondylium d'une part, et les fruits de VHeracleum giganteum L., ce qui a fourni
les chiffres suivants:
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i6o REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
Heracleum spondylium Heracleum giganteum
(ombelle sèche sans fes fruits) (fruits)
Rendement % 0,08 3,6
Poids spécifique 0,9273 0,8722
Pouvoir rotatoire — 0^48 + i''44
Acidité 16,2 1,6
Indice d'éthers 148,6 288,3
Ind. de sap. après acétylation i95»9 314»^
Solubilité : alcool à 80 % 1,1 i,
Carlina acaulis. — La Carline acaule, de la famille des Composées-Cardua-
cées, est une plante bisannuelle des montagnes du midi. La racine, qui est de la
grosseur du pouce, fournit à la distillation 2 % d'essence. D'après les travaux
récents de M. Semmler, le constituant principal est l'oxyde de carline C^^hioq.
Elle contient de petites quantités d'acide palmitique et 12 à 15 % d'un sesquiter-
pène, isolé pour la première fois, le carlinène.
Genévrier. - Le genévrier de Phénitie, Juniperus phœnica, croît en France,
depuis les Cévennes jusqu'aux Alpes et est généralement appelé sabine.
MM. Umney et Bennet ont les premiers montré les différences chimiques entre
l'essence de Juniperus phœnica et celle de la vraie sabine, Juniperus sabina. Les
travaux de M. Rodié, exécutés sur des essences obtenues avec des plantes choi-
sies avec soin, ont confirmé ces conclusions.
M. Rodié a trouvé dans l'essence du genévrier de Phénicie 90 % de pinène,
très peu de camphène et une quantité excessivement faible de phellandrène.
Gony Stylus Miquelianus, — Cette essence, extraite du vieux bois par M. Ey-
KEN, est cristalline, fusible à 66-68°. Elle bout de 280° à 290**. Elle contiendrait un
alcool sesquiterpènique auquel l'auteur a donné le nom de gonystylol.
Kajoe garoe. — Le Kajoe garoe est un bois odorant de la Nouvelle-Guinée,
d'origine botanique inconnue. Par distillation à la vapeur d'eau, on obtient 1,3 %
d'une essence, verte, épaisse, contenant du gayol. (M. Eyken.)
Ocotea usambarensis . — Le genre des Ocotées (famille des Lauracées) est
constitué par plus de cent espèces d'arbres et arbustes propres aux régions tro-
picales de l'Afrique et de l'Amérique.
MM. ScHMiDT et Weilinger ont étudié l'essence extraite de l'écorce de VOco-
tea usambarensis Engl. La composition de cette essence serait la suivante:
Aldéhyde myristinique
I %
Cinéol
40
Terpinéol
40
Sesquiterpène C^^W^^
10
Ethers
4
Cétones et terpènes
traces
Pittosporum undulatum. — MM. Power
et TuTiN ont caractérisé
suivants dans l'essence de fruits:
Pinène d
4%
Limonène d
75
Ethers formique, valérique
faible quantité
Sesquiterpène
15 %
Acide palmitioue
traces
Phénols
))
Acide salicylique
faible quantité
les corps
Le tableau ci-contre donne les constantes des principales essences étudiées
en 1906.
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Sur le dosage du silicium dans les ferrosiliciums
Réponse à tarticle de M. JOUVE,
publié dans ta R. G. C. JV*» 4 du 24 février tgoy
Par Em. JABOULAY,
Chef de laboratoire de la Société Electrométallurgique d'Ugine.
J*ai appris par le récent article de M. Jouve qu'il a signalé en 1902 l'insuffisance
de révaporation au bain-marie pour insolubiliser la silice. N'étant pas encore abonné
à la Revue à cette époque, je n'ai pas eu connaissance de ses travaux. S'il en avait été
autrement, en rédigeant mon article j'aurais. montré la non-efficacité du moyen pro-
posé par cet auteur c'est-à-dire le chauffageà 125-130** au moins. Si j'ai mentionné seu-
lement les résultats obtenus en chauffant au bain de vapeur, c'était pour qu'on ne
puisse m'opposer que la silice que je retrouvais dans les filtrats provenait d'un silicate
alcalin reformé par un chauffage trop fort. Or, quelle que soit la température à la-
quelle on porte la masse après la dessiccation, on ne peut obtenir toute la silice pré-
sente par une seule opération. Les anciens auteurs indiquaient diverses températures
voisines de 100**, M. Jouve indique 125-130 au moins, ce qui fournit des résultats peu
différents des anciens, son travail est donc tout différent du mien qui montre la néces-
sité d'une 2* évaporation. Ce fait a été confirmé depuis par des centaines d'analyses
exécutées chez nous et chez nos clients.
Tous nos dosages de silicium dans les ferrosiliciums étaient, au moment ou j'ai
publié mon article précédent, et sont encore effectués en faisant les évaporations sur
des bains de sable chauffés vers 200^. J'ai fait beaucoup d'essais pour supprimer la
?• évaporation et j'ai eu le regret de ne pouvoir réussir.
La méthode fondée sur l'insolubilisation de la silice dans l'acide azotique qua-
drihydraté bouillant est malheureusement impuissante aussi, car il reste des quantités
très appréciables de silice en solution. De plus l'acide azotique bouillant et ses va-
peurs attaquent très sensiblement la capsule et l'entonnoir en verre employé, de
sorte que malgré la silice ainsi introduite, les résultats sont encore faibles et très va-
riables. En évaporant les filtrats provenant de la séparation de la silice, obtenue par
cette méthode, et en ajoutant les poids de la silice ainsi trouvée aux précédents, les
résultats sont beaucoup trop élevés et variables comme précédemment. Ces erreurs
sont évidemment d'autant plus sensibles que l'on a opéré sur un poids plus faible
de ferrosilicium. Or, la méthode de M. Jouve exige que l'opération soit effectuée
sur un poids assez faible.
En ce qui concerne la détérioration des creusets en platine par la flamme de l'acé-
tylène, je suis tout à fait du même avis que M. Jouve, mais comme nous les chauffons
exclusivement à l'alcool au moyen de brûleurs Barthel, nous n'avons pas cet incon-
vénient.
Je dois faire remarquer à M. Jouve que si le carbonate de soude est relativement
peu fusible, il n'en est pas de même du mélange de ce produit avec l'azotate de potasse
préparé dans les proportions que j'ai indiquées dans mon article précédent. Ce mé-
lange attaque très rapidement les ferrosiliciums de toutes teneurs. Lorsqu'il s'agit
d'alliages à 25 % de silicium et au-dessous, la masse reste pâteuse mais ceci n'a au-
cune importance puisque l'attaque est complète. A défaut de creusets en platine qui
doivent être assez spacieux (ceux que nous employons ont 52 mm. de diamètre et
57 mm. de hauteur) le mode d'attaque dans des creusets en nickel ou ferronickel indi-
qué par M. Jouve donne d'excellents résultats mais à condition que la reprise soit
faite avec de l'acide chlorhydrique et que les filtrats soient évaporés. Il en est de même
pour la méthode au peroxyde de sodium, mais je dois signaler que ce produit est
souvent peu homogène, de sorte que l'essai à blanc produit des résultats variables
et par conséquent sans valeur. On peut maintenant se procurer dans le commerce ce
produit à un état de pureté suffisant.
J'ai supprimé l'emploi de l'acide suif urique que j'ajoutais aux filtrats avant la
2* évaporation dans le but de mieux insolubiliser la silice, car j'ai reconnu que son
emploi n'offre pas d'avantages et rend l'opération désagréable.
Rcv. gén. Ch., 1907. 8.
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i62 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
Comme conclusion, je puis dire que les essais que j'ai faits spécialement pour
contrôler les méthodes de M. Jouve me permettent d'affirmer qu'elles sont inexactes
et qu'elles ne permettent pas d'éviter les deux évaporations et les deux filtrations.
Le Camphre, les Terpènes
et ]a synthèse du Camphre
Par André DUBOSC.
La synthèse chimique du temps présent après avoir victorieusement parcouru
en tous sens le domaine des matières colorantes cherche à obtenir aujourd'hui
des matières organiques, ayant d'autres propriétés que le pouvoir tinctorial. Elle
s'attache à reproduire les composés actifs des plantes médicinales, les principes
odorants des végétaux et elle s'est aventurée, d'un pas lent mais sûr, dans l'obscur
chaos de la chimie des terpènes, ce domaine, où selon la forte expression de
WuRTZ, tout était à faire.
« En cherchant une mine d'or, on trouve souvent un gisement de charbon
dont l'exploitation n'est pas moins fructueuse », disait sagement Liebig; si donc,
jusqu'à ce jour, les terpènes n'ont point fourni matière à découvertes aussi impor-
tantes que celles de l'alizarine ou de l'indigo artificiels, cependant l'obtention de la
vaniline, de l'ionone, du citral, du géraniol, la synthèse commerciale du camphre
sont des résultats assez importants pour consoler les chercheurs qui n'ont pas
encore pu isoler industriellement le caoutchouc artificiel.
Parmi ces beaux travaux, ceux qui ont trait au camphre présentent un intérêt
tout particulier. Si le rêve de Raspail, qui voyait en lui le remède souverain,
la panacée qui devait guérir tous les maux de l'humanité, ne s'est pas réalisé, il
n'en est pas moins vrai que cette précieuse matière a pris non seulement au point
de vue thérapeutique, mais bien plus encore au point de vue industriel, une impor-
tance qui va chaque jour grandissant. N'est-ce point le camphre qui, par
l'abandon de Formose, le pays où il est le plus abondant, a payé, en grande partie,
la rançon de guerre de la Chine au Japon ? N'est-ce point à lui que l'industrie est
redevable d'une matière plastique nouvelle, le celluloïd de Hyatt, dont les appli-
cations sont innombrables et dont les débouchés grandissent chaque jour. On
conçoit donc que l'intérêt présenté par cette précieuse résine ait augmenté dans de
grandes proportions, et qu'en dehors de l'attrait scientifique qu'en a toujours
offert l'étude, les besoins industriels aient poussé de tous côtés à la recherche de sa
synthèse. Si puissant cependant qu'ait été ce ressort économique, la chimie, sur le
terrain des piîres recherches s'est toujours passionnée pour ce corps singulier et
subtil. Depuis Lemery, Kosegarten, Saussure, Liebig, Tromsdorf, Dumas,
Pelouze, jusqu'à Berthelot, Kekulé, von Baeyer, Riban, Bouveault, Barbier,
Lafont, Blanc, Bredt, Bouchardat, Wallach, Haller, Komppa, Behal, Blaise
BALBiANoet OssiAN AscHAN, en passant par Gerhardt, par Laurent, par de Mongol-
FIER, par Perkin et par Friedel, quel savant ne s'est point occui>é du camphre et de
ses innombrables dérivés ? Avec quelle science d'investigation, avec quelle
patience avertie, n'ont-ils point abordé l'étude du délicat problème, accumulant
les travaux et les observations innombrables, isolant enfin un grand nombre de
faits nouveaux qui semblent faire des carbures terpèniques une série à part mais,
rattachée cependant par des liens étroits à la série grasse et à la série aromatique.
Sous ces multiples efforts, aussi bien la question de constitution intime, de struc-
ture du camphre s'est-elle élucidée que les principes de sa synthèse, en partant des
terpènes, ont été posés. A côté de méthodes purement scientifiques de préparation,
indiquées par Berthelot, par de Montgolfier, par Riban, par Bouchardat et
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A. DUBOSC. — LE CAMPHRE, LES TERPÈNES. i63
Lafont, par Kachler et Spitzer, par Marsh et Stockdale, par Wallach, par
Haller, par Komppa et par Perkin junior, des procédés pratiques, permettant de
créer l'industrie synthétique du camphre, ont vu le jour. Le nombre des brevets
pris à ce sujet et que nous serons amenés à passer en revue est considérable, et si
beaucoup ne présentent point de valeur industrielle, par contre ceux de Schering,
de Behal, de Piequet et Dubosc, permettent d'établir le camphre synthétique à un
prix concurrençant le produit naturel.
Comme dit le bon Lafontaine:
« D*abord on sV prit mal, puis un peu mieux, puis bien,
Puis enfin, il n*y manqua rien. »
On peut donc aujourd'hui, comme pour l'alizarine, comme pour l'indigo,
Tconsidérer comme réalisée la synthèse industrielle du camphre.
Nulle étude ne fut plus délicate ni plus longue que celle de ce fine chemical
producty mais aussi jamais matériaux plus abondants ne furent apportés à une
pareille œuvre. La plupart sont dispersés au cours des Revues scientifiques de
France et de l'étranger et malheureusement bon nombre n'ont point été traduits.
A part le très intéressant livre d'OssiAN Aschan, il ne semble pas qu'un travail
ait été présenté, liant en faisceau solide, les diverses études publiées sur cet intéres-
sant sujet. Tout ce qui a trait à la chimie du camphre et des terpènes est donc
dispersé en un grand ^nombre d'ouvrages souvent peu faciles à consulter : en cher-
chant à réunir ces documents divers, en y joignant quelques observations person-
nelles, peut-être pourra-t-on rendre service aux chercheurs et aux curieux de l'avenir:
c'est ce qui me fait tenter de résumer ici les résultats et les connaissances acquises,
tant sur le camphre et sa synthèse, que sur les hydrocarbures dont il dérive, et sur
^s propres dérivés.
Pour apporter de la clarté dans un tel sujet, il est nécessaire d'en indiquer net-
tement les divisions.
Après avoir résumé les vagues données historiques que Ton possède sur le
camphre et sur les terpènes, nous nous occuperons du produit naturel, tant au point
de vue de sa production, qu'à celui des méthodes d'exploitation, de récolte et de
raffinage: nous joindrons à cet exposé divers renseignements économiques et
commerciaux.
Nous étudierons ensuite la série terpènique, examinant successivement cha-
que type et cela en partant des carbures acétyléniques, que l'on peut considérer
comme les carbures initiaux du camphre et des terpènes. Nous verrons ensuite tout
ce que la littérature technique a publié relativement au camphre considéré comme
corps chimique.
Nous terminerons enfin par l'analyse des divers travaux qui ont été faits,
tant au point de vue purement scientifique, qu'au point de vue industriel, dans le
but d'arriver à la synthèse du camphre.
HISTORIQUE
Si on ne connut le camphre en Europe que vers le vi* siècle, où les navigateurs
de l'Inde l'importèrent à Byzance, il était en usage en Chine, comme parfum, bien
antérieurement. D'après Villon, le plus ancien document qui en parle, est un
drame sanscrit (( Le chariot de terre cuite » œuvre écrite entre le i*' et le ii* siècle
de notre ère et traduite en 1876 par Regnault. Dans les Indes, au iv* siècle, les
amants offraient aux courtisanes comme les plus précieux présents le camphre et
le bétel : le Coran parle du camphre (§ 76, versets 5 et 6) et il place dans le Para-
dis une source qui est embaumée par le Kajour, Dans l'Europe occidentale, la
légende veut que ce soit les Arabes, lors de l'invasion de l'Espagne et du Sud de la
France, qui l'apportèrent: Imern Ikais en parle dans l'un de ses poèmes et au
VI' siècle, le médecin Aetius d'Amidia l'emploie en médecine. Isbrack-ben-
Amam, qui vivait au ix® siècle, le signale comme produit par l'archipel malais
et Marco-Pollo, au xiii* siècle, en parle, au retour de ses fabuleux voyages
comme utilisé en Chine. Ibn Balouch, qui parcourut l'Orient vers le xiv* siècle
dit qu'il était employé par les Arabes pour rafraîchir les boissons, le camphre
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i64 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
d*alors était le camphre dit de Barin. En réalité, le camphre qui n'a été vulgarisé
en Europe que vers le xii* siècle, ne s'y répandit que vers le xvii*, encore bien que
jusqu'au xix* siècle, il demeura une rareté pharmaceutique. Lemery cependant
en 1765 en commence Tétude et signale T'action des oxydants tandis que, en
1785, KosEGARTEN isole le bornéol. Le camphre importé à cette époque venait du
Japon soit par Venise, soit par l'intermédiaire des Hollandais, qui le raffinaient à
l'aide de procédés tenus rigoureusement secrets. Ce n'est qu'à la suite des travaux
de Saussure, de Liebig et de Dumas, pour ne citer que les noms de quelques
savants en ayant fait l'étude, que l'on connaît sa constitution. En 1858, dans un
travail magistral, Berthelot fixe la fonction du camphre, le classe dans la série
des carbonyles, corps participant des propriétés des aldéhydes et des acétones,
démontre que le bornéol est un alcool qui en dérive et enfin réalise le premier sa.
synthèse en partant du camphène. La voie qui devait conduire aux résultats d'au-
jourd'hui était ouverte.
Si les renseignements historiques sur le camphre sont rares, ils ne sont pas
plus abondants sur son alcool, le bornéol, ou sur les terpènes, desquels on peut le
dériver. Hendbury C^ci^nh'a /)a/)er} dit simplement qu'à Bornéo, se trouve un cam-
phre particulier dont on se sert pour embaumer les cadavres des chefs, c'est le
bornéol.
A propos des terpènes, à peine trouve-t-on à citer quelques passages de Pline
le jeune.
Dans son livre XVI, chap. XI, il décrit ainsi le traitement de la gemme : « Le
tœda (pin sauvage) fournit la poix liquide avec laquelle on enduit les navires et
beaucoup d'autres choses. On l'obtient en petites pièces que l'on fait suer dans
des fours entourés de feu extérieurement. Le premier liquide qui s'échappe (essence
de térébenthine) coule comme de l'eau: on le nomme en Syrie, le cedrmm ». Ailleurs
il écrit encore (Livre XV, chap. VII) : « Si on fait du feu sous le vase qui contient
de la résine de térébinthe (pistachia terebenthina), on peut condenser la vapeur
qui s'élève dans un tissu de laine que l'on étend sur l'ouverture du vase. L'opéra-
tion étant terminée, on exprime la laine ainsi imprégnée d'huile. C'est cette huile
à laquelle on donne le nom de Pissileon )>. Cette singulière préparation s'effectuait
tout particulièrement dans la ville de Colophon, en Grèce, de là le nom de colophone
ou colophane donné au résidu de la préparation de l'essence de térébenthine.
D'autre part, Girardin prétend que les huiles volatiles avaient été dénommées
(( essences » par les anciens, en raison de ce qu'ils les considéraient comme con-
tenant les parties essentielles de la plante. Au moyen âge, bien que l'essence, à par-
tir de l'invention de la peinture à l'huile, devienne d'un usage presque courant,
on n'en trouve mention que dans le livre de Marcus Grœchus, sur les eaux ardentes,
encore bien que l'on attribue à Arnaud de Villeneuve, au xiii* siècle, quelques
perfectionnements dans sa préparation.
C'est à CoLBERT que l'on doit l'importation en France du pin maritime et la
création de l'industrie de l'essence de térébenthine: en 1638 il fit venir un groupe
d'ouvriers suédois qui enseignèrent aux habitants du Jura les procédés de récolte
de la gemme et d'extraction de l'essence. Lorsque Bremontier fixa les dunes des
Landes en les plantant de pins maritimes, il vulgarisa en Gascogne la méthode
de préparation des gemmes importée par les Suédois. Jusqu'au commencement du
XIX* siècle, les terpènes et le principal corps de ce groupe n'avaient été l'objet
d'aucune étude scientifique. Trommsdorf et Kinot furent les premiers à l'entre-
prendre.
En 1804 Kinot opérait la combinaison de l'essence de térébenthine et de l'acide
chlorhydrique et obtenait ainsi le camphre artificiel. En 1831 Oppermann, de Stras-
bourg, démontrait que le chlorhydrate de térébenthène de Kinot était susceptible
de perdre son HCl sous l'influence de la chaux en régénérant un corps apte à se
solidifier, le camphène.
On ignorait d'ailleurs la véritable nature de ces divers produits. Oppermann
admettait 6 % d'oxygène dans le camphène, Saussure, Hatton, Labillardière,
Hermann n'étaient pas plus précis. En 1832 Di'MAS établit le premier que l'essence
de térébenthine était un carbure d'hydrogène répondant à la formule équivalentaire
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A. DUBOSC. — LE CAMPHRE, LES TERPENES. i65
C^^H^® et que son chlorhydrate, le camphre artificiel, avait pour formule C^oH^^Cl.
Deville, en 1840, étudia avec soin Faction sur l'essence de térébenthine des acides
chlorhydrique, bromhydrique et sulfurique. Buchner, Boissenot et Persoz, Blan-
CHET et Sell, Dumas et Peligot, Wiggers remarquèrent la propriété qu'à la
térébenthine de s'unir à l'eau pour former un composé oxygéné, le terpène, dont
la fonction alcoolique a été démontrée par Oppenheim. Enfin en 1858, Berthelot,
dont les études sur la térébenthine sont les plus complètes et les plus étendues,
décrivit dans ses nombreux mémoires les modifications éprouvées sous l'influence
des divers réactifs, il examina et fixa ses modifications isomériques, définit la cor-
rélation qu'elle présente au point de vue rotatoire, avec ses divers dérivés, enfin
présenta une théorie générale des carbures terpéniques.
Tous les résultats acquis aujourd'hui et qui ont permis, aussi bien la création
des parfums artificiels dérivés des terpènes que la synthèse industrielle du camphre,
sont les corollaires des travaux de Berthelot.
LE CAMPHRE NATUREL
Il paraît indéniable que le camphre naturel le plus anciennement connu est le
camphre de Bornéo, fourni par le Dryobalanops camphora (Diptérocarpée), grand
arbre qui croît surtout à Sumatra, par contre le camphre le plus répandu est celui
de Chine ou du Japon, produit par le Laurus camphora, le laurier camphrier, un
des plus beaux membres de la famille des Laurinées. Bien d'autres végétaux con-
tiennent aussi du camphre, à côté de terpènes et d'huiles essentielles, tels sont le
romarin, la lavande, la sauge, la matricaire, l'aunée, l'eucalyptus, la camomille,
la menthe poulliot, la muscade, la tanaisie, le puligium et bien d'autres encore, dont
nous donnerons plus loin un relevé complet. Mais au point de vue industriel, la
plupart de ces camphres sont sans intérêt, soit qu'ils se présentent avec des carac-
tères particuliers, soit qu'ils se trouvent dans les plantes en quantité trop faible
pour mériter l'extraction.
Les seuls- végétaux intéressants au point de vue de la production du camphre
naturel sont sans contredit, le Laurus camphora ou camphrier et le Dryobalanops
ou camphrier de Bornéo qui donne le bornéol aisément transformable en cam-
phre par oxydation. Au point de vue d'anatomie et de biologie végétales, la forma-
tion du camphre ou du bornéol dans ces deux arbres est identique à celle des
essences des résines, le camphre jouant le rôle de stéaroptène, l'huile de camphre
ou le terpène le rôle d'éléoptène.
Les organes sécréteurs sont des cellules spéciales, bordant des cavités dont elles
forment la paroi et où vient s'accumuler le produit de sécrétion .Dans les Laurinées
et particulièrement dans le Laurus camphora, ces cellules se trouvent soit dans le
parenchyme de la feuille, soit à la face supérieure, soit à l'intérieur de l'épicarde.
Sous quelle forme les éléments hydrogénés et carbonés contenus dans l'atmos-
phère sont-ils assimilés par la feuille, dans quelles conditions cette absorption se
fait-elle, quel rôle y joue l'influence de la lumière et de la chaleur ? Ce sont là au-
tant de questions qui sont sensiblement restées sans réponse et il faudrait la saga-
cité d'un Aimé Girard pour élucider ce problème de chimie forestière. Si on
admet les hypothèses posées par Isidore Pierre, par Berthelot et André, si on
les rapproche de certaines expériences de Charabot et de ses collaborateurs, il
est probable que les principes immédiats élaborés par les feuilles cheminent dans
l'arbre et y subissent des transformations, l'élimination de l'eau donnant des ter-
pènes, l'oxydation, soit par autoaction, soit par l'air, donnant le camphre. Selon
TscHiRCH et Shirhlawa, ces transformations seraient variables dans les diverses
parties de l'arbre, et Hébert et Charabot ont également observé que certaines
plantes contenant des composés terpéniques sont susceptibles de les consommer
dans l'obscurité, pour leur propre nourriture, en donnant des produits de trans-
formation (C. J?., 6 février 1905). Les principes formés initialement dans la
feuille, gagnent-ils le tronc pour y subir une première transformation dont la
durée est fort longue, puis reviepnent-ils s'oxyder dans la feuille pour retourner
enfin, transformés en camphre et partiellement dissous dans les terpènes, jusqu'à
la partie centrale ? Si on se reporte au travail que le professeur Maisch a publié
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i66 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
en 1891, sur la culture du camphrier en Floride, on serait tenté de le croire, car
ce savant a trouvé dans les feuilles jusqu'à 4 % de C^^H^^O. D*autre part, à For-
mose, l'extraction n'est guère pratiquée que sur les troncs, les racines et les
maîtresses branches; les feuilles et les menus branchages sont rejetés, car, pré-
tendent les indigènes, on n'en retire qu'une substance liquide, peu avantageuse
pour la préparation du camphre solide. La même observation a été faite à Suma-
tra, à propos du DryobaJanops ; en traitant un arbre jeune, on n'en retire que des
substances liquides, seuls les vieux troncs fournissent le Kappobarra ou camphre
solide de Matayan. Bien plus, dans de vieux Dryobalanops camphora, dans
d'antiques Dipierocarpus aromatica^ tels que l'on en rencontre encore sur la côte
Nord-Ouest de Sumatra, à Lingel, à Labuan, on trouve le bornéol à l'état solide,
en morceaux plus ou moins gros, condensés dans le tronc de l'arbre. En fendant
en deux la souche, on obtient l'alcool, en fragments qui pèsent parfois 5 kgs.
En fait, les observations précises sur la formation du camphre dans le cam-
phrier, manqueraient presque, sans l'étude qui a été faite à Ceylan, il y a quelques
années, par M. David Hooper, sur des feuilles de Laurus camphora. Cin-
quante livres de feuilles fraîches, — provenant du jardin botanique d'Ootacamund,
où le gouvernement anglais fait étudier la culture du camphrier en vue de l'accli-
mater aux Indes, — cinquante livres ont été soumises à la distillation aqueuse pen-
dant six heures. Du liquide recueilli, on a séparé 248 gr. d'huile essentielle, soit
environ i % de la matière première. Cette huile, d'une teinte jaunâtre, avait une
densité de 0,9322 à -h 15*» centigrades et donnait une rotation de + 9*^,4 dans un
tube de 200 mm. Par distillation fractionnée, elle fournit une très petite quantité
de liquide à + 160** et ne commence à bouillir régulièrement que vers 175**.
Voici les proportions de liquides recueillis à différentes températures :
+ 180"
20,6 %
+ 185»
31 %
+ 190°
15.5 %
+ '95'
10,6 %
+ 200»
5,6%
+ 205»
3,3 %
Résidu
8,6 %
95,2 %
La perte, soit 4,8 %, était représentée par une certaine quantité de camphre
que l'on recueillit dans le condenseur. Le résidu était solide à froid, de teinte jau-
nâtre et dégageant une forte odeur camphrée. On peut donc considérer que la
perte était environ de 12,4% de l'huile essentielle, soit de i millième du poids
de feuilles mises en jeu. On pouvait en conclure que le camphre existait bien
dans la feuille, mais en quantité infime. M. Hooper, ne se laissant pas découra-
ger par ce minime résultat, pensa qu'en traitant des feuilles de camphrier pous-
sant à une altitude moins haute — Ootacamund est à près de 2.200 mètres
d'altitude — il aurait d'autres résultats. L'événement démontrera la justesse de ses
prévisions; dans son second essai, il employa des feuilles provenant d'arbres
plantés à Maduvatam, sur le Milgirès, à 300 mètres plus bas qu 'Ootacamund.
Dans la distillation aqueuse, la quantité de camphre obtenue fut telle que le ser-
pentin en fut obstrué, et pour 22 kgs de feuilles, on retira 62 gr. de carbonyle.
Quant à l'huile essentielle, sa densité était de 0,9314 à 4- 15° et son pouvoir rôta-
toire de + 54"* dans un tube de 200 mm. Voici, d'ailleurs, les proportions de
liquide recueilli aux différentes températures:
+ 185»
13,3 %
+ 190*
20, %
+ 195'
15,5 %
+ 200"
20, %
Résidu
25. %
95,8
La perte, soit de 4,^ % était due encore à la condensation d'une partie du cam-
phre. L'huile essentielle contenait donc 29,2 % de camphre et le poids total con-
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A. DUBOSC. — LE CAMPHRE, LES TERPENES. 167
tenu dans 22 kilos de feuilles était de 91 gr. 2, soit de 0,41 %, rendement très
appréciable. En dehors de ce renseignement précieux, les essais de M. Hooper
montraient quelle influence l'altitude a pour la formation du camphre dans le
camphrier. Le carbonyle existe donc dans la feuille tout formé et à côté se trou-
vent les terpènes, qui constituent Thuile de camphre, pinène, phellandrène,
dipentène. Malheureusement, le travail d'HooPER n'indique en aucune façon la
méthode de caractérisation qu'il a employée dans la diagnose des produits solides
recueillis: il en indique seulement le caractère solide, sans même dire le point de
fusion. S'y trouvait-il du bornéol? Cela est fort probable! L'hypothèse hardie
posée, il y a quelque cinquante ans, par Gerhardt, sur la genèse du camphre,
se trouverait alors vérifiée. On se rappelle qu'à la suite d'essais sur l'essence de
valériane, à côté du bornéol C^^Hi^O, Gerhardt avait trouvé un carbure C^^H^^^
qui, sous l'influence de la potasse alcoolique fixait les éléments de Teau et qui,
oxydé par l'acide nitrique, donnait du camphre. Il en déduisait que le camphre
naturel ne se forme pas dans la plante, par oxydation directe du terpène initiale-
ment fourni par la cellule, mais bien par une hydratation qui, transformant C^^H^^
en C^^H^^O est suivie d'une oxydation donnant C^^H^^O par déplacement d'une
molécule d'oxhydrile. Cette supposition a eu une première confirmation avec les
travaux de Jeanjean. Ce chimiste a, en effet, tiré de l'alcool de garance une
essence bouillant à + 160° et ayant tous les caractères du bornéène: or, le bornéol
ne se forme qu'en partant du bornéène et sa genèse est identique à celle de l'alcool
en partant de l'éthylène.
C2H4 + H20 = C2H60 CioRie + H^O = Ci^HisO.
Si, d'un autre côté, on considère la difficulté avec laquelle on arrive à fixer
un atome d'oxygène sur le camphène et le temps que demande cette opération,
à côté de la rapidité avec laquelle on transforme le bornéol en camphre, on est
tenté de croire juste et fondée l'hypothèse de Gerhardt et d'admettre que dans
la plante la genèse du carbonyle passe par trois phases: formation du terpène,
hydratation en bornéol et oxydation en camphre. Il est à remarquer, d'ailleurs,
que les procédés de synthèse tendent actuellement à produire le bornéol de préfé-
rence au camphène: la pratique industrielle marche donc dans la voie indiquée
par l'hypothèse scientifique. Néanmoins, il est fort regrettable que David Hoo-
per n'ait point poussé ses investigations sur ce point peu connu de la chimie
végétale et il est à souhaiter que quelque savant japonais, comme Hi Koru Kuro
YosHiDA, qui a sous la main, en abondance, la matière première, reprenne l'étude
du chimiste anglais et la complète.
Il est également possible, probable même, qu'un ferment identique à la
lacase de Yoshida et de Bertrand, qu'une oxydase, semblable à celles que
l'on trouve dans la luzerne et dans le trèfle, joue un grand rôle dans la formation
du camphre. Etant donné les théories actuellement admises à propos de la cata-
lyse, les résultats obtenus par Bertrand avec la lacase agissant sur l'hydroqui-
none, sur la pyrocatéchine, sur le pyrogallol, il serait permis de concevoir, pour
la synthèse du camphre, une forme nouvelle où les moyens employés jusqu'à ce
jour pour passer des terpènes au carbonyle pourraient être négligés. Si la chaleur
est actuellement nécessaire, si des procédés chimiques sont indispensables pour
modifier la structure du pinène en celle du bornylène et le rendre apte à recevoir
l'atome d'oxygène qui transforme le terpène en lui donnant la fonction cétonique,
on peut rêver de remplacer ce processus long, pénible et coûteux L'ensemence-
ment rationnel, à température voulue, dans des conditions encore indéterminées,
mais possibles à déterminer, de l'essence de térébenthine à l'aide d'une oxydase,
suffisamment approvisionnée de sels manganeux ou vanadeux, convenablement
entretenue d'oxygène moléculaire, soit par aérification, soit par l'apport de sels
dissociables, doit permettre de passer du terpène au camphre. Si osée que paraisse
cette hypothèse, elle est, en partie, justifiée par l'examen des sous-produits recueil-
lis dans la distillation des bois de Laurus Camphora et de Dryohalanops. Le pre-
mier est l'huile de camphre qui se présente sous diverses formes : une essence
lourde de densité variant entre 0,950 et 0,960; une huile bleuâtre, dichroïque, de
densité 0,930, et une huile légère de densité 0,900; ces deux dernières qualités ne
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i6S REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
sont guère exportées et elles sont utilisées, sur place, à Formose et au Japon,
comme produits d'éclairage (Thunberg, Voyage au Japon). Depuis 1880, l'huile
lourde arrive assez régulièrement en Europe et en Amérique : elle contient environ
50 % de camphre solubilisé dans les divers terpènes qui la composent et dont
pendant fort longtemps on n'a su l'extraire. En cryoscopant l'huile de camphre,
ScHiMMEL, de Leipzig, a trouvé la solution du problème et il a pu ainsi jeter sur
le marché des quantités assez considérables de camphre de récupération. En fins
cristaux ressemblant à du riz, fort blancs, le camphre de Schimmel est facilement
reconnaissable à sa forte odeur d'œillet. Ce procédé est d'ailleurs mis actuelle-
ment en pratique par le gouvernement japonais, dans ses usines de raffinage
de Rashow et de Taïhoku. Les produits incristallisables de l'huile de camphre
ont été analysés par M. Zadig, l'un des chimistes de Schimmel. Il y a trouvé,
d'abord du terpinéol lévogyre fondant à + 35"*, puis, par fractionnement: i** une
huile blanche, de densité 0,870 à 0,910,- distillant vers + 165**, formée de cinéol,
de dipentène, de phellandrène et surtout de pinène; 2** du camphène passant vers
+ 160^ et transformable en acétate de bornyle; 3** une huile rouge, de densité
1,035, distillant entre + 225® et + 270", contenant du carvacrol, de l'eugénol et
surtout du safrol, de densité 1,108, bouillant à + 233, susceptible enfin de cris-
talliser.
L'huile de bornéol renferme une forte proportion de cet alcool isolable par
cryoscopie: la partie liquide restant est un carbure C^^I-P^, dextrogyre, bouil-
lant vers + 165**, s'oxydant à l'air, combinable avec l'acide chlorhydrique et
très probablement analogue au carbure C^^H^^ obtenu en traitant le bornéol par
l'acide phosphorique. De ces diverses analyses, il ressort donc que l'on trouve
dans ces huiles, qui constituent évidemment le camphre ou le bornéol, en période
de formation, des terpènes, des produits de transformation et enfin le carbonyle
ou l'alcool.
C'est surtout au Japon et à Formose que pousse le camphrier, mais on le
rencontre encore sur d'autres points; abondant en Chine, on le trouve à côté du
Dryobalanops dans Tarchipel malais, ainsi qu'en Indo-Chine, au pays des Mois
et dans le Cambodge. Depuis quelques années, une certaine quantité de camphre
est apportée par les indigènes à Saïgon: le produit fort humide, contient du fer,
de la silice, des fragments de branchages et des feuilles, la préparation étant peu
soignée et la récolte faite d'une façon tout à fait primitive, n'a qu'une minime
valeur.
Dans les Indes, la culture du camphrier a été florissante avant l'ère chré-
tienne, aussi le gouvernement anglais cherche-t-il aujourd'hui à la faire renaî-
tre. II y a d'ailleurs une consommation locale qui mérite l'attention, car l'Indous-
tan ne consomme pas moins de 5 % de la production mondiale, la moitié de ce
qui est nécessaire à l'Angleterre. Le camphrier pousse d'ailleurs très bien aux
Indes; le jardin botanique de Calcutta en possède une superbe allée plantée en
1802 ; on en trouve également au jardin botanique d'Ootacamund et dans quel-
ques autres régions du Nilgiris. A Ihansi, dans les provinces du Nord-Ouest, on
rencontre quelques débris de plantations florissantes, restes de forêts qui ont dû
couvrir une partie du Népaul et de la légion qui s'étend entre le Bengale et
l'Irraouady supérieur, et d'où l'on extrayait le camphre de Chittagong. A Ceylan,
sa culture s'est perpétuée, encore que l'arbre ne se développe normalement qu'aux
altitudes de 1.500 mètres. Son aspect y rappelle celui du saule, comme ce dernier
arbre on l'émonde, pour n'utiliser que les feuilles et les branches. En Amé-
rique, on a tenté d'acclimater l'arbre à camphre, en Floride et en Californie, et
si on se reporte au rapport du D' Maisch, on semble y être parvenu, surtout à
Polatka, mais les plantations sont encore trop récentes pour donner des résultats
commerciaux. On le rencontre encore, mais en trop faible quantité pour donner
lieu à une exploitation, au Brésil, à la Jamaïque, à Java, à l'Ile Maurice et à
Madère. En Europe, on ne trouve guère que quelques rares individus, en Italie,
notamment aux environs de Naples, où ils sont cultivés comme plante d'agré-
ment. Il paraît donc évident que le camphrier est susceptible de croître et de se
développer dans bien d'autres contrées que la Chine et le Japon, mais en raison
de sa croissance très lente et du temps fort long qui s'écoulerait avant qu'on en
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A. DUBOSC. — LE CAMPHRE, LES TERPÈNES. 169
pût tirer profit, des plantations ne sauraient être entreprises à l'heure actuelle
?u'au prix d'énormes sacrifices et par la mise en jeu de capitaux considérables.
)'est ce qui explique que le Japon, possesseur de Formose, producteur très im-
portant lui-même, se trouve être aujourd'hui le maître incontesté du marché du
camphre naturel et c'est ce qui fait comprendre la facilité avec laquelle il a pu en
imposer la monopolisation.
Au Japon, le camphrier croît à acs altitudes élevées, loin du bord de la mer.
C'est un fort bel arbre qui atteint, en pleine croissance, dix à quinze mètres de
haut et parfois dix mètres de circonférence: il lui faut environ cent à cent vingt
ans pour arriver à un semblable développement et c'est à ce moment seulement
que l'on peut songer à l'exploiter d'une façon utile. Les feuilles en sont aromati-
ques, les fleurs petites et blanches, le fruit est une baie sphérique de la grosseur
d'un haricot, le bois a le grain fin et serré. On le divise en plusieurs familles, le
Cinammomum Camphora, le Laurus Camphora et le Camphora Officinarum. Les
forêts de camphriers sont dans les provinces de Kosa, de Kiusia, de Lekikoro, d'Iga-
Saruga, d'Isi-Kis, des Gotho, de Kichiou, de Tchi Kousen et dans le Sud. L'ex-
ploitation s'y faisait jadis de la façon suivante : l'arbre abattu était débité en
menues bûchettes que l'on plaçait dans des vases en fer, munis d'un faux fond
percé et susceptibles d'être chauffés. On les couvrait d'un condenseur en bois en
forme de pyramide. La vapeur d'eau volatilisait le camphre qui se rassemblait dans le
condenseur, l'huile de camphre restant dans l'eau du vase de volatilisation, d'où on
la séparait par différeice de densité. Le camphre, après avoir été pressé, était
emballé dans des barils tronconiques ou tinettes en bois de camphrier et cerclés en
bambou : ces tinettes étaient recouvertes d'un emballage de nattes. C'est sous cette
forme qu'il arrivait en Europe, il y a une vingtaine d'années, provenant surtout
du port de Kobé, où se centralise encore aujourd'hui le commerce du camphre.
C'était un produit ayant l'aspect d'une masse grisâtre ou gris jaune, masse assez
fragile, f>eu ductile et de cassure cristalline. Il était mélangé d'eau et contenait
de nombreuses impuretés, feuilles, sables, fragments de branches, qui n'en per-
mettaient guère l'emploi qu'après dissolution dans l'alcool ou raffinage par subli-
mation. Avec la méthode d'extraction alors employée, on n'extrayait guère plus de
3 % du bois mis en jeu. Aujourd'hui, on applique au Japon les méthodes perfec-
tionnées qui sont en usage également à Formose et que nous décrirons tout à
l'heure. Il est à peu près impossible de connaître actuellement la production
particulière du Japon, les statistiques du gouvernement ou les renseignements
fournis par la Maison Samuel, confondant souvent en un seul ensemble, les ren-
dements de la métropole et ceux de Formose. Toutefois, vers 1900, elle ne dépas-
sait pas 1.500.000 kgs et elle est tombée à 450 tonnes en 1904. En Chine, le
camphre est surtout exploité dans la province de Fokien, où le mode d'exploita-
tion est aussi primitif que l'ancien procédé japonais. Dans le Nord, on procède
comme suit: dans un chaudron de fer on met une couche de terre sèche, puis
une couche de copeaux de camphrier et on alterne ainsi les lits jusqu'à ce que
le récipient soit rempli. On ajoute de l'eau, on ferme à l'aide d'un couvercle en
forme de dôme que l'on lute et on chauffe. Le camphre se sublime dans le couver-
cle, d'où on le retire pour l'emballer dans des tonnelets de bambou. Dans le Sud
du Fokien, la méthode employée est un peu différente: les copeaux de camphrier
sont mis à tremper pendant trois jours dans l'eau, puis on les jette dans une
chaudière contenant de l'eau bouillante, le tout est alors agité avec une large spa-
tule de saule à laquelle le camphre s'attache. Le résidu est transvasé dans un pot
vernissé qu'on laisse refroidir, puis on recueille le camphre qui surnage. De tels
procédés donnent des rendements insignifiants, 1/4 % du bois employé, et ne
fournissent qu'un produit peu commercial, aussi le Tchang-Kao ou le Peng-peng,
les deux camphres chinois, sont-ils peu recherchés et de valeur très inférieure au
camphre du Japon. Ils sont expédiés généralement par vShanghaï pour Londres ;
ils se présentent sous la forme de masses mal cristallisées, jaunâtres, souillées de
terre, de chlorure de sodium, de soufre, d'eau, dont le pourcentage dépasse par-
fois vingt-cinq pour cent, et enfin d'un goudron spécial dont on ne peut le sépa-
rer que par sublimation. Il est impossible d'avoir des renseignements précis sur
la production de camphre en Chine, laquelle est d'ailleurs très variable; elle ne
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170 REVUE GÉNÉRALE DÉ CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
doit pas atteindre, dans les périodes les plus prospères, plus de 6 à 7 % de la pro-
duction mondiale, à peine 1 10.000 kgs.
Le véritable centre de production du camphre est sans contredit Formose, « l'île
belle », que les amiraux Courbet et Lespes ont failli acquérir à la France, et dont très
habilement les Japonais se sont emparés à la suite de la guerre avec la Chine. For-
mose détient actuellement le marché du camphre du monde et sa production a
atteint, en 1904, 2.250.000 kgs sur les 3.600.000 kgs de la production totale d'Ex-
trême-Orient. Le camphre à Formose est produit presqu 'uniquement par le Lan-
rus Camphora, qui s'étend en forêts immenses sur la majeure partie des collines
de l'île, couvrant même les pentes les moins inclinées des montagnes du District
des Sauvages et du Taitocho. La zone forestière s'étend depuis Ratho jusqu'à
Rînkipoh, sur une étendue de 80 à 90 milles japonais, soit 300 kilomètres et de
Hunan à Shakomaki sur une longueur de 20 ri ou de 60 kilomètres. Tout au
début de l'exportation du camphre, ce sont les indigènes qui s'occupaient libre-
ment de la distillation, mais au xviii* siècle, le gouvernement chinois, maître de
l'île et pressentant vaguement l'importance commerciale que pouvait ^voir le cam-
phre, établit, sur les conseils des Hollandais, établis depuis 1622 aux îles Pong-Ho,
un monopole de fabrication et infligea des peines barbares à ceux qui se rendaient
coupables d'infractions. En 1720, plus de deux mille personnes furent exécutées
dans l'île à la suite de délits de ce genre et les aborigènes furent traités avec une
telle rigueur qu'ils se révoltèrent. Finalement, le droit de production leur fut
reconnu, le gouvernement se réservant le droit d'acheter le camphre distillé dans
l'île à un prix déterminé. Cet arrangement, dont semble s'être inspiré plus tard le
ministère japonais, dura jusqu'à l'expédition franco-anglaise en Chine: cer-
tains ports de Formose, Kelung, par exemple, ayant été ouverts par les traités,
les Européens refusèrent de reconnaître le monopole impérial et commencèrent
à faire directement le commerce avec les distillateurs indigènes. Ce procédé irrita
les mandarins, des troubles s'ensuivirent et le monopole fut aboli vers 1868.
(Impérial Institute Journal). Depuis, l'industrie du camphre a été constamment
grandissant à Formose, encore bien que les procédés employés, jusqu'à la con-
quête japonaise, aussi bien que l'aménagement de l'exploitation fussent des plus
primitifs. La première conséquence de la liberté d'exploitation accordée par la
Chine fut que la population de Formose, plus soucieuse d'un lucre immédiat
que d'assurer l'avenir de la production, n'employa ni un mode de récolte ration-
nel, ni un reboisement méthodique, ni une culture perfectionnée susceptible d'aug-
menter ou tout au moins de maintenir le chiffre de production annuelle. Abattant
sans pitié les arbres producteurs — et il faut noter qu'à Formose un arbre ne
donne du camphre qu'à l'âge de 50 ou 60 ans —n'en extrayant la gemme qu'im-
parfaitement, ils firent un tel vide autour d'eux, que lors de la conquête japonaise
les jours du camphre de Formose étaient presque comptés et que quelques années
de plus auraient suffi à épuiser les forêts. Jusqu'en 1880, le camphre était extrait
par simple ébullition à l'eau et recueilli à l'aide d'une écumoire: on conçoit aisé-
ment qu'une telle méthode d'extraction ne donna que des résultats médiocres,
tant comme rendements que comme qualité de produit.
Si on se reporte au Pharmaceutical Journal, qui vers 189g a fait à Formose une
enquête sur les procédés d'extraction du camphre, cette méthode qui n'est autre
en somme que celle pratiquée dans le Fokien, n'était plus en usage depuis la
fin du monopole chinois: en effet, on ne traitait ainsi que les branchages et la
production de camphre était trop minime pour couvrir les frais d'exploitation. A
partir de 1868, on a employé une façon d'agir beaucoup plus barbare au point de
vue forestier et que voici. Un coolie expérimenté choisissait un arbre et l'entamait
à différents endroits avec un instrument présentant quelque ressemblance avec
un rabot, cela en vue de s'assurer s'il contenait assez de camphre pour rémuné-
rer le travail d'extraction. Or, en principe, il était posé qu'un arbre ne vaut rien
pour l'extraction du camphre s'il n'a pas cinquante ans d'âge, on ne s'attaquait
donc qu'aux plus beaux individus de la forêt. L'essai quelquefois n'était pas
fructueux, car la richesse est très inégale, et il se présente souvent qu'un seul côté
du camphrier contient de la gemme en quantité suffisante. C'était alors ce côté
que l'on attaquait, râpant, pour ainsi dire, le tronc jusqu'à la hauteur où lés
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A. DUBOSC. — LE CAMPHRE, LES TERPENES. 171
ouvriers pouvaient commodément atteindre. Les fragments ligneux recueillis
étaient broyés et mis à bouillir avec de l'eau dans une marmite en fer recouverte
d'une jarre en faïence, spécialement fabriquée à cet effet. Le camphre venait se
sublimer et se condenser sur la jarre, que Ton retirait de temps en temps pour la
racler et qu'on remettait ensuite en place. Comme le camphre se trouve dans le
tronc jusqu'à une hauteur d'environ trois mètres du sol, on le déchiquetait jusqu'à
ce qu'il s'abattît, puis on en arrachait les racines dont la richesse est assez grande
pour obtenir un bon rendement. Si à l'essai les premiers copeaux ne donnaient
pas un résultat suffisant, on abandonnait l'arbre mutilé pour s'attaquer à un autre
et ainsi de suite. Il est impossible d'imaginer procédé plus dévastateur et il est
heureux que les forêts de Formose fussent aussi étendues, car si l'occupation chi-
noise avait duré longtemps encore, tolérant une semblable forme d'exploitation, il
est certain que l'épuisement en eut été rapide. Les rendements, par suite de l'im-
perfection de la récupération, étaient faibles. IJn set, ou groupe de dix appareils,
qui exigeait quatre hommes pour être conduit, ne produisait guère plus de 3 à
4 kilos de camphre par jour, l'huile étant à peu près perdue. A côté de ce procédé
plutôt chinois, les indigènes employaient encore une autre méthode, non moins
primitive. A même un tronc de camphrier abattu, ils creusaient une sorte d'auge
qui était remplie d'eau et que l'on chauffait en y jetant des pierres rougies au
feu: le liquide chaud pénétrait dans le bois, dissolvait ou volatilisait le camphre
et l'huile. Le premier était recueilli dans des couffins formant cloche à sublima-
tion, l'huile venait flotter à la surface de l'eau et en était séparée par différence
de densité. On conçoit aisément qu'un tel procédé d'extraction ne donna que des
résultats médiocres, tant comme rendement que comme qualité de produit. Aussi,
après avoir été assez recherché sur le marché de Londres et de Hambourg, par
suite de son défaut de qualité, de sa haute teneur en huile et en impuretés,' le
camphre de Formose avait perdu, au moment de la conquête japonaise, toute répu-
tation.On en était même arrivé à cette conception fausse, que le camphre de Chine ou
du Japon se raffinait mieux et qu'il était tout à fait impropre à la cristallisation.'
Le gouvernement chinois songeait à porter remède à la situation en rétablissant le
monopole, mais il en était empêché par les réclamations et les protestations inces-
santes des traitants japonais ou américains installés à Kelung et à Taïnan. D'autre
part, la situation intérieure ne permettait guère d'apporter de grandes modifica-
tions qui eussent demandé le concours de capitaux importants. « Le commerce du
camphre à Formose, disaient à cette époque les Foreign Office Annales, traverse
une crise grave et les transactions sont presque nulles. Cette circonstance est
due pour la plus grande partie aux exploits de nombreuses bandes de brigands
qui infestent les routes et attaquent à main armée les convois d'argent et de mar-
chandises. Les actes de brigandage sont devenus si fréquents qu'aucun négociant
n'ose envoyer d'argent dans l'intérieur du pays, de telle sorte que les exploitations
de camphre doivent forcément chômer. De plus, des triages entiers ont été détruits
et, de ce chef, les négociants étrangers engagés avec de gros capitaux, ont subi
des pertes importantes. On peut dire qu'un tiers des plantations qui existaient ne
sont plus à même de produire de camphre. » L'examen du relevé des exporta-
tions par Taïnan sur Hong-Kong montrait d'ailleurs le bien fondé de cette infor-
mation. En voici le relevé de 1892 à 1896:
de I picul 284.800 kgs.
» 441.600 kgs.
» 802.362 kgs.
» 669.600 kgs.
» 201.800 kgs.
On pouvait considérer que dans les districts chinois de la partie sud de For-
mose, les réserves en camphriers étaient à peu près totalement épuisées grâce à
la façon barbare dont les arbres avaient été détruits, soit dans le but d'utiliser le
bois et le camphre, soit aussi simplement en vue de défricher le terrain en vue de
la culture: tout le Tainanking était dévasté, seule la région de Tchivai à Tosseivo
restait à peu près intacte, mais dépourvue de toutes voies de communication, elle
était peu exploitable. Le traité de Simonosaki, en 1895, donna Formose au Japon
1892
4.315 caisses
1893
6.691
1894
12.157
1895
10.145
1896
3-057
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172
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
qui en commença l'occupation seulement vers 1896, en reliant par un chemin de
fer Kelîing à Tamsnï, voie ferrée aujourd'hui prolongée jusqu'à Tchang-Kong.
L'importance, au point de vue économique, de l'industrie camphrière, n'avait
pas été sans frapper l'attention du gouvernement japonais, depuis longtemps très
au courant de la question : aussi dès qu'il fut maître de l'île tous ses efforts tendi-
rent-ils à en assurer la régularité et la continuité. Les restrictions tout d'abord
apportées à l'exploitation, en vue d'éviter l'épuisement, ont été tout d'abord la
caractéristique de l'administration japonaise et elles se trouvaient justifiées par le
déplorable état des forêts. L'organisation de l'industrie camphrière, depuis le
traité de Simonosaki, a passé par trois phases successives, coïncidant d'ailleurs
avec les progrès de l'occupation de l'île: de 1895 à 1899 l'exploitation demeura
libre, en principe, mais un contrôle sévère fut organisé et des licences de fabrica-
tion furent exigées; en 1900 le principe du monopole d'Etat fut posé et il reçut sa
réglementation définitive en 1903. Désireux de connaître les ressources du pays
avant de prendre une décision quelconque, les nouveaux possesseurs du <( pays
des barbares orienfiaux » divisèrent Formose en six districts camphriers, placés
chacun sous le contrôle d'un bureau central chargé de relever le nombre des
exploitations, les procédés employés, de dresser l'inventaire des richesses fores-
tières, de relever le chiffre de la production. Sur les premiers renseignements que
ces bureaux purent fournir, on décida de diminuer le nombre des distilleries par
l'imposition de la licence préalable à tout travail: en 1896 il y avait 4.000 exploi-
tations en marche, en 1899 ^^ "'^'^ comptait plus que 1.400. Les raffineries clan-
destines où s'embauchaient les anciens coolies chinois, chassés peu à peu par la.
main-d'œuvre japonaise, furent soigneusement recherchées par la police et l'auto-
rité militaire et rigoureusement fermées, le personnel étant expulsé de l'île. A
côté de ces mesures purement économiques qui ne visaient que le côté commer-
cial de la question, l'administration japonaise décida d'établir un système ration-
nel d'exploitation des forêts, en introduisant une méthode de cantonnement
calquée sur le régime français. On réglementa les abatis, on imposa le reboisement
et, en vue de rendre leur ancienne splendeur aux régions ravagées du Sud, on
accorda des primes à quiconque y établissait des plantations nouvelles; on interdit
la coupe des jeunes camphriers pour en faire du bois de chauffage ; on prit toutes
mesures utiles pour sauvegarder les rejetons jaillissant des vieilles souches. Le
Jaikoan et la province de Nansho avaient particulièrement souffert dans les der-
nières années de l'occupation chinoise, le gouvernement y entreprit, à ses propres
frais, d'énormes travaux de reboisement. Enfin, après une longue et minutieuse
enquête qui dura plus de quatre ans, maître du pays, ayant assuré la sécurité des
communications aussi bien par la création de routes et de voies ferrées que par la
constitution d'une police vigilante, il se décida à frapper un grand coup en décré-
tant, le 5 août 1899, Q"^ '^ commerce et l'industrie du camphre étaient mono-
polisés entre ses mains. Les Japonais agissaient ainsi en gens habiles, connais-
sant parfaitement les avantages et les désavantages de la situation; en 1899, la
consommation mondiale était d'environ 5.200 tonnes sur lesquelles Formose et le
Japon fournissaient environ les deux tiers, il y avait une forte tendance à l'aug-
mentation étant donnés les besoins grandissants de l'industrie du celluloïd qui ne
pouvait se passer de camphre: en monopolisant la production de l'île le gouverne-
ment japonais devenait maître du marché, il était libre, à son gré, de faire monter
ou baisser le prix du produit, l'exportation de Formose déterminant l'abondance
ou la pénurie de la matière. Bien plus, si les cotes obtenues ne lui semblaient point
suffisamment rémunératrices, il lui suffisait de supprimer pendant quelques mois
toute exportation pour voir la valeur du camphre monter pour ainsi dire sans
limite, car aucun produit ne pouvait lui être substitué et aucun procédé de syn-
thèse industrielle n'était alors connu. C'était jouer à coup sûr et bien que le mono-
pole proclamé en août 1899 ne dût commencer à donner son effet qu'un an plus
tard, quoique toute liberté eût été laissée aux anciens exploitants d'écouler à leur
guise leur stock de gemme et d'huile, à la fin de 1899 ^^ P^'^ du camphre avait
doublé. Une telle révolution ne s'était point faite sans protestations, et bon nombre
de résidents étrangers anglais ou américains, lésés par la main-mise du gouverne-
ment japonais, remplirent les journaux d'Extrême-Orient de leurs doléances, affir-
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BIBLIOGRAPHIE
173
mant que le monopole ne donnerait que des déboires et que le million de yens de
bénéfices que Ton espérait en tirer ne serait jamais atteint. « Les espérances pro-
voquées par l'introduction du monopole du camphre dans Tîle de Formose, disait
VOstasiatische Lloyd, de Shanghaï, ne sont pas près de se réaliser. D'ailleurs,
comme on doit s'en souvenir, on comptait assurer un plus grand revenu au gou-
vernement et, d'un autre côté, on désirait empêcher l'épuisement et la destruction
des forets de camphriers. En réalité les nouveaux règlements auront pour résul-
tat une augmentation considérable de la production du camphre. Tous ceux qui
ont des licences sont en train d'établir des exploitations beaucoup plus considéra-
bles que l'on ne pouvait s'y attendre, et d'autre part un grand nombre d'arbres à
camphre sont coupés secrètement par des exploitants non autorisés. Si le prix du
camphre augmente, ce sera un motiif de plus pour la destruction des forêts. » Il y
avait quelque vérité dans ces sinistres prédictions, mais il suffit de la part du gou-
verneur de Formose, pour enrayer le danger que présentaient les distilleries clan-
destines, d'appliquer strictement la loi et de refuser, à partir de 1900, l'accord de
toute licence nouvelle, quelle que fût la nationalité du demandeur. D'autre part, de
l'inventaire des richesses forestières dressé par les services compétents, il résultait
que, pour éviter tout épuisement, il ne fallait point que la production annuelle de
Formose dépassât 2.700 à 2.800 tonnes; on était loin des 9.000 tonnes à laquelle on
avait estimé ce que devrait être la production intensive sous le régime du mono-
pole. On limita sagement à 2.500 tonnes le montant de l'exportation et, si on se re-
porte aux renseignements fournis jusqu'en 1904, il ne semble pas que ce chiffre
ait été jamais sensiblement dépassé.
{A suivre.)
BIBLIOGRAPHIE
Le salpêtre et les Azotates, les Explo-
sifs, les Phosphates, les Engrais, le
Phosphore, l'Aoide phosphorique, les
Allumettes, par H. PÉCHEUX, profes-
seur à l'Ecole Nationale d'Arts et Mé-
tiers d'Aix. I vol. in-i6 de 96 pages
avec 19 figures, cartonné : i fr. 50.
Lib. jT-B. BaillièRE et fils, Paris
(1907) ^
Le salpêtre est un produit chimique
dont l'industrie et l'agriculture font un
emploi très spécial, l'une pour la fabri-
cation des poudres et des feux de pyro-
technie, et l'autre pour la préparation
des engrais chimiques. Ce sel, dont la
préparation est lente- et coûteuse, doit
être obtenu avec un grand degré de pu-
reté pour la fabrication de la poudre ;
son emploi en agriculture ne nécessite
pas une pureté aussi grande.
La matière première de la préparation
du salpêtre est le nitre du Chili, dont
M. PÉCHEUX décrit l'extraction et les
modes d'emploi ; ce nitrate est plus
abondant, sur le marché du monde, que
le salpêtre ; car, outre son appHcation,
à la fabrication du salpêtre, il sert en-
core à préparer des engrais et des feux
de pyrotechnie : ces deux nitrates sont
donc inséparables dans Thistoire des ex-
plosifs et de leurs matières premières.
Les explosifs, en assez grand nom-
bre, qu'utiUsent les armes de guerre et
les travaux du génie ou de la marine,
ainsi que la pyrotechnie, ont été décrits
après les deux nitres fondamentaux.
M. PÉCHEUX a fourni la composition de
chacune des principales poudres actuel-
lement en usage, et indiqué leur mode
de préparation industrielle.
Les « phosphates » (naturels ou arti-
ficiels) que l'on prépare pour les besoins
de l'agriculture, les « engrais chimi-
ques » ^naturels ou artificiels ; ani-
maux, végétaux, minéraux, mixtes) sont
décrits ensuite, au point de vue de leur
composition chimique et de leur fabrica-
tion.
Ce petit volume de Y « Encyclopédie
technologiaue et commerciale » se ter-
mine par r a extraction du phosphore
ambré », l'étude de ses propriétés, de
ses applications à la préparation du
phosphore rouge et des allumettes chi-
miques. — X.
Considérations éoonomiques sur l'ex-
ploitation du pétrole en Roumanie, par
E. WiCKERSHEIMER, ingénieur en chef
des mines. In-8** de 60 pages. 2 fr. ^o.
Lib. H. DUNOD et E. PlNAT, Paris
^1907).
^e petit ouvrage na d*autre but que
de mettre le lecteur français à même de
^e
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'74
REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
se faire une idée exacte de la valeur
économiçiue des terrains pétrolifères de
Roumanie : aussi les statistiques offi-
cielles y ont été mises fortement à con-
tribution. M. WltKERSHElMER y a ajouté
les renseignements recueillis sur place
dans son voyage récent en Roumanie,
où il a parcouru les exploitations les
Elus productives du district de Prahova.
'auteur a évité le plus possible les dé-
tails techniques, afin de mettre le texte
à la portée de tout le monde, ainsi que
toute description géologique : la consti*
tution des terrains pétrolifères de Rou-
manie est très simple et a fait, d'ail-
leurs, Tobjet d'études antérieures aux-
quelles ne reste que peu de chose à ajou-
ter.
L'intérêt de cette brochure est surtout
d'ordre économique : c'est à ce titre
qu'elle est de nature à satisfaire la
curiosité du public, en général, et des
capitalistes, en particulier. — X.
Régimes pathologiques et régime parfait.
Les Régimes alimentaires dans les di-
vers états patliologlques, par le D** F.
CAYLA, ex-chef de clinique médicale
de l'Université de Bordeaux. Lib. Vl-
GOT Frères. Paris (1907).
Conçu dans un esprit essentiellement
pratiaue, ce livre intéressera les méde-
cins, les malades et tous ceux qui jouis-
sant d'une bonne santé habituelle tien-
nent à la conserver. Il rappellera au mé-
decin instruit toutes les notions d'ordre
alimentaire acquises dans le cours des
études médicales et sera pour lui un
guide indispensable chaque fois qu'il fau-
dra préciser les détails du régime à for-
muler. Le régime occupant à l'heure
actuelle une place prépondérante dans la
thérapeutique de toutes les maladies,
le médecin doit insister tout spéciale-
ment sur la question alimentaire ; et
pour bien faire, il devrait écrire pour
chaque malade une liste comprenant les
aliments permis et ceux qui sont frap-
pés d'interdiction. Le malade, en effet,
est incapable de retenir, de mémoire, la
nomenclature des éléments de son ré-
gime ; et le médecin n'a pas des heures
à consacrer à la rédaction d'une ordon-
nance trop complexe. L'ouvrage du D'
Cayla résout très heureusement et très
simplement ces diverses difficultés en
permettant au médecin traitant d'indi-
quer à son client un guide clair et com-
plet, lui traçant le régime qu'il devra
suivre, et en donnant à ce dernier, avec
la quiétude d'esprit, la certitude de n'ab-
sorber aucun aliment qui soit de nature
à contrarier ou à retarder sa guérison.
Les régimes pathologiques s'appliquent
à tous les états morbides ; le Régime
Parfait est indispensable aux malades
fuéris ainsi qu'à ceux qui n'ont jamais
té malades et qui doivent être mis en
garde contre l'usage des aliments indi-
gestes, irritants ou toxiques suscepti-
bles de provoquer des maladies d'ori-
gine alimentaire ou de réveiller celles
qui ne sont qu'assoupies. — X.
Préols d'Hydrologie ^aux potables et
eaux minérales). Première partie :
Hydrologie générale et Eaux potalriet ;
par le D' Emile Fleury, Professeur à
l'Ecole de médecine et de pharmacie de
Rennes, i vol. in-12 broché avec 32
fig. Prix : 3 fr. Lib. H. DesfoRGES,
Paris (1907).
Le Hvre qui vient de paraître sous la
dénomination de t Précis d'Hydrologie »,
est d'un auteur déjà connu et n'est, pour
ainsi dire, ou'une deuxième édition du
€ Manuel d'Hydrologie », paru il y a dix
ans, aujourd'hui épuisé.
Le récent ouvrage est établi sur ie
même plan que son devancier, mais il
est plus complet et écrit en termes con-
cis, précis, mérite, à juste titre, celui
par leguel l'auteur le désigne.
Ce livre est appelé à rendre de grands
services à ses lecteurs. Les pharma-
ciens, particulièrement les chimistes, y
trouveront tous les éléments dont ils
peuvent avoir besoin pour mener à bien
une analyse d'eau. Les médecins y liront
avec intérêt les chapitres relatifs à l'hy-
drologie générale, a l'origine des eaux
minérales, à la purification des eaux non
potables. Quant aux étudiants, ils y pui-
seront largement les connaissances né-
cessaires a leurs examens.
Cette année, l'auteur ne publie que la
Partie de cet ouvraee ayant trait à
« Hydrologie générale » et aux t Eaux
potables ». Pour l'an prochain, il nous
annonce l'apparition de la seconde par-
tie, celle où il sera question des « Eslixx
minérales ». C'est là une modification
au précédent ouvrage où. un seul volume
contenait cet ensemble.
Quoi qu'il en soit, clair et facile à lire,
le livre qui nous parvient doit avoir le
légitime succès de celui qui Ta précédé.
Métallurgie du zlno, par A. Lodin, In-
génieur en chef des mines, professeur
de métallurgie à l'Ecole des Mines. Un
vol. in-8** de 810 p. avec 268 fig. et
25 pi. Prix : 35 fr. Paris, lib. DUNOD.
Le zinc est aujourd'hui un des métaux
les plus couramment employés dans la
construction et dans l'industrie ; comme
chiffre de production il vient immédia-
tement après le fer et le plomb. Il y a
peu d'ouvrages dans lesquels on donne
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BIBLIOGRAPHIE
.75
à la métallurgie du zinc tous les dé*
tails qu'elle doit comporter, aussi un
livre traitant cette question est-il dou-
blement le bienvenu quand il est bien
traité et bien écrit.
Si les processus chimiques permettant
d'isoler le zinc de ses minerais sont peu
nombreux, les méthodes suivies pour
l'extraction présentent de nombreuses
variantes. L'auteur commence par pré-
senter au lecteur les réactions fonda-
mentales de la métallurgie du zinc et les
fait suivre par la description des compo-
sés du zinc et des pnncipales espèces
de minerais. Ceux-ci connus, il passe
à l'étude des gîtes zincifères.
Une fois ces questions générales expo-
sées, il entre dans le vif de la Question
et étudie systématicjuement d'abord le
traitement des minerais (calcination
des calamines, soit en tas, soit en fours
coulants ou à chauffes latérales ou à ré-
verbère ; grillage des blendes en mor-
ceaux, en cases voûtées, au réverbère ;
procédés d'absorption ou d'utilisation
des gaz dégagés dans le grillage des
blendes, procédés d'utilisation partielle
ou totale du gaz sulfureux avec emploi
CDur la fabrication de l'acide sulfurique).
a réduction des minerais de zinc s'ef-
fectue avec divers genres d'appareils,
l'auteur les passe en revue, d'abord la
méthode cannthienne, puis la méthode
anglaise, le méthode snésienne, la mé-
thode belge. On trouvera dans cette par-
tie de l'ouvrage de nombreux détails in-
téressants tant sur la description des
appareils que sur la conduite des appa-
reils, leur construction et la fabrication
du matériel réfractaire, tel que creusets,
moufles, tubes, etc., que Ton utilise.
Cette description est complétée par des
considérations économiques sur les di-
vers modes de travail adopté dans les
usines. Aux méthodes généralement sui-
vies fait suite un chapitre consacré à la
production du zinc électrolytique ;
la discussion de cette importante ques-
tion est loin d'être sans intérêt. Le vo-
lume est complété par un chapitre sur
la fabrication du blanc de zinc, du litho-
pone et une statistique.
D' A. G.
Die Batriebsmittel der ohemlsohen Teoh-
nik, par le D' Gustav Rauter, Patent-
an walt à Charlottenbourg. Un vol.
in-8** de 550 p. avec 617 fig. et 14 pi.
Prix : 13 mai' " *' ^
DER Janecke.
Prix : 13 marks. Hanovre, lib. Gebru-
'X.
La formation complète d'un chimiste
devant diriger une exploitation indus-
trielle est des plus difficiles. Les jeunes
gens qui sortent des écoles ou des labora-
toires ont presque toujours soit une édu-
cation théorique dépourvue de toute pra-
tique de la chimie,, soit une connaissance
assez exacte de cette science, mais de
graves lacunes concernant le fonctionne-
ment d'une usine. Alors que les premiers
possèdent l'instruction nécessaire pour
agencer une fabrique, mais souvent trop
peu chimique pour exploiter les procédés,
les derniers n'ont que leur sens chimi-
que pour se guider et ne possèdent que
des notions vagues sur la construction
et les appareils. C'est à ceux-ci que
s'adresse l'auteur. Le premier volume
que nous signalons à nos lecteurs leur
apporte un contingent de connaissances
des plus utiles.
La première chose à faire une fois en
possession du terrain acheté pour l'ex-
ploitation est évidemment de construire
l'usine, aussi le premier chapitre est-il
consacré à la construction. On y trou-
vera des documents sur l'emploi de la
{)ierre, du béton, des métaux, du bois,
a construction des toits, les précautions
à prendre contre l'incendie, l'installa-
tion de l'eau, de la ventilation, du chauf-
fage et de l'éclairage. L'installation des
foyers (foyers pour combustibles solides,
liquides, gazeux et pulvérulents, foyers
gazogènes, régénérateurs et récupéra-
teurs, fours annulaires, foyers de chau-
dières) et du chauffage à la vapeur vient
ensuite. Le chapitre suivant décrit les mo-
teurs divers auxquels on peut avoir re-
cours : machines à vapeur de divers types,
moteurs à explosion, moteurs aériens et
hydrauliques, moteurs électriques. Les
moteurs décrits, l'auteur explique com-
ment on utilise leur mouvement et com-
ment on le communique aux divers or-
ganes des appareils. L'avant-demier
chapitre traite des instruments acces-
soires auxquels on est forcé de faire ap-
pel (mastics, calorifuges, récipients,
etc.) et dans le dernier chapitre nous
trouvons une description des appareils
vraiment chimiques (tours à réaction et à
condensation, appareils à distiller et
condenser, filtres divers, presses hy-
drauliques, agitateurs, appareils pour
opérer sous pression, èlectrolyseurs,
etc.). Le soin avec lequel ce premier
volume a été rédigé fait bien augurer de
celui qui doit le compléter.
D' A. G.
Adolf von Baeyer'8 gesammelte Werke,
2 forts vol. in-S*" de 990 et 1194 p.
Brunswick, lib. ViEWEG.
Cet ouvrage a été édité par les soins
des élèves et amis de BaeYER et publié
lors des fêtes données en l'honneur de
son jubilé.
L'œuvre de Baeyer est considérable,
elle remplit deux gros volumes. Baeyer,
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176
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
comme il le dit dans une rapide auto-
biographie qui sert d'introduction à l'ou-
vrage, est né le 31 octobre 1835, à Ber-
lin. Il ne montra pas extrêmement jeune
un goût très décidé pour la chimie, ce
n'est qu'au sortir du régiment, après un
an de service, qu'il reconnut que la chimie
était sa vraie voie. Il entre alors au
laboratoire de BUNSEN, à Heidelberg.
Baeyer n'avait eu jusque-là au'une oc-
casion passagère de faire de la chimie,
en 1850, lorsqu'âgé de 15 ans il ser-
vait de préparateur au professeur
SCHELLBACH, au Gymnase Frédéric-
Guillaume. Son zèle chimique n'avait été
que de courte durée, la botanique l'ayant
momentanément distrait de la chimie.
Les aptitudes chimiques de Baeyer
se révèlent alors si nettement que fort
peu de temps après son entrée au labo-
ratoire il est engagé par BUNSEN dans
des recherches originales sur l'induction
idiochimique. Les expériences à effec-
tuer dans ce domaine étaient la consé-
quence de recherches antérieurement
entreprises par BUNSEN et ROSCOE, en
coUaDoration, au sujet de l'action de la
lumière sur le mélange de chlore et d'hy-
drogène. La manière dont BAEYER s'ac-
quitta de sa tâche lui attira les remer-
ciements de Bunsen. Le premier travail
3u*il publie a trait à l'étude du chlorure
e méthyle ; il s'agissait de se rendre
compte si les composés préparés par
diverses réactions étaient identiques. En
1857, Baeyer commence un travail au
laboratoire de KÉKULÉ, sur l'action du
pentachlorure de phosphore sur l'acide
cacodylique. Un an plus tard nous le
voyons à Berlin 6ù il soutient sa thèse
inaugurale. Il passe l'hiver 1858/59 à
Gand, avec Kekulé, puis revient en
1860 se faire recevoir privatdocent. Il
continue à travailler sans que sa situa-
tion s'améliore beaucoup malgré les
offres qui lui sont faites. En 1872, nous
le retrouvons à Strasbourg comme pro-
fesseur ordinaire où il demeure trois ans.
Enfin, en 1875, il est appelé à Munich
pour remplacer LiEBIG.
Les travaux de BAEYER ont été clas-
sés et ordonnés dans ces deux volumes
et ainsi présentés on juge mieux de leur
importance : I. Rechercnes sur les com-
binaisons arséniées. II. Sur le groupe
de l'acide urique. III. Sur l'indigo. iV.
Recherches relatives à l'indigo. V. Sur le
pyrrol et les bases pyridiques. VI. Sur la
déshydratation et la condensation. VII.
sur la phtaléïne. VIII. Sur la chimie des
combinaisons hydroaromatiques, sur
l'acide mellitique et la constitution du
benzol. IX. Recherches sur les terpè-
Propriétaire-Gérant .-George F. JAUBERT.
LAVAL. — IMPRIMERIE L. BARNÊOUD ET é*
nés. X. Recherches sur les combinaisons
nitrosées. XI. Sur le furfurol. XII. Sur
les combinaisons acétyléniques. XIII.
Sur les peroxydes. XIV. Sur les proprié-
tés basiques de l'oxygène. XV. Sur la
dibenzylacétone et le triphénylméthane.
XVI. Sur des substances du groupe aro-
matique. XVII. Sur des substances du
groupe aromatique. XVIII. La nomencla-
ture.
Il y a là beaucoup à lire et les chimis-
tes organistes principalement y trouve-
ront des choses fort intéressantes. La
totalité des chimistes ayant l'occasion de
feuilleter ces volumes ne pourra en outre
qu'admirer la fécondité prodigieuse et
1 activité infatigable de Baeyer.
D' A. G.
Introduotion à l'étude des métaux, par
M. Alfred DiTTE, membre de l'Ins-
titut, professeur à la Faculté des
Sciences de Paris. Un vol. in-S** de
486 p. Prix : 15 fr. Paris, lib. de
Rude VAL (1906).
Cet ouvrage comprend une série de
leçons professées par l'auteur à la Fa-
culté des Sciences. Il ne s'adresse pas
seulement aux jeunes gens candioats
aux certificats d'études supérieures, mais
à toute personne désireuse d'acquérir
sur les métaux, un ensemble de con-
naissances générales. Comme Fauteur le
dit dans sa préface t on peut se propo-
ser d'acauénr sur les métaux une vue
d'ensemble tout à fait générale, laissant
de côté les détails qui concernent cha-
cun d'eux, ne considérant que ce qui,
à des degrés divers, appartient à tous
et permet de répondre aux grandes
questions qui se présentent tout d'abord
à l'esprit : d'où viennent les métaux ?
que sont-ils ? où vont-ils ? •
L'ouvrage se divise en deux parties :
l'une contient des chapitres sur la na-
ture, l'origine, la genèse des minerais
métallifères, sur les principes qui servent
de base aux opérations métallurgiques,
sur les propriétés des métaux considé-
rés en eux-mêmes ; l'autre renferme, avec
quelques développements relatifs aux
phénomènes de combinaison et de dé-
composition, l'étude des qualités des
métaux envisagés dans leurs rapports
avec les autres corps et se termine par
des considérations sur la classification
des corps simples.
Une première édition, parue en 1902,
a été épuisée. La nouvelle que nous si-
gnalons rencontrera sûrement le succès
de la première.
\y A. G.
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L'ETAT ACTUEL DE
L INDUSTRIE DE LA PRÉSURE
Par L. GROGNOT.
Ingénieur-Chimiste
Les quantités très importantes de fromages de toutes sortes et de caséines indus-
trielles qui sont préparés dans tous les pays ont mis la présure au rang d'un produit
d'industrie. 11 s'en produit de fortes quantités en fabrique et en général ce sont les
boyaudiers qui produisent la présure commerciale, sous ses diverses formes. Elle se
présente sous forme liquide ou sous forme de pastilles sèches d'un titre bien déter-
miné, capable de produire à une dose fixe et à une température mentionnée, la coa-
gulation d'un certain volume de lait.
La présure du commerce est extraite de la caillette de veau,et des mammifères en
lactation. On peut en retirer également des intestins, dans le travail de la boyaude-
rie. A mesure que l'animal grandit, elle devient de moins en moins abondante
dans l'estomac ; la pepsine au contraire, rare ou absente aux premiers âges, devient
de plus en plus prépondérante. Ce n'est évidemment pas une suppléance qui s'éta-
blit. Les deux sécrétions sont distinctes à l'origine et sont distinctes à la fin, mais
elles n'ont pas la même activité aux diverses époques de la vie.
Les présures les plus employées sont les présures de veau et de mouton. Les
vachers qui se servent de l'une et de l'autre estiment que lorsqu'elles s'équivalent
vis-à-vis du lait de vache, elles ne s'équivalent pas vis-à-vis du lait de brebis, ce
qui conduit à voir entre les présures des différences analogues à celles qui existent
entre les peptones.
Préparation des présures. — On retire la présure, d'ordinaire, de la caillette de
jeunes animaux non sevrés. L'animal étant abattu et ouvert, on extrait et on sépare
l'estomac qui contient des grumeaux de lait caillé, on gratte légèrement la surface
intérieure de la muqueuse pour la débarrasser de ces dépôts peu adhérents du reste,
mais on se garde bien de la laver pour ne pas entraîner et perdre à l'état de disso-
lution, une notable partie de cette présure que l'on a pour but de recueillir. Les
caillettes, bien nettoyées, sont liées à une extrémité, on les gonfle d'air comme on
gonfle un sac de papier, et, après avoir lié l'autre orifice, on fait sécher les sortes
de vessies ainsi gonflées ; la dessiccation se fait assez vite, sans altération, si l'at-
mosphère est pure et assez souvent renouvelée.
On dégonfle ensuite les caillettes et on les empile à plat les unes sur les autres
par cahiers d'une douzaine ordinairement. Ce sont des paquets de caillettes aplaties
et séchées que l'on trouve dans le commerce et que l'on traite directement dans
certaines préparations de fromages pour fabriquer de la présure au fur et à mesure des
besoins, ou bien que lîon exploite plus en grand dans les usines pour la fabrication
de la présure industrielle.
Les caillettes sèches viennent en France, jusque de l'Extrême-Orient.
Les caillettes sèches donnent une présure plus pure et plus débarrassée de pepsine
et d'autres diastases que les caillettes employées fraîches.
La dessiccation a pour effet de coaguler ou au moins de rendre insoluble, une ma-
tière muqueuse gluante qui rend visqueuses et mousseuses les macérations d'esto-
mac frais, et dont les proportions sont très réduites avec l'estomac sec. Cette matière
gélatineuse existe surtout en abondance dans la région de l'estomac qui avoisine le
pylore, où la muqueuse de l'estomac présente un aspect particulier. On sépare cette
partie, et le reste, coupé ou non en petits morceaux, constitue la matière première
d'où Ton retire les solutions concentrées de présure employées dans la préparation
des fromages.
Avec des instruments analogues au hache-paille, on découpe les caillettes sèches
en toutes petites lanières que l'on met à digérer à froid dans une eau limpide et pure,
mais il faut le faire à 30** ou 35** (Duclaux). A plus basse température il faut aider à
l'action par celle des acides minéraux étendus ou des dissolutions salines moyenne-
ment concentrées. D'après M. Soxhlet, ce sont les dissolutions de 3 à 6 p. 100 de
REVUS GKMBBALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE. — 9' LIVRAISON. — MAI I9O7. 9
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178 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
sel marin qui conviennent le mieux pour cela : on prend deux à trois estomacs, pesant
environ à l'état sec, lorsque la portion voisine du pylore a été retranchée, de 60 à
80 grammes et on les met macérer pendant cinq jours, à la température ordinaire,
dans un litre d'eau contenant 5 p. 100 de sel marin. Au bout de ce temps, on a une
solution pouvant coaguler en 40 minutes à 35**, environ 10.000 fois son volume de
lait, et Ton peut en doubler et même en tripler la force en y faisant macérer une nou-
velle quantité de muqueuse stomacale.
Il faut prendre les plus grandes précautions de propreté pour se préserver des
fermentations putrides. Pour éviter l'apparition des ferments, Soxhlet recommande
d'ajouter au liquide ci-dessus 4 % d'acide borique et d'y introduire l'estomac en
petits morceaux de i centimètre carré. On agite fréquemment pendant les cinq jours
que dure la macération, on ajoute ensuite à nouveau 5 % de sel marin et on filtre. On
obtient ainsi une très bonne et très active présure commerciale. (Duclaux.)
Certains antiseptiques autres peuvent être ajoutés à la dissolution, tels l'alcool,
la glycérine. Chaque fabricant a ses formules préférées. Il faut que les acheteurs se
mettent en garde contre les présures d'une acidité trop grande. Certains fabricants
peu scrupuleux acidifient leur présure, afin d'en augmenter la force à peu de
frais; l'acide chlorhydrique a été employé à cet usage. Il est presque inutile de dire
que cette pratique est déloyale et absolument contraire aux intérêts du fromager. On
s'en convaincra en se rappelant que les caillés à la présure et les caillés à l'acide ont
des origines tout opposées et partant des propriétés toutes différentes.
Lorsqu'une formule de préparation a été reconnue bonne et adoptée, le reste de
la fabrication de la présure ne consiste qu'en des filtrations plus ou moins répétées
en vue d'obtenir, ce qui est indispensable, des liquides d'une limpidité parfaite.
On filtre la dissolution de présure contenant encore des lanières de caillettes en sus-
pension, après une macération à la température ordinaire d'une durée de 24 heures
environ, sur des filtres de papier soit disposés comme les filtres de laboratoire, soit
montés en filtre-presse et on reprend ensuite par l'eau les filtres et les débris organi-
ques pour les relaver de nouveau et les passer au filtre-presse à toile. On se
procure ainsi une présure n** 2 beaucoup plus étendue que la première et
qui sert, soit à la macération de lanières neuves, soit à l'ajustage de la pré-
sure n** I. Cet ajustage a pour but de régler la force de la présure, il ne
se fait qu'un mois ou deux après la fabrication à cause d'une rétrogradation
de la force qui dure pendant un certain temps, avant d'aboutir à un état d'équilibre
à peu près stable.
De la présure préparée par exemple à la force de 13 à 14.000 tombe peu à peu
à 12 et 1 1 .000, puis se fixe à peu près aux environs de 10.000.
C'est pour l'avoir à peu près exactement à ce chiffre courant dans les habitudes
du commerce, qu'on la rehausse au moment de l'embouteillage définitif par des pré-
sures plus fortes ou qu'on l'affaiblit par des dilutions. (Lezé.)
Pour obtenir la présure la plus pure possible, Hammarsten recommande le pro-
cédé suivant:
On commence par faire macérer la muqueuse comme à l'ordinaire, dans de l'eau
acidulée avec de l'acide chlorhydrique. On neutralise ensuite l'infusion et on l'agite
à diverses reprises avec du carbonate de magnésie qu'on renouvelle jusqu'à ce que
la pepsine soit précipitée. Le liquide filtré encore très actif sur le lait est précipité
par l'acétate de plomb, et le précipité, délayé dans de l'acide sulfurique très étendu,
est jeté sur un filtre. Le liquide limpide qui coule de l'entonnoir est reçu dans une
solution de savon de stéarine. La présure se précipite avec les acides gras. Ceux-ci
délayés dans l'eau et agités avec de l'éther, se dissolvent et sont éliminés. La présure
reste dans l'eau et on peut la reprécipiter par l'alcool.
Rien n'assure, bien entendu, qu'elle soit pure. Cependant on peut remarquer
qu'elle ne fournit pas les réactions des matières albuminoïdes.Comme toutes les dias-
tases, elle est d'autant plus fragile qu'elle est plus pure.
On peut aussi se servir des méthodes générales de précipitation des diastases,
telles que les méthodes par le phosphate de chaux. Mais il serait plus intéressant de
l'obtenir exempte de pepsine et de caséase, diastases que contiennent plus ou moins
les présures commerciales.
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L. GROGNOT. — L'ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DE LA PRÉSURE 179
Présures végétales. — On a signalé la présure dans une quantité de plantes,
telles les suivantes :
Suc du figuier: Fleurs d^ artichaut, dont 5 grammes peuvent coaguler lop gram-
mes de lait à 25 et 30** ; Galium verum ; Pinguicula vulgaris ou granette ; Varyca
papaya qui tient aussi de la trypsine; ananas tenant aussi de la trypsine; Witania
coagulans dans les graines et dont la présure peut être extraite par la glycérine ou
par une solution moyennement concentrée de sel marin, cette présure à une activité
comparable à celle des présures commerciales ; Datura stramonium et Pisum sali-
vum dont les semences contiennent de la présure; Lupinus hirsutus, Ricinus corn-
munis qui contiennent aussi de la trypsine dans les semences en germination ;
naras {acanthosicyos horrida) renferme aussi de la présure dans le péricarpe, la
pulpe et le suc de ses fruits mûrs.
Présures microbiennes. — Duclaux a fait voir que la présure était sécrétée par
tous les microbes qui peuvent attaquer la caséine et qui ne la dissolvent qu'après
ravoir d'abord amenée à l'état de coagulum mou. La présure de cette origine est d'or-
dinaire beaucoup plus mélangée de caséase que celle qu'on retire des animaux. Nous
noterons seulement que 30 milligrames de cellules vivantes de Tyrrotrix tenuis sécrè-
tent assez de présure pour coaguler 1.800 litres de lait. Le Bacillus prodigiosus
serait aussi un ferment lab.
Sérum se comportant comme les présures. — M. Schutze en injectant sous la peau
des lapins, à 6 ou 8 reprises, espacées de3à4Jours, 10 pc. à 20 ce. de lait de vache
chaque fois, obtient un sérum précipitant le lait de vache, mais ne précipitant pas
le lait de chèvre ou de femme. — En injectant le lait de femme, il obtient un sérum
précipitant le lait de femme, mais ne précipitant pas le lait de vache ou de chèvre. —
En injectant du lait de chèvre, il obtient un sérum précipitant le lait de chèvre,
mais non celui de vache ou de femme. Il peut se faire que ceci soit dû simplement
aux variations du milieu et non à des caséines différentes. Le sérum capable de préci-
piter le lait de vache ne peut plus le précipiter aussi bien, aussi abondamment,
quand ce lait a été maintenu 1/2 heure à l'autoclave à une température non indiquée.
Une action inverse de la présure est fort intéressante. Si on injecte de la présure
dans les veines d'un lapin, il se forme un anticorps qui empêche les effets de la pré-
sure, si on l'ajoute à un lait sur lequel on fait agir la présure. Cet anticorps se trouve
normalement dans le sérum du sang de cheval en assez grande quantité; de sorte
que ce sérum arrête l'action de la présure.
Acides et sels se comportant comme présure. — On sait que les acides minéraux,
chlorhydrique, sulfurique, etc., précipitent le lait écrémé. Si on neutralise la liqueur
par des alcalis, le précipité formé se redissout. L'acide acétique et l'acide
lactique séparent la caséine du lait écrémé. Si par l'acide oxalique ou fluor-
hydrique ou fluorures solubles on enlève la chaux existant dans le lait, il ne
précipite plus de caséine sous l'effet de la présure. Les sels de chaux ont donc une
action prépondérante dans les phénomènes de la coagulation. L'accélération produite
par le chlorure de calcium est très sensible avec un gramme de sel cristallisé par litre,
correspondant à un peu plus de 1/2 gramme de sel anhydre le lait se coagule deux
fois plus vite.
La coagulation avec l'acide est continue et augmente plus rapidement que la
dose. Lorsqu'on ajoute au contraire un excès de chlorure de calcium, et qu'on arrive
à des doses de 50 à 100 grammes par litre, c'est un ralentissement dans l'action de
la présure qu'on observe au lieu d'une accélération.
La précipitation de la caséine par voie des acides seuls ne peut donner de caséine
propre à la fabrication des fromages, mais seulement des caséines pour l'industrie.
Mais l'action de la présure peut être augmentée par l'action des acides tels que l'acide
lactique et c'est précisément cet acide qui se développe par voie de fermentation dans
le lait que l'on fait coaguler et plus le temps de coagulation est long, plus il y a d'a-
cide lactiqtie formé. Cet acide jouant plus tard un rôle favorable dans la liaison de la
pâte des fromages.
Nous rappellerons que suivant la théore des colloïdes de ^. Henri : i ** la précipi-
tation des colloïdes négatifs dépend du cathion ; celle des colloïdes positifs dépend de
l'anion des colloïdes précipitants ; 2** que le pouvoir précipitant d'un électrolyte
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i8o REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
dépend du nombre des ions précipitants libres ; y qu'il augmente considérable-
ment avec la valence de l'ion précipitant. C'est pourquoi probablement le chlorure
de calcium â une action aussi favorisante.
Coagulation par la présure. — Il n'y a dans le lait que de la caséine à divers états
de dissolution, apparente d'abord, réelle ensuite, depuis la caséine en suspension qui
tombe par le repos au fond des vases, jusquà la caséine passant au travers des filtres
de porcelaine. Brièvement le lait est un liquide renfermant des éléments en solu-
tion et des éléments en suspension. Les premiers sont le sucre de lait, les sels alcalins,
la moitié du phosphate de chaux, un dixième environ de la caséine : les éléments en
suspension sont le restant du phosphate de chaux et de la caséine et les globules gras
émulsionnés. Les divers éléments de ce système complexe sont en équilibre et on
atteint, au moment de la traite,un état quasi définitif que ne modifient, ni l'action du
temps, ni celle de la chaleur. Les véritables agents des transformations des matières
grasses sont l'oxygène d'abord, la lumière ensuite. Ceux de la caséine sont les dias-
tases, la présure qui augmente le degré de cohérence de la caséine en suspension et
permet de la séparer par des moyens mécaniques, la caséase^ qui transforme, au con-
traire, la caséine en suspension en caséine dissoute.
M. R. Lezé compare la caséine du lait à un sac membraneux ayant un contenu
supposé identique de composition à la membrane et flottant dans un milieu ambiant,
les actions d'osmose et d'exosmose pouvant avoir lieu à travers la membrane du sac.
L'état d'équilibre admis à l'origine peut être modifié par un changement dans les
uns ou dans les autres des corps en présence et tout l'ensemble se transforme alors
en recherchant un nouvel état d'équilibre.
Si par exemple le milieu ambiant subit un changement de composition, immédia-
tement interviennent des phénomènes d'osmose, le sac augmente ou diminue de
volume, son contenu qui devient ou plus grand, ou plus petit, change de composition
et tend vers la composition du liquide ambiant ; alors le sac lui-même, momentané-
ment distendu ou contracté, tend à revenir à sa tension ou son volume primitif. Il y a
donc dans les phénomènes d'osmose ainsi présentés un très curieux maximum (ou
minimum) puis un retour à l'état initial. Prenons un sac rempli d'une dissolution
sucrée et plongeons-le dans l'eau distillée, le sac va augmenter de volume tout
d'abord, mais :
I** Le courant d'endosmose devient avec le temps de plus en plus faible puisque
le liquide intérieur s'appauvrit en sucre et que le liquide extérieur s'enrichit.
2** Le courant d'exosmose devient de plus en plus fort.
Il arrive donc un moment où la composition des liquides étant devenue la même,
les phénomènes d'osmose cessent et alors le sac se contracte lentement sous l'in-
fluence de sa seule élasticité en expulsant son liquide en excès de pression, et un der-
nier état d'équilibre s'établit dans une dissolution sucrée de concentration moyenne.
La caséine floconneuse du lait fonctionne bien comme ces sacs membraneux, sous
l'influence de la présure qui peut avoir une activité considérable, puisqu'il existe
des présures susceptibles de cailler 5 à 600.000 fois leur poids de lait.
L'action coagulatrice de la présure sur le lait met bien en évidence la structure
physique de la caséine .
Entre certaines limites de température de 20** à 38*, par exemple, cette action est
activée par la chaleur comme tous les phénomènes de l'osmose en général, parce que
la chaleur diminue la viscosité ou augmente la fluidité, mais cet accroissement passe
par un maximum dans les environs de 38** et tout phénomène cesse vers 50^ ou 52'.
Nous avons ici deux corps en présence, le liquide ambiant dont la présure exalte
la puissance osmotique ; puis la caséine qui, elle, au contraire, tend par la chaleur à se
contracter, h devenir plastique et imperméake. L'une ou l'autre de ces actions est do-
minante: entre 20** et 38**, c'est le liquide ambiant qui est plus spécialement modi-
fié, mais au-dessus de 38**, c'est la transformation de la caséine qui s'accentue et la
kératinisation de l'enveloppe a pour effet de ralentir les phénomènes de l'osmose.
Le lait se coagule, le caillé se fait exactement suivant le processus que la théorie
indique :
i** Le phénomène demande du temps et il est particulièrement net lorsqu'on
fait agir la présure sur du lait chauffé de 32** à 38*» et qu'on en proportionne la quan-
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L. GROGNOT. — L'ETAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DE LA PRESURE i8i
tité dételle sorte que le caillé se prenne dans un temps variant de quelques minutes
à trois quarts d'heure ou une heure environ.
Trente à quarante minutes constituent une bonne moyenne pour ces études et Ton
a même l'habitude d'évaluer la force d'une présure en cherchant le poids de lait que
peut coaguler i gramme de présure ; l'action se passant à 35** et durant quarante mi-
nutes.
Les présures courantes du commerce coagulent environ 10.000 fois leur poids de
lait; on dit que leur force est 10.000. L'expérience prouve: i'' que la coagulation est
d'autant plus rapide que la température est plus élevée entre les limites de 20** et 38®,
puis: 2** que la coagulation est d'autant plus rapide que l'on emploie plus de présure,
aussi entre certaines limites, par exemple si i litre.de présure coagule 10.000 litres
de lait à 35®, en quarante minutes, 2 litres de présure coaguleront en vingt minutes,
10 litres en quatre minutes ; 330 centimètres cubes en deux heures seulement, etc.
Mais ce n'est guère qu'entre ces limites de 300 ce. à 10 litres que la proportionna-
lité se vérifie d'une façon à peu près satisfaisante.
Si l'on met trop peu de présure, la coagulation est fort retardée; il se peut même
qu'elle ne se fasse pas par réabsorption de la diastase; si l'on met trop de réactif,
15 litres, 20 litres..., les caillés deviennent granuleux et de moins en moins nets.
Ces notions une fois acquises, vont nous permettre de suivre et d'expliquer ce qui
se passe dans l'a coagulation du lait par la présure.
Prenons i gramme de. présure à 10.000 et faisons-le réagir sur 10 litres de lait
chauffés à 35* ; dans ces conditions la coagulation doit se faire à peu près en quarante
minutes.
Le mélange de présure et de lait étant tout d'abord bien agité pour que la dias-
tase soit uniformément répandue dans toute la masse, on abandonne le vase au
repos, en maintenant la température constante à 35**.
Il ne faut pas agiter le liquide pendant que la réaction s'accomplit, sans quoi on
n'aurait pas une prise en masse, mais bien un caillé grumeleux et mal séparé.
Mais si le liquide est resté calme et à température constante, il semble dans les
30 ou 35 premières minutes qu'aucune réaction ne se produit. A un certain moment,
cependant le lait devient moins coulant, puis les événements se précipitent ; presque
aussitôt après la constatation de la diminution de fluidité, le liquide commence à s'at-
tacher aux parois du vase, puis la prise se produit; l'état franchement liquide a dis-
paru et toute la masse a pris la consistance mobile et flasque de certaines gelées de
viande ou de fruits.
Les petits sacs de caséine ont dû se gonfler peu à peu ; le liquide ambiant s'est
endosmose en totalité.
Si c'est bien ainsi que les choses se sont passées, il y a pendant un certain temps
un mouvement d'accroissement du volume des sacs, puis enfin un arrêt dans leur dé-
veloppement au moment de la prise. Il a donc dû se produire à ce moment d'arrêt
une augmentation de chaleur par suite de la transformation de l'énergie mécanique.
On constate en effet, sur des caillés industriels de plusieurs centaines de litres de
lait, une élévation de température de quelques dixièmes de degrés au moment de la
prise en masse.
Quand le caillé est pris, les phénomènes ne s'arrêtent pas, car celui-ci se con-
tracte en expulsant son sérum, mais les choses ne reviennent pas à l'état de premier
équilibre, l'enveloppe caséeuse a été modifiée sous l'influence du milieu, elle s'est
contractée, sa rigidité s'est accrue, le caillé est définitivement fait.
Si on vient à découper le caillé pris avec un couteau ou des réseaux de fils métalli-
ques, on ouvre les sacs gonflés et on favorise la sortie du sérum: c'est l'opération
industrielle du rompage du caillé.
Si avant d'emprésurer, on avait additionné d'eau le lait à traiter, on aurait, d'a-
près la théorie, retardé la coagulation. On peut prévoir cette conséquence, on l'expli-
que sans peine. Dans le liquide étendu d'eau, les sacs auront un plus grand volume
à occuper, le travail qu'ils vont avoir à accomplir sera plus considérable ; la coagu-
lation se fera plus lentement, elle sera retardée.
Et môme il se peut que l'addition d'eau étant trop forte, les sacs ne puissent pas
arriver à remplir tout l'espace, le lait ne se coagulera pas.
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i82 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Nous comprenons dès maintenant, dans cet ordre d'idées , la mobilité, la fragi-
lité de ce liquide sensibilisé qu'on nomme le lait. La moindre influence extérieure,
tout tend à modifier le frêle édifice et à le faire aller vers un nouvel équilibre.
D'après Duclaux : il n'y a pas du lait, il y a des laits ; chaque lait ayant suivant
les circonstances, une composition et un équilibre qui lui sont propres.
Si on ajoute au lait un corps avide d'eau, du sel, de l'alcool, par exemple, les
sacs vont tendre à se vider, à se contracter.
C'est l'enveloppe des sacs qui est précipitée et se rassemble rapidement au fond
du vase sous forme de précipité ne ressemblant pas au corps coagulé par la présure.
De même avec les sels de baryte, argent et plomb qui donnent un précipité,sans décom-
position. Ces sels se répartissent entre le filtrat et le précipité.
Il faut croire que si l'on ajoute un réactif R à du lait, tout se modifie, le liquide
ambiant, le sac et son contenu; les structures changent, les compositions chimiques
varient et, si on précipite la caséine-enveloppe, après addition d'un réactif R ,on a
une caséine R qui paraît nouvelle, un résidu R nouveau également, et c'est presque
indéfiniment que l'on arriverait à former de nouveaux albuminoïdes solides et inso-
lubles et d'autres qui resteraient en dissolution. D'autre part, les microbes ont pu ap-
porter en même temps leur action et un lait vierge de présure, alors même que la
coagulation ne s'est pas produite, est touché; l'acide lactique a modifié les enve-
loppes des sacs caséeux.
La complication apparaît encore plus grande lorsqu'on fait agir préalablement
des corps qui ont une action sur la caséine, les alcalis, les phosphates alcalins, le
borax, etc. Tous corps qui peuvent servir à reémulsionner la caséine précipitée.
(R. Lezé. Préparation et Maturation des caillés de fromagerie).
On a aussi envisagé la coagulation comme un phénomène de soudure molécu-
laire. Les matières albuminoïdes, d'après les travaux de Graham ont une grosseur
moléculaire considérable, c'est-à-dire que leurs molécules peuvent se souder de façon
à former des complexes volumineux à mesure que le liquide se coagule, de sorte qu'à
pousser les choses à l'extrême, toute la caséine d'un lait formerait un molécule uni-
que, résultant de la soudure de toutes les molécules, lorsque le lait est caillé. La théorie
des soudures chimiques entre les molécules n'est appuyée par aucune expérience pré-
cise, nous en conclurons que rien ne nous invite à l'accepter (Duclaux).
Il resterait à envisager une autre théorie de la coagulation dans laquelle on admet
que la substance qui se coagule ne le fait que parce qu'elle quitte une combinaison
déjà faite, ou qu'elle entre dans une combinaison nouvelle. C'est ainsi, par exemple,
que pour Hammarsten, la caséine du lait, qu'il considère comme soluble, se dédou-
ble sous l'influence de la présure en coagulum insoluble et en protéine soluble. Pour
MM. Arthus et Pages, l'insolubilité du caséum résulterait d'une combinaison avec
les sels de chaux.
D'autres ont rapproché la caséine des albuminates: comme dans le lait se trouve
aussi à côté du phosphate de potasse, du sucre de lait et une matière grasse, cela suffi-
rait pour expliquer pourquoi la caséine du lait se comporte d'une manière différente
de celle de l'albuminate de potasse pur, et il ne resterait, comme caractère particu-
lier, que la coagulation de la caséine par la présure, regardée pendant longtemps
comme caractéristique. Mais si l'on ajoute à l'albuminate de potasse un peu de sucre
de lait et une trace de matière grasse huileuse, la présure donne lieu, à 30** ou 40®, à
une coagulation tout à fait semblable à celle qu'éprouve le lait sous l'influence
de ce corps. D'après cela, il semble que l'action de la présure consiste simplement à
hâter le dédoublement du sucre de lait, c'est-à-dire l'acidification du liquide. Mais,
malgré tout, deux faits s'opposent à ce que l'on puisse admettre la complète identité
de l'albuminate de potasse et de la caséine ; les solutions d'albuminate de potasse
peuvent être filtrées à travers l'argile, tandis que en soumettant le lait au même traite-
ment, il ne passe pas de caséine dans le liquide filtré ; lorsqu'on ajoute au lait des
carbonates alcalins et qu'on chauffe, la caséine se coagule, tandis qu'une addition
de ce même corps à une solution d'albuminate de potasse ne donne lieu à la coagula-
tion de celle-ci ni à froid, ni à chaud (D' E. de Gorup-Besanez. Traité d'analyse
zoochimique).
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L. GROGNOT. - L'ETAT ACTUEL DE L^INDUSTRIE DE LA PRESURE i83
D'après Hammarsten une présure très purifiée par son procédé ne fournissait pas
la réaction des albuminoïdes.
Une présure concentrée de Soxhlet qui coagulait 50.000 fois son poids de lait à
35® en 40 minutes, ne contenait pas plus de 8,1 pour 100 de matières organiques en
solution.
Il faut peu de formol pour empêcher la coagulation du lait ; i gr« 6 par litre
suffit.
Suivant A. Scala : i** L'acide phosphorique n'est pas combiné à la diastase de
la présure sous forme d'éther, mais il forme des sels avec les groupes aminiques.
2* Le composé mercurique de la diastase est un produit de substitution du mer-
cure à l'hydrogène des groupes aminiques.
3* La diastase est une albumose, qui s'oxyde facilement en perdant les groupes
aminiques, auxquels sont dues les propriétés de la présure. En présence d'acides,
l'oxydation de la diastase est moins facile (Revue générale de Chimie pure et appli-
quée, 26 juin 1904, page 259).
Tiiration de la présure. — Le titrage de la présure n'est pas une chose bien mathé-
matique, car elle varie suivant les laits; ce n'est donc qu 'approximativement que
l'on établit le dosage d'une présure.
La force de la présure est déterminée à 35"*, c'est-à-dire qu'on la fait agir sur du
lait sain et récemment tiré maintenu à cette température bien constante ; on peut pren-
dre par exemple pour 100 ce. de lait tiède, i ce. de la présure à essayer, préalable-
ment étendue au dixième par de l'eau distillée. C'est-à-dire qu'en résumé on fait agir
I de présure sur i.ooo de lait et si la force est de 10.000 la présure doit coaguler en
quatre minutes.
Si la coagulation se fait en 200 secondes au lieu de 240 la force est de— ^ x 10.000
^ ^ 200
ou 12.000; etc.
M. Marshall, en Amérique, a imaginé un dispositif assez ingénieux pour l'çxé-
cution de ces essais.
Son appareil consiste en un vase gradué et percé d'un petit trou à la partie infé-
rieure. On remplit le vase de lait à 35** ; ce lait s'écoule lentement et quand le niveau
passe devant un repère O, on ajoute une quantité dosée de présure qu'on mélange
intimement.
L'écoulement se poursuit, mais sous l'action de la présure, il se ralentit puis s'ar-
rête. Il est clair qu'il a coulé d'autant moins de lait que la présure était plus forte.
La force de 10.000 est assez commode en pratique, mais les présures liquides
sont parfois peu stables, elles sont sujettes à des décompositions putrides qui rendent
ces substances impropres à tout emploi.
On a imaginé, pour remédier à ce danger, de dessécher les dissolutions ou de pré-
cipiter les diastases avec l'aide du sel ou par des phosphates et l'on parvient alors à
livrer au commerce des présures solides, d'une conservation très longue et d'une
force considérable : on a préparé de ces présures qui coagulent jusqu'à 300.000 et
même 600.000 fois leur poids de lait.
Elles sont présentées sous forme de capsules ou de pastilles dont les poids sont
constants et la force constante également et rigoureusement dosée. On prépare alors
instantanément au moment de l'emploi, des dissolutions de présure titrées avec grande
exactitude, par simple dissolution d'une ou de plusieurs pastilles dans un volume
d'eau déterminé.
Les présures liquides subissent une rétrogradation de titre qui dure environ deux
mois, au bout desquels la force reste à peu près constante. Cette rétrogradation est
plus prononcée avec les dissolutions concentrées qu'avec les présures faibles. Aussi
quand on prépare lés présures industrielles, tâche-t-on d'arriver du premier coup à
des liquides coagulants de 15 à 18.000 fois leur poids de lait. D'après les expériences
de M. Soxhlet, ces solutions perdent 30 pour cent de leur force dans les deux pre-
miers mois, dans les premiers jours, assez vite, plus tard plus lentement, et devien-
nent ensuite constantes pendant huit mois. 11 faut sans doute attribuer ce fait à une
oxydation. Cependant É. Duclaux a toujours vu une dissolution étendue d'urte pré-
sure quelconque s'affaiblir plus vite que la solution concentrée.
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i84 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Au point de vue de la conservation de la.présure^ la glycérine n'a aucune action
sur cette diastase; c'est donc le meilleur agent conservateur, avec le sel marin. L'a-
cide borique ne doit être employé qu'à faibles doses. Tant que la proportion de
présure dans le lait ne dépasse pas 1/5000, l'influence des matériaux qu'elle apporte
(sel marin, acide borique, borax) est négligeable. Elle ne l'est plus quand la propor-
tion de présure atteint 1/500 et au-dessus. Le mélange qui se coagule n'est plus du
lait, et, en effet, on trouve que le coagulum reste mou, ne devient pas consistant, ne
se colle pas aux parois du vase.
Il va sans dire que l'embouteillage en litres ou en fûts doit se faire avec les plus
grands soins, pour éviter l'altération de ce produit si délicat.
Le Danemark exporte en France et autres pays de fortes quantités de présure
qui sont assez recherchées ; mais nous avons en France plusieurs maisons qui font cet
article sur une très grande échelle et dont la fabrication est parfaitement faite, telle
la maison Fabrê et O* d'Aubervilliers qui vend ses produits dans le monde entier.
Cette industrie de la présure qui dépend d'une diastase très sensible, dont l'action
est encore obscure, sera peut-être un jour remplacée par des produits moins sensibles,
peut-être purement chimiques, à la manière de ceux que M. Bertrand nous a fait
connaître faisant fonction d'oxydase.
Le Camphre, les Terpènes
et la synthèse du Camphre"
Par André DUBOSC.
A partir de 1900, personne ne put faire du camphre à Formose sans une
licence du gouvernement et en prenant l'engagement de lui livrer toute sa pro-
duction à un prix fixé par les bureaux de contrôle et d'achat. Ces derniers furent
installés à Taipeh, à Teckham, à Miori, à Taichu, à Rinkeho et à Giran. Le prix
initial d'achat du camphre brut au producteur fut fixé à 35 yens le picul, soit
environ. 130 francs les 100 kgs, rendus à Taipeh, un maximum de production
étant fixé à chaque fabricant. Le prix fut trouvé si bas que bon nombre de pro-
ducteurs renoncèrent à la fabrication et le gouvernement obtint ainsi, sans mesu-
res de force, la fermeture de certains établissements qui eussent pu le gêner dans
son projet de régularisation du marché. Il arrivait ainsi, du premier coup,
à maintenir une production suffisamment restreinte pour qu'il n'y eut pas encom-
brement et par conséquent baisse de prix. D'ailleurs, en 1900, il achetait 1.570 ton-
nes de camphre brut pour une valeur de 2 millions 1/2, qu'après raffinage il réex-
portait pour une valeur de 8.750.000 francs, le bénéfice réalisé, frais d'exploitation
mis à part, représentait plus de 5.000.000 de francs. L'opération avait été aussi
fructueuse sur l'huile de camphre, les 1.200 tonnes achetées 850.000 francs ayant
été revendues i .350.000 francs. Nous avons dit plus haut que le camphre de Formose
avait, vers 1894, perdu beaucoup de sa valeur marchande en raison de sa mauvaise
qualité : en vue de relever cette qualité, on créa à Taipeh, où étaient centralisés
tous les achats de camphre, une raffinerie d'Etat où le produit brut fut débarrassé
de son eau, de son huile et de ses autres impuretés, soit, suivant la classification
du produit brut, divisé en trois catégories par les bureaux d'achat, par distillation,
soit par pression : on ne livra plus qu'un produit sec et comprimé sous les mar-
ques A et B. L'huile brute, qui contient environ 25 % de camphre, fut également
traitée à Taipeh, en vue de la décamphration. On perfectionna l'emballage en subs-
tituant aux anciennes tinettes de robustes caisses en bois de pin, doublées de métal
I. Pour la première partie de cet article, voyez R. G. C, 1907, 10, 162.
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A. DUBOSC. — LE CAMPHRE, LES TERPENES i85
de façon à éviter toute perte par évaporation ; le camphre B, simplement com-
primé à la presse hydraulique, était livré en pains de lo kins (5 kilos environ)
enveloppés de papier paraffiné, dix pains formant une caisse ; le camphre raffiné
A, comprimé après sublimation en pains de 500 grs, était livré en boîtes de fer
blanc, estampées à la marque du gouvernement japonais, cent boîtes formant une
caisse. Les bureaux de vente envoyèrent dans tous les centres de consommation,
par l'intermédiaire des consulats et des légations, des échantillons types qui
devaient servir de bases pour les marchés futurs. Les procédés d'extraction sur
place furent successivement perfectionnés: aux sets on substitua tout d'abord les
fours de campagne qui sont construits de la façon suivante: ils sont constitués par
un fourneau grossièrement construit en pierres et en argile, d'une élévation d'un
mètre au-dessus du spl et servant à chauffer au bois un grand chaudron de fonte
qu'alimente constamment d'eau un réservoir muni d'un robinet. Ce chaudron est
surmonté d'un barillet rempli de fragments de camphrier. Un tube de bambou
part de la partie supérieure du barillet et aboutit à une boîte étanche qui sert de
condenseur; l'appareil est soigneusement luté à l'argile. Quand il est prêt, on allume
le feu, la vapeur d'eau traversant le barillet se charge de camphre et d'huile
qui viennent se déposer dans le condenseur. Dans le voisinage des côtes, et sur-
tout dans le Nord, on préconisa l'emploi de procédés encore plus perfectionnés et
voisins de ceux employés par les Américains en Floride. Le camphrier est réduit
en copeaux, à l'aide de raboteuses mécaniques assez semblables à celles que l'on
emploie pour la préparation de la pâte de bois, ou du campêche, la pulpe ainsi
obtenue est placée dans un réservoir métallique relié à un condenseur muni d'un
double fond où circule un courant d'eau froide. Le bois est soumis à l'action de
la vapeur surchauffée qui lui enlève jusqu'aux moindres traces de camphre et
d'huiles. Il y a actuellement à Formose environ 1.400 appareils de ce genre en
service. Les résultats de cette politique, habile ne furent pas longs à se faire sen-
tir: en décembre 1899, ^^ production mensuelle était de 130.000 kilos de camphre,
répondant aux trois types admis à l'achat par le gouvernement; en mars 1900, elle
passait à 165.000 kilos. Aussi, au mois de mars 1900, le gouvernement japonais,
sûr de sa production et de la qualité de ses produits, informait les intéressés
japonais et étrangers qu'il offrait la ferme de la vente générale. Les conditions
étaient les suivantes. « Le fermier doit transporter le camphre aux marchés de
Londres, Hambourg, New- York et Hong-Kong, et en prendre chaque année 30 à
50.000 piculs (2.000 à 3.500 tonnes) au gouvernement. Le camphre se vend sous deux
formes, A qui est le camphre purifié et comprimé, B qui est le camphre brut
pressé. Si la quantité livrée au fermier dans une année dépasse 50.000 piculs
(3*500 tonnes) le prix de l'excès est à débattre entre le gouvernenient et le fer-
mier.
Le gouvernement prépare, emballe le camphre et le livre prêt à être exporté ;
le fermier ne peut modifier en aucune façon l'emballage. L'agent peut établir
dans les principaux marchés des magasins lui permettant de toujours satisfaire
à la demande. Le gouvernement se réserve le droit de vendre du camphre à d'autres
personnes qu'au fermier, au même prix qu'à celui-ci, si le camphre est employé
au Japon et si cette vente ne peut influer sur la quantité minimum à livrer au fer-
mier. Le fermier doit fournir caution. Le gouvernement se réserve en outre d'in-
tervenir si le fermier, par des actions d'intérêt personnel inconvenantes ou de
nature illégale, tend à lui faire du tort en ce qui concerne le dit monopole. » La
ferme fut acquise pour dix ans par la maison anglaise Samuel et C**, de Londres,
contre la remise de 2.000.000 de yens, soit 10.000.000 de francs — et sous l'enga-
gement d'un capital de 17.500.000 francs dans l'affaire. — Les prix fixés par elle
furent les suivants: « Camphre A ou pur, livré en boîtes, à Londres, Hambourg
et New- York: 8 fr. 10 le kilo (107 yens le picul), prix auquel il faut ajouter les
droits de douane; à Hong-Kong: 7 ir. 57 le kilo (102 yens le picul). Pour le
camphre brut B, le prix franco Londres, Hambourg ou Paris fut 7 fr. 35 le kilo
(99 yens le picul). MM. SAARJELet C* payaient au gouvernement japonais le camphre
brut 85 yens le picul, soit 6 fr. 43 le kilo et le camphre raffiné 95 yens le picul, soit
7 fr. 35 le kilo, franco bord Kobé. Il est assez difficile d'étabïir avec certitude le
montant des bénéfices que le gouvernement japonais a retiré du monopole^ cepen-
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i86 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
dant, la production annuelle de Formose étant d'environ 30.000 piculs,. soit
2.574 tonnes, le prix de revient: moyen étant de 54 yens 1/2 le picul, soit 4 fr. 13
le kilo, on estime qu'il y aurait un bénéfice de 34 yens par picul, soit 2 fr. 60 par
kilo, le cours se maintenant à 88 yens 1/2 le picul. De ce chef, l'Etat encaisserait
donc le coquet bénéfice de 6.652.000 francs. En ajoutant les bénéfices des intermé-
diaires, les frais de transport en Europe ou en Amérique, le prix du camphre
depuis le monopole ressort à 100 yens le picul, soit 7 fr. 75 le kilo. Cette indica-
tion est de certaine importance, car si de ce chiffre on déduit le bénéfice prélevé
par l'Etat on voit que la cote minima du camphre, rendu aux usines de consom-
mation, ne peut être inférieure à 5 fr. 15 et au point de vue industriel, c'est sur
<:e prix que l'on doit se baser au point de vue de la préparation du produit par
voie de synthèse. Tout procédé donnant le camphre à un prix inférieur à 5 francs
le kilo sera industriellement intéressant, les méthodes dépassant ce revient peuvent
être scientifiquement curieuses, mais elles n'ont aucune chance d'arriver à un résul-
tat pratique, à moins toutefois que la consommation ne devienne telle que la pro-
duction naturelle ne puisse satisfaire à la demande. D'après le Taiwan Kicki Nachi
Schimpo, la consommation mondiale en 1900 était de 78.000 piculs, soit 5.148 ton-
nes et la totalité de l'exportation à provenir tant de Formose que du Japon, si on
voulait ménager les forêts et maintenir constante la production, ne pouvait avant
cinquante ans, laps de temps nécessaire pour que les plantations nouvelles tus-
sent devenues exploitables, dépasser annuellement 50.000 piculs, soit 3.300 tonnes.
Depuis 1900, la consommation mondiale a grandi et la production n'a point sen-
siblement augmenté à Formose et au Japon, comme le prouve le relevé suivant
fourni par les douanes japonaises.
CAMPHRE
Formose Japon Total Huile Exportation
1900 2.250.000 kgs 1.650.000 kgs 3.300.000 kgs » 3.230.000 kgs
1901 2.370.000 kgs 1. 133.000 kgs 3.503.000 kgs 817.000 kgs 3.352.000 kgs
1902 1.838.000 kgs 1.683.000 kgs 3.621.000 kgs 756.000 kgs 3.400.000 kgs
1903 2.035.000 kgs 1.474.000 kgs 3.509.000 kgs 806.000 kgs 3.360.000 kgs
1904 2.254.000 kgs 450.000 kgs 2.704.000 kgs 988.000 kgs 2.600.000 kgs
Il est résulté de cet état de choses que le cours du camphre a constamment
monté depuis l'établissement du monopole et que les prix ont été dictés non plus
par le marché de Londres, mais par le gouvernement japonais lui-même quî les a
modifiés à sa fantaisie. La diminution de production du Japon proprement dit,
pendant la guerre russo-japonaise, diminution constatable dans le tableau que
nous donnons plus haut, a encore raréfié l'article et la maison fermière a été for-
cée, en dépit de la hausse de la cote, de rationner ses acheteurs. Or, dans l'indus-
trie du celluloïd, qui est le gros consommateur du camphre, malgré le très grand
nombre de substituts présentés, comme l'acétone, la naphtaline, les naphtols,
aucun d'eux n'a pu remplacer le camphre qui est à la fois un dissolvant et un
plastique. Il s'explique donc que même à la paix les hautes cotes se soient main-
tenues et que plus d'un an après la signature du traité de Portsmouth,à l'heure actuelle
le prix du camphre ait encore monté. C'est à tort que l'on avait espéré une baisse
à la cessation des hostilités, baisse basée sur ce fait erroné que le camphre était
employé par les Japonais dans la préparation de leurs explosifs. Voici, d'ailleurs,
à ce sujet, la déclaration très nette de sir Frederick Abel, une autorité en matière
de poudres, telle qu'elle a paru dans le New Gardens Bulletin. « L'accroisse-
ment de la consommation du camphre, qui correspond à une hausse de prix, n'a
jamais eu pour cause l'application de ce produit à la fabrication d'explosifs. Le
camphre a été employé au début de la fabrication des poudres sans fumée, mais on
a vite constaté que cette substance présentait de grands désavantages et on peut
dire que son application n'est jamais sortie du domaine de l'expérience. Quoi qu'il
en soit, et même à cette époque déjà ancienne, les achats de camphre n'ont jamais
eu l'importance qu'on voulait bien leur donner ». En présence de ces heureux résul-
tats le gouvernement japonais a réglementé de la façon la plus complète l'exploi-
tation du. camphre à Formose, en promulguant, le 17 juin 1903, une loi nouvelle
dont voîcî les principaux dispositifs.
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A. DUBOSC. — LE CAMPHRE, LES TERPENES 187
<( Le gouvernement a le droit de monopole sur le camphre brut et Thuile de
camphre: quiconque en produit doit les remettre au gouvernement qui fixe Tépo-
que et le lieu de la remise. Il paie une indemnité fixée par lui et publiée à Tavance.
Ainsi, cette année, les prix sont :
Camphre de !'• qualité: 30 yens les 100 kins, soit 3 fr. le kilo.
Camphre de 2* qualité: 23 yens les 100 kins, soit 2 fr. 30 le kilo.
Camphre de 3* qualité: 21 yens les 100 kins, soit 2 fr. 10 le kilo.
Huile de camphre: 14 yena les 100 kins, soit i fr. 40 le kilo.
Personne n*est autorisé à avoir en sa possession, à détenir, employer ou
hypothéquer ces matières, qu'il est également défendu d'exporter à l'étranger.
Elles ne peuvent aller que de Formose au Vieux Japon, en s'embarquant dans
les ports désignés par le gouvernement. Quiconque désire fabriquer du camphre
brut ou de l'huile de camphre ou purifier du camphre, doit désigner l'emplacement
de l'usine, le nombre de fourneaux, l'estimation du poids de la production annuelle
ainsi que la date du commencement de la fabrication. Une autorisation est néces-
saire aussi bien pour fabriquer que pour cesser la fabrication. On ne peut s'occuper à
la fois de la préparation du camphre brut et de sa purification. Le gouvernement
a le droit de limiter la production selon la demande et l'état des stocks. Les pro-
ducteurs doivent tenir tous leurs livres à la disposition des agents du contrôle
qui ont droit de visite à tous instants. Le camphre et l'huile qui n'ont pas été ven-
dus à l'Etat sont saisis, quiconque les détient est punissable. »
La situation actuelle à Formose est la suivante: la production arrivée sensi-
blement à son maximum, si on respecte les conditions de l'aménagement des
forêts, n'a point progressé, elle serait plutôt en diminution, bien que le dénombre-
ment des camphriers ait donné des résultats supérieurs à ceux que l'on attendait.
Le gouvernement a augmenté son usine de raffinage et en a perfectionné les pro-
cédés: il livre aujourd'hui trois sortes, la qualité A raffinée et formée de cam-
phre pur, la qualité BB, au titre de 97 % de C^^Hi^O et la qualité B au titre de
95 %. Le contrat Samuel et C*® a enfin été renouvelé au 31 mars 1906. En dépit
de tous les efforts faits pour obtenir une surproduction, la cote du camphre n'a
point baissé et la hausse a suivi une progression constante. La marchandise est
rare et les consommateurs dont les besoins vont sans cesse grandissants sont telle-
ment à la portion congrue qu'ils en arrivent à récupérer le carbonyle dans des
déchets que l'on brûlait jadis: sur le marché flottant, le camphre naturel fait
défaut.
Il nous reste maintenant à dire quelques mots sur le raffinage du camphre
et sur ses usages en dehors du celluloïd. Le raffinage fut pratiqué d'abord par les
Vénitiens qui traitaient du camphre de l'Inde, puis cette industrie passa en Hol-
lande vers la fin du xvii* siècle ; elle est aujourd'hui répandue partout, mais le plus
gros centre se trouve néanmoins à Hambourg où la maison Grosmann détient pres-
que le monopole du camphre raffiné. Les méthodes pour cette opération ont peu
varié. Si on désire du camphre très pur, après plusieurs recristallisations à l'éther
de pétrole, on le distille au bain de sable, dans des matras de terre, avec de la
chaux et de la limaille de fer qui fixe le peu de soufre qui est contenu dans le
produit brut. La température est portée jusqu'à 180®, point de fusion du carbo-
nyle, ce qui demande à peu près trois heures: à ce moment on dégarnit de sable
la partie supérieure du matras et on en bouche l'orifice avec un tampon de papier.
On pousse peu à peu la température à + 200** en évitant toute ébullition. Quand
le fond des matras paraît à sec, on arrête le feu, après une demi-heure de refroidis-
sement on les asperge d'eau et on les brise. Le camphre pur du Japon perd à cette
opération environ 1/4 %, le camphre de Chine 6 à 7 %. Le camphre raffiné anglais
se présente en cuvettes de 3 à 4 kilos , le camphre allemand et hollandais en
cuvettes et en tablettes comprimées de i kilo, le' camphre français en pains de
2 kilos. Aux matras de verre, susceptibles de bris fréquents, on a substitué, en
Angleterre, les appareils d'ATKiNSON, en fer et plomb, assez semblables à ceux que
l'on emploie dans la sublimation du sel ammoniac.
A côté du celluloïd, où se trouve son plus grand débouché, le camphre est
encore utilisé dans la fabrication des vernis, en pyrotechnie, pour la conservation
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i88 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
des draps et surtout en médecine et en pharmacie où U est la base de toutes les
préparations de Raspail. A haute dose, S à lo gr., c'est un toxique dangereux:
VoGEL qui Ta étudié au point de vue bactériologique, trouve qu'il ne tue pas Its
bactéries, mais que simplement il en empêche le développement, par contre il
active la germination. Paveri le recommande comme insecticide, ce qui te fait sou-
vent employer pour la conservation des étoffes et des fourrures, enfin Franzl a
trouvé que son addition à la nitro-glycérine la rend moins brisante. Tous ces em-
plois sont de faible importance et le grand consommateur reste surtout le fabricant
de celluloïd, dont l'industrie se trouve arrêtée en plein essor si ce produit lui man-
que ou si son prix devient inabordable. L'Allemagne qui est le plus grand pro-
ducteur de celluloïd absorbe 37 % de la production mondiale, l'Amérique 33 %,
l'Angleterre 10 %, les Indes 5 % et la France 15%. La consommation de ces dUvers
pays étant d'environ 6.000 tonnes, c'est une redevance de près de 50 millions de
francs qu'ils paient au Japon et aux pays d'Extrême-Orient chaque année: ori
s'explique alors aisément que le syndicat anglais des fabricants de celluloïd ait
offert un prix de 10.000 livres sterling à celui qui trouverait un procédé de syn-
thèse du camphre vraiment pratique et complètement industriel. Pour compléter
cette étude sur les camphres naturels, il nous faut encore parler des divers végé-
taux contenant ce carbonyle, mais en quantité trop faible pour que l'extraction en
puisse être actuellement rémunératrice. Ces produits se rencontrent dans un grand
nombre d'essences naturelles, mais ils ne représentent pas une matière identique
au camphre des laurinées, dont ils diffèrent la plupart du temps par le pouvoir
rotatoire. Bien plus, les essences de même origine ne donnent pas toujours le
même camphre, c'est ainsi que l'essence du romarin fournit des matières cam-
phrées pouvant accuser au polarimètre des valeurs très différentes. Ce ne sont que
des isomères divers du camphre normal..
Voici le relevé aussi complet que possible de ces divers camphres.
Le plus important est le camphre de matricaire ou camphre gauche, étudié dès
1848, par Dessaigne et Chautard. On l'extrait par cryoscopie, de l'essence de ma-
tricaire, plante assez commune dans les jardins, mais sa teneur en produit utile
est si faible que l'on ne peut songer à industrialiser son extraction. Puis viennent
le camphre de menthe ou pulegone, étudié par Prout, puis par Dumas ; c'est un
corps inactif au point de vue rotatoire et que l'on retrouve dans les essences de
thym, de romarin, d'aspic et de lavande ; le camphre d'aunée ou alantol, qui est
liquide et dont Gerhardt fit l'étude, l'eucalyptus isolé par Cloez des feuilles d'eu-
calpytus, les camphres de camomille et d'absinthe, celui de la menthe pouliot, puis
le myristicol extrait de la muscade, le camphre du pulegium micranthum et enfin le
fenehone ou fenone extrait du fenouil par Wallach et qui est peut-être le plus
intéressant de la série: nous aurons d'ailleurs à y revenir. La tanaisie contient
aussi le carbonyle C^^H^^O, il en est de même des plantes suivantes: l'aristolo-
che, riche surtout en bornéol, l'aspic, le basilic, le carvi, le genièvre, le gingembre,
ie kuromaji, le ledon, le matico, le pin pumilio et le pin silvestre, qui contiennent
surtout de l'acétate de bornyle, le pyrèthre, les divers sapins, la sariette, le sassa-
fras, les thyms et la valériane. Tous ces camphres ont une composition et des
propriétés identiques sensiblement à celui des laurinées, il est à côté d'autres corps
auxquels on a donné improprement le nom de camphre et dont la composition ne
correspond pas à la formule brute C^^H^^O, ce sont des homologues et non des iso-
mères qu'il est cependant bon de citer. Tels sont le camphre de cèdre, produit
cristallisé extrait de l'essence de cèdre par Walter, le camphre de cubèbe signalé
par Vauquelin, puis étudié par Winkler et Schmidt, le camphre de Patchouli,
objet de divers travaux de Gal et de Montgolfier, le camphre de Leclou qui,
étant donné l'abondance de sa matière première en Finlande, pourrait présenter un
certain intérêt, son étude a d'ailleurs été reprise en 1882 par Collan et Hejlt, et
enfin le camphre de Matico, signalé pour la première fois par Fluckiger en 1874.
La plupart de ces corps sont cristallisés, ils diffèrent du camphre par des teneurs
différentes en carbone et en hydrogène; ils donnent souvent des carbures en
C15H12 alors que le camphre vrai dérive des terpènes en C^^H^®. Peut-être pour-
raient-ils se substituer au camphre dans certains de ses emplois, car, ils ont une
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BIBLIOGRAPHIE
189
plasticité voisine de la sienne et presque tous ont un point de fusion élevé. Malheu-
reusement, aucun essai n'a été fait en ce sens et on ignore quelle peut être leur
action ou Taction de leurs solutions sur la nitrocellulose ; la situation du marché
du camphre, la pénurie de cette matière, poussera peut-être quelque chercheur à
en entreprendre l'étude approfondie ; actuellement, ils n'ont, au point de vue
industriel, qu'une valeur de curiosité.
BIBLIOGRAPHIE
ChemiMhe Technologie, par EK Fr.
HeUSLER, Directeur commercial de la
Isabellenhiitte, à Dillenburg. Un vol.
in-8** de 350 p. avec fig. Prix : 8
marks. Leipzig, lib. Teubner.
Il peut sembler étrange à première
vue qu'un sujet aussi étendu que la tech-
nologie chimique soit traité non seule-
ment en aussi peu de pages, mais même
qu'un homme seul puisse écrire un ou-
vrage de ce genre. L'ouvrage dont il
s'agit échappe a ce reproche car il n'est
pas écrit pour des chimistes. Il s'adresse
aux jeunes gens qui fréquentent les éco-
les commerciales ; il est destiné, non
pas à leur apprendre la chimie techni-
que, mais à leur faire comprendre ce
qu'elle embrasse. Cette expHcation pré-
luninaire étant donnée, nous dirons que
le contenu du livre répond bien au pro-
gramme. On y trouve traités : l'eau,
la fabrication de l'acide sulfuricjue et la
grande industrie ; l'acide borique ; la
silice ; la métallurgie du fer, du cuivre,
du plomb, de l'argent, de l'or, du pla-
tine, du mercure, de l'étain, du nickel et
du cobalt, de l'arsenic, de l'antimoine,
de l'aluminium, du sodium, des alliages :
les combustibles de diverses sortes ; la
chimie des plantes et des matières ani-
males.
D' A. G.
Ohemische technologie und analyse der
Œle, Fette und Waohee, par le D' J.
LewkowITSCH, chimiste et examina-
teur au City and Guilds of London Ins-
titute. 2 vol. in-8 de 458 et 769 p.
avec I planche, 92 fig. et 748 ta-
bleaux. Prix : 32 marks. Brunswick,
lib. ViEWEG und SOHN.
Ce n'est pas l'ouvrage original que
nous signalons à nos lecteurs, mais bien
la traduction allemande cTU traité écrit
en langue anglaise. La « Revue • a déjà
eu l'occasion de signaler l'ouvrage ori-
ginal anglais et sa traduction française.
Comme la traduction ne renferme rien de
plus que Toriginal nous nous bornerons
a enregistrer ce nouveau succès^ pour
l'auteur dont la compétence en pareilles
matières est universellement reconnue.
D' A. G.
EInfuhrung In die Thermodynamik, par
le D' Julius Meyer, Pnvatdozent à
l'Université de Breslau. Un vol. in-8**
de 216 p. Prix : 8 marks. Halle a.
S., librairie Wilhelm Knapp.
Comme l'auteur le dit dans sa pré-
face, le but du présent ouvrage est d'es-
sayer d'arriver a un exposé de la ther-
modynamique et des résultats auxquels
elle conduit d'une manière aussi nette
et simple que possible. Aussi s'est-il
efforcé de ne pas considérer l'énergie
comme une abstraction, mais d'en faire
quelcjue chose de réel ; il est arrivé
ainsi à une représentation qui peut ren-
dre de réels services à ceux auxquels ce
livre est destiné, aux chimistes et aux
physicochimistes .
L'auteur n'a pas parcouru dans cet
ouvrage tout le domaine de la thermo-
dynamique, il s'est borné à l'essentiel. Il
part de l'énergie et discute la calori-
métrie, la thermométrie, les équilibres
et les coefficients thermodynamiques
dans une première partie. La seconde
partie comprend le premier principe de
la thermodynamique et des considéra-
tions sur les gaz parfaits, la thermochi-
mie et la dépendance de l'énergie interne
de la température. La troisième partie
renferme : le principe dé Carnot, le
deuxième principe de la thermodynami-
que, les cycles irréversibles, l'entropie,
1 entropie des gaz parfaits et des mé-
langes gazeux, l'utilisation de la no-
tion d'entropie, la température absolue,
le potentiel thermodynamique, les con-
ditions d'équilibre, la loi des phases. Une
dernière division traite : Fénergie libre,
l'emploi des isothermes, les solutions
étendues, la loi des masses, l'énergie
électrique, la formation d'énergie li-
bre, etc.
Le soin avec lequel l'auteur a cherché
à exposer son sujet rend, indépendam-
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IQO
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
ment des matières traitées, Touvrage
intéressant.
D' A. G.
1%BU dans iindustrle ; H. de la Coux,
ingénieur chimiste, inspecteur de l'en-
seignement technique. 2' édit. Gr. in-
8** de 543 pages, avec 133 fig. Bro-
ché, 16 tr. ; cartonné, 17 fr. 50. Lib.
H. DUNOD et E. PINAT, Paris (1907)-
Le succès de la première édition de
« L'Eau dans l'Industrie •, de M. DE LA
Coux, a engagé l'auteur à publier une
deuxième édition complétée de son re-
marquable ouvrage.
Dans les générateurs de vapeur, leau
peut provoquer de nombreux inconvé-
nients : incrustations, corrosions, qui
entraînent une dépense exagérée de com-
bustible, un ralentissement dans la va-
porisation, une détérioration, une usure
rapide des chaudières, des coups de feu
et des explosions. Par l'examen de l'eau,
par l'étude des phénomènes, on peut ex-
pliquer les accidents, les désordres sur-
venus, en reconnaître l'origine et déter-
miner les remèdes efficaces.
Une étude sur les corrosions, qui
jouent un rôle considérable dans le fonc-
tionnement des générateurs de vapeur
industriels et marins, forme un complé-
ment important dans la nouvelle édition
de l'ouvrage de M. H. DE LA Coux.
Dans un chapitre spécial, les causes
3ui influent sur la résistance des chau-
ières industrielles et marines aux phé-
nomènes corrosifs et les conséquences
entraînées sont longuement examinées,
en faisant ressortir les préjudices cau-
sés.
Ppur pouvoir résister aux agents cor-
rosifs, les générateurs doivent être cons-
truits avec un métal approprié. Il faut se
rendre compte de la valeur du métal
constitutif et savoir s'il est susceptible
de résister aux corrosions. Des indica-
tions précieuses sur ces questions sont
fournies dans un chapitre spécial.
Les mécaniciens et industriels doivent
se rendre compte des phénomènes des-
tructifs, les prévoir et y remédier ; aussi
l'origine des corrosions a été expliquée,
le contrôle de la marche de la circulation,
les moyens de prévenir les corrosions et
les remèdes ont fait l'objet d'une discus-
sion et d'un examen détaillés.
Une étude pratique complète de l'em-
ploi de l'eau et de ses influences est faite
chez le teinturier, le blanchisseur, l'im-
primeur sur étoffes, le laveur et le pei-
gneur de laines, le savonnier, le tanneur,
le chamoiseur et le mégissier, le fabri-
cant d'extraits tannants et colorants, le
papetier, le photographe, le brasseur, le
distillateur, le fabricant et raffineur de
sucre, le fabricant de cidre, de glace et
de boissons.
Une partie documentée est consacrée
aux nombreuses méthodes et appareils
d'épuration préalable de l'eau par la va-
peur et les procédés chimiques, à la fil-
tration et à la stérilisation industrielles.
L'épuration des eaux résiduaires a été
également traitée avec détails. Enfin,
l'analyse chimique a fait l'objet d'une
exposition complète.
Cette nouvelle édition est appelée à
rendre les plus grands services aux In-
dustriels, aux Métallurgistes, à la Ma-
rine, aux Chauffeurs, aux Mécaniciens
et à tous ceux qu'intéresse cette impor-
tante question de l'eau. — X.
La Chimie dans ia Vie quotidieim9 ; le
D' Lassar Kohn, professeur à l'uni-
versité de Kœnigsberg »« Douze confé-
rences traduites de 1 allemand par H.
Sauvalle •) : I fort volume in-8** éci;
avec gravures dans le texte. Prix :
broché, 4 fr. Lib. Duî^fOULlN & C**, Pa-
ris (1907).
On a réuni sous ce titre les conféren-
ces faites à l'association d'instruction
complémentaire de Kœnigsberg, par le
D' LASSAR KOHN, professeur à l'Univer-
sité de cette ville, et l'un des plus répu-
tés parmi les chimistes modernes d'Alle-
magne.
Cest un livre qui fait comprendre le
rôle prépondérant que la Chimie joue
dans notre existence. Les pages consa-
crées à l'alimentation et à la valeur nutri-
tive des aliments, à la préparation des
corps gras et des matières colorantes, à
l'utilisation des engrais, à la tannerie, la
peinture, la verrerie, la photographie,
aux procédés modernes de la métallurgie
et enfin aux récentes et merveilleuses
découvertes de la chimie organique, sont
plus particulièrement à signaler à l'at-
tention du lecteur qui trouvera au lonc^
de ce livre une description complète, pré-
cise et attachante de toutes les « inter-
ventions • de la Chimie dans notre vie
journalière. — X.
Aotuaiitée edentifiques (3* année 1006) ;
Max de Nansouty. i vol. in-8" de 360
pages. Prix : 3 fr. 50. Lib. SCHLEICHER
Frères, Paris (1907).
Le volume de 1906 de M. MAX DE NAN-
SOUTY, nous apporte sous son agréable
forme habituelle, l'abondante récolte
« d'Actuahtés Scientifiques » que ce vul-
garisateur de talent a faite au cours de
Fannée. On y trouve avec beaucoup d^
plaisir la variété de sujets que Ton dési-
re pour s'instruire beaucoup, non seule-
ment sans peine, mais encore, avec agré-
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BIBLIOGRAPHIE
191
ment. Dans les applications de l'électri-
cité, la « télégraphie sans fil • et la
« fabrication électrique de l'air • attirent
particulièrement l'attention. « L'automo-
oilisme • et la « mécanique • forment un
très intéressant chapitre. La « Physique •
et la « Chimie • rivalisent, 'en quelque
sorte, dans le progrès : la « radioacti-
vité • et la « catalyse • ouvrent les plus
beaux aperçus, en même temps aue la
f photographie des couleurs • et 1 étude
des « alliages • touchent à de belles
applications pratiques.
M. Max de Nansouty nous montre
comment on pourra sans doute extraire
f l'or de Teau de mer • et il indique tout
le parti aue l'on peut tirer de « l'ozone •
et de « fozonisation •.
Les chapitres de « psychologie • et de
f physiologie • sont, comme à l'ordinaire,
fort attrayants par leurs exposés clairs
et sans prétentions de questions ardues,
ou mal élucidées encore. On lira avec
plaisir ses petites études sur le « mal des
montagnes •, sur « l'insomnie • et sur
« l'odorat 1. On ne frémira pas, d'ail-
leurs, en lisant ce qu'il nous dit de « la
fin du Monde • et ses causes possibles ;
c'est au contraire, par une spirituelle anti-
thèse, un des chapitres les plus gais de
cet ouvrage qui, de même que ceux qui
l'ont précédé, instruit et intéresse, et qui
mérite de porter son titre d'actualité.
- X.
L'Année Scientifique et induetrielie.
Fondée au siècle dernier par Louis FI-
GUIER, r « Année Scientifique et Indus-
trielle • aujourd'hui rédigée par M. Emile
Gautier, vient d'atteindre son cinquan-
tenaire.
C'est là, pour une collection de ce
genre, un véritable record, record peu
ordinaire et qui montre le vif intérêt de
cette série de volumes annuels dans les-
quels se trouve résumé tout le bilan
scientifique et industriel des cinquante
dernières années.
Est-il besoin de dire que ce cinquan-
tième volume qui vient de paraître à la
librairie Hachette et O* (i volume, 94
figures, 3 fr. 50), est sous tous les rap-
ports dig^e de ceux cjui l'ont précédé. Si-
gnalons, en particulier, les articles con-
sacrés à la « Navigation aérienne •, à
la « Télégraphie sans fil •, à la « Télé-
mécanique sans fil », à la « Cinémato-
graphie » mise à la portée de tous, au
• Réveil des volcans », aux « Bases
physiques de la vie » et à la « Biogé-
nèse », à la Guérison de la « Tubercu-
lose », à la question du « Cçincer », aux
« Haricots toxiques », aux nouveaux
« Trains Renard », aux « Moteurs » pour
t Machines volantes », aux diverses ap-
f)lications et utilisations nouvelles de
' € Acétylène », au « Métropplitain de
Paris », au « Télémètre » du comman-
dant GÉRARD, à la nouvelle « Mitrailleuse
automobile », etc., etc.
On le voit, de par cette courte énumé-
ration, la variété est la caractéristique
de ce livre, vraiment précieux pour qui-
conque désire se tenir au courant aes
découvertes modernes ; sa place est, à
juste titre, marauée dans toutes les bi-
bliothèques. — X.
Gaetrenemie pratique, par Ali-Bab. Un
volume in- 16 pittoresque, cartonnage
souple. Prix : 5 fr. Lib. Ernest FLAM-
MARION, Paris (1Q07).
Cet ouvrage, très intéressant, a été
écrit pour un cercle d'amis. C'est sur
leurs instances que l'auteur, dissimulant
sous un pseudonyme son nom très connu
dans le monde des ingénieurs et des mé-
decins, s'est décidé à le faire publier.
Il comprend toute une série de recet-
tes culinaires rédigées avec une rare
précision. Depuis la simple omelette au
naturel et le modeste ragoût de mouton
jusqu'aux plats nouveaux et raffinés de
l'auteur, tout y est décrit avec des détails
tellement complets qu'il suffit réellement
pour reproduire une Quelconque des pré-
parations indiquées dans le volume d'y
mettre un peu de soin.
^ L'ouvrage se termine par l'exposé
d'une méthode de traitement de l'obésité
des gourmands qui a permis à l'auteur
de faire perdre a son meilleur ami, un
gros obèse, 45 kilog.^ de poids, en amé-
uorant sa santé générale et le rajeunis-
sant de dix ans, sans employer aucun
médicament, en lui faisant simplement
suivre un régime alimentaire approprié.
La « Gastronomie pratique » a'ALI-
Bab sera le livre de chevet des maîtres-
ses de maison, des çourmets et des gour-
mands obèses. — A.
Céruse et biano de zinc, par G. Petit, In-
génieur civil. Petit in-b** (ig x 12) de
154 pages ; (« Encyclopédie scienti-
fique des Aide -Mémoire ».) Bro-
ché, 2 fr. 50. Lib. Gauthier-Villars,
Paris (1907).
La peinture, dans un bâtiment, ne doit
pas être exclusivement considérée com-
me devant y apporter une décoration
plus ou moins luxueuse ; son but, assuré-
ment le plus important, est de préserver
les surfaces qu'elle recouvre des injures
du temps, quand il s'agit des parties ex-
posées a l'extérieur ; des usures dues aux
nettoyages journaliers, quand il s'agit
des parties situées à l'intérieur. Pratique-
ment, la peinture doit donc tout d'abord
être solide, et sa beauté ne venir qu'en
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192
REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
second lieu. La première condition est
remplie en la constituant par une base
suffisamment résistante, la seconde en
ajoutant à cette base des colorants qui
ne lui apportent que l'éclat de leurs colo-
rations.
Les bases de peintures les plus em-
ployées sont la céruse et le blanc de zinc ;
c'est à l'étude de leur préparation qu'est
consacré le présent Volume.
Après avoir exposé brièvement les no-
tions fondamentales de la peinture à
l'huile et indiqué les différentes sortes de
céruses employées dans la pratique, l'au-
teur décrit les divers modes de prépara-
tion de la céruse en s'é tendant plus lon-
guement sur le procédé hoUanaais qui,
malgré son existence plus que séculaire
et son principe un peu empirigue, reste
de beaucoup le plus appliqué. La prépa-
ration, ou broyage, de la céruse en pâte
à Fhuile, forme sous laquelle elle est sur-
tout livrée au commerce, fait l'objet d'un
Chapitre spécial. Puis sont signalées les
sophistications* plus ou moins grossières
dont la céruse fait l'objet, ainsi que les
méthodes rapides pour les déterminer et
enfin celle employée pour l'analyse com-
plète du produit. En raison des propriétés
vénéneuses de la céruse, une place a été
réservée à sa toxicologie et aux moyens
reconnus les plus efficaces pour préser-
ver du saturnisme le personnel qui fa-
brique ou emploie cette matière.
La seconde Partie du Volume se rap-
porte au blanc ou oxyde de zinc qui,
pour être d'un emploi plus récent en pein-
ture, a pris une très large place dans
cette industrie. La fabrication de l'oxyde
de zinc en partant du métal est trop con-
nue pour que l'auteur s'y soit arrêté lon-
guement, et il s'est étendu davantage
sur la préparation de ce produit en par-
tant directement du minerai, procédé peu
répandu en Europe, mais fort usité aux
Etats-Unis. En possession, pour ainsi di-
re de la matière première, 1 auteur décrit
rapidement lelDroyage de l'oxyde de zinc
pour l'amener à l'état de pâte grasse que
réclame l'industrie de la peinture.
Cet Ouvrage, qui traite des deux ma-
tières premières les plus importantes de
la peinture, nous paraît devoir intéres-
ser tous ceux en général qui s'occupent
du bâtiment et particulièrement les en-
trepreneurs de peintures. — X.
L'Aotlon diastasique dans les fermenta-
tione industrielles, par Emile Diede-
RICH. I vol. in-8**, 182 pages, avec 12
figures. Prix : 4 francs. Lib. Jules
ROUSSET, Paris (1906).
Ce traité de t Chimie Pastorienne •
Propriétaire- Gérant : George F. JAUBERT.
LAVAL. — IMPRIUBniB L. BARNÉOUD ET C'«.
rend compte des progrès les plus récents
obtenus jusqu'ici dans une des branches
les plus importantes de la biologie ap-
pliquée à l'industrie.
Comme l'auteur le fait remarquer dans
sa préface, la grande extension et le ca-
ractère trop spécial d'importants traités
comme ceux de DUCLAUX, de JŒRGENSEN,
etc., ne permettent pas à ceux qui vou-
draient abandonner les procédés empiri-
ques en dirigeant leur travail suivant les
principes directeurs de la théorie pasto-
rienne, de puiser dans ces vastes docu-
ments les éléments de chimie biologi-
que utiles à la simple compréhension oes
faits ; aussi le traité de M. DiEDERICH,
en portant remède à cet inconvénient,
serait-il le bienvenu auprès du monde in-
dustriel et des étudiants.
Sans trop de commentaires, on trouve-
ra exposés dans ce volume, les points
essentiels de la théorie microbienne dans
ses rapports avec les diverses actions
diastasiques que l'on est appelé à ren-
contrer dans toutes fermentations : qu'il
s'agisse de fabrication de la levure, de
la bière, du vin, de l'alcool, du \^naigre,
soit même de panification, ou encore de
fermentation putride des conserves ali-
mentaires.
De cette théorie ainsi généralisée, dont
chaque industrie n'est plus qu'un cas par-
ticulier, il résulte l'avantage pour le lec-
teur de reconnaître les relations de simi-
litude oui unissent les diverses fermenta-
tions, de pouvoir dégager les causes gé-
nératrices des phénomènes, <:Z partant
de pénétrer les secrets des ouvriers mys-
térieux et infiniment petits, auxquels se
rattache une chimie complexe et capri-
cieuse restée trop longtemps inconnue.
Les trois chapitres de la i" partie,
correspondent au développement des
trois idées suivantes :
— Les fermentations sont dues aux
diastases.
— Les diastases de fermentation sont
sécrétées par les microbes dans leur
acte vital.
— Quelles relations existe-t-il entre la
sécrétion diastasique et l'acte vital, d'où
résultent les fermentations ?
Dans la 2* partie, l'auteur a étudié :
la chimie des corps fermentescibles (su-
cres, amidons... etc.) ; la chimie des réac-
tions diastasiques ; la chimie des produits
résultant de la dislocation des corps fer-
mentescibles.
Les deux dernières parties, plus
importantes encore, étudient les fermen-
tations que l'on rencontre dans le do-
maine industriel en s'appuyant sur les
éléments théoriques précédents. — X.
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Nouvelle méthode pour le dosage du Soufre
dans les Fontes, Fers et Aciers
Par m. Emile JABOULAY
Chef du Laboratoire de la sociélê anonyme éleclromélallurgique, d'Ugine; Procédés Paul Girod.
De nombreuses méthodes ont été décrites pour le dosage du soufre dans les
fontes, fers et aciers. Les plus employées sont celles qui consistent à dégager le
soufre à l'état d'hydrogène sulfuré en attaquant le métal par les acides chlorhydri-
que ou sulfurique dilués ou par un mélange de ces deux acides.
Ainsi que l'a signalé primitivement M. Rollet, lorsqu'il s'agit de métaux
carbures, une partie du soufre se dégage à l'état de sulfure de méthyle (CH^)2S
et échappe ainsi à l'action des réactifs ordinairement employés, qui n'agissent que
sur l'hydrogène sulfuré^. M. Campredon a montré depuis, par une expérience con-
cluante, la nécessité de faire passer les gaz provenant de l'attaque, dans un tube
de porcelaine chauffé au rouge ; par ce moyen le sulfure de méthyle est décom-
posé et on obtient la totalité du soufre à l'état d'hydrogène sulfuré.
Malgré cela, quelques auteurs déclarent encore très exactes ou d'une exactitude
suffisante, des méthodes qui ne tiennent aucun compte de la perte du soufre dont
il vient d'être question et font passer directement les gaz sulfurés dans des solu-
tions absorbantes. Les ré$ultats ainsi obtenus sont satisfaisants lorsque le métal
contient peu de carbone, mais lorsque ces méthodes sont appliquées à des aciers
durs, contenant par exemple 1,2 à 1,3 % de carbone et 0,03 à 0,04 de soufre, il ne
se dégage, comme hydrogène sulfuré, que le tiers ou le quart du soufre présent.
Pour cette raison, les méthodes colorimétriques ne peuvent donner d'utiles
renseignements que si l'échelle des teintes est établie avec des métaux analogues
et dont la teneur en carbone soit voisine de celle de l'échantillon à analyser.
Quant aux méthodes pondérales, ce sont les moins employées. J'ai constaté
que celles qui sont basées sur l'oxydation directe du soufre et la précipitation à
l'état de sulfate de baryte, produisent des résultats sensiblement trop faibles même
en liqueur concentrée et peu acide à cause de la présence d'une quantité considé-
rable de perchlorure de fer. Il est nécessaire de tenir compte de la solubilité du
sulfate de baryte dans les conditions où l'on opère. Celle-ci est beaucoup moindre
si la précipitation est faite à une température voisine de l'ébullition et le précipité
n'entraîne pas une quantité appréciable de fer si la liqueur contient un peu d'acide
chlorhydrique libre. Les erreurs produites par la précipitation à froid sont très
importantes et comme elles sont variables, elles ne peuvent être compensées avec
exactitude; cette modification doit donc être abandonnée.
La méthode que je vais décrire est basée sur un principe différent des précé-
dents.
Elle consiste à brûler dans un mélange d'air et d'oxygène, les gaz sulfurés
qui se dégagent par l'attaque du métal, comme il a été dit plus haut, et à recueil-
lir l'acide sulfureux ainsi produit dans une solution oxydante. Le soufre de l'hy-
drogène sulfuré et des sulfures organiques est entièrement oxydé à l'état d'acide
sulfureux ; celui-ci est entraîné rapidement par le courant gazeux et la vapeur d'eau
formée, dans le réactif oxydant qui le transforme aussitôt en acide sulfurique. On
peut alors précipiter ce dernier et le peser comme sulfate de baryte ou opérer par
titrage en recevant les gaz dans un réactif employé en quantité connue et plus que
suffisante pour oxyder l'acide sulfureux, l'excès de réactif étant déterminé au
moyen d'une liqueur titrée.
Le dosage est ainsi très rapidement effectué et les résultats obtenus concordent
parfaitement avec <:eux qjie l'on obtient par pesées.
L'emploi de l'eau oxygénée pour l'oxydation de l'acide sulfureux m'a donné
toute satisfaction ; comme elle se conserve bien mieux lorsqu'elle est acide, je fais
I, M. Phillips a constaté depuis, la formation de sulfure d'éthyle (mercaptan). Ce composé se
comporte comme le sulfure de méthyle avec lequel il est mélangé.
RBYUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE. — 10" UYRAISON. — MAI I9O7. lO
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194
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
ajouter par le fabricant, avant Texpédition, 20 ce. d'acide azotique par litre d'eau
oxygénée pure à 12 volumes. De cette façon, elle ne nous parvient jamais avec une
pression dangereuse, et par suite, avec une force considérablement amoindrie,
comme cela se produit quelquefois si l'on ne prend pas cette précaution.
On la dilue avec une quantité d'eau suffisante pour qu'elle décolore à peu
près son volume d'une solution de permanganate de potasse contenant o gr. 9875
de ce sel par litre. Un dixième de ce. de cette solution correspond à o gr. 00005 de
soufre, soit 0,001 % si l'on opère sur 5 grammes d'acier.
La solution d'eau oxygénée étant équivalente à celle de permanganate, on en
emploie, selon la qualité du métal à analyser, 10, 20 ou 50 ce, correspondant res-
pectivement à 0,1, 0,2 et 0,5 % de soufre.
Appareil Emile Jaboulay pour le dosage du soufre dans les fontes, fers et aciers,
construit par la maison Raoul Nbveu.
L'appareil se compose d'un ballon d'attaque A muni d'un réfrigérant et relié
à un générateur à hydrogène et à un entonnoir par lequel on introduit la quantité
d'acide nécessaire pour dissoudre le métal à analyser. L'hydrogène et les gaz de
l'attaque arrivent dans la cloche B par un petit bec à acétylène et sont enflammés
au moyen d'étincelles produites par une bobine d'induction reliée à deux fils de pla-
tine soudés aux parois de la cloche à combustion. L'air et l'oxygène sont amenés
dans la cloche par la tubulure C. Les gaz brûlés et la vapeur d'eau sont refroidis
par un réfrigérant et aspirés au travers du liquide absorbeur contenu dans la fiole
D, par une trompe à eau.
Marche de Vanalyse. — Après avoir introduit 5 grammes du métal à analy-
ser dans le ballon d'attaque, on y fait passer pendant 5 minutes un courant d'hy-
drogène pour entraîner l'air qu'il contient. Pendant cette opération le robinet à trois
voies E est tourné de manière à évacuer les gaz en dehors de l'appareil. Dans
l'intervalle, on prépare le liquide absorbeur en versant dans la fiole D, avec une
pipette, la quantité d'eau oxygénée jugée nécessaire et en ajoutant une quantité
d'eau suffisante pour faire environ 100 ce. de liquide. La fiole étant mise en
place, on introduit dans l'entonnoir F 100 ce. d'acide chlorhydrique dilué (HCl
à 22** B, I partie, H^O i partie) puis on fait fonctionner la trompe, ce qui produit
une aspiration d'air par le tube central du flacon laveur G. Après avoir fait passer,
pendant quelques instants, un mélange d'air et d'oxygène dans la cloche, on fait
jaillir une série d'étincelles entre les fils de platine, puis on fait arriver l'hydro-
gène au moyen du robinet E. Lorsque l'allumage est obtenu, on introduit l'acide
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E. JABOULAY. — MÉTHODE POUR LE DOSAGE DU SOUFRE igS
dans le ballon d'attaque en tournant le robinet I, puis on rertiet de nouveau le bal-
lon en communication avec l'hydrogène. La pression de l'hydrogène doit être assez
faible pour que son débit s'arrête automatiquement lorsque la production des gaz
de l'attaque devient suffisante pour alimenter le petit brûleur.
De cette façon la flamme reste constante pendant toute la durée de l'opération.
On chauffe de suite le ballon pour activer l'attaque du métal et on ralentit le
chauffage lorsque le dégagement de l'hydrogène, venant du générateur, s'arrête. La
production d'une colonne de liquide dans le tube à robinet I indique une pression
trop forte causée par un chauffage exagéré. Dans ce cas on enlève pendant quel-
ques instants le brûleur placé sous le ballon d'attaque. On doit faire arriver suffi-
samment d'oxygène dans la cloche pour que la flamme de l'hydrogène soit d'un
jaune brillant. Si le débit de l'oxygène est insuffisant la flamme pâlit et finit par
s'éteindre, on en est ainsi prévenu et guidé pour le réglage de l'arrivée de ce gaz.
Lorsque l^attaque du métal est terminée, on prolonge l'ébullition pendant 5 mi-
nutes pour chassçr du ballon les dernières traces de vapeurs et de gaz sulfurés,
on éteint le petit brûleur au moyen du robinet E, qu'on remet dant sa position pri-
mitive. On rince le tuhe inférieur du réfrigérant dans lequel passent les gaz brûlés,
en y faisant couler au moyen du robinet K, un peu d'eau contenue dans l'enton-
noir J. Ceci fait, on remet le robinet K dans la position précédente puis on détache
la fiole d'absorption. Après avoir rincé et retiré le tube qui plonge dans le liquide,
on ajoute 5 ce. d'acide azotique (D = 1,20) puis on titre de suite au permanganate
l'excès d'eau oxygénée. On titre de la même façon une quantité d'eau oxygénée,
égale à celle qui a été employée pour le dosage. La différence entre les résultats
des deux titrages donne immédiatement la teneur en soufre.
S'il arrivait que la quantité de soufre que renferme le métal soit plus grande
que celle qui a été prévue, et que par suite le liquide à titrer contienne de l'acide
sulfureux, on en serait prévenu par la rapidité de la réaction avec le permanga-
nate. Dans ce cas, les premières gouttes de permanganate sont immédiatement déco-
lorées tandis que l'eau oxygénée ne réagit qu'après quelques instants, au commen-
cement du titrage.
J'ai fait quelques essais très satisfaisants en recevant l'acide sulfureux dans
une solution de permanganate de potasse. Le dégagement étant terminé, le liquide
était acidifié par l'acide chlorhydrique, additionné d'une petite quantité de per-
oxyde de sodium pour réduire l'excès de permanganate et l'oxyde de manganèse
et enfin l'acide sulfurique formé était précipité par 10 ce. d'une solution saturée de
chlorure de baryum. Le précipité de sulfate de baryte était rassemblé à l'ébulli-
tion, recueilli sur un filtre, calciné et pesé. Les résultats ont confirmé parfaitement
ceux que Ton obtient par le titrage.
Le liquide provenant du titrage par l'eau oxygénée et le permanganate peut
aussi être traité par le chlorure de bar} um, mais, à cause de la présence de l'acide
azotique, les résultats ont une tendance à être un peu trop élevés. Avec de faibles
teneurs en soufre, la différence est nulle ou insignifiante: avec 0,1 % de soufre, je
n'ai trouvé que 0,001 à 0,002 % en plus en opérant ainsi. Ce moyen a l'avantage
de contrôler, par une seule opération, l'exactitude des résultats obtenus par titrage.
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METHODES DE DOSAGE
basées sur ta colorimétrie, le trouble des liqueurs et la votumétrie,
EMPLOYÉES POUR LES ÉTUDES DE TERRES
Par OswALD SCHREINER et George H. FAILYER
Traduit par Henri FABRE
Licencié es sciences.
Répétiteur de Chimie agricole à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier.
PREFACE par Frank-K. Cameron
Chef du laboratoire de Chimie des terres au Département de l'Agriculture des Etats-Unis (Washington).
Notre Bureau des sols s'efforce, depuis plusieurs années, d'introduire des per-
fectionnements dans les méthodes analytiques qui ont pour objet la détermination
de quantités très faibles de substances minérales dissoutes. Nous n'avons pu
faire usage des procédés analytiques usuels : la dilution des solutions étudiées
était trop grande. Ces solutions, étant pour la plupart des extraits aqueux de terres
arables, ne contiennent ordinairement pas, même quand on les concentre par éva-
poration, une proportion de substances dissoutes suffisante pour que l'on puisse les
analyser avec une précision satisfaisante. Nous avons dû rechercher à cet effet des
méthodes nouvelles, plus précises et plus délicates. Il nous a fallu beaucoup de
temps et de peine, d'abord pour colliger des documents sur les méthodes analyti-
ques de ce genre, puis pour les adapter à nos recherches, et enfin pour imaginer
de nouveaux procédés. Les résultats obtenus sont très satisfaisants.
Après que notre Bureau eût adopté ces méthodes, elles ont suscité un grand
mouvement de curiosité, non seulement chez les chimistes agronomes, mais encore
chez les chimistes qui s'occupent des analyses d'eaux, et en général chez les per-
sonnes qui ont à apprécier de très faibles quantités de substances minérales dis-
soutes. Par suite de l'augmentation du nombre de demandes adressées à notre
Bureau pour obtenir des renseignements détaillés sur ces méthodes, il nous a
semblé bon d'en faire un exposé succinct, mais pourtant assez compréhensible.
Nous nous sommes efforcés de présenter les détails techniques, reconnus par expé-
rience comme particulièrement pratiques, sous une forme qui puisse être aisément
saisie par d'autres chimistes.
Nos méthodes ne demandent qu'un outillage très restreint et on peut les appli-
quer dans des laboratoires volants établis pour des études en plein champ. La
préparation indispensable des liqueurs étalons exige seule le contrôle d'un labora-
toire central. Toute personne possédant un peu la pratique des manipulations chi-
miques pourra aisément apprendre et employer nos procédés; il suffit qu'on ait
une bonne vue, et on peut ne posséder que des connaissances rudimentaires en
chimie. Il nous faut pourtant rappeler que ces méthodes ayant une grande sen-
sibilité, il faut, quand on les erhploie, s'astreindre à des précautions plus délicates
que dans l'analyse ordinaire. Il faut, en outre, avoir bien en main ces méthodes
pour en obtenir de bons résultats. Enfin, ces méthodes requérant certaines aptitu-
des particulières du chimiste lui-même, tout le monde ne peut espérer s'en servir
avantageusement. Nous ne saurions trop insister sur ce fait qu'un chimiste doit
s'éprouver parfaitement lui-même avant d'appliquer nos procédés à l'étude d'un
problème particulier quelconque.
Toutes les méthodes colorimétriques ne possèdent pas la même sensibilité ;
elles ne sont pas toutes aussi précises qu'on le pourrait souhaiter. Il en est pour
lesquelles notre Bureau n'a qu'une expérience limitée; mais, par contre, plusieurs
d'entre elles sont très délicates et très précises. Nous les avons contrôlées à plu-
sieurs reprises dans nos laboratoires, et nous avons trouvé qu'elles étaient les
meilleures méthodes que l'on puisse choisir pour les recherches que nous nous
proposons de faire.
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H. FABRE. — METHODES DE DOSAGE POUR LES ÉTUDES DE TERRE 197
METHODES DE DOSAGE BASEES SUR LA COLORIMETRIE,
LE TROUBLE DES LIQUEURS ET LA TITRIMETRIE, APPLIQUEES
AUX ETUDES DE TERRES
Introduction
Le Bureau des sols a entrepris depuis plusieurs années une série de recherches
pour lesquelles il est indispensabe d'apprécier des proportions très faibles d'élé-
ments minéraux servant de nourriture aux végétaux. A cet effet, il a fallu utiliser
les méthodes colorimétriques ou autres que Ton possédait déjà, puis en imaginef
de nouvelles. Nous nous sommes proposé de décrire succinctement les méthodes
utilisées par le Bureau des sols, et celles que Ton pourrait employer dans des
recherches de même ordre. Notre travail est destiné à renseigner les chercheurs qui
désireront poursuivre les études déjà engagées et ceux qui voudront les appliquer
à de nouveaux problèmes.
Quand on cherche à déterminer la relation qui existe, au point de vue chi-
mique, entre Teau du sol et le développement des récoltes, il est indispensable de
savoir apprécier des quantités infinitésimales de substances minérales. On sait, en
effet, que c'est l'eau du sol qui constitue la solution nutritive où les plantes vont
pu'^er le'trs aliments minéraux. Il s'ensuit qu'il est de première importance en
agronomie, d'étudier la quantité de ces substances nutritives qui se trouvent dis-
soutes à un moment déterminé pendant le développement des végétaux, ou qui
peuvent être libérées par les particules du sol. Il arrive souvent que les méthodes
gravimétriques ou volumétriques ordinaires ne peuvent être utilisées dans ces
recherches scientifiques. Ce n'est qu'exceptionnellement qu'il y a assez de subs-
fances dissoutes pour qu'on puisse appliquer ces méthodes, encore demandent-
elles alors un temps et un travail considérables. Les méthodes que nous propo-
sons permettent de doser les proportions infinitésimales que l'on rencontre dans
cet ordre de recherches et d'attaquer avec quelque sécurité le problème, fort ardu
pour diverses raisons, de la fertilité des terres arables. C'est ainsi qu'en per-
mettant d'étudier la concentration de sels solubles véhiculés par l'eau des sols, ces
méthodes nous donneront un moyen de vérifier si le développement des végétaux
modifie la proportion de ces éléments minéraux nutritifs solubles; elles nous indi-
queront aussi si Iq rendement des récoltes se lie de quelque façon à la proportion de
ces constituants ; si un bon ou un mauvais entretion du sol peut modifier la quantité
de sels nutritifs et solubles de la terre, en suivant une variation analogue aux dif-
férerices de récoltes; enfin si la proportion et la nature de ces sels présentent des
différences mesurables dans divers types de terre, et cela suivant un certain rap-
port pouvant se comparer à celui de leurs productivités reconnues.
Une autre série de recherches pour lesquelles nos méthodes pourront s'ap-
pliquer, se rencontre dans la détermination des sels dissous dans la sève des
végétaux. On pourra étudier si la concentration de cette sève est liée à la proportion
et à la nature des sels solubles à l'eau des sols dans lesquels croissent les plantes.
De même, on pourra vérifier de quelle façon se fait l'absorption d'éléments miné-
raux nutritifs, par des végétaux se développant dans les milieux nutritifs de titre
connu. Cela constituera des renseignements précieux sur la nutrition des plantes et
sur leur ppuvoir sélectif.
Etant donné que par leur dissolution continue, les minéraux de ta terre arable
maintiennent la concentration des éléments nutritifs, l'étude de leur solubilité doit
être de la plus haute importance. Il faudra l'envisager pour les roches communes,
non seulement dans l'eau (où il y a aussi hydrolyse), mais dans Jes solutions de
divers électrolytes. Dans te sol, en effet, les minéraux se dissolvent soit dans l'eau
pure, soit dans de l'eau plus ou moins chargée d'acide carbonique, soit dans des
solutions de divers engrais salins. Il n'est pas douteux que, si la solubilité des
roches est continue, elle ne soit très lente et relativement faible. Par suite, elle ne
peut être étudiée qu'avec des méthodes extrêmement sensibles. On pourra suivre
de même la solubilité, pourtant bien faible, des phosphates naturels de fer, de
chaux et d'alumine en particulier, soit dans l'eau pure, soit dans les solution de
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iq8 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
divers engrais salins. On pourra ainsi obtenir des indications sur la façon dont ces
substances se comportent dans les terres arables et sur Teffet qu'elles subissent de
la part des engrais.
On a déjà étudié à plusieurs reprises les rapports qui peuvent exister entre,
d'une part, les eaux souterraines, les eaux de ruissellement ou de drainage et,
d'autre part, les terres arables ou les engrais. Nos méthodes extrêmement déli-
cates permettront de reprendre ce problème. Elles donneront aussi le moyen d'étu-
dier les déplacements des sels solubles dans l'eau des sols par les phénomènes de
capillarité, de gravitation et de diffusion. Cette étude ne sera pas que quantitative:
elle sera encore qualitative, et indiquera l'influence des différents modes d'aména-
gement du sol sur ces déplacements.
Citons aussi les expériences sur la nitrification et la dénitrification des terres,
phénomènes qui pourront être facilement suivis grâce à nos méthodes colorimé-
triques permettant de doser les nitrates, les nitrites et l'ammoniaque.
Enfin, nos procédés simplifieront considérablement l'étude si importante du
pouvoir absorbant des terres arables pour les sels minéraux : on pourra connaître
non seulement la valeur de ce pouvoir absorbant à l'égard des différents sels nutri-
tifs, mais encore le résultat de cette absorption. Ce sera un pas de plus dans la
connaissance de cette propriété si intéressante et si capitale des terres arables.
Préparation de la solution du sol
Pour obtenir des résultats comparables, il est absolument indispensable de
suivre très exactement une méthode uniforme dans la préparation de la solution
d'un sol. On est forcément obligé d'employer un volume d'eau conventionnel, et
de le faire agir pendant un temps déterminé. Dans un grand nombre d'études
de terres, pour obtenir la solubilisation de la partie soluble à l'eau, nous avons
adopté la proportion de 5 parties d'eau pour une partie de terre. Ce mélange est
secoué pendant trois minutes, puis mis à déposer vingt minutes et enfin filtré. Le
mode opératoire n'est pas exactement le même selon que l'on opère sur de la terre
renfermant encore son humidité naturelle, ou sur de la terre séchée à l'étuve. Il
faut toutefois rapporter toujours les résultats à une base identique: généralement
la terre sèche. Que l'on opère sur de la terre humide ou sur de la terre sèche, les
résultats ne sont d'ailleurs pas identiques, même s'ils sont tous exprimés pour la
terre sèche. Le plus souvent on obtient des concentrations un peu supérieures
quand on part de terres séchées à l'étuve.
Mode opératoire pour la terre humide. — Les échantillons humides, prélevés
dans des parties typiques et comparables du champ, sont bien broyés et soigneu-
sement mélangés dans un mortier de granité ou de porcelaine. Sur une balance
sensible au décigramme, on pèse deux lots de 100 grammes de ce mélange. L'un
de ces lots sert à la détermination de l'humidité, et il suffit pour cela de le sécher
à l'étuve. Le chiffre d'humidité que l'on trouve par perte de poids sert à rappor-
ter les résultats de l'analyse de la solution à la terre sèche. Voici la formule que
Ton emploie pour obtenir cette teneur en millionièmes de terre sèche.
g ^ s(5oo+W)
100 — W
S exprime les millionièmes de substance libérés par la terre sèche (c'est-à-
dire les milligrammes de substance libérés par i kilogr. de terre sèche.)
s exprime\ les millionièmes de substance trouvés par l'analyse dans la solu-
tion (c'est-â-dire les milligr. par litre.)
W est la proportion d'humidité (en grammes) dans les 100 gr. de terre
humide ayant servi à préparer comme nous l'avons indiqué la solution étudiée.
Si l'on veut avoir la teneur en millionièmes de la solution qui existe dans le
sol, on utilise la formule :
s(50ô-fW)
M =
W
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H. FABRE. — MÉTHODES DE DOSAGE POUR LES ÉTUDES DE TERRE 199
dans laquelle M désigne les millionièmes de substance dans l'humidité de la terre,
s et W les mêmes termes que précédemment^.
On peut très facilement modifier ces formules d'après les échelles de lecture
des colorimètres et d'après les étalons et les dilutions que Ton emploie. Ces
modifications seront fort avantageuses lorsqu'on aura un grand nombre de déter-
minations à faire.
On mesure d'abord 500 ce. d'eau, puis on les ajoute peu à peu aux 100 gr.
de terre humide que l'on a placés dans un mortier. On fait ainsi une pâte épaisse
que l'on remue avec le pilon de façon à bien broyer toutes les granulations
et à obtenir un mélange homogène. On achève d'y verser le reste des 500 ce. et
on agite bien pendant trois minutes. Si l'on a d'autres essais à faire, on trans-
vase ce mélange dans un vase quelconque, et on laisse déposer pendant
20 minutes. On décante alors le liquide trouble surnageant dans une chambre à fil-
tratîons contenant un tube-filtre Pasteur-Chamberland bien lavé. Nous en repar-
lerons tout à l'heure.
Mode opératoire pour la terre sèche. — Si l'on part d'un échantillon de terre
séchée à l'air, et si l'on veut exprimer les résultats en les rapportant à la terre
complètement sèche, il faudra déterminer la proportion d'humidité qui subsiste en
desséchant un lot de 100 gr. à l'étuve, puis en tenir compte dans le résultat final,
à l'aide de la formule que nous avons déjà indiquée. — Si Ton part d'une terre
séchée à l'étuve, on la pulvérise dans un grand mortier, pendant qu'elle est encore
chaude, puis on la fait passer à travers un tamis à mailles de 2 millimètres. On
en pèse alors 100 gr. que l'on place dans un flacon de verre bouché à l'émeri. On
y ajoute 500 ce. d'eau distillée et on secoue vigoureusement pendant j minutes
pour assurer la désagrégation parfaite des particules de terre. On laisse déposer
20 minutes pour séparer les particules les plus grossières, puis on filtre. On pour-
rait employer aussi le mortier, mais il vaut mieux, lorsque la terre est ainsi séchée
et en poudre, opérer par agitation en flacon.
Construction des filtres et mode opératoire des filtrations.
Pour filtrer les solutions de terres, nous employons le dispositif proposé par
Briggs 2 pour les agronomes, mais nous l'avons modifié pour pouvoir le faire ser-
vir, au laboratoire, à la filtration d'un grand nombre d'échantillons. Au Heu de
succion, nous avons employé la pression pour faciliter les filtrations. On peut ainsi
avoir une différence de pression supérieure à une atmosphère. La figure i montre
la construction d'un filtre à un seul tube.
On voit que ce filtre est constitué par un tube en porcelaine dégourdie, du type
Pasteur-Chamberland. Ce tube fermé à l'une des extrémités est scell'é à l'autre
bout dans une tête de porcelaine pourvue d'une tubulure qui s'engage dans une
garniture en caoutchouc, comme le montre la figure. Ce tube filtrant est enfermé
dans un cvlindre de métal servant de réservoir pour la solution à filtrer. Une
pompe oblige de l'air à traverser une valve et, après avoir passé dans une chambre
à air, à exercer, au-dessus du liquide une pression que l'on peut maintenir cons-
tante par pompage. La chambre à air sert aussi de support au cylindre filtrant.
Ce dispositif est très commode pour les recherches en plein champ, où l'on n'a
qu'une solution à filtrer. Au laboratoire, lorsqu'on a plusieurs échantillons à exa-
miner, il faut employer une batterie de filtres (voir fig. 4). Cette batterie peut
suffire à un petit nombre d'opérateurs demeurant un certain temps à un endroit
déterminé. La chambre à air est un réservoir en fer de 7 gallons (4 lit. 54 x 7 =
31 lit. 78) environ, pourvu de 4 tubes comme on le voit sur la figure. Ces tubes
ont leur extrémité filetée, de telle sorte qu'on peut les visser au centre d'une
chambre à solution. L'ouverture que porte ce réservoir sur le côté est pour-
' 1. La quantité Q de matière dissoute envisagée est constante, qu'on la rapporte à la solution
analysée, à la terre sèche, ou à l'eau du sol.
Q = -? (500 -h W) = S (100 - W) = M W
(solution) (terre sèche) (eau du sol) (Note du T,)
2. Bu!!etin\n^ 19, page 31. Bureau des sols du département de l'agriculture des Etats-Unis. 1902.
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200
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
vue d'une valve à bicyclette et d'un robinet; on peut ainsi maintenir une pression
constante dans l'appareil. La pompe est une pompe ordinaire à bicyclette, dont le
Fig. I. — Section verticale d'un petit filtre à pompe.
cylindre mesure environ 3,5 pouces (2 cm. 5 x 3,5 = 8 cm. 75) de diamètre et
5,5 pouces (2,5 X 5,5 = 13 cm. 75) de course. C'est là un dispositif qui convient
très bien aux exigences d'un petit laboratoire ^.
Sur la figure 2 on voit la construction d'un appareil plus important destiné
aux grands laboratoires, et permettant la filtration simultanée de plusieurs solu-
tions. On emploie le même réservoir à air et la même pompe que précédemment.
L'appareil est pourvu d'un manomètre et les cylindres qui servent de réservoir
pour les liquides à filtrer peuvent avoir des dimensions variables suivant les
recherches que l'on a en vue. Le modèle de réservoir de l'appareil portatif de la
I. Voici des indications supplémentaires que nous devons à l'obligeance de M. Whitney, chef du
Bureau des sols.
Détails concernant le réservoir à air et les cylindres filtrants. — Le réservoir à air peut être fait
en tôle galvanisée, il doit avoir 20 pouces de haut (2,5 X20 = 50 cm.) et 12 pouces (2,5 X 12 == 3o cm.)
de diamètre. Il portera 4 tubulures comme on le voit sur la figure i mais on pourra y ajuster des
robinets à gaz en cuivre jaune à double pas femelle, au lieu de clapets arrondis, comme on le voit sur
la figure. L'ouverture du côté du cylindre sera fermée à l'aide d'une valve de bicyclette, ce qui per-
mettra de maintenir une pression constante dans le réservoir. Chaque réservoir sera accompagné
d'une pompe à air de 45 pouces cube (2,5 X 2,5 X^'S X45 "702 ce, 9)de capacité [3,5 pouces
(8 cm. ,5) de diamètre et 5,5 pouces (13 cm., 75» de long].
Les cylindres filtrants seront de la forme et de la dimension indiquées. Ils devront être brunis
ou nickelés extérieurement et soigneusement nickelés ou argentés intérieurement, dans toute leur
longueur.
Le filetage du gros bout du cylindre devra être bien fait, et sa section à angle droit de l'axe
du cylindre de façon à ce qu'il se soutienne uniformément sous la garniture.
Chaque cylindre doit être accompagné d'un petit embout fileté à son extrémité pour le fixer
d'une part au milieu du réservoir supérieur, et d'autre part à un tuyau d'arrivée d'air pouvant être
fermé par un robinet.
Tout ce dispositif doit pouvoir supporter une pression de 60 livres (27 kil. environ par pouce soit
4 kil. environ par centimètre carré) et ne présenter alors ni fêlures ni fuites.
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H. FABRE. — METHODES DE DOSAGE POUR LES ETUDES DE TERRE 201
figure 4 contient 250 ce. de solution tandis que celui de la figure i contient
500 ce. Dans les laboratoires il est parfois nécessaire d'obtenir de grandeî^ quanti-
Fig. 2. — Vue d'une grande batterie de filtres pour laboratoire.
tés de solution, et on a dû construire des cylindres encore plus grands. On les
voit sur la figure 4. Ils sont nickelés ou brunis extérieurement et nickelés ou
Fig. 3.— Détail de
construction d'une
chambre filtrante.
Fig. 4. — Pompe simple à une seule bougie
et pompe à quatre bougies.
argentés intérieurement. Ces revêtement^ sont particulièrement utiles lorsqu'on
veut utiliser les solutions de terres pour des expériences de cultures de végétaux.
Le filetage du gros bout du cylindre doit être particulièrement soigné; sa section
Rev. gén. Ch., 1907.
10.
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202 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
doit être à angle droit, de manière à assurer un appui uniforme sur les rondelles
de fermeture.
On introduit la solution trouble à filtrer dans le cylindre filtrant, après avoir
dévissé ce dernier. On le remet alors en place; on ouvre le robinet qui établit la
communication avec la chambre à air, et on pompe. Un filtrat parfaitement clair
ne tarde pas à s'écouler de la tubulure de porcelaine. On rejette les 50 à 100 pre-
miers centimètres cubes qui passent, afin d'éliminer Terreur due à une légère varia-
tion de la composition de la solution due au pouvoir absorbant du filtre
lui-même, au début du filtrage, et aussi parce que les pores de la bougie retiennent
toujours une vingtaine de centimètres cubes d'eau, après que la bougie a été utili-
sée une fois. Le reste du filtrat est ensuite recueilli dans un récipient convena-
ble. Il faut de 5 à 20 minutes pour obtenir ainsi la solution d'une terre. Ce temps
dépend de la finesse des particules qui viennent se déposer sur les pores du filtre.
Il est très court quand on opère avec une terre sableuse, même sous une pression
faible. Au contraire les argiles lourdes colmatent tellement les bougies filtrantes,
qu'il faut parfois au moins vingt minutes, même sous une pression de 30 à
40 livres (12 à 17 kgs) par pouce carré (6 cm. 25) 1.
On peut facilement enlever la bougie filtrante pour la nettoyer, en dévissant
l'embout inférieur du cylindre et en retirant le joint de caoutchouc. On enlève
alors le dépôt d'argile fine qui est resté sur la bougie, à l'aide d'une brosse à
poils durs, en bouchant soigneusement l'orifice, pour éviter toute introduction
d'eau. On rince ensuite à l'eau distillée. On nettoie d'autre part le cylin-
dre de métal, puis on revisse l'appareil et on fait passer de l'eau distillée après
avoir rétabli la communication avec le réservoir de compression. Ainsi nettoyé,
l'appareil peut servir à une nouvelle filtration.
Lorsqu'une bougie a été utilisée plusieurs fois, son pouvoir filtrant diminue
beaucoup. On constate ce fait, surtout quand on opère avec des terres riches en
matière organique, et avec des solutions de végétaux. Cette imperméabilité est due
au développement de bactéries dans les pores de la pâte à porcelaine. Il est très
facile de vaincre cette difficulté en desséchant d'abord le tube, puis en le chauf-
fant une demi-heure environ au rouge. Ce résultat s'obtient aisément en plaçant
la bougie dans un cylindre de fer galvanisé recouvert d'amiante, mesurant envi-
ron 9 cm. de diamètre et 33 cm. de long. Les extrémités sont à-demi bouchées
par de l'amiante. On peut alors amener assez rapidement la bougie au rouge, à
l'aide d'un simple brûleur Bunsen. Il n'est pas nécessaire de brûler complètement
toute la matière organique, un simple charbonnement suffit pour dégager les pores
obstrués. Lorsque la bougie est refroidie, on remonte l'appareil et on le lave bien
à l'eau distillée. La première eau qui s'écoule est généralement colorée par de la
matière organique brûlée. Ce traitement rend aux bougies leur efficacité primi-
tive, et il est absolument nécessaire de le renouveler souvent, en particulier quand
on étudie des solutions de végétaux, ou quand on recherche les nitrates des sols.
En outre, il empêche l'envahissement des bougies par des organismes dénitrifica-
teurs.
DÉCOLORATION DE LA SOLUTION DU SOL
Presque toutes les recherches colorimétriques exigent l'emploi de solutions
incolores. Sauf dans les cas comme celui de l'analyse du potassium où on doit
traiter la solution de façon à la débarrasser de toute substance organique, il est
absolument nécessaire d'obtenir des solutions tout à fait incolores. En particulier,
quand on opère sur des solutions de terres abondamment et récemment fumées,
il y a presque toujours une coloration. Les échantillons de terres séchées au labo-
ratoire donnent très souvent des liqueurs colorées, tandis que les mêmes terres
prises avec leur humidité naturelle donnent des solutions incolores. — Le
plus souvent on peut faire disparaître cette coloration, soit en ajoutant du
charbon à la terre elle-même, au moment où on la secoue avec l'eau dans le flacon
bouché, soit (et cela vaut mieux, quoiqu'il en résulte une perte de temps), en
I. Cela fait 2 à 3 kil. par centimètre carré.
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H. FABRE. — MÉTHODES DE DOSAGE POUR LES ÉTUDES DE TERRE 2o3
ajoutant ce charbon à la solution, après filtration. Il suffit généralement de 3 à
5 gr. de charbon dans 500 ce. de solution; on agite de temps à autre et on
filtre 20 minutes plus tard. On obtient ainsi presque toujours une solution parfai-
tement incolore. Il faut la comparer néanmoins avec de l'eau distillée, dans le colo-
rimètre pour s'en assurer. (Si elle avait conservé encore une légère teinte, il fau-
drait la traiter à nouveau de la même façon.)
On n'accorde, en général, qu'au noir animal la propriété de décolorer des solu-
tions. Il n'en est rien. En outre, le noir animal, même lorsqu'il est préparé spé-
cialement, contient encore tellement de substances minérales, que son emploi doit
être interdit dans l'étude des solutions très diluées qui nous occupent. Nous avons
trouvé que pour ce travail il n'y avait d'ailleurs qu'un très petit nombre de noirs
commerciaux qui puissent être utilisés. Ces noirs sont préparés en grand par la
combustion partielle de pétroles ou de gaz naturels; on obtient le dépôt de fines
particules charbonneuses sur des surfaces refroidies. Tous les produits commer-
ciaux ainsi obtenus n'ont pas une même efficacité, et il est indispensable de véri-
fier les marques que l'on emploie. Le Bureau des sols fait usage, dans ses
recherches, de la marque <( G. Elf » ^. Nous avons trouvé que ce noir ne modifiait
pas sensiblement nos solutions, soit par apport d'impuretés, soit par l'absorption
des substances minérales dissoutes. Par suite de son mode de préparation, ce noir
contient quelques substances huileuses, de la classe des paraffines. On peut les
enlever facilement en traitant une certaine quantité de noir par de l'eau distillée
chaude, et en enlevant l'écume huileuse. On laisse le charbon se déposer, puis on
enlève, le mieux possible, l'eau surnageante. On renouvelle plusieurs fois ce trai-
tement, puis on verse le noir sur un filtre, et on sèche. Il ne reste plus de subs-
tances huileuses. On a même remarqué qu'il n'était pas utile de sécher complè-
tement ce noir, car, légèrement humide, il est plus maniable que lorsqu'il est
sec et en poudre légère.
Autres méthodes pour l'obtention des solutions de terres arables
On a pu utiliser la force centrifuge pour extraire le liquide constituant l'hu-
midité d'une terre, à un moment donné. MM. le D' L. J. Briggs et J. W. Me Lane,
du Bureau des sols, ont construit une machine centrifugeuse dans ce but. Elle
consiste en trois cylindres concentriques, dont l'un, l'intermédiaire, est percé de
petits trous. On place l'échantillon de terre encore humide entre ce cylindre et \e
cylindre intérieur, puis on fait tourner l'appareil à raison de 8.000 tours environ
par minute. Le liquide constituant l'humidité de la terre passe à travers les trous
et va se réunir dans le cylindre extérieur. Il est d'ordinaire parfaitement limpide,
et il n'est pas utile de le filtrer. — Cet appareil permet d'amener une terre à ne
plus contenir que l'optimum d'humidité nécessaire au développement des végé-
taux; il ne peut, malheureusement, être utilisé qu'avec des échantillons qui con-
tiennent plus que cet optimum. Cependant, il a permis d'avoir des renseignements
précieux sur la concentration existant à un moment donné dans les liquides du sol.
La quantité infime de liqueur obtenue est le seul inconvénient de cette méthode et
c'est pour cela qu'on l'a abandonnée.
L'appareil de Briggs et Me Call^, employé pour étudier les déplacements
par capillarité des liquides du sol peut servir à l'obtention directe de l'humidité
d'une terre. Cet appareil est formé par un tube filtrant Pasteur-Chamberland,
relié par un tube de plomb à une bouteille de 2 litres où on fait le vide. (On se sert
de tubes de caoutchouc rouge que l'on a rendu imperméables en les enduisant
d'huile lourde de coton pour faire les raccords. On enlève d'abord avec une sonde un
boudin de terre d'un dïamètre égal à celui du petit bout du tube de porcelaine. Ce
tube est légèrement conique et après avoir été enfoncé de force dans le trou qui lui
était destiné, il s'établit une bonne liaison capillaire entre ses pores et ceux de la
terre. On laisse ce dispositif en place pendant 24 heures, puis on en sépare la bou-
teille vide et on recueille le liquide qui s'est amassé dans la bougie. Il n'est même
u Journal of the american chemical soctety 1904, 26, 8î7.
2. Science. N. S. 1904, 20, 566.
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REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
pas nécessaire de déplacer cette dernière, et on peut la vider commodément par
aspiration, à l'aide d'un petit tube que l'on plonge à l'intérieur.
Comme dans la méthode précédente, cet appareil ne peut servir qu'à la sépa-
ration de l'humidité des terres éloignées de l'état sec. Il ne peut même pas servir
pour des terres voisines de cet état.
Préparation et décoloration des solutions des végétaux
On peut faire des solutions de végétaux pris à l'état vert ou à l'état sec. Dans
les deux cas, les solutions que l'on obtient sont colorées, mais il est possible de
les avoir ensuite complètement limpides, en les traitant par du charbon.
Fig. 5. — Carcasse en fil de fer et bouteilles paraffinées prêtes pour l'emploi.
Mode opératoire quand on utilise des plantes vertes. — On coupe l'échantillon
en petits morceaux que l'on mélange avec soin. On pèse ensuite deux lots l'un
de loo gr., l'autre de 20 gr. Le premier sert à doser l'humidité, dont on doit tenir
compte, soit que l'on rapporte les résultats trouvés en analysant la solution à la
substance sèche, soit qu'on les rapporte à l'humidité de la plante. La prise
d'essai de 20 gr. est placée dans un mortier de porcelaine ordinaire ou de Wed-
GEWOOD (sorte de porcelaine opaque) où on la pulvérise finement. On y ajoute
une partie des 500 ce. d'eau distillée d'une carafe jaugée, et on malaxe avec le
pilon pendant une minute. On verse le reste des 500 ce. d'eau et on remue à
nouveau avec le pilon pendant 3 minutes. On décante enfin la solution ainsi obte-
nue dans un flacon, pour l'y décolorer.
Cette solution, en effet, est toujours colorée en vert par de la chlorophylle.
On la traite par 5 gr. du charbon dont nous avons déjà parlé (page 203) et on
agite de temps en temps le mélange pendant vingt minutes. On le filtre alors avec
un tube Pasteur-Chamberland, en ayant soin de rejeter les 50 premiers centi-
mètres cubes du filtrat, comme nous l'avons expliqué pour l'obtention des solu-
tions de terre.
Mode opératoire quand on utilise des plantés sèches, — On pulvérise finement
l'échantillon dès sa sortie de l'étuve, alors que les tiges sont encore cassantes, en
se servant d'un mortier ou d'un moulin. Une prise d'essai de 10 gr. de l'échan-
tillon bien homogénéisé est placée dans un fKicon bouché à l'émeri, avec 5 gr.
de charbon et 500 ce. d'eau distillée. On agite fortement pendant 3 minutes, puis
on laisse déposer pendant 20 minutes (en remuant de temps en temps). On filtre
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H. FABRE. - MÉTHODES DE DOSAGE POUR LES ÉTUDES DE TERRE 2o5
en dernier lieu avec une bougie Pasteur-Chamberland, en rejetant encore les
50 premiers centimètres cubes.
Les plantes sèches, quand on ne les traite pas par le charbon, donnent une
solution plus foncée que les plantes vertes. Toutefois si la dessiccation a été faîte
avec soin et si les plantes ont conservé leur couleur verte, il est facile d'obtenir
la décoloration parfaite par le charbon. C'est seulement dans le cas d'un chauffage
exagéré de l'échantillon, que la solution obtenue est très foncée, et qu'il est par-
fois difficile de la décolorer complètement, même par plusieurs traitements. Il
s'ensuit que l'on devra apporter le plus grand soin aux dessiccations.
Ajoutons à cette description du mode opératoire des filtrations, qu'il est
nécessaire de nettoyer parfaitement et de laver les filtres immédiatement après
qu'on s'en est servi. Ils sont, en effet, sujets à s'engorger par suite du dévelop|>e-
ment d'organismes vivants, à l'intérieur même de leurs pores. Si ce cas venait à
se produire, il faudrait traiter les bougies f>our leur rendre leur efficacité primi-
tive, en les brûlant et en les lavant, comme nous l'avons indiqué à la page 202.
Etant donné que la concentration des solutions des plantes est sensiblement
supérieure à celle des sols, il est prudent de conserver un lot distinct de filtres
pour ce travail. Si par hasard on voulait utiliser une bougie servant aux solutions
de plantes pour filtrer une solution de terre, il faudrait la brûler et la laver soi-
gneusement ensuite avec de l'eau distillée, jusqu'à ce que le filtrat ait une résistatice
électrique comparable à celle de l'eau distillée ordinaire.
MÉTHODES COLORIMÉTRIQUES
Les méthodes colorimétriques ont été imaginées pour pouvoir faire des ana-
lyses à la fois rapides et exactes, permettant le dosage de quantités minimes de
substances. Ces desiderata sont communs à beaucoup de méthodes, mais de façon
moins absolue. — Il est des méthodes colorimétriques qui sont rapides, mais
elles* ne permettent pas d'apprécier de très faibles quantités de substances. Il est
absolument nécessaire en fait que ces méthodes soient rapides, afin de faciliter les
recherches des chimistes toujours occupés; mais la possibilité d'apprécier des
quantités infimes de matière n'est pas moins importante pour ceux qui s'occu-
pent aujourd'hui de sciences pures et appliquées. Pour ces derniers, en effet, la
rapidité des méthodes n'a qu'une importance secondaire (en admettant même
qu'elle en ait une quelconque).
Plusieurs méthodes colorimétriques récentes sont aussi pénibles et peut-être
même plus fastidieuses que les méthodes gravimétriques. Leur seul mérite est de
permettre l'appréciation de quantités de substances que l'on ne pourrait doser par
les méthodes gravimétriques. Elles ouvrent ainsi à la-recherche un champ demeuré
inabordable jusqu'à présent.
Dans les cas où il serait possible d'utiliser des méthodes colorimétriques
rapides, on peut se demander s'il y aurait avantage à les adopter, ou à s'en tenir
aux méthodes gravimétriques. Il faut alors examiner si l'exactitude relative du
procédé colori métrique se contrebalance par un gain de temps. Ce gain de temps
peut avoir parfois une très grande importance, non seulement dans les travaux
ordinaires de laboratoire, mais aussi dans les recherches scientifiques où il im-
porte de connaître la quantité de substance présente à un moment donné, dans
une expérience.
Dans les cas où l'on doit apprécier de très petites quantités de substances, il
n'y a pas d'hésitation possible. Par contre, les méthodes gravimétriques conve-
nablement choisies conservent toujours l'avantage lorsqu'il faut doser des quanti-
tés importantes.
Toutefois, lorsque la rapidité du dosage demeure un facteur important, il est
malaisé d'opter entre les méthodes colorimétriques ou gravimétriques. Il faut alors
baser son choix sur les nécessités les plus immédiates du problème à résoudre.
Pour ce qui est de l'exactitude des méthodes colorimétriques, on ne peut en
parler de façon générale. En effet, des dosages colorimétriques ont été assez per-
fectionnés pour permettre une exactitude infiniment supérieure à celle des métho-
des gravimétriques. Par contre, plusieurs méthodes colorimétriques ne donnent que
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2o6 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
des approximations grossières. Il faut ajouter que, prises telles qu'elles sont,
elles gardent encore leur utilité, car nous n'en connaissons pas d'autres plus
précises. — La plupart des méthodes colorimétriques se classent pourtant entre ces
deux extrêmes. Folkard i, Kruss 2 et plusieurs autres ont recherché quelles étaient
les limites de précision que l'on pouvait atteindre en les employant avec soin. Il
n'est pas douteux que la précision des méthodes colorimétriques ne soit pas esti-
mée le plus souvent à sa juste valeur. On en peut donner plusieurs raisons dont
voici les principales : i^ l'incapacité de beaucoup de gens à apprécier exactement
les couleurs ; 2** les contaminations pendant les essais ; s"" l'emploi de réactifs
impurs ; 4* enfin, l'utilisation d'appareils défectueux.
C'est surtout par la* pratique que le chimiste deviendra capable de faire de
bonnes comparaisons, mais il est des personnes qui ne pourront jamais apprécier
même une couleur bien tranchée. Il faut prêter une grande attention à ce fait, et
tout opérateur devra s'éprouver parfaitement lui-même en comparant des liqueurs
étalons d'intensités variables. S'il ne peut ainsi obtenir de résultats concor-
dants, il est inutile qu'il travaille davantage le dosage essayé. (Il est très possible
pourtant qu'il puisse opérer avec précision des dosages basés sur une autre colo-
ration.)
L'emploi de réactifs impurs et les contaminations de liqueurs i>endant l'ana-
lyse sont sans excuses. Quand on fait des analyses précises, il est de la dernière
importance que les solutions étalons soient préparées avec beaucoup de soin, et
mises à l'abri de toute contamination. Cela est tout particulièrement vrai pour
les étalons ammoniacaux et nitriques, puis pour les étalons de phosphate avec les-
quels il |>eut en particulier s'opérer très facilement des contaminations par la
silice. Les étalons doivent être conservés avec le plus grand soin. Les solutions doi-
vent, en outre, être parfaitement limpides et ne pas contenir de particules en sus-
pension. — Il faut que la solution étalon et la solution à étudier qu'on lui compare
soient à la même température, car l'intensité de coloration des substances en
dépend, par suite de la variation d'intensité de leur spectre d'absorption. Le
solvant lui-même absorbe de la lumière et il est, par suite, bon de ne pas
faire différer beaucoup la concentration de la solution obtenue, de celle de l'étalon.
Si la solution inconnue se trouvait trop diluée il suffirait d'ajouter de l'eati distil-
lée à l'étalon jusqu'à ce que l'on obtienne une intensité de coloration plus voisine.
Les comparaisons deviennent ainsi beaucoup plus aisées, étant donné que les
spectres d'absorption et par suite les couleurs transmises par beaucoup de teintu-
res diffèrent beaucoup suivant que l'on a des solutions concentrées ou diluées.
Nous indiquons plusieurs fois dans cet article la nécessité de conserver les
réactifs dans des bouteilles paraffinées, afin d'éviter toute contamination due à'
la solubilité des verres. On peut opérer en paraffinant des bouteilles de verre
ordinaire, mais nous avons eu l'idée, comme on le voit sur la figure 5, d'employer
plutôt dès récipients en fil de fer paraffiné, comparables aux pots utilisés i>ouf le
développement de végétaux (tel qu'on l'indique dans le Bulletin n^ 23 ^). Oh utili-
sera un treillis de fil de fer à mailles de 1/8 de pouce (3 millim. environ) qui sera
coupé en bandes permettant d'avoir la dimension de bouteilles que l'on désire.
Les bouts seront assujettis ou soudés, ce qui constituera une carcasse très Solide.
Cette carcasse sera plongée ensuite à plusieurs reprises dans de la paraffine fondue
jusqu'à ce qu'elle ait un revêtement suffisamment épais. Les bouteilles ainsi cons-
tituées sont particulièrement utiles pour conserver les réactifs servant aux dosages
du magnésium, des phosphatés et de la silice. Elles peuvent servir aussi de réci-
pients pour la détermination de la solubilité des minéraux des roches. (Elles Con-
viennent encore parfaitement à la conservation de l'acide fluorhydrique, et en
général à la conservation des solutions alcalines.)
Nous avons trouvé, non sans i>èine, d'ailleurs, que les bouilloires à thé en
1. Chemical News 1897,76, 73.
2. Kolorîmetrie u. Quantitative Spektralanalyse (1891).
3. La Fertu-ité du sou Conférence à l'association des fermiers du Rich-Neck^ comté de
Queen Anne {Marjrland) par MiltonWhitney, chef du Bureau des sols du Département de Vagricul-
ture des Etats-Unis, Traduit par Henri Pabre, Coulet; éditeur, Montpellier, 1907. (Note du T.)
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H. FABRE. — MÉTHODES DE DOSAGE POUR LES ÉTUDES DE TERRE 207
nickel plaqué, constituent d'exœllent récipients pour Teau redistillée utilisée dans
les méthodes colorimétriques que nous décrivons. On peut ainsi faire chauffer aisé-
ment cette eau, lorsque cela est nécessaire, et la verser à l'aide d'un siphon en
étain fixé dans le bec de la bouilloire.
Il est important d'étudier les colorimètres, car c'est d'eux que dépend non seu-
lement l'exactitude des résultats, mais encore leur rapidité. On a inventé un grand
nombre de dispositifs que nous ne pouvons discuter ici. Nous allons seulement
esquisser la description des trois types les plus communément employés.
L'un d'entre eux consiste en deux vases de comparaison ayant deux parois pa-
rallèles. On y place respectivement la solution étalon et la solution à analyser
puis on dilue la solution étudiée jusqu'à ce qu'elle ait une intensité de coloration
identique à celle de l'étalon. Dans ce type d'appareils, l'épaisseur du liquide exa-
miné demeure constante et l'égalité de coloration s'obtient uniquement en ajou-
tant de l'eau. Les comparaisons se font dans une chambre obscure convenable-
ment construite. En général, les résultats obtenus sont précis mais demandent un
temps assez long.
Un autre type d'appareils, celui que l'on emploie d'ordinaire dans les ana-
lyses d'eaux, est très critiquable parce qu'il est lent quand on veut obtenir des
résultats précis, et aussi parce qu'il exige de nombreux essais distincts. Son prin-
cipe consiste à faire développer une coloration dans des volumes égaux de la
liqueur inconnue et de liqueurs dont on connaît les titres. On voit quelles sont
les liqueurs étalons dont la coloration se rapproche le plus de celle de la solution
étudiée et on fait de nouveaux essais en opérant sur de nouvelles solutions dont les
titres varient dans des limites moins étendues. On finit ainsi par rencontrer une solu-
tion de titre connu dont la coloration est exactement la même que celle de la liqueur
à analyser. L'appareil que l'on emploie pour faire les comparaisons consiste en
cylindres de verre dont le fond est de préférence constitué par des glaces polies.
Ces cylindres portent les indications de capacité, 25, 50 ou 100 ce. On les vend
dans le commerce, mais leur fabrication est souvent défectueuse ; en outre, ils sont
généralement en verre de mauvaise qualité, parfois même teinté. Les fonds, en
particulier, sont fort irréguliers et les hauteurs des indications de capacité, à par-
tir du fond du tube, sont très variables. Il s'ensuit qu'il est essentiel de n'utiliser
dans les essais que des « paires » de tubes bien assorties. Ces tubes sont, en
outre, très souvent un peu effilés; il s'ensuit que la hauteur des 50 ce. du bas
n'est pas la même que celle des 50 ce. du haut. Cette différence peut atteindre
10 % pour des tubes livrés par les maisons les plus recommandables. Il faut,
d'ailleurs, remarquer que ce qui importe pour les mesures, c'est la hauteur de la
colonne de liquide, et non son volume, car l'intensité de l'image que l'on aper-
çoit dépend seulement de l'épaisseur de ce liquide. Avec ce type d'appareils l'opé-
rateur se trouve être ainsi sous la dépendance de la coïncidence exacte du volume
auquel se rapporte la graduation, et de la hauteur des tubes qu'il emploie. Il faut,
en d'autres termes, que les tubes dont il fait usage en les accouplant soient par-
faitement assortis.
Un troisième type de colorimètre a pour principe la variation de hauteur
d'une liqueur étalon jusqu'au moment où l'on aperçoit une image identique à celle
qu'on voit à travers la colonne de liqueur inconnue. Ce procédé est de beaucoup le
plus rapide et, lorsqu'on observe certaines prescriptions particulières, il est aussi
le plus précis. Cette variation de hauteur des solutions peut s'obtenir de plusieurs
façons : I** en versant le liquide d'une burette dans l'un des tubes déjà décrits;
2** en employant un de ces tubes pourvu d'un robinet à la partie inférieure; 3** en
reliant par un caoutchouc le bas d'un des tubes à un réservoir latéral pouvant se
déplacer à volonté vers le bas ou vers le haut; 4** à l'aide d'un prisme ou tube à
immersion. II est assez curieux de remarquer que presque tous les cylindres em-
ployés dans les colorimètres de ce genre portent une graduation en centimètres
cubes, alors qu'il est parfaitement clair que c'est la hauteur seule du liquide éta-
lon qui détermine le titre de la solution à analyser. L'emploi de semblables échelles
graduées en centimètres cubes est tout à fait critiquable et il faudrait l'abandonner.
L'un des appareils que nous décrivons plus loin porte une graduation ration-
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REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
nelle en divisions indépendantes de la capacité, et par suite de la grosseur et de
l'uniformité des tubes.
Description et emploi des colorimètres
Dans les travaux les plus récents de ce Bureau, on a utilisé un appareil ana-
logue à celui qui a été décrit par Whitson'^. Il comprend :
i^ Un tube mesureur en verre incolore, de 26 mm. de diamètre et 26 cm. de
long. Ce tube porte un petit ajutage à sa partie inférieure et se trpuve relié par un
tuyau de caoutchouc à un réservoir pouvant être déplacé de façon à faire varier
rapidement la hauteur de la colonne de solution colorimétrique étalon.
2^ Un tube de comparaison, lui aussi en verre incolore, ayant des dimensions
aussi identiques que possible à celles du tube mesureur.
C^
/7
100
ce.
ce.
<>it/ttii
\ -=^i
-=-a;
\ -^'l
Fîg. 6. — Colorîmètre avec deux paires de tubes montrant leur graduation.
Les deux tubes ont des fonds parfaitement plans et horizontaux. Tout ce dis-
positif est monté dans une chambre particulière que Ton voit sur la figure 6. On
dispose le réflecteur situé en haut de l'instrument, de façon à ce qu'il renvoie la
lumière du ciel (de préférence celle du côté Nord), à travers les liquides des tubes.
Ces tubes sont placés eux-mêmes sur une planchette pourvue de trous ronds. La
lumière peut ainsi arriver sur le miroir inférieur d'où elle est réfléchie dans Toeil
de l'observateur. Le réservoir qui contient la solution colorimétrique étalon est
ensuite élevé ou abaissé jusqu'à ce qu'on obtienne deux images de même intensité
sur le miroir inférieur.
Avec cette forme d'appareil, si on emploie une échelle graduée en centimètres
cubes, le défaut de calibrage des tubes dont nous avons déjà parlé, est capital.
Voici les conditions qu'il faudra remplir quand on graduera une- paire de tubes
pour ce genre de colorimètres : Le cylindre de comparaison A devra avoir un cali-
bre régulier (condition malaisée à satisfaire). On gravera ensuite sur le verre
les indications 50 et 100 ce. On marquera de même la hauteur qu'occupent 100 ce.
dans le cylindre-mesureur B où on mettra la liqueur-colorimétrique-étalon. (C'est
I. Bulletin no 85. Wisconsin Agricultural Experiment Station (1901).
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H. FABRE. — METHODES DE DOSAGE POUR LES ÉTUDES DE TERRE 209
ce cylindre qui porte une tubulure à sa partie inférieure.) On divisera ensuite eh
100 parties égales la distance qui sépare la marque 100 ce. du fond du cylindre
mesureur. On voit ainsi que l'échelle de ce tube mesureur B représentera en fait
les centimètres cubes contenus dans le tube A. (Il faut ajouter que si ce dernier
venait à être brisé, le tube gradué perdrait toute valeur car il deviendrait fort diffi-
cile d'en trouver un autre correspondant à la même échelle du tube B.) Sur la
figure 6 on voit deux paires de tubes colorimétriques. Ils sont identiques, mais il
est évident qu'on ne pourrait les intervertir.
Pour se servir du colorimètre on place la solution à étudier dans le tube de
comparaison A, et il n'est pas nécessaire de l'amener à un volume déterminé. On
place à son tour la solution étalon dans le réservoir. On compare alors l'înten- '
site des deux images du miroir inférieur, et on déplace le réservoir jusqu'à ce qu'on
ait des intensités de coloration égales. On lit alors la hauteur de la solution étalon
dans le tube, en ouvrant le volet que Ton avait laissé fermé pendant les opéra-
tions précédentes. On modifie ensuite la hauteur du liquide en sens opposé, et on
fait une nouvelle lecture. Toute détermination devrait être la moyenne de 3 lectures.
Le chiffre obtenu multiplié par la proportion de substance active contenue dans
chaque centimètre cube de la solution colorimétrique étalon donne la teneur de la
solution du tube de comparaison:
En dehors des inconvénients déjà mentionnés pour les tubes colorimétriques
ayant des graduations en centimètres cubes, cet appareil a encore quelques petits
défauts. Le principal réside dans l'impossibilité de faire suivre instantanément au
liquide du tube B le déplacement du réservoir. Le liquide met un certain temps à
traverser le tuyau de caoutchouc, et il est impossible de faire une lecture en fai-
sant osciller le liquide au-dessus et au-dessous du point exact cherché. Ces oscîlla-
rions seraient pourtant commodes, car l'œil perçoit mieux les variations de couleur
que des couleurs uniformes. Avec cet appareil on ne fait donc que s'approcher de
l'égalité de teinte des tubes par des lectures différentes en-dessus et en-dessous du
point exact.
On peut encore critiquer ce colorimètre à cause de son tube de caoutchouc
qui est quelque peu altéré par certaines liqueurs colorimétriques, en particulier
par la solution d'acide nitrique utilisée dans le dosage des phosphates, et par
les solutions alcalines servant au dosage des nitrates et de l'ammoniaque. Cette
détérioration du caoutchouc est particulièrement gênante dans les laboratoires où
l'on doit faire tous ces dosages, ce qui nécessite soit l'emploi d'appareils séparés,
soit le changement du caoutchouc des tubes pour chaque espèce d'analyse.
Le colorimètre qu'a décrit, il v a quelque temps, Schreiner ^, et que nous
employons maintenant dans nos laboratoires, évite en grande partie les inconvé-
nients de l'appareil précédent. Les parties travaillantes de cet appareil (c'est-à-dire
les parties qui demeurent en contact avec les solutions) sont entièrement en verre,
et elles sont placées dans une chambre noire ad hoc, en bois, comme le montre la
figfure 7- (On a même construit une autre forme de colorimètre, avec des supports
de tubes en métal au lieu de bois. En outre, dans ce dernier modèle, on peut
faire tourner les deux tubes autour d'un axe vertical, ce qui permet de changer à
volonté la position relative des images afin d'éviter une erreur possible due à un
éclairement inégal.)
Ce colorimètre consiste essentiellement en tubes de verre gradués où l'on place
la solution colorimétrique étalon et la solution à analyser. On modifie les hauteurs
de liquide dans les deux tubes à l'aide de deux petits tubes à immersion A, égale-
ment en verre. Ces tubes à immersion mesurent 26 cm. de long et environ 2 cm.
de diamètre. Ils ressemblent à des tubes de Nessler, et leur fond doit être plan
et bien poli. Ces tubes sont assujettis par leur partie supérieure dans des supports
en bois s'aiustant dans des rainures du corps du colorimètre. On peut ainsi les
enlever facilement pour les nettover quand on change de liquide. Les tubes gra-
dués B doivent avoir leur fond bien plan et poli ; ils mesurent aussi 26 cm. de
long, mais leur diamètre est d'environ 3 cm. Les divisions de l'échelle sont à un
I. Journal of the american chemical society, 1905, 27, 1192.
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REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
écart de 2 mm. Sur le dos du tube il y a des repères indiquant 50 et 100 ce, ce
qui permet d'amener les solutions à un volume déterminé. Ces tubes sont mainte-
nus par une traverse en bois à mi-hauteur environ de la chambre, et ils sont assu-
li\rf
F'ig. 7. — Colorimètre avec tube et graduation.
jettis par des embrasses ou crampons C en cuivre. On peut régler la tension de
ces embrasses de façon à ce qu'il soit possible de déplacer sans peine, à la main,
les tubes vers le haut ou vers le bas, tout en assurant leur maintien solide quand
on les lâche. On voit sur la figure, que ces tubes sont placés un peu inclinés, ce
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H. FABRE. - MÉTHODES DE DOSAGE POUR LES ÉTUDES DE TERRE 211
qui les fait diverger à leur partie inférieure. Ce dispositif a été imaginé parce qu'on
Ta trouvé commode pour permettre à l'opérateur de voir le centre des deux tubes
à immersion, tout en amenant leur partie supérieure à être côte à côte. On peut
couvrir l'ouverture des tubes à immersion à l'aide d'une plaque de verre pour
microscope, afin d'éviter l'introduction de poussières. Les tubes sont éclairés par
le réflecteur inférieur D, constitué par une feuille de carton blanc ou par un verre
opaque. Après avoir traversé ces tubes, la lumière est, par un miroir E, renvoyée
en F. où se trouve l'œil de l'observateur. Ce miroir E doit être autant que pos-
sible en verre incolore, car la couleur verdâtre des verres ordinaires tend à modifier
la qualité de la lumière et à contrarier l'appréciation de solutions à faible titre.
Ce fait s'observe surtout pour la coloration vert-jaunâtre des solutions de phos-
phomolybdate que l'on obtient dans le dosage des phosphates. — La chambre me-
sure environ 70 cm. x 32 cm. x 16 cm.
Pour faire une comparaison, on place la solution colorimétrique étalon dans
Tun des tubes gradués, puis on met ce tube en place dans la chambre, avec le
tube à immersion. La solution colorimétrique à analyser que l'on a amenée à un
volume défini est placée de la même façon dans l'autre tube gradué de l'instru-
ment. On fixe le tube contenant la solution à analyser à une hauteur convenable,
40 divisions, par exemple, puis l'opérateur déplace le tube contenant la solution
étalon et il examine l'aspect des deux images à travers l'ouverture antérieure de
Tappareil. En faisant mouvoir le tube contenant la liqueur étalon, de manière à ce
que l'image soit alternativement plus claire et plus foncée que celle donnée par
la solution à analyser, on peut faire une détermination rapide et exacte. Lorsque
les deux images ont une même intensité de coloration, on note la division du tube
gradué qui est en face de l'extrémité du tube d'immersion. On a ainsi la hauteur de la
colonne de liqueur étalon donnant exactement la même intensité de coloration que
la colonne connue de liqueur à analyser. Il s'ensuit que les titres de ces deux solu-
tions colorimétriques sont -en raison inverse de la hauteur de ces colonnes lue sur
les tubes. Si R est la lecture faite avec la solution de titre 5 et r la lecture faite
avec la solution colorimétrique du titre inconnu s, on a :
r
La même formule s'appliquerait d'ailleurs si l'étalon était fixe, et si on dépla-
çait la solution inconnue, de manière à avoir des images de même intensité.
Nous allons donner trois exemples concrets : Dans le premier la solution à ana-
lyser a un concentration de même ordre que celle de l'étalon ; dans le second, elle
est plus concentrée, et dans le troisième elle l'est beaucoup moins.
Exemple I. — 50 ce. d'une solution ont été évaporés et traités comme il sera indiqué pour
le dosage des nitrates. La solution colorée a été amenée à 50 ce. En la comparant dans le colo-
rimètre avec l'étalon titrant i millionième, on a trouvé que la lecture 40 correspondait à la lec-
50
ture 50 pour l'étalon. La teneur de la solution colorée est donc s = x i = 1,25 millio-
40
nième de NO'. Dans ce cas, le titre de la solution initiale est le même que celui de la solution
colorée.
Exemple II. — 25 ce. d'une solution ont été évaporés et traités comme il sera indiqué pour
le dosage du potassium. En développant la couleur, on a trouvé qu'elle était très intense, et
après l'avoir obtenue, on a amené la solution au volume de 100 ce. Cette solution étant encore
trop colorée poUr pouvoir faire une mesure précise, on en a prélevé 25 ce. que l'on a amenés à
100 ce.— En comparant cette nouvelle solution à l'étalon à i millionième ; on a vu que 40 divi-
sions correspondaient à 36 divisions de l'étalon.
^ . 36
Donc il y a 5 = — x i = o,q millionièmes de K dans la solution examinée. Etant donné
40
les dilutions précédentes, il est évident que la solution initiale est 4 fois plus concentrée, et
qu elle titre 0,9 x 16 = 14,4 millionièmes de K.
Exemple III. — 100 ce. d'une solution ont été évaporés et traités comme il sera indiqué
au dosage des phosphates. On a estimé que la coloration de la solution colorimétrique obtenue
était trop faible pour être comparée avec précision à celle donnée par l'étalon à 10 millionièmes.
On a alors dilué cet étalon de moitié avec de l'eau exempte de silice, puis on s'est servi du colo-
rimètre. On a trouvé que 24 divisions de la solution étalon à 5 millionièmes correspondaient à
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212 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
40 divisions de la solution de titre inconnu. Donc, 5 = — x 5 = 3,0. Et^nt donné que Ton
a dilué 50 ce. de la solution étalon pour en faire 100 ce, il s'ensuit que le titre de la solution
à analyser est seulement la moitié du chiffre trouvé, soit 1,5 millionièmes de PO*.
Au lieu de placer des solutions étalons dans l'un des tubes, on peut placer des
verres types colorés en G, sous l'un des tubes à immersion. (On conserve ce tube
afin d'avoir des images analogues sur le devant de l'appareil,) On a pu utiliser
aussi les verres types de Lovibond 1, et la constante C de ces verres se déduit de
la formule:
C = RS
dans laquelle R est le chiffre lu pour l'étalon de titre S quand les deux images ont
une même intensité. — On peut parfois se servir de verres de couleurs simples,
en particulier de verres jaunes pour l'analyse des nitrates, mais il faut d'ordinaire
employer plusieurs verres combinés, pour reproduire la couleur de certaines solu-
tions. L'emploi des verres colorés devient ainsi fort compliqué. Il faut, en effet,
une série de verres d'intensités différentes, mais reliés par une relation simple,
pour analyser les solutions diluées ou concentrées. Pour obtenir le titre 5 d'une solu-
tion colorimétrique à analyser, on emploie la formule:
r
dans laquelle C est la constante du verre coloré employé, et r le chiffre lu avec la
solution à analyser.
Ces verres colorés sont parfois très utiles pour contrôler de temps à autre
lés solutions étalons lorsqu'on en préfère l'emploi.
Voici, en outre, comment le Bureau conseille d'établir les parties de verre du
colorimètre: les tubes-mesureurs doivent avoir 26 cm. de long et leur diamètre
interne doit être très voisin de 27 millim. ; (il ne doit en tous cas jamais être inférieur
à 25 millim., ni supérieur à 29). — Le verre qui les constitue doit être incolore, et
le fond bien plan et poli. La surface interne de ce fond en particulier doit être
plane et ne pas présenter d'irrégularités sensiblement concaves ou convexes. Il
faut, en outre, que le bas de ces tubes soit légèrement aplati, de manière à former
un petit bourrelet externe. Enfin, ces tubes doivent porter une échelle en 100 divi-
sions distantes de 2 millim. Cette échelle commence au niveau de la surface interne
du bas des tubes, en donnant à chaque division ordinaire une longueur de 6 mil-
lim., et T2 millim. avec traits de 5 en 5 divisions. On numérote ensuite chaque
10 divisions, 10, 20, 30, etc., sur le côté droit du tube, et en partant du bas. —
Sur le côté gauche de ce même tube, on grave deux indications de capacité, l'une
pour 50, l'autre pour 100 ce. — Les tubes à immersion ont aussi 26 cm. de long,
mais leur diamètre extérieur ne doit pas dépasser 20 millim., ni être inférieur à
18 millim. Ils doivent être d'épaisseur uniforme. Enfin leur partie inférieure doit
être soigneusement aplatie et polie, avec une paroi intérieure qui ne soit pas sen-
siblement convexe ou concave. Ces tubes doivent être aussi en verre incolore et
leur extrémité inférieure sera aplatie de façon à former un léger bourrelet externe.
Ils ne doivent être pourvus d'aucune graduation ou marque de capacité.
Les tubes que fournissent beaucoup de constructeurs laissent souvent beau-
coup à désirer. D'ordinaire, il n'y a que la partie extérieure de ces tubes qui soit
bien polie, et la partie interne se trouve irrégulière et légèrement concave. On a
alors proposé d'employer pour les travaux très précis des plaques de verre plan col-
lées. Les images obtenues sont alors très nettes et ne montrent pas d'irrégularités
dues au passage de la lumière à travers des fonds inégaux ou légèrement con-
caves et susceptibles d'agir comme des lentilles.
L'inconvénient de ces tubes est leur ciment qui se désagrège rapidement par
le contact continu des substances tantôt acides, tantôt alcalines, des solutions colo-
I. Lovibond, Journal Soc. chem. Ind. (1894) ; voir aussi "chreiner, Pharmac, Review.
1901,19,61.
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BIBLIOGRAPHIE
2l3
rimétriques. On est alors obligé de remplacer le tube abîmé par un autre jusqu'à
ce qu*il soit réparé.
Lorsqu'on se sert presque continuellement d'un colorimètre, c'est fort en-
nuyeux, et il est, somme toute, plus commode, pour un travail ordinaire, d'em-
ployer des tubes moins parfaits, avec fond fixe, que nous avons déjà décrits.
M. A. B. Depuy, de ce Bureau, perfectionne une méthode permettant d'aplatir et
de polir la surface interne de tubes de ce genre. Il a déjà obtenu quelques bons
résultats.
(A suivre.)
BIBLIOGRAPHIE
La Réglementation du travail dans i'In-
dustriei par L. Grillet, Inspecteur du
travail dans l'Industrie, Secrétaire des
Commissions départementales du tra-
vail de Rennes, r ougères et Saint-Ma-
lo. Petit in-8** (ig x 12) de 172 pages.
(i Encyclopédie scientifique des Aide-
Mémoire 1.) Broché, 2 fr. 50. Lib. GAU-
THIER- ViLLARS, Paris (lyoô).
Ce Volume est le deuxième d'une série
dans laquelle l'Auteur s'est proposé d'étu-
dier, en se plaçant exclusivement au point
de vue industriel, la législation ouvrière
française.
Dans un premier Volume : « La Légis-
lation des Accidents du travail •, il avait
exposé la législation et fixé la jurispru-
dence en matière de responsabilité des
accidents survenus aux ouvriers de l'in-
dustrie. Dans le présent Ouvrage, il étu-
die, spécialement pour les cjiefs d'entre-
çrise, les conditions du travail dans les
établissements industriels. Cette tâche
ardue, l'Auteur non seulement Ta menée à
bonne fin, mais il a réussi, par des con-
sidérations très personnelles sur ces déli-
cates questions, à composer une œuvre
aussi attrayante qu'intéressante.
Laissant de côté les questions d'hygiè-
ne et de sécurité du travail qui feront
l'objet d'une étude approfondie dans les
deux autres Volumes qui compléteront
cette série, l'Auteur, après avoir très clai-
rement exposé ce au'il faut entendre par
industrie, par établissements industriels,
passe en revue les prescriptions diverses
relatives à l'admission au travail, à la du-
rée du travail, au travail de nuit et au
repos hebdomadaire, aux tolérances et
aux dérogations, au contrôle de l'Inspec-
tion, etc.
Une analyse, même succincte, de cet
Ouvrage nous entraînerait trop loin.
Néanmoins, il est deux points sur les-
lesquels nous appelons tout particulière-
ment l'attention de nos lecteurs.
Au sujet de la durée du travail, M.
Grillet établit, dans une étude théori-
que et pratique de la journée de 10 heu-
res, quelle est Tinfluence de la réduction
de la durée du travail journalier sur le
rendement industriel, et fixe expérimen-
talement, et non « a priori •, çiuelle est,
pour la grande majorité des industries,
la limite maxima de la durée de la jour-
née pour laquelle le rendement journalier
est le plus élevé, celle, par suite, pour
laquelle le travail de l'ouvrier p)eut être
le plus intensif. Nous aurons montré
toute l'importance de cette étude lorsque
nous aurons dit qu'elle a été honorée
d'une médaille de bronze à FExposition
de Saint-Louis (U. S. A. 1904) et que ses
conclusions ont été adoptées par plu-
sieurs syndicats patronaux très impor-
tants.
Un deuxième point intéressant est le
Chapitre consacré aux tolérances et aux
dérogations. Les lois de 1848, 1892 et
1902, qui règlent la durée du travail dans
l'industrie, et les décrets de 1893 et 1902
donnent le droit aux chefs d'entreprise de
prolonger temporairement la durée de la
journée dans certains cas, afin de leur
permettre d'effectuer des travaux indis-
pensables, urgents ou pressés. Or, beau-
coup d'industriels ignorent ou connais-
sent mal ces dispositions oui ont eu pour
but de donner plus de souplesse à l'indus-
trie. Par exemple, dans l'imprimerie, la
grande majorité des patrons n'a qu'une
connaissance imparfaite des prescriptions
qui les autorisent à prolonger dans cer-
taines conditions, jusqu'à 14 heures par
jour, la durée du travail. La lecture de
ce Chapitre rendra donc aux chefs d'in-
dustrie les plus grands services. — X.
Manuel pratique de la fabrication des
eaux et boissons gazeuses, eaux de
Seitz, limonades gazeuses françaises et
étrangèresi vins mousseux, oidres
mousseux, eto, par T. Fritsch, inçé-
nieur-chimiste, Lauréat de la Société
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214
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
d'Encouragement, i vol. in-12 broché
de 360 pages avec 64 figures. 3 fr. 50.
Lib. H. Desforges, Paris (1906).
Depuis quelques années, la fabrication
des eaux et boissons gazeuses a pris un
grand développement en France. Mais, il
manquait à cette nombreuse et intéres-
sante catégorie d'industriels un guide pra-
tique dans leurs opérations. L'ouvrage
que nous présentons à nos lecteurs sera
donc bien accueilli. Ils y trouveront, ex-
posés avec clarté et précision, tous les
renseignements dont ils peuvent avoir be-
soin. L'auteur, bien connu pour ses pu-
blications antérieures si appréciées,
étudie successivement les matières pre-
mières employées : l'eau, les acides, les
carbonates, l'acide carbonique gazeux,
liquide et solide ; ensuite il traite de leur
emploi judicieux dans la fabrication des
eaux gazeuses.
La gazéification des vins et des cidres
se pratique chez de nombreux fabri-
cants ; mais beaucoup d'entre eux opè-
rent d'une manière empirique et n'attei-
gnent pas toujours les meilleurs résul-
tats. L auteur a traité cette question avec
ampleur ; les fabricants y puiseront des
renseignements théoriques et pratiques
qui les mettront sur la voie du succès,
lis y trouveront, en outre, toute une série
de recettes inédites dont ils apprécieront
la valeur.
Un important chapitre est consacré à
la fabrication des limonades françaises et
étrangères. Cette branche, qui est peut-
être moins importante gue celle des eaux
gazeuses proprement dites, est appelée à
se développer considérablement à me-
sure qu'augmentera le nombre des bu-
veurs d'eaux, qui est déjà considérable.
— L'application de l'acide carbonique à
la conservation et aux manipulations de
la bière et du vin forme l'objet des deux
derniers chapitres. Les brasseurs, limo-
nadiers et les maîtres de chais, etc., les
liront avec profit et s'en inspireront dans
leurs travaux. — X.
Préparation mécanique des minerais. Ré-
sumé pratique, par Rigaud (F.), an-
cien Ingénieur en chef des Mines, Ex-
Pert près la Cour d'Appel de Paris,
etit in-8 (19 x 12) de 190 pages avec
2 figures ; ( « Encyclopédie scien-
tifique des Aide-Mémoire ».) Broché :
2 fr. 50. Lib. GauTHIER-Villars, Paris
(1907).
La production des minerais métalliques
comporte presque toujours l'installation
d'une usine de « préparation mécanique »
pour les épurer et les concentrer.
Le rôle de l'ingénieur consiste à établir
le plan de cette usine, et surtout le pro-
gramme des opérations, après une étude
attentive de la production de la mine.
Le choix des appareils doit varier avec
la nature des minerais et le but à attein-
dre ; l'aide-mémoire montre combien les
circonstances sont différentes et indique
sommairement les principes devant gui-
der l'organisateur dans son choix pour
les cas les plus fréquents de la pratique.
L'auteur met le mineur en garae contre
les illusions trop fréauentes sur les béné-
fices réalisables par la « préparation mé-
canique des minerais. •
Ce que l'on trouvera surtout dans cet
opuscule, c'est un ensemble de données
pratiques, une analyse des conditions de
fonctionnement des appareils pouvant
suppléer en partie à une longue pratique
industrielle et permettant d établir pour
les cas ordinaires le « schéma • des opé-
rations, la nature, la grandeur et le nom-
bre des organes de travail, en même
temps que la production à attendre de
chacun d'eux.
A ce point de vue, cet Ouvrage est le
complément indispensable des Ouvrages
et des catalogues spéciaux publiés par
les inventeurs et construcccurs. C'est un
guide précieux et indispensable aux In-
génieurs. — X.
Notions fondamentales de chimie orgaid-
quOi par Ch. MOUREU, professeur agré-
gé à l'Ecole supérieure de Pharmacie
de l'Université de Paris. Un volume in-
8^ de VI-292 pages ; 2* édition, 7 fr. 50.
Lib. Gauthier-Villars, Paris (1906).
Dans cet Ouvrage, l'auteur exf)ose les
principales théories actuelles de la Chi-
mie organique et l'étude sommaire et très
générsLle des fonctions les plus importan-
tes. Toutes les questions de détail ou
d'intérêt secondaire ayant été volontaire-
ment écartées, ce livre doit être la trame
même de nos connaissances en Chimie
organique.
Ouvrir l'esprit de l'élève en l'initiant
graduellement au mécanisme des trans-
formations de la matière et en lui présen-
tant les grandes lignes de la Science avec
le relief gui leur convient, le préparer
ainsi à suivre avec fruit un « Cours com-
plet » et à faire up usage profitable des
« Traités • proprement dits, tel est le
but poursuivi par la publication de ce
petit Ouvrage, qu'on peut considérer
comme une « Introduction à l'étude de
la Chimie organique •.
Les Etudiants des Facultés des Scien-
ces, surtout ceux du cours du certificat
P. C. N., ceux de l'Ecole de Pharmacie,
les élèves de l'Ecole Polytechnique et de
l'Ecole Centrale trouveront dans cet Ou-
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BIBLIOGRAPHIE
2l5
vrage une base solide pour leurs études
de Chimie organique. — X.
Analyse ohimique industrieilei sous la di-
rection de G. LUNGE, professeur au Po-
lytechnicum de Zuricn, traduit sur la
S* édition allemande, par Em. CAMPA-
GNE, ingénieur-chimiste. Premier vo-
lume : « Industries minérales ». In-S**
de 640 pages, avec 105 fig. Broché,
22 fr. 50. Lib. H. DUNOD et E. PiNAT,
Paris (ipo6).
Ce traité d'analyse industrielle est
une traduction partielle de l'important en-
semble des travaux réunis et publiés par
G. LUNGE, sous le titre de « Chemisch-
technische Untersuchungsmethoden », le-
quel comprend trois volumes formant en-
semble plus de 3.000 pages. Les chapitres
contenus dans le premier volume de là
traduction française sont extraits des
deux premiers volumes de l'édition alle-
mande. Le second volume, qui paraîtra
cette même année, sera extrait du troi-
sième tome de l'édition allemande réservé
aux industries organiq^ues.
Pour chacune des industries considé-
rées, on envisage successivement les
points suivants : i* Analyse des matières
premières ; 2^ Contrôle des différentes
phases de la fabrication ; 3^ Essais des
produits fabriqués.
Toutes les questions analytiques qui
se présentent au chimiste spécialisé dans
une industrie particulière sont abordées
successivement et résolues par les mé-
thodes les plus récentes et surtout les
plus « pratiques ». Cet ouvrage est le ré-
sultat d'une longue expérience faite pour
adapter les méthodes scientifiques au tra-
vail du laboratoire chargé de contrôler et
de régler la marche des opérations indus-
trielles.
L'ouvrage de LUNGE a obtenu le plus
grand succès en Allemagne, oii vient de
paraître la cinquième édition. Le public
français réservera un bon accueil à la
traduction que M. CAMPAGNE en a fait
au profit de l'industrie chimique fran-
çaise. — X.
Les tremblements de terre, leur origine
possible, Iss tremblements de terre au
Pérou, par Emile GUARINI, professeur à
l'Ecole d'arts et métiers de Lima. In-8**
de 26 pages. 2 fr. Lib. DUNOD et E.
PiNAT. Paris (1906).
Dans cette brochure, l'auteur rappelle
les plus importantes perturbations sismi-
ques du globe, réunit et discute les ob-
servations et les phénomènes qui précè-
dent ou suivent les tremblements de
terre, expose les diverses théories émises
pour expliquer l'origine de ces phénomè-
nes.
M. GUARINI conchit ^ne l'hypothèse
électrique permet seule d'expliquer que
la côte du Pérou est plus ravagée que
beaucoup d'autres régions.
La théorie électrique s'accorde en ou-
tre avec tous les phénomènes constatés.
Si le tremblement de terre était tou-
jours d'origine électrique, il serait pent-
être possible de l'éviter. On lira avec inté-
rêt la thèse de M. GUARINI, qui ne man-
que ni d'originalité ni d'actualité. — X.
Les fours éleotrlques et leurs applloatlons
industrislles, par Jean Escard, ingé-
nieur diplômé du Laboratoire central
d'électricité de la Société internationale
des Electriciens, avec préface de Henri
MoiSSAN, membre de rlnstitut. Un vo-
lume grand in-8** de 528 pages, avec
221 fig. et I planche. Broché, 18 fr. ;
cartonné, 19 fr. 50. Lib. Vve Ch. DU-
NOD, Paris (1906).
En publiant cet ouvrage, l'auteur s'est
principalement proposé de mettre dans la
main des ingénieurs et des industriels un
traité qui puisse complètement les ren-
seigner sur les industries électro-thermi-
ques qui, bien que ne datant que de vinfft
ans à peine, ont pris en France et à lé-
tranger une extension considérable.
L'appareil qui sert de base est le
« Four électrique •, qui permet d'obte-
nir des températures oscillant entre
2000** et 3500** et qui, resté longtemps
confiné aux recherches de laboratoire, a
pénétré dans les foyers industriels.
M. Escard s'est surtout attaché à éta-
blir, d'une manière précise et aussi tech-
nique que possible, les avantages que
présente le Four électrique sur les pro-
cédés habituellement employés dans la
métallurgie. Il a traité avec détail l'E-
lectro-Sidérurgie ou fabrication électro-
thermique du fer et de l'acier, qui est
réalisée aujourd'hui d'une façon si par-
faite qu'elle tend à se substituer à l'usage
du haut-fourneau ordinaire et du conver-
tisseur. Les procédés KeLLER, GIN, Stas-
SANO, etc., ont été étudiés et décrits avec
le plus grand soin.
Les industries électro-thermiques spé-
ciales sont aussi étudiées à fond. Le ver-
re, le carborundum, le silixicon, le phos-
phore, l'arsenic, la baryte, etc., sont au-
tant de corps que l'on prépare aujour-
d'hui avec la plus grande facilité au four
électrique.
Cet ouvrage est surtout remarquable
par l'ordre et le grand nombre d'indus-
tries récentes qui y sont décrites. La
question de l'utilisation de l'énergie élec-
trique comme source de chaleur a été
envisagée dans toute son ampleur, et les
industriels y trouveront tous les rensei-
fnements qui touchent au domaine de
électro-thermie. — X.
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2l6
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Les Couleurs, les Matières oolorantesi
les Mordants en Teinture, par H. Pé-
CHEUX, professeur à l'Ecole nationale
d'Arts et Métiers d'Aix. i vol. in-i6
de 96 pages, avec 20 figures, carton-
né : I fr. 50. Lib. J.-B. BailliÈRE et
fils, Paris (1906).
M. PÉCHEUX a étudié, dans ce petit
volume de V « Encyclopédie technologi-
que et commerciale •, la fabrication, les
propriétés, les modes d'emploi des prin-
cipales matières colorantes.
Il a divisé cette étude en deux grands
chapitres : les matières colorantes natu-
relles et les matières colorantes artifi-
cielles.
Les « matières colorantes naturelles •
sont celles que la nature nous offre tou-
tes préparées, et qu'une simple opéra-
tion, physique ou chimique, amène à un
état de pureté suffisant pour qu'on puisse
les utiliser. Ce chapitre se divise en trois
paragraphes : 1° les matières colorantes
d'origine minérale (oxydes, sels, etc.) ;
2^ les matières colorantes d'origine vé-
gétale (bois de teinture, graines) ; 3**
les matières colorantes d'origine animale
(sépia et cochenille).
Les « matières colorantes artificielles •
sont celles que l'industrie élabore, par
des moyens souvent assez longs et péni-
bles, à l'aide de réactions toujours déli-
cates. M. PÉCHEUX les a subdivisées en ;
I** matières colorantes minérales (oxy-
des, sels, sulfures colorés) ; 2° matières
colorantes dérivées des matières organi-
ques (de l'aniline, des phénols, de la
naphtaline, etc.).
Deux tableaux permettent, à l'aide de
réactifs simples, de se renseigner rapi-
dement sur la nature d'une matière colo-
rante organique.
L'étude des matières colorantes est
Ï)récédée de considérations générales sur
a nature physique ou chimique des cou-
leurs.
Pour terminer, M. PÉCHEUX a indiqué
la méthode générale employée en teintu-
re (indication des mordants, des apprêts,
etc.). — X.
Le vieillissement artiflolel des Vins et des
Spiritueux (Collection des Actualités
Chimiques et Biologiques n** 5), par
F. Malvezin, directeur de la Presse
Œnophile. Prix : i fr. 50. Lib. Jules
ROUSSET, Paris (1906^.
La collection des « Actualités Chimi-
ques et Biologiques » dirigée par M. le
Professeur POZZI-ESCOT, vient de pubher
son cinquième volume sous la signature
de M. Malvezin, Directeur de la Revue
Œnophile. Ce volume traite du « Vieil-
lissement des Vins et des Spiritueux » et
c'est là un sujet que seul ne pouvait
même traiter que M. MALVEZIN, qui a
Propriétaire-Gérant : George F. JAUBERT.
1.AVAL. — IMPRXMEI^E L. BAHNKOUD BT G**
consacré toute sa vie, sa vive intelligence
et une ténacité digne des plus grands
éloges, à l'étude du vin et des spiritueux.
Ce volume est particulièrement inté-
ressant, car il traite principalement des
procédés de vieillissement artificiel qui
consacrent une des plus merveilleuses
conquêtes de la science, à laquelle l'il-
lustre Pasteur n'a pas hésité de consa-
crer plus de vingt années d'études jour-
nalières.
M. Malvezin a déjà écrit plusieurs
traités sur les vins, traités qui font bonne
figure dans notre littérature vinicole, le
Eetit volume qu'offre aujourd'hui la li-
rairie RousSET sort des chemins ordi-
naires, surtout par la clarté de son
texte, par la sobriété des descriptions
et leur allure scientifique, là où jus<ju'ici
on ne connaissait que des données un
peu, sinon très intéressées !
Nous recommandons vivement ce livre
à ceux qui en cette heure périlleuse s'in-
téressent à l'évolution scientifiaue de la
viticulture française et mondiale, car il
montre un effort louable vers l'améliora-
tion des procédés de vinification jusqu'ici
empiriques. — X.
Le œlluloidi « camphre, cellulose, nitro-
cellulose, celluloïd •, par Fr. BOECK-
MANN, ouvrage traduit de l'allemand et
augmenté dun chapitre sur La 80le
artiflolell^, par Gustave KlotZ, ingé-
nieur chimiste. In-8 de 126 pages,
avec 53 fig. Broché, a fr. 50 ; car-
tonné, 5 fr. 50. Lib. H. DUNOD et E.
PiNAT, Paris (1906).
Le celluloïd fut inventé par Hyatt. Au
début de l'emploi de ce corps, on exagéra
ses dangers. La présence de nitrocellulo-
se dans sa composition contribua p>our
beaucoup à lui aliéner le public. M. Fr.
BœckmanN a cru utile de traiter à fond
la question du celluloïd, afin de faire ap-
précier ce dernier à sa juste valeur.
Après une étude sur le camphre, l'auteur
s est attaché à donner des détails sur
les nitrocelluloses. Le lecteur pourra ainsi
se familiariser avec ces produits et se
faire une idée exacte de leurs propriétés
explosibles. Les applications du celluloïd
sont ensuite indiquées avec détails.
M. Gustave KlotZ, en traduisant le
travail de l'auteur allemand, a jugé utile
d'y ajouter quelques nouvelles généralités
sur la cellulose, ses dérivés nitrés et sur
le camphre. Il a consacré quelques pages
aux succédanés de ce dernier corps, leur
emploi devenant de plus en plus grand.
On trouvera également, à la fin du vo-
lume, des données sur la soie artificielle.
M. Klotz s'est occupé de la viscose et
des éthers cellulosiques dont, parmi les
dérivés de la cellulose, la fabrication est
la plus ngttvellç. — X.
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Le 25' anniversaire de la fondation de
FEcole de physique et de chimie industrielles
DE LA VILLE DE PARIS
Par George F. JAUBERT
Docteur es sciences
Dans son rapport sur la classe 47 à l'exposition universelle de 1878, M. Lauth
signala au Ministre du Commerce les craintes formulées par les industriels fran-
çais en ce qui concernait l'industrie chimique. Notre pays était alors dans un état
d'infériorité auquel il fallait remédier. Le rapport chercha à attirer l'attention des
pouvoirs publics sur la nécessité de fournir à l'industrie des hommes ayant acquis
dans le domaine des sciences physiques des connaissances suffisamment étendues
pour apporter l'appui de leur savoir aux industriels.
Ce projet ne fut pas adopté par le Gouvernement, mais en 1882 la ville de
Paris accepta ces idées et créa une école de Physique et Chimie industrielles, que
l'on installa provisoirement dans les bâtiments abandonnés lors du transfert du
collège Rollin sur la rive droite.
La direction en fut confiée à Schutzenberger, comme on le sait.
Le 4 mai dernier, un banquet a réuni, à l'Hôtel Continental, sous la prési-
dence du Ministre du Commerce et de l'Industrie, M. Doumergue, de nombreu-
ses personnalités du monde politique, scientifique et industriel, le personnel ensei-
gnant de TEcole et les anciens élèves. C'est du reste l'Association des anciens élèves
qui était l'organisatrice et l'instigatrice de cette fête.
Des discours ont été prononcés par MM. Gûittard, président de l'Association
des anciens élèves, Lauth, directeur honoraire de l'Ecole de physique et chimie,
Haller, membre de l'Institut, professeur à la Faculté des Sciences et directeur de
l'Ecole, Marsoulan, conseiller municipal. M. le Ministre du commerce a pris la
parole en dernier et a accordé quelques distinctions honorifiques. MM. Brochet
et Chéneveau sont nommés officiers de l'instruction publique, Lantz et Marquis,
officiers d'académie, M. Nicloux, chevalier du Mérite agricole.
L'Ecole de physique et chimie industrielles de la ville de Paris n'est pas
encore définitivement installée quoique 25 ans soient écoulés depuis sa fondation.
La Revue (1902, B, 113) a déjà fait connaître l'organisation et les plans de la nou-
velle école, nous n'avons donc pas à y revenir, sauf pour faire savoir à nos lecteurs
que l'état stationnaire actuel de la reconstruction va cesser et que deux millions
seront affectés à l'achèvement de la dernière partie de l'Ecole.
Une modification heureuse a été introduite depuis 1902. Autrefois l'Ecole,
entretenue par la ville de Paris, était fermée aux élèves de province, aujourd'hui
elle peut recevoir 10 élèves moyennant paiement d'une indemmité.
Nous avons eu le plaisir de constater à la réunion du 4 mai que l'on n'avait eu
qu'à se féliciter de cette création qui a rendu des services signalés à l'industrie
française. Nous sommes persuadés qu'avec les ressources nouvelles et la direction
actuelle, ce succès ne pourra que s'accentuer encore s'il est possible.
ftSiruB OÊNEBALE de chimie t^URE ET APPLIQUEE. ^ tl^ UVftAlâoN. '- iOlK t^^. tl
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METHODES DE DOSAGE
basées sur ta colorimétrie, le trouble des liqueurs et la volumétrie,
EMPLOYÉES POUR LES ÉTUDES DE TERRES '
, Par OswALD SCHREINER et George H. FAILYER
Traduit par Henri FABRE
Licencie es sciences.
Répétiteur de Chimie agricole à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier.
DETAIL DES METHODES COLORIMETRIQUES
AMMONIUM
On dose Tammonium en se basant sur la réaction bien connue de Nessler,
telle qu'on Tutilise pour les analyses d'eaux. La méthode consiste à ajouter une
solution alcaline d'iodure double de mercure et de potassium, dite Réactif Nessler
à une solution limpide et incolore à analyser. L'alcali du réactif libère l'ammo-
niaque de ses sels, et lorsque la proportion en est considérable, il se forme un pré-
cipité. Mais en solutions diluées, le composé qui se forme reste dissous et provoque
une coloration jaune. L'intensité de cette coloration est proportionnelle à la quan-
tité d'ammonium de la solution. On la compare à celle que donne une solution
étendue de chlorure d'amomnium étalon quand on lui fait subir un traitement
identique. Les ammoniaques substituées donnent un précipité analogue, et on
doit en tenir compte dans certains travaux particuliers.
RÉACTIFS NÉCESSAIRES
1) Eau exempte d'ammoniaque. — On peut la préparer en redistillant de l'eau
du laboratoire légèrement acidifiée avec de l'acide sulfurique, ou même en redis-
tillant simplement sans addition d'acide, jusqu'à ce qu'une prise de loo ce. ne
donne pas de réaction avec du réactif Nessler (3). On recueille le distillât jus-
qu'à ce, qu'il ne reste plus que 1/5 du volume d'eau initial dans la chaudière. En
vue de ce dosage colorimétrique de l'ammoniaque, on peut opérer rapidement
en ajoutant du carbonate de soude à l'eau distillée du laboratoire jusqu'à légère
alcalinité. On fait ensuite bouillir jusqu'à ce que 1/4 de cette eau soit évaporée.
Les 3/4 restants peuvent être employés. L'eau exempte d'ammoniaque sert à la
préparation des réactifs que nous allons indiquer, et toute contamination ammo-
niacale modifierait les résultats.
2) Solution de carbonate de soude. Une solution saturée et bouillie.
3) Réactif Nessler. — On prépare une solution d'iodure de potassium en en
dissolvant 35 gr. dans 100 ce. d'eau ; puis une solution de chlorure mercurique en
en dissolvant 17 gr. dans 300 ce. d*eau On peut chauffer pour faciliter la solu-
tion du chlorure mercurique, mais il faut ensuite refroidir la liqueur obtenue, avant
de l'utiliser). On ajoute la solution de chlorure mercurique à celle d'iodure de po-
tassium jusqu'à ce qu'il n'y ait plus redissolution du précipité rouge d'iodure mer-
curique. On fait alors un volume de i litre en ajoutant à cette solution une liqueur
de soude à 20 %. On ajoute enfin un peu plus de la solution de chlorure mercu-
rique jusqu'à ce qu'il se forme à nouveau un précipité un peu durable. On laisse
clarifier par dépôt, et on conserve dans une bouteille bien bouchée où Ton va pui-
ser par petites quantités, dans un autre flacon, au fur et à mesure des besoins.
Ce réactif doit avoir une couleur légèrement jaunâtre. S'il était incolore, il faudrait
y ajouter un peu plus de chlorure mercurique. On vérifie de temps à autre sa sen-
sibilité, à l'aide d'une solution très diluée de chlorure d'ammonium.
4) Solution étalon de chlorure d'ammonium. — Dissoudre o gr. 7405 de chlo-
rure d'ammonium pur dans de l'eau exempte d'ammoniaque, puis étendre à i litre.
On prend ensuite 10 ce. de cette solution trop concentrée et on les étend à 500 ce.
Ce dernier liquide constitue la solution étalon de chlorure d'ammonium et cha-
que centimètre cube contient o milligr. 005 de NH*.
I. Pour la première partie de cet article, voyez R, G. C, 1907, 10, 196.
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H. FaBRE.— METHODES DE DOSAGE POUR LES ETUDES DE TERRES 219
5) Solution colorimétrique étalon. — On peut la préparer en diluant 10 ce.
de la solution (4) étalon de chlorure d'ammonium dans environ 90 ce. d'eau. On
y ajoute 4 ce. du réactif de Nessler (3), puis on complète à 100 ce. Cet étalon
doit être préparé en même temps qu'on développe la coloration dans la solution à
analyser. Il contient 0,5 millionièmes de NH*.
On peut préparer de la même façon des étalons de titre différent, lorsque cela
est nécessaire; mais il faut toujours employer la même quantité de réactif Ness-
ler par 100 ce. de solution colorimétrique.
Mode opératoire. — Si la solution est incolore et si elle ne contient pas de
sels pouvant se combiner aux réactifs, on peut faire des déterminations sans dis-
tillation préalable. Dans le cas contraire, il faut distiller un certain volume de solu-
tion après avoir alcalinisé par du carbonate de soude. On rince le flacon et le
réfrigérant avec de l'eau exempte d'ammoniaque. On maintient le réfrigérant com-
plètement froid en introduisant son extrémité dans de l'eau bien exempte d'am-
moniaque. On amène ensuite le distillât à un certain volume. (Cette distillation
a, en particulier, l'avantage de concentrer l'ammoniaque dans le cas de solutions
très étendues.)
On fait un premier essai à l'aide d'une petite quantité de solution, afin de
se rendre compte de la dilution qui sera nécessaire pour obtenir une coloration
aisément comparable. On peut faire cet essai en ajoutant un peu du réactif Ness-
ler (3) à quelques centimètres cubes de solution placés dans un tube à essai. S'il
se forme un précipité, il faudra augmenter la dilution de la solution", et faire un
nouvel essai.
La teinte de la solution doit être un léger jaune pur. Si l'on obtenait une
teinte jaune foncée ou rouge, la solution serait trop riche pour être utilisée direc-
tement, et il en faudrait déterminer approximativement la quantité à étendre à
50 ce.
Pour le dosage de l'ammoniaque, le volume de solution à employer est déter-
miné dans l'essai précédent; on dilue la prise de solution dans environ 45 ce, puis
on y ajoute 2 ce. de réactif Nessler (3), et on complète à 50 ce. On prépare en
même temps la solution colorimétrique étalon, et, après 5 minutes d'attente, on
fait la comparaison des couleurs obtenues, en suivant l'un des procédés colorimé-
triques déjà cités.
POTASSIUM (Première méthode)
Cameron et Fayler 1 ont décrit une méthode colorimétrique indirecte pour
la détermination du potassium, en se basant comme l'avait indiqué Morrell^ sur
la couleur rouge produite par l'addition d'un excès d'iodure de potassium à la
solution d'un sel platinique. La méthode consiiste à précipiter le potassium à l'état
de chloroplatinate après avoir enlevé l'ammoniaque par chauffage, et avoir lavé à
l'alcool, comme on le fait dans la méthode gravimétrique ordinaire. Le chloro-
platinate est ensuite dissous dans de l'eau et, en y ajoutant de l'iodure de potas-
sium, on développe la couleur rouge dont nous avons parlé. On compare la solu-
tion ainsi obtenue à une solution étalon de chloroplatinate de potassium dans
laquelle on a développé la même coloration.
Etant donné que l'ammoniaque donne un précipité analogue au chloroplati-
nate de potasse, il est absolument nécessaire d'éviter son introduction dans les
réactifs servant au dosage, ou servant au lavage du chloroplatinate de potassium,
de même que dans l'air du laboratoire, pendant la manipulation.
RÉACTIFS nécessaires
1) Acide sulfurique dilué. — Réactit.
2) Acide chlorhydrique. — Mélanger des volumes égaux d'acide chlorhydri-
que concentré et d'eau.
3) Solution de chlorure de platine. — Dissoudre i gr. 73 de chlorure de
platine dans 25 ce. d'eau.
1. Journal of the American chemical societjry 1903, 25, 1063.
2. Journal of the American chemical society, 1880, 2, 145.
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i2ô REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
4) Alcool. — A 95 %.
5) Solution d*iodure de potassium, — Dissoudre 25 gr. d'iodure de potassium
dans de Teau et étendre à 100 ce.
6) Solution étalon de chloroplatinate de potassium. — Dissoudre o gr. 0621
de chloroplatinate de potassium K^PtCl^ soigneusement recristallisé, dans un peu
d'eau, puis étendre à i litre. Chaque centimètre cube contient o millig. 01 de K.
7) Solution colorimétrique étalon. — On la prépare en diluant 10 ce. de la
solution (6) étalon de chloroplatinate que Ton amène à environ 30 ce. On ajoute
alors une goutte de Tacide chlorhydrique (2), et o ce. 5 de la solution (5) d*iodure
de potassium. On laisse reposer au moins une heure pour que la coloration se
développe entièrement, puis on étend à 100 ce. Cette solution colorimétrique éta-
lon titre I millionième de K. (Il est nécessair.^ de développer la coloration de Téta-
Ion au même moment que celle de la solution à analyser.)
8) Asbeste purifié. — On fait digérer de Tasbeste hornblende fibreux de
bonne qualité dans de l'acide chlorhydrique. On le lave ensuite avec soin, et on
le calcine enfin dans un récipient de platine, afin d'enlever toute trace de sels
ammoniacaux. On conserve ensuite cet asbeste avec de l'alcool exempt d'ammonia-
que, dans un flacon hermétiquement bouché. On peut, au lieu d'asbeste, employer
de petits filtres de papier, mais il faut avoir grand soin de les laver pour leur enle-
ver toute trace d'ammoniaque.
Mode opératoire. — On ajoute o ce. 5 d'acide sulfurique dilué (1) à un certain
volume mesuré de solution à analyser (ordinairement 50 ce.) que l'on a placés
dans une capsule de porcelaine. On évapore à siccité sur un bain-marie et on
chasse ensuite l'excès d'acide sulfurique et de sels ammoniacaux en chauffant la
capsule sur une flamme nue. Ce chauffage doit être modéré au début pour évitei
les éclaboussures, puis on l'accentue pour détruire toute la matière organique.
(Toutes les manipulations postérieures au lavage doivent être faites en l'absence
absolue d'ammoniaque.) On ajoute quelques gouttes d'acide chlorhydrique (2) et
de solution de chlorure platinique (3) à la capsule refroidie, de façon à ce qu'il
y ait un excès de ces réactifs. Cette quantité dépend de la proportion de résidu, et
on peut l'apprécier aisément quand on a un peu l'habitude de ce dosage. On malaxe
bien le résidu à l'aide d'un petit agitateur à bout arrondi, puis on évapore la
solution sur un bain-marie ou un bain de vapeur, jusqu'à siccité presque complète.
On laisse l'agitateur dans la capsule pendant cette dessiccation et pendant les opé-
rations ultérieures. — On ajoute 5 ce. d'alcool (4) dès que l'on enlève la capsule
de sur le bain de vapeur, et on en mouille soigneusement les parois ainsi que
l'agitateur. On place une quantité suffisante d'asbeste purifié (8) en suspension
dans l'alcool, dans un petit creuset de Gooch, de manière à constituer un filtre
mince mais uniforme et solide. Lorsque l'alcool s'est écoulé, on relie le filtre à
une trompe, comme cela se fait d'ordinaire. Il faut seulement employer une aspi-
ration très légère. On verse ensuite délicatement le contenu de la capsule de porce-
laine sur le filtre, en s'efforçant de ne pas entraîner le résidu solide. On lave alors
ce dernier, ainsi que le filtre, avec environ 3 ce. d'alcool (en rinçant d'abord la
capsule et l'agitateur, comme la première fois, puis le filtre). On répète 4 fois cette
opération dé rinçage de la capsule et du- filtre avec 3 ce. d'alcool, puis on rince le
filtre seul en y versant directement 5 ce. d'alcool de la bouteille. Il n'y a plus
alors qu'à sécher le tout.
Après dessiccation du filtre, on dissout le chloroplatinate de potassium préci-
pité avec de l'eau chaude ajoutée par petites portions successives dans la capsule.
On nettoie bien les bords et l'agitateur, puis on verse sur le filtre. On opère
comme la première fois jusqu'à obtention d'environ 25 ce. de filtrat. On chauffe ce
filtrat, et on y ajoute une goutte d'acide chlorhydrique (2), puis o ce. 5 de la solu-
tion (5) d'iodure de potassium. On provoque en même temps le développement de
la coloration dans la solution colorimétrique étalon (7), comme il a été dit ci-des-
sus. — Après dépôt d'au moins une heure, on étend à 50 ce. la solution à essayer
et à 100 ce. la solution colorimétrique étalon, puis on mesure au colorimètre le
rapport de leurs titres.
Si la solution est plus riche que l'étalon, on Tétend à 100 ce., ou encore on
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H. FABRE.— METHODES DE DOSAGE POUR LES ETUDES DE TERRES 221
en prend une partie aliquote que Ton étend à 100 ce. C'est alors la solution ainsi
obtenue que Ton compare à l'étalon. Si la solution à analyser est moins riche que
rétalon on réduit le titre de ce dernier en le diluant.
POTASSIUM (Deuxième méthode)
HiLL^ a imaginé, tout à fait à part, une méthode analogue, mais il produit
une couleur jaune, au lieu d'une couleur rouge, comme dans la méthode précé-
dente. Son mode opératoire est pratiquement le même jusqu'au moment de la
précipitation et du lavage du chloroplatinate, mais il obtient une couleur jaune en
réduisant le chloroplatinate par du chlorure stanneux en présence d'acide chlorhy-
drique.
RÉACTIFS NÉCESSAIRES
Voici les réactifs supplémentaires qu'il faut préparer en plus des numéros 1,
2, 3, 6 et 8 de la méthode précédente.
9) Alcool. — A quatre-ving^ pour cent.
10) Solution de chlorure stanneux. — Faire bouillir 75 gr. d'étain en pou-
dre ou granulé dans 400 ce. d'acide chlorhydrique concentré, dans un ballon, jus-
qu'à ce que tout l'étain soit dissous. Conserver avec un petit morceau d'étain dans
un flacon bien bouché;
11) Solution colorimétrique étalon. — Comme la couleur jaune qui se déve-
loppe dans cette méthode est moins intense que la couleur rouge développée dans
la méthode précédente, il convient d'employer une solution colorimétrique plus con-
centrée. On peut la préparer en diluant 50 ce. de la solution (6) de chloroplati-
nate de potassium étalon dans environ 90 ce. On y ajoute 6 ce. de la solution
(10) de chlorure stanneux, et on amène à 100 ce. Cette solution colorimétrique
étalon titre 5 millionièmes de K. (Il faut faire développer la coloration de cet
étalon en même temps que celle des solutions à analyser.) On peut préparer des
solutions colorimétriques étalons de titres différents, lorsque cela devient néces-
saire, mais il convient d'avoir toujours 6 ce. de la solution de chlorure stanneux
par 100 ce. de solution colorimétrique.
Mode opératoire. — La méthode consiste à évaporer la solution à analyser,
à brûler le résidu, puis à précipiter, laver et dissoudre le chloroplatinate de potas-
sium, comme on le fait dans la méthode précédente. Hill emploie seulement de
l'alcool à 80 % pour les lavages. La solution de chloroplatinate de potassium est
amenée à environ 45 ce. On y ajoute 3 ce. de chlorure stanneux, puis on amène
immédiatement à 50 ce. On fait en même temps la solution colorimétrique étalon
et on détermine les titres relatifs au colorimètre, comme dans la méthode précé-
dente. (Hill n'utilisait pas de colorimètre pour ce dosage, et faisait ses analyses
par comparaisons directes dans des tubes ordinaires de Nessler.)
MAGNÉSIUM 2
Une méthode colorimétrique indirecte pour le dosage du magnésium a été
décrite par Schreiner et Ferpis ^. Cette méthode consiste dans une précipitation
du calcium à l'état d'oxalate, puis conversion du magnésium en phosphate ammo-
niaco-magnésien, comme dans la méthode gravimétrique ordinaire. Toute la
silice et les réactifs en excès sont enlevés par lavage à l'eau ammoniacale. Le phos-
phate ammoniaco-magnésien est ensuite dissous dans de l'acide nitrique et le ma-
gnésium est dosé indirectement à l'aide de la couleur bien connue que produi-
sent les molybdates avec les phosphates. — Etant donné que la silice donne une
couleur analogue à celle des phosphates, il est essentiel de l'exclure de l'eau et
des réactifs servant aux lavages du phosphate ammoniaco-magnésien.
RÉACTIFS nécessaires
1) Eau exempte de silice. — On ne peut se servir d-eau distillée ordinaire
1. Journal ojf the American chemical society, 1903, 25, 990.
2. Voir aussi plus loin la méthode titrimëtrique pour le dosag^e du magnésium.
3. Journal oj the American chemical society, 1904, 26, 961.
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222 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
conservée dans des récipients en verre. Il faut faire un essai des réactifs ci-dessous
avec Teau dont on dispose, et si cela est nécessaire, il faut la redistiller et la
conserver dans des récipients métalliques.
2) Solution ammoniacale, — Réactif.
3) Solution d'oxalate d* am^moniaque . — Saturée.
4) Solution de phosphate. — Dissoudre 17 gr. 4 de phosphate de i>otassium
K^HPO* et 10 gr. de chlorure d'ammonium NH*C1, dans environ 900 ce. d'eau.
Ajouter 50 ce. de solution ammoniacale concentrée (densité 0,9) et amener à i litre.
I ce. de cette solution pourra précipiter 2 milligr. 4 de magnésium.
5) Solution d'eau ammoniacale. — Diluer i volume de solution ammonia-
cale (densité 0,9) dans 9 volumes d'eau. Ce liquide ne doit pas contenir de traces
de silice, et c'est pour cela qu'il vaut mieux le préparer en redistillant de l'ammo-
niaque dans de l'eau.
6) Acide nitrique. — Densité 1,07.
7) Solution de molybdate d'ammoniaque. — Dissoudre 50 gr. de molybdate
d'ammoniaque pur dans de l'eau exempte de silice. Filtrer si c'est nécessaire, et
étendre à i litre. Conserver préférablement cette solution dans une bouteille en
paraffine, afin d'éviter toute contamination due à la silice du verre.
8) Solution étalon de phosphate. — Dissoudre o gr. 3771 de phosphate de
soude Na^HPO*, 12H2O pur et récemment cristallisé dans de l'eau exempte de
silice. Amener ensuite à i litre. Il faut conserver cette solution dans une bouteille
en paraffine ou en caoutchouc. Chaque centimètre cube contient o milligr* i de
PO*.
9) Solution colorimétrique étalon. — On la prépare en diluant 10 ce. de la
solution (8) étalon de phosphate dans environ 80 ce. d'eau exempte de silice. On
ajoute 10 ce. d'acide nitrique (6) puis 8 ce. de solution de molybdate d'ammonium
(7) et on complète enfin à 100 ce. Après repos de 20 minutes cette solution peut
être utilisée : c'est une solution colorimétrique étalon titrant 10 millionièmes de
PO*, ce qui correspond à 2 millionièmes, 56 de Mg.
10) Papier filtre. — Doit être exempt de silice. Nous nous sommes servis
nous-mêmes du Schleicher et Schull, n*** 589 et 590 de 5 cm.
Mode opératoire. — On mesure un volume convenable de la solution à ana-
lyser (c'est ordinairement 50 ce.) et on l'évaporé dans une capsule.
On y ajoute une goutte de solution (2) d'ammoniaque, et 2 ou 3 gouttes de la
solution (3) d'oxalate d'ammonium. On évapore à siccité sur un bain-marie. On
ajoute I ce. de réactif de phosphate (4) à la capsule refroidie, et on malaxe bien
le résidu avec un agitateur de verre. On laisse déposer 2 heures. (L'agitateur est
laissé dans la capsule durant ce dépôt, ainsi que pendant les opérations qui vont
suivre.) On lave ensuite le précipité de phosphate ammoniaco-magnésien de la
façon suivante : On ajoute environ 5 ce. de la solution ammoniacale (5) dans la
capsule. On en lave le pourtour et on verse le liquide sur un petit filtre (10). On
répète 5 fois cette opération, puis on continue à laver le filtre et l'entonnoir jusqu'à
obtention d'environ 50 ce. de filtrat. On rince une fois la capsule avec de l'eau
froide que l'on verse sur le filtre de façon à le laver. On rejette les eaux de lavage
et on place une bouteille propre, ou un autre récipient sous l'entonnoir. — On
ajoute 5 ce. d'acide nitrique (6) dans la capsule, on gratte avec l'agitateur de
verre, puis on verse sur l'entonnoir de façon à en mouiller tout le pourtour. On
lave 5 fois la capsule à l'aide d'eau exempte de silice (5 ce. environ par lavage) puis
on continue à laver le filtre jusqu'à obtention d'environ 40 ce. de filtrat. On ajoute
4 ce. de solution de molybdate (7) au liquide refroidi, on complète à 50 ce., puis,
après 20 minutes, on fait la lecture comparativement à la solution colorimétrique
étalon (S).
Lorsque la coloration développée est trop intense pour une comparaison directe
avec la solution étalon, on opère sur une partie aliquote. Il faut avoir grand soin
de mettre une quantité suffisante de réactifs quand on opère avec une quantité
relativement grande de magnésium. Les quantités indiquées précédemment de 5 ce,
d'acide nitrique et 4 ce. de solution de molybdate d'ammoniaque correspondent
seulement à environ o milligr. 3 de magnésium pour 50 ce. de solution colorîmé-
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H. FABRE.— MÉTHODES DE DOSAGE POUR LES ETUDES DE TERRES 223
trique, soit 6 millionièmes. Si Ton reconnaissait la présence d'une quantité consi-
dérable de magnésium, soit à la proportion de phosphate ammoniaco - magnésien
formé, soit à la couleur intense qui se produit, il serait bon d'ajouter une nouvelle
quantité de réactifs afin de développer toute la coloration possible. Il faudrait
diluer en même temps à l'aide d'eau exempte de silice, de façon à avoir toujours
une concentration constante des réactifs, (c'est-à-dire 5 ce. d'acide nitrique et 4 ce.
de solution molybdique par 50 ce. de solution.)
Si l'on se trouvait avoir à doser des quantités moindres de magnésium, et si la
coloration produite était faible, il serait beaucoup plus commode de se servir pour
terme de comparaison, d'un étalon ayant un titre moitié moindre.
MANGANÈSE
Richard 1, Lemaire 2, et d'autres ont trouvé par la méthode colorimétrique
qu'il existe de j)etites quantités de manganèse dans les terres et dans les végé-
taux. Le principe du dosage consiste dans l'oxydation du manganèse que l'on
amène à l'état de permanganate à l'aide de peroxyde de plomb et d'acide nitrique.
On compare la coloration de la liqueur obtenue à la teinte d'une solution type de
permanganate de potassium. Cette méthode a été imaginée en premier lieu par
Richard ^ ; elle s'appuie sur le même principe que celle de Reters *. Nous allons
indiquer le procédé de Clennell^, que l'on ne doit employer qu'en l'absence du
chlore.
Le D' W. F. Hillebrand, du Service Géologique des Etats-Unis, nous a sug-
géré rapplication de la méthode au persulfate, pour la recherche du manganèse des
terres arables. Ce procédé diffère de la méthode au peroxyde de plomb que nous
décrivons, par l'emploi de persulfates de potassium ou d'ammonium et de nitrate
d'argent, comme oxydants destinés à transformer le manganèse en acide perman-
ganique. S'il n'y a pas de chlore, la méthode au persulfate n'exige ni filtratîons,
ni décantations. Dans le cas contraire, il faut séparer le chlorure d'argent préci-
pité à l'aide d'un filtre.
Cette méthode imaginée par Marshall ^ a été étudiée et mise au point par
Walters ^ pour la détermination du manganèse dans les aciers.
DrFTY^ a utilisé le bismuthate de soude pour l'oxydation du manganèse, éga-
lement amené ainsi à l'état d'acide permanganique.
RÉACTIFS nécessaires
1) Peroxyde de plomb. — On peut le préparer aisément quand on n'en pos-
sède pas, en mettant du minium à digérer dans de l'acide nitrique dilué, et en
filtrant. Ce réactif doit être bien exempt de manganèse.
2) Acide nitrique. — Concentré.
3) Solution étalon de permanganate de potassium. — Dissoudre o gr. 1438
de permanganate pur dans de l'eau, ajouter 10 ce. d'acide nitrique concentré, et
amener à i litre. Chaque centimètre cube de cette solution contiendra o milligr. 05
de manganèse Mn. Cette solution ne se conserve pas, et il faut la préparer pour
chaque essai.
Mode opératoire. — On ajoute 10 ce. d'acide nitrique concentré (2) à 100 ce.
de la solution à analyser. On chauffe à l'ébullition et on ajoute alors graduelle-
ment o gr. 5 de peroxyde de plomb (1). L'ébullition est maintenue ensuite quel-
ques minutes, puis on laisse déposer la liqueur, en la refroidissant. On ramène à
nouveau le volume à 100 ce. à l'aide d'eau distillée bouillie depuis peu, et froide.
On agite bien, puis on filtre sur un papier de petites dimensions, en ayant soin
1. Comptes rendus, 1898, 126, 560.
2. Bullet. de la Soc. de Pharmacie de Bordeaux, sept. 1897 et Chemical News (Londres), 1897,
76, 219.
3. Comptes rendus, 1872, 75, 1821.
4. Chemical News (Londres), 1876, 33, 35.
5. Engineering and mining Journal, 1904, 78, 827.
b. Chemical News (Londres), 1901, 83, 76.
f. Chemical News (Londres), 1901, 84, 239.
8. Chemical News (Londres), 1901, 84, 248.
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224 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
de rejeter les premières parties du filtrat. On prélève enfin un volume déterminé
de ce filtrat (volume variable suivant l'intensité de coloration du liquide), et on le
place dans le tube du colorimètre. On ajoute goutte à goutte la liqueur (3) étalon
de permanganate placée dans une burette, à de l'eau distillée placée dans le second
tube du colorimètre, cela jusqu'à ce que la couleur des liquides des deux tubes sem-
ble être la même.
On fait un essai à blanc dans lequel on emploie des quantités identiques
d'acide nitrique, eau et peroxyde de plomb, à celles utilisées dans l'analyse, car la
précision de la méthode dépend de la pureté des réactifs employés. Le filtrat de
l'essai à blanc doit être incolore, ce qui prouve l'absence de manganèse, et il doit
d'autre part, avoir une coloration persistant, au moins pendant 5 minutes, quand
on lui ajoute i ce. de la solution de permanganate. On s'est ainsi assuré qu'il n'y
a pas de substance réductrice dans les réactifs employés.
Les papiers filtres ont d'ordinaire une légère influence sur le permanganate,
mais d'après Clennel, le résultat de l'analyse n'est pas sensiblement modifié si on
opère comme nous l'avons dit, en rejetant les premières parties du filtrat. Une
bonne précaution peut donc être de filtrer sur amiante au lieu de papier, comme
cela a été décrit pour la méthode colorimétrique de dosage du potassium.
FER
On peut déceler le fer et le déterminer colorimétriquement grâce à la couleur
rouge-sang qu'il donne avec les sulfocyanates, par suite de la formation de sulfo-
cyanate ferrique. Il faut oxyder les composés ferreux et les amener au préalable à
l'état ferrique. La méthode colorimétrique est due à Thomson ^ et elle a été décrite
par SuTTON^. — Il est possible aussi de faire des déterminations colorimétriques
à l'aide de la couleur bleue produite par le ferrocyanure de potassium ^ ou, suivant
la méthode très sensible décrite par Pulsifer *, en utilisant la couleur rouge pro-
duite par l'action de l'acétyl-acétone sur les sels ferriques.
RÉACTIFS NÉCESSAIRES
1) Solution de sulfocyanate de potassium. — Dissoudre 10 gr. de sulfocya-
nate de potassium pur dans de l'eau et amener à 100 ce.
2) Acide nitrique dilué. — Diluer 30 ce. d'acide concentré pour faire 100 ce.
3) Solution étalon de fer. — Dissoudre o gr. 3502 de sulfate ferreux ammo-
niacal recristallisé (NH*)2Fe(SO*)2.6H20 dans de l'eau, acidifier à l'aide d'acide
sulfurique, et oxyder le fer, pour l'amener à l'état ferrique, à l'aide d'une addition
juste suffisante de solution de permanganate de potassium. Amener ensuite à
500 ce. Prélever 100 ce. de cette solution, et les étendre à i litre. Ce nouveau liquide
sera la solution étalon de fer : chaque centimètre cube contient o milligr. 01 de
fer Fe.
4) Solution colorimétrique étalon. — On peut la préparer en diluant 10 ce.
de la solution étalon de fer (3) jusqu'à 80 ce. environ, en ajoutant ensuite 5 ce.
d'acide nitrique dilué (2) et 5 ce. de la solution (1) de sulfocyanate de potassium.
On amène à 100 ce. On a ainsi une solution étalon contenant i millionième de
fer Fe. On peut préparer d'autres solutions étalons, de titres variés, lorsque l'utilité
en est reconnue ; il suffit de changer la quantité de solution étalon de fer que l'on
a employée, tout en conservant la même quantité des autres réactifs.
Mode opératoire. — On évapore un certain volume de solution, jusqu'à quel-
ques centimètres cubes que l'on traite par 2 ce. 5 d'acide nitrique dilué, et par une
solution de permanganate de potasse juste suffisante pour oxyder le fer et l'amener
à l'état ferrique. On dilue, pour amener le volume à environ 40 ce, et on ajoute
2 ce. 5 de la solution de sulfocyanate de potassium (1). On complète alors avec de
1. Journal of the chemical society (Londres), 1885, 47, 493.
2. Analyse volumétrique, 9e édition, page 227.
3. Carnelly, Chemical News (Londres), 1874, 30, 257 et Bell Journal of the society of chemical
Industry (Londres), 1889, 8, 175.
4. Journal oj the American chemical society, Easton, 1904, 26, 967. Cet article contient en loutre
une bibliographie des méthodes colorimétriques et autres méthodes analytiques employées pour le fer.
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H. FABRE.— METHODES DE DOSAGE POUR LES ETUDES DE TERRES 225
Teau, pour faire 50 ce. — On prépare en même temps une solution colorimétrique
étalon, d'un titre voisin, puis on compare les deux liquides au colorimètre, ou à
Taide d'un autre dispositif colorimétrique.
TITANE
On peut déterminer exactement le titane à l'aide de la méthode colorimétrique
proposée par Weller 1. Dunnington^ a appliqué cette méthode au dosage du
titane dans les terres ; c'est actuellement la méthode la plus pratique pour la recher-
che de cet élément dans les études minéralogiques 3.
Le principe de la méthode réside dans l'adjonction de i à 2 centimètres cubes
d'eau oxygénée au liquide à étudier contenant 5 % d'acide sulfurique. On compare
la couleur jaune qui se développe à celle d'une solution étalon de sulfate de titane
traitée de la même façon.
D'après Hillebrand cette méthode colorimétrique vaudrait les meilleures mé-
thodes gravimétriques.
Pour ce qui est de la préparation de la solution destinée à l'étude du titane
dans les terres et dans les roches, voir les articles cités plus haut.
nitrates
On les détermine à l'aide de la couleur qu'ils donnent quand on leur ajoute
de l'acide phénoldisulfonique et que l'on alcalinise par l'ammoniaque. Cette mé-
thode imaginée par Sprengbl * a été modifiée et perfectionnée par plusieurs expéri-
mentateurs. Nous donnerons surtout ici les indications de Gill ^ qui le premier a
donné des détails précis pour la préparation du réactif le plus important: l'acide
phénoldisulfonique. On discute sur la nature du composé qui se forme par l'action
des nitrates sur ce réactif, mais il est certain que ce n'est pas de l'acide picrique,
comme l'a dit Sprengel, et comme on le lit d'ordinaire dans les livres. Suivant
MoNTENARi ® ce Serait du dinitrophénol, mais Andrews ^ prétend que c'est plutôt
de l'acide nitrophénol-disulfonique. — Il est très probable que ces résultats diffé-
rents sont dus à la différence de constitution des réactifs mis en œuvre, par suite
de leurs divers modes de préparation, et du temps pendant lequel on les a préala-
blement conservés.
Les chlorures, quand ils sont abondants, gênent la détermination des nitrates
et il faut les enlever au préalable. Le meilleur procédé pour atteindre ce but réside
dans l'emploi de sulfate d'argent bien exempt de nitrates. On peut ajouter ce sel à
l'état solide et éviter ainsi la dilution de la solution primitive. Le contrôle du sul-
fate d'argent, pour s'assurer qu'il ne contient pas de nitrates, peut être fait en trai-
tant un peu de ce sel solide par l'acide phénoldisulfonique employé comme réactif;
on dilue avec de l'eau distillée et un peu d'eau ammoniacale. Il ne doit pas se pro-
duire la moindre coloration jaune. — Comme la plupart des sulfates d'argent com-
merciaux sont souillés par du nitrate en proportions suffisantes pour fausser tous
les résultats, il est bon de préparer soi-même un sulfate d'argent destiné à cet
usage.
La présence de faibles quantités de matière organique empêche aussi la déter-
mination des nitrates par cette méthode. Parfois, en effet, cette matière organique
produit une coloration jaune due à sa transformation par un acide fort ; mais souvent
elle amène une diminution considérable des nitrates, peut-être en s'oxydant à
leurs dépens, et en empêchant la nitration de l'acide phénoldisulfonique. Il est par-
ia Benc/ifeier deutschen chemischen Gesellschaft Berlin, 1882, 15, 2592.
2. Proceedings of the american Association for the Advancement of Science (Washinçton),l885,
34, i32. — American chemical journal (Baltimore), 1889, 10, 36. — The american journal of
science (New-Haven-Connecticut), 1891, 13, 491. — Journal of the American chemical society 1891,
13, 210. — Chemical News (Londres), 1897, 76, 221. — Voir aussi : Pellet et Fribourc, Journal
of the chemical society (Londres), 1905, 88, 862.
3. Voir Hillebrand. Bullet, n© 176 (page 67) du service géologique des Etats-Unis. (1900).
4. Voir Poggendorfs Annalen, 1863, 121, 188.
5. Technology Quarterly (Boston), 1894, 7, 55 ; et Journal of the American chemical society
(Easton\ 1894, 16, 122, 193.
6. Ga^etta chimica Italiana (Palerme). Ï902, 31, 87.
7. Journal of the American chemical society 1904, 26, 388.
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226 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
fois nécessaire de transformer les nitrates en ammoniaque à Taide de couples zinc-
cuivre ^. On distille l'ammoniaque ainsi produite et on la détermine colorimétri-
quement. Il suffit de déterminer au préalable l'ammoniaque préexistante, puis d'en
faire la déduction. — Les nitrites sont eux aussi amenés à l'état d'ammoniaque; et
il en faut donc tenir compte, lorsqu'ils existent.
RÉACTIFS NÉCESSAIRES
1) Acide phénoldisulfonique, — Oa le prépare en mélangeant 3 gr. de phénol
pur cristallisé, avec 37 grammes (20 ce. i) d'acide sulfurique concentré (densité
1,84), puis en chauffant 6 heures à 100° C, en flacon parfaitement bouché, dans de
l'eau à l'ébullition.
L'acide ainsi préparé peut cristalliser par repos, surtout pendant l'hiver. On
peut le redissoudre par chauffage, ce qui permet de ne pas employer d'eau.
2) Hydroxyde d'ammonium. — On dilue une solution concentrée d'hydroxyde
d'ammonium (densité 0,9) dans un égal volume d'eau.
3) Solution étalon de nitrate, — On dissout o gr. 1631 de nitrate de potasse
pur et sec dans de l'eau, puis on fait un volume de i litre. On prélève 100 ce. de
cette solution encore trop concentrée, et on les étend à i litre. Le liquide obtenu
constitue la solution étalon de nitrate contenant o milligr. 01 de NO^ par centi-
mètre cube.
4) Solution colorim,étrique étalon. — On évapore à siccité 10 ce. de la solution
(3) étalon de nitrate, dans une capsule de porcelaine, sur un bain à eau ou à va-
peur. Puis on opère comme nous allons l'indiquer ci-dessous au « Mode opéra-
toire », en amenant finalement la solution à 100 ce. La solution colorimétrique
étalon contient alors i millionième de NO^.
Mode opératoire. — On évapore 50 ce. (ou une quantité de la solution de
nitrate variable avec sa teneur) jusqu'à siccité, dans une capsule de porcelaine, sur
un bain-marie, en ayant soin de retirer la capsule dès qu'elle est complètement
desséchée. On ajoute i ce. du réactif acide, phénoldisulfonique (1) et on agite bien
à l'aide d'une baguette de verre à bout arrondi, de manière à détacher le résidu,
et à en mettre toutes les particules bien en contact avec l'acide. On laisse agir envi-
ron 10 minutes. On dilue alors en ajoutant 15 ce. d'eau et en alcalinisant à l'aide
de la solution d'hydroxyde d'ammoniaque (2). Quand la solution est alcaline, elle
prend une coloration jaune. On la dilue alors en l'amenant au volume de 50 ou
100 ce, et on la compare à la solution (4) colorimétrique étalon. Si la couleur est
trop intense pour que la comparaison puisse se faire directement, on prélève un
certain volume que l'on dilue de façon connue, puis on titre.
NITRITES
On les détermine à l'aide du procédé de Griess^, modifié par Icosvav^ afin
d'obtenir un développement plus rapide de la couleur et d'avoir en outre des réac-
tifs plus stables. La couleur rouge qui se développe est due à l'action de l'acide
nitreux libéré, sur l'acide sulfanilique. Le composé diazoïque résultant est converti
à son tour par de la naphthylamine, en acide azp-amidonaphtalène-benzène-sulfo-
nique.
RÉACTIFS NÉCESSAIRES
1) Solution d'acide sulfanilique. — Dissoudre o gr. 5 d'acide sufanilique pur
dans 150 ce. d'acide acétique dilué (densité 1,04).
2) Solution d'acétate de naphthylamine. — Faire bouillir o gr. i de naphthyl-
amine a dans 20 ce. d'eau et filtrer à travers un tampon de coton hydrophile bien
lavé, au-dessus de 180 ce. d'acide acétique dilué (densité 1,04).
3) Solution de nitrite réactif. — On mélange des volumes égaux de la solu-
tion (1) d'acide sulfanilique et de la solution (2) d'acétate de naphthylamine. Il ne
1. Voir SuTTON. Analyse volumétrique, 9« édition, page4 46; etaussi Wilev, Analyses agricoles
I, page 540, ainsi que d'autres ouvrages.
2. Berichte der deutschen physikalischen Gessellschaft (Brunswick) 1879, 12, 426.
3. Bulletin delà Société chimique (Paris), I889,i2,»347.
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H. FABRE.— MÉTHODES DE DOSAGE POUR LES ÉTUDES DE TERRES 227
faut préparer que de faibles quantités de ce réactif. S*il se produit une teinte rou-
geâtre quand on mélange les solutions cela indique qu'elles contiennent des nitrites.
Il faut dans ce cas ajouter du zinc en poudre au réactif. Ce dernier est décoloré et
peut être employé après qu'on lui aura enlevé l'excès de zinc. .
4) Solution étalon de nitrite de soude. — Dissoudre o gr. 0836 de nitrate d'ar-
gent pur dans de l'eau. Ajouter une solution de chlorure de sodium pur jusqu'à
ce qu'il n'y ait plus précipitation de chlorure d'argent. On fait alors un volume de
250 ce. et, après avoir agité, on laisse déposer dans l'obscurité jusqu'à ce que le
précipité se soit complètement séparé. On dilue 10 ce. du liquide qui surnage dans
100 ce. d'eau exempte de nitrites. On conserve cette liqueur dans une bouteille bien
bouchée, à l'obscurité. Chaque centimètre cube contient o milligr. 01 de NO^.
Le nitrite d'argent pur est préparé en ajoutant à une solution concentrée et
chaude de 16 parties de nitrate d'argent, une solution concentrée et chaude de
10 parties de nitrite de potassium. On laisse refroidir, puis on sépare la liqueur-
mère par filtration à l'aide d'une pompe filtrante. — Le nitrite d'argent est redis-
sous dans le moins d'eau chaude possible ; on laisse refroidir et on sépare à nou-
veau par succion les cristaux qui se forment. Ces cristaux sont séchés rapidement
au bain-marie et conservés, à l'obscurité, dans des flacons bien bouchés.
6) Solution colorimétrique étalon. — On peut la préparer en diluant 10 ce. de
la solution type de nitrite (4) ci-dessus, dans 80 ce. d'eau, puis en ajoutant 16 ce.
de la solution de nitrite réactif et, enfin, en amenant à 100 ce. Il faut faire cette
préparation en même temps que celle de la solution à analyser. Cet étalon colori-
métrique contient i millionième de NO^, mais on peut en préparer d'autres ayant
un titre différent, lorsque cela devient nécessaire, en employant toujours la même
quantité de réactif.
Mode opératoire. — On dilue, lorsque c'est utile, un volume déterminé de la
solution jusqu'à environ 40 ce. On y ajoute 8 ce. du réactif de nitrite (3) et on
amène à 50 ce. On provoque en même temps le développement de la couleur dans
la solution étalon. On laisse les deux liquides au repos pendant un quart d'heure, et
c'est seulement alors que l'on détermine le rapport de leurs titres, dans le colorî-
mètre, ou par une comparaison directe àl'aide d'un autre procédé colorimétrique.
PHOSPHATES (Première méthode)
Pendant ces dernières années on a proposé plusieurs procédés pour l'estima-
tion colorimétrique des phosphates. A peu près tous étaient basés sur la coloration
jaune donnée par les phosphomolybdates en solutions acides. Citons les méthodes
employées par Lepierre 1, Jolles - et Neurath 2 et Jolles ^. En réalité la colora-
tion des phosphomolybdates est souvent modifiée par des quantités notables de
divers autres sels, comme l'a démontré Weitch *, mais la principale difficulté de
ces procédés est la coloration identique, parfois même plus intense, que peuvent
donner les silicomolybdates. D'ailleurs toutes ces méthodes cherchent surtout à évi-
ter la coloration due à la formation de silicomolybdates, soit en enlevant la silice
elle-même, soit en produisant une autre coloration, les conditions de la réaction
étant modifiées dans ce but.
Hewett^ a imaginé une méthode colorimétrique indirecte applicable à la
détermination de grandes quantités de phosphates. Elle consiste à obtenir du phos-
phomolybdate précipité que l'on dissout dans une solution de soude, puis on sature
cette solution à l'aide d'hydrogène sulfuré. La couleur rouge jaunâtre produite est
proportionnelle à la quantité de phosphomolybdate de la liqueur, et on la compare
à celle donnée par une solution alcaline étalon de phosphomolybdate traitée de
façon identique.
ScHREiNER et Brown^ ont décrit une méthode colorimétrique qui peut s'em-
1. Bulletin de la Société chimique (Paris's 1896, I5,'i2i3.
2. Monatsheftefûr C hem te und verwandte Theilé'anderer Wissenschaften (Vienne), 1898, 19, 5.
3. Archiv fur Hygieue. (Munich et Berlin), 1899, 34, 22.
4. Journal of the American chemical society^ 1905, 25, 171. Voir aussi : Smith, même journal,
26,807, (1904).
5. Journal of the American chemical society 1905, 25, 121.
6. Journal of the American chemical society 1904, 26, 1463.
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'228 REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
ployer avantageusement quand on n'a que de faibles quantités de phosphates. Elle
consiste à convertir ces phosphates en phosphate ammoniaco-magnésien, comme on
le fait dans la méthode gravimétrique ordinaire. Toute la silice, les autres sels, et
même en grande partie la matière organique soluble, sont enlevés par lavage à
l'eau ammoniacale. On dissout ensuite le phosphate ammoniaco-magnésien dans
de Tacide nitrique, et on le dose en se basant sur l'intensité de la couleur jaune
produite par l'addition de molybdate d'ammoniaque, comparée à celle de la couleur
obtenue de la même façon dans une solution étalon de phosphate. Il faut seule-
ment s'assurer qu'il n'y a pas de silice dans l'eau et dans les réactifs employés
pour le lavage du phosphate ammoniaco-magnésien.
RÉACTIFS NÉCESSAIRES
1) Eau exempte de silice. — D'ordinaire l'eau mise en réserve ou distillée
dans des récipients en verre ne peut être employée lorsqu'on veut avoir des résul-
tats précis par cette méthode. Il faut faire l'essai de son eau en présence des réac-
tifs que nous avons mentionnés, et, si on en constate la nécessité, il faut redistiller
son eau en employant un condenseur et des récipients de conservation métalli-
ques.
2) Hydroxyde d'ammonium. — Réactif.
3) Solution d'oxalate d'ammonium. — Saturée.
4) Réactif magnésien, — On dissout 13 gr. de chlorure de magnésium MgCP.
ôH^O et 20 gr. de chlorure d'ammonium NH^Cl, dans environ 900 ce. d'eau. On
ajoute 50 ce. de solution ammoniacale concentrée (densité 0,9), et on complète à
I litre. I ce. de cette solution peut précipiter 6 milligrammes de PO *.
5) Solution aqueuse d'hydroxyde d'ammonium. — On la prépare en mélan-
geant I volume de liqueur ammoniacale concentrée (densité 0,9) avec 9 volumes
d'eau. Cette liqueur ne doit pas contenir de silice, et c'est pour cette raison qu'il
vaut mieux la préparer en redistillant l'ammoniaque dans l'eau.
6) Acide nitrique. — Densité 1,07.
7) Solution de molybdate d'ammoniaque. — On dissout 50 gr. de molybdate
d'ammoniaque pur dans de l'eau exempte de silice, on filtre si c'est nécessaire, et
on amène le volume à i litre. Il vaut mieux faire cette dissolution dans une bou-
teille de paraffine pour éviter toute contamination par la siKce du verre (voir
page 2).
8) Solution étalon de phosphate. — On dissout o gr. 3771 de phosphate de
soude récemment cristallisé Na2HPO*.i2H20 dans de l'eau bien exempte de
silice, puis on amène au volume de i litre. Il faut conserver cette solution dans
une bouteille en paraffine ou en gomme. Chaque centimètre cube contient o mil-
ligr. i de PO*.
9) Solution colorimétrique étalon. — On la prépare en diluant 10 ce. de la
solution (8) étalon de phosphate, dans environ 80 ce. d'eau exempte de silice. On
ajoute alors 10 ce. de la solution (6) d'acide nitrique, et 8 ce. de la solution (7) de
molybdate d'ammonium. Puis on complète le volume de 100 ce. Après un dépôt de
20 minutes, la solution est prête pour l'emploi. Elle est au titre de 10 millionièmes
de PO*.
10) Papier filtre. — Doit être exempt de silice. Nous avons employé dans nos
travaux le Schleicher et Schull, n** 589 ou n** 590, de 5 cm. de diamètre.
Mode opératoire. — On prélève un volume convenable de la solution à étudier
(généralement 50 ce), que l'on évapore dans une capsule. On y ajoute une goutte
de la isolution (2) d'hydroxyde d'ammonium, et 2 à 3 gouttes de la solution (3)
d'oxalate d'ammonium ; on évapore alors à sec au bain-marie. — On ajoute i ce.
du réactif niagnésien (4) à la capsule refroidie, on le mélange bien au résidu avec
une baguette de verre, et on laisse reposer pendant 2 heures environ. Il faut lais-
ser l'agitateur dans la capsule pendant ce temps de repos et aussi pendant toutes
les opérations ultérieures. On lave alors le phosphate ammoniaco-magnésien de la
façon suivante : On ajoute 5 ce. environ d'eau ammoniacale (5) dans la capsule,
en en lavant les bords, puis on verse le liquide sur un petit filtre en papier (10). —
On répète 5 fois cette opération et on continue à laver le filtre et l'entonnoir jus-
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H. FABRE.— MÉTHODES DE DOSAGE POUR LES ÉTUDES DE TERRES 229
qu'à obtention d'environ 50 ce. de filtrat. On rince une fois la capsule avec environ
5 ce. d'eau froide et on verse sur le filtre de manière à le laver. — On rejette
les filtrats, et on place sous l'entonnoir une bouteille ou un autre récipient. On
ajoute 5 ce. d'acide nitrique (6) à la capsule, et on mouille tout le pourtour avec
cet acide à l'aide de l'agitateur. On verse ensuite le liquide sur l'entonnoir de façon
à ce qu'il en mouille tous les bords. On lave ensuite 5 fois la capsule avec de l'eau
exempte de silice (5 ce. par lavage). On achève de laver le filtre à l'eau jusqu'à
obtention d'environ 40 ce. de filtrat. On ajoute 4 ce. de la solution (7) de nitro-
molybdate d'ammoniaque, au liquide refroidi, et on complète les 50 ce. Vingt
minutes plus tard on compare à la solution colorimétrique étalon (9).
Lorsque la couleur développée est trop intense pour une comparaison directe
avec la solution étalon, on dilue une fraction de cette liqueur dans un certain
volume d'eau. Il faut avoir soin d'ajouter une quantité suffisante du réactif mo-
lybdique lorsqu'on a affaire à des quantités relativement grandes de phosphates,
afin d'obtenir un développement complet de la teinte.
Le fait qu'il y a une quantité considérable de phosphate sera décelé en obser-
vant la proportion de phosphate ammoniaco-magnésierk précipité, ou encore l'in-
tensité de la coloration développée. En ce cas, il sera utile d'ajouter une nouvelle
quantité de réactif afin de développer toute la coloration possible. On diluera en
même temps la liqueur avec de l'eau exempte de silice, de manière à maintenir
invariable la concentration des réactifs : 5 ce. d'acide nitrique et 4 ce. de solution
de molybdate d'ammoniaque pour 50 ce. de solution. Lorsqu'on doit doser de très
petites quantités de phosphates, la coloration produite est très faible, et il est bon,
pour avoir de bons résultats, d'abaisser de moitié le titre de la solution étalon.
PHOSPHATES (Deuxième méthode)
WooDMAN et Cayvan^ séparent la silice en évaporant la solution mélangée
d'acide nitrique, puis en chauffant le résidu pendant 2 heures au bain-marie. Ils
ont trouvé qu'il y a insolubilisation complète de la silice à cette température de
100*, mais tout écart en-dessus ou en-dessous amène une redissolution. Le résidu
est traité ensuite par l'eau et le phosphate dissous est déterminé en se basant sur la
couleur qu'il développe avec le molybdate d'ammonium. Nous allons décrire la mé-
thode dont le principe est dû à Woodmann et Cayvan, mais la proportion des
réactifs à employer a été déterminée par Veitch 2 pour obtenir le maximum de
coloration.
RÉACTIFS NÉCESSAIRES
Il faut préparer les réactifs numéros 1, 6, 7, 8, 9 et 10 de la méthode précé-
dente.
Mode opératoire. — On ajoute 3 ce. d'acide nitrique (6) à un certain
volume de la solution à étudier, puis on évapore le tout à siccité dans une petite
capsule en porcelaine sur un bain-marie. Le résidu est alors chauffé à Tétuve à 100*,
pendant 2 heures. Après dessiccation on le traite par de petites quantités d'eau
exempte de silice, et froide, jusqu'à ce que l'on ait environ 40 ce. de solution. On
ne filtre que si c'est nécessaire. On ajoute à ce liquide 5 ce. d'acide nitrique (6) et
4 ce. de la solution (7) de molybdate d'ammoniaque. Puis on complète le volume
de 50 ce. On développe en même temps la couleur dans la solution étalon (•) et
après repos de 20 minutes, on détermine les titres relatifs.
Veitch a montré que, s'il y a d'importantes quantités de calcium et de magné-
sium, il est bon d'évaporer 2 fois la solution en présence d'acide nitrique, puis
de filtrer après chaque évaporation. Après chauffage à 100*, pendant 2 heures, on
ajoute 5 ce. d'acide nitrique au résidu. On filtre et on lave jusqu'à obtention d'en-
viron 45 ce. On ajoute à ce moment 4 ce. de la solution de molybdate d'ammo-
nium, et on complète à 50 ce.
1. Journal of the American chemical soctety 1901, 23, 96; et 1902, 24, 735.
2. Journal 0/ the American chemical society, 1903, 25, 169.
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23o REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
SILICE
Etant donné que la silice donne avec Tacide molybdique une couleur presque
identique à celle que produisent les phosphates, on peut mesurer simultanément
les deux couleurs qui se forment. On détermine à part la proportion de phosphate,
et la différence trouvée doit donc être due au silicomolybdate qui s'est produit.
Comme la comparaison est faite avec une solution étalon de phosphate, il est utile
de connaître les quantités relatives de phosphates (PO*) et de silice (SiO^) qui pro-
duisent une même intensité de coloration. Veitch ^ a trouvé que ce rapport était
0,41 et ScHREiNER 2 a trouvé 0,40.
RÉACTIFS NÉCESSAIRES
Ce sont les mêmes que pour la recherche des phosphates. Les 10 millionièmes
de PO* de la solution colorimétrique étalon (9) donnent une couleur équivalente
à 4 millionièmes de (SiO^).
Mode opératoire, — A. — Détermination des phosphates. On les détermine par
Tune quelconque des méthodes ci-dessus, et on exprime les résultats en millioniè-
mes de (PO*) dans la solution initiale.
B. Détermination simultanée de la silice et des phosphates. A l'aide d'une eau
exempte de silice, on dilue un volume déterminé de la solution (volume qui dépend
de son titre) jusqu'à environ 40 ce. On ajoute 5 ce. d'acide nitrique (6) et 4 ce. de
la solution (7) de molybdate d'ammoniaque. On amène à 50 ce. La coloration qui
se développe est due à la silice et au phosphate s'il en existe. Au bout de 20 mi-
nutes on fait une comparaison avec la solution colorimétrique étalon (9) de phos-
phate. Le résultat est exprimé en millionièmes de (PO*) de la solution originelle.
Calcul de la silice x. — Le résultat B est la somme du phosphate A obtenue
comme nous l'avons indiqué ci-dessus, et de la silice x. Le facteur 0,4 sert à con-
vertir le poids de silice en la quantité de phosphate qui lui équivaut, et B se
détermine à l'aide de la solution étalon de phosphate. Cette relation s'exprime par
l'équation :
B = A + —
0,4
d'oii : X = 0,4 (B — A)
On voit donc que pour avoir la teneur de silice en millionièmes de la solution
initiale, il faut soustraire le résultat A représentant la teneur en phosphate du
résultat, B représentant la silice plus le phosphate, puis multiplier cette diffé-
rence par 0,4.
SILICE ET PHOSPHATES
ScHREiNER 3 a montré que la silice en solutions peut donner des intensités de
coloration différentes, suivant la façon dont on lui ajoute le molybdate. Les phos-
phates, par contre, agissent toujours de façon identique.
En employant la méthode ordinaire comme pour l'appréciation colorimétrique
des phosphates, on ajoute simultanément les solutions d'acide nitrique et de molyb-
date. Il se développe alors une certaine intensité de coloration. Mais si on ajoute
le réactif molybdique à la solution de silice, en laissant s'écouler un certain temps
avant d'ajouter la solution nitrique, l'intensité de coloration produite n'est pas la
même que dans le premier cas, bien qu'il y ait toujours autant de silice. Des expé-
riences ont montré qu'il faut laisser la solution mélangée au réactif molybdique, au
moins pendant une heure, avant d'y ajouter l'acide nitrique. On obtient ainsi le
maximum d'effet. Il se développe une certaine coloration quand on ajoute la solu-
tion molybdique seule, mais cette coloration varie beaucoup avec les sels qui sont
présents dans la réaction, avec la température, etc.. L'addition d'acide nitrique
permet d'obtenir une intensité déterminée. — Schreiner a trouvé que le rapport des
1. Journal of the American chemical society, 1903, 25, 179.
2. Journal of the ■ American chemical society, 1903, 25, ioSq.
3. Journal of the American chemical society, 1903, 25, io56 et 1904, 26, 808.
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BIBLIOGRAPHIE 23i
. 1
intensités de coloration quand on ajoute les réactifs simultanément, ou l'acide
nitrique une heure après le molybdate d'ammoniaque, était de 0,49 pratiquement
0,5). Ce chiffre a été corroboré par Lincoln et Barker 1.
C'est en se basant sur cette différence de coloration produite par le molybdate
d'ammoniaque sur la silice, dans certaines conditions, alors que la coloration don-
née par des phosphatés n'est pas influencée, que l'on a basé une méthode de dosage
simultanée de la silice et des phosphates. On emploie la solution colorimétrique éta-
lon de phosphate des méthodes précédentes et on se sert du facteur 0,4 pour cal-
culer la silice qui correspond aux phosphates. En traitant une partie de la solution
contenant à la fois des phosphates et de la silice par du réactif molybdique et de
l'acide nitrique mis en même temps, on obtient un certain chiffre A qui est obtenu
par l'action simultanée des phosphates et de la silice. On peut écrire l'expression :
dans laquelle y est la quantité de phosphate présent et x la quantité de silice. Le
facteur 0,4 sert à convertir la silice en la quantité de phosphate qui lui équivaut
colorimétriquement. A est exprimé en se basant sur l'étalon de phosphate. — Si
d'autre part on traite une seconde prise de la même solution qui contient à la fois
des phosphates et de la silice, par du réactif molybdique, puis, une heure après,
par l'acide nitrique, on obtient un résultat différent B. Cela provient de ce que la
silice n'a alors qu'un effet moitié moindre. On peut l'exprimer par l'équation :
[2] B = y + o,5(^^)
On a ainsi deux équations simples contenant 2 termes inconnus que l'on
peut déterminer sans peine par soustraction des équations [i] et [2].
A - B = 0,5 (—)
\o,4/
X = 0,8 (A — B)
En faisant la soustraction de l'équation [i] de l'équation [2] doublée,
y = 2B — A
(A suivre.)
BIBLIOGRAPHIE
Guide du motooyoliste. Les pannes* oau- évitera au débutant de tâtonner, de cher-
ses et remèdes ; par Ach. Delamarre, cher au hasard les causes qui empêchent
ancien élève de l'Ecole nationale des son moteur de tourner, en lui indiquant
Ponts et Chaussées, Ingénieur civil, le moyen de diagnostic^uer à coup sûr le
Lib. H. Desforges, Pans, (1906). mal, et, en bon médecin, de le guérir im-
Beaucoup de cyclistes se figurent qu'il mediatement. X.
suffit d'enfourcher une motocyclette — Les argiles réfraotaireSf « gisements,
la reine du jour — après s'être fait ex- composition, examen, traitement et
pliquer le jeu des manettes pour devenir emploi », par le professeur D' Cari
chauffeur !... La désillusion est souvent BiSCHOF, traduit sur la 3* édition aile-
cruelle, car la première panne laisse les mande, par O. CHEMIN, ingénieur en
novices désarmés. chef des ponts et chaussées en retraite.
Et cependant rien n'est plus simple — In-8** de 604 pages, avec 93 fig.
u'une moto, et il faut avouer qu'à moms Broché, 18 fr. ; cartonné, 19 fr. 50.
e casser une bielle, on est impardonna- Lib. H. DUNOD et E. PiNAT, Paris
ble de ne pouvoir rentrer à l'étape
L'expérience à acquérir n'est pas bien L'mdustrie des argiles réfractaires re
longue, surtout quand un patricien com- monte à une très haute anti<quité. Mais
(1906).
L'mdusl
me M. Ach. Delamarre sait vous faire ce n'est au'à une date relativement ré-
Fiter de celle qu'il a acquise le long cente qu'elle a pris le développement con-
routes. La lecture de sa brochure sidérable que Ion constate aujourd'hui,
I. Journal ofthe American chemical society, 1904, 26, 975.
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232
REVUE GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUÉE
Avec les progrès qu*a faits en parti-
culier la métallurgie du fer et de l'acier,
les exigences imposées aux matériaux
réfractaires ont augmenté et il a fallu se
livrer à des études méthodiques des ma-
tières premières pour pouvoir bien éta-
blir leurs propriétés et déterminer les
meilleures conditions de leur emploi. On
peut en dire autant pour ce qui touche la
préparation du zinc, du gaz d'éclairage,
des pots et cuves de verrerie, etc.
Il n'existait jusqu'ici en France aucun
ouvrage qui donnât un résumé méthodi-
que et complet de tout ce que l'on sait
sur ce sujet. C'est pour répondre à ce
besoin bien constaté aue M. CHEMIN pu-
blie la traduction de l'ouvrage allemand
du Docteur-Professeur Cari BiSCHOF,
l'un des spécialistes les plus connus, qui
traite le sujet de la manière la plus com-
plète. Ce livre, qui est à sa troisième édi-
tion en Allemagne, jouit d'une réputa-
tion justement méritée et constitue en
quelque sorte le bréviaire des fabricants
ae produits réfractaires. C'est rendre un
véritable service aux industriels français
que de leur faire connaître. — X.
Fabrication de la glucose, de la dextrine
et de ramidon eolubie, par J. Fritsch,
ingénieur-chimiste, i vol. in-8**, 2i3
pages et 33 figures dans le texte.
Prix : broché, 6 fr. Lib. Jules Rous-
SET, Paris (1906).
Les industries gui s'occupent des trans-
formations de la fécule et de l'amidon ont
été, dans ces derniers temps, l'objet de
nombreuses études et recherches qui,
en l'absence de journaux spéciaux, sont
restées à peu près ignorées des fabri-
cants. Ces études et recherches, déduc-
tion faite du déchet que laisse inévitable-
ment le flot sans cesse montant des in-
vention^ nouvelles, contiennent cepen-
dant de sérieux éléments de progrès.
L'auteur, dont les industriels connaissent
l'éclectisme éclairé, s'est efforcé de les
mettre à la portée des praticiens dans le
volume que nous examinons.
Son travail contient l'exposé net et
f)récis de la fabrication de la glucose, de
a dextrine et de l'amidon soluble, d'après
les procédés anciens et modernes. La
théorie n'y a qu'une petite place, suffi-
sante cependant pour exposer la marche
des multiples réactions qui s'accomplis-
sent dans les différentes transformations
de l'amidon. La table des matières indi-
que suffisamment l'ordre suivi dans les
questions traitées, et nous n'y insiste-
rons pas.
Ce volume est à peu près le seul du
genre qui ait été publié depuis cinquante
ans. Nous avons la confiance qu'il répon-
Propriétaire^érant : George F. JAUBERT.
i^AVAL, — IMPRIMERIE L. BARMÉOVD ET C*«
dra pleinement à l'attente de ceux aux-
quels il s'adresse. D'ailleurs, le grand
nombre de souscriptions qui sont parve-
nues à l'éditeur avant même l'apparition
de l'ouvrage prouvent assez qu'il ré-
pond à un véritable besoin et que l'au-
teur a fait une œuvre vraiment utile.
- X.
L'alcool dénaturé, par Varenke (£.),
Docteur de l'Université de Paris, mem-
bre de la Commission extra-parlemen-
taire de l'alcool, ancien Distillateur.
Petit in-8 (19 x 12) de i6g pages, (t En-
cyclopédie scientifique des Aide-Mé-
moire ».) Broché, 2 fr. 50. Lib. Gau-
THlER-VlLLARS, Paris ^1906).
L'alcool dénaturé, déjà très employé,
est destiné à prendre une place fort im-
Fortante parmi les matières premières de
industrie oui trouve en lui une source
puissante d énergie. A ce titre, il méri-
tait une étude spéciale, qui n'avait . pas
encore été faite et que donne le présent
ouvrage, dans lequel l'examen de ce pro-
duit a été limité à l'étudier d'une façon
générale, abstraction faite des nombreux
détails que son importance ne pouvait
manquer de fournir.
Après un historique de l'alcool déna-
turé depuis son origine, qui remonte à
18 14, l'auteur passe à sa composition et
fait l'étude de ses divers produits cons-
tituants.
L'alcoométrie de l'alcool dénaturé ain-
si que son analyse forment deux parties
essentielles de sa connaissance, et un
chapitre spécial a été consacré à chacu-
ne d'elles.
L'alcool dénaturé étant encore trop
souvent détourné de son véritable rôle
utilitaire par l'etnploi frauduleux qui en
est fait dans les liquides destinés à l'ali-
mentation, il était indispensable de le
signaler, aussi l'ouvrage fpumit-il, sur ce
sujet, un certain nombre d'excellentes
pages.
Régi par une réglementation adminis-
trative qui s'efforce d'être bienveillante,
l'alcool dénaturé a donné lieu à un cer-
tain nombre de règlements, dont quel-
ques-uns ont été abrogés ou modifiés ;
un chapitre, consacré a la partie admi-
nistrative, donne tous ceux actuellement
en vigueur et que, suivant le proverbe,
« nul ne doit ignorer », du moms parmi
les producteurs et les consommateurs.
Enfin, cette question de l'alcool déna-
turé ayant été mise à l'étude à une Com-
mission extra-parlementaire, l'ouvrage
donne les résultats des travaux de cette
Commission et se termine par le Rapport
magistral de M. Troost, Président de
l'Académie des Sciences. — X.
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Nouvelle méthode d'analyse
des gaz combustibles
PAR
Georges de VOLDERE, Guillaume de SMET,
Ingénieur Industriel. Ingénieur Industriel.
Répétiteur de Chimie industrielle et de Chimie analytique
à rUniversité de Gand.
Notre théorie sur l'analyse des gaz combustibles que nous avons publiée dans la
R. G. C. (T. IX, n** 22, 2 décembre 1906, p. 365) a donné lieu à une nouvelle mé-
thode d'analyse de ces gaz, qui permet de trouver avec des moyens simples et
couramment usités, tous les constituants, soit individuellement, soit par groupe
nettement déterminé {Loc, cit., p. 396, Tableau I), ceci dépendant de la nature du
mélange gazeux qu'il faut analyser. Avant d'en décrire la théorie, nous voulons
passer brièvement en revue les méthodes qui sont pour ainsi dire devenues clas-
siques. Nous envisagerons les méthodes générales de Winkler 1, de Pfeiffer 2
et d'autres auteurs, appliquées à l'analyse du gaz d'éclairage épuré que l'on peut
considérer comme un mélange des gaz : N, 02, CO2, CO, H^, C"H2'^+2^ C»H2»,
C»H2»-2^ C"*H2»-6, c'est-à-dire les gaz qui ont fait l'objet de notre théorie pré-
cédante. Il va de soi que notre méthode s'applique à n'importe quel mélange des
gaz précités, mais il nous a paru utile de prendre le gaz d'éclairage comme type
pour mieux faire comprendre l'exposé qui va suivre.
Winkler commence l'analyse par l'absorption de l'anhydride carbonique au
moyen de la potasse caustique ; or, Sainte-Claire Deville ^ a démontré que le ben-
zol est également absorbé partiellement. Si donc on ne veut entamer l'analyse
spéciale du benzol et de ses homologues, on commet naturellement une erreur assez
importante du fait que l'on considère comme gaz inerte une vapeur qui présente
un intérêt capital, notamment dans le gaz que nous envisageons.
Il fait ensuite usage de l'acide sulfurique fumant, lequel absorbe tous les
hydrocarbures proprement dits, C»H2», C"H2»-2^ C«iH2n-6^ sauf le méthane et
ses homologues. A part l'absorption éventuelle d'une portion du benzol par la
potasse, la somme globale trouvée est évidemment exacte, mais dans bien des cas
cela est insuffisant, soit pour la connaisance plus approfondie du gaz, soit pour le
calcul du pouvoir calorifique: il faudrait au moins connaître le volume de chaque
groupe en particulier, ce à quoi nous sommes parvenus.
Après avoir éliminé l'oxygène au moyen du pyrogallate de potassium, Win-
kler dose l'oxyde de carbone par le chlorure cuivreux, réactif peu pratique et peu
sûr du fait qu'une solution plus ou moins vieille peut céder de l'oxyde de car-
bone ; aussi faut-il avoir recours à deux absorptions distinctes, la première avec
une solution ayant déjà servi, la seconde avec une solution fraîche ou du moins
ayant peu servi.
Restent enfin le méthane et l'hydrogène que l'on dose par combustion ; nous
avons démontré dans notre théorie (i?. G. C, /oc. cit., p. 400, Problème I) quelles
graves erreurs l'on commet en supposant que le méthane est le seul hydrocarbure
proprement dit, de la série C"H2"+2. d'ailleurs ce problème a été traité dans l'ou-
vrage cité et nous y avons dit comment il convenait d'en faire l'analyse et montré
que l'on pouvait s'assurer si le méthane était seul représenté, chose qui jusqu'ici
n'avait pu être faite par aucune autre méthode. Enfin, pour finir, on calcule la
teneur en azote par différence ; ce résultat se ressent naturellement des erreurs com-
mises antérieurement.
D'autres auteurs procèdent comme suit : absorption par la potasse caustique,
si;r laquelle il importe de faire les mêmes observations que précédemment. Ils con-
1. Winkler, Cl. : Lehrbuch der technischen Gasanalrse, troisième éd. 1901.
2. Pfeiffer, O. : voir Lunge : Chemisch-technische Untersuchungsmethoden, Il Bd., p. 593.
3. Sainte-Claire Deville ; Journal des Usines à Ga^, 1889, p. i^.
REVUS GÉNÉRALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQCTÉE. — I2« LflTRAlSON. - JUIlf I9O7.
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234 REVUE GENERALE DE CHIMIE PURE ET APPLIQUEE
tinuent par l'emploi de Teau de brome dans le but d'absorber l'ensemble des
hydrocarbures lourds (CH2"+2 exceptés) alors que Winkler ^ a prouvé que le
benzol n'est absorbé que lentement et incomplètement par ce réactif. Les auteurs
qui, malgré ces recherches et celles de Haber et Oechelhauser 2, font suivre cette
absorption par un traitement à l'acide nitrique fumant risquent qu'une partie du
benzol ne soit déjà enlevée et en outre ils oublient que Treadwell et Stokes ^ ont
démontré que l'acide nitrique fumant absorbe également une partie de l'oxyde
de carbone qui reste dans ce mélange et qui ne peut par aucun moyen être enlevé
au préalable. Généralement, ils continuent l'analyse comme le fait Winkler et nous
avons émis notre manière de voir à cet égard.
Enfin, considérons la façon d'opérer de Pfeiffer décrite par l'auteur même
dans le traité d'analyses de Lunge. L'auteur commence également par la potasse,
puis absorbe la benzine par une solution ammoniacale de nitrate de nickel, ensuite
la totalité des hydrocarbures lourds, qu'il considère comme étant de Téthylène seul,
si la benzine a été déjà absorbée, par une agitation pendant cinq minutes avec de
l'eau de brome. Mais nous sommes en droit de douter de l'exactitude de cette mé-
thode en lisant quelques pages plus loin, à propos du dosage spécial de la beiv
zine, cette phrase écrite par le même auteur: « ...Depuis on est parvenu à doser
volumétriquement les vapeurs de benzine en les absorbant par le nitrate de nickel
ammoniacal. Le seul inconvénient de cette méthode c'est que Véthylène est absorbé
simultanément *. » En suppKJsant même que la benzine soit seule absorbée, le fait
de considérer tous les autres hydrocarbures comme étant de l'éthylène n'est que
fort peu concluant et l'observation faite précédemment sur l'intérêt de connaître
quelque chose en plus sur la nature de ces différents hydrocarbures s'applique ici.
Après l'élimination de l'oxygène par le phosphore, il reste un mélange que l'au-
teur considère comme devant être CO + H^ + CH^ alors qu'en réalité il peut
être composé de CO + H^ + C"H2"+2, Pfeiffer analyse ce gaz par une combus-
tion totale et unique; nous avons montré dans l'exposé de notre théorie générale
{R. G. C, loc. cit., p. 404, Problème II) les erreurs que l'on peut commettre en
opérant de la sorte.
Cet exposé, très concis il est vrai, permettra néanmoins de comprendre que les
méthodes actuelles sont peu exactes, et peu concluantes au point de vue de la valeur
réelle d'un gaz.
Mais il existe des moyens spéciaux pour doser certains gaz en particulier. On
en trouvera une étude suffisamment complète dans les traités cités plus haut, ceux
de Lunge et de Winkler ; on constatera aisément que les méthodes employées no-
tamment pour le dosage du benzène, de l'éthylène, de l'acétylène, sont longues, peu
pratiques au point de vue industriel et même laissent à désirer quant à leur exacti-
tude. D'ailleurs presque toutes ces méthodes spéciales ne donnent pas seulement un
gaz unique mais, en général, également ses homologues. Dans la plupart des cas
notre méthode ne donne également que l'ensemble d'un groupe faute d'absor-
bants appropriés, mais comme on le verra nous ne devons, pour cela, pas recourir
à des moyens spéciaux et au surplus nous pourrons dire si le groupe est représenté
par un ou plusieurs gaz.
Pour bien comprendre l'exposé théorique de notre nouvelle méthode que nous
appellerons (( Méthode mixte » il faut se rappeler les trois lois fondamentales